[2019] Les guerres des Goths et des Sarmates sont racontées d’une manière si, imparfaite et avec tant de lacunes, que j’ai été obligé de comparer les écrivains cités à la fin de cette note, qui s’appuient, se corrigent et s’éclairent mutuellement. Ceux qui prendront la même peine auront le droit de critiquer mon récit. Voyez Ammien, XVII, c. 12 ; Anonyme de Valois, p. 715 ; Eutrope, X, 7 ; Sextus-Rufus, de Provinciis, c. 26 ; Julien, Orat. I, p. 9, et le Commentaire de Spanheim, p. 94 ; saint Jérôme, in Chron. ; Eusèbe, in Vit. Constant., IV, c. 6 ; Socrate, I, c. 18 ; Sozomène, I, c. 8 ; Zozime, II, p. 108 ; Jornandès, de Rebus geticis, c. 22 ; Isidore, in Chron., p. 709, in Hist. Gothorum Grotii ; Constantin Porphyrogénète, de Administratione imperii, p. 208, éd. de Meursius.
[2020] Eusèbe (in vita Const., IV, c. 50) fait trois remarques sur ces Indiens : 1° ils venaient des côtes de l’océan Oriental, ce qui peut s’appliquer à la côte de la Chine et à celle de Coromandel ; 2° ils offrirent à Constantin des pierres précieuses et des animaux inconnus ; 3° ils assurèrent que leurs rois avaient élevé des statues en l’honneur de la majesté suprême de Constantin.
[2021] Funus relatum in urbem sui nominis ; quode sane P. R., œgerrime tulit. (Aurelius-Victor). Constantin avait préparé un magnifique tombeau pour lui dans l’Église des Saints Apôtres. (Eusèbe, IV, c. 60). Le meilleur récit, et presque le seul que nous ayons de la maladie, de la mort et des funérailles de Constantin, se trouve dans le quatrième livre de sa vie par Eusèbe.
[2022] Eusèbe (IV, c. 6) termine son récit, par ce témoignage de la fidélité des troupes, et il a soin de taire les circonstances odieuses du massacré qui suivit.
[2023] Eutrope (X, 9) a fait un portrait avantageux, mais en peu de mots, de Dalmatius : Dalmatius Cœsar, prosperrima indole, neque patruo absimilis, HAUD MULTO POST oppressus est factione militari. Comme saint Jérôme et la Chronique d’Alexandrie parlent de la troisième année du César, qui ne commença qu’au 18 où au 24 septembre A. D. 337, il est certain que ces factions militaires durèrent plus de quatre mois.
[2024] J’ai rapporté cette singulière anecdote d’après Philostorgius, II, c. 16 (*) ; mais si Constantin et ses adhérents firent jamais valoir un pareil prétexte, ils y renoncèrent avec mépris dès qu’il eut rempli leur dessein immédiat. Saint Athanase (t. I, p. 856) parle du serment qu’avait fait Constance pour garantir la sûreté de ses parents.
(*) L’autorité de Philostorgius est si suspecte, qu’elle ne suffit pas pour établir un fait pareil, que Gibbon a inséré dans son histoire comme certain, tandis que dans la note même il paraît en douter (Note de l’Éditeur.)
[2025] Conjugia sobrinarum diu ignorata, tempore addito percrebuisse (Longtemps aussi les mariages entre cousins germains furent inconnus ; ils ont fini par devenir fréquents). (Tacite, Annal., XII, 6 ; et Lipse, ad loc.). La révocation de l’ancienne loi, et un usage de cinq cents ans, ne suffirent pas pour détruire les préjugés des Romains, qui regardaient, toujours un mariage entre des cousins germains comme une espèce d’inceste (saint Augustin, de Civ. Dei, XV, 6) ; et Julien, que la superstition et le ressentiment rendaient partial donne à ces alliances contraires à la nature l’épithète ignominieuse de γαμων τε ου γαμων (orat. 7, p. 228). La jurisprudence canonique a depuis ranimé et renforcé cette prohibition, sans pouvoir l’introduire dans la loi civile, et la loi commune, de l’Europe. Voyez sur ces mariages Taylow’s civil Law, p. 331 ; Brorer, de Jure connub., II, c. 12 ; Héricourt, des Lois ecclésiastiques, part. 3, c. 5 ; Fleury, Institutions du droit canonique, t. I, p. 331, Paris, 1767 ; et Fra Paolo, Istoria del concilio Trident., VIII.
[2026] Julien (ad. S. P. Q., Athén., p. 270 ) attribue à son cousin Constance tout le crime d’un massacre dans lequel il manqua de perdre la vie. Saint Athanase, qui par des raisons très différentes, avait autant d’inimitié pour Constance (tome I, p. 856), confirme cette assertion ; Zozime se réunit à eux dans cette accusation ; mais les trois abréviateurs, Eutrope et les deux Victor se servent d’expressions très remarquables : Sinente potius quam jubente..... Incertum quo suasore..... Vi militum.
[2027] Ses États comprenaient la Gaule, l’Espagne et l’Angleterre, que son père lui avait données en le nommant César : il paraît aussi qu’il eut la Thrace. (Chron. Alex., p. 670.) Ce premier partage eut lien à Constantinople, l’an de J.-C. 337. L’année suivante, les trois frères se réunirent de nouveau dans la Pannonie, pour faire quelques changements à cette première distribution. Constance obtint alors la possession de Constantinople et de la Thrace. Les mutations qui s’opérèrent dans les États de Constantin et ceux de Constans, sont expliquées si obscurément ; que je ne hasarderai pas de les déterminer. Voyez Tillemont, Histoire des Empereurs, vie de Constance, art. 2 (Note de l’Éditeur.)
[2028] Eusèbe, in Vit. Constant., IV, c. 69 ; Zozime, II, p. 117 ; Idat., in Chron. Voyez deux notes de Tillemont, Histoire des Empereurs, t. IV, p. 1086-1091. La Chronique d’Alexandrie fait seule mention du règne du frère aîné à Constantinople.
[2029] Agathias, qui vivait au sixième siècle, rapporte cette histoire (IV, p. 135, édit. du Louvre) Il l’a tirée de quelques extraits des chroniques de Perse, que l’interprète Sergius s’était procurés, et avait traduits durant son ambassade à cette cour. Schikard (Tarikh, p. 116) et d’Herbelot (Bibtioth. Orient., p. 763) parlent aussi du couronnement de la mère de Sapor.
[2030] D’Herbelot, Bibliothèque orientale, p. 764.
[2031] Sextus-Rufus (c. 26), qui, dans cette occasion, n’est pas une autorité méprisable, assure que les Persans demandèrent en vain la paix ; et que Constantin se préparait à marcher contre eux. Mais le témoignage d’Eusèbe, qui a plus de poids, nous oblige à admettre les préliminaires, sinon la ratification du traité. Voyez Tillemont, Hist. des Empereurs, t. IV, p. 40.
[2032] Julien, Orat. I, p. 20.
[2033] Julien, Orat. I, p. 20-21 ; Moïse de Chorène, II, c. 89, III, c. 1-9, p. 226-240. L’accord parfait qu’on remarque entre les mots vagues de l’orateur contemporain, et le récit détaillé de l’historien national, jette du jour sur les passages de l’orateur, et ajoute du poids aux détails de l’historien. Il faut observer, à l’avantage de Moïse, qu’on trouve le nom d’Antiochus, peu d’années auparavant, dans la liste de ceux qui exerçaient un emploi civil d’un rang inférieur. Voyez Godefroy, Cod. Théodosien, t. IV, p. 350.
[2034] Ammien (XIV, 4) fait une description animée de la vie errante de ces voleurs arabes, qu’on trouvait des confins de l’Arabie aux cataractes du Nil, Les aventures de Malchus, racontées par saint Jérôme d’une manière si agréable, font croire que ces voleurs infestaient le grand chemin entre Bérée et Édesse. Voyez saint Jérôme, t. I, p. 256.
[2035] Eutrope (X, 10) nous donne une idée générale de la guerre : A Persis enim multa et gravia perpessus, sæpe captis oppidise, obsessis urbibus, cœsis exercitibus, nullumque ei contra Saporem prosperum prælium fuit, nisi quod apud Singaram, etc. Ce récit sincère se trouve confirmé par quelques mots d’Ammien, de Rufus, de saint Jérôme. Les deux premiers discours de Julien, et le troisième de Libanius, présentent un tableau plus flatteur, mais la rétractation de ces deux orateurs, après la mort de Constance, avilit leur caractère et celui de l’empereur ; en même temps qu’elle rétablit la vérité. Spanheim a été prodigue d’érudition dans son Commentaire sur le premier discours de Julien. Voyez aussi les observations judicieuses de Tillemont, Hist. des Empereurs, t. IV, p. 656.
[2036] Acerrima nocturna concertatione pugnatum est, nostrorum copiis ingenti strage confossis. Ammien, XVIII, 5. Voyez aussi Eutrope, X, 10 ; et Sextus-Rufus, c. 27.
[2037] Libanius, Orat. 3, p. 133 ; Julien, Orat. 1, p. 24, et le Commentaire de Spanheim, p. 179.
[2038] Voyez Julien, Orat. 1, p. 27 ; Orat. 2, p. 62, et le Commentaire Spanheim, p. 188-202 ; qui éclaircit les détails et fixe l’époque des trois siéges de Nisibis. Tillemont (Hist. des Empereurs, t. IV, p. 668, 671, 674) examine aussi les dates de ces sièges. Zozime (III, p. 151) et la Chron. d’Alexandrie (p. 290) ajoutent quelques détails sur ces différents points.
[2039] Salluste, fragment 84, édit. du président de Brosses, et Plutarque, in Lucullus, t. III, p. 184. Nisibis n’a plus aujourd’hui que cent cinquante maisons. Ses terres marécageuses produisent du riz, et ses fertiles prairies jusqu’à Mosul et jusqu’au Tigre, sont couvertes de ruines de villes et de villages. Voyez Niebuhr, Voyages, t. II, p. 300-309.
[2040] Les miracles que Théodoret (II, c. 30) attribue à Saint-Jacques, évêque d’Édesse, se firent du moins pour une digne cause, pour la défense de son pays. Il parut sur les murs sous la figure d’un empereur romain, et lâcha des millions de cousins, qui piquèrent les éléphants et mirent en déroute l’armée du nouveau Sennachérib.
[2041] Julien, Orat. 1, p. 27. Quoique Niebuhr (t. II, p. 307), donne un accroissement considérable au Mygdonius, sur lequel il a vu un pont de douze arches, il est difficile cependant d’imaginer qu’il ait eu quelque raison de comparer cette petite rivière à un grand fleuve. Il y a plusieurs détails obscurs et presque inintelligibles dans ces immenses travaux sur le lit du Mygdonius.
[2042] C’est Zonare (t. II, XIII, p. 11) qui raconte cette invasion des Massagètes, bien d’accord avec la série générale des événements que l’histoire interrompue d’Ammien fait entrevoir d’une manière obscure.
[2043] Les historiens racontent avec beaucoup d’embarras et de contradictions les causes et les effets de cette guerre civile : j’ai suivi principalement Zonare et Victor le jeune. La monodie (ad calcem Eutrop., édit. Havercamp) prononcée à la mort de Constantin, aurait pu être instructive ; mais sa prudence et le mauvais goût ont jeté l’orateur dans de vagues déclamations.
[2044] Quarum (GENTIUM) obsides pretio quœsitos pueros venustiores, quod cultius habucrat, libidine hujusmodi arcisse, PRO CERTO habetur ! Si les goûts dépravés de Constans n’avaient pas été publics, Victor l’ancien qui exerçait un emploi considérable sous le règne de son frère, ne se serait pas exprimé d’une manière si positive.
[2045] Julien, Orat. 1, et 2 ; Zozime, II, p. 134 ; Victor, in Épitomé. Il y a lieu de croire que Magnence avait reçu le jour au milieu d’une de ces colonies de Barbares établies par Constance-Chlore dans la Gaule (voyez son histoire, chapitre XIII de cet ouvrage) : sa conduite nous rappelle le patriote comte de Leicester, le fameux Simon de Montfort, qui vint à bout de persuader au peuple d’Angleterre que lui, Français de naissance, avait pris les armes pour le délivrer des favoris étrangers.
[2046] Cette ancienne ville avait été florissante sous le nom d’Illiberis (Pomponius Mela, II, 5) ; Constantin lui rendit de l’éclat, et lui donna le nom de sa mère. Helena (elle est encore appelée Elne) devint le siège d’un évêque, qui, longtemps après, transféra sa résidence à Perpignan, capitale actuelle du Roussillon. Voyez d’Anville, Notice de l’ancienne Gaule, p. 380 ; Longuerue, Description de la France, p. 223 ; et la Marca hispanica, I, c. 2.
[2047] Zozime, II, p. 19-120 ; Zonare, tome II, XIII, p. 13 ; et les abréviateurs.
[2048] Eutrope (X, 10) fait le portrait de Vetranio avec plus de modération, et, vraisemblablement avec plus de justesse que les deux Victor. Vetranio était né d’une famille obscure, dans les cantons sauvages de la Mœsie, et son éducation avait été si négligée, que ce fut après son élévation qu’il apprit à lire.
[2049] La conduite incertaine et variable de Vetranio est racontée par Julien dans son premier discours, et exposée avec exactitude par Spanheim, qui discute la position et la conduite de Constantina.
[2050] Voyez Pierre Patrice dans les Excerpta legationum, page 27.
[2051] Zonare, t. II, XIII, p. 16. La position de Sardica, près de la ville moderne de Sophia, paraît plus propre à cette entrevue, que Naissus et Sirmium, où elle est placée par saint Jérôme, Socrate et Sozomène.
[2052] Voyez les deux premiers discours de Julien, surtout p. 31 ; et Zozime, II, p. 122. La narration de l’historien, qui est nette, éclaircit les descriptions étendues, mais vagues, de l’orateur.
[2053] Victor le jeune, en parlant de l’exil de Vetranio, emploie cette expression remarquable : voluptarium otium. Socrate (II, c. 18) atteste la correspondance avec l’empereur, et qui semble prouver que Vetranio était en effet prope ad sultitiam simplicissimus.
[2054] Eum Constantius.... facundiæ vi dejectum imperio in privatum otium removit. Quæ gloria, post natum imperium, soli processit eloquio, clementiaque, etc. Aurelius-Victor, Julien et Themistius (Orat., 3 et 4) chargent cet exploit de toute l’enluminure de leur rhétorique.
[2055] Busbequius (p. 112) traversa la Basse Hongrie et l’Esclavonie dans un temps où les hostilités réciproques des Turcs et des chrétiens avaient rendu ces deux contrées presque désertes. Toutefois il parle avec admiration de l’indomptable fertilité du sol, il observe que l’herbe y était assez haute pour soustraire à la vue un chariot chargé. Voyez aussi les Voyages de Browne, dans la Collection de Harris, vol. II, p. 762 etc.
[2056] Zozime raconte longuement la guerre et les négociations (II, p. 123-130) ; mais comme il n’annonce pas des connaissances bien sures touchant l’art militaire ni la politique, il faut examiner son récit avec soin, et ne l’admettre qu’avec précaution.
[2057] Ce pont remarquable, qui est flanqué de tours, et qui repose sur de grandes piles de bois, fut construit A. D. 1566 par le sultan Soliman, pour faciliter la marche de ses troupes en Hongrie. Voyez les Voyages de Browne, et le Système de Géographie de Busching, vol. II, p. 90.
[2058] Julien (Orat. 1, p. 36) décrit nettement, mais en peu de mots, cette position et les évolutions subséquentes.
[2059] Sulpice-Sévère, liv. II, p. 405. L’empereur passa la journée en prières avec l’arien Valens, évêque de Mursa, qui gagna sa confiance en prédisant le succès de la bataille. M. de Tillemont (Hist. des Empereurs, t. IV, p 1110) remarque avec raison le silence de Julien sur les exploits personnels de Constance à la bataille de Mursa. Le silence de la flatterie équivaut quelquefois au témoignage le plus authentique et le plus positif.
[2060] Julien, Orat. 1, p, 36, 37 ; et Orat. 2, p. 59, 60 ; Zonare, t. II, XIII, p. 17 ; Zozime, II, p. 130-133. Le dernier, de ces écrivains vante la dextérité de l’archer Ménélas, qui lançait trois flèches en même temps, avantage qui, selon ses idées sur l’art militaire, aurait beaucoup contribué à la victoire de Constance.
[2061] Zonare dit que Constance perdit trente mille hommes, sur les quatre-vingts qui composaient son armée, et que Magnence en perdit vingt quatre mille sur trente-six. Les autres détails de sa narration paraissent probables et authentiques ; mais l’auteur où les copistes doivent s’être trompés sur le nombre des troupes du tyran. Magnence avait rassemblé toutes les forces de l’Occident, les Romains et les Barbares et il en avait formé une armée redoutable, qu’on ne petit estimer à moins de cent mille hommes. Julien, Orat. 1, p. 34-35.
[2062] Ingentes R. I. vires ea dimicatione consumptæ sunt, ad quœlibet bella externa idoneœ, quæ multum triumphorum possent, securitatisque conferre. Eutrope, X, 13. Victor le jeune parle dans le même sens.
[2063] On doit préférer ici le témoignage non suspect de Zozime et de Zonare aux assertions flatteuses de Julien. Magnence a un caractère singulier sous la plume de Victor le jeune : Sermonis acer, animi tumidi, et immodice timidus ; artifex tamen ad occultandam audaciœ specie formidinem. Mais lors de la bataille de Mursa se laissa-t-il conduire par la nature ou l’art ? Je pencherais pour le dernier.
[2064] Julien, Orat. 1, p. 38, 39. En cet endroit, ainsi que dans le discours 2, p. 97, il laisse entrevoir la disposition générale du sénat, du peuple et des soldats de l’Italie, en faveur de l’empereur.
[2065] Victor l’ancien d’écrit en termes pathétiques la malheureuse condition de Rome : Cujus stolidum ingenium adeo P. R. patribusque exitio fuit, uti passim domus, fora, viœ templaque, cruore, cadaveribusque opplerentur bustorum modo. Saint Athanase (t . I, p. 67) déplore le sort de plusieurs illustres victimes ; et Julien (orat. 2, p. 58) parle avec exécration de la cruauté de Marcellinus, l’implacable ennemi de la maison de Constantin.
[2066] Zozime, II, p. 133 ; Victor, in Épitomé. Les panégyristes de Constance oublient, avec leur bonne foi ordinaire, de faire mention de cette défaite.
[2067] Zonare, t. II, XIII, p, 17. Julien s’étend, en plusieurs endroits des deux discours, sur la clémence de Constance envers des rebelles.
[2068] Zozime, II, p. 133 ; Julien, orat. 1, p. 40 ; II, p. 74.
[2069] Ammien, XV, 6 ; Zozime, II, p. 113. Julien, qui (orat. 1, p. 40) déclame contre les cruels effets du désespoir du tyran, parle (orat. 1, p. 34) des édits vexatoires que lui dictèrent ses besoins ou son avarice. Il obligea ses sujets à acheter les domaines de l’empire, espèce de propriété incertaine et dangereuse, dont l’acquisition, dans une révolution , pouvait être présentée comme un crime de lèse-majesté.
[2070] Les médailles de Magnence célèbrent, les victoires des deux Augustes et du César. Le César était un autre frère appelé Desiderius. Voyez Tillemont, Hist. des Empereurs, t. IV, p. 157.
[2071] Julien, orat. 1, p. 40 ; II, p. 74 ; et Spanheim, p. 263. Le Commentaire de ce dernier jette du jour sur les opérations de la guerre civile. Mons Seleuci était une petite place située dans les Alpes Cottiennes, à peu de milles de Vapineum ou de Gap, ville épiscopale du Dauphiné. Voyez d’Anville, Notice de la Gaule, p. 464 ; et Longuerue, Description de la France, p. 327.
[2072] Zozime, II, p. 134 ; Libanius, orat. X, p. 268, 269. Le dernier accuse d’un ton véhément cette politique cruelle et égoïste de Constance.
[2073] Julien, orat. 1, p. 40 ; Zozime, II, p. 134 ; Socrate, II, c. 32 ; Sozomène, IV, c. 7. Victor le jeune décrit la mort du tyran avec des détails horribles : Transfosso latere, ut erat vasti corporis, vulnere naribusque et ore cruorem effundens, expiravit. Si nous pouvons ajouter foi à Zonare, le tyran, avant d’expirer, eut le plaisir d’égorger, de sa propre main, sa mère et son frère Desiderius.
[2074] Julien (orat. 1, p. 58, 59) paraît embarrassé de dire s’il s’infligea lui-même le châtiment de ses crimes, s’il se noya dans la Drave, ou si les démons vengeurs le portèrent du champ de bataille au lieu où il devait subir des tourments éternels.
[2075] Ammien, XIV, 5, XXI, 16.
[2076] Ammien (l. XIV, c. 6) prétend que l’origine de la castration remonte au règne de Sémiramis, qui inventa cette pratique odieuse plus de dix-neuf cents ans avant la naissance de Jésus-Christ. L’usage des eunuques a été connu en Égypte et en Asie, dans l’antiquité la plus reculée. On en parle dans la loi de Moïse, Deutéronome, XXIII, 1. Voyez Goguet, Origine des Lois, etc., part. I, l. I, c. 3.
[2077] Eunuchrim dixti vielle te ;
Quia solœ utuntur his reginœ.
TÉRENCE., Eunuch., acte II, scène 2.
Cette comédie est traduite de Ménandre, et l’original doit avoir paru peu après les conquêtes orientales d’Alexandre.
[2078] Miles ...... spadonibus
Servire rugosis potest.
HORACE, Carmen, v.9 et DACIER, ad loc.
Par le mot spado les Romains exprimaient fortement leur horreur pour cette espèce mutilée. Le nom d’eunuque, adopté par les Grecs, prévalait insensiblement ; il choquait moins l’oreille, et présentait un sens plus obscur.
[2079] Il suffira de citer Posidès, affranchi et eunuque de Claude, auquel l’empereur prostitua quelques-unes des récompenses les plus honorables de la valeur militaire. Voyez Suétone, in Claudio, c. 28. Posidès dépensa une grande partie de ses richesses en bâtiments.
Ut spado vincebat capitolia, nostra
Posides. JUVÉNAL, Sat. XIV.
[2080] Castrati mates vetuit. Suétone, in Domitian, c. 7. Voyez Dion Cassius, l. LXVII, p. 1107 ; l. LXVIII, p. 1119.
[2081] Il y a un passage dans l’Histoire Auguste (p. 137) dans lequel Lampride, en louant Alexandre-Sévère et Constantin d’avoir mis des bornes à la tyrannie des eunuques, déplore les malheurs dont ils ont été la cause sous d’autres règnes. Huc accedit quod eunuchos nec in consiliis, nec in ministeriis habuit, qui soli principes perdunt, dam cosmore gentium aut regum Persarum volunt vivere ; qui à populo etiam amicissimum semovent ; qui internuncii sunt, aliud quum respondetur referentes ; claudentes principem suum, et agentes ante omnia, ne quid sciat.
[2082] Xénophon (Cyropœdia, l. VIII, p. 540) a détaillé les motifs spécieux qui engagèrent Cyrus à confier la garde de sa personne à des eunuques. Il avait remarqué que la même mutilation, pratiquée sur les animaux, les rendait plus dociles, sans diminuer leur force ou même leur courage et il s’imagina qu’une espèce bâtarde, séparée de tout le reste du genre humain, serait plus inviolablement attachée à son bienfaiteur. Mais une longue expérience a démenti le jugement de Cyrus. Il peut se trouver quelques exemples bien rares d’eunuques qui se sont distingués par leur talent, par leur valeur et par leur fidélité ; mais, en examinant l’histoire générale de la Perse, de l’Inde et de la Chine, on remarque que la puissance des eunuques annonçait toujours le déclin et la chute de chaque dynastie.
[2083] Voyez Ammien Marcellin, l. XXI, c. 16, l. XXII, c. 4. Tout le cours de cette histoire impartiale sert à justifier les invectives de Mamertin, de Libanius et de Julien lui-même, qui ont déclamé contre les vices de la cour de Constance.
[2084] Aurelius-Victor blâme la négligence que son souverain a mise dans le choix de ses gouverneurs de provinces et dés généraux de ses armées, et finit son histoire par une observation très hardie, qu’il est moins dangereux, sous un règne faible, d’attaquer la personne du monarque que celle de ses ministres.
Uti verum absolvant brevi, ut imperatore ipso clarius ita apparitorum plerisque mages atrox nihil.
[2085] Apud quem (si vere dici debeat) multum Constantius potuit. Ammien, l. XVIII, c. 4.
[2086] Saint Grégoire de Nazianze (orat. 3, p. 90) reproche à l’apostat son ingratitude pour Marc, évêque d’Aréthuse qui avait aidé à lui sauver la vie ; et nous apprenons, quoique d’une autorité moins respectable (Tillemont, Hist. des Emper., t. IV, p. 916) que Julien fut caché dans le sanctuaire d’une église.
[2087] L’histoire la plus authentique de l’éducation et des aventures de Julien, est contenue dans une épître ou manifeste qu’il adressa lui-même au sénat et au peuple d’Athènes. Libanius (orat. parentalis) du côté des païens, et Socrate (l. III, c. 1) du côté des chrétiens, ont conservé différentes circonstances fort intéressantes.
[2088] Relativement à la promotion de Gallus, voyez Idatius, Zozime et les deux Victor. Selon, Philosforgius (l. IV, c. 1), Théophile, évêque arien, fut témoin, et en quelque façon garant de cet engagement solennel. Il soutint ce caractère avec fermeté ; mais Tillemont (Hist. des Emper., t. IV p. 1120) croit qu’il n’est point du tout probable qu’un hérétique ait eu de si grandes vertus.
[2089] Gallus et Julien n’étaient pas fils de la même mère. Leur père, Julius Constantius, avait eu Gallus de sa première femme, nommée Galla ; Julien était le fils de Basilina, qu’il avait épousée en secondes noces. Tillemont, Hist. des Emper., vie de Constantin, art. 3. (Note de l’Éditeur.)
[2090] Julien eut d’abord la liberté de suivre ses études à Constantinople ; mais la réputation qu’il acquit excita bientôt l’inquiétude de Constance, et on conseilla au jeune prince de se retirer dans les contrées moins en vue de l’Ionie ou de la Bithynie.
[2091] Voyez Julien, ad. S.P.Q.A., p. 271 ; saint Jérôme, in Chron. ; Aurelius-Victor ; Eutrope, X, 14. Je copierai les expressions littérales d’Eutrope, qui a écrit son abrégé environ quinze ans après la mort de Gallus, lorsqu’il n’existait plus aucun motif de louer ou de blâmer son caractère : Multis incivilibus gestis Gallus cæsar... Vir naturâ ferox, et ad tyrcannidem pronior, si suo jure imperare licuisset.
[2092] Megœra quidem mortalis, inflammatrix sœvientis assidua, humani cruoris avida, etc. Ammien Marcellin, l. XIV, c. 1. La sincérité d’Ammien ne lui aurait pas permis de déguiser les faits ou les caractères ; mais son goût, pour les ornements ambitieux du style lui a fait souvent hasarder des expressions d’une véhémence outrée.
[2093] Il se nommait Clematius d’Alexandrie, et tout son crime fut de ne pas vouloir satisfaire, les désirs de sa belle-mère, qui sollicita sa mort par un dépit amoureux. Ammien, l. XIV, c. 1.
[2094] Voyez dans Ammien (liv. XIV, ch. 1, p. 7) un ample détail des cruautés de Gallus. Son frère Julien (p. 272) insinue qu’il s’était formé secrètement une conspiration contre lui ; et Zozime nomme (l. II, p. 135) les personnages qui avaient conspiré : un ministre d’un rang distingué, et deux agents obscurs qui voulaient faire fortune.
[2095] Zonare, t. II, l. XIII, p. 17, 18. Les assassins avaient séduit un grand nombre de légionnaires ; mais leur dessein fut découvert et révélé par une vieille femme dans la cabane de laquelle ils s’étaient retirés.
[2096] Dans le texte d’Ammien, nous lisons, asper quidem, sed ad lenitatem propensior ; ce qui constitue une phrase contradictoire et ridicule. A l’aide d’un vieux manuscrit, Valois a rectifié première de ces fautes, et nous apercevons un rayon de lumière par la substitution du mot vafer. Si nous hasardons de changer lenitatem en levitatem, cette mutation d’une seule lettre rend tout le passage clair et conséquent.
[2097] Au lieu d’être obligé de puiser çà et là dans des fragments imparfaits, nous avons à présent le secours de l’histoire suivie d’Ammien ; et nous pouvons renvoyer aux septième et neuvième chapitres de son quatorzième livre. Cependant Philostargius, quoiqu’un peu partial en faveur de Gallus, ne doit pas être tout à fait rejeté.
[2098] Elle avait près de son mari ; mais elle mourut en route de la fièvre, dans une petite ville de Bithynie, nommée Cœnum Gallicanum.
[2099] Les légions thébaines, qui étaient en quartier à Andrinople, envoyèrent une députation à Gallus pour lui offrir leurs services. Ammien, XIV, c. 11. La Notitia (s. 6, 20, 38, édit. Labb.) fait mention de trois légions portant le nom de légions thébaines. Le zèle de M. de Voltaire pour la description d’une légende méprisable, quoique célèbre, l’a engagé à nier, sûr les plus faibles autorités, l’existence d’une légion thébaine dans les armées romaines. Voyez les Œuvres de Voltaire, t. V, p. 114, édit. in-4°.
[2100] Voyez le récit complet du voyage et de la mort de Gallus dans Ammien (XIV, c. 1), Julien se plaint que son frère a été exécuté sans avoir été jugé. Il tâche de justifier, ou, du moins d’excuser les vengeances cruelles qu’il avait exercées contre ses ennemis ; mais il semble convenir qu’on aurait pu le priver de la pourpre avec justice.
[2101] Philostorgius, t. IV, c. 1 ; Zonare, XIII, t. II,. p. 19. Mais le premier était partial en faveur d’un monarque arien, et l’autre transcrivait sans choix et sans discernement tout ce qu’il trouvait dans les écrits des anciens.
[2102] Voyez Ammien Marcellin, XV, c. 1 ; 3, 8. Julien lui-même, dans son épître aux Athéniens, fait un tableau frappant de son propre danger et de ses sentiments. Il montre cependant un penchant exagérer ce qu’il a souffert, en insinuant, quoiqu’en termes obscurs, que ses malheurs durèrent plus d’une année ; ce qu’il est impossible de concilier avec la vérité de la chronologie.
[2103] Julien à peint les crimes et les malheurs de la famille de Constantin dans une fable allégorique, bien imaginée, et rendue avec grâce. Elle se trouve à la fin de la septième harangue, d’où elle a été détachée et traduite par l’abbé de La Bletterie, Vie de Jovien, tome II, p. 385-408.
[2104] Elle était née à Thessalonique en Macédoine, d’une famille noble, fille et sœur de consuls. Elle épousa l’empereur dans l’année 352, dans un temps de faction. Les historiens de tous les partis ont rendu justice à son mérite. Voyez les témoignages rassemblés par Tillemont, Hist. des Empereurs, t. IV, p. 750-754.
[2105] Libanius et saint Grégoire de Nazianze ont épuisé l’art, et la force de leur éloquence, pour représenter Julien comme le premier des héros ou le plus odieux des tyrans. Saint Grégoire fut son condisciple à Athènes, et les symptômes de la future perversité de l’apostat qu’il décrit d’une manière si tragique, se réduisent à quelques imperfections corporelles et à quelques singularités dans ses manières et dans sa façon de parler. Il proteste cependant qu’il prévit dès ce temps là tous les malheurs de l’Eglise et de l’empire. Saint Grégaire de Nazianze, Orat. IV, p. 121, 122.
[2106] Succcumbere tot necessitatibus tamque crebris unum se quod nunquam fecerat aperte demonstrains. (Ammien, XV, c. 8.) Il rapporte ensuite dans leurs propres termes les assurances flatteuses des courtisans.
[2107] Tantum a temperatis moribus Juliani differens fratris, quantum inter Vespasiani filios fuit, Domitianum et Titum. (Ammien, XIV., c. 11) Les épreuves et l’éducation des deux frères eurent une si grande ressemblance, qu’elles fournissent un exemple frappant de la différence innée des caractères.
[2108] Ammien, XV, c. 8 ; Zozime, III, p. 137, 138.
[2109] Julien, ad S. P. Q. A., p 275, 276 ; Libanius, orat. X, p. 268. Julien ne céda point que les dieux ne lui eussent fait connaître leur volonté par des visions et des présages. Sa piété lui défendit alors de leur résister.
[2110] Julien représente lui-même (p. 274), d’une manière assez plaisante, les circonstances de cette métamorphose, ses regards baisés, et son maintien embarrassé, lorsqu’il se trouva transporté dans un monde nouveau, où tout lui paraissait étrange et dangereux.
[2111] Voyez Ammien Marcellin, XV, c. 8 ; Zozime, III, p. 139 ; Aurelius-Victor ; Victor le Jeune, in Epitom. ; Eutrope, X, 14.
[2112] Militares omnes horrendo fragore scuta genibus illidentes, quod est prosperitatis indicium plenum ; nam contra cum hastis clypei feriuntur, irœ documentum est et doloris.... Ammien ajoute par une subtile distinction : Eumque, ut potiori reverentia servaretur, nec supra modum nec infra quam decebat.
[2113] Ελλαβε πορφυεος θανατος xαι μοιρα xραταιη.
Le mot pourpre, dont Homère fait usage comme d’une épithète vague, mais qui servait communément à désigner la mort, fut appliquée très justement par Julien à la nature et au motif de ses craintes.
[2114] Il peint de la manière la plus pathétique (p. 277) les peines cruelles de sa nouvelle situation. Cependant sa table était servie avec tant de luxe et de profusion que le jeune philosophe la rejeta avec dédain. Quum legeret libellum assidue, quem Constantius ut privignum ad studia mittens manu sua conspriserat, prœlicenter disponens, quid in convivio Cœsaris impendi deberet, phasianum, et vulvam et sumen exigi vetuit et inferri. Ammien Marcellin, XVI, c. 5.
[2115] Si nous nous rappelons que Constantin, père d’Hélène, était mort plus de dix-huit ans au auparavant dans un âge très avancé, il paraîtra probable que la fille, quoique vierge, n’était pas fort jeune au moment son mariage. Elle accoucha bientôt d’un fils, qui mourut immédiatement après être venu au monde. Quod obstetrix, corrupta mercede, mox natum, prœsecto plus quam convenerat umbilico, necavit. Elle accompagna l’empereur et l’impératrice dans leur voyage à Rome, et la dernière.... quœsitum venenum bibere per fraudem illexit, ut quotiescunque concepisset, immaturum abjiceret partum. (Ammien, XVI, c. 10) Nos médecins décideront si un tel poison existe. Quant à moi, j’incline à croire que la méchanceté du public imputait des accidents naturels aux crimes supposés de l’impératrice Eusebia.
[2116] Ammien (XV, 5) était parfaitement informé de la conduite et du sort de Sylvanus. Il fut lui-même un de ceux qui suivirent Ursicinus dans sa dangereuse entreprise.
[2117] Relativement aux particularités de la visite que Constance fit à Rome, voyez Ammien, XVI, c. 10. Nous ajouterons seulement que Themistius fut nommé député de Constantinople, et que ce fut à l’occasion de cette cérémonie qu’il composa sa quatrième harangue.
[2118] Hormisdas, prince réfugié de la Perse, fit observer à l’empereur que s’il faisait construire un pareil cheval, il lui faudrait aussi une semblable écurie, faisait allusion au forum de Trajan. On rapporte un autre bon mot d’Hormisdas. La seule chose qui lui avait déplu, disait-il, c’était de voir que les hommes mouraient à Rome tout comme ailleurs. Si nous adoptons dans le texte d’Ammien displicuisse, au lieu de placuisse, nous pouvons regarder cette plaisanterie comme un reproche qu’il faisait aux Romains de leur vanité. Le sens contraire serait la pensée d’un misanthrope.
[2119] Lorsque Germanicus visita les anciens monuments de Thèbes, le plus ancien des prêtres lui expliqua le sens des hiéroglyphes (Tacite, Ann., II, c. 60). Mais il paraît probable qu’avant l’invention de l’alphabet ces signes arbitraires ou naturels servaient de caractères aux Égyptiens. Voyez Warburton, Législation divine de Moïse, tome III, p. 69, 243.
[2120] Voyez Pline, Hist. nat., XXXVI, c. 14, 15.
[2121] Ammien Marcellin c. 4. Il donne une interprétation grecque des hiéroglyphes, et Lindenbrogius, son commentateur, ajoute une inscription latine, qui en vingt vers du siècle de Constance, contient une histoire abrégée de l’obélisque.
[2122] Voyez Donat. Roma antiqua, III, c. 14 ; IV, c. 12 ; et la dissertation savante, quoique obscure, de Bargæus sur les obélisques, insérée dans le quatrième volume de Grœvius, Antiquités romaines, p. 1897-1936. Cette dissertation est dédiée au pape Sixte-Quint, qui éleva l’obélisque de Constance dans la place, en face de l’église de Saint-Jean-de-Latran.
[2123] Les évènements de la guerre des Sarmates et des Quades sont racontés par Ammien, XVI, 10 ; XVII, 12, 13 ; XIX, 11.
[2124] Genti Sarmatarum magno decori considens apud cos regem dedit. (Aurelius-Victor.) Dans une pompeuse harangue prononcée par Constance lui-même, il célèbre ses propres exploits avec beaucoup d’orgueil et quelque vérité.
[2125] Ammien, XVI, 9.
[2126] Ammien (XVII, 5) transcrit cette lettre hautaine. Themistius (oratio IV, p. 57, édit. Petav.) fait mention de l’enveloppe de soie. Idatius et Zonare parlent du voyage de l’ambassadeur, et Pierre Patrice rend compte de sa conduite conciliante, in Excerpt. Legat., p. 28.
[2127] Ammien, XVII, 5, et Valois, ad loc. Le sophiste ou philosophe (dans ce siècle, ces deux noms étaient synonymes), le sophiste était Eustache de Cappadoce, disciple de Jamblique et l’ami de saint Basile. Eunape (in vit. Edesii, p. 44-47 ) attribue à l’ambassadeur philosophe la gloire d’avoir enchanté le roi barbare par les charmes persuasifs de l’éloquence et de la raison. Voyez Tillemont, Hist. des Empereurs, t. IV, p. 828-1132.
[2128] Ammien, XVIII, 5, 6, 8. La conduite décente et respectueuse d’Antoninus vis-à-vis du général Romain, le présente dans un jour très favorable ; et Ammien lui-même ne peut s’empêcher de parler du traître avec estime et compassion.
[2129] Cette anecdote, telle qu’elle est rapportée par Ammien, sert à prouver la véracité d’Hérodote (I, c. 133), et la constance des Perses à conserver leurs usages. Dans tous les siècles les Perses ont été adonnés à l’intempérance, et les vins de Chiraz ont triomphé de la loi de Mahomet. Brisson, de Regno Pers., II, p. 462-472 ; et Chardin, Voyage en Perse, t. III, p. 90.
[2130] Ammien, XVIII, 6, 7, 8, 10.
[2131] Pour, la description d’Amida, voyez d’Herbelot, Bibliothèque orient., p. 108 ; Histoire de Timur-Bec, par Cheref-eddin-Ali, III, c. 41 ; Ahmed-Arabsiades, t. I, p. 331, c. 43 ; Voyages de Tavernier, t. I, p. 301 ; Voyages d’Otter, t. II, p. 273 ; et les Voyages de Niebuhr, t. II, p. 324-328. Le dernier de ces voyageurs, Danois savant et exact, a donné un plan d’Amida qui éclaircit les opérations du siége.
[2132] Diarbekir, que les Turcs, dans leurs actes publics, nomment Kara-Amid, contient plus de seize mille maisons ; elle est la résidence d’un pacha à trois queues. L’épithète de Kara vient de la couleur noire de la pierre dont sont construits les solides et anciens murs d’Amida.
[2133] Les opérations du siège d’Amida sont décrites dans le plus grand détail, par Ammien (XIX, 1-9), qui combattit honorablement pour sa défense, et s’échappa, avec peiné quand la ville fut emportée par les Persans.
[2134] De ces quatre nations, les Albaniens sont trop bien connus pour exiger plus de détails ; les Ségestins habitaient un pays plat et vaste, qui porte encore leur nom, au sud du Khorasan, et à l’occident de l’Indostan. (Voyez Geographia nubiensis, p. 133 ; d’Herbelot, Bibliothèque orientale, p. 797.) Nonobstant la victoire si vantée de Bahram (tome I, p. 410), les Ségestins, plus de quatre-vingts ans après, paraissent encore être une nation libre et alliée de la Perse. Nous ignorons où habitaient les Vertœ et les Chionites, mais j’inclinerais à croire que ces deux nations, ou au moins la dernière, occupaient les confins de l’Inde et de la Scythie. Voyez Ammien, XVI, 9.
[2135] Ammien a marqué la chronologie de cette année par trois signes, qui ne se rapportent pas très bien entre eux, ni avec le cours de l’histoire. 1° Le blé était mûr lorsque Sapor entra dans la Mésopotamie : cum jam stipula flavente turgerent. Cette circonstance dans la latitude d’Alep, nous rejetterait au mois d’avril ou de mai. Voyez les Observations de Harmer sur l’Écrit., V, I, p. 41 ; les Voyages de Shaw, p. 305, édit in-4°. 2° Les progrès de Sapor furent arrêtés par le débordement de l’Euphrate, qui arrive ordinairement dans les mois de juillet ou d’août. Pline, Hist. nat., V, 21 ; Viaggi di Pietro della Valle, tome I, p. 696. 3° Quand Sapor se fut rendu maître d’Amida, après un siége de soixante-treize jours, l’automne était fort avancé. Autumno prœcipiti hœdorumque improbo sidere exorto. Pour concilier ces contradictions frappantes, il faut supposer quelque délai du roi de Perse, quelques inexactitudes de l’historien, ou quelque désordre extraordinaire dans les saisons.
[2136] Ammien (XX, 6, 7) fait le récit de ces siéges.
[2137] Pour l’identité de Virtha et de Técrit, voyez d’Anville, Géographie ancienne, t. II, p. 201. Pour le siége de ce château par Timur-Bec ou Tamerlan ; voyez Cherefeddin, III, c. 33. Le biographe persan exagère le mérite et la difficulté de cette expédition, qui délivra les caravanes de Bagdad d’une troupe formidable de voleurs.
[2138] Ammien (XVIII, 5, 6 ; XIX, 3, XX, 2) parle du mérite et de la disgrâce d’Ursicinus avec les détails et les sentiments de fidélité qui conviennent à un soldat relativement à son général. On peut le soupçonner d’un peu de partialité ; mais au total son récit paraît probable et conséquent.
[2139] Ammien, XX, 11 : Omisso vano incepto, hiematurus Antiochiœ redit in Syriam œrumnosam, perpessus et ulcerum sed et atrocia, diuque deflenda. C’est ainsi que Jacques Gronovius a rétabli un passage obscur ; et il pense que cette seule correction aurait mérité une nouvelle édition de son auteur, dont on peut à présent deviner le sens. J’espérais trouver quelques nouveaux éclaircissements dans les recherches récentes du savant Ernesti. (Leipzig, 1773).
[2140] On peut trouver dans les ouvrages de Julien lui-même (orat. ad S. P. Q. Athen., p. 277) le tableau des ravages des Germains et de la détresse des Gaules. Dans Ammien, XV, 11 ; Libanius, orat. 10 ; Zozime, III, p. 140 ; Sozomène, III, c. 1.
[2141] Ammien (XVI, 8). Ce nom semble dérivé des Toxandri de Pline, et on le trouve fréquemment répété dans les histoires du moyen âge. La Toxandrie était un pays de bois et de marais, qui s’étendait depuis les environs de Tongres jusqu’au confluent du Vahal et du Rhin. Voyez Valois, Notit. Galliar., p. 558.
[2142] Le paradoxe du père Daniel, qui prétendait que les Francs n’avaient jamais obtenu d’établissement fixe sur ce côté-ci du Rhin avant le règne de Clovis, est réfuté très savamment, et avec beaucoup de bon sens, par M. Biet, qui a démontré, par une longue suite d’autorités, que les Francs ont possédé sans interruption la Toxandrie pendant cent trente ans avant l’avènement de Clovis. La dissertation de M. Biet a été couronnée par l’académie de Soissons, en 1736, et semble avoir été préférée avec justice au discours de son célèbre concurrent, l’abbé Le Bœuf, antiquaire dont le nom exprime assez heureusement le genre de talent.
[2143] La vie privée de Julien dans la Gaule et la discipline sévère à laquelle il s’assujettit, sont rapportées par Julien lui-même et par Ammien (XVI, 5), qui professe une grande estime pour cette conduite, que Julien affecte de tourner en ridicule (Misopogon, p. 240), et qui effectivement, dans un prince de la maison de Constantin, avait droit de surprendre le monde.
[2144] Aderat latine quoque disserenti sufficiens sermo. Ammien, XVI, 5. Mais Julien, élevé dans les écoles de la Grèce, ne regarda jamais le langage des Romains que comme un idiome vulgaire et étranger, dont seulement il pourrait être obligé de se servir en certaines occasions.
[2145] Nous ignorons la place qu’occupait alors cet excellent ministre, à qui Julien donna depuis la préfecture de la Gaule. L’esprit soupçonneux de l’empereur l’engagea tôt à rappeler Salluste ; et nous avons encore un discours fait avec sensibilité, quoique d’une manière pédantesque (p. 240-252), dans lequel Julien déplore la perte d’un ami si précieux, auquel il se reconnaît redevable de sa réputation. Voyez La Bletterie, Préface de la vie de Jovien, p. 20.
[2146] Ammien (XVI, 2, 3) paraît plus content des succès de cette première campagne de Julien lui-même, qui avoue naïvement qu’il n’a rien exécuté d’important ; et qu’il a été forcé de fuir devant les ennemis.
[2147] Ammien, XVI, 7. Libanius parle en des termes plutôt avantageux que défavorables des talents militaires de Marcellus (orat. 10, p. 272), et Julien fait entendre que l’empereur ne l’aurait pas rappelé si légèrement, s’il n’y avait pas eu à la cour d’autres griefs contre lui (p. 278).
[2148] Severus, non discors, non arrogans, sed longa militiæ frugalitate compertus, et cum recta prœeuntem secuturus, ut ductorem morigerus miles. Ammien, XVI, 11 ; Zozime, III, p. 140.
[2149] Relativement à la jonction projetée et non exécutée de Barbatio avec Julien, et à la retraite de ce général, voyez Ammien, XVI, 11 ; et Libanius, orat. 10, p. 273.
[2150] Ammien (XVI, 12) décrit avec son éloquence ampoulée la figure et le caractère de Chnodomar. Audax et fidens ingenti robore lacertorum, ubi ardor prœlii sperabatur immanis, equo spumante, sublimior, erectus in jaculum formidandœ, vastitatis, armorumque nitore conspicuus : antea strenuus et miles et utilis prœter cœteros ductor....... Decentium Cœsarem superavit œquo marte congressus.
[2151] Après la bataille, Julien essaya de rétablir l’ancienne discipline dans toute sa rigueur, en exposant les fuyards aux risées du camp, habillés en femmes. Ces troupes relevèrent noblement leur honneur dans la campagne suivante. Zozime, III, p. 142.
[2152] Julien lui-même (ad S. P. Q. Athen., p. 279) parle de la bataille de Strasbourg avec cette modestie que donne le sentiment intérieur du mérite. Zozime la compare à la victoire d’Alexandre sur Darius, et cependant nous n’avons pu découvrir aucun de ces traits frappants du génie militaire d’un général, qui fixent l’attention de la postérité sur la conduite et le succès d’une bataille.
[2153] Ammien, XVI, 12. Libanius augmente de deux mille le nombre des morts (orat. 10, p. 274) ; mais ces faibles différences sont peu de chose en comparaison de soixante mille Barbares que Zozime sacrifie à la gloire de son héros (III, p. 141). Nous pourrions accuser de cette extravagante la négligence des copistes, si cet historien crédule ou partial n’avait pas converti l’armée des Allemands, qui n’était que de trente-cinq mille combattants, en une multitude innombrable de Barbares, πληθος απειρον Βαρβαρων. Nous serions coupables, d’après cette découverte, de donner trop légèrement notre confiance à de semblables récits.
[2154] Ammien, XVI, 12 ; Libanius, orat. 10, p. 276.
[2155] Libanius (orat. 3, p. 157) donne un tableau très piquant des mœurs des Francs.
[2156] Ammien, XVII, 2 ; Libanius, orat. 10, p. 278. L’orateur grec, interprétant mal un passage de Julien, représente les Francs comme une troupe de mille combattants ; et comme il avait la tête remplie de la guerre du Péloponnèse, il les compare aux Lacédémoniens qui furent assiégés et pris dans l’île de Sphactérie.
[2157] Julien, ad S. P. Q. Athèn., p. 280 ; Libanius, orat. 10, p. 280. Selon l’expression de Libanius, l’empereur δωρα ωνομαζε, ce que La Bletterie (Vie de Julien, p. 118) regarde comme un aveu généreux ; et Valois (ad. Ammian., XVII, 2), comme un vil détour pour obscurcir la vérité. Dom Bouquet (Hist. de France, t. I, p. 733), en substituant un mot ενομισε, évite la difficulté en détruisant le sens du passage.
[2158] Ammien, XVII, 8 ; Zozime, III, p. 146-150. Son récit est obscurci par un mélange de fables ; et Julien, ad S : P. Q. Athen., p. 280, dit : υπεδεξαμην μεν μοιραν του Σαλιων θενους, Χαμαβους δε εξηλασα. Cette différence sert à confirmer l’opinion que les Francs Saliens obtinrent la permission de conserver leur établissement dans la Toxandrie.
[2159] Eunape (in Excerpt. legat., p. 15, 16, 17) raconte cette histoire intéressante que Zozime a abrégée, et il l’orne de toute l’amplification d’un rhéteur grec ; mais le silence de Libanius, d’Ammien et de Julien, lui-même, rend ce récit fort douteux.
[2160] Libanius, ami de Julien, donne clairement à entendre (orat. 4, p. 178) que son héros a écrit une histoire de ses campagnes dans la Gaule ; mais Zozime (III, page 140) paraît n’avoir puisé sa relation que dans les harangues (λογοι) et dans les Épîtres de Julien. Le discours adressé aux Athéniens contient un récit exact, quoique peu circonstancié, de la guerre contre les Germains.
[2161] Voyez Ammien, XVII, 1, 10 ; XVIII, 2 ; et Zozime, III, p. 144 ; Julien, ad S. P. Q. Athen., p. 208.
[2162] Ammien, XVIII, 2 ; Libanius, orat. 10, p. 279, 280. De ces sept postes, quatre sont aujourd’hui des villes assez considérables, Bingen, Andernach, Bonn et Nuyss. Les trois autres, Tricesimæ, Quadriburgium et Castra Herculus ou Héraclée, ne subsistent plus ; mais il y a lieu de croire que sur le terrain de Quadriburgium les Hollandais ont construit le fort de Schenk, dont le nom blessait si violemment l’excessive délicatesse de Boileau. Voyez d’Anville, Notice de l’ancienne Gaule, p. 183 ; Boileau, épit. IV, et les notes.
[2163] Nous pouvons en croire Julien lui-même, orat. ad S. P. Q. Athen., p. 280. Il fait un récit très circonstancié de cette expédition. Zozime ajoute deux cents vaisseaux de plus, III, p. 145. En évaluant le port de chacun des six cents vaisseaux de Julien à soixante-dix tonnes, ils pouvaient exporter cent vingt mille quarters. Voyez les Poids et Mesures d’Arbuthnot, p. 237. Le pays qui pouvait supporter une pareille exportation devait avoir atteint déjà un degré de culture bien florissant.
[2164] Les troupes se mutinèrent une fois, immédiatement avant le second passage du Rhin. Ammien, XVII, 9.
[2165] Ammien, XVI, 5 ; XVIII, 1 ; Mamertin, in Panegyr. vet., XI, 4.
[2166] Ammien, XVII, 3 ; Julien., epist. 15, éd. Spanheim. Une telle conduite justifie presque ce magnifique éloge de Mamertin : Ita illi anni spatia divisa sunt, ut aut Barbaros dominet, aut civibus jura restituat, perpetuum professus, aut contra hostem ; aut contra vitia, certatem.
[2167] Libanius, orat. parental. in imper. Julian., c. 38. ; in Fabricii græc. Bibliothec., t. VIII, p. 263, 264.
[2168] Voyez Julien, in Misopogon, p. 340, 341. L’ancienne situation de Paris est décrété par Henri Valois (ad Ammian., XX, 4), par son frère Adrien Valois, et par M. d’Anville, dans leurs Notices sur l’ancienne Gaule ; par l’abbé de Longuerue, Description de la France, t. I, p. 12, 13 ; et M. Bonamy, dans les Mémoires de l’Académie des Inscript., t. XV, p. 656, 691.
[2169] Την φιλην Δευxετιαν. Julien, in Misopogon., page 340. Leucetia ou Lutetcia était l’ancien nom de la cité qui selon l’usage du quatrième siècle, prit ensuite le nom territorial de Parisiis.
[2170] Julien, in Misopogon., p. 359, 360.
[2171] La date des Institutions divines, de Lactance a été savamment discutée ; on a proposé les difficultés et les solutions et imaginé l’expédient de deux éditions originales, l’une publiée durant la persécution de Dioclétien, et l’autre pendant la persécution de Licinius. Voyez Dufresnoi, préface, p. 5 ; Tillemont, Mém. ecclés., tome VI, p. 465-470 ; Lardner, Crédibilité, etc., part. 2, tome VII, 78-86. Quant à moi, je suis presque convaincu que Lactance a dédié ses Institutions au souverain de la Gaule, dans le temps où Galère, Maximin et même Licinius, persécutèrent les chrétiens, c’est-à-dire, entre les années 306 et 311.
[2172] Lactance, divin. Instit., I, VII, 27. Le premier et le plus important de ces passages est omis à la vérité dans vingt-huit manuscrits ; mais il se trouve dans dix-neuf. Si nous balançons l’autorité respective de ces manuscrits, nous pouvons citer en faveur du passage un manuscrit de neuf cents ans, qui est dans la bibliothèque du roi de France ; mais ce même passage ne se trouve point dans le manuscrit correct de Bologne, que le père Montfaucon suppose écrit dans le sixième ou septième siècle (Diarium italic., p. 409). La plupart des éditeurs, excepté Isée, ont reconnu le style de Lactance. Voyez Lactance, éd. Dufresnoi, t. I, p. 596.
[2173] Eusèbe, in vit. Constant., I, c. 27-32.
[2174] Zozime, II, p. 104.
[2175] On observait toujours cette cérémonie en faisant un catéchumène. Voyez les Antiquités de Bingham, X, c. 1, p. 419 ; dom Chardon, Hist. des Sacrements, t. I, p. 62 ; et Constantin s’y soumit pour la première fois, immédiatement avant son baptême et sa mort. Eusèbe, in vit. Constant., IV, c. 61. D’après la liaison de ces deux faits, Valois (ad loc. Euseb.), tire une conclusion que Tillemont admet avec répugnance (Hist. des Empereurs, t. IV, p. 628) et Mosheim la réfute par des arguments très faibles, p. 968.
[2176] Eusèbe, in vit. Constant., IV, c. 61, 62, 63. La légende du baptême de Constantin à Rome, treize ans avant sa mort, a été fabriquée dans le huitième siècle, pour servir de motif à sa donation. Tel a été le progrès graduel des lumières, qu’une histoire que le Cardinal Baronius n’a pas eu honte d’affirmer (Annal. ecclés., A. D. 32, nos 43-49), passe aujourd’hui pour peu certaine, même dans l’enceinte du Vatican. Voyez les Antiquités chrétiennes, t. II, p. 232. Cet ouvrage a été publié à Rome avec six approbations dans l’année 1751, par le père Mamachi, savant dominicain.
[2177] Le questeur, ou secrétaire, qui a rédigé la loi du Code Théodosien, fait dire à son maître avec indifférence : Hominibus supradictæ religionis (XVI, t. 2, leg 1). Le ministre des affaires ecclésiastiques écrivait d’un style plus respectueux et plus dévot : της ενθεσμον xαι αγιωτατης xαθολιxης θρησxειας ; le légal et très saint culte catholique. Voyez Eusèbe, Hist. ecclésiastique, X, c. 6.
[2178] Cod. Théodosien, II, tit. 8, leg. 1 ; Code de Justin., III, tit. 12, leg. 3. Constantin appelle le jour du Seigneur dies Solis. Ce nom ne pouvait pas blesser l’oreille de ses sujets païens.
[2179] Cod. Théodosien, XVI, tit. 10, leg. 1. Godefroy, en qualité de commentateur, tâche (tome VI, p. 257) d’excuser Constantin ; mais Baronius, plus zélé (Annal. ecclésiastiques, A. D. 321, n°18), blâme avec justice et sévérité cette conduite profane.
[2180] Théodoret (I, c. 18) insinue qu’Hélène fit élever son fils dans la religion chrétienne, mais nous pouvons certifier, d’après l’autorité plus respectable d’Eusèbe (in vit. Contant., III, c. 47) qu’Hélène elle-même n’eut connaissance du christianisme que par les soins de Constantin.
[2181] Voyez les médailles de Constantin dans Ducange et Banduri. Comme peu de villes avaient conservé le privilège d’avoir un coin particulier, presque toutes les médailles sortaient de la monnaie qui était immédiatement sous l’autorité impériale.
[2182] Le panégyrique d’Eumène (VII, inter Panegyr. vet.), qui fut prononcé peu de mois avant la guerre d’Italie, contient une foule de preuves incontestables de la superstition païenne de Constantin, et de sa vénération particulière pour Apollon ou le Soleil, à laquelle Julien fait allusion (Orat. 7, p. 228, απολειπων σε). Voyez les Commentaires de Spanheim sur les Césars, p. 317.
[2183] Constantin, orat. ad sanctos, c. 25 ; mais il serait facile de prouver que le traducteur grec a amplifié le sens de l’original latin ; et l’empereur, dans sa vieillesse, pouvait se rappeler la persécution de Dioclétien avec une horreur plus vive qu’il ne l’avait sentie lorsqu’il était jeune et professait encore le paganisme.
[2184] Voyez Eusèbe, Hist. ecclés., VIII, 13 ; IX, 9 ; et dans la Vie de Constantin, I, c. 16, 17 ; Lactance, divin Instit, I ; Cæcilius, de Mort. pers., c. 25.
[2185] Cæcilius (de Mort. persec., c. 48) a conservé l’original latin, et Eusèbe (Hist. ecclés., X, c. 5) a donné une traduction grecque de cet édit perpétuel, qui renvoie à des règlements provisoires.
[2186] Un panégyrique de Constantin, prononcé sept ou huit mois après l’édit de Milan (voyez Godefroy, Chronolog. Legum, p. 7 ; et Tillemont, Hist. des Emper., t. IV, p. 246), se sert de l’expression suivante et remarquable : Summe rerum sator, cujus tot nomina sunt, quot linguas gentium esse voluisti, quem enim te ipse dici velis, scire non possumus. (Panégyr. vet., IX 26.) En rendant compte des progrès de Constantin dans la foi chrétienne, Mosheim (p. 970, etc.) est ingénieux, subtil et prolixe.
[2187] Voyez l’élégante description de Lactance (divin. Instit., V, 8.) Il est beaucoup plus clair et plus affirmatif qu’il ne convient à la discrétion d’un prophète.
[2188] Le système politique des chrétiens est expliqué par Grotius, de Jure belli et pacis, I, c. 3, 4. Grotius était républicain et exilé, mais la douceur de son caractère le disposait à soutenir l’autorité établie.
[2189] Tertullien, Apologétique, c. 32, 34, 35, 36. Tamen nunquam Albiniani, nec Nigrian, vel Cassiani inveniri potuerunt Christiani. Ad Scapulam, c. 2. Si cette assertion est strictement vraie, elle exclut les chrétiens de ce siècle de tous les emplois civils, et militaires, qui pouvaient les forcer à servir activement leurs gouvernements respectifs. Voyez les ouvrages de Moyle, t. II, p. 349.
[2190] Voyez l’adroit Bossuet (Hist. des variations des Églises protestantes, t. III p. 210-258), et le malicieux Bayle, t. II, p, 620. Je nomme Bayle, parce qu’il est certainement l’auteur de l’Avis aux Réfugiés. Consultez le Dictionnaire critique de Chauffepié, t. I, part. II, p. 145.
[2191] Buchanan est le premier, ou au moins le plus célèbre des réformateurs, qui ait justifié la théorie de la résistance. Voyez son dialogue de Jure regni apud Scotos, t. II, p. 28-30 ; édit. fol. Ruddiman.
[2192] Lactance, divin. Inst., I, c. 1. Eusèbe, dans son histoire, dans sa vie et dans ses harangues, tâche continuellement de prouver le droit divin de Constantin à l’empire.
[2193] Nous n’avons qu’une connaissance imparfaite de la persécution de Licinius, tirée d’Eusèbe (Hist. ecclés., X, 8 ; Vit. Const., I, c. 49, 56 ; II, c. 1, 2). Aurelius Victor parle en général de sa cruauté.
[2194] Eusèbe, in vit. Constant., II, c. 24, 42, 48, 60.
[2195] Au commencement du dernier siècle, les papistes de l’Angleterre ne composaient qu’une trentième partie, et les protestants de la France ne formaient que la quinzième partie des grandes nations pour lesquelles leur puissance et leur courage étaient un continuel objet de crainte. Voyez les Relations que Bentivoglio, alors nonce à Bruxelles, et depuis cardinal, a envoyées à Rome (Relazione, t. IV, p. 211-241). Bentivoglio était exact et bien informé ; mais il est un peu partial.
[2196] Cette indifférence des Germains se manifeste dans l’histoire de la conversion de toutes leurs tribus. Les légions de Constantin étaient recrutées de Germains (Zozime, II, p. 86), et la cour même de son père avait été remplie de chrétiens : voyez le premier livre de la vie de Constantin, par Eusèbe.
[2197] De his qui arma projiciunt in pace, placuit eos abstinere a communione. (Concile d’Arles, canon III.) Les plus savants critiques rapportent ces mots à la paix de l’Église.
[2198] Eusèbe considère toujours la seconde guerre civile contre Licinius comme une sorte de croisade religieuse. D’après l’invitation, du tyran, quelques officiers chrétiens avaient repris leurs écharpes, ou, en d’autres termes, étaient rentrés dans le service militaire. Leur conduite a été inspirée par le douzième canon du concile de Nicée, si l’on peut s’en rapporter à cette interprétation particulière, au lieu du sens obscur et général des traducteurs grecs Balsamon, Zonare et Alexis Aristène. Voyez, Boveridge, Pandect. ecclés. grœc., t. I, p. 72 ; t. II, p. 78, note.
[2199] Nomen ipsum crucis absit non modo a corpore civitem romanorum, sed etiam a cogitatione, oculis, auribus. (Cicéron, pro Rabirio, c. 5.) Les écrivains du christianisme, saint Justin, Minutius Félix, Tertullien, saint Jérôme, et Maxime de Turin, ont cherché avec assez de succès la figure ou la forme de la croix dans presque tous les objets de la nature et de l’art, dans l’intersection de l’équateur et du méridien, dans le visage humain, dans un oiseau qui vole, dans un homme qui nage, dans un mât de vaisseau et sa vergue, dans une charrue, dams un étendard, etc. Voyez Lipse, de Cruce, I, c. 9.
[2200] Voyez Aurelius Victor, qui regarde cette loi comme une preuve de la piété de Constantin. Un édit si honorable pour le christianisme méritait de tenir une place dans le Code de Théodose, au lieu d’être cité d’une manière indirecte, et simplement par l’allusion qui semble résulter de la comparaison des cinquième et dix-huitième titres du neuvième livre.
[2201] Eusèbe, in Vit. Constant., I, c. 40. Cette statue, ou du moins la croix et l’inscription, peuvent être attribuées avec plus de probabilité à la seconde ou même à la troisième visite que Constantin fit à Rome immédiatement après la défaite de Maxence. L’esprit des sénateurs et celui du peuple n’étaient pas encore suffisamment disposés à recevoir un pareil monument.
[2202] L’origine et le sens du mot labarum ou laborum, qu’emploient saint Grégoire de Nazianze, saint Ambroise et Prudence, sont encore inconnus, malgré les efforts qu’on a faits inutilement pour lui extraire une étymologie du latin, du grec, de l’espagnol, des langues celtique, teutonique, illyrique, arménienne, etc., etc. Voyez Ducange, in Gloss. med. et infim. latinitat., sub voce labarum ; et Godefroy, ad Cod. Theodos., t. II, p. 143.
[2203] Eusèbe, in Vit. Constant., I, c. 30, 31 ; Baronius (Annal. ecclés., A. D. 312, n° 26) a fait graver une représentation du labarum.
[2204] Transversu X littera, summo capite circumflexo, Christum in scutis notat. Cæcilius, de M. P., c. 44. Cuper (ad M. P. in edit. Lactant., t. II, p. 500.) et Baronius (A. D. 312, n° 25) ont fait graver, d’après les anciens monuments, plusieurs figures de ces monogrammes, qui devinrent très à la mode dans le monde chrétien.
[2205] Eusèbe, in. Vit. Constant., II, c. 7, 8, 9. Il parle du labarum, comme existant avant l’expédition d’Italie ; mais son récit semblé indiquer qu’il ne parut à la tête des armées que plus de dix ans après, lorsque Constantin se déclara l’ennemi de Licinius et le libérateur de l’Église.
[2206] Voyez Cod. Theod., VI, tit. 25 ; Sozomène, I,. c. 2 ; Théophane, Chronograph., p. 11. Théophane vivait vers la fin du huitième siècle, près de cinq cents ans après Constantin. Les Grecs modernes ne furent point disposés à déployer dans la plaine l’étendard de l’empire et du christianisme ; prêts à fonder sur toutes sortes d’idées superstitieuses l’espoir de la défense, ils auraient trouvé que c’était une fiction trop hardie que de se promettre la victoire.
[2207] L’abbé du Voisin (p. 103, etc.) parle de différentes médailles, et cite une dissertation sur ce sujet, du père Grainville, jésuite.
[2208] Tertullien, de Corona, c. 3 ; saint Athanase, I, p. 101. Le savant jésuite Petau (Dogmata theolog., XV, c. 9, 10) a rassemblé sur les vertus de la croix beaucoup de passages semblables, qui ont fort embarrassé les argumentateurs protestants du dernier siècle.
[2209] Cæcilius, de M. P., c. 44. Il est certain que cette déclamation historique a été composée et publiée lorsque Licinius, souverain de l’Orient, jouissait encore de l’amitié de Constantin et de la faveur des chrétiens. Tout lecteur doué de goût doit apercevoir que le style est fort différent et fort au-dessous de celui de Lactance ; et tel est le jugement de Le Clerc et de Lardner (Bibliothèque ancienne et mod., t. III, p. 438 ; Crédibilité de l’Évangile, etc., part. II, vol. VII, p. 94). Les partisans de Lactance ont produit trois arguments tirés du titre de ce livre, et des noms de Donatus et de Cæcilius. Voyez le père Lestocq, tome II, p. 46-60. Chacune de ces preuves est en elle-même faible et défectueuse mais leur ensemble est d’un grand poids. J’ai souvent flotté dans mon opinion ; je suivrai docilement le MS. de Colbert, et j’appellerai l’auteur, quel qu’il soit, Cæcilius.
[2210] Cæcilius, de Mort. pers., c. 46. Voltaire paraît fondé dans son observation (Œuvres, tome XIV, p. 307), lorsqu’il attribue aux succès de Constantin la renommée de son labarum, et sa supériorité sur l’ange de Licinius. Cependant l’apparition de cet ange est adoptée par Pagi, Tillemont, Fleury, etc., qui paraissent jaloux de multiplier les miracles.
[2211] Outre ces exemples très connus, Tollius (Préface à la traduction de Longin, par Boileau) a découvert une vision d’Antigone, qui assura ses troupes qu’il avait vu un pentagone (le symbole de la Sûreté) avec ces mots : Par ceci tu obtiendras la victoire ; mais Tollius est inexcusable de n’avoir pas cité son autorité, et sa réputation en morale, aussi bien qu’en littérature, n’est point exempte de reproche. (Voyez Chauffepié, Dictionnaire critique, 460.) En outre du silence de Diodore, Plutarque, Justin, etc.., on peut observer que Polyænus, qui a rassemblé dix-neuf stratagèmes militaires d’Antigone dans un chapitre séparé, IV, c. 6, ne parle point du tout de cette vision.
[2212] Instinctu Divinitatis, mentis magnitudine. Tout voyageur curieux peut encore voir l’inscription de l’arc de triomphe de Constantin, copiée par Baronius, Gruter, etc.
[2213] Habes profecto aliquid cum illa mente divina secretum ; quœ delegata nostra Diis minoribus cura, uni se tibi dignatur ostendere. Panégyr. vet., IX, 2.
[2214] M. Freret (Mémoires de l’Acad. des Inscript., t. IV, p. 41-437) explique par des causes physiques un grand nombre des prodiges de l’antiquité ; et Fabricius, ridiculisé par les deux partis, essaie en vain de placer la croix céleste de Constantin parmi les taches ou cercles du soleil. Biblioth. grœc., tome VI, p. 8-29.
[2215] Nazarius inter Panégyr. vet., X, 14, 15. Il est inutile de nommer les auteurs modernes dont l’avide et grossière crédulité s’est laissé prendre même à l’appât des idées païennes de Nazarius.
[2216] Les apparitions de Castor et Pollux, et particulièrement celle qui avait pour but d’annoncer la victoire des Macédoniens, sont attestées par les historiens et par des monuments publics. Voyez Cicéron, de Natura Deorum, II, 2 ; III, 5, 6 ; Florus, II, 12 ; Valère Maxime, I, c. 8, n° 1. Cependant le plus récent de ces miracles est omis et même nié indirectement par Tite-Live, XLV, 1.
[2217] Eusèbe, I, c. 28, 29, 30. Le silence de ce même Eusèbe, dans son Histoire ecclésiastique, a fait une profonde impression sur ceux des partisans de ce miracle qui ne sont pas tout à fait aveugles.
[2218] Le récit de Constantin semble indiquer qu’il aperçut la croix dans le ciel avant de passer les Alpes, lorsqu’il poursuivait Maxence. La vanité patriotique a placé la scène à Trèves, à Besançon, etc. Voyez Tillemont, Histoire des Empereurs, tome IV, p. 573.
[2219] Le pieux Tillemont (Mém. ecclés., tome VII, p. 1317) rejette, en soupirant, les actes bien utiles d’Artemius, vétéran et martyr, qui atteste que ses propres yeux ont été témoins de la vision de Constantin.
[2220] Gelasius Cyzic., in Act. concil. Nicen., I, c. 4.
[2221] Les partisans de la vision ne peuvent produire en sa faveur un seul témoignage des pères des quatrième et cinquième siècles, qui tous ont célébré dans leurs volumineux écrits le triomphe de l’Église et celui de Constantin. Comme ces vénérables personnages n’avaient aucune antipathie pour les miracles, nous pouvons soupçonner qu’aucun d’eux n’eut connaissance de la vie de Constantin par Eusèbe, et ce soupçon est confirmé par l’ignorance de saint Jérôme. Cet ouvrage fut retrouvé par les soins de ceux qui traduisirent ou continuèrent l’Histoire ecclésiastique, et qui ont représenté la vision de la croix sous différentes formes.
[2222] Godefroy fut le premier qui, dans l’année 1643 (Not. ad Philostorgium, I, c. 6, p. 16 ), osa montrer du doute sur un miracle défendu avec un zèle égal par le Cardinal Baronius et par les centuriateurs de Magdebourg. Depuis ce moment plusieurs critiques protestants ont incliné vers le doute et la méfiance. M. Chauffepié a présenté des objections d’une grande force (Diction. crit., tome VI, p. 6-11) ; et dans l’année 1774, l’abbé du Voisin, docteur en Sorbonne, a publié une apologie dont on ne peut trop louer l’érudition et la modération.
[2223] Le poème d’où sont tirés ces vers peut être lu avec plaisir, mais la décence défend de le nommer.
Lors Constantin dit ces propres paroles
J’ai renversé le culte des idoles ;
Sur les débris de leurs temples fumants,
Au Dieu du ciel j’ai prodigué l’encens ;
Mais tous mes soins pour, sa grandeur suprême
N’eurent jamais d’autre objet que moi-même.
Les saints autels n étaient à mes regards
Qu’un marchepied du trône des Césars ;
L’ambition, la fureur, les délices ;
Étaient mes dieux, avaient mes sacrifices ;
L’or des chrétiens, leurs intrigues, leur sang,
Ont cimenté ma fortune et mon rang.
[2224] Ce favori était sans doute le grand Osius, évêque de Cordoue, qui préféra le soin pastoral de toute l’Église à celui d’un diocèse particulier. Saint Athanase (t. I, p. 703 ) peint magnifiquement son caractère, quoique d’une manière concise. (Voyez Tillemont, Mém. ecclés., t. VII, p. 524-561.) Osius fut accusé, peut-être injustement, de s’être retiré de la cour avec une grande fortune.
[2225] Voyez Eusèbe, in Vit. Constant. passim ; et Zozime, p. 104.
[2226] La piété de Lactance était plus morale que mystique. Erat pene rudis, dit l’orthodoxe Bull, disciplinæ christinianæ, et in rhetorica melius quam in theologia versatus. Defensio fidei Nicenæ, sect. 2, c. 14.
[2227] Fabricius a rassemblé avec le soin qui lui est ordinaire une liste de trois ou quatre cents auteurs cités dans la Préparation évangélique d’Eusèbe. Voyez Biblioth. græc., V, c. 4, tome VI, p. 37-56.
[2228] Voyez Constant., orat. ad Sanctos, c. 19, 20. Il se fonde principalement sur un acrostiche mystérieux, composé, dans le sixième siècle après le déluge, par la sibylle Érythrée, et traduit en latin par Cicéron. Les lettres initiales des trente-quatre vers grecs forment cette sentence prophétique : JÉSUS-CHRIST ; FILS DE DIEU, SAUVEUR DU MONDE.
[2229] Dans sa paraphrase de Virgile, l’empereur ajoute fréquemment au sens littéral du texte latin. Voyez Blondel, des Sibylles, I, c. 14, 15, 16.
[2230] Les différentes applications qui en ont été faites à un fils aîné ainsi qu’à un second fils de Pollion ; à Julie, à Drusus, à Marcellus, sont jugées incompatibles avec la chronologie, l’histoire, et le bon sens de Virgile.
[2231] Voyez Lowth, de Sacra poesi Hebrœorum prœlect., XXI, p. 289-293. Dans l’examen de la quatrième églogue, le respectable évêque de Londres déployé une érudition, un goût, une candeur et un enthousiasme modéré, qui exalte son imagination sans aveugler son jugement.
[2232] La distinction entre le culte public et secret du service divin, missa catechumenorum, et missa fidelium, et le voile mystérieux que la piété ou la politique avait jeté sur la dernière, se trouvent judicieusement expliqués par Thiers, Exposition du Saint-Sacrement, I, c. 8-12, p. 59-91. Mais comme relativement à ce sujet, on peut raisonnablement se méfier des papistes, un lecteur protestant s’en rapportera plus volontiers au savant Bingham (Antiquités, X, c. 3).
[2233] Voyez Eusèbe, in Vit. Constant., IV, c. 15-32, et toute la teneur du sermon de Constantin. La foi et la dévotion de l’empereur ont fourni à Barborius un argument spécieux en faveur de son baptême anticipé.
[2234] Zozime, II, p. 105.
[2235] Eusèbe, in Vit. Constant., IV, c. 15, 16.
[2236] La théorie et la pratique de l’antiquité relativement au sacrement du baptême ont été expliquées très au long par dom Chardon, Hist. des Sacrements, t. I, p. 3-405 ; par dom Martenne, de Ritibus Eccles. antiquis, t. I ; et par Bingham dans les dixième et onzième livres de ses Antiquités chrétiennes. On peut observer une circonstance dans laquelle les Églises modernes différent essentiellement de la coutume ancienne. Le sacrement du Baptême était immédiatement suivi de la confirmation et de la sainte communion, même lorsqu’on l’administrait à des enfants.
[2237] Les pères de l’Église qui ont blâmé ce délai criminel, ne pouvaient nier cependant l’efficacité du baptême, même au lit de la mort. La rhétorique ingénieuse de saint Chrysostome ne put trouver que trois arguments contre la prudence des chrétiens qui différaient leur baptême : 1° que nous devons aimer et pratiquer la vertu par amour pour elle, et non pas pour en obtenir la récompense ; 2° que la mort peut nous surprendre au moment où nous n’avons aucune possibilité de nous procurer le baptême, 3° que, quoique placés dans le ciel, nous n’y paraîtrons que comme de faibles étoiles auprès de ces soleils de justice qui auront fourni avec succès et avec gloire une carrière marquée par les travaux. Saint Chrysostome, in Epist. ad Hebrœos ; homil. 13, apud Chardon, Hist. des Sacrements, t. I, p. 49. Je crois que ce délai du baptême, quoique la source des abus les plus pernicieux, n’a jamais été condamné par aucun concile général ou provincial ni par aucune déclaration authentique de l’Église. Le zèle des évêques s’enflammait plus facilement pour des objets beaucoup moins important.
[2238] Zozime, II, p. 104. Cette insigne fausseté lui a mérité et attiré les expressions les plus dures de la part de tous les écrivains ecclésiastiques, excepté le cardinal Baronius (A. D. 324, nos 15-28), qui trouvait, ainsi occasion d’employer l’infidèle contre l’arien Eusèbe.
[2239] Eusèbe (IV, c. 61, 62, 63), l’évêque de Césarée, annonce avec la plus grande confiance le salut éternel de Constantin.
[2240] Voyez Tillemont, Hist. des Empereurs, tome IV, p. 429. Les Grecs, les Russes, et, dans des temps plus éloignés, les Latins eux-mêmes, ont voulu placer le nom de Constantin dans le catalogue des saints.
[2241] Voyez le troisième et le quatrième livre de sa vie. Il avait coutume de dire que, soit que la foi du Christ fût prêchée du cœur ou seulement des lèvres, il s’en réjouirait toujours.
[2242] Tillemont (Hist., des Empereurs, IV, p. 374-616), a défendu avec force et avec courage la pureté de Constantinople contre quelques insinuations malignes du païen Zozime.
[2243] L’auteur de L’Histoire politique et philosophique des Deux Indes (I, p. 9), condamne une loi de Constantin qui donnait la liberté à tous les esclaves qui embrassaient le christianisme. L’empereur publia effectivement une loi qui défendait aux Juifs de circoncire, et peut-être de garder aucun esclave chrétien. (Voyez Eusèbe, in Vit. Constant., IV,. c. 27 ; et le Cod. Théod., XVI, tit. 9, avec les Commentaires de Godefroy, t. VI, p. 247). Mais cette exception ne regardait que les Juifs ; et la généralité des esclaves qui appartenaient ou à des chrétiens ou à des païens, ne changeaient point d’état en changeant de religion. J’ignore par quelle autorité l’abbé Raynal a été induit en erreur, et le manque total de notes et de citations est un défaut impardonnable de son intéressant ouvrage.
[2244] Voyez Acta sancti Silvestri, et l’Hist. ecclés., Nicéph. Callist., VIII, c. 34, ap. Baronium, Ann. ecclés., A. D. 324, nos 67, 74. Ces autorités ne sont pas bien respectables ; mais les circonstances sont si probables, en elles-mêmes, que le savant docteur Howell (Hist. du Monde, vol. III, p. 14) n’a pas hésiter à les adopter.
[2245] Les écrivains ecclésiastiques ont célébré la conversion des Barbares sous le règne de Constantin (Voyez Sozomène, II, c. 6 ; et Théodoret, I, c. 23, 24.) Mais Rufin, le traducteur latin d’Eusèbe, doit être considéré, comme une autorité respectable. Il a tiré son rapport d’un des compagnons de l’apôtre d’Éthiopie, et de Bacarius, prince ibérien, et en même temps comte des domestiques. Le père Mamachi a donné, dans les premier et second volumes de son grand et défectueux ouvrage, une ample compilation des faits relatifs aux progrès du christianisme.
[2246] Voyez dans Eusèbe (in Vit. Constant., IV, c. 9) la lettre pressante et pathétique de Constantin en faveur de ses frères chrétiens de la Perse.
[2247] Voyez Basnage, Hist. des Juifs, t. VII, p. 182 ; t. VIII, p. 333, t. IX, p. 810. L’activité infatigable de cet écrivain poursuit les Juifs jusqu’à l’extrémité du globe.
[2248] Théophile avait été donné en otage, pendant son enfance par les habitants de l’île de Diva, ses compatriotes, et avait été instruit par les Romains dans les sciences et dans la foi chrétienne. Les Maldives, dont Malé ou Diva est probablement la capitale, forment un amas de dix-neuf cents ou deux mille petites îles dans l’océan Indien. Les anciens ne connurent qu’imparfaitement les Maldives ; mais elles sont décrites dans les voyages de deux mahométans du neuvième siècle, publiés par Renaudot. Geograph. Nubiensis, p. 30, 31 ; D’Herbelot, Bibliothèque orientale, p. 170 ; Histoire générale des Voyages, t. VIII.
[2249] Philostorgius, III, c. 4, 5, 6, avec les Observations du savant Godefroy. Le récit historique fait bientôt place à des recherches sur la situation géographique du paradis ; sur des monstres extraordinaires ; etc., etc.
[2250] Voyez l’Épître d’Osius ; apud S. Athanas, vol. I, p. 840. La remontrance publique qu’il fut forcé d’adresser au fils, contenait les mêmes principes de gouvernement civil et ecclésiastique qu’il avait secrètement tâché d’inspirer à son père.
[2251] M. de La Bastie (Mémoires de l’Acad. des Inscriptions, t. XV, p. 38-61) a prouvé, avec évidence, qu’Auguste et ses successeurs, ont exercé en personne toutes les fonctions sacrées de souverain pontife ou grand-prêtre de l’empire romain.
[2252] Quelques pratiques contraires s’étaient déjà introduites dans l’Église de Constantinople ; mais le sévère saint Ambroise ordonna à Théodose de se retirer du sanctuaire, et lui fit sentir la différence d’un monarque à un prêtre. Voyez Théodoret, V, c. 18.
[2253] A la table de l’empereur Maxime, saint Martin évêque de Tours, reçut la coupe de celui qui la présentait, et la remit au prêtre dont il était accompagné, avant de permettre qu’elle passât dans les mains de l’empereur. L’impératrice servit saint Martin à table (Sulpice Sévère ; in Vit. sancti Martini, c. 23, et le dialogue II, 7). Cependant, on ne sait si ces honneurs extraordinaires étaient rendus à la qualité de saint ou à celle d’évêque. On peut trouver dans les Antiquités de Bingham (II, 9) et dans Valois (ad Théodoret, IV, c. 6) les honneurs accordés aux évêques. Voyez l’étiquette hautaine à laquelle Léonce, évêque de Tripoli, soumit l’impératrice. Tillemont, Histoire des Empereurs, t. IV, p. 754 ; Patres apostolos, t. II, p. 79.
[2254] Plutarque nous apprend, dans son Traité d’Isis et d’Osiris, qu’on initiait les rois d’Égypte, aussitôt après leur élection, dans l’ordre sacerdotal, lorsqu’ils n’étaient pas déjà prêtres.
[2255] Aucun catalogue original, aucun ancien écrivain, ne fixent leur nombre, et les listes partielles des Églises de l’Orient sont relativement très modernes. La patiente activité de Charles de Saint-Paul, de Lucas Holsténius et de Bingham, a laborieusement recherché tous les siéges épiscopaux de l’Église catholique, qui comprenait presque tout l’empire romain. Le IXe livre des Antiquités chrétiennes est une carte très exacte de la Géographie ecclésiastique.
[2256] Au sujet des évêques de campagne ou chorepiscopi, qui votaient dans les synodes et conféraient les ordres inférieurs, voyez Thomassin, Discipline de l’Église, tome I, p. 447, etc. ; et Chardon, Hist. des Sacrements, t. V, p. 395, etc. On n’en entend point parler avant le quatrième siècle ; et ce caractère équivoque, qui avait excité la jalousie des prélats, fut aboli avant la fin du dixième siècle dans l’Orient et l’Occident.
[2257] Cette liberté était très bornée et fut bientôt anéantie : déjà, depuis le troisième siècle, les diacres n’étaient plus nommés par les membres de la communauté, mais par les évêques ; bien qu’il paraisse, d’après les lettres de saint Cyprien, que de son temps encore, aucun prêtre n’était élu sans le consentement de la communauté (ép. 68), cette élection était loin d’être entièrement libre. L’évêque proposa à ses paroissiens le candidat qu’il avait choisi, et ils étaient admis à faire les objections que sa conduite et ses mœurs pouvaient leur inspirer. (Saint Cyprien, ép. 33.) Ils perdirent ce dernier droit vers le milieu du quatrième siècle. (Note de l’Éditeur.)
[2258] Thomassin (Discipline de l’Église, t. II, l. II, c. 1-8, p. 673-721) a amplement traité des élections des évêques, durant les cinq premiers siècles, dans l’Orient et dans l’Occident ; mais il se montre très partial en faveur de l’aristocratie épiscopale. Bingham (IV, c. 2) fait preuve de modération, et Chardon (Hist. des Sacrements, t. V, p. 108-128) est très clair et très concis.
[2259] Incredibilis multitudo, non solum ex eo oppido (Tours), sed etiam ex vicinis urbibus ad suffragia, ferenda convenerat ; etc. Sulpice Sévère, in Vit. S. Martin., c. 7. Le concile de Laodicée (canon 13) défend le tumulte et les attroupements ; et Justinien réserve le droit d’élection à la seule noblesse (Novelle CXXIII, 1).
[2260] Les Épîtres de Sidodius Apollinaris (IV, 25 ; VII, 5-9) détaillent quelques scandales de l’Église de la Gaule ; et la Gaule était moins policée et beaucoup moins corrompue que les Provinces de l’Orient.
[2261] Un compromis avait lieu quelquefois, soit au moyen d’une loi ou par le consentement des évêques et du peuple : l’un des deux partis choisissait trois candidats, et l’autre avait le droit de nommer celui des trois auquel il donnait la préférence.
[2262] Tous les exemples cités par Thomassin (Discipline de l’Église, t. II, l. II, c. 6, p t 704-714) paraissent des actes d’autorité extraordinaires, ou plutôt d’oppression. La nomination de l’évêque d’Alexandrie est citée, par Philostorgius (Hist. ecclés. II, II) comme faite plus régulièrement que les autres.
[2263] Le célibat du clergé, durant les cinq ou six premiers siècles, est un objet de discipline, et en même temps de controverse, qui a été examiné soigneusement. Voyez Thomassin, Discipline de l’Église, t. I, l. II, c. 60, 61, p. 886-902 ; et les Antiquités de Bingham. Chacun de ces critiques savants, mais atteints de partialité, expose une moitié de la vérité et cache l’autre.
[2264] Diodore de Sicile atteste et, approuve la succession héréditaire de la prêtrise chez les Égyptiens, les Chaldéens et les Indiens (I, p. 84, II, p. 142-153, éd. Wesseling). Ammien parle des mages comme d’une famille très nombreuse : Per sœcula multa ad prœsens una eademque prosapia multitudo creata, deorum cultibus dedicata, XXIII, 6. Ausone célèbre la stirps druidarum (de Professoribus, Burdigal., IV) ; mais la remarque de César (VI, 3) semble indiquer qu’il restait dans la hiérarchie celtique une porte ouverte au choix et à l’émulation.
[2265] Le sujet de la vocation, de l’ordination, de l’obédience, etc., du clergé, est laborieusement discuté par Thomassin, Discipline de l’Église, t. II, p. 1-83 ; et par Bingham, dans le quatrième livre de ses Antiquités, principalement dans les quatre, six et septième chapitres. Quand le frère de saint Jérôme fut ordonné en Chypre, les diacres lui tinrent la bouché fermée de peur qu’il ne fit une protestation solennelle qui aurait rendu nulle la sainte cérémonie.
[2266] Cette exemption était très limitée : les offices municipaux étaient de deux genres ; les uns étaient attachés à la qualité d’habitant, les autres à celle de propriétaire. Constantin avait exempté les ecclésiastiques des offices de la première classe (Cod. Theod., XVI, t. II, leg. 1, 2 ; Eusèbe, Hist. ecclés., X, C. 7). Ils cherchèrent à s’exempter aussi de ceux de la seconde (munera patrimoniorum) les gens riches, pour obtenir ce privilège, se faisaient donner des places subalternes dans le clergé ; ces abus excitèrent des réclamations. Constantin rendit en 320 un édit par lequel il défendit aux citoyens les plus riches (decuriones et curiales) d’embrasser l’état ecclésiastique, et aux évêques d’admettre de nouveaux ecclésiastiques avant qu’une place fût vacante par la mort de celui qui l’occupait (Godefroy, ad Cod. Theod., XII, t. I, de Decur.) Valentinien 1er, par un rescrit encore plus général, déclara qu’aucun citoyen riche ne pourrait avoir une place dans l’Église. (De Episc., XVII.) Il ordonna aussi que les ecclésiastiques qui voudraient être exempts des charges auxquelles ils étaient tenus comme propriétaires, seraient obligés d’abandonner leurs biens à leurs parents. Cod. Theodos., XII, t. I, leg. 49 (Note de l’Éditeur).
[2267] La charte des immunités que le clergé obtint des empereurs chrétiens, se trouve au seizième livre du Code de Théodose. Elle est expliquée avec assez de bonne foi par Godefroy, dont l’opinion était balancée par les préjugés opposés de docteur et de protestant.
[2268] Justinien, Novelle, CIII. Soixante prêtres, cent diacres, quarante diaconesses, quatre-vingt-dix sous-diacres, cent dix lecteurs, vingt-cinq chantres, et cent gardes des portes, en tout cinq cent vingt-cinq. Ce nombre modeste fut fixé par l’empereur pour décharger l’Église des dettes usuraires qu’un établissement beaucoup plus nombreux qui avait fait contracter.
[2269] Universus clerus Ecclesiœ carthaginiensis... fere quingenti vel ampliu ; inter quos quam plurimi erant lectores infanuuli. Victor-Vitensis, de Persec. Vandal., V, 9, p. 78, édit. Ruinart. Ce reste d’un État plus florissant subsista même sous l’oppression des Vandales.
[2270] On compte sept ordres dans l’Église latine, non compris la dignité d’évêque ; mais les quatre rangs inférieurs, ou ordres mineurs sont réduits aujourd’hui à un vain nom, à des titres inutiles.
[2271] Voyez Cod. Théod., XVI, tit. 2, leg. 42-43. Les Commentaires de Godefroy et l’Histoire ecclésiastique d’Alexandrie montrent le danger de ces pieuses institutions qui troublèrent souvent la tranquillité de cette turbulente capitale.
[2272] L’édit de Mitan (de Mort. persec., c. 48) reconnaît qu’il existait une propriété en terres ; ad jus corporis eorum, id est, Ecclesiarum, non hominum singulorum pertinentia. Une déclaration si authentique du magistrat suprême doit avoir été reçue dans tous les tribunaux comme une maxime de loi civile.
[2273] Habeat unusquisque licentiam sanctissimo catholicœ (Ecclesiæ) vencrabilique concilio, decedens bonorum quod optavit relinquere. Cod. Theod., XVI, tit. 2, leg. 4. Cette loi fut publiée à Rome (A. D., 321), dans un temps où Constantin pouvait prévoir sa prochaine rupture avec l’empereur de l’Orient.
[2274] Eusèbe (Hist., ecclés., X, 6 ; in Vit. Constant., IV, c., 28). Il s’étend avec satisfaction, et plusieurs fois, sur la libéralité du héros chrétien, que l’évêque avait eu occasion de connaître et d’éprouver personnellement.
[2275] Eusèbe, Hist. ecclés., XI, c. 2, 3, 4. L’évêque de Césarée, qui étudiait et flattait le goût de son maître, prononça publiquement une description travaillée de l’église de Jérusalem (in Vit. Constant., IV, c. 46). Elle n’existe plus ; mais il a inséré dans la Vie de Constantin (III, 36) un tableau abrégé de l’architecture et des ornements. Il fait aussi mention de l’église des Saints Apôtres à Constantinople, IV, 59.
[2276] Voyez Justinien, Novell. CXXIII, 3. Il ne parle ni du revenu des patriarches ni de celui des plus riches prélats. La plus haute évaluation du revenu d’un évêché est portée à trente livres d’or, et la plus basse à deux livres ; la moyenne serait à peu près seize livres ; mais toutes ces évaluations sont fort au-dessous de la valeur réelle.
[2277] Voyez Baronius, Annal. ecclés., A. D. 324, nos 58, 65, 70, 71. Tous les actes qui sortent du Vatican sont justement suspects. Cependant ces registres ont un air d’antiquité et d’authenticité ; et il est évident que s’ils ont été forgés, ce fût dans un temps où l’avidité des papes aspirait à des fermes, et non pas encore à des royaumes.
[2278] Voyez Thomassin, Discipline de l’Église, t. III, l. II, c. 13, 14, 15, p. 706. Il paraît que la division légale du revenu ecclésiastique n’a pas été établie du temps de saint Ambroise et de saint Chrysostome. Simplicius et Gélase, successivement évêques de Rome à la fin du cinquième siècle, en parlent dans leurs lettres pastorales, comme d’une loi générale déjà confirmée par l’usage dans l’Italie.
[2279] Saint Ambroise le plus rigide défenseur des privilèges ecclésiastiques, se soumit sans murmure à payer la taxe des terres. Si tributum petit imperator ; non negamus ; agri Ecclesiæ solvunt tributum ; solvimus quæ sunt Cæsaris Cæsari, et quæ sunt Dei Deo tributum Cæsaris est, non negatur. Baronius tâche de présenter ce tribut comme un acte de charité plutôt que comme un devoir. (Ann. ecclés., A. D. 387) ; mais l’intention, ou du moins les expressions, sont expliquées avec plus de bonne foi par Thomassin, Discipline de l’Eglise, t. III, l. I, c. 34, p. 268.
[2280] In ariminense synodo super ecclesiarum et clericorum privilegiis tractatu habito, usque eo dispositio progressa est, ut juga quœ viderentur ad Ecclesiam pertinere, a publica functione cessarent inquietudine desistente : quod nostra videtur dudum sanctio repulsisse. Cod. Theod., XVI, tit. 2, leg. 15. Si le synode de Rimini eût emporté cet article, une pratique si méritoire aurait pu expier quelques hérésies spéculatives.
[2281] Eusèbe (in Vit. Constant., IV, 27) et Sozomène (I, 9) nous assurent que Constantin étendit et confirma la juridiction épiscopale ; mais la fausseté du fameux édit qui ne fut jamais inséré clairement dans le Code de Théodose, est démontrée avec évidence par Godefroy. Il est étonnant que M. de Montesquieu, jurisconsulte autant que philosophe, ait cité cet édit de Constantin (Esprit des Lois, XXIX, 16) sans marquer le plus léger soupçon.
[2282] La question de la juridiction ecclésiastique a été obscurcie par la passion, le préjugé et l’intérêt personnel. Les deux livres les plus impartiaux qui me soient tombés dans les mains, sont les Instituts de la loi canonique, par l’abbé de Fleury, et l’Histoire civile de Naples, par Giannone. Leur patrie a contribué à leur modération autant que leur caractère. Fleury, ecclésiastique français, respectait l’autorité des parlements ; et Giannone, jurisconsulte italien, redoutait le pouvoir de l’Eglise. Je dois observer ici que, comme les propositions générales que j’avance sont le résultat d’un grand nombre de faits particuliers et incomplets, je n’ai que le choix de renvoyer le lecteur à ces auteurs modernes qui ont traité expressément tel ou tel sujet, ou de multiplier les notes de cet ouvrage au point de le rendre fatigant et désagréable.
[2283] Tillemont a recueilli chez Rufin, Théodoret, etc. les sentiments et les expressions de Constantin, Mémoires ecclés., III, p. 749-750.
[2284] Voyez Cod. Theod., IX, tit. 14, leg. 4. Dans les ouvrages de Fra Paolo (t. IV, p. 192, etc.) on trouve un excellent discours sur l’origine, les droits, les limites et les abus des sanctuaires. Il observe judicieusement que l’ancienne Grèce contenait quinze ou vingt azila ou sanctuaires, ;et que ce nombre se trouverait aujourd’hui dans l’enceinte d’une seule ville d’Italie.
[2285] La jurisprudence de la pénitence fut successivement perfectionnée par les canons des conciles ; mais comme il restait encore beaucoup de cas à la décision des évêques, à l’exemple du préteur romain, ils publiaient dans chaque circonstance les règles de discipline qu’ils se proposaient d’observer. Parmi les épîtres canoniques du quatrième siècle, celles de saint Basile le Grand sont les plus célèbres. Elles sont insérées dans les Pandectes de Beveridge (t. II, p. 47-151) et traduites par Chardon, Hist. des Sacrements, t. IV, p. 219-277.
[2286] Saint Basile, Epist. 47 ; dans Baronius (Ann. ecclés., 370, n° 91), qui raconte ce fait exprès, dit-il, pour prouver aux gouverneurs qu’ils n’étaient point à l’abri d’une sentence d’excommunication. Selon lui, le monarque lui-même pouvait être atteint par les foudres du Vatican et ce cardinal raisonne beaucoup plus conséquemment que les jurisconsultes et les théologiens de l’Église gallicane.
[2287] La longue suite de ses ancêtres jusqu’à Eurysthènes, le premier roi dorique de Sparte, et le cinquième descendant d’Hercule, était inscrite sur les registres de Cyrène, colonie lacédémonienne. (Synèse, épist. 57, p. 197, édit. de Pétau.) L’histoire du monde entier ne présente point un second exemple d’une si illustre filiation de dix-sept cents ans, sans compter les ancêtres d’Hercule.
[2288] Synèse (de Regno., p. 2), déplore pathétiquement l’état obscur et malheureux dans lequel Cyrène est réduite. Ptolémaïs, nouvelle cité à quatre-vingt-deux milles à l’occident de Cyrène, obtint les honneurs métropolitains de la Pentapolis, ou Haute Libye qui furent transférés depuis à Sozuse. Voyez Wesseling, Itinerar., p. 67, 68, 732 ; Gellarius, Geogr., t. II, part. 2, p. 72-74 ; Charles de Santo-Paolo, Geogr. sacra, p. 273 ; d’Anville, Géograph. anc., t. III, p. 43-44 ; Mém. de l’Acad. des Inscriptions, t.. XXXVII, p. 363-391.
[2289] Synèse avait représenté combien il était peu propre à l’épiscopat (Epist., c. 5, p. 246-250). Il aimait les sciences et les plaisirs profanes, ne pouvait supporter les privations du célibat, ne croyait pas à la résurrection et refusait de prêcher des fables au peuple, à moins qu’on ne lui permît de philosopher chez lui. Théophile, primat d’Égypte, qui connaissait le mérite de Synèse, accepta cette convention extraordinaire. Voyez Vie de Synèse dans Tillemont, Mém. ecclés., t. XXII, p. 499-554.
[2290] Lisez les invectives de Synèse (Épist. 57, p. 191-201). La promotion d’Andronicus était illégale, puisqu’il était né à Bérénice, dans la province où il commandait. Les instruments de torture sont soigneusement détaillés.
[2291] La sentence d’excommunication est écrite en style classique ou de rhétoricien (Synèse, Épist. 58, p. 201-203), L’usage assez injuste déjà de comprendre des familles entières dans les interdits, fut cependant poussé jusqu’à y envelopper une nation entière.
[2292] Voyez Synèse, épistol. 47 ; p. 186-187 ; épistol. 72, p. 218-219 ; épistol. 89, p. 230-231.
[2293] Voyez Thomassin, Discipline de l’Église, t. II, l. III, c. 83, p. 1761-1770 ; et les Antiquités de Bingham, vol. I, l. XIV, c. 4, p. 668-717. La prédication était considérée comme la fonction la plus importante de l’épiscopat ; mais on la confiait quelquefois à de simples prêtres, tels que saint Chrysostome et saint Augustin.
[2294] La reine Élisabeth se servait de cette expression et de ce moyen quand elle avait envie de disposer l’esprit du peuple en faveur de quelque mesure extraordinaire de son gouvernement. Son successeur redouta beaucoup les effets de cette musique ennemie, et le fils de celui-ci les sentit cruellement quand la chaire, trompette ecclésiastique, etc. Voyez la Vie de l’archevêque Laud, par Heylin, p. 153.
[2295] Ces orateurs modestes reconnaissaient humblement que, n’ayant point le don des miracles, ils tâchaient d’y suppléer par l’art de l’éloquence.
[2296] Le concile de Nicée, dans les quatrième, cinquième, sixième et septième canons, a fait quelques règlements fondamentaux relativement aux synodes, aux métropolitains et aux primats. Le clergé, selon les différents intérêts auxquels il a voulu appliquer les canons de ce concile, en a torturé le sens, l’a étendu par des interprétations abusives, et a eu recours aux interpolations ou aux suppositions. Les Églises suburbicariennes assignées (par Rufin) à l’évêque de Rome ont été l’objet d’une violente controverse. Voyez Sirmond, opera, t. IV, p. 1-238.
[2297] Nous n’avons que trente trois ou quarante-sept signatures épiscopales ; mais Adon, dont l’autorité n’est pas à la vérité bien respectable, compte six cents évêques au concile d’Arles. Tillemont, Mémoires ecclés., t. VI, p. 422.
[2298] Voyez Tillemont, t. VI, p. 915 ; et Beausobre, Hist. du Manichéisme, t. I, p. 529. Le nom d’évêque donné par Eutychius aux deux mille quarante-huit ecclésiastiques (Annal., t. I, p. 440, vers. Pocock.), s’étend fort au-delà des limites d’une ordination orthodoxe ou même épiscopale.