Si par une nuit d’hiver un voyageur

Vous êtes un Lecteur. Comment vous installer pour lire le nouveau roman d’Italo Calvino ? Dans un rocking-chair ? Les pieds en l’air ? Au fait, ne remarquez-vous pas, à le feuilleter, que ce roman-ci, si l’on y reconnaît bien tous les traits du style de Calvino, diffère cependant de mille et trois façons de tous les autres ?

Vous aimez les romans. Tous les romans : italiens, belges, cimmeriens, japonais, sud-américains ; réalistes, métaphysiques, engagés, érotiques, fantastiques, phénoménologiques. Au fait, n’avez-vous pas remarqué que le moment le plus attachant, c’est celui où l’histoire a pris corps, où vous vous passionnez pour savoir comment elle va se développer et où vous avez encore la liberté d’imaginer – d’inventer ?

Vous êtes un Lecteur. Il vous faut évidemment, à vos côtés, une Lectrice. Et puis tout ce monde qui grouille autour des livres : libraires, professeurs, traducteurs, éditeurs, faussaires, ordinateurs, policiers et censeurs. Au fait, n’avez-vous pas remarqué que, dans le monde d’aujourd’hui, tout ce petit univers est en proie à la confusion, au point qu’on ne sait plus comment reconnaître l’authentique de l’apocryphe ?

Voilà. Vous avez envie de lire le nouveau roman d’Italo Calvino. Vous avez bien raison. Commencez.

Italo Calvino est entré dans les lettres en découvrant la Résistance à travers les yeux d’un gamin sans attaches. Prodigieusement intelligent, toujours ironique, inventeur lyrique et ne cessant de trouver des figures pour ce à quoi il revenait toujours, l’écriture, il a publié sous le titre collectif de « Nos ancêtres » trois romans : le Vicomte pourfendu, le Baron perché, le Chevalier inexistant ; des récits sur l’Italie moderne (Aventures, la Journée d’un scrutateur) ; des fictions entées sur la science (Cosmicomics, Temps zéro), sur les tarots (le Château des destins croisés), sur la ville (les Villes invisibles) ; un grand roman sur le lecteur de romans (Si par une nuit d’hiver un voyageur) et un auto portrait ironique (Palomar). Il était également un essayiste aigu dont les interventions ont été recueillies dans la Machine littérature et dans Collection de sable.