[2299] Voyez Eusèbe, in Vit. Constant., III, c. 6-21 ; Tillemont, Mém. ecclés., t. XI, p. 665-759.

[2300] Sancimus igitur vicem legum obtinere quæ a quatuor sanctis conciliis... expositœ sunt aut firmatœ. Prædictarum enim quatuor synodorum dogmata sicut sanctas scripturas et régulas sicut leges observamus. (Justinien, Novell 131) ; Beveridge (ad. Pandect. Prolog., p. 2), remarque que les empereurs n’ont jamais fait de lois en matière ecclésiastique ; et Giannone, au contraire, observe que les empereurs donnaient la sanction légale aux canons des conciles. Istoria civile di Napoli, t. I, p. 136.

[2301] Voyez l’article Concile dans l’Encyclopédie, t. III, p. 668-679, édit de Lucques. Le docteur Bouchaud a discuté, d’après les principes de l’Église gallicane, les principales questions relatives à la forme et à la constitution des conciles provinciaux et nationaux. Les éditeurs (voyez Préface, p. 16) ont raison de vanter cet article ; ceux qui consultent leur immense compilation en retirent rarement une satisfaction aussi complète.

[2302] Eusèbe, in Vit. Constant., III, c. 63, 64, 65, 66.

[2303] Après avoir comparé les opinions de Tillemont, de Beausobre, Lardner, etc., je suis convaincu que la secte de Manès ne se propagea pas même en Perse avant l’année 270. Il est étonnant qu’une hérésie philosophique et étrangère ait pénétré si rapidement dans les provinces d’Afrique. Cependant il est difficile de rejeter l’édit de Dioclétien contre les manichéens. On peut le trouver dans Baronius, Annal. ecclés., A. D. 287.

[2304] Constantinus enim, cum limatiuis superstitionum quæreret sectas, manichœorum et similium, etc.. (Ammien, XV, 15.) Strategius, à qui cette commission valût le surnom de Musonien, était chrétien de la secte d’Arius. Il fut employé en qualité de comte au concile de Sardica. Libanius fait l’éloge de sa douceur et de sa prudence. Valois, ad locum Ammian.

[2305] Cod. Theod., XVI, tit. 5, leg. 2. Comme la loi générale n’est point insérée dans le Code Théodosien, il est probable que dans l’année 438 les sectes qui avaient été condamnées étaient éteintes.

[2306] Sozomène, I, c. 22 ; Socrate, I, c. 10. Ces historiens ont été soupçonnés, sans aucun motif, à ce qu’il me semble, d’être attachés à la doctrine des novatiens. L’empereur dit à l’évêque : Acesius, prenez une échelle, et montez tout seul au ciel. La plupart des sectes chrétiennes ont emprunté tour à tour l’échelle à Acesius.

[2307] Les meilleurs matériaux relativement à cette partie de l’histoire ecclésiastique se trouvent dans l’édition d’Optat de Milève, publiée à Paris, en 1700, par M. Dupin, qui l’a enrichie de notes critiques, de discussions géographiques, d’actes authentiques, et d’un abrégé exact de toute cette controverse. M. de Tillemont a rempli la plus grande partie d’un de ses volumes de l’histoire des donatistes (t. VI, part. I), et je lui suis redevable d’une ample collection de passages de saint Augustin relativement à ces hérétiques.

[2308] Schisma igitur illo tempore çonfusœ mulieris iracundia peperit ; ambitus nutrivit ; avaritia roboravit. (Optat, I, c. 19.) Le langage de Purpurius est celui d’un frénétique furieux : Dicitur te necasse filios sororis tuæ duos. Purpurius repondit : Putas me terreri a te... Occidi, et occido eos qui contra me faciunt. (Acta concil. Cirtensis, ad calc. Optat, p. 274.) Lorsque Cécilien fut invité à une assemblée d’évêques, Purpurius dit à ses confrères, ou plutôt à ses complices : Qu’il vienne ici recevoir l’imposition de nos mains, et, pour punition, nous lui casserons la tête en guise de pénitence. Optat., I, c. 19.

[2309] Les conciles d’Arles, de Nicée et de Trente, confirmèrent la pratique sage et modérée de l’Eglise de Rome. Les donatistes toutefois eurent l’avantage, de maintenir le sentiment de saint Cyprien et d’une grande partie de la primitive Église. Vincentius-Lirinensis, (p. 332, ap. Tillemont, Mém. ecclésiastiques, t. VI, p. 138) a expliqué pourquoi les donatistes brûlent dans les enfers, tandis que saint. Cyprien est, dans le ciel avec Jésus-Christ.

[2310] Voyez le sixième livre d’Optat de Milève, p. 91-100.

[2311] Tillemont, Mém. ecclés., t. VI, part I, p. 253. Il plaisanté sur leur cruauté partiale. Tillemont a beaucoup de vénération pour saint Augustin, le grand docteur du système.

[2312] Plato Egyptum peragravit, ut a sacerdotibus barbaris numeros et cœlestia acciperet. (Cicéron, de Finibus, v. 25.) Les Égyptiens conservaient peut-être encore la tradition de la religion des patriarches. Josèphe a persuadé à plusieurs pères de l’Église que Platon avait tiré des Juifs une grande partie de ses connaissances ; mais on ne peut guère considérer cette opinion avec l’obscurité et l’insociabilité du peuple juif, dont les Écritures ne furent accessibles à la curiosité des Grecs que plus de cent ans après la mort de Platon. Voyez Marsham, Canon. Chron., p. 144 ; Le Clerc, Épist. critic., VII, p. 177-194.

[2313] Les modernes que j’ai pris pour guides dans la connaissance du système de Platon, sont Cudworth (Système intellectuel., p. 568-620) ; Basnage (Hist. des Juifs, IV, p. 53-86), ; Le Clerc (Épist. crit., VII, p. 194-209), et Brucker (Hist. philosoph., t. I, p. 675-706). Comme leur érudition était égale, et leur intention différente, un observateur attentif peut tirer quelques lumières de leurs disputes, et regarder comme constants les faits dont ils conviennent unanimement.

[2314] Cet exposé de la doctrine de Platon me paraît contraire au véritable sens des écrits de ce philosophe. La brillante imagination qu’il a portée dans ses recherchés métaphysiques, son style plein d’allégories et de figures, ont pu induire en erreur des interprètes qui ne cherchaient pas dans l’ensemble de ses ouvrages et au-delà des images dont se servait l’écrivain, le fond des idées du philosophe. Il n’y a point à mon avis de Trinité dans Platon ; il n’a établi aucune génération mystérieuse entré les trois prétendus principes qu’on lui fait distinguer. Enfin, il n’a jamais conçu que comme des attributs de la Divinité ou de la matière, les idées dont on prétend qu’il a fait des substances, des êtres réels.

Selon Platon Dieu et la matière existent de toute éternité. Avant la création du monde la matière avait en elle un principe de mouvement., mais sans but et sans lois c’est ce principe que Platon appelle l’âme irraisonnable du monde (αλογος ψυχη) parce que, dans sa doctrine, tout principe spontané et originaire de mouvement s’appelle âme. Dieu voulut imprimer la forme à cette matière, c’est-à-dire, 1° travailler la matière et en former des corps ; 2° régler son mouvement et l’assujettir à un but, à des lois. La Divinité ne pouvait agir, dans cette opération, que d’agrès les idées existantes dans son intelligence : leur réunion la remplissait, et forma le type idéal du monde. C’est ce monde idéal, cette intelligence divine, existante avec Dieu de toute éternité, et appelée par Platon νους ou λογος, dont on attribue la personnification, la substantialisation ; tandis qu’il suffit d’un examen attentif pour se convaincre qu’il ne lui à jamais donné d’existence hors de la Divinité, et qu’il ne considérait le logos que comme l’ensemble des idées de Dieu, l’entendement divin dans ses rapports avec le monde. L’opinion contraire est inconciliable avec toute sa philosophie : ainsi il dit (Timœus, p. 348, édit. bip.) qu’à l’idée de la Divinité est essentiellement unie celle d’une intelligence, d’un logos ; il aurait donc admis un double logos, l’un inhérent à la Divinité comme attribut, l’autre existant hors d’elle comme substance. Il affirme (Timœus, p. 316, 337, 348 ; Sophista, t. II, p. 265, 266) que l’intelligence principe d’ordre (νους ou λογος), ne peut exister que comme attribut d’une âme (ψυχη), principe de mouvement et de vie dont la nature nous est inconnue. Comment eût-il pu, d’après cela, regarder le logos comme une substance douée d’une existence indépendante ? Ailleurs il- l’explique par ces deux mots επιστημη, science, et διανοια, intelligence, qui désignent des  attributs de la Divinité. (Sophist., tome II, page 299.) Enfin il résulte de plusieurs passages, entre autres du Philor., tome IV, page 247-248, que Platon n’a jamais prêté aux mots noûs, logos, que l’un de ces deux sens le résultat de l’action de la Divinité, c’est-à-dire l’ordre, l’ensemble des lois qui gouvernent le monde ; et c’est ici l’âme raisonnable du monde (λογιστιxη ψυχη), ou la cause même du résultat ; c’est-à-dire l’intelligence divine. Quand il sépare Dieu, le type idéal du monde, et la matière, c’est pour expliquer comment, dans son système, Dieu a procédé lors de la création pour unir le principe d’ordre qu’il avait en lui, sa propre intelligence, le logos, au principe de mouvement, à l’âme irraisonnable, alogos psuchè, qui était dans la matière, quand il parle de la place qu’occupe le monde idéal (τοπος νοητος), c’est pour désigner l’entendement divin qui en est la cause.

Enfin, on ne trouve nulle part dans ses écrits une véritable personnification des êtres prétendus dont on a dit qu’il formait une Trinité ; et si cette personnification existait elle s’appliquerait également à plusieurs autres idées, dont on pourrait former plusieurs Trinités différentes.

Du reste, cette erreur dans laquelle sont tombés la plupart des interprètes de Platon, tant anciens que modernes, était assez naturelle. Outre les piéges que leur tendait son style figuré, outre la nécessité d’embrasser en entier le système de osés idées, et de ne pas expliquer les passages isolément, la nature même de sa doctrine pouvait y conduire. Lorsque Platon parut l’incertitude des connaissances humaines et les tromperies continuelles des sens étaient reconnues, et donnaient lieu à un scepticisme, général. Socrate avait voulu mettre la morale à l’abri de ce scepticisme ; Platon tenta d’en sauver la métaphysique en cherchant dans l’entendement humain la source de la certitude que les sens ne peuvent fournir. Il inventa le système des idées innées, dont l’ensemble formait, selon lui, le monde idéal, et affirma que ces idées étaient les véritables attributs attachés non seulement à nos représentations des objets, mais encore à la nature des objets eux-mêmes ; nature que nous pouvions connaître d’après elles. Il donnait donc à ces idées une existence positive comme attributs ; ses commentateurs pouvaient aisément leur donner une existence réelle comme substances d’autant que les termes dont il se servait pour les désigner, αυτο το xαλον, αύτο το αγαθον (la beauté elle-même, la bonté elle-même), se prêtaient à cette substantialisation (hypostasis.) (Note de l’Editeur.)

[2315] Brucker., Hist. philosoph., tome I, page 1349-1357. L’école d’Alexandrie est célébrée par Strabon (XVII) et par Ammien XXII, 6).

[2316] Josèphe, Antiquités, ; VII, c. 1, 3 ; Basnage, Hist. des Juifs, VII, c. 7.

[2317] Relativement à l’origine de la philosophie juive, voyez Eusèbe, Prœparat. evangel., 8, 9, 10. Philon prétend que les Thérapeutes étudiaient la philosophie, et Brucker a prouvé (Hist. Philosoph., t. II, p. 787) qu’ils donnaient la préférence à celle de Platon.

[2318] Voyez Calmet, Dissertations sur la Bible, t. II, p. 277. Plusieurs des pères de l’Église ont reçu le Livre de la Sagesse de Salomon comme un ouvragé de ce monarque ; et, quoique rejeté par les protestants, faute d’un original hébreu, il a obtenu, avec le reste de la Vulgate, la sanction du concile de Trente.

[2319] La philosophie de Platon n’était pas la seule source de celle qu’on professait à l’école d’Alexandrie. Cette ville, où se réunirent des lettrés grecs, juifs, égyptiens fut le théâtre d’un bizarre amalgame des systèmes de ces trois peuples les Grecs y apportèrent un platonisme déjà altéré ; les juifs, qui avaient pris à Babylone un grand nombre d’idées orientales, et dont les opinions théologiques ou philosophiques avaient subi de grands changements par ces communications, s’efforcèrent de concilier le platonisme avec leur nouvelle doctrine, et le défigurèrent entièrement ; enfin les Égyptiens, qui ne voulaient pas abandonner des idées pour lesquelles les Grecs eux-mêmes avaient du respect, travaillèrent de leur côté à les arranger avec celles de leurs voisins. C’est dans l’Ecclésiastique et dans le livre de la Sagesse que se fait sentir l’influence de la philosophie orientale, plutôt que celle du platonisme : on trouvé dans ces livres et dans ceux des derniers prophètes, comme Ézéchiel, des idées que les Juifs n’avaient pas avant la captivité de Babylone, dont on ne saurait trouver le germe dans Platon, et qui viennent visiblement des Orientaux. Ainsi Dieu présenté sous l’image de la lumière, et le principe du mal sous celui des ténèbres, l’histoire des bons et des mauvais anges, le paradis et l’enfer, etc. sont des dogmes dont l’origine, ou tout au moins la détermination positive, ne saurait être rapporté qu’à la philosophie orientale. Platon croyait la matière éternelle, les Orientaux et les Juifs la regardaient comme une création de Dieu, seul éternel. Il est impossible d’expliquer la philosophie de l’école d’Alexandrie par le seul mélange de la théologie judaïque et de la philosophie grecque ; la philosophie orientale, quelque peu connue qu’elle soit, s’y fait reconnaître à chaque instant : ainsi, selon le Zend-Avesta c’est par la parole (honover), plus ancienne que le monde qu’Ormuzd à créé toutes choses. Cette parole est le logos de Philon, bien différent, par conséquent, de celui de Platon. J’ai fait voir que Platon n’avait jamais personnifié le logos du type idéal du monde ; Philon hasarda cette personnification. La Divinité, selon lui, a un double logos ; le premier (λογος ενδιαθετος) est le type idéal du monde, le monde idéal, c’est le premier né de la Divinité ; le second (λογος προφοριxος) est la parole même de Dieu, personnifiée sous l’image d’un être agissant pour créer le monde sensible et le rendre semblable au monde idéal ; c’est le second fils de Dieu. Poussant jusqu’au bout ses rêveries, Philon alla jusqu’à personnifier de nouveau le monde idéal sous l’image d’un homme céleste (ουρανιος ανθρωπος), type primitif de l’homme, et le monde sensible sous l’image d’un autre homme, moins parfait que l’homme céleste. Certaines idées de la philosophie orientale ont pu donner lieu à cet étrange abus de l’allégorie, qu’il suffit de rapporter pour faire voir quelles altérations avait déjà subies alors le platonisme, et quelle en était la source : encore Philon est-il de tous les Juifs d’Alexandrie celui dont le platonisme est le plus pur. (Voyez Buhle, Introd. à l’Hist. de la philosophie moderne, en allemand, p. 590 et suiv. ; Michaëlis, Introd. au Nouveau Testament, en allemand, part. II, page 973.) C’est de ce mélange d’orientalisme, de platonisme et de judaïsme, que sortit le gnosticisme, qui a produit tant d’extravagances théologiques et philosophiques, et où les idées orientales les dominent évidemment. (Note de l’Éditeur.)

[2320] Le Clerc (Épîtres critiques, VIII, pages 211-228) a prouvé, d’une manière victorieuse, le platonisme de Philon, si fameux, qu’il était passé en proverbe. Basnage (Hist. des Juifs, IV, ch. 5) a démontré clairement que les œuvres théologiques de Philon furent composées avant la mort et très probablement avant la naissance de Jésus-Christ. Dans ce temps d’obscurité les connaissances de Philon sont plus étonnantes que ses erreurs. Bull., Defens. fid. nicen., s. I, c. I, p. 12.

[2321] Mens agitat molem, et magno se corpori miscet.

En outre de cette âme matérielle, Cudworth a découvert (p. 562) dans Amelius, Porphyre, Plotin, et, selon lui, dans Platon lui-même, une âme spirituelle, supérieure, upercosmienne, de l’univers ; mais Brucker, Basnage et Le Clerc, prétendent que cette double âme est une invention oiseuse des derniers platoniciens.

[2322] Petau, Dogmata theologica, t. II, l. VIII, c. 2, p. 791 ; Bull., Defens. fid. nicen., s. I, c. I, p. 8, 13. Cette opinion fut adoptée dans la théologie chrétienne, jusqu’au moment où les ariens en abusèrent. Tertullien (advers. Praxeam, c. 16) contient un passage remarquable et dangereux. Après avoir mis en opposition, d’une manière aussi indiscrète qu’ingénieuse, la nature de Dieu et les actions de Jéhovah, il conclut : Scilicet ut hœc de Filio Dei non credenda fuisse, si non scripta essent, fortasse non credenda de Patre, licet scripta.

[2323] Les platoniciens admiraient le commencement de l’Évangile de saint Jean, comme contenant une imitation exacte de leurs principes. (Saint Augustin, de Civit. Dei, X, 29. ; Amelius, apud Cyril., advers. Julian, VIII, p. 283.) Mais dans les troisième et quatrième siècles, les platoniciens d’Alexandrie ont pu perfectionner leur Trinité par l’étude de la théologie chrétienne.

[2324] Une courte discussion sur le sens dans lequel saint Jean a pris le mot logos prouvera qu’il ne l’a point emprunté de la philosophie de Platon.

L’évangéliste se sert de ce mot sans explication préalable, comme d’un terme que ses contemporains connaissaient déjà et devaient comprendre. Pour savoir le sens qu’il lui prête, il faut donc chercher quel était celui qu’on lui prêtait de son temps : on en trouve deux ; l’un était attaché au mot logos par les Juifs de la Palestine ; l’autre par l’école d’Alexandrie, spécialement par Philon. Les Juifs avaient craint de tout temps de prononcer le nom même de Jéhovah ; ils avaient contracté l’habitude de désigner Dieu par quelqu’un de ses attributs : ils l’appelaient tantôt la sagesse, tantôt la parole : Des cieux ont été faits par la parole de l’Éternel (Ps. 33, v. 6). Accoutumés aux allégories, ils s’adressaient souvent à cet attribut de la Divinité comme à un être réel. Salomon fait dire à la sagesse : J’appartiens à l’Éternel, j’ai présidé dans ses conseils, j’étais avant tous ses ouvrages ; de toute ancienneté, j’ai été établie souveraine longtemps avant que la terre fut créée, etc. (Prov., c. 8, v. 22 sqq.) Le séjour en Perse ne fit qu’augmenter le penchant à des allégories soutenues. On trouve dans l’Ecclésiastique du Siracide et dans le livre de la Sagesse des descriptions allégoriques de la Sagesse, comme celle-ci : Je sors de la bouche du Très Haut, et j’ai couvert la terre comme d’une nuée... Seule, j’aie dessiné les bornés du ciel et creusé les abîmes de la mer.... Le Créateur m’a créée avant les siècles, et je subsisterai pendant tous les siècles.... Celui qui se nourrira de mes fruits n’aura plus faim ; celui qui s’abreuvera à ma source n’aura plus soif. (Ecclésiastique, c. 24, v. 3, 5, 9 et 20 ; voyez aussi le livre de la Sagesse de Salomon, c. 7 et 9.) On voit d’après cela que les Juifs entendaient par les mots hébreux et chaldaïques qui signifiaient sagesse, parole, et qui furent traduits en grec par ceux de σοφια, λογος, un simple attribut de la Divinité qu’ils personnifiaient allégoriquement, mais dont ils ne faisaient point un être réel, particulier, hors de Dieu.

L’école d’Alexandrie, au contraire, et Philon entre autres, mêlant les idées grecques aux idées judaïques et orientales, et se livrant à un penchant vers le mysticisme, personnifia le logos, et le représenta (voyez la note 18) comme un être particulier, créé de Dieu, et intermédiaire entre Dieu et les hommes ; c’est le second logos de Philon (λογος προφοριxος), celui qui agit lors de la naissance du monde, seul de son espèce (μονογενης), créateur du monde sensible (xοσμος αισθηπτος), que Dieu forma d’après le monde idéal (xοσμος νοητος) qu’il avait en lui, et qui était le premier logos (ο ανωτατω), le premier né (ο πρεσβυτερος νιος) de la Divinité. Le logos, pris dans ce sens, était donc un être créé, mais antérieur à la création de monde, voisin de Dieu et chargé de ses relations avec les hommes.

Quel est celui de ces deux sens que saint Jean a eu l’intention de prêter au mot logos dans le premier chapitre de son Evangile et dans tout ce qu’il a écrit ?

Saint Jean était un Juif né et élevé en Palestine ; il ne connaissait point, ou du moins très peu, la philosophie des Grecs et celle des Juifs grécisants : il devait donc naturellement attacher au mot logos le sens qu’y attachaient les Juifs de la Palestine. Que l’on compare en effet les attributs qu’il prête au logos avec ceux qui lui sont prêtés dans les Proverbes, dans la Sagesse de Salomon, dans l’Ecclésiastique, on verra que ce sont les mêmes : La parole était dans le monde, et le monde a été fait par elle ; elle était la vie et la lumière des hommes, etc. (Évangile selon saint Jean, c. I, v. 4 et 10, etc.) Il est impossible de ne pas reconnaître dans ce chapitre les idées que les Juifs se faisaient du logos allégorisé. L’évangéliste personnifie ensuite réellement ce que ses prédécesseurs n’avaient personnifié que poétiquement, car il affirme que la parole est devenue chair (v. 14) ; c’est pour le prouver qu’il écrivait. Examinées de près, les idées qu’il donne du logos ne sauraient s’accorder avec celles qu’en avaient Philon et l’école d’Alexandrie ; elles répondent au contraire à celles des Juifs de la Palestine. Peut-être, saint Jean, se servant d’un mot connu pour expliquer une doctrine qui ne l’était pas, en a-t-il altéré un peu le sens : c’est cette altération que l’on croit découvrir en rapprochant les divers passages de ses écrits.

Ce qu’il y a de remarquable, c’est que les Juifs de la Palestine, qui ne voyaient pas cette altération, ne devaient trouver rien d’étrange dans ce que disait saint Jean du logos ; au moins le comprenaient-ils sans peine ; tandis que les philosophes grecs et les Juifs grécisants, de leur côté, y portaient des préventions et des idées faciles à concilier avec celles de l’évangéliste qui ne les contredisait pas expressément. Cette circonstance a dû beaucoup favoriser les progrès du christianisme ; aussi les pères de l’Église des deux premiers siècles et au-delà, formés presque tous à l’école d’Alexandrie prêtaient-ils au logos de saint Jean un sens assez semblable à celui dans lequel l’avait pris Philon. Leur doctrine se rapprochait beaucoup de celle qu’au quatrième siècle le concile de Nicée condamne dans la personne d’Arius. (Note de l’Éditeur.)

[2325] Voyez Beausobre, Hist. critique du Manichéisme, tome I, p. 337. L’Évangile selon saint Jean est supposé avoir été publié environ soixante-dix ans après la mort de Jésus-Christ.

[2326] Mosheim (p. 331) et Le Clerc (Hist. ecclés., p. 535) expliquent clairement les sentiments des ébionites. Les critiques attribuent à un de ces sectaires les Clémentines publiées par les pères apostoliques.

[2327] Les polémistes opiniâtres comme Bull (Judicium. Eccles. cathol., c. 2) insistent sur l’orthodoxie des nazaréens, qui paraît moins pure et moins certaine aux yeux de Mosheim, p. 330.

[2328] L’obscurité et les souffrances de Jésus ont toujours été le grand argument des Juifs. Deus contrariis coloribus Messiam depinxerat ; futurus erat rex, Judex, pastor, etc. Voyez Limborch et Orobio, amica Collat., p. 8, 19, 53, 76, 192, 234. Cette objection a obligé les chrétiens à élever leurs yeux vers un royaume spirituel et éternel.

[2329] Saint Justin martyr, Dialog. cum Tryphonte, p. 143, 144. Voyez Le Clerc, Hist. ecclés., p. 615 ; Bull et Grabe son éditeur (Judicium Eccles. catholic., c. 7, et l’Appendice), essaient de défigurer les sentiments ou les paroles de saint Justin ; mais leur correction, qui fait violence au texte, a été rejetée même de l’édition des bénédictins.

[2330] La plupart des docètes rejetaient la véritable divinité de Jésus-Christ aussi bien que sa nature humaine : ils étaient du nombre des gnostiques, dont quelques philosophes, au parti desquels se range Gibbon, ont voulu faire dériver les opinions de celles de Platon. Ces philosophes ne réfléchissaient pas que le platonisme avait subi des altérations continuelles, et que celles qui lui donnaient quelques rapports avec les idées des gnostiques, étaient postérieures à la naissance reconnue des sectes comprises sous ce nom. Mosheim a prouvé (dans ses Instit. histor. Eccles. major., sec. I, p. 136 sqq., et p. 339 sqq.), que la philosophie orientale, combinée avec la philosophie cabalistique des Juifs, avait donné naissance au gnosticisme. Les rapports qui existent entre cette doctrine et les monuments qui nous restent de celle des Orientaux, comme les Chaldéens et les Perses, sont évidents, et ont été la source des erreurs des gnostiques chrétiens qui ont voulu concilier leurs anciennes idées avec leur nouvelle croyance. C’est à cause de cela qu’en niant la nature humaine du Christ, ils niaient aussi son union intime avec Dieu, et ne le prenaient que pour une des substances (æones) créées de Dieu. Comme ils croyaient à l’éternité de la matière, et la regardaient, comme le principe du mal, par opposition à la Divinité, cause première et principe du bien, ils ne voulaient pas admettre qu’une des substances pures, un des æones issus de Dieu, se fût, en participant à la nature matérielle, allié au principe du mal, et tel était le motif qui leur faisait rejeter l’humanité réelle de Jésus-Christ. Voyez Ch. G. F. Walsh, Hist. des hérésies, en allemand, t. I, p. 217 sqq. ; Brucker, Hist. crit. Philos., tome II, page 639 (Note de l’Éditeur.)

[2331] Les ariens reprochaient au parti orthodoxe d’avoir pris ses sentiments sur la Trinité, des valentiniens et des marcionites. Voyez Beausobre, Hist. du Manichéisme, III, c. 5, 7.

[2332] Non dignum est utero credere Deum, ei Deum Christum... Non dignum est ut tanta majestas per sordes, et squalores mulieris transire credatur. Les gnostiques tenaient pour l’impureté de la matière et du mariage ; et ils étaient scandalisés des grossières interprétations des pères et de Saint Augustin lui-même. Voyez Beausobre, t. II, p. 523.

[2333] Apostolis adhuc in sœculo superstitibus apud Judœam Christi sanguine recente, et phantasma corpus Domini asserebatur. Cotelier pense (Patres apostol., t. II, p. 24) que ceux qui refusent de croire que les docètes parurent du temps des apôtres peuvent aussi nier qu’il fait jour à midi. Ces docètes, qui formaient un parti considérable parmi les gnostiques, étaient ainsi appelés, parce qu’ils prétendaient que le corps de Jésus-Christ n’en avait eu que l’apparence(*).

(*) Le nom de docètes ne fut donné à ces sectaires que dans le cours du deuxième siècle : ce nom ne désignait pas une secte proprement dite, il s’appliquait à toutes les sectes qui enseignaient la non réalité du corps matériel de Jésus-Christ : de ce nombre étaient les valentiniens, les basilidiens, les ophites, les marcionites, contre qui Tertullien écrivit son livre de Carne Christi, et, d’autres gnostiques. A la vérité Clément d’Alexandrie (III, stromat., c. 13, p. 552) fait une mention expresse d’une secte de docètes, et nomme même comme un de ses chefs un certain Cassianus ; mais tout nous porte à croire que ce n’était point là une secte particulière. Philastrius (de Hœres, c. 31) reproche à Saturninus d’être un docète. Irénée (adversus Hœreses., c. 23) fait le même reproche à Basilide. Épiphane et Philastrius, qui ont traité avec détail de chaque hérésie particulière, ne nomment point spécialement celle des docètes : l’évêque d’Antioche Sérapion (Eusèbe, Hist. ecclés., VI, c. 12) et Clément d’Alexandrie (VII, stromat., p. 900) paraissent être les premiers qui se soient servis de ce nom générique, et on ne le retrouve dans aucun monument antérieur, quoique l’erreur qu’il indique existât déjà du temps des apôtres. Voyez Ch.-G.-Fr. Walch, Hist. des hérésies, t. I, p. 233 ; Tillemont, Mém. pour servir à l’Hist. ecclés., t. II, p. 50 ; Buddæus, de Eccl. apostol., c. 5, § 7. (Note de l’Éditeur.)

[2334] On peut trouver dans La Motte Le Vayer (tome V, p. 135, etc., édit. 1757) et dans Basnage (Hist. des Juifs, t. IV, p. 29-79, etc.) des preuves du respect que les chrétiens avaient pour la personne de Platon et pour sa doctrine.

[2335] Doleo bona fide, Platonem omnium hœreticorum condimentarium factum. Tertullien, de Anima, c. 23. Petau, Dogm. theolog., t. III, proleg. 2) prouve que ce reproche était général. Beausobre (t. I, l. III, c. 9, 10) a présenté les erreurs des gnostiques comme une conséquence des principes de Platon et, comme dans l’école d’Alexandrie, ces principes se trouvaient mélangés avec la philosophie orientale (Brucker, t. X, p. 1356), le sentiment de Beausobre peut se concilier avec l’opinion de Mosheim (Hist. générale de l’Église, vol I, p. 37).

[2336] Théophile, évêque d’Antioche, fut le premier qui employa le mot Triade, Trinité : ce terme abstrait, qui était déjà familier dans les écoles de la philosophie, ne doit avoir été introduit dans la théologie des chrétiens que passé le milieu du second siècle.

[2337] Saint Athanase, t. I, page 808. Ses expressions sont infiniment énergiques ; et, comme il écrivait à des moines, rien ne l’obligeait à affecter un langage raisonnable.

[2338] Nous devions espérer de trouver la Trinité théologique de Platon dans un traité qui prétend expliquer les opinions des anciens philosophes, relativement à la nature des dieux ; mais Cicéron avoue naïvement que, quoiqu’il ait traduit le Timée, il n’a jamais pu comprendre ce dialogue mystérieux. Voyez saint Jérôme ; Préf. ad l. XII, in Isaïam, t. V, p. 154.

[2339] Tertullien, in Apolog., c. 46. Voyez Bayle, son Dictionnaire au mot Simonide ; ses remarques sur la présomption de Tertullien sont profondes et intéressantes.

[2340] Lactance, IV, 8. Cependant la probole ou prolatio que les ecclésiastiques les plus orthodoxes empruntaient sans scrupule des valentiniens, et qu’ils expliquaient par la comparaison d’une fontaine ou d’une source, du soleil et de ses rayons, etc., ou ne signifiait rien, ou favorisait l’idée matérielle de la génération divine. Voyez Beausobré, t. I, l. III, c 7, p. 548.

[2341] Plusieurs des premiers écrivains ont avoué franchement que le fils devait son existence à la volonté du père. (Voyez Clarke, Trinité de l’Écriture, p.280-287.) D’un autre côté, saint Athanase et ses disciples ne semblent point disposés à accorder ce qu’ils craignent de nier. Les théologiens se tirèrent de cette difficulté par la distinction de deux volontés, l’une précédente et l’autre concomitante. (Pétau, Dogm. théolog., t. II, l. VI, c. 8, p587-603).

[2342] Voyez Pétau, Dogm. théolog., t. II, l. II, c. 10, p. 159.

[2343] Carmenque Christo, quasi Deo dicere secum invicem. Pline, Lettres, X, 97. Le sens de Deus, Θεος, Elohim dans les langues plus anciennes, est soigneusement examiné par Le Clerc (Ars critica, p. 150-156) ; et le socinien Emlyn soutient avec force la pratique d’adorer une créature douée de toute excellence. Voyez son Trinité, p. 29-36, 51-145.

[2344] Voyez Daillé, de Usu patrum ; et Le Clerc, Biblioth. univer., t. X, p. 409. L’immense, ouvrage du père Pétau sur la Trinité (Dogm. théolog., t. II) à été composé dans l’intention de décrier la foi des pères opposés au concile de Nicée C’est du moins l’effet qu’il produit, et la savante défense de l’évêque Bull a pu en effacer l’impression.

[2345] La rédaction des symboles les plus anciens laissait une grande latitude. Voyez Bull (Judicium Eccles. cathol.) qui tâche d’empêcher Episcopius de tirer parti de cette observation.

[2346] Mosheim (p. 425, 680-714) explique clairement les hérésies de Praxeas, Sabellius, etc. Praxeas, qui vint à Rome à la fin du second siècle, abusa quelque temps de la bonhomie de l’évêque ; et fut réfuté par Tertullien.

[2347] Socrate reconnaît que le désir de soutenir une opinion absolument opposée au sentiment de Sabellius, donna naissance à l’hérésie d’Arius.

[2348] Saint Épiphane (tome I, Hæres., l. XIX, 3, p. 729) donne une peinture très intéressante de la personne et des mœurs d’Arius, du nombre et du caractère de ses premiers disciples ; l’on ne peut que regretter qu’il ait si promptement abandonné le personnage d’historien pour celui de controversiste.

[2349] Voyez Philostorgius, l. I, c. 3, et le Commentaire de Godefroy. Cependant l’autorité de Philostorgius est affaiblie aux yeux des orthodoxes par ses opinions ariennes, et à ceux des critiques judicieux par sa partialité, ses préjugés et son innocence.

[2350] Sozomène (l. I, c. 15) prétend qu’Alexandre ne prit aucune part au commencement de la controverse, dont il n’avait pas mérite connaissance ; et Socrate (l. I, c. 5) assure au contraire que la vaine subtilité de ses spéculations théologiques fut ce qui donna naissance à cette dispute. Le docteur Jortin,  dans ses remarques sur l’histoire ecclésiastique, a blâmé la conduite d’Alexandre avec sa liberté ordinaire.

[2351] Le feu de l’arianisme a pu couver quelque temps en secret ; mais il y a lieu de croire qu’il fit explosion dès l’année 319. Tillemont, Mém. ecclés., t. VII, p. 774-780.

[2352] Quid credidit ? Certè, aut tria nomina audiens ires Deos esse credidit, et idolatra effectus est ; aut in tribus vocabulis trinominem eredens Deum ; in Sabellii hœresim incurrit : aut edoctus ab arianis, unum esse verum Deum patrem, filium et spiritum sanctum credidit creaturas. Aut extra hœc quid credere potuerit nescio (Saint Jérôme, advers. Luciferianos.) Saint Jérôme réserve pour le dernier le système orthodoxe, qui est plus compliqué et plus difficile.

[2353] Comme la doctrine absolue d’une création faite de rien s’introduisit peu à peu parmi les chrétiens (Beausobre, t. II, p. 165-215), la dignité de l’ouvrier s’accrut naturellement en raison de celle de l’ouvrage.

[2354] La Métaphysique du docteur Clarke (Trinité de l’Écriture, p. 276-280) a su s’accommoder à l’idée d’une génération éternelle provenant d’une cause infinie.

[2355] Plusieurs des premiers pères employèrent cette comparaison profane et absurde, particulièrement Athénagore, dans son apologie à l’empereur Marc-Aurèle et à son fils ; et Bull lui-même la cite sans la blâmer. (Voyez Defens. fid. nicen., c. 3 ; n° 5 ; n° 4.)

[2356] Voyez Cudworth, Système intellectuel, p. 559-579. Cette dangereuse hypothèse fut soutenue par les deux Grégoire, de Nyse et de Nazianze, par saint Cyrille d’Alexandrie, et, par saint Jean de Damas, etc. Voyez Cudworth, p. 603 ; Le Clerc, Bibliothèque univers., t. XVIII, p. 97-105.

[2357] Saint Augustin semble envier la liberté des philosophes. Liberis verbis loquuntur philosophi.... Nos autem non dicimus duo veltria principia, duos vel tres Deos. (De Civit. Dei, X, 23.)

[2358] Boëce qui était fort versé dans la philosophie de Platon et d’Aristote, explique l’unité de la Trinité par la non différence des trois personnes. Voyez les remarques judicieuses de Le Clerc,  Bibliothèque choisie, t. XVI, p. 225.

[2359] Les sabelliens se révoltaient contre cette conclusion, conduits alors dans un autre abîme, ils se trouvaient confesser que le père était né d’une vierge, qu’il avait souffert sur la croix, ce qui leur valut de la part de leurs adversaires le surnom odieux de patri-passians. Voyez les Satires de Tertullien contre Praxeas, et les Réflexions modérées de Mosheim, p. 423-681 ; et Beausobre, t. I, l. III, c. 6, p. 533.

[2360] Les anciens rapportent les transactions du concile de Nicée d’une manière non seulement partiale, mais très imparfaite. On ne retrouve point de tableaux, tels qu’en aurait fait Fra Paolo ; mais on peut voir dans Tillemont (Mém. ecclés., t. VI, p. 669-759) et dans Le Clerc (Bibliothèque univers., t. X, p. 453-454) les ébauches grossières qu’en ont tracées la bigoterie et la raison.

[2361] Nous sommes redevables à saint Ambroise (de Fide, l. III, c. ult.) de la connaissance de cette anecdote curieuse. Hoc verbum posuerunt patres, quod viderunt adversariis esse formidini ; ut tanquam evaginato ab ipsis gladio, ipsum nefandæ caput hœrescos amputarent.

[2362] Voyez Bull, Defens fid. nicen., sect. II, c. 1, p. 25-36. Il pense que son devoir l’oblige à concilier les deux synodes orthodoxes.

[2363] Selon Aristote, les étoiles étaient homoousiennes l’une à l’autre. Pétau a prouvé qu’homoousien signifie d’une même substance en genre. C’est aussi l’opinion de Curcellæus, Cudworth, Le Clerc, etc. ; et vouloir lé prouver serait actum agere. Cette remarque judicieuse est du docteur Jortin (vol. II, p. 212) qui examine la controverse arienne avec autant de candeur que d’érudition et de sagacité.

[2364] Voyez Pétau, Dog. theolog., t. II, l. IV, c. 16, p. 453, etc. ; Cudworth, p. 559 ; Bull, sect. IV, p. 285-290, éd. Grab. La Περιχωρησις ou Circumincessio est peut-être l’endroit le plus profond et le plus obscur de l’abîme théologique.

[2365] La troisième section de la défense de Bull pour la foi de Nicée, que quelques-uns de ses antagonistes traitent de galimatias, et d’autres d’hérésie, est consacrée à la suprématie du père.

[2366] Saint Athanase et ses disciples avaient coutume de saluer les ariens du nom d’ariomanites.

[2367] Saint Épiphane, t. I, Hœres., l. XXII, c. 4, p. 837. Voyez les aventures de Marcellus dans Tillemont, Mém. ecclés., t. VII, p. 890-899. Eusèbe répondit par trois livres qui existent encore, à son ouvrage en un seul livre, sur l’unité de Dieu. Après un examen long et soigné, Pétau (t. II, l. I, c. 14, p. 78) a prononcé à regret la condamnation de Marcellus.

[2368] Saint Athanase, dans son Épître relative aux synodes de Séleucie et de Rimini (t. I, p. 886-905), a donné une ample liste de symboles ariens, qui a été augmentée et perfectionnée par les travaux de l’infatigable Tillemont, Mém. ecclés., t. VI, p. 477.

[2369] Érasme a tracé avec beaucoup de justesse et de liberté le caractère de saint Hilaire. Les bénédictins se sont occupés, dans leur édition, à réviser le texte, à composer les annales de sa vie, et à justifier ses sentiments et sa conduite.

[2370] Absque episcopo Eleusio et paucis cum eo, ex majore parte Asianæ decem provinciæ, inter quas consisto vere Deum nesciunt. Atque utinam penitus nescirent ! cum procliviore enim venia ignorarent, quam obtrectarent. (S. Hilaire, de Synodis, sive de fine Orientalium, c. 63, p. 1186, édit. benedict.) Dans le célèbre Parallèle entre l’Athéisme et la Superstition, on surprend, quelquefois l’évêque de Poitiers en conformité d’opinions philosophiques avec Bayle et Plutarque.

[2371] Hilarius ad Constantium, l. II, c. 4, 5, p. 1227-1228. Ce passage remarquable a mérité l’attention de Locke, qui l’a transcrit (vol. III, p. 470) dans son nouveau modèle de Souvenirs.

[2372] Dans Philostorgius (l. III, c. 15) le caractère et les aventures d’Ætius paraissent fort singuliers, quoique adoucis par une main amie. L’éditeur Godefroy (p. 153), qui était plus attaché à son sentiment qu’à son auteur, à rassemblé toutes les circonstances odieuses conservées ou inventées par ses ennemis.

[2373] Au jugement d’un homme qui faisait cas de ces deux sectaires, Ætius avait une tête plus forte, et Eunome plus d’art et d’érudition (Philostorgius, l. VIII, c. 18). La Confession et l’Apologie d’Eunome est du très petit nombre des ouvrages hérétiques qui ont échappé. (Fabricius, Bibliothèque græc., t. VIII, p. 258-305.)

[2374] Cependant selon Estius et Bull, il y a un pouvoir, celui de la création, que Dieu ne peut communiquer à une créature. Estius, qui fixe si hardiment les limites de la toute-puissance, était Hollandais de naissance et théologien de son métier. (Dupin, Bibl. ecclés., t. t. XVII, p. 45.)

[2375] Sabinus (ap. Socrat., l. II, c. 39) a rapporté les actes de ce synode arien ; saint Athanase et saint Hilaire en ont expliqué les divisions, Baronius et Tillemont ont soigneusement rassemblé toutes les autres circonstances qui y sont relatives.

[2376] Fideli et pia intelligentia... De Synod., c. 77, p. 1193. Dans ses courtes remarques apologétiques (publiées pour la première fois par les bénédictins, d’après un manuscrit de Chartres), il observe qu’il se servait de cette expression mesurée, qui intelligerem et impiam (p. 1206 ; voyez p. 1146). Philostorgius, qui voyait les mêmes objets sous un autre jour, incline à oublier la différence de l’importante diphtongue. (Voyez VIII, 17 ; et Godefroy, p. 352.)

[2377] Testor Deum cœli atque terræ mecum neutrum audissem, semper tamen utrunque sensisse :.. Regeneratus pridem et in episcopatu aliquantis per manens, fidem Nicenam nunquam nisi exulaturus audivi. (Saint Hilaire, de Synodis, c. 96, p. 1205.) Les bénédictins sont persuadés qu’il gouverna le diocèse de Poitiers plusieurs années avant son exil.

[2378] Sénèque (epist. 58) se plaint de ce que le το ον des platoniciens (le ens des scolastiques plus hardis) ne pouvait s’exprimer par un mot latin.

[2379] La préférence que le quatrième concile de Latran donna à la fin à une unité numérique sur l’unité générique, fut favorisée par l’idiome latin. Voyez Pétau, t. II, l. IV, c. 13 ; p. 424. Τρίας semble donner l’idée de substance, et trinitas celle de qualité.

[2380] Ingemuit totus orbis, et arianum se esse miratus est. Saint Jérôme, advers. Lucifer., t. I, p. 145.

[2381] Sulpice-Sévère (Hist. sacra, l. II, p. 419-430, éd. Lugd. Bat., 1647) raconte en style éloquent l’histoire du concile de Rimini. On la trouve aussi dans le Dialogue de saint Jérôme contre les lucifériens. Le dessein de ce dernier est d’excuser la conduite des évêques latins, qui se laissèrent tromper et s’en repentirent.

[2382] Eusèbe, in Vit. Constant., l. II, c. 64-72. Baronius est fort offensé des principes de tolérance et d’indifférence religieuse contenus dans cette épître ; Tillemont n’en est pas moins scandalisé. Ils supposent que l’empereur avait autour de lui quelque conseiller pervers, ou Satan ou Eusèbe. Voyez les Remarques de Jortin, t. II, p. 183.

[2383] Eusèbe, in Vit. Constant., l. III, c. 13.

[2384] Théodoret (l. I, c. 20) a conservé une lettre de Constantin au peuple de Nicomédie, dans laquelle le monarque se déclare publiquement l’accusateur d’un de ses sujets. Il appelle Eusèbe ο τής τυραννιxης ωμοτητος συμμυστης, et se plaint de sa conduite hostile pendant la guerre civile.

[2385] Voyez dans Socrate (l. I, c. 8), ou plutôt dans Théodoret (l. I, c. 12.), une lettre originale d’Eusèbe dé Césarée, dans laquelle il tâche de se justifier d’avoir acquiescé à l’homoousion. Le caractère d’Eusèbe a toujours été très problématique ; mais ceux qui ont lu la seconde lettre critique de Le Clerc (Ars critica, t. III, p. 30-69) doivent avoir fort mauvaise opinion de l’orthodoxie et de la sincérité de l’évêque de Césarée.

[2386] Saint Athanase, t. I, p. 727 ; Philostorgius, l. I, c . 10, et les Commentaires de Godefroy, p. 41.

[2387] Socrate, l. I, c. 9. Dans les lettres, circulaires qu’il adressa aux différentes villes, Constantin employa contre les Hérétiques les armes du ridicule et de la raillerie.

[2388] Nous tenons cette histoire de saint Athanase, tome I, p. 670. Il laisse, apercevoir un peu de répugnance à jeter de l’odieux sur la mémoire des morts. Il est possible qu’il ait exagéré ; mais la correspondance continuelle entre Alexandrie et Constantinople ne lui aurait guère permis d’inventer. Ceux qui, croyant au récit littéral de la mort d’Arius, disent que ses boyaux lui sortirent du corps avec ses excréments, n’ont d’autre alternative que celle du miracle ou poison.

[2389] On peut suivre le changement graduel des sentiments ou du moins de la conduite de Constantin dans Eusèbe, in Vit. Const., l. III, c. 23 ; l. IV, c. 41 ; dans Socrate, l. I, c. 23-39 ; Sozomène, l. II, c. 16-34 ; Théodoret, l. I, c. 14-34 ; et Philostorgius, l. II, c. 1-17. Mais le premier de ces écrivains était trop près de la scène de l’action, et les autres en étaient trop éloignés. Il est assez extraordinaire que la continuation de l’histoire de l’Église ait été abandonnée à deux laïques et à un hérétique.

[2390] Quia etiam tum catechumenus sacramentum fidei merito videretur potuisse nescire. Sulpice Sévère., Hist. sacra, l. II, p. 410.

[2391] Socrate, l. II, c. 2 ; Sozomène, l. III, c. 18 ; saint Athanase, t. I, p. 813-834. Il observe que les eunuques sont naturellement les ennemis du fils. Comparez les Remarques de Jortin sur l’Histoire ecclésiastique, vol. IV, p. 3, avec une certaine généalogie que l’on trouve dans Candide, c. 4, et qui finit avec un des premiers compagnons de Christophe Colomb.

[2392] Sulpice-Sévère, in Hist. sacra, l. II, p. 405, 406.

[2393] Cyrille (ap. Baron., A. D. 353, n° 26) observe que sous le règne de Constantin la croix avait été trouvée dans les entrailles de la terre, mais qu’elle parut sous le règne dé Constance au milieu des airs. Cette opposition prouve évidemment que Cyrille ignorait l’étonnant miracle auquel on attribue la conversion de Constantin ; et cette ignorance est d’autant plus surprenante, qu’il n’y avait que douze ans que ce prince était mort, lorsque Cyrille fut sacré évêque de Jérusalem par le successeur immédiat d’Eusèbe de Césarée. Voyez Tillemont, Mém. ecclés., t. VIII, p. 715.

[2394] Il n’est pas aisé de déterminer jusqu’à quel point l’imagination de Cyrille peut avoir été secondée par l’apparition d’un cercle solaire.

[2395] Philostorgius (l. III, c. 26) est suivi par l’auteur de la Chronique d’Alexandrie, par Cedrenus et par Nicéphore. Voyez Godefroy, Dissertat., p. 188. Ils ne pouvaient pas refuser un miracle même de la main d’un ennemi.

[2396] Un passage si curieux mérite d’être transcrit. Christianam religionem absolutam et simplicem, anili superstitione confundens ; in qua scrutenda perplexius, quam componenda graviis excitaret dissidia plurima ; quæ progressa fusitis aluit concertatione verborum, ut catervis antistitum jumentis publicis ultro citroque discurrentibus, per synodos, quas appellant, dum ritum omnem ad suum trahere conantur (Valois lit conatur), rei vehiculariæ concideret nervos. Ammien, XXI, 16.

[2397] Saint Athanase, t. I, p. 870.

[2398] Socrate, l. II, c. 45-47 ; Sozomène, l. IV, c. 12-30 ; Théodoret, l. II, c. 18-32 ; Philostorgius, l. IV, c. 1-5.

[2399] Sozomène, l. IV, c. 23 ; saint Athanase, t. I, p. 831. Tillemont (Mém. ecclés., t. VII, p. 947) a tiré des traités détachés de Lucifer de Cagliari différents exemples du fanatisme impérieux de Constance. Le seul titre de ces traités respire le zèle et inspire la terreur : Moriendum pro Dei filio ; De regibus apostaticis ; De non conveniendo cum hœretico ; De non parcendo in Deum delinquentibus.

[2400] Sulpice Sévère, Histor. Sacra, l. II, p. 418-430. Les historiens grecs étaient fort mal instruits des affaires de l’Occident.

[2401] Nous pouvons, regretter que saint Grégoire de Nazianze ait composé le panégyrique et non pas la vie de saint Athanase ; mais nous pouvons tirer des matériaux authentiques de ses propres épures et de ses apologies, t. I, p. 670-951. Je n’imiterai pas l’exemple de Socrate (l. II, c. 1) qui publia la première édition de son Histoire sans consulter les écrits le saint Athanase. Cependant Socrate même, Sozomène, écrivain beaucoup plus actif dans ses recherches, et le savant Théodoret, lient la vie de saint Athanase à l’histoire ecclésiastique. Par les soins de Tillemont (t. VIII), et les éditeurs bénédictains, les faits ont été recueillis, et toutes les difficultés examinées.

[2402] Sulpice Sévère (Hist. sacra, l. II, p. 396) le traite de chicaneur, de jurisconsulte. On ne découvre ce caractère ni dans la vie ni dans les écrits de saint Athanase.

[2403] Dicebatur enim fatidicarum sortium fidem quœve augurales portenderent alites scientissime callens aliquoties prœdixisse futural. (Ammien, XV, 7.) Sozomène raconte une prophétie, ou plutôt une plaisanterie (l. IV, c. 10), qui prouve évidemment, si les corbeaux parlent latin, que saint Athanase comprenait le langage des corbeaux.

[2404] Dans les conciles tenus contre saint Athanase, on relève légèrement l’irrégularité de son ordination. Voyez Philostorgius, l. II, c. 11 ; et Godefroy, p. 71. Mais on ne peut guère supposer que l’assemblée des évêques de l’Égypte ait attesté solennellement une fausseté reconnue. Saint Athanase, t. I, p. 726.

[2405] Voyez l’Histoire des Pères du Désert, publiée par Rosweide ; et Tillemont (Mém. ecclés., t. VII), dans les vies de saint Antoine, saint Pachôme, etc. Saint Athanase, lui-même, qui ne dédaigna pas d’écrire la vie de son ami saint Antoine, a soigneusement observé que ce saint moine avait souvent annoncé et déploré les désordres de l’hérésie arienne.

[2406] Constantin, dans les commencements, menaça de paroles ; mais dans ses lettres, il avait recours à la prière. Insensiblement elles prirent le ton menaçant. Mais en même temps qu’il exigeait que l’Église fût ouverte à tous, il évitait de spécifier le nom odieux d’Arius. Saint Athanase, en politique habile, indique soigneusement ces nuances (t. I, p. 788), qui lui fournirent quelques moyens d’excuse et de délai.

[2407] Les mélétieins d’Égypte, de même que les donatistes d’Afrique, prirent naissance dans une querelle épiscopale, produite par l’esprit de persécution. Je n’ai pas le loisir de suivre une controverse obscure qui semble avoir été défigurée par la partialité de saint Athanase et l’ignorance de saint Épiphane. Voyez l’Histoire générale de l’Église, par Mosheim, vol. I, p. 201 (trad. angl.).

[2408] Sozomène (l. II, c. 25) détaille la manière dont les six évêques furent traités. Mais saint Athanase, si abondant sur le sujet d’Arsène et du calice, ne fait pas la moindre réponse à cette grave accusation.

[2409] Saint Athanase, t. I, p. 788 ; Socrate, l. I, c. 28 ; Sozomène, l. II, c. 25. L’empereur, dans sa lettre de convocation (Eusèbe, in Vit. Constant., l. IV, c. 42), semble juger d’avance quelques membres du clergé ; et il était plus que probable que les évêques du synode appliqueraient ces reproches à saint Athanase.

[2410] Voyez particulièrement la seconde apologie de saint Athanase, tome I, p. 763-808 ; et ses Épîtres aux moines, p. 808-866. Elles sont appuyées sur des documents originaux et authentiques. Elles inspireraient cependant plus de confiance s’il s’y montrait moins innocent, et ses ennemis moins absurdes.

[2411] Eusèbe, in Vit. Constant., l. IV, c. 41-47.

[2412] Saint Athanase, t. I, p. 804. Dans une église dédiée à saint Athanase, le tableau de cette circonstance de sa vie aurait été plus intéressant que la plupart des miracles et des martyres.

[2413] Saint Athanase, t. I, p. 729. Eunape (in Vit. Sophist., p. 36-37, édit. Çommelin) a raconté un singulier trait de la crédulité et de la cruauté de Constantin dans une circonstance semblable. L’éloquent Sopater, philosophe syrien, était aimé de l’empereur ; mais il eut, le malheur de déplaire à Ablavius, préfet du prétoire. La flotte chargée de grains, faute d’un vent du midi, ne put arriver, et le peuple de Constantinople murmura. Sopater eut la tête tranchée, pour avoir, disait la sentence, arrêté les vents par une puissance magique. Suidas ajoute que Constantin voulait prouver par cette exécution qu’il avait absolument renoncé à la superstition des gentils.

[2414] En revenant, il vit deux fois Constance à Viminiacum et à Césarée en Cappadoce. (Saint Athanase, t. I, p. 676.) Tillemont prétend que Constantin le présenta à ses deux frères dans la Pannonie. (Mém. ecclés., t. VIII, p. 69.)

[2415] Voyez Beveridge, Pandectes, t. I, p. 429-452, et t. II, Notes, p. 182 ; Tillemont, Mém. ecclés., t. VI, p. 310-324. Saint Hilaire de Poitiers a parlé de ce synode d’Antioche d’une manière beaucoup trop favorable et trop respectueuse. Il y compte quatre-vingt-dix-sept évêques.

[2416] Saint Grégoire de Nazianze fait un grand éloge (t. I, orat. 21, p. 390, 391) de ce magistrat si odieux à  saint Athanase :

Sœpe premente Deo fert Deus alter opem.

J’aime à trouver, pour l’honneur du genre humain, quelques bonnes qualités chez les hommes que la faction opposée représentait comme des tyrans et des monstres.

[2417] Valois (Observ. ad calcem, t. II ; Hist. ecclés., l. I, c. 1-5) et Tillemont (Mém. ecclés., t. VIII, p.674 ; etc.) ont discuté avec soin les doutes chronologiques qui obscurcissent la question de la résidence de saint Athanase à Rome. J’ai suivi l’hypothèse de Valois, qui n’admet qu’un seul voyage après l’intrusion de Grégoire.

[2418] Je ne puis résister à l’envie de transcrire une observation judicieuse de Wetstein (Prolegomen N. T., p. 19). Si tamen Historiam ecclesiasticam velimus, consulere, patebit jam inde a seculo quarto, cum, ortis controversiis, Ecclesiœ Grœciœ doctores in duas partes seinderentur, ingenio, eloquentia, numero tantum non œquales, eam partem quœ vincere cupiebat Romam confugisse,, majestatemque pontificis comiter coluisse, eoque pacto oppréssis per pontificem et episcopos latinos adversariis prœvaluisse, atque orthodoxiam in conciliis stabilivisse. Eam ob causam Athanasius, non sine comitatu, Romam petiit, pluresque annos ibi hœsit.

[2419] Philostorgius, l. III, c. 12. En supposant que saint Athanase ait employé des moyens de séduction en faveur de la religion, on pourrait justifier ou au moins excuser sa conduite par l’exemple de Caton et de Sidney, dont le premier est accusé d’avoir payé, et l’autre d’avoir été payé pour défendre la liberté publique.

[2420] Le canon qui accorde l’appel aux pontifes romains, a presque élevé le synode de Sardica au rang des conciles généraux, et on a confondu, ou par adresse ou par ignorance, ses actes avec ceux du concile de Nicée. Voyez Tillemont, tome VIII, p. 689 ; et le Traité de Geddes, vol. II, P.419-460.

[2421] Comme saint Athanase répandait secrètement des invectives contre Constance (voyez l’Épître aux moines), tandis qu’il l’assurait personnellement de son profond respect, nous pourrions raisonnablement nous défier des protestations de l’archevêque, t. I, p. 677.

[2422] Malgré le silence de saint Athanase et la fausseté manifeste de la lettre insérée par Socrate, ces menaces se trouvent constatées par le témoignage de Lucifer de Cagliari et de Constance lui-même. Voyez Tillemont, t. VIII, p. 693.

[2423] J’ai toujours eu des doutes sur la rétractation d’Ursace et de Valens (saint Athanase, t. I, p. 776) ; leurs épîtres à Julius, évêque de Rome, et à saint Athanase, ont une tournure et un style si différents, qu’elles ne peuvent sortir de la même source : l’une parle le langage de criminels qui confessent leur crime et leur infamie, et l’autre celui d’ennemis qui demandent à se réconcilier sous des conditions honorables.

[2424] Les circonstances de ce second retour peuvent se tirer de saint Athanase lui-même, t. I, p. 769, 822, 843, Socrate, l. II, c. 18 ; Sozomène, l. III, c. 19 ; Théodoret, l. II, c. II, 12 ; Philostorgius, l. III, c. 10.

[2425] Saint Athanase (t. I, p. 677, 678) défend son innocence par des plaintes pathétiques, des assertions solennelles et des arguments spécieux. Il convient qu’on a forgé des lettres en son nom ; mais il demande qu’on questionne ses secrétaires et ceux du tyran, et que l’on constate si les uns les ont écrites, et si les autres les ont reçues.

[2426] Saint Athanase, tome I, p. 825-844.

[2427] Saint Athanase, tome I, p. 861 ; Théodoret, l. II, c. 16 . L’empereur déclara qu’il avait plus à cœur de dompter saint Athanase, qu’il n’avait désiré de vaincre Magnence ou Sylvanus.

[2428] Les écrivains grecs ont raconté avec si peu de clarté ou de fidélité les affaires du concile de Milan, que nous sommes fort heureux d’avoir pour ressource quelques lettres d’Eusèbe, tirées par Baronius des archives de l’Église de Vercelles, et une ancienne vie de Denys de Milan, publiée par Bollandus. Voyez Baronius, A. D. 355 ; et Tillemont, t. VII, p. 1415.

[2429] Les honneurs, les présents et les fêtes qui séduisaient tant de prélats, sont mentionnés avec indignation par les évêques dont la probité ou la fierté n’avait point succombé à ces tentations. Nous combattrons, disait saint Hilaire, évêque de Poitiers, contre Constance l’antéchrist, qui caresse le ventre au lieu de flageller les épaules, qui non dorsa cœdit, sed ventrem palpat. (S. Hil., contra Constant., c. 5, p. 1240.)

[2430] Ammien, qui n’avait qu’une connaissance très obscure et très superficielle de l’histoire ecclésiastique, dit quelque chose de cette opposition (XV, 7) : Liberius.... perseveranter renitebatur, nec visum hominem, nec auditum damnare nefas ultimum sœpe exclamans ; aperte scilicet recalcitrans imperatoris arbitrio. Id enim ille, Athanasio semper infestus, etc.

[2431] Ou plutôt par le parti orthodoxe du concile de Sardica. Si les évêques avaient donné de bonne foi leurs suffrages, la division se serait trouvée de quatre-vingt-quatorze à soixante-seize. M. de Tillemont (t. VIII, p. 1147-1158) est étonné, avec raison, qu’une si faible majorité ait procédé avec tant de vigueur contre ses adversaires dont le principal fut immédiatement déposé.

[2432] Sulpice Sévère, Hist. sacra, l. II, p. 412.

[2433] Ammien (XV, 7) parle de l’exil de Liberius. Voyez Théodoret, l. II, c. 16 ; saint Athanase, t. I, p. 834-837 ; saint Hilaire, Fragment, I.

[2434] Tillemont (tome VIII, p. 524-561) a recueilli la vie d’Osius. C’est avec des expressions également extravagantes qu’il commence par l’exalter et finit par le condamner. Dans leurs lamentations sur la chute de l’évêque de Cordoue, il faut distinguer la prudence de saint Athanase dit zèle aveugle et indiscret de saint Hilaire.

[2435] Les confesseurs de l’Occident furent successivement bannis dans les déserts de l’Arabie et de la Thébaïde, entre les rochers du mont Taurus et dans les cantons les plus sauvages de la Phrygie, occupés par les impies montanistes. Ætius l’hérétique ayant été trop bien reçu à Mopsueste en Cilicie, où il était exilé, Acace le fit transporter à Amblada, dont les environs, habités par des sauvages, étaient en proie aux horreurs de la guerre et de la peste. Philostorgius, l. V, c. 2.

[2436] Voyez le traitement cruel qu’éprouva Eusèbe, et son étrange obstination, dans ses propres lettres, publiées par Baronius, A. D. 356, n° 92-102.

[2437] Cœterum exules satis constat, totius orbis studiis celebratos, pecuniasque cis in sumptum affatim congestas, legationibus quoque eos plebis catholicœ ex omnibus fere provinciis frequentatos. Sulpice Sévère, Hist. sacra, p. 414 ; saint Athanase, t. I, p. 836-480.

[2438] On peut trouver dans les ouvrages de saint Athanase lui-même d’amples matériaux pour l’histoire de cette nouvelle persécution. Voyez l’Apologie très bien faite qu’il adressa à Constance, t. I, p, 673 ; la première Apologie de sa fuite, p. 701 ; sa prolixe Épître aux solitaires, p. 808, et l’original des protestations des Alexandrins contre les violences commises par Syrianus, p. 866. Sozomène (l. IV, c. 9) a inséré dans son récit deux ou trois circonstances lumineuses et importantes.

[2439] Saint Athanase avait mandé récemment saint Antoine et quelques moines choisis de son couvent ; ils descendirent de leurs montagnes, annoncèrent aux Alexandrins la sainteté d’Athanase, et furent honorablement reconduits par l’archevêque jusqu’à la porte de la ville. Saint Athanase, t. II, p. 491, 492. Voyez aussi Rufin, III, 164, in. Vit. Patr., p. 524.

[2440] Saint Athanase, t. I, p. 694. A travers le ressentiment de l’empereur ou de ses secrétaires ariens, on voit percer la crainte et l’estime que leur inspirait saint Athanase.

[2441] Ces détails sont curieux, parce qu’ils sont transcrits littéralement, et tirés des protestations qui furent présentées publiquement, trois jours après, par les catholiques d’Alexandrie. Voyez saint Athanase, t. I, p. 867.

[2442] Les jansénistes ont souvent comparé saint. Athanase et Arnauld, et se sont étendes avec satisfaction sur la foi, le zèle, le mérite et l’exil de ces célèbres docteurs. L’abbé de La Bletterie a très adroitement conduit ce parallèle. (Vie de Jovien, t. I, p. 130.)

[2443] Hinc jam toto orbe profugus Athanasius ; nec ullus et tutus ad latendum supererat locus. Tribuni, præfecti, comites, exercitus, quoque, ad pervestigandum eum moventur edictis imperiatibus : prœmia delatoribus proponuntur, si quis eum vivum, si id minus, caput certe Athanasii detulisset. Rufin, l. I, c. 16.

[2444] Saint Grégoire de Nazianze, orat. 21, p. 384, 385. Voyez Tillemont, Mém. ecclés., t. VII, p. 176-410, 820-880.

[2445] Et nulla tormentorum vis inveniri adhuc potuit, quæ obdurato illius tractus latroni invito clicere potuit, ut nomen proprium dicat. Ammien, XVII, 16, et Valois, ad. locum.

[2446] Rufin, l. I, c. 8 ; Sozomène, l. IV, c. 10. Cette histoire et la suivante paraîtront impossibles si nous supposons que saint Athanase habita toujours l’asile qu’il avait ou choisi ou accepté par hasard.

[2447] Palladius, Hist. Lausiac., c. 136, in. Vit. Patrum, page 776. L’auteur de cette histoire avait conversé avec cette demoiselle, qui se rappelait encore avec plaisir, dans sa vieillesse, cette pieuse et honorable intimité. Je ne puis partager la délicatesse de Baronius, de Valois, de Tillemont, etc., qui rejettent cette anecdote comme indigne de la gravité de l’histoire ecclésiastique.

[2448] Saint Athanase, t. I, p. 869. Je crois avec Tillemont (t. VIII, p. 1197) que ces expressions annoncent qu’il visita les synodes, sans doute, secrètement.

[2449] L’Épître de saint Athanase aux moines est remplie de reproches dont le public doit sentir la vérité (vol. I, p. 834-856) ; et, par égard pour ses lecteurs, il se sert de la comparaison de Pharaon, d’Achab et de Belshassar, etc. La hardiesse de saint Hilaire l’exposait à moins de dangers, s’il est vrai qu’il publia ses invectives dans la Gaule, après la révolte de Julien ; mais Lucifer envoya ses libelles à Constance, et semblait rechercher l’honneur du martyre. Voyez Tillemont, t. VII, p. 905.

[2450] Saint Athanase (t. I, p. 811), blâme en général cette pratique, dont il cite ensuite un exemple (p. 861) dans la prétendue élection de Félix : trois eunuques représentaient le peuple romain, et trois prélats qui suivaient la cour firent les fonctions des évêques des provinces.

[2451] Thomassin (Discipline de l’Église, t. I, l. II, c. 72, 73, p. 966-984) a rassemblé des faits curieux relatifs à l’origine et aux progrès du chant des églises dans l’Orient et dans l’Occident.

[2452] Philostorgius, l. III, c. 13. Godefroy a examiné ce sujet avec beaucoup d’exactitude (page 147, etc.). Il y avait trois formules hétérodoxes : Au Père par le Fils, et dans le Saint-Esprit ; ... au Père et au Fils dans le Saint-Esprit ; ... au Père dans le Fils et le Saint-Esprit.

[2453] Après l’exil d’Eustathe, sous le règne de Constantin, le parti le plus rigide des orthodoxes se sépara des autres, et forma enfin un schisme qui dura quatre-vingts ans. (Voyez Tillemont, Mém. ecclés., tome VII, p. 1137-1158 ; t. VIII, p. 573-632, 1314-1332) Dans beaucoup d’églises, les ariens et les homoousiens, qui rejetaient réciproquement la communion les uns des autres, continuèrent cependant quelque temps à prier ensemble. Philostorgius, l. III, c. 14.

[2454] Voyez, pour la révolution ecclésiastique de Rome, Ammien, XV, 7 ; saint Athanase, t. I, p. 843-861 ; Sozomène, l. IV, c. 15 ; Théodoret, l. II, c. 17 ; Sulpice-Sévère, Hist. Sacra, l. II, p. 413 ; saint Jérôme Chronique ; Marcellin et Faustin, Libell., p. 3, 4 ; Tillemont, Mém. ecclés., t. VI, p. 336.

[2455] Cucusus fut son dernier séjour ; il y trouva la mort et la fin de ses souffrances. La position de cette ville solitaire, sur les confins de la Cappadoce, de la Cilicie et de la petite Arménie, a occasionné quelques doutes géographiques, mais la voie romaine de Césarée à Anazarbe nous donne la position certaine. Voyez Cellarius, Géographie, t. II, p. 213 ; Wesseling, ad Itiner., p. 179, 703.

[2456] Saint Athanase (t. I, p. 703, 813, 814) affirme que Paul fut assassiné, et en appelle non seulement à l’opinion publique, mais au témoignage irrécusable de Philagre, un des persécuteurs ariens. Cependant il avoue que les hérétiques prétendirent que l’évêque de Constantinople était mort de maladie. Socrate (l. II, c. 26) copie servilement saint Athanase ; mais Sozomène, d’un esprit plus indépendant (l. IV, c. 2), ose laisser percer quelques doutes.

[2457] Ammien (XIV, 10) nous renvoie à son propre récit de cet événement tragique ; mais nous n’avons plus cette partie de son histoire.

[2458] Voyez Socrate, l. II, c. 6, 7, 12, 13, 15, 16, 26, 27, 38 ; et Sozomène, l. III, c. 3, 4, 7, 9 ; l. IV, c. 11, 21. Les actes de saint Paul de Constantinople, dont Photius a fait un extrait (Phot., Biblioth., p. 1419-1430), sont une assez mauvaise copie de ces historiens. Mais un Grec moderne, qui a pu écrire la vie d’un saint sans y ajouter des fables et des miracles, mérite quelques éloges.

[2459] Socrate, l. II, c. 27, 38 ; Sozomène, l. IV, c. 21. Macedonius eut pour principaux aides, dans les travaux de la persécution, les deux évêques de Nicomédie et de Cyzique, dont on estimait généralement les vertus, et surtout la charité. Je ne puis m’empêcher de rappeler au lecteur que la différence de l’homoousion à l’homoiousion est presque imperceptible, même aux yeux de la plus fine théologie.

[2460] Nous ignorons la position exacte de Mantinium. En parlant de ces quatre troupes de légionnaires, Socrate, Sozomène et l’auteur des Actes de saint Paul, se servent des termes vagues de αριθμοι, φαλαγγες, ταγματα, que Nicéphore traduit, avec beaucoup de raison, par milliers. Valois, ad Socrat., l. II, c. 38.

[2461] Julien, Epist., l. II, p. 436, édit. Spanheim.

[2462] Voyez Optat de Milève, III, 4 et l’Hist. des Donatistes par Dupin, avec les pièces originales à la fin de l’édition. Les détails que saint Augustin donne sur la fureur des circoncellions contre les autres et contre eux-mêmes ont été recueillis par Tillemont. (Mém. ecclés., t. VI, p. 147-165) ; et il a souvent rapporté sans dessein les insultes qui enflammaient la colère de ces fanatiques.

[2463] Il est assez amusant de comparer le langage des différentes factions, quand elles parlent du même homme ou des mêmes événements. Gratus, évêque de Carthage, commence ainsi les acclamations d’un synode orthodoxe : Gratias Deo omnipotenti et Christo Jesu.... qui imeravit religiosissimo Constanti imperatori, ut votum gereret unitatis, et mitteret ministros sancti operis, famulos Dei, Paulum et Macarium. Monument. Vet. ad calcem Optati, p. 313. Ecce subito (dit l’auteur donatiste de la passion Marculus) de Constantis regis tyrannica domo.... pollutum macarianæ, persecutionis murmur increpuit ; et duabus bestiis ad Africam missis, eodem scilicet Macario et Paulo, execrandum prorsus ac dirum Ecclesiœ certamen indictum est ; ut populus christianus ad unionem cum traditoribus faciendam ; nudatis militum gladiis et draconum prœsentibus signis, et tubarum vocibus cogeretur. Monument., p. 304.

[2464] L’Histoire des Camisards (en trois volumes in-12, Villefranche, 1750) est exacte et impartiale. On a quelque peine à découvrir la religion de l’auteur.

[2465] Les donatistes alléguaient pour justifier leurs suicides, l’exempte de Razias, qui est rapporté dans le quatorzième chapitre du deuxième livre des Macchabées.

[2466] Nullas infestas hominibus bestias, ut sunt sibi ferales plerique christianorum expertus. Ammien, XXII, 5.

[2467] Saint Grégoire de Nazianze, orat. I, p. 33. Voyez Tillemont, t. VI, p. 501, édit. in-4°.

[2468] Histoire politique et philosophique des établissements des Européens dans les Deux Indes, t. I, p. 9.

[2469] Selon Eusèbe (in Vit. Const., l. II, c. 45), l’empereur défendit dans les villes et dans les campagnes les pratiques abominables de l’idolâtrie. Socrate (l. I, c. 17) et Sozomène (l. II, c. 4, 5) ont représenté la conduite de Constantin avec la vérité qui convient à l’histoire ; mais elle a été fort négligée par Théodoret., l. V, c. 21, et par Orose, VIII, 28. Tum deinde, dit le dernier, primus Constantinus justo ordine et pio vicem vertit edicto ; siquidem statuit citra ullam hominum cœdem, paganorum templa claudi.

[2470] Voyez Eusèbe, in Vit. Constant, l. II, c. 56-60. Dans le sermon que l’empereur prononça devant l’assemblée des saints, lorsque sa dévotion fut confirmée par les années, il déclare aux idolâtres (c. 11) qu’il leur permet d’offrir leurs sacrifices et d’exercer librement toutes les pratiques de leur religion.

[2471] Voyez Eusèbe, in Vit. Constant., l. III, c. 54-58 ; et l. IV, c. 23, 25. Ces actes d’autorité peuvent se comparer à la suppression des Bacchanales, et à la démolition du temple d’Isis par les magistrats de Rome païenne.

[2472] Eusèbe, in Vit. Constant., l. III, c. 54 ; et Libanius, Orat. pro templis, p. 9, 10, édit. Godefroy. Ils racontent tous deux le pieux sacrilège de Constantin, qu’ils voyaient sous un jour fort différent. Le dernier déclare positivement qu’il se saisit de l’argent et des richesses sacrées ; mais, qu’il ne toucha point au culte des temples, qui furent à la vérité appauvris ; mais où l’on ne célébrait pas moins les cérémonies ordinaires de l’ancienne religion. Témoignages juifs et païens. Lardner, vol. IV, p. 140.

[2473] Ammien parle de quelques eunuques de cour qui furent spoliis templorum pasti. Libanius dit (Orat pro temp., p. 23) que l’empereur faisait souvent présent d’un temple comme il aurait pu faire d’un chien, d’un cheval, d’un esclave ou d’une coupe d’or ; mais, le pieux philosophe a grand soin d’observer que ces favoris sacrilèges finissaient presque toujours malheureusement.

[2474] Voyez Godefroy, Code Theod., t. VI, p. 26 ; Liban., Orat. parental., c. 10, in Fabric., Biblio. Grœc., t. VII, page 235.

[2475] Placuit omnibus locis atque urbibus universis claudi protinus templa, et accessu vetitis omnibus licentiam delinquendi perditis abnegari. Volumus etiam cunctos a sacrificus abstinere. Quod siquis aliquid forte hujusmodi perpetraverit, gladio sternatur : facultates etiam perempti fisco décernimus vindicari : et similiter adfligi rectores provinciarum, si facinora vindicare neflexerint. (Cod. Theod., XVI, tit. 10, leg. 4). On a découvert une contradiction chronologique dans la date de cette loi extravagante, la seule peut-être qui ait jamais puni la négligence des magistrats par la mort et la confiscation de leurs biens. M. de La Bastie (Mém. de l’Acad., tome XV, p. 98) conjecture, avec une apparence de raison, que cette loi prétendue n’était réellement qu’un projet de loi, qui fut trouvé parmi les papiers de Constantin, et inséré depuis comme un heureux modèle, dans le Code de Théodose.

[2476] Symmaque, epist. X, 54.

[2477] La quatrième dissertation de M. de La Bastie, sur le souverain pontificat des empereurs romains, dans les Mém. de l’Acad., XV, 75-144, est très savante et très judicieuse. Elle présente l’état du paganisme depuis Constantin jusqu’à Gratien, et prouve que durant cette période il jouit du bienfait de la tolérance. L’assertion de Zozime, que Gratien, fut le premier qui refusa la robe pontificale, est prouvée démonstrativement ; et les murmures de la bigoterie à ce sujet sont presque réduits au silence.

[2478] Comme je me suis servi librement, par anticipation, des mots de païens et de paganisme, je vais donner au lecteur un exposé des révolutions singulières qu’ont éprouvées dans leur signification des expressions si connues. 1° Παγη en dialecte dorique, familier aux Italiens, signifiait une fontaine ; et les campagnards du voisinage qui visitaient la fontaine en tiraient la dénomination générale de pagus et pagani. (Festus sub. vocc, et Servius ad Virgil. Georgic., II, 382.) 2° Par une extension du mot, païen et campagnard devinrent presque synonymes. (Pline, Hist. nat., XXVIII, 5.) On donna ce nom au bas peuple des campagnes, et il a été changé dans celui de paysans par les nations modernes de l’Europe. 3° L’augmentation excessive de l’ordre militaire amena la nécessité d’une dénomination corrélative (Essais de Hume, vol. I, p. 555.), et tous ceux qui ne s’enrôlaient point au service du prince étaient désignés par l’épithète dédaigneuse de païens (Tacite, Hist., III, 24, 43, 77 ; Juvénal, Satyres, XVI ; Tertullien, de Pallio, c. 4.) 4° Les chrétiens étaient les soldats de Jésus-Christ ; leurs adversaires, qui refusaient le sacrement ou le serment militaire du baptême pouvaient mériter la dénomination métaphorique de païens ; et cette expression populaire de reproche fut introduite, dès le règne de Valentinien, A. D. 365, dans les lois impériales (Cod. Theod., XVI, tit. II, leg. 48), et dans les écrits théologiques. 5° Les villes de l’empire furent peu à peu remplies de chrétiens. L’ancienne religion du temps de Prudence (adversus Symmachum, I, ad fin., et Orose, in Præfat hist.) se retirait et languissait dans les villages. Le mot de païen, avec sa nouvelle signification, retourna à sa première origine ; et les païens devinrent des paysans. 6° Depuis l’extinction du culte de Jupiter et de sa famille, on a donné le nom de païens à tous les idolâtres ou polythéistes anciens et modernes. 7° Les chrétiens latins le donnèrent sans scrupule à leurs ennemis mortels les mahométans, et ainsi les unitaires les plus purs n’échappèrent point au reproche injuste de paganisme et d’idolâtrie. Voyez Gérard-Vossius, Etymologicon linguœ latinœ, dans ses ouvrages, tome I, page 420 ; Commentaire de Godefroy sur le Code de Théodose, t. VI, p. 250 ; et Ducange, Mediœ et infimœ latinitatis Glossar.

[2479] Dans le langage pur de l’Ionie et d’Athènes, ειδωλον et λατρεια étaient des mots anciens et familiers. Le premier signifiait une ressemblance, une apparition (Odyssée d’Homère, XI, 601), une représentation, une image inventée par l’art ou par l’imagination. Le second désignait toute espèce de service ou d’esclavage. Les Juifs de l’Égypte qui traduisirent les écritures hébraïques, restreignirent l’usage de ces mots (Exode, XX, 4, 5) au culte religieux d’une image. L’idiome particulier des hellénistes ou juifs grecs a été adopté par les historiens ecclésiastiques et sacrés ; et le reproche d’idolâtrie (ειδωλολατρεια) s’est attaché à cette sorte de superstition matérielle et grossière que certaines sectes de chrétiens ne devraient pas trop se presser d’imputer aux polythéistes de la Grèce et de Rome.

[2480] Omnes qui plus poterant in palatio, adulandi professores iam docti recte consulta prospereque completa vertebant in deridiculum : talia sine modo strepentes insulse, in odium venit cum victoriis suis capella, non homo ; ut hirsutum Julianum carpentes appellantesque loquacem talpam et purpuratam simiam et litterionem Græcum : et his congruentia plurima æque ut tintinnabula principi resonantes, audire hæc taliaque gestienti, virtutes ejus obruere verbis impudentibus conabantur ut segnem incessentes et timidum et umbratilem gestaque secus verbis comptioribus exornantem. Ammien, XVII, 11.

[2481] Ammien, XVI, 12. L’orateur Themistius croyait à tout ce que contenaient les lettres impériales adressées au sénat de Constantinople. Aurelius Victor, qui a publié son Abrégé dans la dernière année du règne de Constance, attribue les victoires remportées sur les Germains au génie de l’empereur et à la fortune du jeune César. Cependant cet historien fut, bientôt après, redevable à l’estime ou à la protection de Julien, des honneurs d’une statue de cuivre, et des importantes dignités de consulaire de la seconde Pannonie, et de préfet de la ville. Ammien, XXI, 10.

[2482] Callido nocendi artificio, accusatoriam diritatem laudum titulis peragebant.... Hœ voces fuerunt ad inflammanda odia probris omnibus potentiores. Voyez Mamertin, in Actione gratiarum, in vit. Panegyr., XI, 57 6.

[2483] Le court intervalle que l’on peut supposer entre l’hieme adultâ et le primo vere d’Ammien (XX, 1-4), loin de suffire à une marche de trois mille milles, ferait paraître les ordres de Constance aussi extravagants qu’ils étalent injustes. Les troupes de la Gaule n’auraient pas pu arriver en Syrie avant la fin de l’automne. Il faut que la mémoire d’Ammien ait été infidèle ou qu’il se soit mal expliqué.

[2484] Ammien, XX, 1. Il reconnaît la valeur et les talents militaires de Lupicinus ; mais, dans son langage affecté, il le représente comme élevant les cornes de son orgueil, mugissant d’un ton terrible, et laissant douter qui l’emportait en lui de l’avarice ou de la cruauté. Les Pictes et les Écossais menaçaient si sérieusement la Bretagne, que Julien fut un instant tenté d’y passer lui-même.

[2485] Il leur accorda la permission de se servir de ce que l’on nommait currus clavularis ou clabularis. Ces chariots de poste sont souvent cités dans le code, et pesaient pour porter chacun quinze cents livres pesant. Voyez Valois, ad Amm., XX, 4.

[2486] Probablement le palais des Bains (Thermarum) dont il subsiste encore une salle dans la rue de la Harpe. Les bâtiments occupaient une grande partie du quartier connu aujourd’hui sous le nom de quartier de l’université ; et les jardins, sous les rois mérovingiens, communiquaient avec l’abbaye Saint-Germain-des-Prés. Les injures du temps et les ravages des Normands ont réduit en un tas de ruines, dans le douzième siècle, ce palais antique, dont l’intérieur obscur avait caché les excès de la débauche.

Explicat aula sinus, montenique amplectitur alis ;

Multipliei latebra scelerum tersura ruborem.

. . . . . . . . . . . . . . . Pereuntis sœpè pudoris

Celatura nefas, Venerisque accommoda furtis.

Ces vers sont tirés de l’Architrenius (l. IV, c. 8), ouvrage poétique de Jean de Hauteville ou Hauville, moine de Saint-Albans, vers l’an 1190. Voyez l’Histoire de la poésie anglaise, par Warton, v. I, dissert. 2.) De pareils vols étaient moins funestes à la tranquillité du genre humain que les disputes théologiques que la Sorbonne a agitées depuis sur le même terrain. Bonamy, Mém. de l’Acad., t. XV, pages 678-682.

[2487] Même dans ces moments de tumulte, Julien ne négligea pas les soins de la superstition, et il refusa obstinément de se servir, comme de mauvais augure, d’un collier de femme ou d’un ornement de cheval, dont les soldats impatiens voulaient qu’il fît usage faute de diadème.

[2488] Une somme proportionnelle d’or et d’argent, cinq pièces d’or et une livre d’argent : le tout montait à peu près à la valeur de cinq livres sterling et dix schellings.

[2489] On peut consulter, sur le récit détaillé de cette révolte, les ouvrages originaux et authentiques de Julien lui-même, ad S. P. Q. Athen., p. 282, 283, 284 ; Libanius, Orat. parental., c. 44-48 ; dans Fabricius, Biblioth. græc., t. VII, pages 269-273 ; Ammien, XX, 4 ; et Zozime, l. III, p. 151, 152, 153, qui, pour le règne de Julien, semble avoir suivi l’autorité plus respectable d’Eunape. Avec de pareils guides, nous avons pu nous passer des Abrégés et de l’Histoire ecclésiastique.

[2490] Eutrope, témoin irrécusable, se sert de cette expression vague, consensu militum, X, 15. Saint Grégoire de Nazianze, dont l’ignorance pourrait excuser le fanatisme, accuse l’apostat de présomption, d’extravagance, et lui donne l’épithète de rebelle impie, αυθαδεια, απονοια, ασεβεια, orat. 3, p. 67.

[2491] Julien, ad S. P. Q. Athen., p. 284. Le pieux abbé de La Bletterie (Vie de Julien, p. 1 59) paraît tenté de respecter les pieuses protestations d’un païen.

[2492] Ammien, XX, 5, avec la note de Lindenbrog sur le génie de l’empire. Julien lui-même, dans une lettre confidentielle à Oribase, son médecin et son ami (epist. XVII, p. 384), parle d’un songe antérieur à l’événement, et dont il fut frappé ; d’un grand arbre renversé, et d’une petite plante qui poussait en terre une racine forte et profonde. L’imagination de Julien était sans doute agitée de craintes et d’espérances jusque dans son sommeil. Zozime (l. III) a rapporté un songe postérieur.

[2493] Tacite (Hist., I, 80-85) peint éloquemment la situation dangereuse du prince d’une armée rebelle ; mais Othon était plus coupable et moins habile que Julien.

[2494] A cette lettre ostensible il en ajouta, dit Ammien, de particulières, objurgatorias et mordaces, que l’historien n’a pas vues, qu’il n’aurait pas publiées, et qui n’ont peut-être jamais existé.

[2495] Voyez les premières transactions de son règne, in Julian., ad S. P. Q. Athen., p. 285, 286 ; Ammien, XX, 5, 8 ; Liban., Orat. parent., c. 49, 50, p. 273-275.

[2496] Liban., Orat. parent., c. 50, p. 275, 276. Étrange désordre, puisqu’il dura pendant plus de sept ans. Dans les factions des républiques grecques, les exilés montèrent au nombre de vingt mille ; et Isocrate assure sérieusement Philippe qu’il serait plus aisé de former une armée des vagabonds, que des habitants des villes. Voyez les Essais de Hume, t. I, p. 426-427.

[2497] Julien (epist. XXXVIII, p. 4,4) donne une description abrégée de Vesontio ou Besançon, une péninsule pierreuse presque environnée par le Doubs, jadis ville magnifique, remplie de temples, et réduite actuellement à une petite ville qui sort de ses ruines.

[2498] Vadomair entra au service des Romains, et d’un roi barbare ils firent un due de Phénicie. Vadomair conserva toujours la duplicité de son caractère (voyez Ammien, XXI, 4) ; mais, sous le règne de Valens, il signala sa valeur dans la guerre d’Arménie.

[2499] Ammien, XX, 10 ; XXI, 3, 4 ; Zozime, liv. III, p. 155.

[2500] Ses restes furent envoyés à Rome, et enterrés près de sa sœur Constantina, dans le faubourg de la Via Nomentana. (Ammien, XXI, 1.) Libanius a composé une apologie très faible pour justifier son héros d’une accusation très absurde, d’avoir empoisonné sa femme, et récompensé son médecin en lui donnant les bijoux de sa mère. Voyez la septième des dix-sept nouvelles harangues publiées à Venise, 1754, d’après un manuscrit de la bibliothèque de Saint-Marc, p. 117-127. Elpidius, le préfet du prétoire de l’Orient, au témoignage duquel l’accusateur de Julien en appelle, est traité par Libanius d’efféminé et d’ingrat ; cependant saint Jérôme a loué la piété d’Elpidius (tome I, page 243), et Ammien à fait l’éloge de son humanité (XXI, 6).

[2501] Feriarum die quem celebrantes mense januario, Christiani Epiphania dictitant, progressus in eorum ecclesiant, solemniter numine orato, discessit. Ammien, XXI, 2. Zonare observe que c’était la fête de la Nativité ; et cette assertion ne contredit pas le passage précédent, puisque les Églises d’Égypte, d’Asie, et peut-être de la Gaule, célébraient le même jour, le 6 janvier, la nativité et le baptême de Jésus-Christ. Les Romains, aussi ignorants que leurs confrères, de la véritable date de sa naissance, fixèrent la fête au 25 décembre, les brumalia ou solstice d’hiver, époque à laquelle les païens célébraient tous les ans la naissance du Soleil. Voyez Bingham, Antiquités de l’Église chrétienne, l. XX, c. 4 ; et Beausobre, Hist. crit. du Manichéisme, t. II, p. 690-700.

[2502] Le détail des négociations publiques et secrètes entre Constance et Julien, peut être tiré, avec quelque précaution, de Julien lui-même, Orat. ad S. P. Q. Athen., p. 266 ; de Libanius, Orat. parent., c. 51, p. 276 ; d’Ammien, XX, 9 ; de Zozime, l. III, p. 154 ; et même de Zonare (t. II, l. XIII, p. 20, 21, 22), qui semble avoir trouvé et employé dans cette occasion quelques bons matériaux.

[2503] Trois cents myriades ou trois millions de medimni, mesure de grains en usage chez les Athéniens, et qui contenait six modii romains. Julien explique en soldat et en politique le danger de sa situation, et la nécessité et l’avantage d’une guerre offensive (ad S. P. Q. Athen., p. 286-287).

[2504] Voyez sa harangue et la conduite des troupes dans Ammien, XXI, 5.

[2505] Il refusa durement sa main au préfet suppliant, et le 6t partir pour la Toscane. Ammien, XXI, 5. Libanius, avec une fureur digne d’un sauvage, insulte Nebridius, approuve les soldats, et blâme presque l’humanité de Julien. Orat. parental., c. 53, p. 278.

[2506] Ammien, XXI, 8. Dans cette promotion, Julien obéissait à la loi qu’il s’était publiquement imposée. Neque civilis quisquam judex, nec militaris rector, alio quodam præter merita suffragante, ad potiorem veniat gradum. Ammien, XI, 5. L’absence ne diminua point son estime pour Salluste, et il honora le consulat en y nommant son ami. A. D. 363.

[2507] Ammien (XXI, 8) prétend qu’Alexandre et d’autres généraux célèbres se conduisirent de même, d’après le même raisonnement.

[2508] Ce bois faisait partie de la forêt Hercynienne, qui, du temps de César, s’étendait depuis le pays des Rauraci (Bâle) jusque dans les contrées les moins connues du Nord. Voyez Cluvier, Germania antiqua, l. III, c. 47.

[2509] Comparez Libanius (Orat. parent., c. 53, p. 278, 279) avec saint Grégoire de Nazianze (orat. 3, p. 68). Le saint est forcé d’admirer le secret et la rapidité, de cette marche. Un théologien moderne pourrait appliquer à Julien des vers faits pour un autre apostat.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . So eagerly the fiend,

O’er bog, or steep, through strait, rough, dense, or rare,

With head, hands, wings, or feet, pursues his way,

And swims, or sinks, or wades, or creeps, or flies.

Avec la même ardeur le prince des enfers

Trente mille moyens, mille chemins divers ;

De ses mains, de ses pieds, de sa superbe tête,

Il combat, il franchit l’ouragan, la tempête,

Les défilés étroits, les gorges, les vallons,

L’air pesant ou léger, ou la plaine ou les monts,

Les rocs, le noir limon qu’un flot dormant détrempe,

Va guéant ou nageant, court, gravit, vole ou rampe.

Paradis perdu, liv. II. (Trad. de Delille.)

[2510] Dans cet intervalle, la Notitia place deux ou trois flottes, la Lauriacensis à Lauriacum ou Lorch, l’Arlapensis, la Maginensis, et fait mention de cinq légions ou cohortes de Liburnarii, qui devaient être des espèces de marins. Sect. LVIII, édit. Labb.

[2511] Zozime est le seul qui rapporte cette circonstance intéressante. Mamertin (in Paneg. vet., XI, 6, 7) qui accompagnait Julien comme comte des sacrées largesses, décrit ce voyage d’un style fleuri et d’une manière pittoresque, défie Triptolème, les Argonautes, etc.

[2512] La description d'Ammien, qui pourrait être appuyée de plusieurs témoignages, donne la situation précise des Agustiœ Succorum, ou défilés de Succi M. d’Anville, d'après une légère ressemblance de noms, les a placés entre Sardica et Naissus. Pour ma propre justification, je suis obligé de relever la seule erreur que j'aie jamais aperçue dans les cartes et les écrits de cet admirable géographe.

[2513] Quels que soient les détails que nous tirons d'autres auteurs, nous suivons, pour le fond du récit, Ammien, XXI, 8, 9, 10.

[2514] Ammien, XXI, 9, 10. Libanius, Orat. parental., c. 4, p. 279, 280 ; Zozime, l. III , p. 156, 157.

[2515] Julien (ad S. P. Q. Athen., p. 286) assure positivement qu’il intercepta les lettres de Constance aux Barbares ; et Libanius affirme qu’il les lut aux troupes et dans les villes où il passait. Cependant Ammien (XI, 4) emploie l’expression du doute : Si, famæ solius admittenda est fides. Il cite pourtant une lettre interceptée de Vadomair à Constance, qui annonce une correspondance intime : Cæsar tuus disciplinam non habet.

[2516] Zozime fait mention de ses épîtres aux Athéniens, aux Corinthiens et aux Lacédémoniens. La substance de toutes était probablement la même, quoique, selon ceux auxquels elles étaient adressées, il pût y avoir quelque différence dans la forme. L’Épître aux Athéniens existe encore, p. 268-287, et nous y avons puisé des instructions intéressantes. Elle a mérité les éloges de l’abbé de La Bletterie, Préface à l’Histoire de Jovien, p. 24, 25, et est un des meilleurs manifestes qui existent dans aucune langue.

[2517] Auctori tuo reverentiam rogamus. Ammien, XXI, 10. Il est assez amusant d’examiner la conduite des sénateurs, qui flottaient entré la crainte et l’adulation. Voyez Tacite, Hist., I, 85.

[2518] Tanquam venaticam prædam caperet : hoc enim ad leniendum suorum metum subindè prædicabat. Ammien, XXI, 7.

[2519] Voyez la harangue et les préparatifs dans Ammien, XXI, 13. Le lâche Théodote implora dans la suite et obtint son pardon de la clémence du vainqueur, qui déclara qu’il voulait diminuer le nombre de ses ennemis, et augmenter celui de ses amis (XXII, 14).

[2520] Ammien, XXI, 7, 11, 12. Il raconte avec une exactitude assez inutile les opérations du siège d’Aquilée, qui conserva dans cette occasion la réputation d’imprenable. Saint Grégoire de Nazianze (orat. 3, p. 68) attribue cette révolte accidentelle à la sagesse de Constance, dont il annonce d’avance la victoire. Constantio quem credebat procul dubio fore victorem : nemo enim omnium tanc ab hac constanti sententia discrepebat. Ammien, XXI, 7.

[2521] Ammien fait un tableau fidèle de sa mort et de son caractère (XXI, 14, 15, 16) ; on ne peut se défendre d’un sentiment de haine et de mépris en lisant la calomnie absurde de saint Grégoire (orat. 3, p. 68), qui accuse Julien d’avoir tramé la mort de son bienfaiteur. Le repentir que l’empereur montra dans le particulier, d’avoir épargné et élevé Julien (p. 69, et orat. XXI, p. 39), est assez probable, et n’est point incompatible avec son testament verbal et public, que des raisons de prudence peuvent lui avoir dicté dans les derniers instants de sa vie.

[2522] Dans la description du triomphe de Julien, Ammien (XXII, 1, 2) prend le ton de l’orateur et du poète, tandis que Libanius (Orat. parental., c. 56, p. 281) se renferme dans la grave simplicité de l’historien.

[2523] On trouve la description de la pompe funèbre de Constance dans Ammien, XXI, 16 ; saint Grégoire de Nazianze, orat. 4, p. 119 ; Mamertin, in Paneg. vet., II, 27 ; Libanius, Orat. parent., c. 56, p. 283 ; Philostorgius, l. VI, c. 6, avec les Dissertations de Godefroy, p. 265. Ces écrivains et leurs partisans païens, catholiques, ariens, etc., voyaient avec des yeux bien différents le nouvel empereur et celui qu’ils venaient de perdre.

[2524] On ne sait pas bien exactement le jour ni l’année de la naissance de Julien. Le jour est probablement le 6 de novembre, et l’année, doit être ou 331 ou 332. (Tillemont, Hist. des Empereurs, t. IV, p. 693 ; Ducange, Fam. byzant., p. 50.) J’ai préféré la première de ces deux dates.

[2525] Julien (p. 253-267) a expliqué lui-même ces idées philosophiques avec beaucoup d’éloquence et un peu d’affectation, dans une Épître très soignée qu’il adressait à Themistius. L’abbé de La Bletterie (t. II, p. 146-193), qui en a donné une traduction fort élégante, incline à croire que c’est le célèbre Themistius dont les harangues existent encore.

[2526] Julien à Themistius, p. 258. Petau (not., p. 95) observe que ce passage est tiré du quatrième livre de legibus ; mais ou Julien citait de mémoire, ou ses mss. étaient différents des nôtres. Xénophon commence la Cyropédie par une réflexion semblable.

[2527] Ο δε ανθρωπον κελευων αρχεν, προστιθησι και θηριων. (Aristote, ap. Julian., p. 261.) Le MS. de Vossius, peu satisfait d’un seul animal, y supplée par l’expression plus forte de θηρια, et semble être autorisé par d’expérience du despotisme.

[2528] Libanius (Orat. parental., c. 84, 85, p. 310, 311, 312) a donné ce détail intéressant de la vie privée de Julien. Ce prince (in Misopogon, p. 350) parle lui-même de sa frugalité, et déclame contre la voracité sensuelle des habitants d’Antioche.

[2529] Lectulus... vestalium toris purior. Mamertin (Paneg. vet., XI, 13) adresse cette louange à Julien lui-même ; Libanius affirme en peu de mots que Julien n’eut de familiarité avec aucune femme, ni avant son mariage, ni après la mort de sa femme. (Orat. parent., c. 88, p. 313.) La chasteté de Julien est prouvée par le témoignage impartial d’Ammien (XXV, 4), et par le silence des chrétiens. Cependant Julien relève ironiquement le reproche que lui faisait le peuple d’Antioche de presque toujours (ως επιπαν) coucher seul, In Misopog., p. 345. L’abbé de La Bletterie (Hist. de Jovien, t. II, p. 103-109) explique, cette expression suspecte avec autant d’esprit que de bonne foi.

[2530] Voyez Saumaise sur Suétone, in Claud., c. 21. On ajouta une vingt-cinquième course ou missus, pour compléter le nombre de cent chariots. Chaque course était composée de quatre chariots de différentes couleurs.

Centum quadrijuges agitabo ad flumina currus.

Il paraît qu’ils tournaient cinq ou sept fois autour de la borne ou meta. Suétone, in Domitian., c. 4. Et, d’après la mesure du circus maximus de Rome et de l’hippodrome de Constantinople, la course devait être environ de quatre milles.

[2531] Julien, in Misopogon, p. 340. Jules César avait offensé les Romains en lisant des dépêches au moment de la course. Auguste se conforma à leur goût, ou suivit le sien, en prêtant toujours la plus grande attention aux jeux importants du cirque, auxquels il assurait prendre le plus grand plaisir. Suétone, in August., c. 45.

[2532] La réforme du palais est détaillée par Ammien, XXII, 4 ; Libanius, Orat. parent., c. 62, p. 288, etc. ; Mamertin, in Panegyr. vet., XI, 11 ; Socrate, l. III, c. 1 ; et Zonare, t. II, l. XIII, p. 24.

[2533] Ego non rationalem jussi ; sed tonsorem acciri. Zonare substitue au mot de financier celui de sénateur, qui paraît moins naturel ; cependant un officier des finances, rassasié de richesses, pouvait désirer et obtenir l’entrée du sénat.

[2534] Μαγειρους μεν χιλιους, κουρεας δε ουκ ελαττους, οινοχοσυς δε ΐλειους, σμηνη τραπεζοποιων, ευνουχους υπερ τας μυιας παρα τοις τοεμεσι εν ηρι. Telles sont les expressions de Libanius, que je transcris fidèlement, pour ne pas être soupçonné d’avoir exagéré les abus du palais.

[2535] Mamertin s’exprime avec force et vivacité. Quin etiam prandioruni et cænarum laboratas magnitudines romanus populus senit ; cum quæsitissimæ dapes non gustu, sed difficulatibus æstimarentur ; miracula avium, longinqui maris pises, alieni temporis poma, æstivæ nives, hybenæ rosæ.

[2536] Cependant Julien fut accusé d’avoir fait présent de villes entières à des eunuques (Orat. 7, contre Polyclet., p. 117-127). Libanius se contente de nier froidement, mais positivement, le fait, qui, à la vérité, semble plutôt convenir à Constance. Cette accusation est probablement motivée sur quelque circonstance qui nous est inconnue.

[2537] Dans le Misopogon, p. 338, 339, il fait un singulier portrait de lui-même, et les mots suivants sont étrangement caractéristiques : Αυτος προσεθεικα τον βαθυν τουτονε πωγωα..... ταυτα τοι διαθεοντων ανεχομαι των φθειρων οσπερ εν λοχμι των θηρεων. Les amis de l’abbé de La Bletterie le conjurent, au nom de la nation française, de ne pas traduire ce passage, qui choquait trop fortement leur délicatesse. (Hist. de Jovien, t. II, p. 94.) J’ai usé de la même discrétion, et me suis contenté d’une légère allusion ; mais le petit animal que nomme Julien est un insecte familier à l’homme et un emblème d’affection.

[2538] Julien, epist. XXIII, page 389. Il se sert des mots πολυκεφαλον υδραν, en écrivant à son ami Hermogène, à qui les poètes grecs étaient, comme à lui, très familiers.

[2539] On doit distinguer avec attention les deux Salluste, l’un préfet de la Gaule, et l’autre préfet de l’Orient. (Hist. des Empereurs, t. IV, p. 696.) Je me suis servi de l’épithète commode de secundus. Le second Salluste obtint l’estime même des chrétiens ; et saint Grégoire de Nazianze, qui condamnait sa religion, a célébré ses vertus. (Orat. 3, p. 90.) Voyez une note curieuse de l’abbé de La Bletterie (Vie de Julien, p. 363).

[2540] Mamertin loue l’empereur (XI, 1) d’avoir confié les emplois de trésorier et de préfet à un homme sage, ferme et intègre comme lui Mamertin. Ammien le classe aussi dans le nombre des ministres de Julien, merita quorum norat et fidem.

[2541] Ammien rend compte des formes judiciaires de cette chambre de justice (XXII, 1), et Libanius en fait l’éloge (Orat. parent., c. 74, p. 299, 300).

[2542] Ursuli vero necem ipsa mihi videtur, flêsse justitia. Libanius, qui accuse les soldats de sa mort, tâche d’inculper le comte des largesses.

[2543] On respectait encore à tel point les noms vénérables et les dignités de la république, que le peuple fut surpris et indigné de voir dénoncer Taurus comme criminel sous le consulat de Taurus. On digéra probablement jusqu’au commencement de l’année suivante le procès de son collègue.

[2544] Ammien, XX, 7.

[2545] Relativement aux crimes et à la punition d’Artemius, voyez Julien (épist. X, p. 379), Ammien (XXII, 6), et Valois (ad loc.). Les Églises grecque et latine n’ont pu se défendre d’honorer Artemius comme martyr, parce qu’il eut le courage de démolir les temples des païens, et qu’il fut condamné à mort par un apostat. Mais comme l’histoire ecclésiastique atteste qu’Artemius était non seulement un tyran, mais un hérétique arien, il ne serait pas aisé de justifier une promotion si indiscrète. Tillemont, Mém. ecclés., tome VII, page 1319.

[2546] Voyez Ammien, XXII, 6 ; et Valois, ad. loc. ; le Code Theod., l. II, tit. 39, leg. 1, et le Comm. de Godefroy, tome I, page 218, ad loc.

[2547] Le président de Montesquieu (Considérations sur la grandeur, etc. des Romains, c. 14) excuse cette absurde et misérable tyrannie, en supposant que les actions qui nous paraissent indifférentes aujourd’hui, pouvaient paraître dangereuses et coupables aux Romains, et il soutient cette étrange apologie par une méprise plus étrange encore sur les lois anglaises : Chez une nation.... dit-il, où il est défendu de boire à la santé d’une certaine personne.

[2548] Le récit de la clémence de Julien et de la conspiration qui fut formée contre sa vie, se trouve dans Ammien, t. XXII, 9, 10 ; et Valois, ad loc. ; Libanius, Orat. parental., c. 99, p. 323.

[2549] Selon quelques-uns, dit Aristote, cité par Julien et Themistius, p. 261, la forme d’un gouvernement absolu, παμβασιλεια, est contraire à la nature. Cependant le prince et le philosophe ont jugé à propos d’envelopper adroitement cette vérité éternelle d’une profonde obscurité.

[2550] Ce noble sentiment est rapporté presque dans les termes employés par Julien lui-même. Ammien, XXII, 10.

[2551] Libanius (Orat. parent., c. 95, p. 320), qui rend compte du désir et du dessein de Julien, insinue en langage mystérieux (θεων ουτω γνοντων..... αλλ' ην αμεινων ο κωλυων) que l’empereur en fut détourné par une révélation.

[2552] Julien, in Misopogon, p. 343. Comme il n’abolit jamais par une loi publique les orgueilleuses dénominations de despote ou dominus, elles existent encore sur ses médailles (Ducange, Fam. byzant., p. 38, 39) ; et la répugnance qu’il affectait en particulier ne servait qu’à donner une tournure différente à la basse adulation des courtisans. L’abbé de La Bletterie (Hist. de Jovien, tom. II, p. 99-102) a suivi avec sain le mot dominus depuis son origine à travers toutes les différentes significations qu’il eut successivement sous le gouvernement impérial.

[2553] Ammien, XXII, 7. Le consul Mamertin (in Panegyr. vet., XI, 28, 29, 30) célèbre cet heureux jour, comme un esclave éloquent étonné et enivré de la bonté de son maître.

[2554] Les lois des Douze-Tables condamnaient les satires personnelles.

Si malè condiderit in quem quis carmina, jus est,

Judiciumque.

Julien, dans son Misopogon (p. 337), avoue lui-même avoir encouru la peine portée par la loi ; et l’abbé de La Bletterie (Hist. de Jovien, t. II) a saisi avidement une déclaration si favorable à son propre gentiment et au véritable esprit de la constitution impériale.

[2555] Zozime, l. III, p. 158.

[2556] Η της βουλης ισχυς ψυχη πολεως εστεν. (Voyez Libanius, Orat. Parent., c. 71, p. 296 ; Ammien, XXII, 9 ; et le Code Théod., l. XII, tit. I, leg. 50-55 ; les Commentaires de Godefroy, t. IV, p. 390-402.) Cependant tout le sujet des curiœ est encore, malgré de très amples matériaux, la partie la plus obscure de l’histoire de l’empire.

[2557] Quœ paulo apte arides et siti anhelantia visebantur, ea nunc perlui, mundari, madere ; fora, deambulaera, gymnasia, lœtis et gaudentibus populis frequentari ; dies festos, et celebrari veteres, et novos in honorem principis consecrari. (Mamertin, XI, 9.) Il rétablit particulièrement la ville de Nicopolis, et les jeux actiaques institués par Auguste.

[2558] Julien, épist. XXXV, p. 407-411. Cette lettre, qui jette une grande lumière sur le déclin de la Grèce, a été omise par l’abbé de La Bletterie, et singulièrement défigurée par le traducteur latin, qui, en rendant ατελεια par tributum, et ιδιωται par populus, fait dire à l’auteur précisément le contraire de ce qu’il dit.

[2559] Il régnait à Mycène, éloignée d’Argos d’environ cinquante stades ou six milles. Ces villes, alternativement célèbres, ont été confondues par les poètes grecs. Strabon, l. VIII, p. 579, édit. Amster., 1707.

[2560] Marsham, Canon. Chron., p. 421. Cette généalogie, qui remontait jusqu’à Hercule, peut être suspecte ; cependant elle fut reconnue, après des recherches exactes, par les juges des jeux olympiques (Hérodote, l. V, c. 22), dans un temps où les rois de Macédoine ne jouissaient pas d’une grande considération chez les Grecs. Lorsque la ligue achéenne se déclara contre Philippe, on jugea décent de faire retirer les députés d’Argos. Tite-Live, XXXII, 22.

[2561] Son éloquence est célébrée par Libanius, qui distingue positivement en lui les différents orateurs que fait parler Homère. (Orat. parental., c. 75, 76, p. 300, 301.). Socrate (l. III, c. 1) a faussement assuré que Julien était le seul prince qui eût harangué le sénat depuis Jules César, Tous les prédécesseurs de Néron et une partie de ses successeurs possédèrent le talent de parler en public ; et on pourrait prouver par plusieurs exemples, qu’ils l’exercèrent souvent dans le sénat.

[2562] Ammien (XXII, 10) a établi avec impartialité les avantages et les défauts de ces formes judiciaires. Libanius (Oral. parent., c. 90, 91, p. 315) n’a vu que le beau côté ; mais son tableau, en flattant la personne du prince, établit du moins les devoirs du juge. Saint Grégoire de Nazianze (orat. IV, p. 120), qui omet les vertus et exagère les faibles défauts de l’apostat, demande d’un ton de triomphe si un pareil juge est digne de siéger entre Minos et Rhadamante dans les Champs-Élysées.

[2563] Dans le nombre des lois que Julien promulgua durant un règne de seize mois, cinquante-quatre ont été admises dans les codes de Théodose et Justinien. Godefroy, Chron. legum, p. 64-67. L’abbé de La Bletterie (t. II, p. 329-336) a choisi une de ces lois pour donner une idée de la latinité de Julien. Son style est nerveux et soigné ; mais il écrivait plus purement en grec.

[2564] . . . . . . . . . . . . . . . . Ducter fortissimus armis ;

Conditor et legum celeberrimus ; ore manuque

Consultor patriæ ; sed non consultor habendæ

Relligionis ; amans tercentum millia Divum.

Perfidus ille Deo, sed non et perfidis orbi.

PRUDENT., Apotheosis, 450, etc.

La conscience d’un sentiment généreux semble avoir élevé le poète chrétien au-dessus de sa médiocrité ordinaire.

[2565] Je transcrirai quelques expressions d’un petit discours très religieux que composa l’empereur pontife sur l’impiété d’un cynique : Αλλ' ομως ουτω δη τι τους θεους πεφρικα, και φιλω, και σεβω, και αζομαι, και πανθ' απλως τα τοιαυτα πασχω, οσπερ αν τις και οια προς αγαθους δεσποτας, προς διδασκαλους, προς πατερας, προς κηδεμονας. Orat. 7, page 212. La variété et l’abondance de la langue grecque semblent ne pas suffire à la ferveur de sa dévotion.

[2566] Cet orateur, dans un passage où il déploie quelque éloquence, beaucoup d’enthousiasme et encore plus de vanité, adresse son discours au ciel et à la terre, aux hommes et aux anges, aux vivants et aux morts, et surtout au grand Constance (ει τις αισθησις, expression païenne et bizarre). Il finit en assurant positivement qu’il a élevé un monument aussi durable et plus portatif que les colonnes d’Hercule. Voyez saint Grégoire de Nazianze, Orat. 3, p. 50 ; 4, p. 134.

[2567] Voyez cette longue invective, qu’on a mal à propos divisée en deux discours, dans les ouvrages de saint Grégoire de Nazianze, t. I, p. 49-134 ; Paris, 1630. Elle fut publiée par saint Grégoire et par saint Basile, son ami (IV, p. 133), environ six mois après la mort de Julien, lorsque ses restes venaient d’être portés à Tarse (IV, p. 120). Mais Jovien était encore sur le trône (III, p. 54 ; IV, p. 117). J’ai profité d’une version française, publiée à Lyon en 1735, avec des remarques.