44.

 

Je ne pus m'attaquer à l'inspecteur Kinder que tard dans l'après-midi du mardi, après que le procureur eut passé quelques heures de plus à détailler tous les aspects de l'enquête dans son interrogatoire. De fait, cela jouait pour moi. À mes yeux, les jurés — et Julie Favreau me le confirma par texto — commençaient à s'ennuyer tant sa déposition était minutieuse ; ils étaient prêts à passer à d'autres questions.

L'interrogatoire tournait essentiellement autour des efforts déployés par les enquêteurs après l'arrestation de Walter Elliot.

Kinder décrivit ainsi par le menu la façon dont il avait décortiqué le mariage de l'accusé et découvert la présence d'un contrat de mariage récemment validé, comment aussi il avait suivi tout ce qu'Elliot avait fait pendant les semaines qui avaient précédé les meurtres pour savoir combien d'argent, en plus de la perte de contrôle des studios Archway, il perdrait dans un divorce.

À l'aide d'un tableau chronologique, il réussit à établir, grâce aux déclarations et aux allées et venues d'Elliot, que celui-ci n'avait pas d'alibi crédible pour le moment où l'on estimait que les meurtres avaient été commis.

Golantz prit également le temps d'interroger Kinder sur toutes les impasses et toutes les conséquences qui en avaient découlé et avaient un rapport avec l'enquête. Il décrivit ainsi nombre de pistes sans fondement qu'on avait envisagées et suivies ainsi qu'il convenait, l'enquête qu'on avait menée sur Johan Rilz afin de déterminer s'il avait été la cible première de l'assassin, et les comparaisons avec d'autres affaires de double assassinat qui ressemblaient à celle-là et n'avaient toujours pas été résolues.

Dans l'ensemble, Golantz et Kinder semblaient avoir fait du bon boulot pour coller les meurtres de Malibu sur le dos de mon client, tellement même qu'en milieu d'après-midi le jeune procureur fut suffisamment content pour déclarer : « Je n'ai plus de questions à poser, monsieur le juge. »

Mon tour étant enfin arrivé, je décidai de m'en prendre à Kinder en l'interrogeant en contre sur trois points précis de ses déclarations, puis de le surprendre avec un direct au foie. Je me dirigeai vers le lutrin pour attaquer.

– Inspecteur Kinder, lui lançai-je, je sais que le légiste viendra déposer ici plus tard, mais vous avez déclaré avoir été informé, après autopsie, que Madame Elliot et Monsieur Rilz étaient décédés entre 11 heures du matin et midi.

– Exact.

– Était-ce plus près de 11 heures ou de midi ?

– Il est impossible de l'affirmer. Il ne s'agit là que d'un créneau horaire.

– Bien, et une fois que vous avez eu cette estimation, vous vous êtes assuré que l'homme que vous aviez déjà arrêté n'avait pas d'alibi pour ces heures-là, c'est ça ?

– Je ne dirais pas ça comme ça, non.

– Comment le diriez-vous donc ?

– Je dirais qu'il était de mon devoir de poursuivre l'enquête et de préparer le dossier pour le procès. Une part de nos obligations de diligence consiste à rester ouverts à la possibilité que le suspect ait effectivement un alibi pour les meurtres. C'est en respectant cet impératif que j'ai déterminé, après de nombreux interrogatoires et en étudiant les relevés des allées et venues répertoriées au portail d'Archway Pictures, que Monsieur Elliot avait quitté ses studios en voiture à 10 h 40 ce matin-là. Cela lui donnait tout le temps de...

– Merci, inspecteur. Vous avez répondu à ma question.

– Je n'ai pas fini ma réponse.

Golantz se leva et demanda au juge si le témoin pouvait finir sa réponse et Stanton le lui accorda. Kinder continua sa déposition dans le style études de criminologie première année.

– Comme je le disais, enchaîna-t-il, cela donnait à Monsieur Elliot tout le temps de se rendre à la maison de Malibu dans les paramètres du créneau heure estimée de la mort.

– « Tout le temps », dites-vous ?

– Assez en tout cas.

– Un peu plus tôt, vous nous avez dit avoir effectué vous-même ce trajet plusieurs fois. Quand ça ?

– La première fois, je l'ai fait exactement une semaine après les meurtres. Je me suis rendu à la maison de Malibu en partant de l'entrée des studios à 10 h 40 du matin. J'y suis arrivé à 11 h 42, soit tout à fait dans la fenêtre du meurtre.

– Comment pouviez-vous être sûr d'emprunter le même itinéraire que Monsieur Elliot ?

– Je n'en étais pas sûr. J'ai pris celui qui me paraissait le plus évident et le plus rapide. En général, on ne prend pas par le plus long. On prend les raccourcis... ce qui conduit le plus vite au point d'arrivée. D'Archway je suis passé par Melrose Avenue et La Brea jusqu'à l'autoroute 10. Là, j'ai viré plein ouest, vers le Pacific Coast Highway.

– Comment étiez-vous sûr de rencontrer la même circulation que Monsieur Elliot ?

– Je n'en étais pas sûr.

– À Los Angeles, la circulation peut être sacrement imprévisible, non ?

– Exact.

– Est-ce pour cette raison que vous avez fait le trajet plusieurs fois ?

– C'en est effectivement une.

– Bien, inspecteur Kinder. Vous avez déclaré avoir effectué ce trajet un total de cinq fois et que chaque fois vous êtes arrivé à la maison de Malibu avant que votre « fenêtre de meurtre » ne se referme, c'est bien ça ?

– C'est bien ça.

– Au vu de ces cinq tests de parcours, à quelle heure êtes-vous arrivé le plus tôt à la maison de Malibu ?

Il consulta ses notes.

– Je dirais que c'est au premier essai et j'y suis arrivé à 11 h 42.

– Et le plus tard ?

– Le plus tard ?

– Oui, combien de temps vous a pris votre plus long trajet sur les cinq ?

Il consulta de nouveau ses notes.

– Le plus tard que j'y sois arrivé est à 11 h 51.

– D'accord, ce qui fait que votre meilleur chrono nous laisse encore dans le dernier tiers de la fenêtre du légiste pour l'heure des meurtres et le pire aurait laissé moins de dix minutes à Monsieur Elliot pour se glisser dans la maison et y tuer deux personnes.

C'est ça ?

– Oui, c'est ça, mais ça restait possible.

– Possible ? Vous n'avez pas l'être d'être très sûr de ce que vous avancez, inspecteur.

– Je suis tout à fait sûr que l'accusé a eu le temps de commettre ces meurtres.

– Mais seulement dans l'hypothèse où ces meurtres se seraient produits à un minimum de quarante-deux minutes après l'ouverture de la fenêtre, c'est bien ça ?

– Si on veut voir les choses sous cet angle.

– Ce n'est pas sous cet angle que je les vois, inspecteur. Je réfléchis avec les données que nous a fournies le légiste. Et donc, ceci pour résumer les choses à l'intention des jurés, vous nous dites que Monsieur Elliot a quitté son studio à 10 h 40, qu'il a fait tout le trajet jusqu'à Malibu, qu'il s'est glissé dans sa maison, qu'il y a surpris son épouse et l'amant de cette dernière dans la chambre à l'étage et qu'il les a tués tous les deux, tout ça avant que la fenêtre ne se referme en claquant. Est-ce que je me trompe ?

– En gros, non.

Je hochai la tête comme si ça faisait beaucoup de choses à avaler.

– Bien, inspecteur, repris-je. Passons à autre chose. Pourriez-vous dire au jury combien de fois vous avez commencé à rouler et avez renoncé parce que vous saviez que vous n'arriveriez jamais à destination avant que votre « fenêtre » ne se referme ?

– Ça ne s'est jamais produit.

Mais il avait marqué une légère hésitation dans sa réponse et je fus certain que les jurés l'avaient remarqué.

– Répondez par oui ou par non, inspecteur. Si je vous sortais des documents attestant que vous avez quitté Archway sept fois à 10 h 40 du matin et pas seulement cinq, ces documents seraient-ils des faux ?

Il regarda brièvement Golantz avant de revenir sur moi.

– Ce que vous laissez entendre ne s'est pas produit, dit-il.

– Et vous, vous ne répondez toujours pas à ma question, inspecteur. Encore une fois, répondez par oui ou par non. Si je présentais à la cour des documents montrant que vous avez tenté cette expédition au moins sept fois, mais que vous n'en déclarez que cinq, ces documents seraient-ils des faux ?

– Non, mais je n'ai pas...

– Merci, inspecteur. Je vous demandais de ne me répondre que par oui ou par non.

Golantz se leva et demanda au juge de permettre au témoin de répondre entièrement à la question, mais Stanton lui répondit qu'il pourrait revenir sur ce point en contre. Mais là, ce fut moi qui hésitai. Sachant que Golantz reprendrait les explications de Kinder après moi, j'avais la possibilité de les avoir tout de suite, voire de contrôler la situation et de tourner cet aveu en ma faveur. Le pari était risqué dans la mesure où je pensais avoir déjà bien sonné Kinder. Et si je continuais dans ce sens jusqu'à ce que la séance soit levée pour la journée, les jurés rentreraient chez eux avec des doutes sur l'intégrité de la police, doutes qui leur trotteraient dans la tête jusqu'au lendemain. Et ça, ça n'était jamais mauvais.

Je décidai de tenter le coup et d'essayer de maîtriser la suite.

– Inspecteur, dites-nous donc combien de fois vous avez renoncé à aller jusqu'à la maison de Malibu.

– Deux fois.

– À savoir ?

– La deuxième et la dernière fois... la septième.

J'acquiesçai d'un signe de tête.

– Et vous avez renoncé parce que vous saviez que vous n'arriveriez jamais à la maison de Malibu dans votre « fenêtre de meurtres », n'est-ce pas ?

– Non, pas du tout.

– Alors, pourquoi donc avez-vous renoncé ces deux fois ?

– Une fois parce qu'on m'a rappelé au bureau pour interroger quelqu'un qui m'y attendait et l'autre fois, parce que, en écoutant la radio, j'ai entendu un collègue demander des renforts. J'ai donc dévié de mon chemin pour lui porter secours.

– Pourquoi n'avez-vous pas porté ces indications dans votre rapport sur les durées de parcours ?

– Pour moi, elles n'avaient pas de rapport avec le dossier dans la mesure où les essais n'avaient pas été menés à leur fin.

– Ce qui fait que ces essais incomplets ne sont mentionnés nulle part dans ce gros dossier que vous avez devant vous ?

– Non.

– Ce qui fait encore que nous n'avons que votre parole sur les raisons qui vous ont poussé à mettre un terme à ces tests avant d'arriver à Malibu. Correct ?

– Correct, oui.

Je hochai la tête et décidai que je l'avais assez fouetté sur ce point. Je savais que Golantz le réhabiliterait en contre, que peut-être même il apporterait les documents expliquant pourquoi Kinder s'était dérouté. J'espérai néanmoins avoir semé le doute dans l'esprit des jurés. Je me félicitai de ma petite victoire et passai à autre chose.

J'attaquai ensuite Kinder sur le fait qu'on n'avait pas retrouvé l'arme du crime et qu'après six mois d'enquête il ne pouvait toujours pas relier Walter Elliot à une arme quelconque. Je le travaillai de plusieurs côtés de façon à ce qu'il doive encore et encore reconnaître qu'un élément clé de l'enquête et du dossier de l'accusation n'avait toujours pas été retrouvé, même s'il avait assassiné les victimes Elliot n'aurait eu que peu de temps pour cacher l'arme du crime.

Frustré, Kinder finit par s'écrier :

– C'est que l'océan est grand, vous savez, maître Haller !

C'était l'ouverture que j'attendais.

– « Grand », cet océan, inspecteur ? Êtes-vous en train de nous suggérer que Monsieur Elliot avait un bateau et qu'il aurait balancé son arme au milieu du Pacifique ?

– Non, non, rien de tel.

– Quoi alors ?

– Je dis seulement que l'arme aurait pu finir dans l'eau et être emportée au loin par les courants avant l'arrivée de nos plongeurs.

– « Aurait pu », inspecteur ? Vous voulez ôter la vie à Monsieur Elliot sur un simple « aurait pu », inspecteur Kinder ?

– Non, ce n'est pas ce que je dis.

– Ce que vous dites, c'est que vous n'avez pas d'arme, que vous ne pouvez pas relier Monsieur Elliot à une arme, mais que pas une fois vous n'avez hésité à penser que c'était votre homme, c'est ça ?

– Nous avions effectué un test pour savoir s'il y avait des résidus de poudre et les résultats étaient positifs. Pour moi, cela reliait bien Monsieur Elliot à une arme.

– De quelle arme s'agit-il ?

– D'une arme que nous n'avons pas.

– Et vous pourriez nous dire avec toutes les assurances de la science que Monsieur Elliot a tiré des coups de feu le jour où son épouse et Johan Rilz ont été assassinés ?

– C'est-à-dire que... avec toutes les assurances de la science, non, mais les résultats du...

– Merci, inspecteur Kinder. Je pense que cela répond à ma question. Passons à autre chose.

Je tournai la page de mon bloc-notes et jetai un coup d'oeil à la liste de questions que j'avais portées sur la suivante la veille au soir.

– Inspecteur Kinder, avez-vous pu, au fil de votre enquête, déterminer à quelle date Johan Rilz et Mitzi Elliot ont fait connaissance ?

– J'ai effectivement déterminé que Mitzi Elliot avait engagé Johan Rilz en qualité de décorateur d'intérieur à l'automne 2005.

Je ne sais pas si elle le connaissait avant.

– Et quand sont-ils devenus amants ?

– Il ne nous a pas été possible de le déterminer. Cela dit, je sais que l'agenda de Monsieur Rilz montre des rendez-vous réguliers avec Madame Elliot à ses deux domiciles. Et que leur fréquence a augmenté environ six mois avant le décès de cette dernière.

– Monsieur Rilz a-t-il été payé pour chacun de ses rendez-vous ?

– La comptabilité de Monsieur Rilz est très incomplète. Il nous a été difficile de déterminer s'il a été payé pour tel ou tel rendez-vous précis. En général cependant, les paiements effectués par Madame Elliot au bénéfice de Monsieur Rilz ont augmenté avec la fréquence des rendez-vous.

J'acquiesçai d'un signe de tête comme si cette réponse s'inscrivait parfaitement dans le tableau général que je me faisais de la situation.

– Bien, et dans votre témoignage, vous dites aussi avoir appris que les meurtres se seraient produits à peine trente-deux jours après que la validité du contrat de mariage entre Monsieur et Madame Elliot eut été reconnue, permettant ainsi à celle-ci d'avoir accès aux biens du couple en cas de divorce.

– C'est exact.

– Et pour vous, c'est le mobile de ces meurtres.

– En partie, oui. Je parlerais plutôt de facteur aggravant.

– Voyez-vous la moindre inconsistance dans votre théorie sur ces meurtres, inspecteur Kinder ?

– Non, aucune.

– Il ne vous a pas paru évident à étudier ces documents financiers et à constater la fréquence de ces rendez-vous qu'il y avait une aventure sentimentale, à tout le moins sexuelle, entre Monsieur Rilz et Madame Elliot ?

– Je ne dirais pas que c'était évident.

– Vous ne le diriez pas ? répétai-je en mettant beaucoup de surprise dans ma question.

Je l'avais acculé. À dire que cette aventure était évidente, il me donnerait la réponse qu'il savait parfaitement que j'attendais.

À prétendre qu'elle n'était pas évidente, il aurait l'air d'un idiot, tout le monde dans la salle trouvant que c'était l'évidence même.

– Rétrospectivement, ça peut paraître évident, mais sur le coup, pour moi, ce n'était pas clair.

– Mais alors, comment Walter Elliot l'a-t-il découverte ?

– Je ne sais pas.

– Que vous n'ayez pas été capable de trouver l'arme du crime prouve-t-il à vos yeux que Walter Elliot ait planifié ces meurtres ?

– Pas nécessairement.

– Il serait donc facile de cacher une arme à tous les services du shérif ?

– Non, mais comme je vous l'ai déjà dit, elle aurait très bien pu être jetée dans l'océan de la terrasse de derrière et que les courants l'aient emportée au loin. Et ça, ça n'exigerait pas beaucoup de préparation.

Kinder savait ce que je voulais et à quoi je voulais en venir.

Voyant que je n'arrivais pas à l'y conduire, je décidai de l'y pousser.

– Inspecteur, vous est-il jamais arrivé de vous dire que si Walter Elliot était au courant de l'aventure de sa femme, il aurait été plus sage de se contenter d'un divorce avant la validation du contrat de mariage ?

– Rien ne nous permettait de savoir à quel moment il a eu connaissance de cette aventure. Et votre question ne tient pas compte de l'aspect émotionnel... de la fureur. Il se peut qu'en tant que facteur motivant l'argent n'ait rien à voir avec le meurtre. Il se pourrait bien que seules la trahison et la rage soient à prendre en compte, purement et simplement.

Il ne m'avait pas donné ce que je voulais. Je n'étais pas content de moi et me dis que j'étais bien rouillé. Je m'étais préparé pour l'interrogatoire en contre, mais c'était la première fois depuis un an que je me heurtais de front à un témoin méfiant et aguerri. Je décidai de ne pas insister sur ce point et de lui asséner un direct auquel il ne s'attendrait pas.

Le Verdict du Plomb
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