CHAPITRE 2
Des mots pour le dire
« Tuveuxtonbiberon »
— À 9 mois, le bébé est donc un petit génie de la phonétique, complètement modelé par les sons de sa langue maternelle. Mais le langage, ce n’est pas seulement une suite de phonèmes, ce sont des sons qui ont un sens. Comment le sens vient aux enfants ?
— Progressivement, bien sûr. Entre 8 et 12 mois, le bébé commence à être sensible à la forme sonore des mots dans sa langue maternelle. C’est une étape importante, car dans la conversation courante les mots sont rarement isolés. Le signal acoustique est continu et les mots ne sont pas séparés par des silences – contrairement à un texte écrit, où ils sont séparés par des espaces. Vous écrivez : « tu veux ton biberon ? », mais vous dites à votre enfant : « tuveuxtonbiberon ? ». C’est le cerveau qui découpe le flux de paroles en mots. Encore faut-il qu’il ait appris à le faire : si vous entendez quelqu’un parler dans une langue étrangère que vous ne connaissez pas, vous êtes submergé par un flot de paroles dans lequel vous êtes bien incapable de vous repérer. C’est donc ce que le bébé apprend dès l’âge de 8/9 mois : distinguer les mots comme biberon dans « tuveuxtonbiberon ? ». À 12 mois, il identifiera entre quarante et cinquante mots. Pour cela, il va mettre en œuvre une vraie stratégie d’analyse de la parole.
— Autrement dit, il a plusieurs types d’indices à sa disposition pour découvrir les mots dans la phrase ?
— Oui. Le premier indice est la prosodie, le rythme de la parole. Lorsque l’on parle, on fait des pauses, ne serait-ce que pour reprendre sa respiration. Et on ne respire pas n’importe quand – pas au milieu d’un mot, par exemple. Ensuite, sauf à être abscons, on découpe ses phrases : on dit « Isabelle / vouslesavez / esttrèsjolie », et non « Isabellevouslesavezesttrèsjolie ». En français, on a tendance à baisser l’intonation et à allonger la dernière syllabe des mots… Très tôt, les bébés sont sensibles à ce découpage prosodique. À 8 mois, ils sont plus sensibles à des phrases où un silence est introduit entre le sujet et le verbe, qui est une frontière naturelle, plutôt qu’entre le verbe et le complément d’objet, qui n’est pas une frontière naturelle. À cet âge-là, ils ont d’ailleurs déjà également appris le schéma accentuel des mots de leur langue. Par exemple, en anglais, la forme sonore la plus fréquente des mots est une syllabe forte suivie d’une syllabe faible : Bébé John préfère écouter une liste de mots qui respectent ce rythme plutôt qu’une liste de mots ayant le schéma accentuel inverse. Un deuxième indice leur est fourni par l’analyse statistique des suites de phonèmes dans la parole.
Détecter les syllabes
— Encore une fois, vous traitez le bébé de statisticien ! Les enfants sont donc tous des génies du calcul ?
— De ce qu’on appelle le calcul neuronal, oui. Le cerveau n’est pas un ordinateur – nous y reviendrons –, mais tous ces travaux semblent montrer qu’il y a bien, dans le cortex des petits enfants, des circuits neuronaux qui leur permettent d’apprendre à parler dans un temps relativement court finalement, étant donné la complexité du langage humain. Et quand on les observe, ils agissent vraiment comme de petites machines. Aux États-Unis, des chercheurs ont fait écouter pendant deux minutes à des nourrissons de 8 mois une suite de syllabes comme celle-ci : « bidakupadotigolabubidakugolabu ». Remarquez que, dans cet exercice, certaines syllabes sont toujours suivies par les mêmes, comme dans « bidaku ». Si « bi » est toujours suivi de « da » et « da » toujours suivi de « ku », « ku » par contre, est suivi, dans notre exemple, de « pa » ou de « go ». Eh bien, au bout de deux minutes, on remarque que les bébés préfèrent écouter la liste qui comporte « bidaku », « padoti » et « golabu » plutôt que celle qui comporte « dakupa », « tigola » et « labubi ». Ils ont donc « calculé » les fréquences de transition entre les syllabes et fait l’hypothèse que, jusqu’à preuve du contraire, « bidaku » était un mot possible alors que « kupado » ou « dakupa » avaient moins de chance de l’être. Il leur faut deux minutes seulement pour faire cette analyse !
— Cela paraît prodigieux !
— Restons modestes. C’est une performance que réalisent aussi les singes tamarins et les rats ! Ces calculs, qui nous semblent très compliqués quand il faut les expliquer, représentent en fait un des calculs de base que fait le cerveau en permanence : il établit les corrélations entre deux événements visuels ou auditifs. Et, évidemment, le système linguistique tire profit de cette capacité de calcul statistique pour déterminer quelles sont les séquences sonores les plus fréquentes. Donc, en français, la suite de phonèmes « tr » étant plus fréquente que « lr », il postule que « tr » peut exister dans un mot alors que « lr » est peu probable. Ainsi, par exemple, dans l’expression « la gazelle rapide », les bébés en déduisent qu’il existe une frontière de mots entre « l » et « r » : « gazelra » n’est pas un mot. Cette stratégie est parfois source d’erreurs, comme le prouvent le « nananas » ou le « navion » produits quelques mois plus tard. « Na » est en effet un début de mot tout à fait licite en français : « un avion » est donc facilement segmenté en « un navion ».
— Le bébé extrait les mots, mais est-ce qu’il les comprend ? Passe pour le « navion », mais si « bidaku » est un mot…
— Effectivement, toutes ces études suggèrent que les nourrissons remarquent les formes acoustiques des mots bien avant d’en connaître le sens. L’Américain Peter Jusczyk a montré que des bébés de 7 mois auxquels on répète le mot king (« roi ») plusieurs fois préfèrent ensuite écouter des phrases qui contiennent le mot king alors que, à cet âge, ils n’en comprennent certainement pas le sens. Ils aiment écouter le mot king, mais il est remarquable de constater que le mot kingdom (« royaume ») ne leur fait aucun effet ! Preuve qu’ils ont correctement isolé et mémorisé le mot king. C’est donc bien la forme acoustique qui est reconnue longtemps avant le sens. Exception faite, peut-être, du prénom et des mots papa et maman.
Du mot au concept
— Certains auteurs affirment en effet que les nourrissons reconnaissent leur prénom dès l’âge de 4 mois.
— Mais est-ce que le bébé sait vraiment que Baptiste ou Juliette, c’est lui ? Je n’en suis pas sûre. Peut-être prête-t-il simplement une attention particulière à son prénom parce qu’il l’a entendu des milliers de fois, et souvent de façon isolée. Longtemps on a cru que le bébé devait connaître toute une série de concepts avant de posséder les mots. Par exemple, on imaginait que, à force de voir passer les voitures, l’enfant comprenait le concept de voiture et qu’il suffisait alors que sa mère lui dise « voiture » pour qu’il associe le mot au concept. Cela se passe effectivement ainsi… quand, adulte, on apprend une deuxième langue ! Dans ce cas, on associe une nouvelle forme acoustique à un sens qu’on possède déjà. Mais ce n’est pas du tout la stratégie utilisée par l’enfant qui apprend à parler. Il reconnaît d’abord la forme des mots. Puis lui associe un concept.
— La forme précède toujours le sens ?
— Chez le tout-petit, très certainement, puisque dans la première année il repère déjà beaucoup de formes sonores, sans connaître forcément le sens qui y est rattaché. Un exemple très classique de l’indépendance de la forme et du sens est celui du lexique des couleurs. Il n’est pas rare de voir un jeune enfant le posséder vers 2 ans : jaune, rouge… Mais, parfois jusqu’à 4 ans, il n’est pas capable de mettre en relation son stock de noms de couleur avec les couleurs qu’il perçoit : vous lui montrez du bleu, il va dire « rouge » ou « jaune ». Ce n’est pas qu’il confonde ces couleurs, il les distingue parfaitement ; mais il sort au hasard un nom de couleur car il ne fait pas encore la bonne relation. De même, on sait très bien que l’enfant apprend les noms de nombres (un, deux, trois, quatre, cinq…) longtemps avant de savoir les associer à un nombre réel !
— Oui, mais ils n’attendent pas toujours d’avoir 4 ans pour associer mot et sens.
— Bien sûr ! Vers 6/8 mois, un bébé est sensible à des mots fortement associés à des situations précises. Par exemple, il va agiter la main quand sa mère lui dit « au revoir », ou taper dans ses mains quand il entend « bravo ». Mais cela relève plus du conditionnement que de la compréhension. C’est à 9 mois que l’enfant commence à attribuer un sens aux mots qu’il reconnaît. Même s’il est assez difficile de déterminer jusqu’où va cette compréhension. Tous les parents peuvent observer que leur bébé regarde ses pieds lorsqu’on lui dit « chaussures » ou le biberon lorsque l’on dit « biberon ». Mais il est assez difficile de tester quel sens exact il attribue à un mot. Le mot chaussures est-il bien corrélé à la chose chaussures ou aux pieds ? Ou au deux ? Pour lui, chaussures signifie-t-il ses chaussures bleues ou toutes les chaussures parce qu’il possède le concept de chaussures et qu’il est capable de catégoriser ?
— Les enfants semblent être des champions de la catégorisation : il est tout à fait fascinant de voir un petit appeler chien des animaux aussi différents qu’un pékinois et un doberman !
— Oh ! Mais les enfants se trompent ! Quand le bébé commence à parler, il appelle parfois tous les oiseaux poule, par exemple… Et il peut appeler chien un chat. Mais, effectivement, il ne dénommera jamais chien une chaise ni même un poisson. Que notre enfant ne mette pas dans le même panier une chaise et un chien ne nous étonne pas, et pourtant ce serait logique : ils ont, tous les deux, quatre pattes !
La boîte à couleurs
— Justement. Comment fait-il alors pour savoir que chien désigne aussi bien le labrador chocolat du voisin que le caniche blanc de sa grand-mère, que tout le monde appelle « Fifi » mais qui n’a aucun rapport avec le gros matou d’à côté ? Ni évidemment avec la chaise. Et que le mot chien désigne l’animal dans son ensemble et pas seulement sa truffe ou ses poils ?
— Au départ, l’enfant regroupe les objets qui ont des propriétés similaires. Un doberman ou un caniche sont des « objets » qui se déplacent, aboient, ont le même nombre de pattes… À mesure de l’approfondissement de ses connaissances, le bébé va affiner ses catégories et s’appuyer sur des connaissances plus contextuelles : « Celui-ci est un chien que je connais, donc il peut s’appeler “Fifi” ; ce chien a bien quatre pattes et se déplace mais fait “miaou” et pas “wouah-wouah”, donc il est possible que chien ne soit pas le bon mot, et justement maman vient de dire un mot que je n’avais pas encore remarqué, chat, donc “chat” et “chien” sont deux catégories différentes. » Il est évident que ce processus de catégorisation est biaisé dans certaines directions, et que la notion d’animé est plus importante que la notion de quatre pattes par exemple, ce qui explique que le bébé puisse nommer chien un chat, mais pas une table.
— Les animaux aussi savent catégoriser. Les geais bleus par exemple sont capables de catégoriser différents types de feuilles en fonction des chenilles qui s’en nourrissent, une catégorisation évidemment en relation avec leurs préférences alimentaires…
— Oui. Et les macaques, on le sait, sont capables de catégoriser les fruits en fonction de leur couleur, de distinguer entre animé et inanimé, entre animal et non animal… Cette faculté est très certainement fondamentale pour reconnaître rapidement les aliments comestibles, les prédateurs, etc. Chez l’homme, le développement de cette faculté est le fruit de son histoire évolutive. L’organisation du cerveau l’amène à regrouper ensemble les objets qui ont les mêmes propriétés visuelles, de texture, de couleur, de forme, ceux qui semblent réagir de la même façon, ceux sur lesquels il peut effectuer les mêmes actions. Le résultat est un regroupement d’objets ou de concepts qui partagent des propriétés similaires, et ces objets sont classés, rangés dans des « boîtes » différentes.
— Vous voulez parler de « boîtes » sémantiques différentes ?
— C’est une façon de parler… Mais on sait grâce à l’observation de patients victimes d’un accident vasculaire cérébral qu’il est possible de conserver une faculté de langage normale et de perdre uniquement les noms d’animaux, ou ceux des nombres, ou ceux des fruits et légumes, ou seulement les verbes… Est-ce que ces catégories sémantiques sont effectivement chacune stockées dans des zones très localisées du cerveau ? Probablement. Pensez à l’exemple des noms de couleur que je vous donnais tout à l’heure. L’imagerie montre d’ailleurs que ce ne sont pas tout à fait les mêmes endroits qui s’activent selon que l’on récite la liste de ses achats au marché ou que l’on nomme les habitants du zoo ! Mais tout est dans la région temporale basse. Certains pensent que les verbes d’action sont stockés près des représentations motrices, que les mots associés à la nourriture sont mémorisés près des zones de traitement des couleurs et des odeurs…
Mères volubiles
— À vous entendre, le cerveau serait donc vraiment comme une machine, avec des cases en blanc à remplir…
— Attention ! Il ne faut pas se laisser abuser par le vocabulaire. Oui, nos travaux montrent que le cerveau n’est pas une page blanche, qu’il est organisé en régions fonctionnelles distinctes qui collaborent étroitement. Mais le cerveau n’est pas un ordinateur. Il obéit à des lois propres, fruit de son héritage biologique et évolutif, que les sciences cognitives essaient d’appréhender. Voyez l’« effet Stroop ». Il s’agit d’une expérience très célèbre de psychologie expérimentale : on demande aux participants de nommer la couleur de l’encre dans laquelle des mots sont imprimés sur la page. Pour des mots comme chat ou canapé, la tâche est facile ; mais si vert par exemple est écrit en rouge, alors les sujets sont considérablement ralentis, car ils sont troublés par l’interférence entre la couleur de l’encre et le sens du mot. Dans cet exemple, on voit bien que pour répondre il n’est pas nécessaire d’accéder au sens du mot, et pourtant cet accès se fait automatiquement et vient gêner la réponse. Alors qu’un ordinateur n’aurait aucun mal à réussir cette opération.
— Revenons au bébé qui, à la fin de sa première année, prend conscience que les mots ont un sens.
— Son obsession est, à ce moment-là, de reconnaître les mots et de les relier à un sens. Il fait alors des progrès formidables. La vitesse d’apprentissage d’un enfant à l’autre peut être assez variable, mais disons qu’il comprend de quarante à cinquante mots pour son premier anniversaire, et plus de trois cents à 16 mois. Tout cela en moyenne, évidemment. Cela dépend des enfants, et des cultures : les bébés américains sont réputés pour parler plus vite que les bébés japonais. C’est en tout cas ce qui ressort des questionnaires autoadministrés du type « à un an, combien de mots comprend votre enfant ? ». Mais peut-être que les mères américaines sont tout simplement plus tolérantes sur ce que peut être un mot que les mères japonaises !
— Elles sont aussi réputées pour être moins réservées, plus expansives et pour parler avec des intonations très exagérées à leurs enfants. En France, on s’est longtemps demandé s’il était bon ou mauvais pour les petits de leur parler « mamanais », d’utiliser un vocabulaire bébé comme lolo, toto ou ouah-ouah.
— Dans nos sociétés occidentales, on parle en général sur un ton particulier aux enfants, surtout les mères. Elles répètent les mots ou les phrases, exagèrent les contours d’intonation et les expressions faciales, parlent lentement et tiennent un discours relativement simple (elles débattent rarement de physique quantique avec leur fils de 10 mois). Quant au vocabulaire « bébé »… Tous les enfants du monde apprennent à parler grosso modo au même âge, et pourtant, d’une culture à l’autre, les parents s’adressent de manière très différente à leur bébé. Dans certains pays, on murmure lorsque l’on parle à un petit ; dans d’autres, au contraire, on élève le ton. Parfois on ne s’adresse pas de la même façon aux petits garçons et aux petites filles. Parfois, on ne leur parle pas directement tant qu’ils ne savent pas parler eux-mêmes ; parfois aussi, on les inonde de paroles. Ailleurs, on répète beaucoup les mots et les phrases, ou on les explicite sans cesse… Malgré toutes ces variations culturelles, tous les enfants apprennent à parler correctement leur langue maternelle.
De la compréhension à la parole
— Conclusion : le rôle des parents est donc limité dans cette histoire…
— Les parents n’apprennent pas à parler à leurs enfants. Ils leur fournissent des modèles de langue et de culture… Je ne veux pas dire que l’environnement linguistique n’a aucune importance – il en aura d’ailleurs beaucoup, plus tard, notamment sur l’étendue du vocabulaire, la richesse de la syntaxe, la clarté de l’articulation. Mais je veux souligner que le besoin de communiquer via la parole est, dans notre espèce, un moteur d’apprentissage extrêmement puissant : les bébés apprennent à parler quel que soit leur environnement.
— Ils comprennent en tout cas beaucoup plus vite qu’ils ne parlent, tous les parents le savent.
— La production du langage est en effet très en retard sur la compréhension. Pour les raisons que nous avons déjà évoquées : le contrôle moteur de la parole est très difficile. Les enfants commencent à comprendre le sens des mots vers 9 mois, on l’a dit. Ils commencent à les prononcer de façon véritablement intentionnelle entre 11 et 14 mois, pas avant. D’après une étude anglophone, à 16 mois, ils comprennent de 92 à 320 mots mais n’en produisent que de 10 à 180.
— Quels sont les premiers mots qu’ils prononcent ? Est-ce toujours papa et maman ?
— Souvent. Et souvent papa avant maman, d’ailleurs, sans doute parce que papa est plus facile à dire que maman. Ce sont d’abord des mots très simples comme, en français, papa, dada, bobo… Mais jamais fifi ou pioupiou, plus difficiles à articuler. Les syllabes sont souvent répétées, comme dans les vrais mots bébé ou bonbon par exemple, mais aussi dans des mots comme dada, lolo, dodo, là encore parce que le geste moteur est plus facile. C’est la simplification des gestes moteurs qui entraîne des expressions comme « papo » pour chapeau, « tato » pour gâteau, qui provoque l’omission des consonnes finales (« cana » ou « caca » pour canard), la réduction des groupes de consonnes (« tin » pour train, « bawo » pour bravo), ou encore la diminution du nombre de syllabes (« efan » pour éléphani)… Mais cela change beaucoup d’un enfant à l’autre selon les phonèmes qu’il aime prononcer. Cette période-là est souvent assez difficile, l’enfant n’est pas très performant : il dit beaucoup de choses, pas toujours compréhensibles. Quoique, là encore, cela dépende des cultures… Les parents américains reconnaissent souvent des mots que des oreilles moins aimantes ont du mal à distinguer, d’autant plus que l’anglais comporte beaucoup de monosyllabes ou des mots avec une syllabe très accentuée. Donc, les enfants américains produisent beaucoup de monosyllabes : book, dog, mais aussi « da » ou « dad » pour daddy – car le bébé va garder la première syllabe du mot, celle sur laquelle porte l’accent.
— Ce premier lexique comporte essentiellement des noms…
— Là aussi, cela dépend des cultures et de la structure de la langue maternelle. Par exemple, les petits Coréens utilisent beaucoup plus de verbes que les petits Anglais, surtout abonnés aux noms… Les formules de politesse sont essentielles dans la culture japonaise et les bébés japonais les utilisent très vite, alors que les termes d’action (jouer ; sauter ; danser) prédominent chez les petits Suédois et les mots liés à la nourriture…chez les bébés français !