12

Dès que Galahad eut reçu son congé de l'hôpital, Chance convoqua une rencontre chez elle, afin de faire le point sur ce que tout le monde savait. Katy et Marco firent garder leurs filles chez leur grand-mère paternelle et arrivèrent les premiers. Ils furent suivis quelques minutes plus tard par Karen, Fred, Julie et Frank. Le groupe prit place dans le hall du château, où brûlait un bon feu. Chance aimait recevoir chez elle, et ses amis ne manquèrent de rien. Elle avait placé sur la table des boissons, des fruits, des croustilles et même du vin.

— Merci d'être tous là, fit Galahad. Le but de cette rencontre n'est pas de s'armer contre le sorcier, mais plutôt de discuter de la défense de la ville. Avec votre permission, j'aimerais ajouter un autre membre à cette réunion.

Les six amis échangèrent un regard inquiet, car selon eux, le groupe était complet. Ils sursautèrent lorsque le magicien apparut à la droite du chevalier.

— Pour ceux qui ne le connaissent pas, voici maître Alissandre, le magicien.

— Est-ce une bonne idée de l'inviter ici ? s'inquiéta Fred. Après tout, c'est après lui que le sorcier en a.

— Seulement sur le jeu, le rassura tout de suite Alissandre. J'ai répondu à l'appel de sire Galahad, afin d'être au courant de tous les agissements de mon adversaire, d'autant plus que celui-ci semble agir à mon insu.

— Dans ce cas, je me lance, décida Katy. Tout a commencé avec l'arrivée de Timothée Medrawt dans le secteur commercial de la cité. Je vous ferai d'ailleurs remarquer qu'il a disparu et tout son inventaire avec lui, même si on ne s'explique pas comment. Galahad est venu me poser des questions à ce sujet, alors j'ai tout de suite compris que quelque chose n'allait pas. J'ai réuni tout le monde chez moi, sauf Chance qui avait un empêchement, et nous avons décidé d'enquêter sur le monsieur en question. Personnellement, j'ai pris des centaines de photos.

Elle les étala sur la table pour que tous puissent les voir.

— Je les ai numérotées. Les plus intéressantes sont les dernières, sur lesquelles, en l'espace d'une seule minute, le contenu de la vitrine se volatilise.

— Ça sent de plus en plus la sorcellerie, fit remarquer Frank.

— Les autres photos sur lesquelles j'aimerais attirer votre attention sont celles d'une personne qui est entrée chez l'alchimiste pour n'en ressortir qu'une demi-heure plus tard.

Katy mit le doigt sur la vingtaine de clichés qu'elle avait pris à ce moment-là.

— Mais c'est madame Goldstein ! s'exclama Chance.

— Elle est repartie de chez monsieur Medrawt les mains vides, ajouta Katy.

— Il faudrait peut-être aller lui demander ce qu'elle est allée y faire, suggéra Julie.

— Je m'en charge, annonça Galahad.

— Fred et moi sommes allés visiter la boutique, leur apprit Karen. Elle était remplie d'objets vraiment anciens, comme dans un musée. Fred a acheté un pendentif, et l'alchimiste m'a offert un pendule que je ne reverrai probablement plus jamais.

Le musicien exhiba fièrement le médaillon.

— Il est très vieux, en effet, confirma Alissandre. Il remonte aux Croisades, si je ne m'abuse.

— Medrawt a dit qu'il contenait des pouvoirs magiques, poursuivit Karen.

— C'est exact, mais encore faut-il pouvoir les enclencher.

— Ce qu'on aimerait savoir, en réalité, c'est si ce médaillon risque de causer des problèmes à Fred, ajouta Marco.

— Pas à ce que je sache, les rassura le magicien.

— J'ai trouvé cet homme tout à fait charmant, avoua Karen. Jamais je ne me serais doutée que c'était un sorcier.

— Tu le trouveras moins charmant lorsque je vous aurai dit ce que moi, j'ai découvert, laissa tomber Frank. L'homme qui a ouvert ce commerce est un imposteur. Le véritable Timothée Medrawt est mort en Angleterre il y a un an.

— Alors qui est-il ? s'étonna Katy.

Alissandre se leva et marcha jusqu'à Fred.

— Si vous me le permettez, j'aurais besoin de toucher à votre pendentif un court moment.

Le musicien n'hésita pas un seul instant. Il détacha la cordelette de cuir qui pendait à son cou et lui tendit le bijou. Alissandre le reçut au creux de sa main et s'immobilisa. Il n'y eut aucune fontaine d'étincelles ni de formidable explosion, comme s'y attendaient les anciens étudiants. Sans dire un mot, le magicien remit le médaillon à son propriétaire et retourna s'asseoir.

— Alors de qui s'agit-il ? s'impatienta Katy.

— C'est l'énergie d'un traître, mais je m'explique mal sa présence sur le jeu quinze ans plus tard dans un corps qui n'est pas le sien.

— Est-ce parce qu'il n'en avait pas qu'il ne s'est pas manifesté jadis ? s'enquit Galahad.

— Je ne pourrai pas répondre à cette question avant d'avoir effectué quelques recherches.

— Dans quel camp est-il ? voulut savoir Frank.

— Théoriquement, dans le nôtre, répondit Galahad, mais Mordred est un cas à part.

— Ce n'était pas le fils bâtard d'Arthur qui l’a finalement tué sur un champ de bataille ? demanda Karen.

— C'est ce que raconte la légende, mais il n'a jamais fait partie du jeu.

— Nous voilà rendus aux derniers événements qui se sont produits dans cette boutique maudite, les coupa Chance. Lorsque Galahad est allé rencontrer Medrawt, ce dernier l'a attaqué et lui a administré un poison anesthésiant. Sans l'intervention du magicien, je ne sais pas ce qui se serait passé.

— En général, les araignées immobilisent leurs proies pour revenir les manger plus tard, fit remarquer Katy.

— En fin de compte, on ne sait rien sur cet homme, en dehors du fait que c'est un mystificateur, soupira Karen.

— Nous connaissons son visage, leur rappela Frank en soulevant une photographie où il apparaissait très clairement. Je pense que nous devons la faire circuler à Nouvelle-Camelot pour que les gens s'en méfient.

— Nous pourrions aussi mettre sa tête à prix ? suggéra Katy.

— Je ne voudrais pas que certains de nos concitoyens, plus téméraires que d'autres, se lancent à sa poursuite, les avertit Galahad.

— Galahad à raison, l'appuya Marco. Medrawt est dangereux.

— Dans ce cas, demandons aux gens qui le verront de le signaler à la police.

— Je crois bien que l'inspecteur Cyr nous aidera, confirma Galahad. J'ai déjà déposé une plainte pour voies de fait contre ce marchand.

— Moi, j'aimerais savoir si le jeu est en train de recommencer, hasarda Fred.

— Je crois que oui, répondit Alissandre, mais je ne suis pas encore certain qu'il se passera ici.

— En tout cas, nous sommes prêts à faire notre part, indiqua Katy.

— Seuls les joueurs choisis par le magicien pourront y participer, souligna Galahad.

— Et ce n'est pas une partie de plaisir, ajouta Marco.

Il faisait évidemment référence au sauvetage du roi auquel il avait participé à Houston.

— Je vous remercie pour toutes ces informations, fit le magicien en s'inclinant devant eux.

Il se dématérialisa aussitôt, pressé d'aller enquêter sur le rôle exact de Mordred dans le jeu et la raison de son absence lors de la partie précédente, disputée par son mentor. Les anciennes terreurs de Little Rock se mirent alors à se rappeler mutuellement leurs souvenirs des événements qui avaient à tout jamais changé leur vie. Galahad se cala dans son fauteuil et but du vin à petites gorgées en les écoutant. Il savait bien que ce repos ne durerait pas longtemps.

Lorsque ses invités furent prêts à partir, le maître des lieux prit Marco à part, dans le vestibule.

— Les chevaliers qui n'ont pas été défaits lors d'un match sont automatiquement utilisés dans la partie suivante, l'avertit Galahad. Quant aux autres…

— Je n'ai pas participé au jeu la première fois, mais il n'est pas question que j'en sois écarté maintenant.

— Je m'en doutais. S'il est vrai que tu es plus habile que jadis, il serait toutefois plus prudent que tu t'entraînes davantage.

— C'était dans mes plans.

Ils échangèrent la poignée de main des chevaliers, puis Marco sortit dans la cour, où l'attendait Katy. Galahad resta planté devant la grande fenêtre du hall pendant de longues minutes après le départ des amis de son épouse, sa coupe de vin à la main, à songer au rôle de la mairesse dans toute cette affaire. Il l'avait pourtant rencontrée à plusieurs reprises et jamais il n'avait ressenti la moindre trace de sorcellerie en elle. « Pourquoi est-elle allée chez l'alchimiste ? » Galahad l'avait questionnée au sujet de Medrawt. Peut-être avait-elle voulu en avoir le cœur net…

— Tu viens te coucher ? lui demanda Chance, depuis le seuil du hall.

— Non. Je veux réfléchir à tout ce qui s'est dit ce soir. Mais tu peux y aller. Je sais que tu es très fatiguée.

— Il est important que tu dormes un peu, Galahad.

— Je te promets de monter avant le lever du soleil.

Ce n'était pas suffisant pour Chance, mais elle savait qu'elle n'arriverait pas à le raisonner. Lorsqu'il était en proie à mille délibérations, il n'écoutait rien. Dès que son épouse fut montée à l'étage, Galahad se dirigea vers l'écurie. Il sella son cheval et s'aventura dans la nuit. Il n'avait jamais visité la mairesse chez elle, mais savait qu'elle habitait un petit château à l'entrée de Caer Nobilis. Par mesure de prudence, il emprunta la route au lieu de piquer à travers les champs. « Il faudra que je m'arrête chez les Wilder en revenant », décida-t-il. Il n'avait reçu aucun appel de détresse de la part de l'adolescent et était loin de s'imaginer qu'il était en difficulté. Galahad était un homme qui aimait régler un problème à la fois. Celui qui le préoccupait pour l'instant, c'était celui d'Eisa.

Il aperçut enfin les feux des rues du village où logeaient les gens les plus riches de Nouvelle-Camelot. Il s'agissait pour la plupart de vedettes de cinéma ou de politiciens qui désiraient jouir d'une retraite paisible dans un décor médiéval. Eisa Goldstein et son mari avaient hésité avant de s'installer aussi loin de la cité, mais le calme de l'endroit et ses milliers de fleurs avaient séduit la mairesse. Le couple s'était fait bâtir une demeure d'inspiration médiévale, mais avec toutes les commodités modernes à l'intérieur.

Lorsqu'il arriva finalement chez la mairesse, Galahad n'avait pas l'intention de l'importuner. Il voulait seulement évaluer l'énergie de sa maison. Puisque personne à Nouvelle-Camelot et sa banlieue n'érigeait de clôtures pour délimiter les domaines, il lui fut facile de faire marcher tout doucement sa monture le long des murs de pierre du château. À l'aide de sa paume, il examina attentivement les lieux. Un curieux picotement au creux de sa main le surprit. « Mais qu'est-ce que c'est ? » se demanda-t-il. L'ancien magicien lui avait appris à reconnaître la signature magique de plusieurs phénomènes, mais c'était la première fois qu'il ressentait une telle énergie.

En revenant à son point de départ, il trouva Eisa Goldstein sur sa route, les bras croisés.

— Vous visitez souvent les gens au milieu de la nuit, monsieur Dawson ? questionna-t-elle sans aucune ironie.

— Si je vous expliquais le but de ma présence ici, vous me prendriez pour un fou.

— Peut-être pas.

Il mit pied à terre, par politesse.

— Il s'est produit des événements vraiment étranges dans la cité, dernièrement.

— Philippe Cyr vient de m’apprendre que vous aviez été empoisonné. Je vous trouve bien portant pour un homme qu'on a tenté de tuer.

— Ma soudaine guérison est également difficile à expliquer…

— Que m'avez-vous caché à votre sujet, toutes ces années ?

— Vous êtes arrivée à Nouvelle-Camelot au moment où je refaisais ma vie, alors je n'ai pas jugé utile de vous raconter toutes mes aventures.

— Que cherchez-vous vraiment chez moi, ce soir, Galahad ?

— Je possède le talent de capter les forces subtiles comme la magie ou la sorcellerie.

Les bras toujours croisés sur sa poitrine, la mairesse ne fit qu'arquer un sourcil.

— Je vous avais prévenue que vous me prendriez pour un fou.

— Avez-vous trouvé quelque chose ?

Son absence de réaction mit tout de suite le chevalier en garde. Normalement, les gens s'esclaffaient ou reculaient craintivement lorsqu'il leur disait la vérité.

— Il y a autour de votre maison une curieuse énergie que je n'arrive pas à identifier.

— J'espère que vous n'avez pas l'intention d'aller chercher la cavalerie pour vous aider.

— Je dois vous avouer que cette idée m'a traversé l'esprit.

— Et puisque vous êtes un homme tenace, vous reviendrez sans doute rôder chez moi jusqu'à ce que vous ayez percé ce mystère, n'est-ce pas ?

— À moins que vous le fassiez pour moi.

Un sourire espiègle apparut sur le visage d'Eisa.

— Reprenons cette conversation depuis le début, exigea-t-elle en s'approchant du chevalier. Pour quelle raison vous êtes-vous senti obligé de chevaucher jusqu'ici en pleine nuit, à la recherche de cette énergie ?

— On vous a vue entrer chez l'alchimiste qui a tenté de me tuer.

— Conduisez votre cheval dans le garage et suivez-moi.

Galahad avait trop envie d'obtenir des réponses à ses questions pour protester. Il installa la bête à côté de la voiture de la mairesse et suivit celle-ci à l'intérieur.

— Mon mari est en voyage d'affaires en France, en ce moment, avant que vous ne me le demandiez, déclara-t-elle en l'invitant au salon.

— S'il avait été présent, m'auriez-vous laissé entrer ?

— Vous auriez dû être détective, sire Galahad.

Ils prirent place sur de moelleux fauteuils, au bord du feu.

— J'accepte de vous renseigner si vous en faites autant, indiqua-t-elle aussitôt.

— C'est un marché loyal.

— Alors, voilà. Je suis allée rencontrer monsieur Medrawt parce que je ne l'avais pas encore fait et que cela fait partie de mes politiques. Je lui ai serré la main, puis sans que je comprenne ce qui s'était passé, je me suis retrouvée dans la rue.

— Des témoins affirment que vous êtes restée au moins une demi-heure dans sa boutique.

— C'est très embêtant parce que je ne me souviens pas de ce qui s'est passé. Qui est réellement cet homme ? Est-il impliqué dans ce jeu dont vous m'avez parlé ?

— Je crois que oui, mais je n'en ai encore aucune preuve. Lorsque je suis entré chez lui, il m'a appelé par mon nom et il a planté un dard rempli de venin dans ma poitrine. Il est possible que ce soit un sorcier, car quelques secondes après cette attaque, il a disparu, ainsi que tout ce qui se trouvait dans sa boutique. Les gens normaux utilisent des boîtes pour déménager.

— Je frissonne à la pensée d'avoir passé trente minutes en compagnie d'une telle personne, et Dieu seul sait ce qu'il a pu me faire faire. Est-ce cette énergie que vous ressentez autour de ma maison ?

— En fait, je la capte même à l'intérieur.

— Vient-elle de moi ? s'alarma Eisa.

Elle lui tendit spontanément la main, sans la moindre crainte. Galahad prit une profonde inspiration et la serra dans la sienne. Il fut assailli par un tourbillon de toutes les teintes de bleu imaginables et par le bruit de vagues se fracassant sur des rochers. Il lâcha prise, haletant.

— Ne me dites pas que…, s'étrangla la mairesse.

— Je ne sais pas ce que c'est, mais je vous assure que ce n'est pas maléfique. Aucun sorcier ne possède ce genre d'énergie.

— J'imagine que c'est rassurant.

— Si vous me le permettez, j'aimerais apporter un objet que vous portez souvent à un ami qui a beaucoup plus d'expérience que moi en la matière.

Elle enleva une de ses bagues et la remit au chevalier.

— Si Medrawt vous a jeté un sort, nous vous en débarrasserons, je vous le promets, milady.

— Le plus tôt sera le mieux. Et si vous pouviez aussi vous assurer que ce jeu mortel se joue ailleurs que dans notre ville, je l'apprécierais beaucoup. Comme vous le savez, nos forces policières sont plutôt réduites.

— Je ne les mêlerai pas à cette histoire.

Habituellement, lorsque Galahad quittait une dame, il lui faisait un baisemain, mais après ce qu'il avait découvert dans le champ énergétique de la mairesse, il ne s'y risqua pas. Il la salua plutôt de la tête et retrouva lui-même son chemin jusqu'au garage.

Capitaine Wilder
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