[1179] Ce trait est rapporté par Ammien, XII. Au lieu de saccum, quelques-uns lisent scutum.

[1180] Les Perses avouèrent la supériorité des Romains dans la morale aussi bien que dans les armes (Eutrope, IX,  24). Mais ces expressions du respect et de la gratitude d’un ennemi se trouvent rarement dans sa propre relation.

[1181] Le détail de cette négociation est tiré des fragments de Pierre Patrice, dans les Excerpta legationum, publiés dans la collection byzantine. Pierre vivait sous Justinien, mais il est évident, par la nature de ses matériaux, qu’ils sont pris des écrivains les plus authentiques et les plus respectables.

[1182] Il avait été gouverneur du Sumium, (Pierre Patrice, Excerpta leg., p. 30). Cette province, dont il paraît que Moïse de Chorène a fait mention (Géogr., p. 360), était située à l’orient du mont Ararat.

[1183] Par une erreur du géographe Ptolémée, la position de Singara est transportée de l’Aboras au Tigre ; ce qui a peut-être occasionné la méprise de Pierre Patrice, qui assigne la dernière rivière comme la limite de l’empire, au lieu de la première. La ligne de la frontière romaine traversait le cours du Tigre, mais elle ne le suivit jamais.

[1184] Il y a ici plusieurs erreurs. Gibbon a confondu les fleuves et les villes qu’ils arrosent. L’Aboras, ou plutôt le Chaboras, l’Araxe de Xénophon, prend sa source au-dessus du Ras-Aïn ou Re-Saina (Theodosiopolis), environ à 27 lieues du Tigre ; il reçoit les eaux du Mygdonius ou Saocoras à 33 lieues environ au-dessous de Nisibis, à un bourg appelé aujourd’hui Al-Nahraïm et il ne passe point sous les murs de Singara ; c’est le Saocoras qui arrose cette ville : ce dernier fleuve prend sa source près de Nisibis, à 5 lieues du Tigre. Voyez d’Anville, l’Euphrate et le Tigre, p. 46, 49, 50 et la carte.

A l’orient du Tigre se trouve un autre fleuve moins considérable, nommé aussi le Chaboras, et que d’Anville appelle le Centrites, Khabour, Nicephorius, sans citer les autorités d’après lesquelles il lui donne ces noms. Gibbon a pu vouloir parler de ce dernier fleuve, qui ne passe point à Singara, et ne tombe point dans l’Euphrate. Voyez Michaëlis, Supplem. ad .lexica hebraïca, 3e part., p. 664 et 665 (Note de l’Éditeur).

[1185] Procope, de Ædificiis, II, c. 6.

[1186] Tous les auteurs conviennent que la Zabdicène, l’Arzanène et la Carduène, furent au nombre des provinces cédées ; mais au lieu des deux autres, Pierre (Excerpta leg., p. 30) ajoute la Rehimène et la Sophène. J’ai préféré Ammien (XXV, 7), parce qu’on peut prouver que la Sophène ne fut jamais entre les mains des Perses avant le règne de Dioclétien, ni après celui de Jovien. Le défaut de cartes exactes, telles que celles de M. d’Anville, a fait supposer à presque tous les modernes, Tillemont et Valois à leur tête, que les cinq provinces étaient situées au-delà du Tigre par rapport à la Perse, et non par rapport à l’empire romain.

[1187] Xénophon, Retraite des dix mille, IV. Leurs arcs avaient trois coudées de long, leurs flèches deux. Ils faisaient rouler des hauteurs des pierres dont chacune aurait pu faire la charge d’un chariot. Les Grecs trouvèrent un grand nombre de villages dans cette contrée barbare.

[1188] Selon Eutrope (VI, 9, tel que le porte le texte des meilleurs manuscrits), la ville de Tigranocerte était dans l’Arzanène. On pourrait retrouver, quoique assez imparfaitement, le nom et la position des trois autres.

[1189] Comparez Hérodote, I, c. 9, avec Moise de Chorène, Hist. d’Arménie, II, c. 84, et la carte d’Arménie donnée par ses éditeurs.

[1190] Pierre Patrice (Excerpta leg., p. 30) est le seul écrivain qui parle de l’article du traité concernant l’Ibérie.

[1191] Eusèbe, in Chron. ; Pagi, ad annum. Jusqu’à la découverte du traité de Mort. pers., il n’était pas certain que le triomphe et les vicennales eussent été célébrés en même temps.

[1192] Durant le temps des vicennales, Galère paraît avoir gardé son poste sur le Danube. Voyez Lactance, de Mort. pers., c. 38.

[1193] Eutrope (IX, 27) parle de cette famille comme si elle eût fait partie du triomphe ; mais les personnes avaient été rendues à Narsès ; on ne pouvait donc exposer que leurs images.

[1194] On voit dans Tite-Live (V, 51-55) un discours de Camille, rempli d’éloquence et de sensibilité, que ce grand homme prononça pour s’opposer au projet de transporter à Véies le siège du gouvernement.

[1195] On reproche à Jules César d’avoir voulu transférer l’empire dans la ville d’Ilium ou dans celle d’Alexandrie. Selon la conjecture ingénieuse de Le Fèvre et de Dacier, la troisième ode du troisième livre d’Horace a été composée pour  détourner Auguste de l’exécution d’un semblable dessein.

[1196] Voyez Aurelius-Victor, qui parle aussi des bâtiments élevés par Maximien à Carthage, probablement durant la guerre des Maures. Nous rapporterons quelques vers d’Ausone, de clar. Urb., V.

Et Mediolani mira omnia : copia rerum,

Innumerœ cultœgue domus ; facunda virorum

Ingenia, et mores lœti, tum duplice muro.

Amplificata loci species ; populique voluptas

Circus ; et, inclusi moles cuneata theatri

Templa, palatinœque arces, opulensque rnoneta,

Et regio Herculei celebris sub honore lavacri.

Cunctaque marmoreis ornata peristyla signis ;

Mœniaque in valli formam circumdata labro,

Omnta quœ magnis operum velut œmula formis

Excellunt : nec juncta premit vicinia Romœ.

[1197] Lactance, de Mort. pers., c. 17 ; Libanius, orat., VIII, p. 203.

[1198] Lactance, de Mort. pers., c. 17. Ammien Marcellin dit, dans une occasion semblable, que dicacitas plebis n’est pas fort agréable à une oreille impériale. Voyez XVI, c. 10.

[1199] Lactance accuse Maximien d’avoir détruit fictis criminationibus lumina senatûs (de Mort. pers., c. 8). Aurelius-Victor parle d’une manière très douteuse de la bonne foi de Dioclétien envers ses amis.

[1200] Truncatœ vires urbis, imminuto prœtoriarum cohortium atque in armis vulgi numero (Aurelius-Victor). Selon Lactance (c. 26), ce fut Galère qui poursuivit le même plan.

[1201] C’étaient de vieilles troupes campées en Illyrie ; et, selon l’ancien établissement, chaque corps consistait en six mille hommes., Ils avaient acquis beaucoup de réputation par l’usage des plumbatœ ou dards chargés de plomb. Chaque soldat en portait cinq, qu’il lançait à une distance considérable avec autant de force que d’adresse. Voyez Vegèce, I, 17.

[1202] Voyez le Code Théodosien, VI, tit. II, avec le commentaire de Godefroi.

[1203] Voyez la XIIe dissertation dans l’excellent, ouvrage de Spanheim, de Usu num. A l’aide des médailles, des inscriptions et des historiens, il examine chaque titre séparément, et il le suit depuis Auguste jusqu’au moment où il disparaît.

[1204] Pline (Panégyr., 55, etc.) parle avec horreur de dominus, comme synonyme de tyran, et comme opposé à prince ; et le même Pline donne régulièrement ce titre (dans le dixième livre de ses Lettres) au vertueux Trajan, son ami plutôt que son maître. Cette étrange expression embarrasse les commentateurs qui savent penser, et les traducteurs qui savent écrire.

[1205] Synesius, de Regno, édit. de Pétau, p. 15. Je dois cette citation à l’abbé de La Bletterie.

[1206] Voyez Van-Dale, de Consecratione, p. 354, etc. Les empereurs avaient coutume de faire mention, dans le préambule des lois, de leur divinité, sacrée majesté, divins oracles, etc. Selon M. de Tillemont, Grégoire de Nazianze se plaint très amèrement d’une pareille profanation, surtout lorsqu’un empereur arien emploie ces titres.

[1207] Dans le temps de la république, dit Hegewisch, lorsque les consuls, les préteurs et les autres magistrats, paraissaient en public pour vaquer aux devoirs de leur charge, leur dignité s’annonçait, et par les marques qu’avait consacrées l’usage, et par le brillant cortége dont ils étaient accompagnés. Mais cette dignité était attachée à la charge et non à l’individu ; cette pompe appartenait au magistrat et non à l’homme… Le consul, suivi, dans les comices, de tout le sénat , des préteurs, des questeurs, des édiles, des licteurs, des appariteurs et des hérauts, n’était servi, en rentrant dans sa maison, que par des affranchis et par ses esclaves. Les premiers empereurs n’allèrent pas plus loin. Tibère n’avait, pour son service personnel, qu’un nombre modéré d’esclaves et quelques affranchis (Tacite, Ann., IV, 7)… Mais, à mesure que les formes républicaines s’évanouirent l’une après l’autre, le penchant des empereurs à s’entourer d’une pompe personnelle se manifesta de plus en plus… La magnificence et le cérémonial de l’Orient s’introduisirent tout à fait chez Dioclétien, et Constantin acheva de les consacrer. Les palais, les garde-meubles, la table, tout l’entourage personnel, distinguèrent alors l’empereur de ses sujets, plus encore que sa haute dignité… L’organisation que Dioclétien donna à sa nouvelle cour attacha moins d’honneurs et de distinctions aux états qu’aux services rendus aux membres de la famille impériale. Essai hist. sur les finances romaines (en allem.), p. 249.

Peu d’historiens ont caractérisé d’une manière plus philosophique l’influence d’une nouvelle institution (Note de l’Editeur).

[1208] Voyez Spanheim, de Usu numism., dissert. XII.

[1209] Aurelius-Victor ; Eutrope, IX, 26. Il paraît, d’après les panégyristes, que les Romains s’accoutumèrent bientôt au nom et à la cérémonie de l’adoration.

[1210] Les innovations introduites par Dioclétien sont principalement déduites, 1° de quelques passages de Lactance, très expressifs ; 2° des nouvelles charges de plusieurs espèces, qui, dans le code Théodosien, paraissent déjà établies dans le commencement du règne de Constantin.

[1211] Lactance, de Mort. pers., c. 7.

[1212] Indicta lex nova, quæ sanè illorum temporum modestiâ tolerabilis, in perniciem processit. Aurelius-Victor, qui a traité le caractère de Dioclétien en homme de bon sens, quoiqu’en mauvais latin.

[1213] Solus omnium, post conditum Romanum imperium, qui ex tanto fastigio sponte ad privatœ vitœ statum civilitatemque remearet. Eutrope, IX, 18.

[1214] Les particularités du voyage et de la maladie sont prises de Lactance (c. 17), qui peut quelquefois servir d’autorité pour les faits publics, quoique très rarement pour les anecdotes particulières.

[1215] Cette abdication, qui a été si diversement interprétée, est attribuée par Aurelius-Victor a deux causes, dont la première est le mépris de Dioclétien pour l’ambition ; la seconde, son appréhension des troubles qui menaçaient l’Etat. Un des panégyristes (VI, 9) parle de l’âge et des infirmités de Dioclétien comme de la cause naturelle de sa retraite.

[1216] Les difficultés et les méprises sur les dates de l’année et du jour de l’abdication de Dioclétien sont parfaitement éclaircies par Tillemont (Hist. des Empereurs, t. IV, p. 525, notre 19) et par Pagi, ad Annum.

[1217] Voyez Panegyr. vet., 9. Le discours fut prononcé après que Maximien eut repris la pourpre.

[1218] Eumène en fait le plus bel éloge, Panégyr. vet., VII, 15.

[1219] C’est à Victor le jeune que nous devons ce mot fameux. Eutrope parle du fait d’une manière plus générale.

[1220] Histoire Auguste, p. 223-224. Vopiscus avait appris de son père cette conversation.

[1221] Victor le jeune parle légèrement de ce bruit ; mais comme Dioclétien avait déplu à un parti puissant et triomphant, sa mémoire a été chargée de toutes sortes de crimes et de malheurs. On a prétendu qu’il était mort dans les accès d’une folie furieuse, qu’il avait été condamné comme criminel par le sénat de Rome, etc.

[1222] Voyez les Itinéraires, p. 269, 272, édit. de Wesseling.

[1223] L’abbé de Fortis, dans son Voyage en Dalmatie, p. 43 (imprimé à Venise en 1774, deux petits vol. in-4°), cite une description manuscrite des antiquités de Salone, composée par Giambattista Giustiniani, vers le milieu du seizième siècle.

[1224] Adam, Antiquités du palais de Dioclétien à Spalatro, p. 6. Nous pouvons ajouter une circonstance ou deux tirées du Voyage de l’abbé de Fortis. L’Hyader, petite rivière dont parle Lucain, produit des truites excellentes, qui, selon la remarque d’un écrivain très judicieux, moine peut-être, déterminèrent Dioclétien sur le choix de sa retraite (Fortis, p. 45) Le même auteur (p. 38) observe qu’on voit renaître à Spalatro du goût pour l’agriculture, et qu’une société vient d’établir une ferme près de la ville, pour y faire des expériences.

[1225] Constantin, Orat. ad cœtum sanct., c. 25. Dans ce discours, l’empereur, ou l’évêque qui le composa pour lui, affecte de rapporter la fin malheureuse de tous les persécuteurs de l’Église.

[1226] Constant. Porphyre, de Statu imper., p. 86.

[1227] D’Anville, Géogr. anc., tome I, p. 162.

[1228] MM. Adam et Clérisseau, accompagnés de deux dessinateurs, visitèrent Spalatro au mois de juillet 1757. Le magnifique ouvrage que leur voyage a produit, a été publié à Londres sept ans après.

[1229] M. l’abbé de Fortis, Voyage en Dalmatie, p. 40.

[1230] L’orateur Eumène fut secrétaire des empereurs Maximien et Constance, et professeur de rhétorique dans le collège d’Autun. Ses appointements étaient de six cent mille sesterces, qui, selon la moindre estimation de ce siècle, devaient valoir plus de trois mille livres sterling. Il demanda généreusement la permission d’employer ce revenu à rebâtir le collège. Voyez son discours, de restaur. Scholis. Cet ouvrage,  quoiqu’il ne soit pas exempt de vanité, peut lui faire pardonner ses panégyriques.

[1231] Porphyre mourut vers le temps de l’abdication de l’empereur Dioclétien. La vie de son maître Plotin, qu’il composa, donne l’idée la plus complète du génie de la secte, et des mœurs de ceux qui la composaient. Ce morceau curieux se trouve dans la Bibliothèque grecque de Fabricius, tome IV, p. 88-148.

[1232] M. de Montesquieu (Considérations sur les causes de la grandeur et de la décadence des Romains, c.17) suppose, d’après l’autorité d’Orose et d’Eusèbe, que dans cette occasion l’empire fut réellement divisé, pour la première fois, en deux parties. Cependant il serait difficile de découvrir en quoi le plan de Galère différait de celui de Dioclétien.

[1233] Divitiis provincialium (mel. provinciarum) ac privatorum studens, fisci commoda non admodum affectans ; ducensque meliùs publicas opes à privatis haberi, quàm intrà unum claustrum reservari. (Eutrope, Breviar, X, 1). Il portait la pratique de cette maxime si loin, que toutes les fois qu’il donnait un repas, il était obligé d’emprunter de la vaisselle.

[1234] Lactance, de Mort. persec., c. 18. Quand les particularités de cette conversation se rapprocheraient d’avantage de la bienséance et de la vérité, on pourrait toujours demander comment elles sont parvenues à la connaissance d’un rhéteur obscur. Mais il y a beaucoup d’historiens qui nous rappellent ce mot admirable du grand Condé au cardinal de Retz : Ces coquins nous font parler et agir comme ils auraient fait eux-mêmes à notre place.

Cette sortie contre Lactance est sans fondement : Lactance était si loin d’être un obscur rhéteur, qu’il avait enseigné la rhétorique publiquement et avec le plus grand succès, d’abord en Afrique, ensuite à Nicomédie. Sa réputation lui valut l’estime de Constantin, qui l’appela à sa cour et lui confia l’éducation de son fils Crispus. Les faits qu’il rapporte dans ses ouvrages se sont passés de son temps ; il ne saurait être accusé de fraude et d’imposture. Satis me vixisse arbitrabor et oficium hominis implesse si labor meus aliquos homines, ab erroribus liberatos, ad iter cœleste direxerit (De Opificio Dei, cap. 20). L’éloquence de Lactance l’a fait appeler le Cicéron des chrétiens. Voyez Hist. litterar., du docteur Cave, t. I, p. 113. (Anon. gentl.) (Note de l’Éditeur).

[1235] Sublatus nuper à pecoribus et silvis (dit Lactance, de Mort. persec., c. 10) statim scutarius, continuo protector ; mox tribunus, postridiè Cæsar, accepit Orientem. Aurelius-Victor lui donne trop libéralement toute la portion de Dioclétien.

[1236] Son exactitude et sa fidélité sont reconnues, même par Lactance, de Mort. perses., c. 18.

[1237] Au reste, ses projets ne sont appuyés que sur l’autorité très suspecte de Lactance, de Mort. perses., c. 20.

[1238] Cette tradition, inconnue aux contemporains de Constantin, et fabriquée dans la poussière des cloîtres, fut embellie par Geoffroy de Motmouth, et par les écrivains du douzième siècle ; elle a été défendue, dans le dernier siècle, par nos antiquaires, et, elle est sérieusement rapportée dans la volumineuse Histoire d’Angleterre, compilée par M. Carte (vol. I,. p. 147). Il transporte cependant le royaume de Coil, ce prétendu père d’Hélène, du comté d’Essex à la muraille d’Antonin.

[1239] Eutrope (X, 2) indique en peu de mots la vérité, et ce qui a donné lieu à l’erreur : Ex obscuriori matrimonio, ejus filius. Zozime (II, p. 78) a saisi avec empressement l’opinion la plus défavorable ; il a été suivi par Orose (VII, 25), à l’autorité duquel il est assez singulier que M. de Tillemont, auteur infatigable, mais partial, n’ait pas fait attention. En insistant sur le divorce de Constance, Dioclétien reconnaissait la légitimité du mariage d’Hélène.

[1240] Il y a trois opinions sur le lieu de la naissance de Constantin : 1° Les antiquaires anglais avaient coutume de s’arrêter avec transport sur ces mots de son panégyriste : Britannias illic oriendo nobiles fecisti ; mais ce passage tant relevé peut s’appliquer aussi bien à l’avènement de Constantin qu’à sa naissance. 2° Quelques Grecs modernes ont fait naître ce prince à Drepanum, ville située sur le golfe de Nicomédie (Cellarius, tome II, p. 174), que Constantin honora du nom d’Hélénopolis, et que Justinien embellit de superbes édifices (Procope, de Ædif., v. 2). A la vérité, il est assez probable que le père d’Hélène tenait une auberge à Drepanum et que Constance put y loger, lorsqu’il revint de son ambassade en Perse, sous le règne d’Aurélien. Mais, dans la vie errante d’un soldat, le lieu de son mariage et celui de la naissance de ses enfants ont très peu de rapport l’un avec l’autre. 3° La prétention de Naissus est fondée sur l’autorité d’un auteur anonyme dont l’ouvrage a été publié à la fin de l’Histoire d’Ammien, p. 710, et qui travaillait en général sur de très bons matériaux. Cette troisième opinion est aussi confirmée par Julius Firmicus (de Astrologiâ, I, c. 4), qui florissait sous le règne de Constantin. On a élevé quelques doutes sur la pureté du texte de Firmicus et sur la manière d’entendre ce passage, mais ce texte est appuyé sur les meilleurs manuscrits ; et, quant à la manière dont il faut l’entendre, cette interprétation a été habilement défendue par Juste-Lipse, de Magnitudine rom., IV, c. 11, et supplément.

[1241] Litteris minus instructus, Anon., ad Ammanum, p. 710.

[1242] Galère, ou peut-être son propre entourage, exposa sa vie dans deux combats qu’il eut à soutenir, l’un contre un Sarmate (Anon., p. 710) et l’autre contre un lion monstrueux. Voyez Praxagoras, apud Photium, p. 63. Praxagoras, philosophe athénien, avait écrit une vie de Constantin en deux livres, qui sont maintenant perdus. Il était contemporain de ce prince.

[1243] Zozime, II, p. 78-79. Lactance, de Mort. persec., c. 24. Le premier rapporte une histoire très ridicule : il prétend que Constantin fit couper les jarrets à tous les chevaux dont il s’était servi. Une exécution si sanglante n’aurait point empêché qu’on ne le poursuivît, et elle aurait certainement donné des soupçons qui auraient pu l’arrêter dans son voyage.

Zozime n’est pas le seul qui fasse ce récit ; Victor le jeune le confirme : Ad fustrandos insequentes, publica jumenta quaquà iter àgeret interficiens (t. I, p. 633). Aurelius-Victor, de Cæsaribus, dit la même chose (t. I, p. 623) (Anon. gentl.) (Note de l’Éditeur).

[1244] Anon., p. 710 ; Panebyr. vet., VII, 4. Mais Zozime (II, p. 79), Eusèbe (de Vitâ Constant., I, c. 21) et Lactance (de Mort. persec., c. 24), supposent, avec moins de fondement, qu’il trouva son père au lit de mort.

[1245] Victor le jeune, c. 41. C’est peut-être le premier exemple d’un roi barbare qui ait servi dans l’armée romaine avec un corps indépendant de ses propres sujets. Cet usage devint familier, il finit par être fatal.

[1246] Eumène, son panégyriste (VII, 8), ose assurer, en présence de Constantin, que ce prince donna des éperons à son cheval, et qu’il essaya, mais en vain, d’échapper à ses soldats.

[1247] Lactance, de Mort. persec., c. 25 ; Eumène (VII, 8) décrit toutes ces circonstances en style de rhéteur.

[1248] Il est naturel d’imaginer, et Eumène insinue que Constance, en mourant, nomma Constantine pour son successeur. Ce choix paraît confirmé par l’autorité la plus incontestable, le témoignage réuni de Lactance (de Mort. persec., c. 24) et de Libanius (Orat., I), d’Eusèbe (in Vitâ Constant., I, c. 18, 21 ), et de Julien (Orat., I).

[1249] Des trois sœurs de Constantin, Constantia épousa l’empereur Licinius, Anastasie, le César Bassianus, et Eutropie, le consul Népotien. Ses trois frères étaient Dalmatius , Jules-Constance et Annibalien, dont nous aurons occasion de parler dans la suite.

[1250] Voyez Gruter, Inscript., p. 178. Les six princes sont tous nommés : Dioclétien, et Maximien, comme les plus anciens Augustes et comme pères des empereurs. Ils consacrent conjointement ce magnifique édifice à l’usage de leurs chers Romains. Les architectes ont dessiné les ruines de ces thermes, et les antiquaires, particulièrement Donatus et Nardini, ont déterminé le terrain qu’ils occupaient. Une des grandes salles est maintenant l’église des chartreux ; et même un des logements du portier s’est trouvé assez vaste pour former une autre église qui appartient, aux feuillans.

[1251] Voyez Lactance, de Mort. persec., c. 26, 31.

[1252] Le sixième panégyrique présenté la conduite de Maximien sous le jour le plus favorable ; et l’expression équivoque d’Aurelius Victor, retrectante diù, peut également signifier qu’il trama la conjuration, ou qu’il s’y opposa. Voyez Zozime, II, p. 79, et Lactance, de Mort. persec., c. 26.

[1253] Les circonstances de cette guerre et la mort de Sévère sont rapportées très diversement et d’une manière fort incertaine dans nos anciens fragments (Voyez Tillemont, Hist. des Empereurs, tome IV, part. I, p. 555.) J’ai tâché d’en tirer une narration conséquente et vraisemblable.

[1254] Le sixième panégyrique fut prononcé pour célébrer l’élévation de Constantin ; mais le prudent orateur évite de parler de Galère ou de Maxence. Il ne se permet qu’une légère allusion à la majesté de Rome, et aux troubles qui l’agitent.

[1255] Voyez au sujet de cette négociation, les fragments d’un historien anonyme, que M. de Valois a publiés à la fin de son édition d’Ammien Marcellin, p. 711. Ces fragments nous ont fourni plusieurs anecdotes curieuses, et, à ce qu’il paraît, authentiques.

[1256] Lactance, de Mort. persec., c. 28. La première de ces raisons est probablement prise de Virgile, lorsqu’il fait dire à un de ses bergers :

Illam ego huit nostrœ similem, Melibœe, putavi, etc.

Lactance aime ces illusions poétiques.

[1257] Lactance, de Mort. persec., c. 27 ; Zozime, II, p. 82. Celui-ci fait entendre que Constantin, dans son entrevue avec Maximien, avait promis de déclarer la guerre à Galère.

[1258] M. de Tillemont (Hist. des Empereurs, tome IV, part. I, p. 559) a prouvé que Licinius, sans passer par le rang intermédiaire de César, fut déclaré Auguste le 11 novembre de l’année 307, après que Galère fut revenu de l’Italie.

[1259] Lactance, de Mort. persec., c. 32. Lorsque Galère éleva Licinius à la même dignité que lui, et qu’il le déclara Auguste, il essaya de satisfaire ses jeunes collègues en imaginant pour Constantin et pour Maximin (et non Maxence. Voyez Baluze, p. 81) le nouveau titre de fils des Augustes ; mais Maximin lui apprit qu’il avait déjà été salué Auguste par l’armée ; Galère fut obligé de reconnaître ce prince, aussi bien que Constantin , comme associés égaux à la dignité impériale.

[1260] Voyez Panegyr. vet., VI, 9. Tout le passage est dicté par la flatterie la plus adroite, et exprimé avec une éloquence facile et agréable.

[1261] Lactance, de Mort. persec., c. 28 ; Zozime, II, 82. On fit courir le bruit que Maxence était le fils de quelque Syrien obscur, et que la femme de Maximien avait substitué à son propre enfant. — Voyez Aurelius-Victor, Anon., Val. et Panegyr. vet., IX, 3, 4.

[1262] Eumène, Panegyr. vet., VII, 14.

[1263] Lactance, de Mort. persec., c. 29. Cependant lorsque Maxim eut résigné la pourpre, Constantin lui conserva la pompe et les honneurs de la dignité impériale ; et dans toutes les occasions publiques, il donnait la droite à son beau-père. Panegyr., ver., VII, 15.

[1264] Zozime, II, p. 82 ; Eumène, Panegyr. vet., VII, 16-21. Le dernier de ces auteurs a, sans contredit, exposé toute l’affaire dans le jour le plus favorable à son souverain. Cependant, d’après même sa narration partiale, on peut conclure que la clémence répétée de Constantin et les trahisons réitérées de Maximien, telles qu’elles ont été rapportées par Lactance (de Mort. persec., 29-30), et copiées par les modernes, sont dépourvues de tout fondement historique.       

Cependant quelques auteurs païens les rapportent et y ajoutent foi. Aurelius-Victor dit, en parlant de Maximien : Cumqué specie officii, dolis compositis, Constantinūm generum tentaret, acerbè, jure tamen interierat. (Aurelius-Victor, de Cœsar., t. I, p. 623). Eutrope dit aussi : Indè ad Gallias profectus est (Maximianus) dolo composito, tanquam a filio esses expulsus, ut Constantino genero jungeretur ; moliens tamen Constantinum, repertâ occasione, ïnterficere, pœnas dedit justissimo exitu. Eutrope, t. I, l. X, p. 661. (Anom. gentl.) (Note de l’Éditeur).

[1265] Aurelius-Victor, c. 40. Mais ce lac était dans la Haute-Pannonie, près des confins de la Norique, et la province de Valeria (nom que la femme de Galère donna au pays desséché) était certainement située entre la Drave et le Danube (Sextus-Rufus, c. 9). Je croirais donc que Victor a confondu le lac Pelson avec les marais volocéens, où, comme on les appelle aujourd’hui, le lac Sabaton. Ce lac est au centre de la province de Valeria. Sa longueur est de douze milles de Hongrie, (environ soixante-dix milles anglais), et il peut en avoir deux de large. Voyez Severin.,i Pannonia, I, c. 9.

[1266] Lactance, de Mort. persec., c. 33, Eusèbe (VIII, c. 16), décrivent les symptômes et le progrès de sa maladie avec une exactitude singulière et avec un plaisir manifeste.

[1267] S’il est encore des hommes qui (semblables au docteur Jortin, Remarques sur l’Hist. ecclés., vol. II, p. 307-356) se plaisent à rapporter la mort merveilleuse des persécuteurs, je les exhorte à lire un passage admirable de Grotius (Hist., VII, 332), concernant la dernière maladie de Philippe II, roi d’Espagne.

[1268] Voyez Eusèbe, IX, 6, 10 ; Lactance, de Mort. persec., c. 36. Zozime est moins exact ; il confond évidemment Maximien avec Maximin.

[1269] Voyez le huitième Panégyrique, dans lequel Eumène expose, en présence de Constantin, les calamités et la reconnaissance de la ville d’Autun.

[1270] Eutrope, X, 3 ; Panegyr. vet., VII, 10-12. Un grand nombre de jeunes Francs furent aussi exposés à cette mort cruelle et ignominieuse.

[1271] Julien exclut Maxence du banquet des Césars, et il parle de ce prince avec horreur et avec mépris. Zozime, II, p. 85, l’accuse aussi de toutes sortes de cruautés et de débauches.

[1272] Zozime, II, p. 83-85. — Aurelius-Victor.

[1273] Le passage d’Aurelius-Victor doit être lu de la manière suivante : Primus instituto pessimo, muneruni specie, patres oratoresque pecuniam conferre prodigenti sibi cogeret.

[1274] Panegyr. vet., IX, 3 ; Eusèbe, Hist. ecclés., VIII, 14, et Vie de Constantin, I, 33-34 ; Ruffin, c. 17. Cette vertueuse Romaine, qui se poignarda pour se soustraire à la violence de Maxence, était chrétienne, et femme du préfet de la ville. Elle se nommait Sophronie. Les casuistes n’ont pas encore décidé si dans de pareilles occasions le suicide peut titre justifié.

[1275] Prœtorianis cœdem vulgi quondam annaueret ; telle est l’expression vague d’Aurelius-Victor. Voyez une description plus particulière, quoique différente à certains égards, d’un tumulte et d’un massacre qui eurent lieu à Rome, dans Eusèbe, VIII, c. 14, et dans Zozime, II, p. 84.

[1276] Voyez dans les Panégyriques (IX, 14), une vive peinture de l’indolence et du vain orgueil de Maxence. L’orateur observe, dans un autre endroit, que le tyran, pour enrichir ses satellites, avait prodigué les trésors que Rome avait accumulés dans un espace de mille soixante ans ; redemptis ad civile latrocinium manibus ingesserat.

[1277] Après la victoire de Constantin, on convenait généralement que, quand ce prince n’aurait eu en vue que de délivrer la république d’un tyran abhorré, un pareil motif aurait, en tout temps, justifié son expédition en Italie. Eusèbe, Vie de Constantin, I, c. 26 ; Panegyr. vet., IX, 2.

[1278] Zozime, II, p. 85 ; Nazarius, Paneg., X, 7-13.

[1279] Voyez Panegyr. vet., IX, 2 : Omnibus ferè tuis comitibus et ducibus non solum tacite mussantibus, sed etiam apertè timentibus, contra concilia hominum, contra haruspicum monita, ipse per temet liberandœ urbis tempus venisse sentires. Zonare (XIII) et Cedrenus (in Compend. Hist., p. 270) sont les seuls qui parlent de cette ambassade des Romains ; mais ces Grecs modernes étaient à portée de consulter plusieurs ouvrages qui depuis ont été perdus, et parmi lesquels nous pouvons compter la Vie de Constantin, par Praxagoras. Photius, p. 63, a fait un extrait assez court de cet ouvrage.

[1280] Zozime, II, p. 86, nous donne ces détails curieux sur les forces respectives des deux rivaux : il ne parle point de leurs armées navales. On assure cependant (Panegyr. vet., IX, 25) que la guerre fut portée sur mer aussi bien que sur terre, et que la flotte de Constantin s’empara de la Sardaigne, de la Corse et des ports de l’Italie.

[1281] Panegyr. vet., IX, 3. Il n’est pas surprenant que l’orateur diminue le nombre des troupes avec lesquelles son souverain acheva la conquête de l’Italie ; mais il paraît en quelque sorte singulier qu’il ne fasse pas monter l’armée du tyran à plus de cent mille hommes.

[1282] Les trois principaux passages des Alpes, entre la Gaule et l’Italie, sont ceux du mont Saint-Bernard, du mont Cenis et du mont Genèvre. La tradition, et une ressemblance de noms (Alpes Penninœ) avaient fait croire qu’Annibal avait pris dans sa marche le premier de ces passages (Voy. Simler, de Alpibus). Le chevalier Folard (Polybe, tome IV) et M. d’Anville conduisent le général carthaginois par le mont Genèvre. Mais, malgré l’autorité d’un officier expérimenté et d’un savant géographe, les prétentions du mont Cenis sont soutenues d’une manière spécieuse, pour ne pas dire convaincante, par M. Grosley, Observations sur l’Italie, tome I, p. 40, etc.

[1283] La Brunette, près de Suze, Demont, Exiles, Fenestrelles, Coni, etc.

[1284] Voyez Ammien Marcellin, XV, 10. La description qu’il donne des routes percées à travers les Alpes est claire, agréable et exacte.

[1285] Zozime, ainsi qu’Eusèbe, nous transporte tout à coup du passage des Alpes au combat décisif qui se donna près de Rome. Il faut avoir recours aux panégyriques pour connaître les actions intermédiaires de Constantin.

[1286] Le marquis de Maffei a examiné le siège à la bataille de Vérone avec ce degré d’attention et d’exactitude que méritait de sa part une action mémorable arrivée dans son pays natal ; les fortifications de cette ville, construites par Gallien, étaient moins étendues que ne le sont aujourd’hui les murs, et l’amphithéâtre n’était pas renfermé dans leur enceinte. Voy. Verona illustrata, part. I, p. 142, 150.

[1287] Ils manquaient de chaînes pour un si grand nombre de captifs, et tout le conseil se trouvait dans un grand embarras ; mais, l’ingénieux vainqueur imagina l’heureux expédient d’en forger avec les épées des vaincus. Panegyr. vet., IX, 11.

[1288] Litteras calamitatum suarum indices supprimebat. Panegyr. vet., IX, 15.

[1289] Remedia malorum potiùs quàm mala differebat. Telle est la belle expression dont Tacite se sert pour blâmer l’indolence stupide de Vitellius.

[1290] Le marquis de Maffei a rendu extrêmement probable l’opinion que Constantin était encore à Vérone le 1er septembre de l’année 312, et que l’ère mémorable des indictions a commencé lorsque ce prince se fut emparé de la Gaule cisalpine.

[1291] Voyez, Panegyr. vet., XI, 16 ; Lactance, de Morte persec., c. 44.

[1292] Illo die hostem Romanorum esse periturum. Le prince vaincu devenait immédiatement l’ennemi de Rome.

[1293] Voyez Panegyr. vet., IX, 16 ; X, 27. Le premier de ces orateurs parle avec exagération des amas de blé que Maxence avait tirés de l’Afrique et des île ; et cependant, s’il est vrai qu’il y eût une disette, comme le dit Eusèbe (Vie de Constantin, I, c. 36), il faut que les greniers de l’empereur n’aient été ouverts que pour les soldats.

[1294] Maxentius… tandem orbe in Saxe-Rubra millia ferme novent œgerrimè progressus. Aurelius-Victor. Voyez Celarius, Géogr. antiq., tome I, p. 463. Saxa-Rubra était situé près du Cremera, petit ruisseau devenu célèbre par la valeur et par la mort glorieuse des trois cents Fabius.

[1295] Le poste, que Maxence fit occuper à son armée, dont le Tibre couvrait l’arrière-garde, est décrit avec beaucoup de clarté par les deux panégyristes, IX, 16 – X, 28.

[1296] Exceptis latrocinii illius primis auctoribus ; qui desperatâ locum quem pugnœ sumpserant texere corporibus. Panegyr. vet., IX, 17.

[1297] Il se répandit bientôt un bruit très ridicule : on disait que Maxence , qui n’avait pris aucune précaution pour sa retraite, avait imaginé un piège fort adroit pour détruire l’armée du vainqueur ; mais que le pont de bois, qui devait s’ouvrir à l’approche de Constantin, s’écroula malheureusement sous le poids des fuyards italiens. M de Tillemont (Hist. des Emp., t. IV, part. I, p. 576) examine très sérieusement si, malgré l’absurdité de cette opinion, le témoignage de Zozime et d’Eusèbe doit l’emporter sur le silence de Lactance, de Nazarius et de l’auteur anonyme, mais contemporain, qui a composé le neuvième panégyrique.

[1298] Zozime (II, p. 86-88), et les deux panégyriques, dont le premier fait prononcé peu de mois après, donnent l’idée la plus claire de cette grande bataille. Lactance, Eusèbe, et même les Epitomés, fournissent quelques détails utiles.

[1299] Zozime, l’ennemi de Constantin, convient (II, p. 88) qu’un petit nombre seulement des amis de Maxence furent mis à mort ; mais nous pouvons remarquer le passage expressif de Nazarius (Panegyr. vet., X, 6), omnibus qui labefactare statum ejus poterant cura stirpe deletis. L’autre orateur (Panegyr. vet., II, 20-21) se contente d’observer que Constantin, lorsqu’il entra dans Rome, n’imita point les cruels massacres de Cinna, de Marius ou de Sylla.

[1300] Voyez les deux Panégyriques, et dans le Code Théodosien les lois des années 312 et 313.

[1301] Panegyr. vet., IX, 20. Lactance, de Morte persec., 44. Maximin, qui était incontestablement le plus ancien des Césars, prétendait, avec quelque apparence de raison au premier rang parmi les Augustes.

[1302] Adhuc cuncta opera quœ magnifice construxerat, urbis fanum, atque basilicam, Flavii meritis patres sacravêre. Aurelius-Victor. A l’égard de ce ‘vol des trophées de Trajan, voyez Flaminius Vacca, apud Montfaucon, Diarium italicum, p. 250, et l’Antiquité expliquée, tome IV, p. 171.

[1303] Pretoriœ legiones ac subsidia factionibus aptiora quàm urbi Romœ, sublata penitus ; simul arma atque usus indumenti militaris. Aurelius-Victor. Zozime (II, p. 89) parle de ce fait en historien ; et il est très pompeusement célébré dans le neuvième panégyrique.

[1304] Ex omnibus provinciis optimates viros curiœ tuœ pigneraveris ; ut senatûs dignitas…. ex totius orbis, flore consisteret. Nazarius, Panegyr. vet., X, 35. Le mot pigneraveris pourrait presque paraître avoir été malignement choisi. Au sujet de l’impôt sur les sénateurs, voyez Zozime (II, p. 115), le second titre du sixième livre du Code Théodosien, avec le commentaire de Geoffroy, et les Mémoires de l’Académie des Inscriptions, tome XXVIII, p. 726.

[1305] Le Code Théodosien commence maintenant à nous faire connaître les voyages des empereurs ; mais les dates des lieux et des temps ont été souvent altérées par la négligence des copistes.

[1306] Zozime (II, p. 89) observe que Constantin avait promis, avant la guerre, sa sœur à Licinius. Selon Victor le jeune, Dioclétien fut invité aux noces ; mais ce prince s’étant excusé sur son âge et sur ses infirmités, reçut une seconde lettre où on lui reprochait sa partialité prétendue pour Maxence et pour Maximin.

[1307] Zozime rapporte la défaite et la mort de Maximin comme des événements naturels ; mais Lactance (de Morte persecut., c. 45-50) les attribue à l’interposition miraculeuse du ciel ; et il s’étend beaucoup sur ce sujet. Licinius était alors un des protecteurs de l’Église.

[1308] Lactance, de Morte persec., c. 50. Aurelius-Victor remarque, en passant, la différence avec laquelle Licinius et Constantin usèrent de la victoire.

[1309] Maximin satisfaisait ses appétits sensuels aux dépens de ses sujets ; ses eunuques, qui enlevaient les femmes et les vierges, examinaient avec une curiosité scrupuleuse leurs charmes les plus secrets, de peur que quelque partie de leur corps ne fût pas trouvée digne des embrassements du prince. La réserve et le dédain étaient regardés comme des crimes de trahison, et le tyran faisant noyer celles qui refusaient de se rendre à ses désirs. Il avait introduit insensiblement cette coutume, que personne ne se mariât sans la permission de l’empereur, ut ipse in omnibus nuptiis prœgustator esset. Lactance, de Morte persec., c. 38.

[1310] Lactance, de Morte persec., c. 39.

[1311] Enfin Dioclétien envoya cognatum suum, quemdam militarem ac potentem virum, pour intercéder en faveur de sa fille (Lactance, de Morte persec., c. 41). Nous ne connaissons point assez l’histoire de ce temps pour nommer la personne qui fut employée.

[1312] Valeria quoque per varias provincias quindecìm mensibus plebeio cultu pervagata. Lactance, de Morte persec., c. 51 On ne sait si les quinze mois doivent être comptés dL moment de son exil ou de celui de son évasion. L’expression de pervàgata semble nous déterminer pour le dernier sens. Mais alors il faudrait supposer que le traité de Lactance a été composé après la première guerre civile entre Licinius et Constantin. Voyez Cuper, p. 254.

[1313] Ita illis pudicitia et conditio exitio fuit (Lactance, de Morte persec., 51). Il rapporte les malheurs de la femme et de la fille de Dioclétien, si injustement maltraitées, avec un mélange bien naturel de pitié et de satisfaction.

[1314] Le lecteur qui aura la curiosité de consulter le fragment de Valois, p. 713, m’accusera peut-être d’en avoir donné une paraphrase hardie et trop libre ; mais en l’examinant avec attention, il reconnaîtra que mon interprétation est à la fois probable et conséquente.

[1315] La position d’Æmone, aujourd’hui Laybach, dans la Carniole (d’Anville, Géogr. anc., tome I, p. 187) peut fournir une conjecture. Comme elle est située au nord-est des Alpes juliennes, une place si importante devint naturellement un objet de dispute entre le souverain de l’Italie et celui de l’Illyrie.

[1316] Cibalis ou Cibalæ (dont le nom est encore conservé dans les ruines obscures de Swilei) était à cinquante milles environ de Sirmium, capitale de l’Illyrie, et à cent milles de Taurunum, ou Belgrade, ville située au confluent de la Save et du Danube. On trouvé dans les Mémoires de l’Académie des Belles-Lettres (tome XXVIII) un excellent mémoire de M. d’Anville, où il fait très bien connaître les villes et les garnisons que les Romains avaient sur ces deux fleuves.

[1317] Zozime (II, p. 90-91) donne un détail très circonstancié de cette bataille ; mais les descriptions de Zozime sont plutôt d’un rhéteur que d’un militaire.

[1318] Zozime, II, p. 92-93 ; l’anonyme de Valois, p. 713. Les Epitomés fournissent quelques faits ; mais ils confondent souvent les deux guerres entre Licinius et Constantin.

[1319] Pierre Patrice, Excerp. legat., p. 27. Si l’on pense que γαμβρος signifie plutôt gendre que parent, on peut conjecturer que Constantin, prenant le nom de père et en remplissant les devoirs, avait adopté ses frères et soeurs, enfants de Théodora. Mais, dans les meilleurs écrivains, γαμβρος signifie tantôt un mari, tantôt un beau-père, et quelquefois un parent en général. Voyez Spanheim, Observat. ad Julian. orat., I, p. 72.

[1320] Zozime, II, p. 93 ; l’anonyme de Valois, p. 713 ; Eutrope, X, 5 ; Aurelius-Victor ; Eusèbe, in Chron. ; Sozomène, I, c. 2. Quatre de ces écrivains assurent que la promotion des césars fut un des articles du traité. Il est cependant certain que le jeune Constantin et le fils de Licinius n’étaient pas encore nés, et il est très vraisemblable que la promotion se fit le 1er mars de l’année 317. Il avait probablement été stipulé dans le traité que l’empereur d’Occident pourrait créer deux Césars, et l’empereur d’Orient un seulement ; mais chacun d’eux se réservait le choix des personnes.

[1321] Cette explication me paraît peu vraisemblable : Godefroy a formé une conjecture plus heureuse, et appuyée sur toutes les circonstances historiques dont cet édit fut environné. Il fut rendu, le 12 mai de l’an 315 à Naissus, lieu de la naissance de Constantin, en Pannonie. Le 8 octobre de cette année, Constantin gagna la bataille de Cibalis contre Licinius. Il était encore dans l’incertitude sur le sort de ses armes : les chrétiens, qu’il favorisait, lui avaient, sans doute prédit la victoire. Lactance, alors précepteur de Crispus, venait d’écrire son ouvrage sur le christianisme (Libros, divinarum institutionum) ; il l’avait dédié à Constantin : il s’y était élevé avec une grande force contre l’infanticide et l’exposition des enfants, (Div. inst., 6, c. 20). N’est-il pas vraisemblable que Constantin avait lu cet ouvrage, qu’il en avait causé avec Lactance, qu’il fut touché, entre autres choses, du passage que je viens d’indiquer, et que, dans le premier mouvement de son enthousiasme, il rendit l’édit dont nous parlons ? Tout porte dans cet édit le caractère de la précipitation, de l’entraînement, plutôt que d’une délibération réfléchie ; l’étendue des promesses, l’indétermination des moyens, celle des conditions du temps pendant lequel les parents auront droit aux secours de l’État. N’y a-t-il pas lieu de croire que l’humanité de Constantin fut excitée par l’influence de Lactance et par celle des principes du christianisme et des chrétiens eux-mêmes, déjà fort en crédit auprès de l’empereur, plutôt que par quelques exemples frappants de désespoir ? Cette supposition est d’autant plus gratuite, que de pareils exemples ne pouvaient être nouveaux, et que Constantin, alors éloigné de l’Italie, ne pouvait que difficilement en être frappé. Voyez Hegewisch, Essai historique sur les finances romaines, p. 378.

L’édit pour l’Afrique ne fut rendu qu’en 322 : c’est de celui-ci qu’on peut dire avec vérité, que le malheur des temps en fut l’occasion. L’Afrique avait beaucoup souffert de la cruauté de Maxence : Constantin dit positivement qu’il a appris que des parents, pressés par la misère, y vendaient leurs enfants. L’ordonnance est plus précise, plus mûrement réfléchie que la précédente ; le secours à donner aux parents et la source où il doit être puisé y sont déterminés (Code Théod., XI, tit. 27, 2.). Si l’utilité directe de ces lois ne put être fort étendue, elles eurent du moins le grand et heureux résultat d’établir une opposition décisive entre les principes du gouvernement et ceux qui avaient régné jusqu’alors parmi les sujets. (Note de l’Editeur).

[1322] Code Théodosien, XI, titre 27, tome IV, p. 188, avec les observations de Godefroy. Voyez aussi V, tit. 7-8.

[1323] Omnia foris placita, domi prospera, annoncœ ubertate, fructuum copiâ, etc. (Panegyr. vet., X, 38). Ce discours de Nazarius fut prononcé le jour des quinquennales des Césars, le 1er mars de l’année 321.

[1324] Voyez l’édit de Constantin adressé au peuple de Rome, dans le Code Théodosien, IX, titre 24, t. III, p. 189.

[1325] Son fils assigne de bonne foi la véritable raison qui a fait modifier cette loi : Ne sub specie atrocioris judicii aliqua in ulciscendo crimine dilatio nasceretur. Code Théod., t. III, p, 193.

[1326] Eusèbe (Vie de Constantin, III, 1) ne craint pas d’assurer que, sous le règne de son héros, l’épée de la justice resta oisive entre les mains des magistrats. Eusèbe, lui-même (IV, c. 29, 54), et le Code Théodosien nous apprennent que l’on ne fut redevable de cette douceur excessive, ni au manque de crimes atroces, ni au défaut de lois pénales.

[1327] Nazarius, Panegyr. vet., X. Quelques médailles représentent la victoire de Crispus sur les Allemands.

[1328] Aujourd’hui Bude la vieille, en Hongrie , Kastolatz et Biddin ou Viddin , dans la Mœsie, sur le Danube (Note de l’Éditeur).

[1329] Voyez Zozime (II, p. 93-94), quoique la narration de cet historien ne soit ni claire ni conséquente. Le panégyrique d’Optacien (c. 23) parle d’une alliance des Sarmates avec les Carpiens et les Gètes, et il désigne les différents champs de bataille. On suppose que les jeux sarmates, célébrés dans le mois de novembre, tiraient leur origine du succès de cette guerre.

[1330] Dans les Césars de Julien (p. 329., comment. de Spanheim, p. 252), Constantin se vante d’avoir réuni à l’empire la province (la Dacie) que Trajan avait subjuguée ; mais Silène donne à entendre que les lauriers de Constantin ressemblaient aux jardins d’Adonis, qui se fanent et se flétrissent presque au moment où ils se montrent.

[1331] Jornandès, de Rebus geticis, c. 21. Je ne sais s’il est possible de s’en rapporter entièrement à cet écrivain : une pareille alliance a un air bien moderne ; et ne s’accorde guère avec les maximes adoptées dans le commencement du quatrième siècle.

[1332] Eusèbe, Vie de Constantin, X, 18. Au reste, ce passage est pris d’une déclamation générale sur la grandeur de Constantin, et il n’est point tiré d’une histoire particulière de la guerre de ce prince avec les Goths.

[1333] Constantinus tamen, vir ingens, et omnia efficere nitens quœ anima prœparasset, simul principatum totius orbis affectans, Licinio bellum intulit. Eutrope, X, 5 ; Zozime, II, p. 89. Les raisons qu’ils ont assignées pour la première guerre civile peuvent s’appliquer avec plus de justesse à la seconde.

[1334] Constantin avait beaucoup d’égard aux privilèges et au bien être de ses compagnons vétérans (conveterani), comme il commençait alors à les appeler. Voyez le Code Théodosien, VII, titre 20, tome II, p, 419, 429.

[1335] Dans le temps que les Athéniens possédaient l’empire de la mer, leur flotte consistait en trois cents galères à trois rangs de ramés, et dans la suite en quatre cents, toutes ,complètement armées et en état de servir sur-le-champ. L’arsenal du Pirée avait coûté à la république mille talents (environ deux cent seize mille lires sterling). Voy. Thucydide, de Bello Pelopon., II, 13, et Meursius, de Fortunâ attiquâ, 19.

[1336] Zozime, II, p. 95-96. Cette grande bataille est décrite dans le fragment de Valois (p. 714) d’une manière claire, quoique concise. Licinius vero circunt Hadrianopolin maximo exercitu latera ardui montis impleverat : illuc toto agmine Constantinus inflexit. Cum bellum terrâ marique traheretur, quamvis per arduum suis nitentibus, attamen disciplinâ militari et felicitate, Constantinus Licinii confusum et sine ordine agentem vicit exercitum ; leviter femore sauciatus.

[1337] Zozime, XI, p. 97-98. Le courant sort toujours de l’Hellespont ; et lorsque le vent du nord souffle, aucun vaisseau ne peut tenter le passage : un vent du midi rend la force du courant presque imperceptible. Voyez le Voyage de Tournefort au Levant, lettre XII.

[1338] Aurelius-Victor ; Zozime, II, p. 98. Selon ce denier historien, Martinianus était magister officiorum (il se sert en grec de ces deux mots latins) ; quelques médailles semblent indiquer que, pendant le peu de temps qu’il régna, il reçut le titre d’Auguste.

[1339] Eusèbe (Vie de Constantine, II, c. 16-17) attribue cette victoire décisive aux ferventes prières de l’empereur. Le fragment de Valois (p. 714) parle d’un corps de Goths auxiliaires, commandés par leur chef Aliquaca, qui combattirent pour le parti de Licinius.

[1340] Zozime, II, p. 102 ; Victor le jeune, in. Epitom. ; l’anonyme de Valois, p. 714.

[1341] Contra religionem sacramenti Thessalonicœ privatus occisus est. Eutrope, X, 6 ; et son témoignage est confirmé par saint Jérôme (in Chron.) aussi bien que par Zozime, II, p. 102. Il n’y a que l’anonyme de Valois qui parle des soldats, et Zonare est le seul qui ait recours à l’assistance du sénat. Eusèbe glisse prudemment sur ce fait délicat ; mais un siècle après, Sozomène ose soutenir que Licinius fut coupable de trahison.

[1342] Voyez le Code Théodosien, XV, tit. 15, tome v, p. 404, 405. Ces édits de Constantin décèlent un degré de passion et de précipitation indigne du caractère d’un législateur.

[1343] Cette facilité n’a pas toujours empêché l’intolérance, qui semble inhérente à l’esprit religieux lorsqu’il a l’autorité en main. La séparation de la puissance ecclésiastique et de la puissance civile paraît être le seul moyen de maintenir à la fois et la religion et la tolérance ; mais cette idée est très moderne. Les passions, qui se mêlent aux opinions, rendirent souvent les païens intolérants ou persécuteurs ; témoin les Perses, les Égyptiens, les Grecs et les Romains même.

Les Perses. Cambyse, vainqueur des Egyptiens, condamna à mort les magistrats de Memphis, parce qu’ils avaient rendu des honneurs à leur dieu Apis : il se fit amener le dieu, le frappa de son poignard, fit battre les prêtres de verges, et ordonna qu’on fît main basse sur tous les Égyptiens que l’on trouverait célébrant la fête d’Apis : il fit brûler les statues de tous les dieux. Non content de cette intolérance envoya une armée pour réduire en esclavage les Ammoniens, et mettre le feu au temple où Jupiter rendait ses oracles. Voyez Hérodote, III, c. 25 , 27-29, 37 ; trad. de M. Larcher, tome 3, p. 22 , 24, 25 , 33. — Xerxès, lors de son invasion dans la Grèce agit d’après les mêmes principes : il démolit tous les temples de la Grèce et de l’Ionie, à l’exception de celui d’Ephèse. Voyez Pausanias , VII, p. 533 et X, p. 887 ; Strabon, XIV, p. 941.

Les Égyptiens. Ils se croyaient souillés lorsqu’ils avaient bu dans la même coupe ou mangé à la même table qu’un homme d’une croyance différente de la leur. Celui qui a tué volontairement quelque animal consacré, est puni de mort ; mais, si quelqu’un a tué, même involontairement, un chat ou un ibis, il ne peut éviter le dernier supplice ; le peuple l’y traîne, et le traite d’une manière cruelle, et quelquefois sans attendre qu’il y ait eu un jugement rendu… Dans le temps même que le roi Ptolémée n’était point encore l’ami déclaré du peuple romain, qu’ils faisaient leur cour avec tout le soin possible aux étrangers qui, venaient d’Italie…, un Romain ayant tué un chat, le peuple accourut à sa maison, et ni les prières des grands que le roi leur envoya, ni la terreur du nom romain, ne furent assez fortes pour arracher cet homme au supplice, quoiqu’il eût fait cette action involontairement. Diodore de Sicile, I, 83. — Juvénal, dans la satire 15, décrit le combat sanglant que se livrèrent les Ombes et les Tentyrites, par haine religieuse. La fureur y fut portée au point que les vainqueurs y déchirèrent et dévorèrent les membres palpitants des vaincus.

Arclet adhuc Ombos et Tentyra summus utrinque

Indè furor vulgo, quod numina vicinorum

Odit uterque locus ; quum solos credat habendos

Esse deos quos ipse colis. Sat. XV, v. 35.

Les Grecs. Ne citons point ici, dit l’abbé Guenée, les villes du Péloponnèse et, leur sévérité contre l’athéisme ; les Éphésiens poursuivant Héraclite comme impie ; les Grecs armés les uns contre les autres par le zèle de religion dans la guerre des amphictyons. Ne parlons ni des affreuses cruautés que trois successeurs d’Alexandre exercèrent contre les Juifs, pour les forcer d’abandonner leur culte ; ni d’Antiochus chassant les philosophes de ses États, etc., etc. Ne cherchons point des preuves d’intolérance si loin Athènes, la polie et savante Athènes nous en fournira assez de preuves. Tout citoyen y faisait un serment public et solennel de se conformer à la religion du pays, de la défendre et de la faire respecter. Une loi expresse y punissait sévèrement tout discours contre les dieux, et un décret rigoureux ordonnait de dénoncer quiconque oserait nier leur existence. — La pratique y répondait à la sévérité de la législation. Les procédures commencées contre Protagore, la tête de Diagore mise à prix, le danger d’Alcibiade, Aristote obligé de fuir, Stilpon banni, Anaxagore échappant avec peine à la mort, Périclès lui-même, après tant de services rendus à sa patrie, et tant de gloire acquise, contraint de paraître devant les tribunaux et de s’y défendre… ; une prêtresse exécutée pour avoir introduit des dieux étrangers ; Socrate condamné et buvant la ciguë, parce qu’on lui reprochait de ne point reconnaître ceux du pays, etc. : ces faits attestent trop hautement l’intolérance sur le culte, même chez le peuple le plus humain et le plus éclairé de la Grèce, pour qu’on puisse la révoquer en doute. Lettres de quelques Juifs portugais à M. de Voltaire, t. 1, p. 273.

Les Romains. Les lois de Rome n’étaient ni moins expresses ni moins sévères. L’intolérance des cultes étrangers remontait, chez les Romains, jusqu’aux lois des Douze Tables ; les défenses furent renouvelées depuis à plusieurs reprises. L’intolérance ne discontinua point sous les empereurs ; témoin les conseils de Mécène à Auguste : (Ces conseils sont si remarquables, que je crois devoir les insérer en entier.) Honorez vous-même, dit Mécène à Auguste, honorez soigneusement les dieux selon les usages de nos pères, et forcez (αναγxαζε) les autres à les honorer. Haïssez et punissez les fauteurs des religions étrangères (τους δε δη ξενίζοντας…… μισει xαι xοαλζε), non seulement à cause des dieux (qui les méprise, ne respecte personne) ; mais parce que ceux qui introduisent des dieux nouveaux, engagent une foule de gens à suivre des lois étrangères ; et que de là naissent des unions par serment, des ligues, des associations, choses dangereuses dans une monarchie. Voyez Dion Cassius, LII, c. 36, p. 689.

Les lois même que les philosophes d’Athènes et de Rome écrivirent pour des républiques imaginaires sont intolérantes. Platon ne laisse pas aux citoyens la liberté du culte, et Cicéron leur défend expressément d’avoir d’autres dieux que ceux de l’Etat. Lettres de quelques Juifs portugais à M. de Voltaire, tome 1, p. 279. (Note de l’Editeur)

[1344] Dùm Assyrios penes Medosque et Persas Oriens fuit, despectissima pars servientium. Tacite, Hist., V, 8.

Hérodote, qui visita l’Asie lorsqu’elle obéissait au dernier de ces peuples, parle en peu de mots des Syriens de la Palestine, qui, selon leur propre aveu, avaient tiré de l’Égypte la pratique de la circoncision.

[1345] Diodore de Sicile, XL ; Dion Cassius, XXXVII, p. 121 ; Tacite, Hist., V, 1-9 ; Justin, XXXVI, 2, 3.

[1346] Tradidit arcano quæcumque volumine Moses.

Non monstrare vias eadem nisi sacra colenti

Quœsitune ad fontem solos deducere verpas.

On ne trouve point précisément cette loi dans ce que nous avons des ouvrages de Moïse ; mais le sage, l’humain Maimonide, enseigne ouvertement que si un idolâtre tombe dans l’eau, un Juif ne doit point l’empêcher de mourir. Voyez Basnage., Histoire des Juifs, livre VI, c. 28.

[1347] Il parut, pendant quelque temps parmi eux, une secte dans laquelle en pouvait remarquer une forte de conformité entre les dogmes des deux religions. Ces Juifs furent appelés Hérodiens, du nom d’Hérode, dont l’autorité et l’exemple les avaient entraînés ; mais leur nombre était si peu considérable, et la d’urée de cette secte fut si courte, que Josèphe ne l’a pas jugée digne de son attention. Voyez Prideaux, vol. II , p. 285.

[1348] Cicéron, pro Flacco, c. 23.

[1349] Philon, de Legatione. Auguste fonda un sacrifice perpétuel. Il approuva cependant le peu d’égards que Caïus, son petit-fils, marqua pour le temple de Jérusalem. Voyez Suétone, Vie d’Auguste, c. 93, et les notes de Casaubon sur ce passage.

[1350] Voyez en particulier Josèphe, Antiq., XVII, 6 ; XVIII, 6, et de Bello judaico, I, 33, et II, 9.

[1351] Jussi à Caio Cœsare effigiem ejus in templo loccare, arma potiùs sumpsere (Tacite, Hist., V, 9). Philon et Josèphe donnent avec beaucoup de détail, mais en style de rhéteur, le récit de ce fait, qui embarrassa extrêmement le gouverneur de la Syrie. La première fois que l’on fit cette proposition idolâtre, le roi Agrippa se trouva mal, et il ne revint de son évanouissement que le troisième jour.

[1352] Au sujet de l’énumération des divinités syriennes et arabes ; on peut observer que Milton a renfermé dans cent trente vers d’une grande beauté les deux traités considérables et remplis d’érudition que Selden a composés sur cette matière obscure.

[1353] Usquequo detrahet mihi populus iste ? quousque non credent mihi, in omnibus signis quœ feci coram eis ? (Nombres, c. 14, v. 11). Il serait facile, mais il serait peu convenable, de justifier par le récit de Moïse, les reproches de la Divinité.

[1354] Tout ce qui a rapport aux prosélytes juifs a été traité avec beaucoup d’habileté par Basnabe , Hist. des Juifs, VI, c. 6-7.

[1355] Voyez Exode, XXIV, 23 ; Deutéronome, XVI, 16 ; les commentateurs, et une note très remarquable dans l’Histoire universelle, vol. 1, p. 603, édition in folio.

[1356] Lorsque Pompée, abusant du droit de conquête, entra dans le Saint des Saints, on observa avec étonnement, nulla intus deûm effigie, vacuam sedem et inania arcana. (Tacite, Hist., V, 9). C’était un dicton populaire, en parlant des Juifs, que : Nil prœter nubes et cœli numen adorans.

[1357] Un prosélyte samaritain ou égyptien était obligé de subir une seconde espèce de circoncision. On peut voir dans Basnage (Hist. des Juifs, VI, c. 6) l’indifférence opiniâtre des talmudistes, au sujet de la conversion des étrangers.

[1358] Ces arguments sont présentés avec beaucoup de sagacité par le Juif Orobio ; et réfutés avec la même sagacité et avec candeur par le chrétien Limborch. Voyez Amica Collatio (ouvrage qui mérite bien ce nom), ou relation de la dispute qui s’éleva entre eux.

[1359] Jesus …… circumcisus erat ; cibis utebatur judaicis, vestitu simili ; purgatos scabie mittebat ad sacerdotes ; pachata et alios dies festos religiosè observabat ; si quos sanavit sabbato, ostendit non tantum ex lege, sed et excerptis sententiis, talia opera sabbato non interdicta. Grotius, de Verit. rel. Christ., V, c. 7. Peu après, (c. 12), il s’étend sur la condescendance des apôtres.

[1360] Pœnè omnes Christum Deum sub legis observatione credebant. Sulpice-Sévère, II, 3 1. Voyez Eusèbe, Hist. ecclésiastique, t. IV, c. 5.

[1361] Mosheim, de Rebus christianis ante Constantinum magnum, p. 153. Dans cet excellent ouvrage que j’aurai souvent occasion de citer, il traite de l’état de l’Église primitive avec bien plus d’étendue qu’il n’a été à portée de le faire dans son histoire générale.

[1362] Eusèbe, III, c. 6. Le Clerc, Hist. ecclésiastique, p. 605. Durant cette absence momentanée, l’évêque et l’Eglise de Pella retinrent toujours le titre de Jérusalem. C’est ainsi que les pontifes romains résidèrent pendant soixante-dix ans à Avignon, et que les patriarches d’Alexandrie ont transféré depuis longtemps leur siége épiscopal au Caire.

[1363] Dion Cassius, LXXIX. Ariston de Pella (apud Eusèbe, IV, c. 6) atteste que l’on interdit aux Juifs l’entrée de Jérusalem. Il en est parlé dans plusieurs écrivains ecclésiastiques. Quelques-uns d’entre eux cependant se sont trop empressés d’étendre cette défense à tout le pays de la Palestine.

[1364] Marcus était un prélat grec. Voyez Dœderlein, Comment. de ebionœis, p. 10 (Note de l’Éditeur).

[1365] Eusèbe, IV, c. 6 ; Sulpice-Sévère, II, 31. En comparant les narrations peu satisfaisantes de ces deux auteurs, Mosheim (p. 327, etc.) a donné un exposé clair des circonstances et des motifs de cette révolution.

[1366] Le Clerc (Hist. ecclésiastique, p. 477, 535) paraît avoir tiré d’Eusèbe, de saint Jérôme, de saint Epiphane et de quelques autres écrivains, toutes les circonstances principales qui ont rapport aux nazaréens ou ébionites. La nature de leurs opinions les divisa bientôt en deux sectes l’une plus rigide, l’autre plus douce. Il y a quelques raisons de conjecturer que les parents de Jésus-Christ restèrent attachés, au moins comme membres, à ce dernier parti, qui était le plus modéré.

[1367] Quelques écrivains se soit plu à créer un Ébion, auteur imaginaire du nom et de la secte des ébonites. Mais nous pouvons bien plus compter sur le savant Eusèbe que sur le véhément Tertullien, ou sur le crédule Épiphane. Selon Le Clerc, le mot hébreu ebjonim peut être traduit en latin par celui de pauperes. Voyez Hist. ecclésiastique, p. 477.

[1368] La dénomination d’ébionites est plus ancienne. Les premiers chrétiens de Jérusalem avaient été appelés ébionites à cause de la pauvreté à laquelle les avait réduits leur bienfaisance. (Voyez Actes des Apôtres, 4, 34 ; 11, 30 ; Épître aux Galates, 2, 10 ; — aux Romains, 15, 26). Ce nom resta à ceux des Juifs chrétiens qui persistèrent dans leurs opinions, judaïsantes, et demeurèrent à Pella : ils furent accusés, dans la suite, de nier la divinité de Jésus-Christ, et, comme tels, exclus de l’Eglise. Les sociniens, qui, plus récemment, niaient ce dogme, s’appuyèrent de l’exemple des ébionites pour montrer que les premiers chrétiens n’avaient pas à ce sujet d’autre opinion que la leur. Artémon entre autres  développa cet argument dans toute sa force ; Dœderlein et d’autres théologiens modernes se sont appliqués a prouver que les ébionites étaient faussement inculpés cet égard. Commentarius de ebionœis, 1770, § 1-8 (Note de l’Editeur).

[1369] Saint Justin le martyr fait une distinction, importante, que Gibbon a négligé de rappeler. Les premiers Juifs chrétiens avaient été nommés ébionites, et s’étaient retirés à Pella ; ceux que l’évêque Marcus engagea à abandonner, du moins en partie, la loi mosaïque et à revenir à Jérusalem, s’appelèrent nazaréens ; ceux qui persistèrent dans leur judaïsme conservèrent le nom d’ébionites. Ceux-ci sont les seuls que saint Justin le martyr repousse de l’Eglise et blâme avec une grande sévérité ; il montre plus d’indulgence pour les nazaréens, qui, tout en observant encore à plusieurs égards la loi de Moïse, n’obligeaient pas les païens convertis à la suivre ; tandis que les ébionites proprement dits voulaient les y contraindre : cette différence paraît avoir été la principale qui existât entre les opinions de ces deux sectes. Voyez Dœderl. précité, p. 25 (Note de l’Editeur).

[1370] Voyez le curieux dialogue de saint Justin martyr avec le Juif Tryphon. La conférence qu’ils eurent ensemble se tint à Ephèse sous le règne d’Antonin le Pieux,  vingt ans environ après le retour de l’Eglise de Pella dans la ville de Jérusalem. Consultez, pour cette date, la note de l’exact Tillemont, Mém. ecclésiast., tome II, p. 51.

[1371] De tous les systèmes de christianisme, celui de l’Abyssinie est le seul qui tienne encore aux rites mosaïques (Gedde, Histoire de l’Église d’Éthiopie; et dissertations de Le Grand sur la relation du P. Lobo). L’eunuque de la reine Candace peut faire naître quelques soupçons ; mais comme on nous assure (Socrate, I, 19 ; Sozomène, II, 24 ; Ludolphe, p. 28i1) que les Éthiopiens ne furent convertis que dans le quatrième siècle, il est plus raisonnable de croire qu’ils observaient le sabbat, et qu’ils avaient aussi des mets défendus, en imitation des Juifs, qui, dans un temps très reculé, étaient établis des deux côtés de la Mer Rouge. Les plus anciens Éthiopiens ont pratiqué la circoncision par des motifs de santé et de propreté, qui semblent, expliqués, dans les Recherches philosophiques sur les Américains, t. II, p. 117.

[1372] Beausobre (Histoire du Manichéisme, I, 3) a rendu compte, avec la plus savante impartialité, de leurs objections, et particulièrement de celles de Faustus, l’adversaire de saint Augustin.

[1373] Apud ipsos fides obstinata, misericordia in promptu : adversus omnes alios hostile odium. Tacite, Hist., V, 4. Certainement Tacite a vu les Juifs d’un œil trop favorable. La lecture de Josèphe aurait pu détruire l’antithèse.

[1374] Le docteur Burnet (Archœologia, II, c. 7) a discuté les premiers chapitres de la Genèse d’un ton trop piquant et avec trop de liberté.

[1375] Les plus modérés d’entre les gnostiques considéraient Jéhovah, le Créateur comme un être d’une nature mixte entre Dieu et le démon. D’autres, le confondaient avec le mauvais principe. Voyez le second siècle de l’histoire générale de Mosheim. Cet auteur expose d’une manière distincte, quoique concise, les opinions étranges qu’ils s’étaient formées sur ce sujet.

[1376] Voyez Beausobre, Hist. du Manichéisme, I, c. 4. Origène et saint Augustin étaient du nombre des allégoristes.

[1377] L’assertion  d’Hégésippe n’est pas si positive : il suffit de lire le passage entier tel qu’il est dans Eusèbe, pour voir comment la première partie est modifiée par la dernière. Hégésippe ajoute que jusqu’à cette époque, l’Église était restée pure et intacte comme une vierge. Ceux qui s’efforçaient de dénaturer les dogmes de l’Évangile ne travaillaient encore que dans l’obscurité. Eusèbe, III, c. 32, p. 84 (Note de l’Éditeur).

[1378] Hégésippe, apud Eusèbe, III, 32 ; IV, 22. ; Clément d’Alexandrie, Stromat., VII, 17.

[1379] En peignant les gnostiques de second et du troisième siècle, Mosheim est ingénieux et de bonne foi ; Le Clerc, un peu lourd, mais exact ; Beausobre est presque toujours un apologiste ; il est bien à craindre que les premiers pères de l’Église ne soient très souvent des calomniateurs.

[1380] Voyez les catalogues de saint Irénée et de saint Epiphane. Il faut avouer aussi que ces écrivains étaient portés à multiplier le nombre des sectes qui s’opposaient à l’unité de l’Église.

[1381] Eusèbe, IV, c. 15. Voyez dans Bayle, à l’article Marcion, un détail curieux d’une dispute sur ce sujet. Il semblerait que quelques-uns des gnostiques (les basilidiens) évitaient et même refusaient l’honneur du martyre. Leurs raisons étaient singulières et abstruses. Voyez Mosheim, p. 359.

[1382] Voyez un passage très remarquable d’Origène (proem. ad Lucan). Cet infatigable écrivain, qui avait passé sa vie dans l’étude de l’Écriture sainte, en appuie l’authenticité sur l’autorité inspirée de l’Église. Il était impossible que les gnostiques pussent recevoir les Évangiles que nous avons maintenant, et dont plusieurs passages (particulièrement la résurrection de Jésus-Christ) attaquent directement leurs dogmes favoris, et sembleraient avoir été dirigés contre eux à dessein. Il est donc, en quelque sorte, singulier que saint Ignace (Epist. ad Smyrn. Patr. Apostol., tome II, p. 34) ait préféré d’employer une tradition vague et douteuse,  au lieu d’avoir recours au témoignage certain des évangélistes.

L’évêque Pearson a tenté assez heureusement d’expliquer cette singularité. Les premiers chrétiens connaissaient une foule de mots de Jésus-Christ qui ne sont point rapportés dans nos évangiles, et n’ont même jamais été écrits. Pourquoi saint Ignace, qui avait vécu avec les apôtres ou leurs disciples, ne pouvait-il pas répéter en d’autres paroles ce que raconte saint Luc, surtout, dans un moment où il n’avait peut-être pas les évangiles sous la main, étant déjà en prison ? Voy. Pearson, Vindic. ignatianœ, part. II, c. 9, p. 396, in tom. II ; Patr. apostol. ed. Coteler. Ctericus, 1724. Voyez aussi Davis’s reply, etc., p. 31 (Note de l’Éditeur).

[1383] Habent apes favos ; habent ecclesias et marcionitœ. Telle est l’expression forte de Tertullien, que je suis obligé de citer de mémoire. Du temps de saint Épiphane (advers. hœreses, p. 302), les marcionites étaient très nombreux en Italie, en Syrie, en Égypte, en Arabie et dans la Perse.

[1384] Saint Augustin est un exemple mémorable de ce passage, qui mène par degrés de la raison à la foi. Il fut, durant plusieurs années, engagé dans la secte des manichéens.

[1385] Le sentiment unanime de l’Église primitive est très clairement expliqué par saint Justin martyr, Apolog. major, par Athénagoras, legat., c. 22, etc., et par Lactance, Institut. divin., II, 14-19.

[1386] Tertullien (Apolog., c. 23) allègue la confession des démons eux-mêmes, toutes les fois qu’ils étaient tourmentés par les exorcistes chrétiens.

[1387] Tertullien a écrit un traité fort sévère contre l’idolâtrie, pour précautionner ses frères contre le danger où ils étaient à chaque instant de commettre ce crime : Recogità sylvam et quantœ latinant spinœ. De Idololatriâ, c. 10.

[1388] Le sénat romain s’assemblait toujours dans un temple qui dans un lieu consacré (Aulu-Gelle, XIV, 7). Avant de s’occuper d’affaires, chaque sénateur était obligé de verser du vin et de brûler de l’encens sur l’autel. Suétone, Vie d’Auguste, c. 35.

[1389] Voyez Tertullien, de Spectaculis, 23. Ce réformateur rigide n’a pas plus d’indulgence pour une tragédie d’Euripide que pour un combat de gladiateurs. C’est surtout l’habillement des acteurs qui le choque : En se servant de brodequins élevés, ces impies s’efforcent d’ajouter une coudée à leur taille.

[1390] On peut voir dans tous les auteurs de l’antiquité, que les anciens avaient coutume de terminer leurs repas par des libations. Socrate et Sénèque, dans leurs derniers moments, firent une belle application de cet usage : Postremo stagnum, calidæ aquœ introiit, respergens proximos servorum, additâ voce, libare se liquorem illum Jovi liberatori. Tacite, Annal., XV, 64.

[1391] Voyez l’hymne élégant, mais idolâtre, que Catulle composa à l’occasion des noces de Manlius et de Julie :

Io Hymen Hymenœe io…

……………… Quis huic Deo

Compararier ausit ?

[1392] Virgile, en chantant la mort de Misène et de Pallas, a décrit avec exactitude les funérailles des  anciens ; les éclaircissements donnés  par son commentateur Servius ne contribuent pas moins à faire connaître ces cérémonies. Le bûcher lui-même était un autel, le sang des victimes servait d’aliment aux flammes et tous les assistants étaient arrosés de l’eau lustrale.

[1393] Tertullien, de Idololatriâ, c. 11.

Les opinions exagérées et déclamatoires de Tertullien ne doivent pas toujours être prises comme l’opinion générale des premiers chrétiens. Gibbon s’est permis assez souvent de faire envisager les idées particulières de tel ou tel père de l’Église comme inhérentes au christianisme ; ce qui n’est pas exact (Note de l’Éditeur).

[1394] Voyez partout l’Antiquité de Montfaucon. Le revers même des monnaies grecques et romaines tenait souvent à l’idolâtrie. Ici, il est vrai, les scrupules des chrétiens étaient balancés par une passion plus forte.

[1395] Tertullien, de Idololatriâ, c. 20-22. Si un ami païen (peut-être lorsqu’on éternuait) se servait de l’expression familière : Jupiter, vous bénisse, le chrétien était obligé de protester contre la divinité de Jupiter.

[1396] Voyez l’ouvrage le plus travaillé d’Ovide, ses Fastes, qui sont restés imparfaits. Il n’a fini que les six premiers mois de l’année. La compilation de Macrobe est appelée Saturnalia ; mais c’est une petite partie du premier livre seulement qui à quelque rapport à ce titre.

[1397] Tertullien a composé, un ouvrage pour défendre ou plutôt pour célébrer l’action téméraire d’un soldat chrétien, qui, en jetant sa couronne de laurier avait exposé sa personne et celle de ses frères au danger le plus imminent (*). Comme il parle des empereurs (Sévère et Caracalla), il est évident quoi qu’en veuille penser M. de Tillemont, que  Tertullien compose son traité de Coronâ longtemps avant qu’il eût adopté les erreurs des montanistes (**). Voyez Mém. ecclésiast., tome III, page 34

(*) Ce soldat n’arracha point la couronne de sa tête pour la jeter ignominieusement ; il ne la jeta même point, il se contenta de la porter à la main, tandis que les autres s’en ceignaient le front. Lauream castrensem quam cæteri in capite, hic in manu gestabat. Argum. de Coronâ, militis. Tertull., p. 100 (Note de l’Éditeur).

(**) Tertullien ne nommé point expressément les deux empereurs Sévère et Caracalla ; il parle seulement de deux empereurs et d’une longue paix dont avait joui l’Église. On convient en général que Tertullien devint montaniste vers l’an 200, son ouvrage de Coronâ militis paraît avoir été écrit au plus tôt vers l’an 202 avant la persécution de Sévère, on peut donc soutenir qu’il est postérieur au montanisme de l’auteur. Voyez Mosheim, Dissert. de Apolog. Tertull., p. 53 ; Biblioth. rais., Amsterd., t. II, p. 292 ; docteur Cavé, Hist. littér., p. 92-93 (Note de l’Éditeur).

[1398] En particulier, le premier livre des Tusculanes, le Traité de la vieillesse et le Songe de Scipion, contiennent, dans le plus beau langage, tout ce que la philosophie des Grecs ou le non sens des Romains pouvait suggérer sur ce sujet obscur, mais important.

[1399] La préexistence de l’âme, en tant au moins que cette doctrine est compatible avec la religion, fut adoptée par plusieurs des pères de l’Église grecque et de l’Église latine. Voy. Beausobre, Hist. du Manichéisme, VI, 4.

[1400] Voyez Cicéron, pro Cluent., c. 61 ; César, apud Salluste, de Belli catol., c.  50 ; Juvénal , satire II, 149.

Esse aliquos manes, et subterranea regna            

……………………………………………………….

Nec pueri credunt, nisi qui nonditm œre lavantur

[1401] Le onzième livre de l’Odyssée offre une désolante et incohérente description des régions infernales. Pindare et Virgile, ont embelli le tableau, mais  ces poètes mêmes, quoique plus corrects que leur grand modèle, sont tombés dans des inconséquences bien étranges. Voyez, Bayle, Réponses aux questions d’un provincial, part. III, c. 22.

[1402] Voyez la seizième épître du premier livre d’Horace, la treizième satire de Juvénal, et la seconde satire de Perse. Ces discours populaires expriment le sentiment et le  langage de la multitude.

[1403] Si nous nous bornons aux Gaulois, nous pouvons observer qu’ils confiaient, non seulement leurs vies mais leur argent même à l’assurance d’un autre monde. Vetus ille mos Gallorum occurrit (dit Valère-Maxime, II, c. 6, p. 10), quos memoriâ proditum est, pecunias mutuas, quœ his apud inferos redderentur, darc solitos. La même coutume est insinuée plus obscurément par Mela, III, c. 2. Il est presque inutile d’ajouter que les profits au commerce étaient exactement proportionnés au crédit du marchand, et que les druides tiraient de leur profession sacrée un crédit supérieur peut-être à celui qu’aurait pu prétendre toute autre classe d’hommes.

[1404] L’auteur de la divine légation de Moïse donne une raison très curieuse de cette omission ; il rétorque très ingénieusement contre les incrédules les arguments qu’ils en tirent.

[1405] Cette omission n’est pas tout à fait démontrée : Michaelis croit que le silence de Moïse fût-il complet, on ne pourrait en conclure qu’il ignorât ou qu’il n’admît pas le dogme de l’immortalité de l’âme : Moïse, selon lui, n’a jamais écrit comme théologien ; il ne s’est point occupé d’instruire son peuple des vérités de la foi; nous ne voyons dans ses ouvrages qu’un historien et un législateur civil ; il a plutôt réglé la discipline ecclésiastique que la croyance religieuse : même comme simple législateur humain, il ne pouvait pas ne pas avoir entendu parler souvent de l’immortalité de l’âme ; les Égyptiens, chez lesquels il avait habité quarante ans, y croyaient à leur marnière. Le récit de l’enlèvement d’Énoch, qui marcha avec Dieu et puis ne parut plus, parce que Dieu le prit, semble indiquer la notion d’une existence qui suit celle de l’homme sur la terre (Genèse, c. 5, v. 24. ). Job, que quelques savants attribuent à Moïse, offre à ce sujet des renseignements plus clairs : Après que ma peau aura été détruite, je verrai Dieu de mes yeux, je le verrai moi-même, mes yeux le verront, ce ne sera pas un autre que moi (Job, c. 19, v. 26-27). M. Pareau, professeur de théologie à Harderwyk , a fait paraître en 1807, un volume in-8° sous ce titre : Commentatio de immortalitatis ac vitœ futurœ notitiis ab antiquissimo Jobi scriptore, où il fait voir, dans le 27e chapitre de Job, des indices de la doctrine d’une vie future. Voyez Michaelis, Syntagma commentationum, p. 80 ; Coup d’œil sur l’état de la littérature et de l’histoire ancienne en Allemagne, par Ch. Villers, p. 63. — 1809.

Ces notions d’immortalité ne sont pas assez claires, assez positives, pour être à l’abri de toute objection ; ce qu’on peut dire, c’est que la succession des écrivains sacrés semble les avoir graduellement développées. On observe cette gradation dans Isaïe, David et Salomon, qui a dit : La poudre retourne dans la terre comme elle y avait, été, tandis que l’esprit retourne à Dieu qui l’avait donné (Ecclés., c. 12, v. 9). J’ajouterai ici la conjecture ingénieuse d’un théologien philosophe sur les causes qui ont pu empêcher Moïse d’enseigner spécialement à son peuple la doctrine de l’immortalité. Il croit que dans l’état de la civilisation à l’époque où vivait ce législateur, cette doctrine, rendue populaire parmi les Juifs, aurait nécessairement donné naissance à une foule de superstitions idolâtres qu’il voulait prévenir : son principal but était d’établir une théocratie solide, de faire conserver à son peuple l’idée de l’unité de Dieu, base sur laquelle devait ensuite reposer le christianisme ; tout ce qui pouvait obscurcir ou ébranler cette idée a été écarté avec soin. D’autres nations avaient étrangement abusé de leurs notions sur l’immortalité de l’âme ; Moïse voulait empêcher les abus : ainsi il défendit aux Hébreux de consulter ceux qui évoquent les esprits ou les diseurs de bonne aventure, et d’interroger les morts, comme le faisaient les Égyptiens (Deut., c. 18, v. 11). Ceux qui réfléchiront à l’état des païens et des Juifs, à la facilité avec laquelle l’idolâtrie se glissait alors partout, ne seront pas étonnés que Moïse n’ait pas développé un dogme dont l’influence pouvait devenir plus funeste qu’utile à la nation. Voyez Orat. fest. de vitœ immort. spe, etc. auct. Ph. Alb. Stapfer, p. 12, 13, 20. Berne, 1787 (Note de l’Éditeur).

[1406] Voyez Le Clerc (Prolégom. à l’Hist, ecclésiast., c. 1, sect. 8). Son autorité paraît avoir d’autant plus de poids, qu’il a fait un commentaire savant et judicieux sur les livres de l’Ancien Testament.

[1407] Josèphe, Antiq., XIII, c. 10, de Bello judaico, 2, 8. Selon l’interprétation la plus naturelle des paroles de cet auteur, les saducéens n’admettaient que le Pentateuque ; mais il a plu à quelques critiques modernes d’ajouter les prophéties aux livres sacrés que cette secte reconnaissait, et de supposer qu’elle se contentait de rejeter les traditions des pharisiens. Le docteur Jortin raisonne d’après cette hypothèse, dans ses Remarques sur l’Hist. ecclésiast., vol. II, page 103.

[1408] Cette attente était fondée sur le vingt-quatrième chapitre de saint Matthieu ; et sur la première épître de saint Paul aux Thessaloniciens.  Érasme lève la difficulté à l’aide de l’allégorie et de la métaphore. Le savant Grotius se permet d’insinuer que de sages motifs autorisèrent cette pieuse imposture.

Quelques théologiens modernes l’expliquent sans y voir ni allégorie ni imposture : ils disent que Jésus-Christ, après avoir annoncé la ruine de Jérusalem et du temple, parle de sa nouvelle venue et des signes qui doivent la précéder ; mais que ceux qui ont cru que ce moment était proche se sont trompés sur le sens de deux mots, erreur qui subsiste encore dans nos versions de l’Évangile selon saint Matthieu, c. 4, v. 29 et 34. Dans le verset 29 , on lit : Mais aussitôt après ces jours d’affliction, le soleil s’obscurcira, etc. Le mot grec ευθεως signifié ici tout d’un coup, brusquement, et non aussitôt, de sorte qu’il ne désigne que l’apparition subite des signes que Jésus-Christ annonce, et non la brièveté de l’intervalle qui doit les séparer des jours d’affliction dont il vient de parler. — Le verset 34 est celui-ci : Je vous dis en vérité que cette génération ne passera point que tout cela n’arrive. Jésus , parlant à ses disciples, se sert de ces mots αυτη γενεα, que les traducteurs ont rendus par cette génération, mais qui veulent dire la race, la filiation de mes disciples ; c’est d’une classe d’hommes et non d’une génération qu’il veut parler. Le vrai sens est donc, selon ces érudits : Je vous dis en vérité que la race d’hommes (que vous commencez) ne passera point que tout cela n’arrive ; c’est-à-dire, que la succession des chrétiens ne cessera pas avant sa venue. Voyez le Commentaire de M. Paulus sur le Nouveau Testament, édit. de 1802, t. III, p. 445 et 455 (Note de l’Éditeur).

[1409] Voyez la Théorie sacrée de Burnet, part. III, c. 5. On peut faire remonter cette tradition jusqu’à l’auteur de l’épître de saint Barnabé, qui écrivait dans le premier siècle, et qui paraît avoir été un de ces chrétiens judaïsants.

[1410] L’Église primitive d’Antioche comptait près de six mille ans depuis la création du monde jusqu’à la naissance de Jésus-Christ ; Jules Africain, Lactance et l’Église grecque ont réduit ce nombre à cinq mille cinq cents : Eusèbe se contente de cinq mille deux cents années. Ces calculs étaient appuyés sur la version des Septante, qui fut universellement reçue durant les six premiers siècles. L’autorité de la Vulgate et du texte hébreu a déterminé les modernes, tant protestants que catholiques à préférer une période de quatre mille ans environ, quoique en étudiant l’antiquité profane, ils se trouvent souvent resserrés dans d’étroites limites.

[1411] Une fausse interprétation d’Isaïe, de Daniel et de l’Apocalypse, a fait imaginer la plupart de ces tableaux. On peut trouver une des descriptions les plus grossières dans saint Irénée (liv. V, p. 455) disciple de Papias qui avait vu l’apôtre saint Jean.

[1412] Voyez le second dialogue de saint Justin avec Tryphon, et le septième livre de Lactance. Puisque le fait n’est pas contesté, il n’est pas nécessaire de citer tous les pères intermédiaires ; cependant le lecteur curieux peut consulter Daillé, de Usu patrum, II, 4.

[1413] Que saint Justin et ses frères orthodoxes aient ajouté foi à la doctrine d’un millénaire, c’est ce qui est prouvé de la manière la plus claire et la plus solennelle (Dialog. cum Tryph. Jud., p. 177-178 ; édit. Benedict.). Si, dans le commencement de cet important passage, on aperçoit quelque chose qui ait l’apparence de l’inconséquence, nous pouvons en accuser, selon que nous jugerons à propos, soit l’auteur, soit ses copistes.

[1414] Dupin, Biblioth. ecclésiast., tome I, p. 223 ; tome II, p. 366 ; et Mosheim, p. 720 ; quoique le dernier de ces savants théologiens ne soit pas ici tout à fait impartial.

[1415] Dans le concile de Laodicée (vers l’an 360), l’Apocalypse fut tacitement exclue des canons sacrés, par les mêmes Églises de l’Asie auxquelles elle est adressée ; et les plaintes de Sulpice-Sévère nous apprennent que leur sentence avait été ratifiée par le plus grand nombre des chrétiens de son temps. Pourquoi donc l’Apocalypse est-elle maintenant si généralement reçue par les Églises grecque, romaine et protestante ? On peut en donner les raisons suivantes : 1° les Grecs furent subjugués par l’autorité d’un imposteur, qui, dans le sixième siècle, prit le nom de Denys l’Aréopagite. 2° La crainte bien fondée que les grammairiens ne devinssent plus importants que les théologiens, engagea les pères du concile de Trente à poser le sceau de leur infaillibilité sur tous les livres de l’Écriture renfermés dans la Vulgate latine ; et heureusement l’Apocalypse se trouva du nombre (Fra Paolo, Hist. du Concile de Trente, II). 3° L’avantage qu’avaient les protestants de tourner ces prophéties mystérieuses contre le siége de Rome, leur inspira une vénération extraordinaire pour un allié si utile. Voyez les discours ingénieux et élégants de l’évêque de Litchfield sur ce sujet, qui paraissait peu susceptible d’ornements.

[1416] Lactance (Institut. div., VII, 15, etc.) parle de cet affreux avenir avec beaucoup de feu et d’éloquence.

[1417] Sur ce sujet, tout homme de goût lira avec plaisir la troisième partie de la théorie sacrée de Burnet. Cet auteur mêle ensemble la philosophie, l’Écriture et la tradition ; il en compose un système magnifique, et, dans la description qu’il en donne, il déploie une force d’imagination qui ne le cède pas à celle de Milton lui-même.

[1418] Et cependant, quelque puisse être le langage des individus, c’est encore la doctrine publique de toutes les Églises chrétiennes ; l’Église anglicane même ne peut refuser d’admettre les conclusions que l’on doit nécessairement tirer du huitième et du dix-huitième de ses articles. Les Jansénistes, qui ont étudié avec tant de soin les ouvrages des pères, maintiennent ce sentiment avec un zèle remarquable ; et le savant M. de Tillemont ne parle jamais de la mort d’un vertueux empereur, sans prononcer sa damnation. Zwingle est peut-être le seul chef de parti qui ait adopté une opinion plus modérée, et il n’a pas moins scandalisé les luthériens que les catholiques. Voyez Bossuet, Histoire des Variations, II,. c. 19-22.

[1419] Saint Justin et saint Clément d’Alexandrie conviennent que quelques-uns des philosophes furent instruits par le Logos ; confondant la double signification de ce mot qui exprime la raison humaine et le Verbe divin.

[1420] Cette traduction n’est pas exacte ; la première phrase est tronquée. Tertullien dit : Ille dies nationibus insperatus, ille derisus, cum tanta séculi vetustas et tot ejus nativitates uno igne haurientur. Le texte n’offre point ces exclamations exagérées tant de magistrats, tant de sages philosophes, tant de poètes, etc. ; mais simplement des magistrats, des philosophes, des poètes etc., prœsides, philosophos, poetas, etc., Tertullien, de Spectac., c. 30.

La véhémence de Tertullien dans ce traité avait pour but d’éloigner les chrétiens des jeux séculaires donnés par l’empereur Sévère ; elle ne l’a pas empêché de se montrer ailleurs plein de bienveillance et de charité envers les infidèles : l’esprit de l’Evangile l’a emporté quelquefois sur la violence des passions humaines : Qui ergo putaveris nihil nos de salute Cæsarum curare, dit-il dans son apologie, inspice Dei voces, litteras nostras. — Scitote ex illis prœceptum esse nobis ad redundationem benignitatis étiam pro inimicis Deum orare et persecutoribus bona precari. — Sed etiam nominatim atque manifeste orate, inquit (Chritus), pro regibus et pro princibus et potestatibus, ut omnia sint tranquilla vobis. Tertullien, Apolog., c. 31 (Note de l’Éditeur).

[1421] Tertullien, de Spectaculis, c. 30. Pour donner une idée du degré et autorité qu’avait acquise le zélé Africain, il suffit de rapporter le témoignage de saint Cyprien, le docteur et le guide de toutes les Églises occidentales (Voyez Pruden., hymn. XIII, 100). Toutes les fois qu’il s’appliquait à son étude journalière des écrits de Tertullien, il avait coutume de dire : Da mihi magistratum : donnez moi le maître. Saint Jérôme, de Viris illustr., c. 53.

[1422] Malgré les subterfuges du docteur Middleton, il est impossible de fermer les yeux sur les traces frappantes de visions et d’inspirations que l’on trouve dans les pères apostoliques.

[1423] Saint Irénée, advers. Hœres. prem., p. 3. Le docteur Middleton (Free Inquiry, p. 96, etc.) observe que, comme , cette prétention était de toutes la plus difficile a soutenir par des artifices, fut celle à laquelle on renonça le plus tôt. Cette observation convient à son hypothèse.

[1424] Athénagoras, in Legatione ; saint Justin martyr, Cohort. ad gentes ; Tertullien, advers. Marcion, IV. Ces descriptions ne sont pas très différentes de celles de la fureur prophétique, pour laquelle Cicéron, (de Divinatione, II, 54) montre si peu de respect.

[1425] Tertullien (Apolog., c. 23) donne hardiment un défi aux magistrats païens. De tous les miracles primitifs, le pouvoir d’exorciser est le seul auquel les protestants aient jamais prétendu.

[1426] Saint Irénée, advers. Hœres., II, 56, 57 ; V, 6. M. Dodwell (Dissertat. ad Irencum, II, 42) conclut que le second siècle a été encore plus fertile en miracles que le premier.

[1427] Théophile, ad Autolycum, II, p. 77.

[1428] Le docteur Middleton donna son introduction en 1747 ; deux ans après, il publia sa Free Inquiry ; et avant sa mort, qui arriva en 1756, il avait préparé une défense de cet ouvrage contre ses nombreux adversaires.

[1429] L’université d’Oxford conféra des degrés à ceux qui le combattirent. L’indignation de Mosheim (p. 221) peut nous faire connaître les sentiments des ministres luthériens.

[1430] Il est assez singulier que saint Bernard, fondateur de Clairvaux, rapporte tant de miracles de son ami saint Malachie, et qu’il ne fasse aucune mention de ses propres miracles, que cependant ses compagnons et ses disciples ont pris soin à leur tour de célébrer. Dans toute la suite de l’histoire ecclésiastique, existe-t-il un seul exemple d’un saint qui se dise doué du don des miracles ?

[1431] La conversion de Constantin est l’époque le plus communément fixée par les protestants. Les théologiens raisonnables ne sont pas disposés à admettre les miracles du quatrième siècle, tandis que les théologiens crédules ne veulent pas rejeter ceux du cinquième.

[1432] Les imputations de Celsius et de Julien et la défense des pères, sont exposées avec beaucoup d’impartialité par Spanheim dans son Commentaire sur les Césars de Julien, page 468.

[1433] Lettres de Pline, X, 97.

[1434] Tertullien, Apolog., c. 44. Il ajoute cependant, avec une sorte d’hésitation : Aut si aliud, jam non christianus.

[1435] Tertullien dit positivement aucun chrétien, nemo illic christianus : au reste, la restriction qu’il met lui-même à ces paroles, et que cite Gibbon dans la note précédente, diminue la force de cette assertion, et paraît prouver seulement qu’il n’en connaissait pas (Note de l’Éditeur).

[1436] Le philosophe Peregrinus, dont la vie et la mort ont été décrites par Lucien d’une maniérer si agréable, abusa pendant longtemps de la simplicité crédule des chrétiens de l’Asie.

[1437] Voyez un traite fort judicieux de Barbeyrac sur la morale des pères.

[1438] Lactance, Instit. div., VI, c. 20-22.

[1439] Voyez un ouvrage de saint Clément d’Alexandrie, intitulé le Pédagogue et qui contient les éléments de morale enseignés dans les plus célèbres écoles des chrétiens.

[1440] Tertullien, de Sepctaculis, c. 21 ; saint Clément d’Alexandrie, Pédagogue, III, c. 8.

[1441] Beausobre, Hist. critique du Manichéisme, VII, c. 3 ; Saint Justin, saint Grégoire de Nysse, saint Augustin, etc., sont fortement portés pour cette opinion.

[1442] Quelques-uns des gnostiques étaient plus conséquents ; ils rejetaient l’usage du mariage.

[1443] Voyez une chaîne de traditions depuis saint Justin martyr, jusqu’à saint Jérôme, dans la Morale des pères, c. IV, 6-26.               

[1444] Voyez une dissertation très curieuse sur les vestales, dans les Mémoires de l’Académie des Inscriptions, tome II, p. 161-227. Malgré les honneurs et les récompenses que l’on accordait à ces vierges ; il était difficile d’en trouver un nombre suffisant ; et la crainte de la mort la plus horrible ne pouvait pas toujours réprimer leur incontinence.

[1445] Cupiditatem procreandi aut unam scimus aut nullam. Minucius-Fœlix, c. 31 ; saint Justin, Apolog. maj. ; Athénagoras, in Legat., c. 28 ; Tertullien, de Cultu fœm., II.

[1446] Eusèbe, VI, 8. Avant que la réputation d’Origène eût excité l’envie et la persécution, cette action extraordinaire fut plutôt admirée que blâmée. Comme c’était en général son usage d’allégoriser l’Écriture, il est malheureux que, dans cette occasion seulement, il ait pris le sens littéral.

[1447] Saint Cyprien, lett. 4, et Dodwell, dissert. Cyprianic., III. Longtemps après, on a imputé au fondateur de l’abbaye de Fontevrault quelque chose de pareil à cette entreprise téméraire. Bayle amuse ses lecteurs sur ce sujet délicat.

[1448] Dupin (Biblioth. Ecclésiast., tome I, p. 195) donne un détail particulier du dialogue des dix vierges, tel qu’il a été composé par Methodius, évêque de Tyr. Les louanges données à la virginité y sont excessives.

[1449] Les ascétiques, dès le second siècle, faisaient publiquement profession de mortifier leurs corps et de s’abstenir de l’usage de la chair et du vin. Mosheim, p. 310.

[1450] Voyez la Morale des pères. Les mêmes principes de patience, ont été renouvelés la réforme, par les sociniens, par les anabaptistes modernes et par les quakers. Barclay, l’apologiste des quakers, s’est servi, pour défendre ses frères, de l’autorité des premiers chrétiens (p. 542-549).

[1451] Tertullien, Apolog., c. 21, de Idololatriâ, c. 18. Origène, contra Celsum, V, p. 253 ; VII, p. 348 ; VIII, p. 423-428.

[1452] Tertullien (de Coronâ militis) leur suggéra l’expédient de déserter (*). Ce conseil, s’il eût été généralement connu, n’aurait pas été très propre à concilier aux chrétiens la faveur des empereurs.

(*) Tertullien ne suggère point aux soldats l’expédient de déserter, il leur dit qu’ils doivent être sans cesse sur leurs gardés pour ne rien faire pendant leur service qui soit contraire à la loi de Dieu ; et se résoudre à souffrir le martyre plutôt que d’avoir une lâche complaisance, ou renoncer ouvertement au service (Apolog., c. 2, p. 127, in fine). Il ne décide point positivement que le service militaire ne soit pas permis aux chrétiens ; il finit même par dire : Putadenique licere militiam usque ad causam coronœ (Ibid., c. 11, p. 128) Plusieurs autres passages de Tertullien prouvent que l’armée était pleine de chrétiens : Hesterni sumus et vestra omnia implevinus, urbes, insulas, castella, municipia, conciliabula, CASTRA IPSA (Apol., V, c. 37, p. 30). Navigamus et nos vobiscum et militamus, etc. (Apol., c. 42, p. 34). A la vérité, Origène (Cont. Cels., VIII) paraît être d’une opinion plus rigoureuse ; mais il a renoncé souvent à ce rigorisme exagéré, peut-être nécessaire alors pour produire de grands effets, et il parle de la profession des armes comme d’une profession honorable, IV, c. 218, etc. (Note de l’Éditeur).

[1453] Autant que nous en pouvons juger, d’après les fragments de la représentation d’Origène (VIII, p. 423), il paraît que Celsus, son adversaire, avait insisté sur cette objection avec beaucoup de force et de bonne foi.

[1454] Le refus de prendre part aux affaires publiques n’a rien qui doive étonner de la part des premiers chrétiens ; c’était la suite naturelle de la contradiction qui existait entre leurs principes et les usages, les lois, l’activité du monde païen : comme chrétiens, ils ne pouvaient entrer au sénat, qui, selon Gibbon lui-même, s’assemblait toujours dans un temple où dans un lieu consacré, et où chaque sénateur, avant de s’asseoir, versait quelques gouttes de vin et brûlait de l’encens sur l’autel : comme chrétiens, ils ne pouvaient assister aux fêtes et aux banquets, qui se terminaient toujours par des libations, etc. Enfin, comme les divinités et les rites innombrables du polythéisme étaient étroitement liés à tous les détails de la vie publique ou privée, les chrétiens ne pouvaient y participer sans se rendre, dans leurs principes, coupables d’impiété : c’était donc bien moins par un effet de leur doctrine que par une suite de leur situation qu’ils s’éloignaient des affaires ; partout où cette situation ne leur était pas un obstacle, ils montraient autant d’activité que les païens. Proinde, dit saint Justin martyr, nos solum Deum adorantus et vobis in rebus aliis lœti inservimus. Apolog., p. 64 (Note de l’Éditeur).

[1455] Le parti aristocratique, en France, aussi bien qu’en Angleterre, a maintenu avec vigueur l’origine divine du pouvoir des évêques. Mais les prêtres calvinistes ne pouvaient souffrir un supérieur, et le pontife romain refusait de reconnaître un égal. Voyez Fra Paolo.

[1456] Dans l’histoire de la hiérarchie chrétienne, j’ai presque toujours suivi l’exact et savant Mosheim.

[1457] Pour les prophètes de la primitive Église, voyez Mosheim, Dissertationes ad Hist. ecclesist. pertinentes, tome II, p. 132-208.

[1458] Voyez les Épîtres de saint Paul et de saint Clément aux Corinthiens.