CHAPITRE XVII

LE RÉCIT DE MARK EASTERBROOK

 

— Tu veux vraiment assister à une séance chez Thyrza ? me demanda Rhoda.

— Pourquoi pas ?

— Je n’aurais jamais cru que tu t’intéresserais à ce genre de chose.

— Je suis surtout curieux de voir le spectacle que peuvent offrir ces trois femmes.

J’étais un peu mal à l’aise, conscient du regard inquisiteur de Hugh Despard. Il était avisé, avait eu une vie aventureuse et, j’en étais sûr, il sentait que la simple curiosité n’était pas seule en jeu.

— Je t’accompagnerai, décida Rhoda.

— Tu n’en feras rien ! grogna son mari.

— Mais, je ne crois pas aux esprits, tu le sais bien. Je voudrais simplement m’amuser !

— Il n’y a rien de drôle dans ce genre de manifestation. Cela produit toujours un mauvais effet sur les gens qui y assistent par simple curiosité.

— Alors, dissuade Mark d’y aller !

— Je ne suis pas responsable de lui.

Mais il me lança de nouveau un bref coup d’œil qui en disait long. Il savait, j’en étais sûr, que j’étais guidé par un motif sérieux.

Rhoda, déçue, céda cependant.

Nous rencontrâmes Thyrza Grey dans le village, un peu plus tard, et elle alla droit au but.

— Mr Easterbrook, nous vous attendrons, ce soir. J’espère que vous ne serez pas désappointé. Sybil est un merveilleux médium, mais on ne sait jamais… Un observateur honnête est toujours le bienvenu. Mais une personne frivole, railleuse, ne peut que nuire. Voulez-vous venir et prendre un repas léger avec nous ? Nous ne mangeons jamais beaucoup avant une séance. Sept heures ? Bien, nous vous attendrons.

Elle hocha la tête, sourit et s’éloigna à grands pas. Je la regardai disparaître à tel point plongé dans mes réflexions que je n’entendis pas ce que me disait Rhoda.

— Tu es vraiment bizarre ! Que se passe-t-il ?

— Rien, pourquoi ?

— Tu dois être amoureux. Cela rend les hommes idiots. Mais tu as raison et je suis ravie. Elle est charmante.

— Qui cela ?

— Hermia Redcliffe, bien sûr ! Crois-tu que je ne me suis rendu compte de rien ? Elle te convient parfaitement… jolie… intelligente…

Puis, Rhoda ayant à parler au boucher, me tourna le dos. J’en profitai pour lui annoncer que je me rendais au presbytère.

— Mais pas pour faire publier les bans ! ajoutai-je, la dispensant de ses commentaires.

 

*

* *

 

J’eus l’impression d’arriver chez moi.

La porte était grande ouverte et, en la franchissant, il me sembla me libérer d’un poids terrible.

Mrs Dane Calthrop parut au fond du couloir, un énorme seau en matière plastique verte à la main.

— Bonjour, c’est vous ? dit-elle. Je m’en doutais.

Elle me tendit le seau dont je ne sus que faire.

— … Devant la porte, sur la marche, dit Mrs Dane Calthrop comme impatientée par mon ignorance.

J’obéis. Puis je la suivis dans la pièce où elle m’avait reçu, la première fois. Mon hôtesse ajouta une bûche au feu défaillant et me fit signe de m’asseoir.

— Alors ? me demanda-t-elle. Qu’avez-vous fait ?

Je lui racontai tout.

— C’est pour ce soir ? dit-elle, pensive.

— Oui.

Elle réfléchit. Incapable de me contenir, je m’écriai :

— Je n’aime pas cela ! Oh ! mon Dieu, que cela me déplaît !

— Qu’est-ce que cela a de déplaisant ?

— Je suis tellement inquiet pour elle. Vous ne savez pas à quel point elle… elle est brave. Si, d’une façon ou d’une autre, ils s’arrangent pour lui faire du mal…

— Je ne vois vraiment pas comment ils pourraient lui faire du mal ? remarqua Mrs Dane Calthrop lentement.

— Mais ils l’ont fait… à d’autres. Nous avons pris toutes les précautions imaginables… Mais c’est elle qui court le risque.

— Il faut bien que quelqu’un le fasse. Qu’il ne s’agisse pas de blesser votre orgueil. Ginger est idéale pour le rôle choisi. Elle peut contrôler ses nerfs et elle est intelligente. Elle ne vous laissera pas tomber.

— Ce n’est pas ça qui me tracasse !

— Cessez donc de vous tracasser un bon coup. Cela ne lui fait aucun bien. Si elle meurt des suites de cette expérience, elle sera au moins morte pour une bonne cause.

— Vous êtes plutôt brutale !

— Il faut l’être. Il faut toujours envisager le pire. Cela calme les nerfs.

— Vous avez le téléphone, ici ?

— Bien sûr.

— Après… à la fin de cette séance, ce soir, je voudrais rester en contact avec Ginger, lui téléphoner chaque jour. Pourrais-je lui téléphoner d’ici ?

— Naturellement. Il y a beaucoup trop d’allées et venues chez Rhoda.

— Je resterai chez elle, un peu. Ensuite, j’irai peut-être à Bournemouth. Je ne suis pas censé retourner à Londres.

— Inutile de penser au lendemain. Songeons à cette nuit.

— Cette nuit…

Je me levai :

— Priez pour moi… pour nous, demandai-je, à ma propre surprise.

— Cette question ! Évidemment.

 

*

* *

 

Je fus reçu au Cheval pâle de la façon la plus conventionnelle. Thyrza Grey, vêtue d’une robe de lainage noir, très simple, m’ouvrit la porte.

— Ah ! vous voici, c’est bien, me dit-elle. Nous allons pouvoir dîner…

Cela n’aurait pu être plus ordinaire, moins mystérieux.

La table était dressée au fond du hall. Bella, habillée de noir, nous servit un repas des plus simples. Sybil, elle, avait passé une robe bariolée, soutachée d’or. Elle ne portait pas ses multiples colliers mais deux lourds bracelets. Elle mangea à peine, parla très peu, affectant une expression détachée des biens de ce monde qui se voulait impressionnante et qui n’était que théâtrale.

Thyrza Grey tint le dé de la conversation, nous gratifiant de tous les potins locaux : la vieille fille anglaise type.

« Je suis fou, me dis-je, totalement fou. Qu’y a-t-il à craindre, ici ? Où notre imagination nous avait-elle entraînés ? Ginger, avec ses cheveux teints et son nom d’emprunt mise en danger par l’une de ces trois femmes si communes ? C’était grotesque !

— Pas de café ! dit Thyrza d’un ton d’excuse, à la fin du dîner. Les excitants ne sont pas recommandés, ce soir. (Elle se leva.) Sybil ?

— Oui, répondit celle-ci avec une expression qu’elle jugeait sans doute extatique. Je dois me préparer !

Bella entreprit de desservir. J’allai me planter devant la vieille enseigne. Thyrza me suivit.

— Vous ne pouvez rien voir avec cette lumière, me dit-elle.

C’était exact. Le hall faiblement éclairé permettait à peine de distinguer les contours flous d’un cheval.

— Cette jeune fille aux cheveux roux… quel est son nom… Ginger quelque chose… qui est venue avec vous… m’a dit qu’elle pourrait le nettoyer. Elle a dû oublier, d’ailleurs.

Cela me fit un drôle d’effet d’entendre parler de Ginger d’un ton aussi léger.

— … Ce n’est pas une bonne peinture, continua Thyrza. Une croûte, en fait. Mais elle fait partie du décor… et elle a certainement plus de trois cents ans.

— C’est prêt !

Nous nous retournâmes vivement.

Bella, émergée de l’obscurité, nous appelait.

— Il est temps de passer aux choses sérieuses, déclara Thyrza d’un ton toujours aussi léger.

Je la suivis jusque dans l’ancienne grange.

De jour, c’était une agréable bibliothèque. Elle changeait d’aspect avec la nuit. Un éclairage indirect répandait une lumière faible mais froide. Au centre de la pièce, on avait dressé une sorte de divan recouvert d’une étoffe rouge brodée de signes cabalistiques, tout au fond, un petit brasero, avoisinait un vaste chaudron de cuivre.

À l’opposé, presque contre le mur, un lourd fauteuil de chêne. Thyrza me le désigna.

— Asseyez-vous là !

J’obéis. Les façons de Thyrza avaient changé, sans qu’il me soit possible de définir en quoi. Elle avait, semblait-il, dépouillé le rideau de la vie journalière, révélant sa vraie personnalité… comme un chirurgien à l’instant d’une grave opération. Cette impression s’accrût lorsqu’elle enfila une longue blouse qui semblait tissée de fils métalliques et des gants de filet, comme ces filets à l’épreuve des balles.

— Il faut prendre ses précautions, dit-elle.

Puis elle changea de ton et prononça d’une voix grave, emphatique :

— J’attire votre attention, Mr Easterbrook, sur l’absolue nécessité de rester immobile où vous vous trouvez. Sous aucun prétexte il ne vous faut bouger de ce siège. Ce pourrait être néfaste. Ce n’est pas un jeu d’enfant. J’entre en lutte avec des forces dangereuses pour des non-initiés… Avez-vous apporté ce que l’on vous a demandé ?

Sans un mot, je tirai de ma poche un gant de peau brune et le lui tendis.

Elle le prit et le porta sous une lampe à col de cygne dont elle tourna le commutateur. Elle tint le gant quelques instants sous les rayons lumineux qui lui conférèrent une teinte blafarde. Puis elle éteignit et hocha la tête, satisfaite.

— Très bien, dit-elle. Les émanations physiques de sa propriétaire sont très fortes.

Elle le posa alors sur le haut d’un meuble rappelant un appareil de radio et éleva un peu la voix :

— Bella, Sybil, nous sommes prêts.

Sybil arriva la première. Sur sa robe bariolée, elle avait passé un long manteau noir. Elle le retira d’un geste dramatique et s’avança.

— J’espère que tout se passera bien, dit-elle. On ne sait jamais. Ne soyez pas sceptique, s’il vous plaît, cela gêne, monsieur.

— Mr Easterbrook n’est pas venu ici pour s’amuser, répliqua Thyrza d’un ton un peu sec.

Sybil s’allongea sur le divan. Thyrza se pencha sur elle, arrangea ses draperies.

— Vous êtes bien, ainsi ? demanda-t-elle avec sollicitude.

— Oui, merci, ma chère.

Thyrza éteignit quelques lampes. Puis elle approcha une sorte de paravent qu’elle installa de façon à laisser Sybil dans une zone d’ombre.

— La lumière est nuisible à l’état de transe, me dit-elle.

— … À présent, nous sommes prêtes, Bella.

Celle-ci sortit de l’ombre. Les deux femmes s’approchèrent de moi. De sa main droite, Thyrza prit mon poignet gauche et, de sa gauche, la droite de Bella, dont la gauche saisit ma droite. La paume de Thyrza était dure et sèche – celle de Bella froide et molle. J’eus l’impression de tenir une limace et tressaillis de dégoût.

Thyrza avait dû manœuvrer quelque commutateur car les faibles accords de la Marche funèbre de Mendelssohn descendirent de la voûte.

« Mise en scène », me dis-je, d’assez mauvaise humeur. Je conservais mon esprit critique mais j’éprouvais, bien malgré moi, une certaine appréhension.

La musique se tut et l’on n’entendit plus que le bruit des respirations : celle de Bella un peu haletante, celle de Sybil, profonde et régulière. Et, soudain, Sybil parla. Ce n’était plus sa voix, mais celle d’un homme, grave et marquée d’un accent étranger.

— Me voici !

On me lâcha les mains. Bella disparut dans l’ombre.

— Bonsoir, dit Thyrza. Est-ce Macandal ?

— Je suis Macandal.

Thyrza s’approcha du divan, retira le paravent. La lumière tamisée tomba sur le visage de Sybil. Elle semblait dormir profondément. Ses traits adoucis n’étaient plus les mêmes. Elle paraissait beaucoup plus jeune, presque belle.

— Es-tu prêt, Macandal, à m’obéir ? demanda Thyrza.

— Je le suis, répondit la voix grave.

— T’engages-tu à protéger de tout dommage physique le corps qui repose ici et que tu habites à l’instant ? Veux-tu employer ta force à mes desseins et faire en sorte de les mener à bien ?

— Je le veux.

— Veux-tu employer ce corps comme transmetteur de mort ?

— La mort ira causer la mort.

Thyrza fit un pas en arrière. Bella s’approcha, tendant un objet que je crus être un crucifix. Thyrza le coucha sur la poitrine de Sybil et prit des mains de Bella une petite fiole verte. Elle en tira quelques gouttes avec lesquelles elle traça une croix sur le front du médium.

— De l’eau bénite de l’église catholique de Garsington, me dit-elle.

Elle avait parlé d’une façon absolument naturelle et cela, loin de rompre le charme, rendit toute cette mascarade encore plus alarmante.

Enfin, à trois reprises, elle agita l’horrible jouet que l’on nous avait montré précédemment, et l’introduisit entre les doigts de Sybil.

Elle se recula.

— Tout est prêt, déclara-t-elle.

Bella répéta la même phrase et sortit de la pièce. Elle revint peu après, tenant par les pattes un coq blanc qui se débattait.

Elle s’accroupit et, avec un morceau de craie, entreprit de tracer des signes sur le sol autour du brasero et du chaudron. Puis elle posa le coq au centre d’un cercle et l’animal cessa de bouger.

Tout en dessinant, elle chantonnait d’une voix basse et gutturale, et se balançait entre deux génuflexions, pour atteindre, me sembla-t-il, à une sorte d’étourdissement extatique.

Thyrza, qui m’étudiait, comprit le dégoût que je ressentais à ce spectacle répugnant.

— Cela ne vous plaît pas beaucoup ? C’est ancien, savez-vous, très ancien. Un sortilège de mort, transmis de mère en fille.

L’attitude de Thyrza me surprenait beaucoup. Elle ne faisait rien pour ajouter à l’effet produit sur mes nerfs par la démonstration assez hideuse de sa servante. Elle semblait se satisfaire parfaitement du rôle de commentatrice.

Bella étendit les mains vers le brasero et une haute flamme jaillit. Elle y jeta quelque chose qui produisit aussitôt un parfum écœurant.

— Nous sommes prêts, dit encore une fois Thyrza qui se dirigea vers ce que j’avais pris pour un appareil de radio. Elle l’ouvrit, révélant une installation électrique d’aspect compliqué et le poussa avec précaution vers le divan. Elle se pencha, ajusta des manettes, se parlant à elle-même : Aiguille nord-nord-est… degrés… c’est à peu près cela.

Elle prit le gant et le disposa avec soin sous le faisceau d’une petite lumière violette.

Puis elle s’adressa à la forme inerte, sur le divan :

— Sybil, Diana, Helen, vous êtes libérée de votre enveloppe charnelle gardée par l’esprit Macandal. Vous pouvez ne faire qu’un avec la propriétaire de ce gant. Comme tous les êtres humains, elle n’aspire qu’à la mort. La mort qui résout tous les problèmes, qui seule accorde la paix. La mort, la mort…

Les mots résonnaient, revenaient en écho, se répétaient. La machine vrombissait à présent, les lampes brillaient… j’étais étourdi, emporté. Il se passait, je le sentais, quelque chose dont je ne pouvais me moquer. Thyrza, son pouvoir libéré, tenait à sa merci la créature allongée sur le divan. Elle se servait d’elle dans un but bien défini. Je comprenais l’effroi de Mrs Oliver devant la stupidité apparente de Sybil : celle-ci pouvait, à volonté, libérer son esprit de son corps et Thyrza s’en emparait !

Oui, mais la boîte ? Que venait-elle faire ici ?

Brusquement, toutes mes craintes se reportèrent sur elle. De quel infernal secret était-elle l’agent ? Produisait-elle des rayons capables d’agir sur un cerveau ?

— … L’endroit faible… (Thyrza parlait toujours…) Il existe toujours un endroit faible… tout au fond des chairs… la force vient de la faiblesse… la force et la paix, et la mort… Vers la mort… lentement, naturellement… vers la mort… la véritable issue. Le corps obéit au cerveau… ordonne… ordonne… vers la mort… la mort conquérante… la mort vite… très vite. La MORT !

Elle avait élevé la voix peu à peu, et terminé sur un cri auquel s’était joint un hurlement bestial de Bella. Une lame de couteau brilla… le coq émit un affreux gargouillis… du sang coula dans la bassine de cuivre…

Bella accourut, hurlante, la bassine dans les mains.

— Le sang !… Le sang ! LE SANG !

Thyrza retira le gant de la machine, le tendit à Bella qui le plongea dans le sang et le rendit à Thyrza qui le replaça dans la machine.

Bella tournait en rond autour du brasero, criant du haut de sa voix son invocation sanglante. Puis elle s’écroula, secouée de contorsions. Le feu s’éteignit.

J’étais horriblement mal. Les mains crispées sur les bras du fauteuil, je ne voyais plus.

Puis j’entendis un déclic et le bourdonnement de la machine cessa.

— La vieille magie et la nouvelle, dit Thyrza d’un ton parfaitement calme. La vieille superstition et les nouvelles découvertes de la science. Ensemble, elles vaincront…

Le cheval pâle
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