NOTES


[1] D. R. Watson’s Apology for christianity, in a series of letters to Edw. Gibbon, 1776, in-8°.

[2] J. Chelsum’s DD. :  remarks on the two last chapters of the first vol. of Mr. Gibbon’s History, etc. Oxford, 2e édit., 1778, in-8°.

[3] East Apthorp’s Letters on the prevalence of christianity before its civil establishment, with observations on Mr. Gibbon’s History, etc. 1778, in-8°.

[4] Letters to Edw. Gibbon, 2e édit., Londres, 1785, in-8°.

[5] H. Kett’s a Sermons at Bampton’s lecture, 1791. H. Kett’s a representation of the conduct and opinions of the primitive christians, with remarks on certain affections of Mr. Gibbon and D. Priestley, in eight Sermons.

[6] A vindication of nome passages in the XV and XVI chapters of the History of the Decline and Fall of the Roman Empire. La 2e édit., dont je me suis servi, est de Londres, 1779.

[7] Die ausbreitung des Christenthums aus natürlichen ursachen von W. S. von Walterstern. Hambourg, 1788, in-8°.

[8] Die ausbreitung der Christlichen religion von J. B. Luderwald, Helmstædt, 1788, in-8°.

[9] La lettre dans laquelle Gibbon annonça à mademoiselle Curchod l’opposition que son père mettait à leur mariage, existe en manuscrit. Les premières pages sont tendres et tristes, comme on doit les attendre d’un amant malheureux ; mais les dernières deviennent peu à peu calmes, raisonnables, et la lettre finit par ces mots : C’est pourquoi, mademoiselle, j’ai l’honneur d’être votre très humble et très obéissant serviteur, Edouard Gibbon. Il aimait véritablement Mademoiselle Curchod ; mais on aime avec son caractère, et celui de Gibbon se refusait au désespoir de l’amour.

[10] Voyez la lettre CXC. Je compte, dit-il, find myself (me trouver) in London on, or before the first of august.

[11] Dion Cassius (l. LVI, p. 736), avec les notes de Reymar, qui a rassemblé tout ce que la vanité romaine nous a laissé ce sujet. — Le marbré d’Ancyre, sur lequel Auguste avait fait graver ses exploits, nous dit positivement que cet empereur força les Parthes à restitués les drapeaux de Crassus.

Les poètes latins ont célébré avec pompe ce paisible exploit d’Auguste. Horace, l. IV, od. 15, a dit :

……… Tua, Cæsar, œtas

………………

Signa nostro restituit Jovi

Derepta Parthorum superbis

Postibus ;

et Ovide, dans ses Tristes, l. 2, v. 227 :

Nunc petit Armenius pacem, nuhc porrigit arcum

Parthus eques, timida captaque signa manu.

(Note de l’Éditeur)

[12] Strabon (l. XVI, p. 780), Pline (Hist. nat., l VI, c. 32, 35) et Dion-Cassius (l. III, p. 723, et l. LIV, p. 734), nous ont laissé sur ces guerres des détails très curieux. Les Romains se rendirent maîtres de Mariaba ou Merab, ville de l’Arabie-Heureuse, bien connue des Orientaux (Voy. Abulfeda, et la Géographie nubienne, p. 52). Ils pénétrèrent jusqu’à trois journées de distance du pays qui produit les épices, principal objet de leur invasion.

C’est cette ville de Merab que les Arabes disent avoir été la résidence de Belkis, reine de Saba, qui voulut voir Salomon. Une digue, par laquelle des eaux rassemblées dans les environs étaient retenues, ayant été emportée, l’inondation subite détruisit cette ville, dont il reste cependant des vestiges. Elle était limitrophe d’une contrée nommée l’Adramaüt, où croît un aromate particulier : c’est pour cela qu’on lit dans l’Histoire de l’expédition des Romains, qu’il ne restait que trois journées pour arriver au pays de l’encens. Voyez d’Anville, Géogr. anc., t. II, p. 222. (note de l’Éditeur).

[13] Par le massacre de Varus et de ses trois légions (Voy. le  livre I des Annales de Tacite ; Suétone, Vie d’Auguste, c. 23 ; et Velleius Paterculus, l. II, c. 117, etc.). Auguste ne reçut pas la nouvelle de ce malheur avec toute la modération ni toute la fermeté que l’on devait naturellement attendre de son caractère.

[14] Tacite, Annal., l. II ; Dion-Cassius, l. LVI, p. 833 ; et le discours d’Auguste lui-même dans les Césars de Julien. Ce dernier ouvrage a reçu beaucoup de clarté des savantes notes de son traducteur français M. Spanheim.

[15] Germanicus, Suetonius-Paulinus et Agricola furent traversés et rappelés dans le cours de leurs victoires. Corbulon fut mis à mort. Le mérite militaire, comme l’exprime admirablement Tacite, était dans toute la rigueur de l’expression, imperatoria virtus.

[16] César lui-même dissimule ce motif peu relevé ; mais Suétone en fait mention, c. 47. Au reste, les perles de la Bretagne se trouvent de peu de valeur, à raison de leur couleur obscure et livide. Tacite observe avec raison que c’était un défaut inhérent à leur nature (Vie d’Agricola, c. 12). Ego facilius crediderim naturam margaritis deesse, quàm nobis avaritiam. Pour ma part, je croirais plus volontiers que la qualité de ces pierres ne suffit pas à notre convoitise.

[17] Sous les règnes de Claude, de Néron et de Domitien. Pomponius Mela, qui écrivait sous le premier de ces princes espère (l. III, c. 6) qu’à la faveur du succès des armes romaines, l’île et ses sauvages habitants seront bientôt mieux connus. Il est assez amusant de lire de pareils passages au milieu de Londres.

[18] Voyez l’admirable abrégé que Tacite nous a donné dans la Vie d’Agricola, et que nos savants antiquaires, Camden et Horsley, ont enrichi de commentaires si étendus, quoique peut-être encore incomplets.

[19] Les écrivains irlandais, jaloux de la gloire de leur patrie, sont extrêmement irrités à cette occasion contre Tacite et contre Agricola.

[20] Frith of Scotland.

[21] Voyez Britannia romana, par Horsley, l. I, c. 10.

[22] Agricola fortifia le passage situé entre Dunbritton et Édimbourg, par conséquent en Écosse même. L’empereur Adrien, pendant son séjour en Angleterre, vers l’an 121, fit élever un rempart de gazon entre Newcastle et Carlisle. Antonin le Pieux, ayant remporté de nouvelles victoires sur les Calédoniens, par l’habileté de son lieutenant, Lollius Urbicus, fit construire un nouveau rempart de gazon entré Édimbourg et Dunbritton. Septime-Sévère enfin, en 208, fit construire un mur de pierres parallèle au rempart d’Adrien et dans les mêmes localités. Voyez John Warburton’s Vallum romanum, or the History and antiquities of the roman wall commonly called the Picts’ wall. Londres, 1754, in-4°. (note de l’Éditeur)

[23] Le poète Buchanan célèbre avec beaucoup d’élévation et d’élégance (Voy. ses Sylvœ, v.) la liberté dont les anciens Écossais ont toujours joui. Mais si le seul témoignage de Richard de Cirencester suffit pour créer au nord de la muraille une province romaine nommée Valentia, cette indépendance se trouve renfermée dans des limites très étroites.

[24] Voy. Appien (in proœm.), et les descriptions uniformes des poésies erses qui, dans toutes les hypothèses, ont été composées par un Calédonien.

[25] Voy. le Panégyrique de Pline, qui paraît être, appuyé sur des faits.

[26] Dion-Cassius, l. LXVII.

[27] Hérodote, l. IV, c. 94 ; Julien, dans les Césars, avec les observations de Spanheim.

[28] Pline, Epist. VIII, 9.

[29] Dion-Cassius, l. LVIII, p. 1123, 1131 ; Julien, dans les Césars ; Eutrope, VIII, 2, 6 ; Aurelius Victor et Victor, in Epitom.

[30] Voyez un mémoire de M. d’Anville, sur la province de Dacie, dans le recueil de l’Académie des Inscriptions, tome XXVIII, p. 444-468.

[31] Les sentiments de Trajan sont représentés au naturel et avec beaucoup de vivacité clans les Césars de Julien.

[32] Eutrope et Sextus-Rufus ont tâché de perpétuer cette illusion. Voyez une dissertation très ingénieuse de M. Freret dans les Mém. de l’Académie des Inscriptions, t. XXI, p. 55.

[33] Dion-Cassius, l. LXVIII, et les abréviateurs.

[34] Ovide, Fast., l. II, v. 667. Voy. Tite-Live et Dénis d’Halicarnasse, au règne de Tarquin.

[35] Saint Augustin prend beaucoup de plaisir à rapporter cette preuve de la faiblesse du dieu Terme et de la vanité des augures. Voyez de Civitate Dei, IV, 29.

[36] Voyez l’Histoire Auguste, p. 5 ; la Chronique de saint Jérôme et tous les Épitomés. Il est assez singulier que cet événement mémorable ait été omis par Dion, ou plutôt par Xiphilin.

[37] Dion, l. LXIX, p. 1158 ; Hist. Aug., p. 5, 8. Si tous des ouvrages des historiens étaient perdus, les médailles, les inscriptions et les autres monuments de ce siècle, suffiraient pour nous faire connaître les voyages d’Adrien.

[38] Voyez l’Histoire Auguste, et les Épitomés.

[39] Il ne faut cependant pas oublier que sous le règne d’Adrien, le fanatisme arma les Juifs, et excita une rébellion violente dans une province de l’empire. Pausanias (l. 8, c. 43) parle de deux guerres nécessaires, terminées heureusement par les généraux d’Antonin le Pieux : l’une contre les Maures vagabonds, qui furent chassés dans les déserts du mont Atlas ; l’autre contre les Brigantes, tribu bretonne qui avait envahi la province romaine. L’Histoire Auguste fait mention, p. 19, de ces deux guerres et de plusieurs autres hostilités.

[40] Appien d’Alexandrie, dans la préface de son Histoire des guerres romaines.

[41] Dion, l. LXXI ; Hist. Aug., in Marco. Les victoires remportées sur les Parthes ont fait naître une foule de relations dont les méprisables auteurs ont été sauvés de l’oubli et tournés en ridicule dans une satire très ingénieuse de Lucien.

[42] Le plus pauvre soldat possédait la valeur de plus de quarante livres sterling (Denys d’Halicarnasse, IV, 17), somme considérable dans un temps où l’argent était si rare qu’une once de ce métal équivalait à soixante-dix livres pesant d’airain. La populace, qui avait été exclue du service militaire par l’ancienne constitution, y fut admise par Marius. Voyez Salluste, Guerre de Jugurtha, c. 91.

[43] César composa une de ses légions (nommée l’Alauda) de Gaulois et d’étrangers ; mais ce fut pendant la licence des guerres civiles ; et après ses victoires, il leur donna pour récompense le droit de citoyen romain.

[44] Voyez Végèce, de Re militari, l. I, c. 2-7.

[45] Le serment de fidélité que l’empereur exigeait des troupes était renouvelé tous les ans le 1er janvier.

[46] Tacite appelle les aigles romaines bellorum deos. Placées dans une chapelle au milieu du camp, elles étaient adorées par les soldats comme les autres divinités.

[47] Voy. Gronovius, de Pecuniâ vetere, l. III, p. 120, etc. L’empereur Domitien porta la paye annuelle des légionnaires à douze pièces d’or, environ dix de nos guinées. Cette paye s’augmenta insensiblement par la suite, selon les progrès du gouvernement militaire et la richesse de l’État. Après vingt ans de service, le vétéran recevait trois mille deniers (environ cent livres sterling), ou une portion de terre de la valeur de cette somme. La paye des gardes, et en général les avantages dont ils jouissaient, étaient le doublé de ce qu’on accordait aux légionnaires.

[48] Exercitus, ab exercitando. Varron, de Linguâ latinâ, l. IV ; Cicéron, Tuscul., l. II, 37. On pourrait donner un ouvrage bien intéressant en examinant le rapport qui existe entre la langue et les mœurs des nations.

[49] Végèce, l. II, et le reste de son premier livre.

[50] M. Le Beau a jeté un très grand jour sur le sujet de la danse pyrrhique dans le Recueil de l’Académie des Inscriptions, tome XXXV, p. 262, etc. Ce savant académicien a rassemblé, dans une suite de mémoires, tous les passages que nous ont laissés les anciens concernant la légion romaine.

[51] Josèphe, de Bello judaico, l. 3, c. 5. Nous sommes redevables à cet écrivain juif de quelques détails très curieux sur la discipline romaine.

[52] Panégyrique de Pline, c. 13 ; Vie d’Adrien, dans l’Histoire Auguste.

[53] Voyez, dans le VIe livre de son histoire, une digression admirable sur la discipline des Romains.

[54] Végèce, de Re militari, l. II, c. 4, etc. Une partie considérable de son obscur abrégé est prise des règlements de Trajan ; la légion, telle qu’il la décrit, ne peut convenir à aucun autre siècle de l’empire romain.

[55] Végète, de Re militari, l. II, c. 1. Du temps de Cicéron et de César, où les anciennes formes avaient reçu moins d’altération, le mot miles se bornait presque à l’infanterie. Dans le bas-empire et dans les siècles de chevalerie, il fut approprié presque exclusivement aux gens d’armes qui combattaient à cheval.

[56] Du temps de Polybe et de Denys d’Halicarnasse (l. V, c. 43), la pointe d’acier du pilum semble avoir été beaucoup plus longue. Dans le siècle où Végèce, écrivait, elle fut réduite à un pied, ou même à neuf pouces : j’ai pris un milieu.

[57] Pour les armes des légionnaires, voyez Juste-Lipse, de Miliciâ romanâ, l. III, c. 2-7.

[58] Voyez la belle comparaison de Virgile, Georg., II, v. 279.

[59] M. Guichard (Mémoires militaires, t. I, c. 4, et nouveaux Mémoires, t. I, p. 293-311)) a traité ce sujet en homme instruit et en officier.

[60] Voyez la Tactique d’Arrien. Par une partialité digne d’un Grec, cet auteur a mieux aimé décrire la phalange, qu’il connaissait seulement par les écrits des anciens, que les légions qu’il avait commandées.

[61] Polybe, l. XVII.

[62] Végèce, de Re militari, l. II, c. 6. Son témoignage positif, qu’on pourrait appuyer de faits évidents, doit certainement imposer silence à ces critiques qui refusent à la légion impériale son corps de cavalerie.

[63] Voyez Tite-Live presque partout, et spécialement XLII, 61.

[64] Pline, Hist. nat., XXXIII, 2. Le véritable sens de ce passage très curieux a été découvert et éclairci par M. de Beaufort, Rép. romaine, l. II, c. 2.

[65] Comme nous le voyons par l’exemple d’Horace et d’Agricola, il paraît que cette coutume était un vice dans la discipline romaine. Adrien essaya d’y remédier en fixant l’âge qu’il fallait avoir pour être tribun.

[66] Ces détails ne sont pas tout à fait exacts. Quoique dans les derniers temps de la république et sous les premiers empereurs les jeunes nobles romains obtinssent le commandement d’un escadron ou d’une cohorte avec plus de facilité que dans les temps antérieurs, ils n’y parvenaient guère sans avoir passé par un assez long service militaire. En général, ils servaient d’abord dans la cohorte prétorienne, qui était chargée de la garde du général : ils étaient reçus dans l’intimité de quelque officier supérieur (contubernium), et s’y formaient. C’est ainsi que Jules César, issu cependant d’une grande famille, servit d’abord comme contubernalis sous le préteur M. Thermus, et plus tard, sous Servilius l’Isaurien (Suétone, Vie de Jules César, 2-5 ; Plutarque, in Parall., p. 516 ed. Froben). L’exemple d’Horace, que Gibbon met en avant pour prouver que les jeunes chevaliers étaient faits tribuns dès qu’ils entraient au service, ne prouve rien. D’abord, Horace n’était point chevalier ; c’était le fils d’un affranchi de Venuse (Venosa), dans la Pouille, qui exerçait la petite fonction d’huissier priseur, coactor exactionum. Voyez Horace, sat. I, v. 6, 86. D’ailleurs, quand le poète fut fait tribun, Brutus, dont l’armée était composée presque entièrement d’Orientaux, donnait ce titre à tous les Romains de quelque considération qui se joignaient à lui. Les empereurs furent encore moins difficiles dans leurs choix : le nombre des tribuns fut augmenté ; on en donnait le titre et les honneurs à des gens qu’on voulait attacher à la cour. Auguste donna aux fils des sénateurs tantôt le tribunat, tantôt le commandement d’un escadron. Claude donna aux chevaliers qui entraient au service, d’abord le commandement d’une cohorte d’auxiliaires, plus tard celui d’un escadron, et enfin, pour la première fois, le tribunat ( Suétone, Vie de Claude, p. 25, et les notes d’Ernesti). Les abus qui en provinrent donnèrent lieu à l’ordonnance d’Adrien qui fixa l’âge auquel on pouvait obtenir cet honneur (Spartien, in Adr., X). Cette ordonnance fut observée dans la-suite ; car l’empereur Valérien, dans une lettre adressée à Mulvius-Gallicanus, préfet du prétoire s’excuse de l’avoir violée en faveur du jeune Probus, depuis empereur, à qui il avait conféré le tribunat de bonne heure, à cause de ses rares talents. Vopiscus, in Prob., IV. (Note de l’Éditeur)

[67] Voyez la Tactique d’Arrien.

[68] Tel était en particulier l’État des Bataves. Tacite, Mœurs des Germains, c. 29.

[69] Marc-Aurèle, après avoir vaincu les Quades et les Marcomans, les obligea de lui fournir un corps de troupes considérable, qu’il envoya. aussitôt en Bretagne. Dion, l. LXXI.

[70] Tacite, Annal., IV, 5. Ceux qui composent ces corps dans une proportion régulière d’un certain nombre de fantassins et de deux fois autant de chevaux, confondent les auxiliaires des empereurs avec les Italiens alliés de la république.

[71] Végèce, II, 2 ; Arrien, dans sa Description de la marche et de la bataille contre les Alains.

[72] Le chevalier Folard (dans son Commentaire sur Polybe, tome II, p 233-290) a traité des anciennes machines avec beaucoup d’érudition et de sagacité : il les préfère même, à beaucoup d’égards, à nos canons et à nos mortiers. Il faut observer que, chez les Romains, l’usage des machines devint plus commun, à mesure que la valeur personnelle et les talents militaires disparurent dans l’empire. Lorsqu’il ne fut plus possible de trouver des hommes, il fallut bien y suppléer par des machines ; Voyez Végèce, II,  25, et Arrien.

[73] Universa quæ in quoque belli genere necessaria esse creduntur, secum legio debet ubique portare, ut in quovis loco fixerit castra, armatam faciat civitatem. C’est par cette phrase remarquable que Végèce termine son second livre et la description de la légion.

[74] Pour la castramétation des Romains, voyez Polybe, l. IV ; avec Juste-Lipse, de Militiâ romanâ ; Josèphe, de Bello judaic., l. III, c. 5 ; Végèce, I, 21-25, III, 9 ; et Mémoires de Guichard, tome I, c. 1.

[75] Cicéron, Tuscul., II, 37 ; .Josèphe, de Bello jud., l. III, 5 ; Frontin, IV, 1.

[76] Végèce, I, 9 ; Voyez Mémoires de l’Académie des Inscriptions, tome XXV, p. 187.

[77] Ces évolutions sont admirablement expliquées par M. Guichard, nouveaux Mémoires, tome I, p. 141-234.

[78] Tacite (Annal., IV, 5) nous a donné un état des légions sous Tibère, et Dion (l. LV, p. 794) sous Alexandre-Sévère. J’ai tâché de m’arrêter à un juste milieu entre ce qu’ils nous apprennent de ces deux périodes. Voyez aussi Juste-Lipse, de Magnitudine romanâ, l. I, c. 4, 5.

[79] Les Romains essayèrent de cacher leur ignorance et leur terreur  sous le voile d’un respect religieux. Voyez Tacite, Mœurs des Germains, c. 34.

[80] Plutarque, Vie de Marc-Antoine ; et cependant, si nous en croyons Orose, ces énormes citadelles ne s’élevaient pas de plus de dix pieds au-dessus de l’eau, VI, 19.

[81] Voyez Juste-Lipse, de Magnitudine romanâ, l. I, c. 5. Les seize derniers chapitres de Végèce ont rapport à la marine.

[82] Voltaire, Siècle de Louis XIV, c. 19. Il ne faut cependant pas oublier que la France, se ressent encore de cet effort extraordinaire.

[83] Voyez Strabon, l. II. Il est assez naturel de supposer qu’Aragon vient de Tarraconensis : plusieurs auteurs modernes, qui ont écrit en latin, se servent de ces deux mots comme synonymes ; il est cependant certain que l’Aragon, petite rivière qui tombe des Pyrénées dans l’Èbre, donna d’abord son nom à une province, et ensuite à un royaume. Voy. d’Anville, Géographie du moyen âge, p. 181.

[84] Cent quinze cités paraissent dans la Notice de la Gaule : on sait que ce nom était donné, non seulement à la ville capitale, mais encore au territoire entier de chaque État. Plutarque et Appien font monter le nombre des tribus à trois ou quatre cents.

[85] D’Anville, Notice de l’ancienne Gaule.

[86] Histoire de Manchester, par Whitaker, vol. I, c. 3.

[87] Les Venètes d’Italie, quoique souvent confondus avec les Gaulois, étaient probablement Illyriens d’origine. Voyez M. Fréret, Mémoires de l’Académie des Inscriptions, t. XVIII.

[88] Voyez Mafei, Verona illustrata, l. I.

[89] Le premier de ces contrastes avait été observé par les anciens (voyez Florus, I, II). Le second doit frapper tout voyageur moderne.

[90] Pline (Hist. nat., t. III) suit la division d’Italie par l’empereur Auguste.

[91] Tournefort, Voyage en Grèce et en Asie Mineure, lettre XVIII. Voyez M. de Buffon, Hist. nat., t. I, p. 411.

[92] Le nom d’Illyrie appartenait originairement aux côtes de la mer Adriatique ; les Romains l’étendirent par degrés depuis les Alpes jusqu’au Pont-Euxin. Voyez Severini Pannonia, l. I, c. 3.

[93] Un voyageur vénitien, l’abbé Fortis, nous a donné récemment une description de ces contrées peu connues ; mais nous ne pouvons, attendre la géographie et les antiquités de l’Illyrie occidentale que de la munificence de l’empereur, souverain de cette contrée.

[94] La Save prend sa source prés des confins de l’Istrie : les Grecs des premiers âges regardaient cette rivière comme la principale branche du Danube.

[95] Voyez le Périple d’Arrien. Cet auteur avait examiné les côtes du Pont-Euxin lorsqu’il était gouverneur de la Cappadoce.

[96] Cette comparaison est exagérée, dans l’intention sans doute d’attaquer l’autorité de la Bible, qui vante la fertilité de la Palestine. Gibbon n’a pu se fonder que sur un passage de Strabon, l. XVI, p. 1104, ed. Almeloy, et sur l’état actuel du pays ; mais Strabon ne parle que des environs de Jérusalem, qu’il dit infructueux et arides à soixante stades autour de la ville : il rend ailleurs un témoignage avantageux à la fertilité de plusieurs parties de la Palestine ; ainsi il dit : «Auprès de Jéricho, il y à un bois de palmiers, et une contrée de cent stades, pleine de sources et fort peuplée. » D’ailleurs, Strabon n’avait jamais vu la Palestine ; il n’en parlait que d’après des rapports qui ont fort bien pu être inexacts comme ceux d’après lesquels il avait fait cette description de la Germanie, où Cluvier a relevé tant d’erreurs (Cluv., Germ. ant., l. III, c. I). Enfin, son témoignage est contredit et réfuté par celui des autres auteurs anciens à des médailles. Tacite dit, en parlant de la Palestine : « Les hommes y sont sains et robustes, les pluies rares, le sol fertile (Tac., Hist., l. V, c. 6). Ammien Marcellin dit aussi : « La dernière des Syries est la Palestine, pays d’une grande étendue, rempli de bonnes terres et bien cultivées, et où l’on trouve quelques belles villes, qui ne le cèdent point l’une à l’autre, mais qui sont dans une espèce d’égalité qui les rend rivales » (L. XIV, c. 8.). Voyez aussi l’historien Josèphe, l. VI, c. 1, p. 367. Procope de Césarée, qui vivait au sixième siècle, dit que Chosroès, roi de Perse, avait eu une extrême envie, de s’emparer de la Palestine, à cause de sa fertilité extraordinaire, de son opulence, et du grand nombre de ses habitants. Les Sarrasins pensaient de même, et craignaient qu’Omar, qui était allé à Jérusalem, charmé de la fertilité du pays et de la pureté de l’air, ne voulût jamais retourner à Médine (Ockley, Hist. des Sarrasins, p. 279). L’importance que mirent les Romains à la conquête de la Palestine, et les obstacles qu’ils eurent à vaincre, prouvent encore la richesse, et la population du pays. Vespasien et Titus firent frapper des médailles avec des trophées dans lesquels la Palestine est représentés par une femme sous un palmier, pour témoigner la bonté du pays, avec cette inscription : Judœa capta. D’autres médailles indiquent encore cette fertilité : par exemple, celle d’Hérode tenant une grappe de raisin, et celle du jeune Agrippa étalant des fruits. Quant à l’état actuel du pays, on sent qu’on n’en doit tirer aucun argument contre son ancienne fertilité ; les désastres à travers lesquels il a passé, le gouvernement auquel il appartient, la disposition des habitants, expliquent assez l’aspect sauvage et inculte de cette terre, où l’on trouve cependant encore des cantons fertiles et cultivés, comme l’attestent les voyageurs, entre autres Shaw, Maundrell, de La Rocque, etc. (Note de l’Éditeur).

[97] Le progrès de la religion est bien connu. L’usage des lettres s’introduisit parmi les sauvages de l’Europe environ quinze cents ans avant Jésus-Christ, et les Européens les portèrent en Amérique environ quinze siècles après là naissance du Sauveur ; mais l’alphabet phénicien fut considérablement altéré, dans une période de trois mille ans, en passant par les mains des Grecs et des Romains.

[98] Dion, l. LVIII, p. 1131.

[99] Selon, Ptolémée, Strabon et les géographes modernes, l’isthme de Suez est la borne de l’Asie et de l’Afrique. Denys, Mela, Pline, Salluste, Hirtius et Solin, en étendant les limites de l’Asie jusqu’à la branche occidentale du Nil, ou même jusqu’à la grande cataracte, renferment dans cette partie du monde, non seulement l’Égypte, mais encore presque toute la Libye.

[100] Cyrène fut fondée par les Lacédémoniens sortis de Théra, île de la mer Égée. Crinus, roi de cette île, avait un fils, nommé Aristée, et surnommé Battus (du grec Βαττος) parce qu’il était, selon les uns, muet, ou, selon les  autres bègue et embarrassé dans sa prononciation. Crinus consulta l’oracle de Delphes sur la maladie de son fils : l’oracle répondit qu’il ne recouvrerait l’usage libre de la parole que lorsqu’il irait fonder une ville en Afrique. La faiblesse de l’île de Théra, le petit nombre de ses habitants, se refusaient aux émigrations ; Battus ne partit point. Les Théréens, affligés de la peste, consultèrent de nouveau l’oracle, qui leur rappela sa réponse. Battus partit alors, aborda en Afrique, et effrayé, selon Pausanias, par la vue d’un lion, il reprit soudain, en poussant un cri, l’usage de la parole. Il s’empara du mont Cyra, et y fonda la ville de Cyrène. Cette colonie parvint bientôt à un haut degré de splendeur ; son histoire et les médailles qui nous en  restent, attestent sa puissance et ses richesses (Voyez Eckhel, de Doctrinâ nummrum veterum, t. IV, p. 117). Elle tomba dans la suite au pouvoir des Ptolémées, lorsque les Macédoniens s’emparèrent de l’Égypte. Le premier Ptolémée-Lagus, dit Soter, s’empara de la Cyrénaïque, qui appartint à ses successeurs, jusqu’à ce que Ptoléméé-Apion la donnât par testament aux Romains, qui la réunirent avec la Crète pour en former une province. Le port de Cyrène se nommait Apollonia ; il s’appelle aujourd’hui Marza-Susa ou Sosush, d’où d’Anville conjecture que c’est la ville qui portait ce nom de Sozusa dans le temps du bas empire. Il reste quelques débris de Cyrène, sous le nom de Curin. L’histoire de cette colonie, obscurcie dans son origine par les fables de l’antiquité, est racontée avec détail dans plusieurs auteurs anciens et modernes. Voyez, entre autres, Hérodote, l. IV, c. 150 ; Callimaque (qui, était lui-même Cyrénéen), Hymn. ad Apoll., et les notes de Spanheim ; Diodore de Sicile, IV, 83 ; Justin, XIII, 7 ; d’Anville, Géog. Anc., t. III, p. 43, etc. (Note de l’Éditeur).

[101] La longue étendue, la hauteur modérée et la pente douce du mont Atlas (voyez les Voyages de Shaw, p. 5), ne s’accordent pas avec l’idée d’une montagne isolée qui cache sa tête dans les nues, et qui paraît supporter le ciel. Le pic de Ténériffe, au contraire, s’élève à plus de deux mille deux cents toises au-dessus du niveau de la mer ; et comme il était fort connu des Phéniciens, il aurait pu attirer l’attention des poètes grecs. Voyez Buffon, Hist. nat., t. I, p. 312 ; Hist. des Voyages, tome II.

[102] M. de Voltaire (t. XIV, p. 297), sans y être autorisé par aucun fait ou par aucune probabilité, donne généreusement aux Romains les îles Canaries.

[103] Bergier, Hist. des grands chemins, l. III, c. 1, 2, 3, 4 ; ouvrage rempli de recherches très utiles.

[104] Voyez la Description du globe, par Templeman ; mais je ne me fie ni à l’érudition ni aux cartes de cet écrivain.

[105] Ils furent érigés entre Lahore et Delhi, environ à égale distance de ces deux villes. Les conquêtes d’Alexandre dans l’Indoustan se bornèrent au Pendjab, contrée arrosée par les cinq grandes Branches de l’Indus.

L’Hyphase est un des cinq fleuves qui se jettent dans l’Indus ou le Sindé, après avoir traversé la province du Pendjab, nom qui, en persan, signifie cinq rivières. De ces cinq fleuves, quatre sont connus dans l’Histoire de l’expédition d’Alexandre : ce sont l’Hydaspes, l’Acésines, l’Hydraotes, l’Hyphasis. Les géographes ne sont pas d’accord sur la correspondance qu’il faut établir entre ces noms et les noms modernes. Selon d’Anville, l’Hydaspes est aujourd’hui le Shantrow ; l’Acésines est la rivière qui passe à Lahore, ou le Rauvee, l’Hydraotes s’appelle Bïah, et l’Hyphasis Caùl. Rennell, dans les cartes de sa Géographie de l’Indoustan, donne à l’Hydaspes le nom de Béhat ou Chelum, à l’Acésines celui de Chunaub, à l’Hydraotes celui de Rauvee, à l’Hyphasis celui de Beyah. Voy. d’Anville, Géogr. anc., t. II, p. 340, et la Description de l’Indoustan, par James Rennell, t. II, p. 230, avec la carte. Un Anglais, M. Vincent, a traité depuis toutes ces questions avec étendue ; et les ressources qui ont aidé ses recherches, le soin qu’il y a apporté, ne laissent, dit-on, rien à désirer. Je ne puis parler de ses travaux, ne les connaissant que par la réputation dont l’auteur s’est acquise (Note de l’Éditeur).

[106] Voyez M. de Guignes, Hist. des Huns, l. XV, XVI et XVII.

[107] Hérodote est celui de tous les anciens qui a le mieux peint le véritable génie du polythéisme. Le plus excellent commentaire de ce qu’il nous a laissé sur ce sujet se trouve dans l’Histoire naturelle de la Religion, de M. Hume ; et M. Bossuet, dans son Histoire universelle, nous présente le contraste le plus frappant. On aperçoit dans la conduite des Égyptiens quelques faibles restes d’intolérance (voyez Juvénal, Satires, XV). Les juifs et les chrétiens qui vécurent sous les empereurs forment aussi une exception bien importante, et si importante même, que nous nous proposons d’en examiner les causes dans un chapitre particulier de cet ouvrage.

[108] Les droits, la puissance et les prétentions du souverain de l’Olympe sont très nettement décrits dans te treizième livre de l’Iliade ; j’entends dans l’original grec : car Pôpe, sans y penser, a fort amélioré la théologie d’Homère.

[109] Voyez pour exemple César (de Bello gallico, VI, 17). Dans le cours d’un ou de deux siècles, les Gaulois eux-mêmes donnèrent à leurs divinités les noms de Mercure, Mars, Apollon, etc.

[110] L’admirable ouvrage de Cicéron, sur la nature des dieux, est le meilleur guide que nous puissions suivre au milieu de ces ténèbres et dans l’abîme si profond. Cet écrivain représente sans déguisement et réfute avec habileté les opinions des philosophes.

[111] Je ne prétends pas assurer que, dans ce siècle irréligieux, la superstition eût perdu son empire, et que les songes, les présages, les apparitions, etc., n’inspirassent plus de terreur.

[112] Socrate, Épicure, Cicéron et Plutarque, ont toujours montré le plus grand respect pour la religion de leur pays. Épicure montra même une dévotion exemplaire et une grande assiduité dans les temples. Diogène-Laërce, X, 10.

[113] Polybe, l. VI, c. 53, 54. Juvénal se plaint (Satires, XIII) de ce que, de son temps, cette appréhension était devenue presque sans effet.

[114] Voyez le sort de Syracuse, de Tarente, d’Ambracie, de Corinthe, etc., la conduite de Verrès, dans Cicéron (at. II, or. 4), et la pratique ordinaire des gouverneurs dans la VIIIe satire de Juvénal.

[115] Suétone, Vie de Claude ; Pline, Hist. nat., XXX, I.

[116] Pelloutier, Hist. des Celtes, tome  VI, p. 230-252.

[117] Sen., Consol ad Helviam, p. 74, édit. de Juste-Lipse.

[118] Denys d’Halicarnasse, Antiquités romaines, l. II.

[119] Dans l’année de Rome 701, le temple d’Isis et de Sérapis fut démoli en vertu d’un ordre du sénat (Dion , l. XL, p. 252), et par les mains mêmes du consul (Valère-Maxime, I, 3). Après la mort de César, il fut rebâti aux dépens du public (Dion, XLVII, p. 501). Auguste, dans son séjour en Égypte, respecta la majesté de Sérapis (l. LI, p. 647) ; mais il défendit le culte des dieux égyptiens dans le pœmerium de Rome, et à un mille aux environs (Dion, LIII, p. 679, LIV, p. 735). Ces divinités furent assez en vogues dans son règne (Ovide, dé Arteamandi, l. I) et sous celui de son successeur, jusqu’à ce que la justice de Tibère eût obligé ce prince à quelques actes de sévérité. Voyez Tacite, Annal., II, 85 ; Josèphe, Antiquités, l. XVIII, c. 3.

Gibbon fait ici un seul événement, de deux événements éloignés l’un de l’autre de cent soixante-six ans. Ce fut l’an de Rome 535 que le sénat ayant ordonné la destruction des temples d’Isis et de Sérapis, aucun ouvrier ne voulut y mettre la main, et que le consul L. Æmilius-Paulus prit lui-même une hache pour porter le premier coup (Valère-Maxime, I, 3). Gibbon attribue cette circonstance à la secondé démolition, qui eut lieu en 701, et qu’il regarde comme la première (Note de l’Éditeur).

[120] Tertullien, Apolog., c. 6, p. 74, édit. Havere. Il me semble que l’on peut attribuer cet établissement à la dévotion de la famille Flavienne.

[121] Voyez Tite-Live, IX et XXXIX.

[122] Macrobe, Saturnales, cet auteur nous donne une formule d’évocation.

[123] Minutius-Félix, in Octavio, page 54 ; Arnobe, l. VI, page 115.

[124] Tacite, Annal., XI, 24. L’Orbis romanus du savant Spanheim est une histoire complète de l’admission progressive du Latium, de l’Italie et des provinces, à la liberté de Rome.

[125] Hérodote, V, 97. Ce nombre paraît considérable ; on serait tenté de croire que l’auteur s’en est rapporté à des bruits, populaires.

[126] Athénée, Deipnosophist., l. VI, p. 272, édit. de Casaubon ; Meursius, de Fortunâ atticâ,  c. 4.

[127] Voyez dans M. de Beaufort, Rep. rom., l. IV, c. 4, un recueil fait avec soin des résultats de chaque cens.

[128] Appien, de Bell. civil., I ; Velleius Paterculus, II, c. 15, 16, 17.

[129] Mécène lui avait conseillé, dit-on, de donner, par un édit, à tous ses sujets le titre de citoyens ; mais nous soupçonnons, à juste titre, Dion d’être l’auteur d’un conseil si bien adapté à l’esprit de son siècle, et si peu à celui du temps d’Auguste.

[130] Les sénateurs étaient obligés d’avoir le tiers de leurs biens en Italie (voyez Pline, IV, ep. 19) ; Marc-Aurèle leur permit de n’en avoir que le quart. Depuis le règne de Trajan, l’Italie commença à n’être plus distinguée des autres provinces.

[131] La première partie de la Verona illustrata du marquis de Maffei, donne la description la plus claire et la plus étendue de l’état de l’Italie sous les Césars.

[132] Voyez Pausanias, l. VII. Lorsque ces assemblées ne furent plus dangereuses, les Romains consentirent à en rétablir les noms.

[133] César en fait souvent mention. L’abbé Dubos n’a pu réussir à prouver que les Gaulois aient continué, sous les empereurs, à tenir des assemblées. Histoire de l’Établissement de la Monarchie française, l. I, c. 4.

[134] Sénèque, in Consol. ad Helviam, c. 6.

[135] Memnon, apud Photium, c. 33 ; Valère Maxime, IX, 2. Plutarque et Dion-Cassius font monter le massacre à cent cinquante mille citoyens ; mais je pensé que le moindre de ces deux nombres est plus que suffisant.

[136] Vingt-cinq colonies furent établies en Espagne (voyez Pline, Hist. nat., III, 3, 4 ; IV, 35), et neuf en Bretagne, parmi lesquelles Londres, Colchester, Lincoln, Chester, Gloucester et Bath, sont encore des villes considérables. Voyez Richard de Cirencester, p. 36 ; et l’Histoire de Manchester par Whitaker, l. I, c. 3.

[137] Aulu-Gelle, Noctes atticæ, XVI, 13. L’empereur Adrien était étonné que les villes d’Utique, de Cadix et d’Italica, qui jouissaient déjà des privilèges attachés aux villes municipales, sollicitassent le titre de colonie : leur exemple fut cependant bientôt suivi, et l’empire se trouva rempli de colonies honoraires. Voyez Spanheim, de Usu numismat., dissert. XIII.

[138] Spanheim, Orb. rom., c. 8, p. 62.

[139] Aristide, in Romœ Encomio, tome I, page 218, édit. Jebb.

[140] Alésia, était près de Semur en Auxois, en Bourgogne. Il est resté une trace de ce nom dans celui de l’Auxois, nom de la contrée. La victoire de César à Alésia peut servir d’époque, dit d’Anville, à l’asservissement de la Gaule un pouvoir de Rome (Note de l’Éditeur).

[141] Tacite, Annal., XI, 23, 24 ; Hist., IV, 74.

[142] Pline, Hist. nat., III, 5 ; saint Augustin, de Civit. Dei, XIX, 7 ; Juste Lipse , de Pronunciatione linguœ latinœ, c. 3.

[143] Apulée et saint Augustin répondront pour l’Afrique ; Strabon, pour l’Espagne et la Gaule ; Tacite, dans la Vie d’Agricola, pour la Bretagne ; et Velleius Paterculus, pour la Pannonie. A tous ces témoignages nous pouvons ajouter celui que nous fournit le langage employé dans les inscriptions.

[144] Le celtique fut conservé dans les montagnes du pays de Galles, de- Cornouailles et de l’Armorique. Apulée reproche à un jeune Africain qui vivait avec la populace, de se servir de la langue punique tandis qu’il avait presque oublié le grec, et qu’il ne pouvait ou ne voulait pas parler latin (Apolog., p. 596). Saint Augustin ne s’exprima que très rarement en punique dans ses Congrégations.

[145] L’Espagne seule produisit Columelle, les deux Sénèque, Lucain, Martial et Quintilien.

[146] Depuis Denys jusqu’à Libanius, aucun critique grec, je crois, ne fait mention de Virgile ni d’Horace : ils paraissaient tous ignorer que les Romains eussent de bons écrivains.

[147] Le lecteur curieux peut voir, dans la Bibliothèque ecclésiastique de Dupin (tome XIX, p. I, c. 8), à quel point s’était conservé l’usage des langues syriaque et égyptienne.

[148] Voyez Juvénal, sat. III et XV ; Ammien Marcellin, XXII, 16.

[149] Dion-Cassius, LXXVII, p. 1275. Ce fut sous le règne de Septime-Sévère qu’un Égyptien fut admis pour la première fois dans le sénat.

[150] Valère-Maxime, II, c. 2, n. 2. L’empereur Claude dégrada un habile Grec, parce qu’il n’entendait pas le latin ; il était probablement revêtu de quelque charge publique. Vie de Claude, c. 16.

[151] C’est là ce qui rendait les guerres si meurtrières et les combats si acharnés : l’immortel Robertson, dans un excellent discours sur l’état de l’univers lors de l’établissement du christianisme, a tracé un tableau des funestes effets de l’esclavage, où l’on retrouve la profondeur de ses vues et la solidité de son esprit ; j’en opposerai successivement quelques passages aux réflexions de Gibbon : on ne verra pas sans intérêt des vérités que Gibbon paraît avoir méconnues ou volontairement négligées, développées par un des meilleurs historiens modernes ; il importe de les rappeler ici pour rétablir les faits et leurs conséquences avec exactitude ; j’aurai plus d’une fois l’occasion d’employer à cet effet le discours de Robertson.

Les prisonniers de guerre, dit-il, furent probablement soumis les premiers à une servitude constante : à mesure que les besoins ou le luxe rendirent un plus grand nombre d’esclaves nécessaire, on le compléta par de nouvelles guerres, en condamnant toujours les vaincus à cette malheureuse situation. De là naquit l’esprit de férocité et de désespoir qui présidait aux combats des anciens peuples. Les fers et l’esclavage étaient le sort des vaincus : aussi livrait-on les batailles et défendait-on les villes avec une rage, une opiniâtreté que l’horreur d’une telle destinée pouvait seule inspirer, Lorsque les maux de l’esclavage disparurent, le christianisme étendit sa bienfaisante influence sir la marnière de faire la guerre ; et cet art barbare, adouci par l’esprit de philanthropie que dictait la religion, perdit de sa force dévastatrice. Tranquille, dans tous les cas, sur sa liberté personnelle, le vaincu résista avec moins de violence, le triomphe du vainqueur fut moins cruel : ainsi l’humanité fut introduite dans les camps, où elle paraissait étrangère ; et si de nos jours les victoires sont souillées de moins de cruautés et de moins de sang, c’est aux principes bienveillants de la religion chrétienne plutôt qu’à toute autre cause que nous devons l’attribuer. » (Note de l’Éditeur).

[152] Dans le camp de Lucullus, on vendit un bœuf une drachme, et un esclave quatre drachmes (environ 3 schellings). Plutarque, Vie de Lucullus.

[153] Diodore de Sicile, in Eglog. hist., XXXIV et XXXVI ; Florus, III, 19 , 20.

[154] Voyez un exemple remarquable de sévérité dans Cicéron, in Verrem, v. 3.

Voici cet exemple : on verra si le mot de sévérité est ici sa place.

Dans le temps que L. Domitius était préteur en Sicile, un esclave tua un sanglier d’une grosseur extraordinaire. Le préteur, frappé de l’adresse et de l’intrépidité de cet homme, désira de le voir. Ce pauvre malheureux, extrêmement satisfait de cette distinction, vint en effet se présenter au préteur, espérant sans doute une récompense et des applaudissements ; mais Domitius, en apprenant qu’il ne lui avait fallu qu’un épieu pour vaincre et tuer le sanglier, ordonna qu’il fût crucifié sur le champ, sous le barbare prétexte que la loi interdisait aux esclaves l’usage de cette arme, ainsi que de toutes les autres.  Peut-être la cruauté de Domitius est-elle encore moins  étonnante que l’indifférence avec laquelle l’orateur romain raconte ce trait, qui l’affecte si peu, que voici ce qu’il en dit : Durum hoc fortasse videatur, neque ego in ullam partem disputo. « Cela paraîtra peut-être dur ; quant à moi, je ne prends aucun parti. » Cicéron, in Verr., act. a, 5, 3. — Et c’est le même orateur qui dit dans la même harangue : Facinus est vincire civem romanum ; scelus verberare ; .propè parricidium necare : quid dicam in crucem tollere ? « C’est un délit de jeter dans les fers un citoyen romain, c’est un crime de le frapper, presque un parricide de le tuer : que dirai-je de l’action de le mettre en croix ? »

En général, ce morceau de Gibbon, sur l’esclavage est plein non seulement d’une indifférence blâmable, mais encore d’une exagération d’impartialité, qui ressemble à de la mauvaise foi.  Il s’applique à atténuer ce qu’il y avait d’affreux dans la condition des esclaves et dans les traitements qu’ils- essuyaient ; il fait considérer ces traitements cruels comme pouvant être justifiés par la nécessité. Il relève ensuite, avec une exactitude minutieuse, les plus légers  adoucissements d’une condition si déplorable ; il attribue à la vertu ou à la politique des souverains l’amélioration progressive du sort des esclaves, et il passe entièrement sous silence la cause la plus efficace, celle qui, après avoir rendu les esclaves moins malheureux, a contribué à les affranchir ensuite tout à fait de leurs souffrances et de leurs chaînes, le christianisme. Il serait aisé d’accumuler ici les détails les plus effrayants, les plus déchirants sur la manière dont les anciens Romains traitaient leurs esclaves ; des ouvrages entiers ont été consacrés à la peindre ; je me borne à l’indiquer quelques réflexions de Robertson, tirées du discours que j’ai déjà cité, feront sentir que Gibbon, en faisant remonter l’adoucissement de la destinée des esclaves à une époque peu postérieure à celle qui vit le christianisme, s’établir dans le monde, n’eût pu se dispenser de reconnaître L’influence de cette cause bienfaisante, s’il n’avait pris d’avance le parti de n’en point parler.

« A peine, dit Robertson, une souveraineté illimitée se fut introduite dans l’empire romain, que la tyrannie domestique fut portée à son comble : sur ce sol fangeux crûrent et prospérèrent tous les vices que nourrit chez les grands l’habitude du pouvoir, et que fait naître chez les faibles celle de l’oppression… Ce n’est pas le respect inspiré par un précepte particulier de l’Évangile, c’est l’esprit général de la religion chrétienne, qui, plus puissant que toutes les lois écrites, a banni l’esclavage de la terre. Les sentiments que dictait le christianisme étaient bienveillants et doux ; ses préceptes donnaient à la nature humaine une telle dignité, un tel éclat, qu’ils l’arrachèrent à l’esclavage déshonorant où elle était plongée. »

C’est donc vainement que Gibbon prétend attribuer uniquement au désir d’entretenir toujours le nombre des esclaves la conduite plus douce que les Romains commencèrent à adopter à leur égard du temps des empereurs. Cette cause avait agi jusque-là en sens contraire : par quelle raison aurait-elle eu tout à coup une influence opposée ? « Les maîtres, dit-il, favorisèrent les mariages entre leurs esclaves ; … et les sentiments de la nature, les habitudes de l’éducation, contribuèrent à adoucir les peines de la servitude. Les enfants des esclaves étaient la propriété du maître, qui pouvait en disposer et les aliéner comme ses autres biens : est-ce dans une pareille situation, sous une telle dépendance, que les sentiments de la nature peuvent se développer, que les habitudes de l’éducation deviennent douces et fortes ? Il ne faut pas attribuer des causes plu efficaces ou mêmes sans énergie, des effets qui ont besoin, pour s’expliquer, d’être rapportés à des causes plus puissantes ; et lors même que les petites causes auraient eu une influence évidente, il ne faut pas oublier qu’elles étaient elles-mêmes l’effet d’une cause première, plus haute et plus étendue, qui, en donnant aux esprits et aux caractères une direction plus désintéressée, plus humaine, disposait les hommes à seconder, à amener eux-mêmes, par leur conduite, par le changement de leurs mœurs, les heureux résultats qu’elle devait produire » (Note de l’Éditeur).

[155] Les Romains permettaient à leurs esclaves une espèce de mariage (contubernium) aussi bien dans  les premiers siècles de la république que plus tard ; et malgré cela, le luxe rendit bientôt nécessaire un plus grand nombre d’esclaves (Strabon, XIV) : l’accroissement de leur population n’y put suffire, et l’on eut recours aux achats d’esclaves, qui se faisaient même dans les provinces d’Orient soumises aux Romains. On sait d’ailleurs que l’esclavage est  un état peu favorable à la population. Voyez les Essais de Hume, et l’Essai sur le principe de population, de Malthus, t. I, p. 334 (Note de l’Éditeur).

[156] Gruter et les autres compilateurs rapportent un grand nombre d’inscriptions adressées par les esclaves, leurs femmes, leurs enfants, leurs compagnons, leurs maîtres, etc., et qui selon toute apparence, sont du siècle des empereurs.

[157] Voyez l’Histoire Auguste, et une dissertation de M. de Burigny sur les esclaves romains, dans le XXXVe volume de l’Académie des Belles-Lettres.

[158] Voyez une autre dissertation de M. de Burigny sur les affranchis romains, dans le XXXVIIe vol. de la même Académie.

[159] Spanheim, Orb. rom., l. I, c. 16, p. 124, etc.

[160] Sénèque, de la Clémence, I, c. 24. L’original est beaucoup plus fort : Quantum périculum immineret, si servi nostri numerare nos cœpissent.

[161] Voy. Pline, Hist. nat., XXXIII ; et Athénée, Deipnos, VI, p. 272 ; celui-ci avance hardiment qu’il a connu plusieurs (Παμπολλοι) Romains qui possédaient, non pour l’usage, mais pour l’ostentation, dix et même vingt mille esclaves.

[162] Dans Paris, on ne compte pas plus de quarante-trois mille sept cents domestiques de toute espèce ; ce qui ne fait pas un douzième des habitants de cette ville (Messange, Recherches sur la population, p. 186).

[163] Un esclave instruit se vendait plusieurs centaines de livres sterling. Atticus en avait toujours qu’il élevait et auxquels il donnait lui-même des leçons (Cornel. Nep., Vie d’Atticus, c. 3).

[164] La plupart des médecins romains étaient esclaves. Voyez la dissertation et la défense du docteur Middleton.

[165] Pignorius, de Servis, fait une énumération très longue de leurs rangs et de leurs emplois.

[166] Tacite, Annal., XIV, 43. Ils furent exécutés pour n’avoir pas empêcher le meurtre de leur maître.

[167] Apulée, in Apolog., p. 548, édit. Delph.

[168] Pline, Hist. nat., XXXIII, 47.

[169] Selon Robertson, il y avait deux fois autant d’esclaves que de citoyens libres (Note de l’Éditeur).

[170] Si l’on compte vingt millions d’âmes en France, vingt-deux en Allemagne, quatre en Hongrie, dix en Italie et dans les îles voisines, huit dans la Grande-Bretagne et en Irlande, huit en Espagne et au Portugal, dix ou douze dans la Russie européenne, six en Pologne, six en Grèce et en Turquie, quatre en Suède, trois au Danemark et en Norvège, et quatre dans les Pays-Bas, le total se montera à cent cinq ou cent sept millions. Voyez l’Histoire générale de M. de Voltaire.

[171] Josèphe, de Bello judaico, II, c. 16. Le discours d’Agrippa, ou plutôt celui de l’historien, est une belle description de l’empire de Rome.

[172] Suétone, Vie d’Auguste, c. 28. Auguste bâtit à Rome le temple et la place de Mars Vengeur ; le temple de Jupiter Tonnant dans le Capitole ; celui d’Apollon Palatin, avec des bibliothèques publiques ; le portique et la basilique de Caius et Lucius ; les portiques de Livie et d’Octavie, et le théâtre de Marcellus. L’exemple du souverain fut imité par ses ministres et par ses généraux ; et son ami Agrippa a fait élever le Panthéon, un des plus beaux monuments qui vous soient restés de l’antiquité.

[173] Voyez Maffei, Verno illustrata, IV, p. 68.

[174] Voyez le Xe livre des Lettres de Pline. Parmi les ouvrages entrepris aux frais des citoyens, l’auteur parle de ceux qui suivent : à Nicomédie, une nouvelle place, un aqueduc et un canal, qu’un des anciens rois avait laissé imparfait ; à Nicée, un gymnase et un théâtre qui avait déjà coûté près de deux millions ; des bains à Pruse et à Claudiopolis ; et un aqueduc de seize milles de long, à l’usage de Sinope.

[175] Adrien fit ensuite un règlement très équitable, qui partageait tout trésor trouvé, entre le droit de la propriété et celui de la découverte. Hist. Aug., p. 9.

[176] Philostrate, in Vitâ sophist., II, p. 548.

[177] Aulu-Gelle, Nuits attiques, I, 2 ; IX, 2 ; XVIII, 10 ; XIX, 12. Philostrate, p. 564.

[178] L’Odéon servait à la répétition des comédies nouvelles, aussi bien qu’à celle des tragédies ; elles y étaient lues d’avance ou répétées, mais sans musique, sans décoration, etc. Aucune pièce ne pouvait, être représentée sur le théâtre si elle n’avait été préalablement approuvée sur l’Odéon par des juges ad hoc. Le roi de Cappadoce qui rétablit l’Odéon livré aux flammes par Sylla, était Ariobarzanes. Voyez Martini, Dissertation sur les Odéons des anciens, Leipzig, 1767, p. 10-91 (Note de l’Éditeur).

[179] Voyez Philostrate, II, p. 548, 566 ; Pausanias, I et VII, 10 ; la Vie d’Hérode, dans le XXXe vol. des Mém. de l’Académie.

[180] Cette remarque est principalement applicable à la publique d’Athènes par Dicæârgue, de Statu Grœciœ, p. 8, inter Geographos minores ; édit. Hudson.

[181] Donat, de Româ vetere, III, c. 4, 5, 6 ; Nardini, Roma antica, II, 3, 12,  13 , et un manuscrit qui contient une description de l’ancienne Rome, par Bernard Oricellarius ou Rucellai, dont j’ai obtenu une copie de la bibliothèque du chanoine Ricardi, à Florence. Pline parle de deux célèbres tableaux de Timanthe et de Protogène, placés, à ce qu’il parait, dans le temple de la Paix (*). Le Laocoon fut trouvé dans les bains de Titus.

(*) L’empereur Vespasien, qui avait fait construire le temple de la Paix, y avait fait transporter la plus grande partie des tableaux, statues, et autres ouvrages de l’art qui avaient échappé aux troubles civils : c’était là que se rassemblaient chaque jour les artistes et les savants de Rome, et c’est aussi dans l’emplacement de ce temple qu’ont été déterrés une foule d’antiques. Voyez les Notes de Reimar sur Dion-Cassius , LXVI, 15, p. 1083 (Note de l’Éditeur).

[182] Montfaucon, Antiq. expliquée, tome IV, p. 2, l. I, c. 9. Fabretti a composé un traité fort savant sur les aqueducs de Rome.

[183] Ælien, Hist. var., IX, c. 16 : cet auteur vivait sous Alexandre Sévère.  Voyez Fabric., Biblioth. græca, IV, c. 21.

Comme Ælien dit que l’Italie avait autrefois ce nombre de villes, on peut en conjecturer que de son temps elle n’en avait plus autant : rien n’oblige d’ailleurs à appliquer ce nombre au temps de Romulus ; il est même probable qu’Ælien voulait parler des siècles postérieurs. La décadence de la population à la fin de la république, sous les empereurs, semble reconnue même par les écrivains romains. Voyez Tite-Live, VI, c. 12 (Note de l’Éditeur).

[184] Josèphe, de Bello judaico, II, 16 : ce nombre s’y trouve rapporté ; peut-être ne doit-il pas être prit à la rigueur.

Cela ne parait pas douteux ; on ne peut se fier au passage de Josèphe : l’historien Josèphe fait donner par le roi Agrippa des avis aux Juifs sur la puissance des Romains ;et ce discours est plein de déclamations dont on ne doit rien conclure pour l’histoire. En énumérant les peuples soumis aux Romains ; il dit des .Gaulois, qu’ils obéissent à douze cents soldats romains, (ce qui est faux ; car il y avait en Gaule huit légions, Tacite, Ann., IV, c. 5), tandis qu’ils ont presque plus de douze cents villes (Note de l’Éditeur).

[185] Cela ne peut se dire que de la province romaine ; car le reste de la Gaule méridionale était loin de cet état florissant. Un passage de Vitruve montre combien l’architecture était encore dans l’enfance, en Aquitaine, sous le règne d’Auguste (Vitruve, II, c. 1). En parlant de la misérable architecture des peuples étrangers, il site les Gaulois aquitains, qui bâtissent encore leurs maisons de bois et de paille (Note de l’Éditeur).

[186] Pline, Hist. nat., III, 5.

[187] Pline, Hist. nat., III, 3, 4 ; IV, 35. La liste paraît authentique et exacte. La division des provinces et la condition différente des villes sont marquées avec les plus grands détails.

[188] Strabon, Géogr., XVII, p. 1189.

[189] Josèphe, de Bello judaico, II, 16 ; Philostrate, Vies des Sophistes, II, p. 548, édit. Olear.          

[190] Tacite, Annales, XV, 55. J’ai pris quelque peine à consulter et à comparer les voyageurs modernes, pour connaître le sort de ces onze villes asiatiques. Sept ou huit sont entièrement détruites, Hypæpe, Tralles, Laodicée, Ilion, Halicarnasse, Mlilet, Éphèse, et nous pouvons ajouter Sardes. Des trois qui subsistent encore, Pergame est un village isolé contenant deux ou trois mille habitants. Magnésie, sous le nom de Guzel-Hissar, est une ville assez considérable, et Smyrne est une grande ville peuplée de cent mille âmes ; mais à Smyrne, tandis que les Francs soutenaient le commerce, les Turcs ont ruiné les arts.

[191] Le Voyage de Chandler dans l’Asie-Mineure, p. 225, etc., contient une description agréable et fort exacte des ruines de Laodicée.

[192] Strabon, XII, p. 866 ; il avait étudié à Tralles.

[193] Voyez une dissertation de M. de Boze, Mémoires de l’Académie, tome XVIII. Il existe encore un discours d’Aristide, qu’il prononça pour recommander la concorde à ces villes rivales.

[194] Le nombre des Égyptiens, sans compter les habitants d’Alexandrie, se montait à sept millions et demi (Josèphe, de Bello jud., II, 16). Sous le gouvernement militaire des mameluks, la Syrie était censée renfermer soixante mille village. Histoire de Timur-Bec, V, c. 20.

[195] L’itinéraire suivant peut nous donner une idée de la direction, de la route et de la distance entre les principales villes : 1° depuis le mur d’Antonin jusqu’à York, deux cent vingt-deux milles romains ; 2° Londres, deux cent vingt-sept ; 3° Rhutupiæ ou Sandwich soixante-sept ; 4° trajet jusqu’à Boulogne, quarante-cinq ; 5° Reims, cent soixante-quatorze ; 6° Lyon, trois cent trente ; 7° Milan trois cent vingt-quatre ; 8° Rome, quatre cent vingt-six ; 9° Brindes, trois cent soixante ; 10° trajet jusqu’à Dyrrachium, quarante ; 11° Byzance, sept cent onze ; 12° Ancyre, deux cent quatre-vingt-trois ; 13° Tarse, trois cent un ; 14° Antioche, cent quarante et un ; 15° Tyr, deux cent cinquante-deux ; 16° Jérusalem, cent soixante-huit ; en tout quatre mille quatre-vingts milles romains, qui sont un peu plus que trois mille sept cent quarante milles anglais. Voyez les Itinéraires publiés par Wesseling, avec ses notes. Voyez aussi Gale et Stukeley, pour la Bretagne, et M. d’Anville pour la Gaule et l’Italie.

[196] Montfaucon (Antiquité expliquée, tome IV, part. 2, liv. I, c.5) a décrit les ponts de Narni, d’Alcantara, de Nîmes, etc.

[197] Bergier, Histoire des grands chemins de l’empire, II, c. I, 28.

[198] Procope, in Hist. arcanâ, c. 30 ; Bergier, Hist. des grands chemins, l. IV ; Code Théodosien, l. VIII, tit. V, vol. II, .p. 506-563, avec le savant commentaire de Godefroi.

[199] Du temps de Théodose, Cæsarius, magistrat d’un rang élevé, se rendit en poste d’Antioche à Constantinople : il se mit en route le soir, passa le lendemain au soir en Cappadoce, à cinquante-cinq lieues d’Antioche, et arriva le sixième jour, à Constantinople, vers le milieu de la journée. Le chemin était de sept cent vingt-cinq milles romains, environ six cent soixante-cinq milles anglais. Voyez Libannius, orat., XXI ; et les Itinéraires, p. 572-581.

[200] Pline, quoique ministre et favori de l’empereur, s’excuse de ce qu’il avait fait donner des chevaux de poste à sa femme pour une affaire très pressée, l. X, lett. 121, I22.

[201] Bergier, Hist. des grands chemins, l. IV, c. 49.

[202] Pline, Hist. nat., XIX, I.

[203] Selon toutes les apparences, les Grecs et les Phéniciens portèrent de nouveaux arts et des productions nouvelles dans le voisinage de Cadix et de Marseille.

[204] Voyez Homère, Odyssée, IX, v. 358.

[205] Pline, Hist. nat., XIV.

[206] Strabon, Géogr., IV, p. 223. Le froid excessif d’un hiver gaulois était presque proverbial parmi les anciens.

Strabon dit seulement que le raisin ne mûrit pas facilement. On avait déjà fait des essais au temps d’Auguste, pour naturaliser la vigne dans le nord de la Gaule ; mais il y faisait trop froid. Diodore de Sicile, éd. Rhodomann, p. 304 (Note de l’Éditeur).

[207] Cela est prouvé par un passage de Pline l’Ancien, où il parle d’une certaine espèce de raisin (vitis picita, vinum picatum) qui croît naturellement dans le district de Vienne, et qui, dit-il, a été transportée depuis peu dans le pays des Arvernes (l’Auvergne), des Helviens (le Vivarais), et des Séquaniens (la Bourgogne et la Franche-Comté). Pline écrivait cela l’an de J.-C. 77. Histoire nat., XIV, c. 3 (Note de l’Éditeur).

[208] Dans le commencement du quatrième siècle, l’orateur Eumène (Panegyr. veter., VIII, édit., Delph.) parle des vignes à Autun, qui avaient perdu de leur qualité par la vétusté ; et l’on ignorait alors entièrement le temps de leur première plantation dans le territoire de cette ville. D’Anville place le pagus Arebrignus dans le district de Beaune, célèbre, même à présent, pour la bonté de ses vins.

[209] Pline, Hist. nat., XV.

[210] Ibid., XIX.

[211] Voyez les agréables Essais sur l’agriculture, de M. Harte, qui a rassemblé dans cet ouvrage tout ce que les anciens et les modernes ont dit de la luzerne.

[212] Tacite, Mœurs des Germains, c. 45 ; Pline, Hist. nat., XXXVIII, II. Celui-ci observe assez plaisamment que même la mode n’avait pu trouver à l’ambre un usage quelconque. Néron envoya un chevalier romain sur les côtes de la mer Baltique, pour acheter une grande quantité de cette denrée précieuse.

[213] Appelée Taprobane par les Romains, et Serendib par les Arabes. Cette île fut découverte sous le règne de Claude, et devint insensiblement le principal lieu de commerce de l’Orient.

[214] Pline, Hist. nat., VI ; Strabon, XVII.

[215] Histoire Auguste, p. 224. Une robe de soie était regardée comme un ornement pour une femme, et comme indigne d’un homme.

[216] Les deux grandes pêches de perles étaient les mêmes qu’à présent ; Ormuz et le cap Comorin. Autant que nous pouvons comparer la géographie ancienne avec la moderne, Rome tirait ses diamants de la mine de Jumelpur, dans le Bengale, dont on trouve une description au tome II des Voyages de Tavernier, p. 281

[217] Les Indiens n’étaient pas si peu curieux des denrées européennes : Arrien fait une longue énumérations de celles qu’on leur donnait en échange contre les leurs ; comme des vins d’Italie, du  plomb, de l’étain, du corail, des vêtements, etc. Voyez le Peripl. maris Erythrœi, dans les Géogr. minor. de Hudson , t. I, p. 27, sqq. (Note de l’Éditeur).

[218] Tacite, Annales, III, 52, dans un discours de Tibère.

[219] Pline, Hist. nat., XII, 18. Dans un autre endroit il calcule la moitié de cette somme ; quingenties H. S. pour l’Inde, sans comprendre l’Arabie.

[220] La proportion, qui était de un à dix et à douze et demi, s’éleva jusqu’à quatorze et deux cinquièmes, par une loi de Constantin. Voyez les Tables d’Arbuthnot, sur les anciennes monnaies, c. 5.

[221] Parmi plusieurs autres passages, voyez Pline, Hist. nat., III, 5 ; Aristides, de Urbe Româ, et Tertull., de Animâ, c. 30.

[222] Hérode Atticus donna au sophiste Polémon plus de huit mille livres sterling pour trois déclamations. Voy. Philostrate, l. I, p. 558. Les Antonins fondèrent à Athènes une école dans laquelle on entretenait des professeurs pour apprendre aux jeunes  gens la grammaire, la rhétorique,  la politique et les principes des quatre grandes sectes de philosophie. Les appointements que l’on donnait à un philosophe étaient de dix mille drachmes (entre trois et quatre cents livres sterling) par an. On forma de semblables établissements dans les autres grandes villes de l’empire. Voy. Lucien, dans l’Eunuque, tome II, p. 353 , édit. Reitz ; Philostrate, l. II, p. 566 ; Hist. Auguste, p. 21 ; Dion-Cassius, l. LXXI, p. 1195. Juvénal lui-même dans une de ses plus mordantes satires, où l’envie et l’humeur d’une espérance trompée se trahissent à chaque ligne, est cependant obligé de dire                :

O juvenes, circumspicit et stimulat vos,

Materiamque sibi ducis indulgentia quœrit. Satires, VII, 20.

[223] Ce fut Vespasien qui commença à donner un traitement aux professeurs : il donna à chaque professeur d’éloquence, grec ou romain, centena sestertia. Il récompensait aussi les artistes et les poètes (Suétone, Vie de Vespasien, c. 18). Adrien et les Antonins furent moins, prodigues, quoique très libéraux encore (Note de l’Éditeur).

[224] Ce jugement est un eu sévère ; outre les médecins, les astronomes, les grammairiens, parmi les quels étaient des hommes fort distingués, on voyait encore, sous Adrien, Suétone, Florus, Plutarque ; sous les Antonins, Arrien, Pausanias, Appien, Marc-Aurèle lui-même, Sextus-Empiricus, etc. La jurisprudence gagna beaucoup par les travaux de Salvius Julianus, de Julius-Celsus, de Sex-Pomponius, de Caïus et autres (Note de l’Éditeur).

[225] Longin, Traité du Sublime, c. 45, p. 229, édit. Toll. Ne pouvons-nous pas dire de Longin qu’il appuie ses allégations par son propre exemple ? Au lieu de proposer ses sentiments avec hardiesse, il les insinue avec la plus grande réserve ; il les met dans la bouche d’un ami ; et, autant que nous en pouvons juger d’après un texte corrompu, il veut paraître lui-même chercher à les réfuter.

[226] Orose, VI, 18.

[227] Dion dit vingt-cinq (l. LV, c. 20) les triumvirs réunis, selon Appien, n’en avaient que quarante-trois. Le témoignage d’Orose, est de peu de valeur quand il en existe de plus sûrs (Note de l’Éditeur).

[228] Jules César introduisît dans le sénat des soldats, des étrangers et des hommes encore à demi barbares (Suétone, Vie de César, c. 77, 80). Après sa mort, cet abus devint encore plus scandaleux.

[229] Dion-Cassius, l. III, p. 693 ; Suétone, Vie d’Auguste, c. 55.

[230] Auguste, qui alors se nommait encore Octave, était censeur ; et, comme tel, il avait le droit de réformer le sénat, d’en bannir les membres indignes, de nommer le princeps senatus, etc. : c’était là ce qu’on appelait senatum  legere. Il n’était pas rare non plus, du temps de la république, de voir un censeur nommé lui-même prince du sénat (Tite-Live, XXVII, c. 11 ; et XL, c. 51). Dion affirme que cela fut fait conformément à l’ancien usage (p. 496). Quant à l’admission d’un certain nombre de familles dans les rangs des patriciens, il y fut autorisé par un sénatus-consulte exprès : Βουλης επιτρεψχσης, dit Dion (Note de l’Éditeur).

[231] Dion-Cassius, LIII, p, 698, met à cette occasion dans la bouche d’Auguste un discours prolixe et enflé. J’ai emprunté de Tacite et de Suétone les expressions qui pouvaient convenir à ce prince.

[232] Imperator, d’où nous avons tiré le mot empereur, ne signifiait, sous la république, que général ; et les soldats donnaient solennellement ce titre sur le champ de bataille à leur chef victorieux lorsqu’ils l’en jugeaient digne. Lorsque les empereurs romains le prenaient dans ce sens, ils le plaçaient après leur nom, et ils désignaient combien de fois ils en avaient été revêtus.

[233] Dion, III, p. 703, etc.

[234] Tite-Live, Épit., XIV ; Valère-Maxime, VI, 3.

[235] Voyez dans le huitième livre de Tite-Live la conduite de Manlius-Torquatus et de Papirius-Cursor : ils violèrent les lois de la nature et de l’humanité, mais ils assurèrent celles de la discipline militaire ; et le peuple, qui abhorrait l’action, fut obligé de respecter le principe.

[236] Pompée obtint, par les suffrages inconsidérés, mais libres du peuple, un commandement militaire à peine inférieur à celui d’Auguste. Parmi plusieurs actes extraordinaires de l’autorité exercée par le vainqueur de l’Asie, on peut remarquer la fondation de vingt-neuf villes, et l’emploi de trois ou quatre millions sterling, qu’il distribua à ses troupes : la ratification de ces actes souffrit des délais et quelques oppositions dans le sénat. Voyez Plutarque, Appien, Dion-Cassius, et le premier livre des Lettres à Atticus.

[237] Sous la république, le triomphe n’était accordé qu’au général autorisé à prendre les auspices au nom du peuple. Par une conséquence juste, tirés de ce principe de religion et de politique, le triomphe fut réservé à l’empereur ; et ses lieutenants, au milieu des emplois les plus éclatants, se contentèrent, de quelques marques de distinction, qui, sous le titre de dignités triomphales, furent imaginées en leur faveur.

[238] Cette distinction est sans fondement. Les lieutenants de l’empereur, qui se nommaient pro-préteurs, soit qu’ils eussent été préteurs où consuls, étaient accompagnés de six licteurs : ceux qui avaient le droit de l’épée portaient aussi un habit militaire (paludamentum) et une épée. Les intendants envoyés par le sénat, qui s’appelaient tous proconsuls, soit qu’ils eussent ou non été consuls auparavant  avaient douze licteurs quand ils avaient été consuls, et six  seulement quand ils n’avaient été que préteurs. Les provinces  d’Afrique et d’Asie n’étaient données qu’à des ex-consuls. Voy. des détails sur l’organisation des provinces, dans Dion (l. L, III, 12-16.), et dans Strabon (l. XVII, p. 840) ; le texte grec, car la traduction latine est fautive. (Note de l’Éditeur).

[239] Cicéron (de Legibus, III, 3) donne à la dignité consulaire le nom de regia potestas ; et Polybe (IV, c. 3) observe trois pouvoirs dans la constitution romaine. Le pouvoir monarchique était représenté et exercé par les consuls.

[240] Comme la puissance tribunitienne, différente de l’emploi annuel de tribun, fut inventée pour le dictateur César (Dion, XLIV, p. 384), elle lui fut probablement donnée comme une récompense, pour avoir si généreusement assuré par les armes les droits sacrés des tribus et du peuple. Voyez ses Commentaires, de Bello civili, I.

[241] Auguste exerça neuf fois de suite le consulat annuel ; ensuite il refusa artificieusement cette dignité aussi bien que la dictature ; et, s’éloignant de Rome, il attendit les suites funèbres du tumulte et de l’esprit de faction eussent forcé le sénat à le revêtir du consulat pour toute sa vie. Ce prince et ses successeurs affectèrent cependant de cacher un titre qui pouvait leur attirer la haine de leurs sujets.

[242] Cette égalité fut le plus souvent illusoire ; l’institution des tribuns fut loin d’avoir tous les effets qu’on devait en attendre et qu’on aurait pu en obtenir : il y avait dans la manière même dont elle fut organisée, des obstacles qui l’empêchèrent souvent de servir utilement le peuple et de contrebalancer le pouvoir, parfois oppressif, du sénat. Le peuple, en ne leur donnant que le droit de délibérer, pour se réserver celui de ratifier leurs décisions, avait crû conserver une apparence de souveraineté et n’avait fait que renverser l’appui qu’il venait de se donner. Les sénateurs, dit de Lolme, les consuls, les dictateurs, les grands personnages qu’il avait la prudence de craindre et la simplicité de croire, continuait à être mêlés avec lui et a déployer leurs savoir-faire ; ils le haranguaient encore ; ils changeaient encore le lieu des assemblées ; ... ils les dissolvaient ou les dirigeaient ; et les tribuns, lorsqu’ils avaient pu parvenir à se réunir, avaient le désespoir de voir échouer, par des ruses misérables, des projets suivis avec les plus grandes peines et même les plus grands périls. De Lolme, Constitut. d’Angleterre, chap. 7, tome II, p. 11.

On trouve dans Valère-Maxime un exemple frappant de l’influence que les grands exerçaient souvent sur le peuple, malgré les tribuns et contre leurs propositions : dans un temps de disette, les tribuns ayant voulu proposer des arrangements au sujet des blés; Scipion-Nasica contint l’assemblée en leur disant : Silence, Romains ; je sais mieux que vous ce qui convient à la république : Tacète, quœso, Quirites ; plus enim ego quàm vos quid reipublicæ expediat, intelligo. — Quâ voce auditâ, omnes pleno venerationis silentio, majorem ejus autoritatis quàm suorum alimentorum curam egerunt. Cette influence fut telle, que les tribuns furent souvent les victimes de la lutte qu’ils engagèrent avec le sénat, bien qu’en plusieurs occasions ils soutinssent les vrais intérêts du peuple : tel fut le sort des deux Gracchus si injustement calomniés par les grands, et si lâchement abandonnés par ce peuplé dont ils avaient embrassé la cause (Note de l’Éditeur).

[243] Voyez un fragment d’un décret du sénat, qui conférait à l’empereur Vespasien tous les pouvoirs accordés à ses prédécesseurs, Auguste, Tibère et Claude. Ce monument curieux et important se trouve dans les inscriptions de Gruter, n° CCXLII.

Il se trouve aussi dans les éditions que Ryck (Animad., p. 420, 421) et Eruesti (Excurs. ad, IV, c. 6) ont données de Tacite ; mais ce fragment renferme tant d’irrégularités, et dans le fond et dans la forme, qu’on peut élever des doutes sur son authenticité (Note de l’Éditeur).

[244] On élisait deux consuls aux calendes de janvier ; mais dans le cours de l’année on leur en substituait d’autres, jusqu’à ce que le nombre des consuls annuels se montât au moins à douze. On choisissait ordinairement seize ou dix-huit préteurs (Juste-Lipse, in excurs. D. ad Tacit, Annal., l. I). Je n’ai point parlé des édiles ni des questeurs : de simples magistrats chargés de la police ou des revenus, se prêtent aisément à toutes les formes de gouvernement. Sous le règne de Néron les tribuns possédaient légalement le droit d’intercession, quoiqu’il eût été dangereux d’en faire usage.(Tacite, Ann., XVI, 26). Du temps de Trajan, on ignorait si le tribunat était une charge ou un nom. Lettres de Pline, I, 23.

[245] Les tyrans eux-mêmes briguèrent le consulat. Les princes vertueux demandèrent cette dignité avec modération et l’exercèrent, avec exactitude. Trajan renouvela l’ancien serment, et jura devant le tribunal du consul qu’il observerait les lois. Pline, Panégyr., c. 64.

[246] Quotiens magistratuum comitiis interesset, tribus cum candidatis suis circuibat supplicabatque more sollemni. Ferebat et ipse suffragium in tribu, ut unus e populo. — Toutes les fois qu'il assistait aux comices pour la création des magistrats, il parcourait les tribus avec ses candidats en faisant les supplications d'usage. Lui-même il votait dans les tribus, comme un simple citoyen. Suétone, Vie d'Auguste, c. 56.

[247] Tum primùm comitia è campo ad patres translata sunt. Tacite, Ann., I, 15. Le mot primùm semble faire allusion à quelques faibles et inutiles efforts qui furent faits pour rendre au peuple le droit d’élection.

L’empereur Caligula avait fait lui-même cette tentative ; il rendit au peuple les comices, et les lui ôta de nouveau peu après (Suétone, in Caïo, c. 16 — Dion, 1LIX, 9, 20). Cependant, du temps de Dion, on conservait encore une ombre des comices. Dion, VIII, 20 (Note de l’Éditeur).

[248] Dion (LIII, p. 703-714) a tracé d’âne main partiale une bien faible esquisse du gouvernement impérial. Pour l’éclaircir, souvent même pour le corriger, j’ai médité Tacite, examiné Suétone, et consulté parmi les modernes les auteurs suivants : l’ abbé de La Bletterie, Mém. de l’Acad., t. XIX, XXI, XXIV, XXV, XXVII ; Beaufort, Rép. rom., t. I, p. 255-275 ; deux dissertations de Noodt et de Gronovius, de Lege regiâ, imprimées à Leyde en 1731 ; Gravina , de Imperio romano, p. 479-544 de ses opuscules ; Maffei, Verona illustrata, part. 1, p. 245, etc.

[249] Un prince faible sera toujours gouverné par ses domestiques. Le pouvoir des esclaves aggrava la honte des Romains, et les sénateurs firent leur cour à un Pallas, à un Narcisse. Il peut arriver qu’un favori moderne soit de naissance honnête.

[250] Voyez un traité de Van-Dale, de Consecratione principum. Il me serait plus aisé de copier, qu’il ne me l’a été de vérifier les citations de ce savant, Hollandais.

[251] Cela est inexact. Les successeurs d’Alexandre, ne furent point les premiers souverains déifiés ; les Égyptiens avaient déifié et adoré plusieurs de leurs rois ; l’Olympe des Grecs était peuplé de divinités qui avaient régné sur la terre ; enfin, Romulus, lui-même avait reçu les honneurs dé l’apothéose (Tite-Live, I, c. 16) longtemps avant Alexandre et ses successeurs. C’est aussi une inexactitude que de confondre les hommages rendus dans les provinces aux gouverneurs romains, par des temples et des autels, avec la véritable apothéose des empereurs : ce n’était pas un culte religieux, car il n’y avait ni prêtres ni sacrifices. Auguste fut sévèrement blâmé pour avoir permis qu’on l’adorât comme un dieu dans les provinces (Tacite, Annales, I, c. 10) ; il n’eût pas encouru de blâme s’il n’eut fait que ce que faisaient les gouverneurs (Note de l’Éditeur).

[252] Voyez une dissertation de l’abbé de Mongault, dans le premier volume de l’Académie des Inscriptions.

[253] Jurandasque tuum per nonem ponimus aras, dit Horace à l’empereur lui-même ; et ce poète courtisan connaissait bien la cour d’Auguste.

[254] Les bons princes ne furent pas les seuls qui obtinssent les honneurs de l’apothéose ; on les déféra à plusieurs tyrans. Voyez un excellent traité de Schœpflin, de Consecratione imperiatorum romanorum, dans ses Commentationes historicæ et critieæ, Bâle, 1741, p. 1, 84 (Note de l’Éditeur).

[255] Voyez Cicéron, Philipp., I, 6 ; Julien, in Cœsaribus : Inque Deum templis jurabit Roma per umbras, s’écrie Lucain indigné ; mais cette indignation est celle d’un patriote, et non d’un dévot.

[256] Octave n’était point issu d’une famille obscure, mais d’une famille considérable de l’ordre équestre : son père, C. Octavius, qui possédait de grands biens, avait été préteur, gouverneur de la Macédoine, décoré du titre d’imperator, et sur le point de devenir consul lorsqu’il mourût. Sa mère Attia était fille de M. Atrius Balbus, qui avait aussi, été préteur. Marc-Antoine fit à Octave le reproche d’être né dans Aricie, qui était cependant une ville municipale assez grande ; mais Cicéron le réfuta très fortement. Philipp., III, c. 6. (Note de l’Éditeur).

[257] Dion, LIII, p. 710, avec les notes curieuses de Reimarus.

[258] Les princes qui, par leur naissance ou leur adoption, appartenaient à la famille des Césars, prenaient le nom de César. Après la mort de Néron, ce nom désigna la dignité impériale elle-même, et ensuite le successeur choisi. On ne peut assigner avec certitude l’époque à laquelle il fut employé pour la première fois dans ce dernier sens. Bach (Hist. jurispr. rom., p. 304) affirme, d’après Tacite (Hist., I, 15) et Suétone (Galba, c. 17), que Galba donna à Pison-Licinianus le titre de César, et que ce fut là l’origine de l’emploi de ce mot ; mais les deux historiens disent simplement que Galba adopta Pison pour successeur, et ne font  nulle mention du nom de César. Aurelius-Victor (in Traj., p. 348; édit. Arntzen) dit qu’Adrien reçut le premier ce titre lors de son adoption ; mais comme l’adoption d’Adrien est  encore douteuse, et que d’ailleurs Trajan, à son lit de mort, n’eût probablement pas créé un nouveau titre  pour un homme qui allait lui succéder, il est plus vraisemblable qu’Ælius-Verus fut le premier qu’on appela César, lorsque Adrien l’eut adopté (Spart., in Ælio-Vero, c. 1 et 2) (Note de l’Éditeur).

[259] Alors survint Auguste, qui, changeant de couleur comme un caméléon, paraissait tantôt pâle, tantôt rouge, tantôt avec un visage sombre et renfrogné, et au même instant avec un visage riant et plein de charmes. (Césars de Julien, trad. Spanheim) Cette image, que Julien emploie dans son ingénieuse fiction, est juste et agréable ; mais lorsqu’il considère ce changement de caractère comme réel, et qu’il l’attribue au pouvoir de la philosophie, il fait trop d’honneur à la philosophie et à Octave.

[260] Deux-cents ans après l’établissement de la monarchie, l’empereur Marc Aurèle vante le caractère de Brutus comme un modèle parfait de la vertu romaine.

[261] Nous ne pouvons trop regretter l’endroit de Tacite qui traitait de cet événement, et qui a été perdu : nous sommes forcés de nous contenter des bruits populaires rapportés par Josèphe, et des notions imparfaites que nous donnent à cet égard Dion et Suétone.

[262] Auguste rétablit la sévérité de l’ancienne discipline. Après les guerres civiles, il ne se servit plus du nom chéri de camarades en parlant à ses troupes ; et il les appela simplement soldats. (Suétone, dans Auguste, c. 25). Voyez comment Tibère se servit du sénat pour apaiser la révolte des légions de Pannonie. Tacite, Annal., I.

[263] Caligula périt par une conjuration qu’avaient formée les officiers des prétoriens, et Domitien n’eût peut-être pas été assassiné sans la part que les deux chefs de cette garde prirent à sa mort (Note de l’Éditeur).

[264] Ces mots l’autorité du sénat et le consentement des troupes, semblent avoir été le langage consacré pour cette cérémonie. Voyez Tacite, Annal., XIII, 14.

[265] Le premier de ces rebelles fut Camillus-Scribonianus qui prit les armes en Dalmatie contre Claude, et qui fut abandonné par ses troupes en cinq jours, le second, Lucius-Antonius, dans la Germanie, qui se révolta contre Domitien et le troisième, Avidius-Cassius, sous le règne de Marc-Aurèle. Les deux derniers ne se soutinrent que peu de mois, et ils furent mis mort par leurs propres partis. Camillus et Cassius colorèrent leur ambition du projet de rétablir la république ;  entreprise, disait Cassius, principalement réservée à son nom et sa famille.

[266] Cet éloge des soldats est un peu exagéré. Claude fut obligé d’acheter leur consentement à son couronnement : les   présents qu’il leur fit, et ceux que reçurent en diverses autres occasions les prétoriens, causèrent aux finances un notable dommage. Cette garde redoutable favorisa d’ailleurs souvent les cruautés des tyrans. Les révoltes lointaines furent plus  fréquentes que ne le pense Gibbon sous Tibère ; les légions de la Germanie voulaient séditieusement contraindre Germanicus à revêtir la pourpre impériale. Lors de la révolte de Claudius-Civilis, sous Vespasien, les légions de la Gaule massacrèrent leur général, et promirent leur assistance aux Gaulois, qui s’étaient soulevés. Julius-Sabinus se fit déclarer empereur, etc. Les guerres, le mérite et la discipline sévère de Trajan, d’Adrien et des deux Antonins, établirent quelque temps plus dé subordination (Note de l’Éditeur).

[267] Velleius Paterculus, II, c. 121 ; Suétone, Vie de Tibère, c. 20.

[268] Suétone, Vie de Titus, c. 6 ; Pline, préface de l’Histoire naturelle.

[269] Cette idée est souvent et fortement exprimée dans Tacite. Voyez Hist., I, 15, 16 ; II, 76.

[270] L’empereur Vespasien, avec son bon sens ordinaire, se moquait des généalogistes qui faisaient descendre sa famille de Flavius, fondateur de Réate (son pays natal), et l’un des compagnons d’Hercule. Suétone, Vie de Vespasien, c. 12.

[271] Dion, LXVIII, p. 1121 ; Pline, Panégyr.

[272] Felicior Augusto, melior Trajan. Eutrope, VIII, 5

[273] Dion (LXIX, p. 1279) regarde le tout comme une fiction, d’après l’autorité de son père, qui, étant gouverneur de la province où Trajan mourût, devait avoir eu de favorables occasions pour démêler ce mystère. Cependant Dodwell (Prœlect. Cambden, XVII) a soutenu qu’Adrien fut désigné successeur de Trajan pendant la vie de ce prince.

[274] Dion XXX, p. 1171 ; Aurelius Victor.

[275] La déification, les médailles, les statues, les temples, les villes, les oracles et la constellation d’Antinoüs, sont bien connus , et déshonorent, aux yeux de la postérité, la mémoire de l’empereur Adrien. Cependant nous pouvons remarquer que, des quinze premiers Césars, Claude fut le seul dont les amours n’aient pas fait rougir la nature. Pour les honneurs rendus à Antinoüs, voyez Spanheim, Commentaires sur les Césars de Julien, p. 80.

[276] Histoire Auguste, p. 13 ; Aurelius-Victor, in Epitom.

[277] Sans le secours des médailles et des inscriptions, nous ignorerions cette action d’Antonin le Pieux, qui fait tant d’honneur à sa mémoire.

[278] Gibbon attribue à Antonin le Pieux un mérite qu’il n’eut pas, ou que, du moins, il ne fait pas dans le cas de montrer : 1° il n’avait été adopté que sous la condition qu’il adopterait à son tour Marc-Aurèle et L. Verus ; 2° ses deux fils moururent enfants, et l’un d’eux, M. Galerius, parait seul avoir survécu de quelques années au couronnement de son père. Gibbon se trompe aussi lorsqu’il dit (note ci-dessus) que sans le secours des médailles et des inscriptions, nous ignorerions qu’Antonin avait deux fils. Capitolin dit expressément (c. 1) : Filii mares duo, duœ fœminœ : nous ne devons aux médailles que leurs noms. Pagi Critic. Baron., ad. A. C. 161, tome I, p. 33, éd. Paris. (Note de l’Éditeur).

[279] Pendant les vingt-trois années du règne d’Antonin, Marc-Aurèle ne fut que deux nuits absent du palais, et même à deux fois différentes. Hist. Auguste, p. 25.

[280] Ce prince aimait les spectacles, et n’était point insensible aux charmes du beau sexe. Marc-Aurèle, I, 16 ; Hist. Auguste, p. 20, 21 ; Julien , dans les Césars.

[281] Marc-Aurèle à été accusé d’hypocrisie, et ses ennemis lui ont reproché de n’avoir point eu cette simplicité qui caractérisait Antonin le Pieux, et même Verus (Hist. Auguste, 6, 34). Cet injuste soupçon nous fait voir combien les talents personnels l’emportent, aux yeux des hommes, sur les vertus sociales. Marc-Aurèle lui-même est qualifié d’hypocrite ; mais le sceptique le plus outré ne dira jamais que César fut peut-être un poltron, ou Cicéron un imbécile. L’esprit et la valeur se manifestent d’une manière bien plus incontestable que l’humanité et l’amour de la justice.

[282] Tacite a peint en peu de mots les principes de l’école du Portique : Doctores sapientiæ secutus est, qui sola bona quœ honesta, mala tantum quœ turpia ; potentiam, nobilitatem, cæteraque extrà animum, neque bonis, neque malis adnumerantla doctrine philosophique qui appelle uniquement bien ce qui est honnête, mal ce qui est honteux, et qui ne compte la puissance, la noblesse, et tout ce qui est hors de l'âme, au nombre ni des biens ni des maux. Hist., IV, 5.

[283] Avant sa seconde expédition contre les Germains, il donna, pendant trois jours, des leçons de philosophie au peuple romain. Il en avait déjà fait autant dans les villes de Grèce et d’Asie. Hist. Auguste, in Cassio, c. 3.

[284] Dion, LXXI, p. 1190, Hist. Auguste, in Avid. Cassio.

[285] Hist. Auguste, in Marc Anton., c.18.

[286] Vitellius dépensa, pour sa table, au moins six millions sterling en sept mois environ. Il serait difficile d’exprimer les vices de ce prince avec dignité, ou même avec décence. Tacite l’appelle un pourceau ; mais c’est en substituant à ce mot grossier une très belle image : At Vitellius, umbraculis hortorum abditus, ut ignava animalia, quibus si cibum suggeras, jaccent, torpentque, prœterita, instantia, futura, pari oblivione dimiscrat ; atque illum nemore Aricino desidem et marcentem, etc. Tacite, Hist., III, 36 ; II, 95 ; Suétone, in Vetell., 13 ; Dion, LXV, p. 1062.

[287] L’exécution d’Helvidius-Priscus et de la vertueuse Eponine, déshonorent le règne de Vespasien.

[288] Voyages de Chardin en Perse, vol. III, p. 293.

[289] L’usage d’élever des esclaves aux premières dignités de l’État est encore plus commun chez les Turcs que chez les Perses : les misérables contrées de Géorgie et de Circassie donnent des maîtres à la plus grande partie de l’Orient.

[290] Chardin prétend que les voyageurs européens ont répandu parmi les Perses, quelques idées de la liberté et de la douceur du gouvernement de leur patrie : ils leur ont rendu un très mauvais office.

[291] Ils alléguaient l’exemple de Scipion et de Caton (Tacite, Annal., III, 66). Marcellus-Epirus et Crispus-Vibius gagnèrent, sous le règne de Néron, deux millions et demi sterling. Leurs richesses, qui aggravaient leurs crimes, les protégèrent sous Vespasien. Voyez Tacite, Hist., IV, 43, Dialog. de Orat.  c 8. Regulus, l’objet des justes satires de Pline, reçut du sénat, pour une seule accusation, les ornements consulaires et un présent de soixante mille livres sterling.

[292] L’accusation du crime de lèse-majesté s’appliquait originairement au crime de haute trahison contre le peuple romain : comme tribuns du peuple, Auguste et Tibère l’appliquèrent aux offenses contre leurs personnes, et ils y donnèrent une extension infinie.