8

Galahad retourna à son château, où l'attendait un premier groupe d'élèves de onze ans auxquels il enseignait l'escrime. En plus de leur montrer à manier l'épée, il en profitait pour leur inculquer les règles de la chevalerie, surtout celles qui concernaient l'honnêteté, l'équité, l'impartialité et la probité. Il était important à ses yeux qu'ils apprennent à n'utiliser leurs armes qu'en dernier recours et seulement pour une cause qui en valait la peine. Le chevalier donna ainsi trois cours d'escrime et un d'équitation, puis se retira dans sa demeure jusqu'à ce qu'arrivent les adultes qui étudiaient les rudiments du tournoi.

Il en profita pour remettre le nez dans les pages imprimées sur le fonctionnement de l'ordre de Galveston, qu'il avait heureusement conservées. À la suite de la disparition de la couronne du roi Arthur, il devait s'attendre à tout. Chance le trouva une heure plus tard, plongé dans sa lecture, dans le petit boudoir attenant à la porte secrète qui menait aux écuries. C'était le seul endroit où il se permettait de passer du temps quand ses vêtements étaient imprégnés par l'odeur des chevaux.

— On dirait que tu as fait une découverte qui ne t'enchante pas, remarqua-t-elle depuis la porte.

— En effet…

Son épouse vint s'asseoir sur le pouf tout près de lui pour l'inciter à se confier.

— Te rappelles-tu la légende du roi Arthur ? demanda-t-il.

— Dans ses grandes lignes, oui.

— Les membres de la Table ronde de Galveston s'en sont inspirés pour trouver leurs noms. Selon ce document, tous les rôles devaient être comblés.

— Ils en ont oublié ?

— Ouais…

— Est-ce grave ?

— Cela n'a pas empêché le magicien et le sorcier de s'affronter il y a quelques années, mais l'absence de certains chevaliers originaux dans nos rangs signifie que ces postes pourraient fort bien être attribués si ces deux personnages magiques décidaient de reprendre le jeu.

— Là, je ne te suis plus, Galahad.

— Lorsque j'ai entendu le nom de l'alchimiste, il m'a tout de suite dit quelque chose, mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus.

— Il est l'un des vôtres ?

— Oui, malheureusement. Medrawt se traduit aussi par Mordred.

— Le fils bâtard d'Arthur ?

— C'est exact. Dans la légende, il est dit qu'il était le plus beau et le plus perfide de tous les chevaliers. Il ne respectait jamais les règles de la courtoisie et il était détesté par ses pairs, car il était fourbe et sournois.

— Tu penses que l'alchimiste pourrait être ce pion manquant ?

— C'est une possibilité que je ne peux écarter.

— Quel aurait été son rôle dans le jeu, s'il en avait fait partie, il y a quelques années ?

— Il aurait trahi Arthur.

— Terra ?

Galahad hocha doucement la tête, découragé.

— Est-il en danger en Californie ? s'alarma Chance.

— Pas si Mordred se trouve à Nouvelle-Camelot.

— Mais nous ne sommes pas encore certains qu'il s'agisse de l'alchimiste.

— Je n'ai plus le choix, maintenant. Je vais devoir le confronter.

— Cela mettra-t-il ta vie en péril ?

— Pas si cet homme n'est pas le chevalier perfide.

— Et s'il l'est ?

— Tout peut arriver, car Mordred est imprévisible.

— Alors, je ne sais pas si je te laisserai y aller. Peut-être serait-il préférable que tu attendes le retour de Terra et que vous le rencontriez ensemble.

— Je vais y penser.

— Il vaut mieux que tu remettes cette réflexion après ton dernier cours. Certains de tes élèves sont déjà arrivés.

Il déposa les feuilles sur le guéridon, se pencha pour embrasser sa femme et disparut par la porte qui menait à l'écurie. Chance s'empara aussitôt du document et se mit à le lire à son tour, considérant que deux têtes valaient mieux qu'une.

Galahad trouva les quatre adultes qui voulaient apprendre l'art de la joute appuyés contre la clôture de l'enclos, dans la grande cour.

— Messieurs, les salua le chevalier.

— Quand serons-nous prêts à combattre, Galahad ? s'impatienta Henry, qui gérait la banque de Nouvelle-Camelot.

— Quand vous ne vous ferez plus désarçonner par un mannequin en bois, le taquina le chevalier.

Pour les préparer aux véritables tournois, Galahad leur demandait, dans un premier temps, de lancer leur monture au galop et de décrocher avec leur lance un anneau fixé à une perche. Le second exercice consistait à toucher du bout de la lance un écu attaché à un ressort géant. La troisième épreuve était plus hasardeuse. Galahad avait fabriqué une statue articulée, armée d'une lance, qui tournait sur elle-même. Il fallait lui frapper les bras et, en même temps, éviter de se faire assommer par le javelot. Jusqu'à présent, aucun des étudiants n'était arrivé à s'esquiver.

— Ton mannequin est truqué, se plaignit Olivier.

— S'il arrive à vous jeter par terre, alors un véritable adversaire pourrait vous embrocher, les avertit le chevalier. Il faut que vous parveniez à maîtriser vos armes et vos chevaux avant que nous en arrivions là.

Il leur fit tout d'abord réchauffer leur monture dans le manège, puis commença la leçon. Les quatre hommes devenaient de plus en plus habiles et dirigeaient bien souvent leur cheval uniquement avec la pression de leurs genoux. Debout dans l'enclos, Galahad suivait attentivement la course de chaque animal et les mouvements de chaque cavalier. Le tournoi était un sport dangereux même si l'on utilisait désormais des armes émoussées ou faites de matériaux qui ne risquaient pas de voler en éclats.

Lorsqu'il faisait encore partie de l'ordre de Galveston, Galahad n'avait été défait que par un seul homme, Gawain. Il se rappelait encore le sourire moqueur qu'avait affiché son frère d'armes lorsqu'il avait enlevé son heaume après l'avoir expédié au sol. Si la trahison des hauts dirigeants de l'ordre lui avait laissé un goût amer en bouche, ses compagnons, eux, lui manquaient terriblement. Ils avaient été sa première vraie famille…

— Galahad, es-tu encore capable de déjouer la quintaine ? lui demanda Justin lorsque tous eurent réussi la joute de l'anneau.

— Est-ce un défi ? répliqua le chevalier, amusé.

— En fait, on voudrait surtout voir si tu arrives à faire ce que tu exiges de nous, expliqua Dennis en mettant pied à terre.

Galahad n'était pas un homme orgueilleux. Il ne grimpa sur le cheval que pour montrer à ses élèves que s'ils s'entraînaient suffisamment, ils réussiraient à toucher le mannequin en bois sans se faire frapper. Il aurait bien sûr préféré monter son propre destrier, mais ce n'était pas le moment de faire du chichi devant les quatre aspirants.

Le chevalier fit trotter sa monture jusqu'à l'autre bout de l'enclos et accepta la lance de Henry. Il talonna aussitôt l'animal et fonça vers la quintaine. En évitant la lourde pertuisane, il toucha alors cinq fois sa cible sans jamais ralentir la cadence du cheval. Lorsqu'il arrêta finalement celui-ci devant ses élèves, l'admiration visible dans leurs yeux lui réchauffa le cœur. Il venait de leur prouver que même à la fin de la cinquantaine, on pouvait réussir un pareil exploit.

— Nous es-tu arrivé directement du Moyen-Âge, par hasard ? s'exclama Olivier, émerveillé.

— J'aimerais bien répondre que oui, mais j'ai appris ce que je sais comme vous, avec l'aide d'un mentor.

Les étudiants s'en prirent donc tour à tour à la statue articulée, ne l'esquivant que très rarement et se retrouvant plus souvent qu'autrement face première dans la poussière. Malgré tout, c'est en riant qu'ils conduisirent les bêtes à l'écurie à la fin du cours. Galahad était resté au milieu du manège, l'air songeur. Dans son esprit défilaient les immenses pelouses du domaine de sire Kay et les magnifiques chevaux de bataille aux robes luisantes. Tandis que Terra se remettait de ses blessures à l'hôpital de Houston, il avait passé presque tous ses temps libres à s'entraîner…

— Galahad ?

Le chevalier fit volte-face et vit Frank Green accoudé à la clôture.

— Avant que tu me le demandes, non, je ne suis pas venu m'inscrire à tes cours.

— Dans ce cas, quel est le but de ta visite ? s'étonna Galahad en s'approchant de lui.

— Katy nous a fait part de tes inquiétudes envers l'alchimiste.

La surprise du chevalier se transforma aussitôt en appréhension.

— Nous ne l’avons pas encore harcelé, le rassura Frank.

— Mais ?

— Nous avons commenté à enquêter sur lui. Je voulais te faire part de mes découvertes personnelles, pendant que les autres procèdent à leurs propres vérifications.

— Je t’écoute.

— J'ai bel et bien trouvé un libraire Britannique qui s'appelle Timothée Medrawt, sauf qu'il est mort l'an passé.

— En es-tu certain ?

Frank lui tendit le dossier dans lequel il avait rassemblé ses trouvailles, du site Internet à la rubrique nécrologique du journal. Galahad l'ouvrit sur-le-champ.

— Il y a aussi sa photo, mais aucun de nous ne l'a encore vu, sauf Katy. Je voulais t'en parler avant de la lui montrer.

Galahad observa le regard hypnotique de l'alchimiste pendant quelques secondes. Pouvait-il être ce Mordred qui ne s'était pas manifesté lors de la dernière partie ?

— À en juger par ton attitude, tu as fait ta propre investigation, conclut Frank.

— J'enquête sur tous les nouveaux arrivants.

— As-tu aussi le pouvoir de les expulser ?

— Cela fait partie des prérogatives de madame Goldstein, mais j'ai son oreille. Toutefois, un chevalier est un homme juste qui ne condamne pas son prochain avant d'avoir de solides preuves que son comportement est inacceptable.

— C'est la même chose pour un pasteur. Puis-je te demander ce que tu redoutes ?

— J'ai peur que le jeu ne recommence.

— C'est ce que je crains aussi, mais rien ne prouve que tu aies raison, n'est-ce pas ?

— Rien pour l'instant, mais il ne faut pas relâcher notre vigilance. J'aimerais bien participer à votre prochaine rencontre, si vous n'y voyez pas d'inconvénients.

— Nous ne voulions pas prendre de ton temps sans être certains qu'il y avait l'ombre d'une menace.

— Espérons que ce ne sont que des soupçons.

Les quatre élèves sortirent de l'écurie, courbaturés mais heureux de leur performance. Frank en profita pour rentrer chez lui, Galahad reconduisit Henry, Olivier, Dennis et Justin jusqu'aux portes de son château en les félicitant pour leurs progrès. Il s'efforça de sourire, mais en réalité, il était de plus en plus troublé par un possible retour du sorcier. Il se nettoya, se vêtit proprement et rejoignit son épouse pour le repas du soir.

— La situation s'envenime, on dirait, remarqua tout de suite Chance.

— Tu lis en moi comme dans un livre ouvert.

— Ce qui n'est pas très difficile, en ce moment. Tu devrais voir ta mine.

Il prit place devant elle à table.

— Tes amis ont débuté une enquête sur Timothée Medrawt, lui apprit-il.

— Pour tout t'avouer, je m'y attendais. Ils ont aussi à cœur la quiétude de notre ville.

— Je ne voulais pas faire de remous, mais je n'ai plus le choix. Cet alchimiste est un imposteur. Le véritable Medrawt est mort.

— À quand le conseil de guerre ?

— Très bientôt.

Perturbé, le chevalier ne prit qu'une bouchée, surtout pour faire plaisir à Chance. Puis il l'embrassa et se retira au salon, où il tourna en rond pendant un petit moment. Il avait besoin de renseignements sur ce qui se passait à Galveston, mais il ne voulait surtout pas appeler Lancelot. De tous ses anciens frères d'armes, Perceval était celui qui n'avait jamais aimé garder de secrets. Accepterait-il de lui parler ? Et comment communiquer avec lui sans que ce dernier soit obligé de relater la conversation à sire Kay ?

Jadis, le magicien avait accordé à certains membres de l’ordre la faculté de communiquer entre eux par la seule pensée. Galahad se demanda si ce pouvoir lui avait été retiré à la fin de la partie. Il n'y avait qu'une seule façon de le savoir. Il s'assit en tailleur sur le sofa et relaxa tous les muscles de son corps en ralentissant sa respiration.

— Perceval, m'entends-tu ?

Il attendit quelques minutes, puis posa de nouveau la question, sans s'angoisser.

Galahad, est-ce bien toi ?

Un large sourire illumina le visage du chevalier parfait.

— Oui, mon frère.

L'envoûtement du magicien fonctionne encore ? Si je l'avais su, j'aurais communiqué avec toi bien avant aujourd'hui, car je n'avais aucune façon de te retrouver. Dis-moi que tu vas bien.

Galahad lui raconta sommairement tout ce qui lui était arrivé depuis son départ de l’ordre.

— Dernièrement, Lancelot m'a rendu visite. Il m'a informé de la disparition de la couronne du roi. L'a-t-il fait de son propre chef ou en avait-il reçu l’ordre de sire Kay ?

Ne t'a-t-il pas annoncé la triste nouvelle ? Sire Kay est décédé subitement il y a deux ans. Il a légué sa propriété et son titre à Lancelot. C'est lui, désormais, le chef de l'ordre.

— Il ne m'a rien dit à ce sujet…

Galahad se rappela le visage aimable du vieil homme, qui avait manifesté à son égard plus de compréhension que son mentor.

Je suis vraiment désolé de te l'apprendre de cette façon, Galahad.

— Je l'aurais su tôt ou tard, j'imagine.

Dis-moi plutôt ce que je peux faire pour toi.

— Même si c'était moi qui dressais les procès-verbaux de l’ordre, il semble y avoir beaucoup de choses que j'ignorais et dont on ne m'a jamais mis au courant.

Tu fais référence à l'ultime sacrifice du roi ?

— Entre autres. Mais ce que j'aimerais maintenant savoir, c'est le nombre exact de pions de chaque côté.

Il doit y en avoir treize.

— Si je me souviens bien, notre groupe comptait sire Kay, Lancelot, Agravaine, Belliance, Dinadan, Gaheris, Gawain, Gareth, Sagramore, Tristan, Arthur, toi et moi.

Malgré son adoubement, le jeune Tristan ne faisait pas partie du jeu.

— Qui était la treizième pièce, alors ?

Nous ne l'avons jamais su.

— Pourrait-il s'agir de Mordred ?

Le silence angoissé de Perceval fit aussitôt comprendre au chevalier qu'il entrevoyait la même menace que lui.

Ce n'est pas impossible, répondit-il finalement. À mon avis, c'est au magicien que tu devrais adresser cette question, Galahad.

— Je m'en doutais déjà, mais je crains de donner le coup d'envoi à une seconde partie entre les deux mages en communiquant avec Alissandre.

Essaie alors d'obtenir ce renseignement par toi-même et approche-le uniquement si tu ne trouves rien.

— C'est une sage recommandation.

En attendant, ne te fais pas trop de mauvais sang. La couronne a peut-être tout simplement été volée par un domestique de Lancelot.

— Rien n'est jamais aussi simple dans l'ordre.

Je te l’accorde, mais je maintiens tout de même mon conseil.

— Merci, Perceval.

Viens faire un tour à Galveston, si tu as un peu de temps.

— Je n'y manquerai pas.

Galahad reprit contact avec la réalité de son salon et aperçut Chance à la porte.

— Perceval ? fit-elle.

— J'avais besoin de réponses à mes questions et, malheureusement, il est dans le noir, comme moi.

Chance se faufila entre les bras de son époux et le serra amoureusement.

— Je t'ai vu t'attaquer au mannequin par la fenêtre, avoua-t-elle. Tu es encore très habile, mon chéri.

— C'est parce que je m'entraîne en secret, évidemment.

— Ce que j'admire le plus chez toi, c'est que tu fais ce qu'il faut pour conserver ta forme physique.

— Et que fais-tu de mes belles qualités de cœur ?

— Celles-là n'ont jamais changé.

Ils s'embrassèrent pendant un long moment, profitant du calme avant la tempête.

— Comme je te connais, tu es sur le point de passer à l'attaque, devina Chance.

— Seras-tu là pour me seconder ?

— Maintenant que les femmes ont le droit d'être chevalier, évidemment que je serai là.

— Ce pourrait être très dangereux.

— Nous coulons des jours heureux depuis notre mariage. Il est temps de mettre un peu de piquant dans notre vie.

Galahad espéra de tout cœur que le sorcier n'ait pas entendu cette dernière affirmation, car il était le genre de créature à se nourrir de la peur et des aspirations des autres.

— Il y a d'autres façons de le faire…

— Je veux me battre, insista-t-elle.

— C'est tout ce que je mérite pour m'être épris d'une belle guerrière.

Il la souleva dans ses bras et la transporta vers le grand escalier.

Capitaine Wilder
titlepage.xhtml
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_037.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_038.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_039.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_040.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_041.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_042.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_043.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_044.html