17

Winston Spenser n’était pas taillé pour la vie de criminel.

En cet instant, il vomissait dans les toilettes de sa chambre d’hôtel. On aurait pu en imputer la faute à l’alcool consommé la veille, mais en réalité c’était la tension qui lui déchirait les entrailles. La tension de celui qui vit dans le mensonge, enferré dans la tromperie, qui a conscience de faire le mal. Il ne vomissait plus que de la bile ; toute la nourriture ingérée avait disparu depuis longtemps et l’alcool, il l’avait transpiré.

Spenser tendit la main pour attraper une serviette de toilette et essuya les commissures de ses lèvres.

Une fois debout, il regarda son image dans le miroir. Ses yeux étaient rougis et injectés de sang et il avait le teint grisâtre. La tension qu’il ressentait se voyait jusque dans les muscles de son visage, agités de soubresauts et de tics comme un grain de pop-corn jeté dans une poêle chaude. Il leva la main pour essuyer une larme qui perlait à son œil gauche, mais elle tremblait tellement qu’il dut la tenir avec son autre main pour venir à bout de ce simple geste. Puis il s’enferma dans la cabine de douche pour essayer de se laver de toute cette peur.

Richard Truitt attendait debout dans le salon. Il balaya la pièce du regard, essayant de se faire une idée de l’homme qu’il allait rencontrer. D’après le mobilier et la décoration, il était prêt à parier que le propriétaire des lieux était un autodidacte et que sa richesse était assez récente. Tous les éléments du mobilier étaient très coûteux, mais dépourvus d’âme et disposés d’une manière qui favorisait le clinquant aux dépens du confort. Les possessions des gens riches depuis toujours racontaient une histoire, mais la seule histoire que voyait Truitt ici était celle d’objets achetés à la louche pour meubler l’espace et donner une image du maître de maison qui n’était ni réelle ni pleine d’imagination.

Il y avait un lion empaillé, mais Truitt doutait que le propriétaire des lieux ait lui-même pourchassé et abattu la bête. Quelques toiles contemporaines, parmi lesquelles un Picasso, mais qui étaient loin d’être les meilleures œuvres de ces peintres et qui semblaient avoir été achetées pour la seule signature. Des invités modestes et peu cultivés pourraient se laisser impressionner. Une cotte de maille que Truitt jugea être une reproduction, et un canapé Louis XVI qui semblait aussi confortable qu’une planche à clous.

— Monsieur Samuelson, appela une voix dans l’escalier.

Truitt se retourna pour voir son interlocuteur.

L’homme n’était pas grand. Moins d’un mètre soixante-dix et de petite carrure. Ses cheveux d’un noir de jais évoquaient la coiffure d’un voyou californien des années soixante-dix. La bouche était petite, avec des dents qui donnaient une impression de cruauté prédatrice. Bien que Truitt imaginât que l’homme souriait d’un air amical, il avait plutôt envie de vérifier si son portefeuille était bien à l’abri.

— Je suis Stanley Ho, dit l’homme en atteignant le bas de l’escalier et tendant la main.

Le décor était planté et Truitt n’avait plus qu’à jouer son rôle.

— Paul Samuelson, dit-il en tendant une main mollassonne. Le siège de la compagnie m’a demandé de remplacer M. Lassiter qui a malheureusement été victime d’un virus.

Truitt interprétait son personnage avec un flegme à la Michael Caine.

— Je suppose que vous connaissez ce type de statue ?

— Oh oui ! s’exclama Truitt avec empressement. Je suis diplômé en art asiatique. C’est l’un de mes domaines de prédilection.

Ho lui indiqua l’escalier, puis le précéda.

— Cet objet est connu sous le nom de Bouddha d’or. Connaissez-vous un tant soit peu cette pièce ?

Ils avaient atteint le premier palier et s’apprêtaient à emprunter la seconde volée de marches.

— Malheureusement non, déclara Truitt sans respirer. A-t-elle déjà figuré dans une exposition ?

— Non, répondit Ho rapidement. Elle fait partie d’une collection privée depuis des décennies.

— Dans ce cas, je l’examinerai en la comparant mentalement avec d’autres pièces que je connais.

Ils gravissaient à présent le dernier étage.

— Vous avez une magnifique demeure, mentit Truitt. L’escalier est en acajou, n’est-ce pas ?

— Oui, répondit Ho en s’arrêtant devant la porte de son bureau pour y introduire une carte qui ouvrait la serrure. Acajou du Brésil, assemblé à la main sans clous ni vis.

Ho ouvrit la porte et s’écarta.

— Très beau, dit Truitt.

Il vit alors le Bouddha d’or au fond de la pièce.

— Mais ceci est encore plus beau !

Il approcha du Bouddha, suivi par Ho.

— Magnifique, dit Truitt avec conviction. Puis-je le toucher ?

— Je vous en prie.

L’expert de l’assurance se comportait exactement comme Ho l’avait espéré. Un mélange à parts égales de respect et de professionnalisme. Il y avait de bonnes chances pour que l’estimation soit en sa faveur, et si ce n’était pas le cas, Ho était sûr de le faire capituler.

Truitt passa la main sur le visage du Bouddha puis observa les yeux en pierres précieuses.

— Puis-je vous demander quelle est son histoire ?

— Il date du XIIIe siècle, et vient d’Indochine, répondit Ho.

Truitt ouvrit la petite trousse en cuir qu’il avait à la main et en sortit une lunette de joaillier. Il la posa sur un œil et examina les pierres.

— Admirable !

Ho le laissa examiner le Bouddha des pieds à la tête. L’homme semblait compétent, aussi décida-t-il de l’interroger au sujet du compartiment secret.

— J’ai demandé à un historien de faire quelques recherches et il m’a appris que certaines de ces statues renfermaient un compartiment secret.

— La partie de Bouddha qui ne contient aucun amour-propre, déclara vivement Truitt. Le vide.

— Ainsi vous connaissez ce détail ?

— Oh oui ! répondit Truitt qui remerciait le ciel que la Corporation lui ait fourni un dossier détaillé sur l’art asiatique ancien. Le « vide » faisait partie de l’étude.

— Eh bien je n’arrive pas à le trouver dans cette statue, dit Ho.

— Regardons cela de plus près, proposa Truitt.

Les deux hommes passèrent vingt minutes à examiner la statue avec la plus grande attention, mais ils ne découvrirent aucun compartiment secret. Truitt décida d’utiliser ce coup de théâtre en sa faveur.

— Si nous nous asseyions un moment ? proposa-t-il.

Ils s’installèrent de part et d’autre du bureau de Ho.

— Quelle est la valeur que vous avez en tête pour assurer votre bien ? demanda Truitt.

— Je pensais à quelque chose dans les environs de deux cents millions, déclara Ho.

— Voilà qui n’est pas négligeable, dit Truitt en souriant.

Se penchant en avant, il renversa le contenu de sa mallette sur le sol. En s’accroupissant pour ramasser ses documents, il fixa un petit micro sous le bureau de Ho.

— Quel maladroit ! dit-il après avoir installé le micro et remis la mallette sur ses genoux.

— Quelle est votre estimation ? demanda Ho.

— L’absence de compartiment secret ajoute à la rareté de cette pièce, mentit Truitt. Elle doit être plus vieille de quelques décennies que ce que j’avais estimé. Le vide date du XIIe siècle. Vous êtes peut-être en possession de quelque chose qu’il est proprement impossible d’évaluer.

Ho sourit de toutes ses dents de prédateur. Il adorait battre quelqu’un en affaires et il commençait à penser qu’il avait damé le pion aux plus grands collectionneurs d’art de la planète. Les deux cents millions qu’il avait déboursés et qui lui avaient semblé exorbitants lui paraissaient presque bon marché à présent.

— Que voulez-vous dire ? demanda-t-il.

— Je pourrais facilement assurer cette pièce pour le double du montant que vous m’avez indiqué, dit Truitt, mais bien sûr, les primes que vous auriez à payer refléteraient cette valeur.

Cela se déroulait mieux que Truitt l’avait prévu. L’appât du gain avait effacé les doutes de Ho quant à son identité. Il était venu en étranger, et maintenant, il était un ami apportant des cadeaux. Les escroqueries ne fonctionnent que lorsque la proie veut y croire. Ho voulait y croire.

— Mais…, déclara Ho lentement, si je l’assure pour une valeur plus importante, les banques me prêteront davantage avec cette garantie.

— Oui, répondit Truitt. Nous sommes en général suivis par les banques.

Ho hocha la tête.

— Si vous me donniez le montant des primes pour quatre cents millions ?

— Bien entendu, il faudra que je contacte le siège pour vous donner les chiffres exacts, mais je peux facilement attester de la valeur de cette pièce.

Ho se renfonça dans son fauteuil. Il se rendait compte petit à petit qu’il possédait une œuvre d’art absolument inestimable. À présent, son amour-propre avait besoin d’être flatté. Et seuls d’autres gens riches pouvaient le faire.

— Je donne une réception aujourd’hui, déclara-t-il.

— J’ai vu les préparatifs, répondit Truitt en souriant.

— Bien entendu, vous êtes invité, dit Ho, mais je pensais exposer la sculpture devant mes invités. Je souhaiterais une clause qui couvrirait la pièce en attendant que les primes soient fixées. Seulement pour couvrir la soirée.

— Vous songez bien entendu à l’exposer en bas ? demanda Truitt.

Ce n’était pas ce que Ho avait en tête, mais il trouvait l’idée très bonne.

— Oui, répondit-il. Peut-être dans le jardin ?

Truitt hocha la tête.

— Vous permettez que je passe un coup de fil ?

Ho lui fit signe d’utiliser son téléphone, mais Truitt sortit un cellulaire et composa un numéro abrégé.

— Samuelson à l’appareil.

— Richard, quel beau salopard tu fais ! Nous t’écoutons depuis quelques minutes grâce au micro. Beau travail.

— J’aurais besoin d’un montant pour une clause de protection d’une journée à ajouter à la police d’assurance de M. Ho concernant une œuvre d’art évaluée à quatre cents millions, en attendant de calculer les montants exacts des primes.

— Tralalalalala, attends un peu, dit l’opérateur de L’Oregon. Je vais t’inventer un chiffre. Pourquoi pas vingt mille dollars ? Ou ce que tu voudras. Mais à ta place, je demanderais du liquide, pour qu’on puisse se faire une petite fête quand ce sera fini.

— Je vois, dit Truitt en hochant la tête, nous aurons donc besoin de renforcer la sécurité. Ne quittez pas.

Truitt plaça la main sur le téléphone.

Sur L’Oregon, l’opérateur se tourna vers Hanley.

— Truitt est chaud aujourd’hui ! Je n’avais même pas pensé à ça !

Ho attendait que l’expert lui parle.

— Le montant d’une couverture pour vingt-quatre heures sera de dix-huit mille cinq cents dollars américains, dit-il. Mais ma société souhaiterait renforcer les effectifs de sécurité. Par chance, nous avons une entreprise locale avec qui nous travaillons souvent ; mon bureau va les contacter et leur demander d’envoyer des hommes sur-le-champ si cela ne vous dérange pas.

— Le tarif inclut-il la sécurité ?

Truitt réfléchit un instant et décida de ne pas pousser le bouchon.

— Ce tarif inclut la présence de trois vigiles, mais il nous faudra un règlement en espèces, assena-t-il avec le plus grand sérieux.

Ho s’approcha de son coffre-fort.

— Ça me paraît raisonnable, dit-il.

Truitt sourit ; sa proposition était tout sauf raisonnable, mais Ho n’avait aucun moyen de le savoir.

— Je transmettrai, dit Truitt.

Ho composa le code de son coffre.

— Nous sommes d’accord, dit Truitt à l’opérateur de L’Oregon, mais nous aurons besoin des vigiles aussi vite que possible.

— T’es sacrement doué, dit l’opérateur.

— Oui en effet, répondit Truitt calmement avant de raccrocher.

Ho se retourna vers lui avec deux liasses de billets réparties dans deux enveloppes contenant chacune dix mille dollars. Retirant quinze billets de cent dollars de la seconde, il tendit le reste à Truitt, qui les fourra dans sa mallette en cuir avec un sourire.

— Avez-vous une feuille blanche ? lui demanda-t-il.

— Pourquoi ? demanda Ho.

— Il faut que je vous fasse un reçu, dit Truitt.

Hanley s’empara du téléphone pour appeler Cabrillo.

— Grâce à Dick Truitt, nous pouvons introduire trois hommes de plus sur le terrain, en tant que vigiles.

— Excellent, déclara Cabrillo. Et l’estimation n’a pas posé de problème ?

— Il a mené l’entretien d’une main de professionnel.

— Est-ce que nous avons des uniformes de vigiles dans la Boutique magique ?

— Tout à fait, répondit Hanley. Je vais appeler Nixon et lui dire de préparer un motif bien voyant sur la machine à broder.

— Dépêche-toi, dit vivement Cabrillo, qu’on puisse évacuer Truitt.

— Truitt a été invité à la soirée, dit Hanley, à moins que tu veuilles que je lui ordonne de partir.

— Demande-lui de rester jusqu’à l’arrivée des vigiles, dit Cabrillo. Ainsi, il pourra confirmer leur identité auprès de Ho. Ensuite, il peut rester dans le coin, j’ai un autre boulot pour lui.

— Très bien, dit Hanley.

Cabrillo coupa la communication et Hanley appela la Boutique magique.

— Kevin, dit-il. J’ai besoin de trois uniformes de vigiles avec des badges.

— Quel nom ?

Hanley réfléchit un instant.

— Disons Services de sécurité Redman.

— Comme Redford et Newman ?

— Exactement, répondit Hanley. L’Arnaque.

— J’en ai pour une vingtaine de minutes à faire les badges, dit Nixon, mais vous pouvez m’envoyer les hommes tout de suite. Ils feront les essayages pendant que je lancerai la broderie.

— Ils ne vont pas tarder, dII Hanley en guise de conclusion.

Hanley regarda la fiche épinglée au mur de la salle de contrôle. La plupart des associés de la Corporation étaient déjà occupés par des missions de terrain ou de renfort. Il ne lui restait plus qu’un aide-cuisinier, Rick Barrett, un ingénieur propulsion du nom de Sam Pryor et un homme mûr qui travaillait à l’armurerie, Gunther Reinholt. Aucun d’eux n’avait jamais travaillé sur le terrain, mais nécessité fait loi.

— Appelez-moi Reinholt, Pryor et Barrett, dit Hanley à un opérateur de communication, et demandez-leur de me retrouver à la Boutique magique.

L’opérateur se mit en devoir de prévenir les hommes sur leur pager.

— Ne t’inquiète pas, dit Murphy à Halpert, ça sent exactement comme la marijuana.

Murphy agitait ce qui ressemblait à un bâton d’encens près des membres du groupe lorsque Cabrillo entra dans la salle de réunion.

— Vu l’odeur, on se croirait à un concert des Grateful Dead, dit-il.

Murphy approcha de Cabrillo et laissa la fumée imprégner le président.

— C’est le sens du détail, déclara-t-il avec un sourire, qui a fait le succès de notre Corporation.

— Le vrai groupe était clean, fit remarquer Cabrillo.

— Oui, mais ça, Ho ne le sait pas.

Cabrillo hocha la tête.

— Bon, écoutez. Dick Truitt s’est débrouillé pour faire entrer trois hommes de plus à l’intérieur. Ils seront vêtus d’uniformes de vigiles et je vous donnerai le nom de leur entreprise très bientôt. Faites attention, il peut y avoir d’autres gardes engagés par Ho et une confusion de votre part serait assez malvenue.

À ce moment-là, le téléphone de Cabrillo sonna. Il écouta puis raccrocha.

— Nos gars auront un uniforme marqué Redman, dit-il au groupe.

Un instant plus tard, Julia Huxley faisait son entrée.

— Ouah ! s’exclama Kasim.

Huxley était vêtue d’un pantalon en cuir moulant lacé sur les côtés, ce qui laissait visible une bande de la jambe des pieds jusqu’aux hanches. Sa veste garnie de boutons métalliques couvrait à peine sa poitrine généreuse. Autour de son cou pendait une lanière de cuir avec un pendentif en forme de D et l’un de ses bras était décoré d’un tatouage de fils barbelés entremêlés de fleurs grimpantes. Ses cheveux étaient lissés à grand renfort de laque et elle n’avait pas lésiné sur le maquillage. Des chaussures à talons compensés de dix centimètres et des paillettes sur sa peau nue complétaient le tableau.

— Alors, est-ce que ça fait assez allumeuse pour vous, les mecs ?

— Je ne savais pas que la Boutique magique avait des trucs pareils en stock, fit Halpert.

Huxley s’approcha et se colla à lui. En tant que chanteur du groupe, évidemment, c’est lui qui avait droit à la groupie.

— Qu’est-ce que tu veux dire ? Tout vient de ma garde-robe perso !

Bien sûr, Huxley mentait, mais elle ne faisait que rentrer dans la peau de son personnage.

— Alors, qui douterait maintenant que l’Amérique est le plus grand pays du monde ? dit ICasim.

Bouddha d'or
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