***

George Adams s’arrêta deux fois pour refaire le plein de l’hélicoptère d’attaque chinois. Chuck Gunderson avait encore un demi-réservoir. Jusque-là, leur mission avait été des plus calmes. Gunderson avait été appelé pour couvrir la bataille du parc automobile, mais les Dungkar avaient triomphé avant qu’il ait eu besoin d’utiliser sa mitrailleuse improvisée. Adams n’avait pas encore de cible précise. Au cours des vingt dernières minutes, la situation avait évolué ; à part quelques poches de résistance çà et là, Lhassa semblait maintenant sous le contrôle des Dungkar. Les deux hommes voyaient clairement la transformation depuis les airs ; la guerre était presque finie.

— George le grand, c’est Tiny, appela Gunderson sur sa radio.

— Salut Chuckie ! Alors, tu t’ennuies autant que moi ?

— Je vais te dire…, commença Gunderson.

— Ici Grimpeur Un, interrompit Murphy. Un trio, je répète, trois chasseurs chinois viennent de passer devant Sauveteur Un et moi. Nous sommes à soixante-quinze kilomètres de Lhassa et nous nous dirigeons vers Gonggar.

— À tous les membres de la Corporation, ici L’Oregon, dit Hanley. Nous avons détecté trois avions de chasse qui arrivent du nord. Considérez-les comme des ennemis. Préparez-vous à les prendre en charge. Forces de frappe au rapport maintenant.

— Predator, prêt, annonça Lincoln depuis son point de stationnement au Bhoutan.

— Attaquant Un, prêt, dit Adams.

— Canonnière Une, prête, fit Gunderson.

— Désolé, les gars, dit Hanley. Ils ont dû échapper au radar. Nous avons des retours par intermittence et nous prévoyons une arrivée dans quelques minutes.

Les trois avions descendirent en vrombissant le canyon au nord de Lhassa et fondirent sur la ville.

Cabrillo se trouvait dans une vaste salle de prière contenant de petites pièces sur chaque côté. Il fouillait les pièces une à une, mais progressait lentement. Po et son équipe avaient atteint le haut des escaliers. Po s’arrêta près de la porte, leva son arme et jeta un coup d’œil à l’intérieur. Puis, ne voyant personne, il se glissa dans la pièce. Cabrillo fouillait dans un grand tas de caisses en bois entreposées dans un débarras. Concentré sur sa recherche du gaz toxique, il ne remarqua pas l’arrivée de Po et de ses hommes. Les caisses ne contenaient que des manuscrits, de vieux livres et des documents. Il se frotta les mains et sortit.

Po, debout dans l’encadrement de la porte, braqua son arme sur la poitrine de Cabrillo. Les six policiers étaient armés de fusils, également pointés sur lui.

Cabrillo sourit.

— Salut les gars. Je changeais juste les filtres de la chaudière. Bonjour les courants d’air dans ce vieux palais quand il neige dehors !

— Je suis l’inspecteur Ling Po, de la police de Macao et je vous arrête pour meurtre.

— Meurtre ? fit Cabrillo. Je n’ai tué personne.

— Votre fuite après avoir dérobé la statue du Bouddha a fait trois morts parmi les citoyens chinois.

— Vous voulez parler de la marine chinoise qui a attaqué mon bateau ? demanda Cabrillo. C’est eux qui ont commencé.

À cet instant précis, le premier avion de chasse passa au-dessus de Lhassa et il y eut brusquement une pagaille épouvantable.

L’avertissement de Murphy avait donné juste assez de temps à Gunderson et Adams pour se préparer. Adams se posta au bord d’une montagne à l’ouest de Lhassa, orientant sa poutre de queue sur les avions de chasse, tandis que Gunderson restait à l’est, prêt à faire feu. Le Predator était en orbite autour de Gonggar, prêt à protéger la zone.

Les chasseurs survolèrent Lhassa et déchaînèrent leurs mitrailleuses, tuant des douzaines de Tibétains, puis ils poursuivirent vers l’aéroport. En une petite minute, ils atteignirent l’aéroport et les mitrailleuses antiaériennes ouvrirent le feu. Évitant les projectiles, le pilote du premier avion survola Gonggar, puis vira vers la gauche pour revenir vers Lhassa. Un hélicoptère surgit du flanc de la montagne et soudain un nuage de fumée et des flammes s’échappèrent du fuselage.

Adams regarda sa caméra et fit quelques ajustements pendant que le missile fonçait sur le chasseur. Il avait visé le fuselage ; or il avait touché une aile. Le pilote s’éjecta et Adams vit un parachute s’ouvrir.

Dans une manœuvre impeccable, le deuxième pilote avait décroché sur la droite. Il se dirigeait à toute vitesse vers Lhassa lorsqu’un appareil apparut à sa gauche sur son écran radar. Avant qu’il ait eu le temps de réagir, un avion-cargo chinois apparaissait. Un instant dérouté par son apparence d’avion allié, le pilote hésita à tirer.

— Ouvrez le feu ! cria Gunderson vers l’arrière.

Le Tibétain tira une rafale qui troua le flanc de l’avion comme une balle de fusil de chasse dans les entrailles d’un canard. L’homme continua à tirer même après le passage de l’avion.

— Je crois que vous l’avez eu ! cria Gunderson. Vous pouvez arrêter !

Gunderson effectua un demi-tour et aperçut l’appareil en flammes qui s’écrasait sur le flanc d’une montagne. Il n’y eut ni éjection ni possibilité de survie du pilote.

Dès que le troisième avion se rendit compte qu’on lui tirait dessus, il remonta à haute altitude. Le Predator le poursuivit.

— Quatre tirs, déclara Lincoln sur sa radio tout en tirant tous ses missiles d’un coup.

Le chasseur montait dans le ciel, mais les missiles, plus légers et plus petits, étaient également plus rapides.

Les Tibétains au sol observèrent la tramée blanche de l’avion qui traçait une ligne droite dans le ciel. Derrière, deux paires de vrilles de fumée suivaient. Puis, très haut au-dessus de Lhassa, une boule de feu explosa. Les trois avions avaient mené leur dernier combat.

— Allez voir ce que c’était, ordonna Po à l’un des Tibétains.

L’homme sortit et contempla la ville, puis il rentra.

— Des avions qui attaquent, annonça-t-il simplement à son retour.

— Les Chinois reprennent la ville, dit Po. Dans quelques minutes…

À ce moment-là, le téléphone de Cabrillo sonna. Il répondit :

— Excusez-moi, dit-il à Po en posant la main sur l’appareil. D’accord, dit-il. Très bien. Non, pas encore, il y a eu un léger contretemps. Il y a là un policier de Macao qui…

Po glissa son arme dans son étui et fit tomber le téléphone sur le sol.

— Vous n’auriez pas dû, soupira Cabrillo. Je n’ai pas acheté l’extension de garantie.

Po était fou de rage. Il perdait le contrôle ; il fallait qu’il le retrouve immédiatement.

Sur L’Oregon, Hanley écoutait la scène grâce au téléphone.

— Contre le mur, ordonna Po en traînant Cabrillo contre un mur en pierre avant de reculer.

— Qu’est-ce que vous croyez, Po ? cracha Cabrillo. Que vous êtes à la fois juge, jury et bourreau ?

— Messieurs, en place, dit Po.

Les Tibétains formèrent une ligne et épaulèrent leur fusil.

À bord de L’Oregon, Éric Stone écoutait la scène aux côtés de Hanley.

— Chef, qu’est-ce qu’on peut faire ?

Hanley leva la main pour le faire taire.

— Au nom des autorités de Macao, déclara Po, j’ai entendu vos aveux de culpabilité et je vous reconnais coupable de meurtre. La sentence est la mort par fusillade ici et maintenant.

Stone, horrifié, regarda Hanley qui restait impassible.

— Avez-vous une dernière volonté ou requête à formuler ?

— Oui, répliqua Cabrillo. Je vous demande d’arrêter tout de suite ces absurdités ; il y a un gaz mortel caché dans ce palais et si je ne le trouve pas bientôt, nous allons tous mourir.

— Assez de mensonges ! tonna Po. Préparez-vous à tirer.

Cabrillo passa la main dans ses cheveux, puis sourit et fit un clin d’œil.

— Feu ! cria Po.

Une volée de projectiles résonna dans la salle de prière qui fut emplie de l’odeur de la poudre.

— Les voilà ! s’exclama le chef du détachement de Dungkar.

Trois boulets en acier inoxydable étaient marqués de symboles chinois. Les Dungkar érigèrent l’appareil destiné à détruire le gaz en le brûlant, puis ils enfilèrent des masques à gaz et des gants en caoutchouc. Le gaz se trouvait exactement à l’endroit indiqué par Zhuren.

— Est-ce que quelqu’un a vu l’Américain ? demanda le chef des Dungkar.

La réponse fut négative.

— Commencez à détruire le gaz lentement et soigneusement, ordonna-t-il. Je vais en bas faire mon rapport.

La fumée se dissipa. Cabrillo se tenait toujours debout.

L’un des policiers tibétains s’empara de l’arme de Po, puis il effectua une rapide fouille corporelle à la recherche d’autres armes.

— Loupé ! dit Cabrillo en essuyant une goutte de sang sur sa joue, écorchée par un éclat de pierre.

Stone leva les yeux vers Hanley qui souriait.

— Les Tibétains sont avec nous, expliqua-t-il. Depuis le début.

Stone leva les bras en l’air, exaspéré.

— Et pourquoi on ne me raconte rien, à moi ?

Cabrillo s’avançait pour ramasser son téléphone lorsque le chef des Dungkar entra en trombe dans la pièce. Découvrant la scène, il resta interdit. Sur le mur se dessinait une large silhouette d’homme, faite par les balles sur la pierre. Cinq policiers tibétains avaient un fusil à la main tandis qu’un sixième passait les menottes à un autre homme.

— Nous avons trouvé le gaz ! s’exclama le Dungkar. Nous sommes en train de le détruire.

Cabrillo se pencha et ramassa son téléphone.

— Max, dit-il, tu as entendu ça ?

— Oui, Juan, dit Hanley. Et maintenant, tire-toi de là.

Cabrillo plia son téléphone et le rangea dans sa poche.

— Norquay, je suppose ? demanda-t-il au chef des policiers.

— Oui, monsieur, répondit le Tibétain.

— Voulez-vous aider les Dungkar à détruire le gaz, demanda Cabrillo. Ensuite, sécurisez le périmètre du Potala. Le général Rimpoche va prendre contact avec vous bientôt. Merci de votre aide.

Norquay hocha la tête.

— Pour le Tibet libre ! cria Cabrillo.

— Pour le Tibet libre ! répétèrent les hommes.

Cabrillo s’éloigna vers la porte.

— Monsieur ? fit Norquay. Encore une chose.

Cabrillo s’arrêta.

— Que voulez-vous que nous fassions de lui ?

Cabrillo sourit.

— Laissez-le partir, dit-il en posant la main sur la poignée de la porte. Mais prenez son uniforme et ses papiers. Il est beaucoup trop émotif pour être policier.

Puis Cabrillo sortit, descendit l’escalier et embarqua dans l’hélicoptère. En cinq minutes, il était de retour à l’aéroport de Gonggar et en dix minutes, lui et son équipe étaient à bord du C-130. Ils croisèrent la flotte des hélicoptères loués qui rentraient au Bhoutan et le pilote du C-130 agita ses ailes. Les hélicoptères répondirent par un appel de phares.

Puis l’équipe s’installa pour le voyage qui serait court. Bientôt, ils seraient à bord de L’Oregon.

Bouddha d'or
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