27
De nouveaux passages
Comme un lion en cage, Mélijna faisait le tour de son antre. Elle ressassait l’échec de sa visite à Elisha et en concevait une indicible colère. Ses pouvoirs ne fonctionnaient plus que par intermittence et, contrairement à son entourage, la voyante s’en était tout de suite aperçue. Elle aurait dû s’écouter et éviter d’aller jusque là-bas. Mais ses problèmes de plus en plus criants poussaient la sorcière à des actions désespérées. Alejandre donnait actuellement ses directives pour que soient rassemblés les hommes et le matériel à la frontière des Terres Intérieures. Chacun devait s’y rendre par ses propres moyens, pour éviter le plus possible d’attirer l’attention sur eux. Mélijna soupira… Réussiraient-ils sans sa présence constante et sa magie ? Elle en doutait. Voilà pourquoi elle continuait de chercher un moyen de retrouver la forme en attendant de repérer Maëlle. Mais elle devait d’abord faire un nouvel essai dans le cas du passage vers Dual.
Depuis quelques mois, elle tentait de trouver l’emplacement exact du passage menant au nord de ce monde, qu’elle savait maintenant ouvert. La dernière fois qu’elle avait prononcé la formule bénie qui ouvrait les passages autrefois gardés par les Filles de Lune, trois inscriptions s’étaient gravées sur sa tablette de pierre volcanique, donc trois nouveaux passages accessibles. Les deux premiers étaient malheureusement sans intérêt puisqu’ils conduisaient à Brume. Mélijna n’y voyait aucun potentiel.
Pour sa plus grande joie, le troisième conduisait vers le nord de Dual, où vivait le peuple des gorgones, que Mélijna espérait voir se rallier à elle dans sa quête de pouvoir. Ces femmes à la réputation de guerrières sans pitié seraient des alliées de taille si la sorcière parvenait à leur exposer son projet sous un angle avantageux pour elles. Mais les gorgones n’étaient pas le seul peuple vivant au nord de ce monde à vouloir se venger des humains et donc à présenter un réel intérêt. Autrefois, tous les Sages avaient été unanimes pour dire que la perte des passages vers le nord de Dual avait été une excellente chose pour la survie de la Terre des Anciens. Cette partie du continent abritait uniquement des peuples qui rêvaient de faire des humains leurs esclaves. Outre les gorgones, il y avait les créatures de la nuit telles les loups-garous et les vampires, et d’autres comme les satyres, les nagas, les harpies et les manticores. Seuls les sphinx et les chimères d’ascendance humaine vivaient à proximité des peuples hybrides pacifiques du sud. Restait maintenant à localiser ce passage avec le peu d’indices qu’elle possédait.
* *
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À l’aurore, Wandéline et Foch apparurent à quelques centaines de mètres du lac entouré de marécages. L’hybride avait dû voyager avec l’aide de son amie puisqu’il n’était jamais venu sur cette partie du continent.
— Nous allons devoir marcher pour rejoindre le lac, dit Wandéline en pointant un doigt vers une immense forêt d’arbres centenaires.
Les grands arbres feuillus et les conifères laissant pénétrer le soleil à contrecœur, la pénombre régnait en maître absolu et le sol était couvert de mousse et de petites plantes de sous-bois.
Au bout d’un long moment, une éclaircie apparut au loin. Wandéline et Foch pressèrent le pas. Alors que la lumière pénétrait de plus en plus facilement l’épais couvert, les deux amis sentirent le sol amollir légèrement sous leurs pieds.
— Je croyais que nous pourrions au moins voir le lac avant de pénétrer dans les marécages, grommela Wandéline. Il va falloir faire le tour pour tenter de trouver un endroit moins humide.
— Je sais que tu n’aimeras pas ma question, mais je dois la poser tout de même. En tant que Fille de Lune, tu ne devrais pas ressentir la proximité d’un passage, surtout compte tenu de la puissance que tu as acquise au cours des années ?
Le ton était conciliant. Foch n’ignorait pas que le sujet était sensible pour son amie.
— Avant que je ne sois déchue, c’aurait été possible, mais plus aujourd’hui. Voilà pourquoi je connais l’emplacement de certains passages comme celui de Bronan. J’ai pris connaissance de leur existence avant que…
Wandéline s’interrompit brusquement. Elle n’avait jamais parlé à quiconque des véritables raisons qui l’avaient privée de ses privilèges de Fille de Lune assermentée ; elle n’allait pas commencer aujourd’hui ! Pour l’instant, elle préférait que tous croient que c’était parce qu’elle avait voulu s’allier avec les ennemis connus de la Terre des Anciens.
L’hybride et la sorcière reprirent leur marche en silence. Ils avançaient en tentant de garder la même distance entre eux et la clairière, s’éloignant légèrement quand le sol devenait trop meuble sous leurs pieds. Quelques heures plus tard, ils s’arrêtèrent soudain, à l’écoute.
De l’eau s’écoulait en cascade tout près. Ils s’approchèrent pour découvrir l’entrée d’eau du lac : un ruisseau de deux mètres de large au débit relativement rapide. Ils le traversèrent sans difficulté, mais, une fois de l’autre côté, Wandéline se retourna vers le cours d’eau, préoccupée.
— As-tu éprouvé une sensation étrange en traversant ?
Foch haussa les sourcils, surpris.
— Non ! Pourquoi ? J’aurais dû ?
Avant que Wandéline puisse répondre, l’eau se mit à s’écouler vers le lac de plus en plus vite, si bien que le ruisseau ne put contenir le débit. L’eau monta, puis déborda de son lit pour inonder lentement le sol. Les minces rigoles indisciplinées du début se muèrent progressivement en ruisseau, puis s’élargirent encore tandis que la vitesse d’affluence ne cessait de croître. Fasciné, Foch regardait l’eau s’accumuler autour de lui. Il ne semblait pas se rendre compte qu’il risquait de ne pas sortir vivant de cette forêt s’il ne réagissait pas. Wandéline, pour sa part, comprenait le danger qui les menaçait, mais elle était incapable de faire le moindre mouvement. À la minute où l’eau avait commencé à monter, son corps avait cessé de répondre aux commandements de sa tête. Pleinement consciente que la créature qui habitait les profondeurs de ce lac se défendait contre les intrus, elle se mit à fouiller frénétiquement sa mémoire à la recherche d’une formule capable de les tirer de ce mauvais pas. Rien d’utile ne lui vint à l’esprit. Figée, les pieds s’enfonçant lentement dans le sol, Wandéline voyait l’eau lui arriver maintenant aux genoux et continuer sa progression.
Elle vit Foch émerger finalement de son état d’hébétude. Pas plus qu’elle, cependant, il ne pouvait bouger ; une magie particulièrement puissante les en empêchait. La fascination de tout à l’heure avait fait place à la peur dans les yeux du vieil homme tandis que la réalité le rattrapait. Les minutes s’écoulèrent ensuite à la vitesse de l’éclair et l’eau atteignit les épaules, puis le menton des deux prisonniers. Au moment où tout espoir semblait perdu, une image traversa l’esprit de Wandéline, une image qui leur sauva la vie…
* *
*
De retour à l’orée de l’immense forêt, Foch et Wandéline séchaient magiquement leurs vêtements. Puis ils s’assirent dans les hautes herbes pour reprendre leurs esprits. Foch posa enfin la question qui lui brûlait les lèvres depuis qu’ils s’étaient extirpés des eaux montantes.
— Comment as-tu réussi à nous sortir de là ?
Wandéline eut un rire amer qui surprit Foch.
— Tu sais quoi ? C’est grâce à Alexis que nous sommes en vie ! Quelle ironie ! Je dois la vie à quelqu’un que j’exècre au plus haut point !
Trop heureux d’être toujours vivant, Foch éclata de rire.
— Tu ne pourras plus dire que ce jeune homme ne t’apporte que des ennuis ! Puis-je savoir comment Alix a réussi cet exploit ?
Wandéline haussa les épaules.
— Au point où j’en suis…
La sorcière toussota, puis s’expliqua.
— L’eau atteignait ma lèvre inférieure quand je me suis dit qu’Alexis serait sûrement heureux d’apprendre que j’étais enfin disparue. Au même moment, l’image de ce jeune effronté s’est imposée à mon esprit. Il courait vers le boisé pour se protéger des sortilèges que je lui lançais. Je venais tout juste de le surprendre en train de fouiller chez moi. Cet événement s’est produit quelques semaines avant la perte de mon grimoire…
La voix de Wandéline se durcit à ce souvenir, comme chaque fois qu’elle abordait le sujet.
— Je me suis souvenue que le dernier sortilège que j’avais lancé vers lui n’avait pas atteint sa cible. Il avait ricoché sur un arbre où son effet avait été des plus surprenants et sans aucun rapport avec ceux attendus : l’arbre en question avait carrément disparu. Je l’ai retrouvé à l’orée de la forêt, le lendemain. J’ai utilisé la même formule sur nous, me disant que les statues que nous étions devraient bien se mouvoir comme l’arbre d’autrefois…
— Nous aurions donc pu en mourir, lâcha Foch, sous le choc.
— D’une façon ou d’une autre, c’est ce qui nous attendait. Autant courir le risque ! Bon, ce n’est pas tout de se reposer, il va falloir s’y remettre, mon cher Foch. Nous sommes loin d’avoir trouvé ce pour quoi nous sommes venus.
— Comment comptes-tu t’y prendre ? Tu as vu ce dont cet endroit est capable.
— Ce n’est pas l’endroit qui se défend contre les intrus, mais bien ceux qui l’habitent. Donc, une espèce pensante ne veut pas que nous nous approchions du lac. Comme la magie utilisée n’est pas des plus simples, je soupçonne Hamien, le Sage mentionné dans le livre, ou une glyphe, mais pas une nymphe.
— Pourquoi un élémental aquatique veillerait-il en permanence sur une surface aussi petite ? C’est relativement grand pour un lac, mais on est loin des immenses mers intérieures qui foisonnent sur ce continent, non ?
— Justement. Si ce sont des glyphes qui veillent sur cet endroit, ça veut nécessairement dire qu’il vaut la peine de s’y attarder…
Foch poussa un soupir avant d’emboîter le pas à Wandéline. À sa grande surprise, celle-ci s’éloigna dans la direction opposée à l’entrée d’eau du lac.
— Je te rappelle que la magie s’est enclenchée lorsque nous avons traversé le ruisseau alimentant le lac. Si nous allons dans la direction opposée, nous devrons tout de même franchir la décharge de ce lac…
— C’est bien pour ça que je me dirige vers l’autre extrémité. Pour trouver cette fameuse décharge et la traverser, répliqua Wandéline en souriant. Tu verras, ce sera différent cette fois !
— Sûr, répondit Foch, sans entrain. Au lieu de mourir noyés, nous périrons aspirés par ces marécages humides… Vive le changement…
Wandéline lui jeta un coup d’œil incisif avant de poursuivre son chemin. Ils pénétrèrent dans la forêt au moment où le soleil atteignait son zénith. Comme la première fois, ils suivirent la lumière émanant de la clairière en restant en bordure des zones marécageuses. Une heure plus tard, ils entendirent à nouveau le bruit caractéristique de l’eau qui s’écoule et furent bientôt près d’un autre ruisseau, plus large et plus profond que le premier.
— Nous ne pourrons pas le franchir en posant les pieds sur des pierres comme nous l’avons fait pour l’autre, remarqua Foch. Celui-ci n’a aucun rocher qui affleure.
Le vieil homme se pencha légèrement au-dessus de l’eau.
— On ne voit même pas le fond de ce ruisseau ! Ce n’est pas normal, Wandéline. Il ne peut pas être plus profond que large !
Sans cesser de sourire, Wandéline tendit simplement la main. Un petit pont de bois se matérialisa alors.
— Ne me dis pas que tu n’es pas capable de réaliser la même chose…
Elle s’était tournée vers Foch, moqueuse. Celui-ci haussa les épaules, boudeur.
— Bien sûr que je suis capable ! Mais considérant ce qui nous est arrivé plus tôt, je doute que ce simple sortilège nous évite de graves représailles. Que tu traverses ce ruisseau en sautant sur des cailloux ou en marchant sur un pont, le fait est que tu le traverses tout de même !
— Puisque je te dis que nous ne risquons plus rien ! s’énerva Wandéline. Cesse de faire cette tête ! Pour une fois que je ne suis pas la plus pessimiste des deux…
Sur ce, la sorcière s’engagea sur le pont. Une fois de l’autre côté, elle se retourna, croisa les bras et attendit que Foch en fasse autant. Celui-ci ne bougea pas d’un poil.
— On dirait que tu n’as plus aucune conscience des dangers qui nous guettent…
La phrase du demi-cyclope se perdit dans un grondement en tous points semblable à celui qui avait précédé la montée des eaux en matinée. De fait, le ruisseau ne mit pas plus de quelques secondes avant de déborder. Immédiatement, la peur envahit le visage de Foch, qui n’osait plus bouger.
— Je te l’avais dit, Wandéline. Tu n’aurais pas dû…
Sa phrase mourut sur ses lèvres tandis que la sorcière tendait le bras vers lui. Avant même qu’il ne pense à s’opposer, Foch passa malgré lui au-dessus du ruisseau et atterrit sans douceur de l’autre côté.
— Qu’est-ce qui te prend ? cria-t-il, hors de lui.
Mais Wandéline n’était plus d’humeur à supporter cet entêté. D’un geste de la main, elle s’assura que tout déplacement devienne impossible. Dardant ses yeux dans ceux de la statue qu’était devenu son confrère, elle dit simplement :
— Et ne va pas t’imaginer que c’est la magie de l’endroit qui t’empêche de bouger, c’est moi. J’en ai plus qu’assez de tes lamentations !
Sans plus lui porter la moindre attention, Wandéline fixa le ruisseau et attendit. L’eau montait rapidement. D’ici peu, elle atteindrait la taille, puis les épaules des deux mages. La peur était revenue en force dans les yeux de Foch. Prisonnier de son corps, le vieil homme maudissait en silence le jour où il avait choisi de faire confiance à cette folle en puissance.
Alors que l’eau frôlait le menton de Wandéline, Foch vit avec stupeur l’élément se stabiliser. Se pouvait-il que cette chipie ait eu raison ?
Quelques minutes s’égrenèrent dans une attente angoissante avant que l’eau n’entame un mouvement inverse, comme une marée ayant atteint sa plénitude. Foch ferma les yeux et les rouvrit à plusieurs reprises pour se convaincre qu’il ne rêvait pas. Rapidement, l’eau se retira pour revenir à son niveau de départ. Fasciné, Foch regardait le phénomène en silence. Il n’était pas au bout de ses surprises.
Au lieu de se remettre à couler paisiblement, le débit du ruisseau s’accéléra encore une fois. L’eau passait de plus en plus vite devant les mages.
— L’eau se retire des marécages pour nous permettre d’accéder au passage entre la Terre des Anciens et un autre monde. Reste à espérer que ce dernier conduit à Mésa sinon tout sera à recommencer…
— Comment as-tu su ? Comment peux-tu en être certaine ? demanda Foch, doutant toujours.
Wandéline lui avait redonné son entière mobilité, non sans lui avoir lancé un sourire en coin. Elle leva les yeux au ciel, avant de se mettre en marche.
— Ce serait trop long à expliquer. Par contre, je peux te dire ce qu’il en est en ce moment. L’être qui veille sur ce lac savait que nous ne ferions pas l’erreur de traverser deux fois, à moins d’avoir compris que c’était la seule façon d’atteindre notre but. Pour s’en assurer, il a fait monter l’eau une nouvelle fois, sachant que si nous étions revenus par erreur, nous nous sauverions au premier signe de crue des eaux.
— Et maintenant ? Pourquoi l’eau se retire-t-elle ?
Tous deux suivaient le ruisseau vers l’amont et le sol était à peine humide sous leurs pas. Pourtant, tout autour, la végétation et l’enracinement des arbres démontraient clairement que l’endroit était inondé en permanence. Au cours des dernières minutes, le mage avait remarqué que des petites accumulations d’eau disparaissaient, comme si l’on avait subitement fait un trou au fond de celles-ci pour que l’eau s’écoule.
— Je te l’ai dit : pour nous permettre de rejoindre le passage qui se cache dans ce marécage. Un peu de patience…
Puis, plus pour elle-même, Wandéline ajouta :
— J’ai l’impression de retourner vers Bronan… Ça y ressemble tellement…
Ils finirent par atteindre ce qui devait normalement être la berge d’un très grand lac. Loin devant eux, l’eau continuait de se retirer, dévoilant son lit.
— Nous allons devoir longer la rive jusqu’à ce que nous apercevions une bande de terre s’y raccordant.
Foch hocha simplement la tête. Ils étaient à l’affût du moindre changement, ne sachant toujours pas avec certitude qui assurait la protection du lac. Leurs fouilles magiques n’avaient donné aucun résultat. Un peu plus tard, ce qu’ils croyaient chercher se dessina enfin à l’horizon.
Quelques minutes supplémentaires furent nécessaires pour arriver à la jonction d’une étroite bande de terre avec le rivage. Au loin, on pouvait apercevoir une île qui avait émergé grâce au retrait des eaux. Sans la moindre hésitation, Wandéline s’engagea sur le sentier. À peine eut-elle posé le pied sur l’ancienne partie immergée que le vent se leva. Coïncidence ?
La sorcière et son compagnon échangèrent un regard, l’air de dire au point où on en est rendus, et poursuivirent. Le parcours s’avéra difficile. Le sol était meuble sous leurs pas et ils s’enfonçaient souvent, parfois jusqu’à mi-mollet. Par endroits, l’eau recouvrait encore le sentier parsemé de roches et le vent soufflait de plus en plus fort, comme pour s’opposer. Défiant toute logique, de chaque côté de cette bande de terre, les eaux étaient sombres et apparemment profondes, comme un abîme qui attend celui ou celle qui fera un faux pas. Mais Foch et Wandéline tenaient bon. Contre toute attente, rien de grave ne vint troubler leur progression jusqu’à ce qu’ils posent les pieds sur l’îlot rocheux.
De dimension modeste, quinze mètres sur vingt environ, l’endroit ne présentait aucune particularité si ce n’est justement qu’il semblait dépourvu du moindre attrait. Ils avancèrent lentement, cherchant une marque sur une pierre, un indice leur indiquant un passage quelconque. La remarque de Wandéline lui revenant en mémoire, Foch demanda :
— Toi qui disais que ça ressemblait à Bronan, comment faisais-tu pour traverser, une fois en présence du passage ?
— Les ressemblances s’arrêtent au sentier qui mène à l’île où se trouve le passage vers Bronan. C’est une essence d’arbre extrêmement rare, mélange de conifère et de feuillu, qui permet de traverser vers ce monde si particulier. C’est d’ailleurs ce qui assure la reconnaissance des passages vers la terre d’accueil des Édnés ; ils sont toujours marqués par un épifrêne ou une forêt d’épifrênes. Toujours…
Sur ces derniers mots, le regard de la sorcière se noya au loin. La laissant à ses souvenirs, Foch continua d’avancer vers l’extrémité nord de l’île, puis s’arrêta net. Un triton, espèce aujourd’hui disparue de la Terre des Anciens, nageait vers eux, son trident brillant au soleil…