25.

 

J'arrivai au bureau de Joanne Giorgetti un peu avant la pause de midi. Je savais qu'y débarquer à midi une serait trop tard. Les bureaux du district attorney se vident littéralement à l'heure du déjeuner, chacun cherchant du soleil, de l'air frais et de quoi se nourrir hors du Criminal Courts Building. J'annonçai à la réceptionniste que j'avais rendez-vous avec Giorgetti, elle l'appela par téléphone. Puis elle déverrouilla la serrure électronique de la porte et me dit d'aller tout au fond.

Giorgetti avait un petit bureau sans fenêtres et dont les trois quarts du plancher disparaissaient sous des cartons bourrés de dossiers. C'était toujours comme ça dans les bureaux des procureurs, que ces bureaux soient petits ou grands. Giorgetti était bien à son bureau, mais cachée derrière un mur de requêtes et de dossiers. Je lui tendis très précautionneusement la main par-dessus le mur.

— Comment ça va, Joanne ? lui demandai-je.

— Pas trop mal. Et toi ?

— Je me débrouille.

— Et tu as plein d'affaires, à ce que j'ai entendu dire.

— Oui, y en a pas mal.

La conversation manquait de naturel. Je savais que Maggie et elle étaient très proches, et j'ignorais si mon ex-femme s'était ouverte à elle de mes problèmes de l'année précédente.

— Et donc, tu viens pour Wyms ?

— Voilà. Et je ne savais même pas que j'avais l'affaire avant ce matin.

Elle me tendit une chemise avec trois centimètres de documents à l'intérieur.

– Qu'est-il arrivé au dossier de Jerry ? me demanda-t-elle.

– Pour moi, il se trouvait dans la mallette que l'assassin a piquée.

Elle fît la grimace.

– Bizarre. Pourquoi lui aurait-il piqué ce dossier ?

– Il ne l'a probablement pas fait exprès. Jerry avait rangé son ordinateur portable dans sa mallette. L'assassin s'est contenté de prendre le tout.

– Hmm.

– Bon. Des trucs inhabituels dans cette affaire ? Quelque chose qui aurait pu faire de Jerry une cible ?

– Je ne crois pas. C'est juste le truc habituel : le fou du jour qui s'amuse avec un flingue.

J'acquiesçai d'un signe de tête.

– Aurais-tu entendu parler d'une histoire de jury fédéral d'accusation qui voudrait voir un peu ce qui se passe dans les tribunaux de l'État ?

Elle fronça les sourcils.

– Pourquoi voudrais-tu qu'ils s'intéressent à cette affaire ?

– Je ne dis pas que ce soit le cas. Simplement, ça fait un moment que je ne suis plus dans le circuit et je me demandais ce que tu savais.

Elle haussa les épaules.

– Rien de plus que les rumeurs habituelles du téléphone commérages. À croire qu'il y a toujours une enquête fédérale sur quelque chose.

– Oui.

Je n'en dis pas plus en espérant qu'elle allait me révéler l'objet de la rumeur. Mais elle n'en fît rien et c'était l'heure d'y aller.

– L'audience d'aujourd'hui a bien pour but de fixer la date du procès ? lui demandai-je.

– Oui, mais je suppose que tu vas demander un ajournement pour pouvoir te mettre au courant du dossier.

– Oui, bon, laisse-moi y jeter un coup d'oeil pendant le déjeuner et je te dirai ce que je veux faire.

– D'accord, Mickey. Mais juste pour que tu le saches : vu ce qui est arrivé à Jerry, je ne m'opposerai pas à un ajournement.

– Merci, Cojo.

Elle sourit en m'entendant utiliser le surnom que lui avaient donné ses jeunes basketteuses au YMCA.

– Tu as vu Maggie récemment ? voulut-elle savoir.

– Hier soir, en allant chercher Hayley. Elle semblait aller bien.

Et toi, tu l'as vue ?

– Seulement à l'entraînement de basket. Sauf que d'habitude elle y passe son temps le nez dans un dossier. Avant, on allait souvent au Hamburger Hamlet[19] avec les filles, mais maintenant elle est trop occupée.

J'acquiesçai. Toutes les deux sorties du rang du bureau du procureur, Maggie et elle étaient compagnons d'armes depuis le premier jour. Elles étaient en concurrence, mais cela ne dégénérait jamais en rivalités. Cela dit, le temps aidant, les distances se creusent dans toutes les relations amicales.

– Bon, je te prends ça et j'y jette un coup d'oeil, lui dis-je.

L'audience est bien pour 2 heures avec Friedman, n'est-ce pas ?

– Oui, 2 heures. Je t'y retrouve.

– Merci d'avoir fait ça pour moi, Joanne.

– Pas de problème.

Je quittai le bureau du district attorney et avec la foule des gens qui prenaient leur déjeuner j'attendis l'ascenseur dix bonnes minutes. Dans celui que je pris, je me retrouvai le nez à cinq centimètres de la porte. Dans cet immeuble du Criminal Courts, c'était l'ascenseur que je détestais plus que tout.

– Hé, Haller !

Quelqu'un dans mon dos. Je ne reconnus pas la voix, mais il y avait trop de monde pour que je puisse me retourner et voir qui m'avait appelé.

– Quoi ?

– J'apprends que t'as récolté toutes les affaires de Vincent ?

Je n'allais pas en discuter dans un ascenseur bondé. Je ne répondis pas. Enfin, nous arrivâmes et les portes s'ouvrirent. Je sortis de la cage et me retournai pour voir qui m'avait parlé.

C'était Dan Daly. Défenseur, il faisait partie d'une coterie d'avocats qui allaient de temps en temps voir un match des Dodgers et régulièrement boire des martini-vodka au Four Green Fields. J'avais raté la dernière saison de bibine et de base-ball.

– Ça va, Dan ?

Nous nous serrâmes la main – comme quoi cela faisait longtemps que nous ne nous étions pas vus.

– Alors, qui que t'as corrompu ?

Il avait dit ça en souriant, mais je sentis qu'il y avait quelque chose derrière sa question. Peut-être un rien de jalousie parce que c'était moi qui avais hérité du dossier Elliot. Tous les avocats de la ville savaient que c'était l'affaire du siècle. Celle où on peut toucher des honoraires – année après année – d'abord au procès, ensuite au moment des appels qui ne manqueraient pas d'être interjetés après la condamnation.

– Personne, lui répondis-je. C'est Jerry qui m'avait mis dans son testament.

Nous commençâmes à marcher vers les portes de sortie. La queue-de-cheval de Daly était plus longue et plus grise. Mais le plus remarquable était qu'elle était tressée ! Je n'avais encore jamais vu ça.

– Ben, t'as du bol, reprit-il. Tu me dis si t'as besoin d'un assistant pour Elliot.

– Eh non, Dan, il ne veut qu'un avocat à la table de la défense.

Pas de dream team !

– Bon, eh ben, ne m'oublie pas comme rédacteur pour le reste.

Cela voulait dire qu'il était prêt à rédiger des appels pour toutes les condamnations que pourraient subir mes nouveaux clients. Daly s'était fait une solide réputation d'expert en appel et ses scores étaient impressionnants. Je n'y manquerai pas, lui dis-je. Mais pour l'instant, j'en suis à la phase découverte des dossiers.

– Pas de problème.

Nous franchîmes les doubles portes et je vis la Lincoln qui m'attendait au bord du trottoir. Daly allait dans l'autre direction.

Je lui dis que je maintiendrais le contact.

— Tu nous manques au bar, Mick, me lança-t-il par-dessus son épaule.

– J'y passerai, lui renvoyai-je.

Mais je savais bien que je n'en ferais rien et que je devais absolument me tenir à l'écart de ce genre d'endroits.

Je montai à l'arrière de la Lincoln – je dis à tous mes chauffeurs de ne jamais descendre de voiture pour m'ouvrir la portière –, et demandai à Patrick de me conduire au Chinese Friends d'Hill Street. Il devait m'y laisser et aller déjeuner de son côté. J'avais besoin de lire mon dossier et je n'avais pas envie de faire la conversation.

J'arrivai au restaurant entre les première et deuxième vagues de clients et n'eus pas à attendre une table plus de cinq minutes. Je voulais me mettre au travail tout de suite et commandai un plat de côtes de porc frites. Je savais qu'elles seraient parfaites. Fines comme une feuille de papier, elles étaient délicieuses et je n'aurais aucun mal à les manger avec mes doigts sans lâcher des yeux les documents de l'affaire Wyms.

J'ouvris le dossier que Joanne Giorgetti m'avait donné. Il ne contenait que des copies des pièces que le procureur avait passées à Jerry Vincent selon la procédure d'échange obligatoire des dossiers d'enquêtes des deux parties – essentiellement des documents des services du shérif ayant trait à l'incident, à l'arrestation et au suivi de l'enquête. Les notes, stratégies et documents de la défense que Vincent avait pu établir avaient tous disparu avec le dossier original.

Le point de départ naturel était le rapport d'arrestation, où l'on trouve le premier et plus basique résumé de ce qui est arrivé.

Comme c'est souvent le cas, l'affaire avait commencé avec des appels au secours passés au centre de dispatching du comté. De nombreux rapports faisaient état de coups de feu tirés dans le voisinage d'un parc de Calabasas. Calabasas étant une région non municipalisée au nord de Malibu et toute proche de la limite occidentale du comté, ces appels tombaient sous la juridiction du shérif.

Le premier shérif adjoint à avoir répondu était un certain Todd Stallworth. De service de nuit au poste de Malibu, à 22 h 10 il avait été expédié dans le quartier de Las Virgenes Road.

De là on l'avait dirigé sur le Creek State Park de Malibu, où les coups de feu étaient tirés. Entendant enfin les détonations, Stallworth avait appelé des renforts, puis était entré dans le parc pour voir ce qui se passait.

Il n'y avait aucun réverbère dans ce parc de montagne signalé fermé dès la tombée du jour. Alors qu'il roulait sur la route principale, les phares de sa voiture de patrouille avaient allumé un reflet, l'adjoint apercevant une voiture garée dans une clairière devant lui. Il avait aussitôt allumé son projecteur de poursuite et éclairé un pick-up au hayon abaissé à l'horizontale. Dessus se trouvaient une pyramide de boîtes de bière et ce qui ressemblait à un sac à fusils avec plusieurs canons de carabines qui en dépassaient.

Stallworth avait immobilisé sa voiture à quatre-vingts mètres du pick-up et décidé d'attendre l'arrivée des renforts. Il était en communication radio avec le commissariat de Malibu et donnait le signalement du pick-up en précisant qu'il n'en était pas assez près pour lire la plaque d'immatriculation lorsqu'il y avait eu un coup de feu soudain, le projecteur situé au-dessus de son rétro d'aile explosant aussitôt sous l'impact. Stallworth avait alors éteint toutes les lumières de la voiture, sauté du véhicule en douce et rampé jusqu'à des buissons en bordure de la clairière pour se mettre à couvert. Puis il s'était servi de sa radio portative pour demander qu'on lui envoie le SWAT[20] et des renforts supplémentaires.

S'en était suivi un face-à-face de trois heures avec le tireur caché dans le sous-bois près de la clairière. L'homme faisait régulièrement feu, mais semblait viser le ciel. Aucun adjoint du shérif n'avait été touché. Et aucun autre véhicule endommagé. Pour finir, un adjoint en tenue du SWAT avait réussi à s'approcher suffisamment du pick-up pour en lire la plaque à l'aide de jumelles de vision nocturne. La plaque avait conduit la police à un certain Eli Wyms, qui à son tour avait conduit à un numéro de portable. Le tireur avait répondu au premier appel, un négociateur du SWAT engageant aussitôt la conversation.

Le tireur, qui s'appelait bien Eli Wyms, était âgé de quarante-quatre ans et peintre en bâtiment à Inglewood. Le rapport le décrivait comme saoul, en colère et suicidaire. Plus tôt dans la journée, il avait été viré de chez lui par sa femme, qui l'avait informé qu'elle en aimait un autre. Wyms avait alors pris son pick-up et roulé vers l'océan, obliqué au nord en direction de Malibu, puis avait franchi le col pour gagner Calabasas. En découvrant le parc, il s'était dit que c’avait l'air d'un bon endroit où s'arrêter dormir, mais avait poursuivi son chemin et s'était acheté une caisse de bière à une station d'essence près de la 101.

Puis il avait fait demi-tour et regagné le parc.

Wyms avait dit au négociateur qu'il s'était mis à tirer en entendant des bruits dans le noir et qu'il avait peur. Il croyait faire feu sur des coyotes enragés qui voulaient le dévorer. Il avait ajouté qu'il voyait leurs yeux rouges briller dans la nuit. Et qu'il avait dégommé le projecteur de poursuite de la première voiture de patrouille parce qu'il craignait que la lumière ne donne sa position aux animaux. Interrogé sur son tir à quatre-vingts mètres, il avait répondu qu'il avait été tireur d'élite pendant la guerre du Golfe.

D'après le rapport, Wyms aurait tiré au moins vingt-sept fois alors que les adjoints du shérif se trouvaient sur les lieux et des dizaines de fois avant. Les enquêteurs avaient fini par retrouver un total de quatre-vingt-quatorze douilles.

Cette nuit-là, Wyms ne s'était pas rendu avant d'avoir fini par manquer de bière. Peu après avoir écrasé la dernière boîte vide dans sa main il avait confié au négociateur qu'il était prêt à échanger une carabine contre un six pack. Ça lui avait été refusé.

Il avait alors annoncé qu'il était désolé et prêt à mettre fin à l'incident et qu'il allait se tirer une balle dans le crâne – il voulait que ça se termine par un véritable feu d'artifice. Le négociateur avait tenté de l'en dissuader et avait continué à lui faire la conversation pendant qu'une unité de deux hommes du SWAT se frayait un chemin dans ce terrain accidenté pour gagner sa position dans un bosquet d'eucalyptus particulièrement dense. Mais très vite le négociateur avait entendu des ronflements dans son portable.

Wyms était ivre mort.

L'équipe du SWAT était passée à l'attaque et avait capturé Wyms sans tirer un seul coup de feu. L'ordre avait été restauré.

L'adjoint Stallworth ayant reçu le premier appel et ayant été le seul à se faire tirer dessus, c'était à lui qu'était revenu le bénéfice de l'arrestation. Le tireur avait été placé dans sa voiture de patrouille et emmené au poste de Malibu, où il avait été mis en détention.

D'autres documents du dossier permettaient de connaître la suite de cette saga. À sa mise en accusation le lendemain de son arrestation, Wyms avait été déclaré indigent et s'était vu assigner un avocat commis d'office. L'affaire avait suivi lentement son cours, Wyms étant retenu à la prison centrale pour hommes.

C'est alors que Vincent s'était présenté et avait offert d'assurer sa défense pro bono. Sa première démarche avait été de demander une évaluation psychiatrique de son client, ce qui avait été accepté.

Cela avait eu pour effet de ralentir encore plus l'affaire, Wyms étant alors transféré à l'hôpital d'État de Camarillo pour des examens qui s'étaient étalés sur quatre-vingt-dix jours.

Cette période d'évaluation était maintenant terminée et les rapports étaient prêts. Tous les médecins qui avaient examiné Wyms, testé et parlé avec lui à Camarillo étaient tombés d'accord pour reconnaître qu'il était sain d'esprit et apte à être jugé.

À l'audience prévue à 2 heures par-devant le juge Friedman, la date du procès devait être fixée, remettant ainsi toute la procédure judiciaire en marche. Pour moi, il ne s'agissait là que d'une formalité. À n'avoir lu qu'une fois le dossier, je savais qu'il n'y aurait même pas de procès. De fait, l'audience ne servirait qu'à fixer le laps de temps qui me serait imparti pour négocier un plaider coupable pour mon client.

Autant dire que l'affaire était emballée et pesée. Wyms demanderait son plaider coupable et se retrouverait sans doute avec un ou deux ans d'incarcération et un suivi psychiatrique. La seule question que je me posai en lisant le dossier fut de savoir pourquoi diable Vincent avait voulu prendre l'affaire. Cela ne correspondait pas au genre de dossiers dont il s'occupait d'habitude, ceux-ci ayant le plus souvent trait à des clients célèbres ou prêts à payer ce qu'il fallait. Et l'affaire ne présentait guère de difficultés non plus. C'était de la routine, et le crime de Wyms n'était même pas inhabituel. Était-ce donc une affaire qu'il avait prise pour satisfaire un besoin de travail pro bono ? Il me semblait que si tel était le cas, il aurait pu trouver quelque chose de plus intéressant, ou qui aurait payé d'une autre façon, disons en publicité. L'affaire Wyms avait certes commencé par attirer l'attention des médias à cause du cirque dans le parc. Mais lorsqu'elle passerait en procès ou finirait par un non-lieu, il était peu probable que lesdits médias s'en soucient le moins du monde.

Puis je commençai à soupçonner l'existence d'un lien avec l'affaire Elliot. Vincent en aurait-il trouvé un ?

À la première lecture, rien ne m'avait sauté aux yeux. Il y avait bien deux liens très généraux au sens où l'incident s'était produit moins de douze heures avant les assassinats de la maison sur la plage et où les deux affaires avaient eu lieu dans le district du shérif de Malibu. Mais ces liens ne soutenaient pas un examen plus approfondi. Géographiquement parlant, les affaires n'étaient même pas proches. Les meurtres avaient été commis à la plage et la fusillade très loin dans les terres, dans le parc du comté, de l'autre côté des montagnes. Et pour autant que je m'en souvienne, aucun nom du dossier Wyms n'était mentionné dans les documents de l'affaire Elliot. L'incident Wyms s'était produit de nuit et les meurtres d'Elliot en plein jour.

Incapable de trouver un quelconque lien précis entre les deux affaires, ce fut avec une grande frustration que je refermai le dossier Wyms et restai sans réponse à ma question. Je jetai un coup d'oeil à ma montre et m'aperçus qu'il valait mieux que je réintègre le Criminal Courts Building si je voulais avoir le temps de voir mon client dans sa cellule avant l'audience de 2 heures.

J'appelai Patrick et lui demandai de venir me prendre, réglai la note du déjeuner et passai sur le trottoir. J'étais en train de parler avec Lorna sur mon portable lorsque la Lincoln se rangeant devant moi, je sautai sur la banquette arrière.

– Cisco a-t-il vu Carlin ? demandai-je à Lorna.

– Non, c'est prévu pour 2 heures.

– Dis à Cisco de l'interroger sur l'affaire Wyms.

– D'accord, mais pour lui demander quoi ?

– Qu'il lui demande pourquoi Vincent a même seulement voulu prendre l'affaire.

– Tu penses qu'elles ont un lien ? Elliot et Wyms ?

– Je le pense, mais je ne le vois pas dans le dossier

– D'accord, je lui dirai.

– Autre chose sur le feu ?

– Pas pour l'instant. Tu reçois beaucoup d'appels des médias.

Qui est ce... Jack McEvoy ?

Le nom me dit quelque chose, mais je n'arrivai pas à le remettre.

– Je ne sais pas. Qui c'est ?

– Il travaille au Times. Il était tout échauffé que tu ne lui aies pas fait signe, il dit que tu aurais une exclusivité avec lui.

Enfin, je me rappelai. Le coup du « ça pourrait marcher dans les deux sens ».

– T'inquiète pas pour lui. Lui non plus ne m'a pas fait signe.

Quoi d'autre ?

– Les types de Court TV veulent un rendez-vous pour parler de l'affaire Elliot. Ils vont retransmettre en direct pendant tout le procès et comme ce sera leur plat de résistance, ils espèrent que tu leur feras un commentaire à la fin de chaque journée d'audience.

– Qu'est-ce que tu en penses, Lorna ?

– J'en pense que c'est de la pub national gratuite. Ça serait bien que tu le fasses. Ils m'ont dit qu'ils allaient donner un logo précis au procès et que ça passerait en bandeau au bas de l'écran.

« Meurtre à Malibu », qu'ils vont appeler ça.

– Alors, vas-y. Arrange le rendez-vous. Quoi d'autre ?

– Ben, puisqu'on parle de ça... Il y a une semaine, j'ai reçu un avis comme quoi ta pub sur les bancs d'abribus arrivait à expiration à la fin du mois. Je m'apprêtais à laisser filer parce qu'il n'y avait plus d'argent, mais maintenant que tu as repris et qu'il y en a... On renouvelle ?

Pendant les six années précédentes, j'avais mis des annonces sur des bancs d'abribus stratégiquement choisis dans des lieux à forte densité de crime et de circulation répartis dans toute la ville. Bien que j'aie laissé tomber l'année précédente, mes bancs me valaient encore un flot d'appels réguliers, tous contacts que Lorna faisait attendre ou passait à d'autres avocats.

– C'est bien un contrat de deux ans, non ?

– Si, si.

Je pris une décision rapide.

– D'accord, tu renouvelles. Autre chose ?

– C'est tout pour ici. Oh, attends... Encore un truc. La propriétaire du bâtiment est passée tout à l'heure. Elle s'est donné de « l'agent de leasing », façon grandiose de dire que c'est elle la proprio. Elle voudrait savoir si on va garder le bureau. Le décès de Vincent met fin au leasing si nous le souhaitons. J'ai l'impression qu'il y a une sacrée liste d'attente pour le bâtiment et c'est l'occasion ou jamais de monter le loyer pour l'avocat qui reprendra.

Je regardai par la fenêtre de la Lincoln tandis que nous empruntions le passage au-dessus de la 101 et retrouvions le centre administratif. Je vis la nouvelle cathédrale et, plus loin, le revêtement en acier du centre musical Disney. Il attrapait la lumière du soleil et la transformait en une chaude lueur orangée. Je ne sais pas, Lorna. J'aime bien travailler au fond de la Lincoln. Je ne m'y ennuie jamais. Qu'est-ce que t'en penses ? Je ne suis pas particulièrement enchantée d'avoir à me maquiller tous les matins.

Ce qui signifiait qu'elle préférait travailler chez elle plutôt que de devoir se préparer pour descendre au bureau en ville tous les matins. Comme d'habitude, on était sur la même longueur d'onde.

– Va falloir y penser, dis-je. Pas de maquillage. Pas de frais de bureau. Pas de bagarres pour la place de parking.

Elle ne répondit pas. C'allait être à moi de décider. Je regardai devant moi et m'aperçus que nous étions à une rue de l'endroit où Patrick allait me déposer.

– On en reparle plus tard, dis-je enfin. Faut que j'y aille.

– OK, Mickey. Fais attention à toi.

– Toi aussi.

Le Verdict du Plomb
titlepage.xhtml
Michael Connelly_split_000.htm
Michael Connelly_split_001.htm
Michael Connelly_split_002.htm
Michael Connelly_split_003.htm
Michael Connelly_split_004.htm
Michael Connelly_split_005.htm
Michael Connelly_split_006.htm
Michael Connelly_split_007.htm
Michael Connelly_split_008.htm
Michael Connelly_split_009.htm
Michael Connelly_split_010.htm
Michael Connelly_split_011.htm
Michael Connelly_split_012.htm
Michael Connelly_split_013.htm
Michael Connelly_split_014.htm
Michael Connelly_split_015.htm
Michael Connelly_split_016.htm
Michael Connelly_split_017.htm
Michael Connelly_split_018.htm
Michael Connelly_split_019.htm
Michael Connelly_split_020.htm
Michael Connelly_split_021.htm
Michael Connelly_split_022.htm
Michael Connelly_split_023.htm
Michael Connelly_split_024.htm
Michael Connelly_split_025.htm
Michael Connelly_split_026.htm
Michael Connelly_split_027.htm
Michael Connelly_split_028.htm
Michael Connelly_split_029.htm
Michael Connelly_split_030.htm
Michael Connelly_split_031.htm
Michael Connelly_split_032.htm
Michael Connelly_split_033.htm
Michael Connelly_split_034.htm
Michael Connelly_split_035.htm
Michael Connelly_split_036.htm
Michael Connelly_split_037.htm
Michael Connelly_split_038.htm
Michael Connelly_split_039.htm
Michael Connelly_split_040.htm
Michael Connelly_split_041.htm
Michael Connelly_split_042.htm
Michael Connelly_split_043.htm
Michael Connelly_split_044.htm
Michael Connelly_split_045.htm
Michael Connelly_split_046.htm
Michael Connelly_split_047.htm
Michael Connelly_split_048.htm
Michael Connelly_split_049.htm
Michael Connelly_split_050.htm
Michael Connelly_split_051.htm
Michael Connelly_split_052.htm
Michael Connelly_split_053.htm
Michael Connelly_split_054.htm
Michael Connelly_split_055.htm
Michael Connelly_split_056.htm
Michael Connelly_split_057.htm
Michael Connelly_split_058.htm
Michael Connelly_split_059.htm
Michael Connelly_split_060.htm
Michael Connelly_split_061.htm
Michael Connelly_split_062.htm
Michael Connelly_split_063.htm
Michael Connelly_split_064.htm
Michael Connelly_split_065.htm
Michael Connelly_split_066.htm