34

Quelques instants plus tard, tous trois quittaient Yshtia, escortés par une douzaine de gardes et par quelques courtisans proches du roi. La nouvelle de la dispute entre le père et la fille avait fait le tour du palais. Une scission se créait déjà entre les partisans du monarque et ceux d’Asdahyat.

Les cavaliers gravirent la colline septentrionale, puis longèrent la côte sauvage et désolée, qui, comme au sud, dominait l’Océan d’une hauteur impressionnante. Un soleil éclatant inondait les lieux battus par les vents. Comme pour confirmer les paroles de Jehn, les brumes avaient disparu. Cependant, il subsistait dans l’air une nébulosité qui troublait la vue à distance. Des vagues monstrueuses s’écrasaient sur d’énormes rochers noirs, en contrebas. C’était le royaume des oiseaux de mer, dont on apercevait les nids à flanc de falaise. Des nuées de goélands, de cormorans et de mouettes criardes tournoyaient au-dessus des flots.

Suivant une piste dallée, tracée depuis des générations, ils longèrent la côte en direction du levant. À mi-chemin, ils croisèrent un lourd chariot à roues tiré par des aurochs, dont les occupants les saluèrent servilement. Par-derrière marchaient une douzaine d’esclaves enchaînés, surveillés par des gardes. Gordlonn arrêta le convoi et invita Jehn à le suivre. Il ordonna à un homme de soulever la bâche qui couvrait le fourgon. De longues barres d’yrhonn apparurent.

– Le fer, dit le roi avec fierté. C’est de lui que nous tirons notre puissance. Il existe un gisement de minerai dans les terres de l’Intérieur. Ces pièces vont être amenées dans les forges d’Yshtia afin d’être façonnées par les artisans. Elles deviendront armures, sabres, cerclages de roues, vaisselle, et autres.

Il grommela :

– La science de la métallurgie est la seule que nous n’ayons pas encore oubliée. Il faut la sauvegarder.

Plus tard, ils arrivèrent en vue d’une vaste enceinte de pierres, aux murailles élevées. Des guerriers armés de lance et de fouet patrouillaient au sommet des remparts.

– Voici le camp des esclaves, expliqua Gordlonn. Nous le visiterons plus tard si tu le désires.

Il mit pied à terre et entraîna la petite troupe vers le bord de la falaise proche. Le site dominait l’Océan, au-delà duquel on devinait, à l’horizon, une côte lointaine.

– La baie de Thouarn, commenta le souverain. Toutes les tribus qui vivent le long de ces côtes sont sous notre domination. Elles nous fournissent l’essentiel de nos esclaves. Ce sont pour la plupart des Mangeurs d’hommes. Mais nous savons les dompter. Ils nous prennent pour des dieux et nous craignent. C’est pourquoi nous n’avons pas besoin de piller les nations lointaines comme la tienne.

– C’est pourtant ce qui s’est passé.

– Je te l’ai dit. C’est mon fils qui dirige ces expéditions. Il a agi sans mon consentement. J’ignorais les accords qu’il avait passés, avec ton kheung.

– Ces accords sont rompus à présent. J’ai tué le roi et son conseiller.

– Tu les as tués ?

– Ils n’étaient pas dignes de gouverner la nation de la Petite Mer.

– Et les tiens ne t’ont pas puni pour ce crime ?

– Non ! Ils m’ont demandé de devenir kheung à mon tour. Mais j’ai refusé. Je voulais tout d’abord délivrer ceux que les Khress avaient emportés.

Gordlonn le regarda, stupéfait, puis éclata d’un rire sonore.

– Décidément, tu me surprends de plus en plus, Jehn. Tu ne doutes de rien. Tu es venu seul, lutter contre tout un peuple plus puissant que le tien.

– Je ne suis pas seul. La déesse-mère, Gwanea, me soutient. Sa puissance est infinie.

– La déesse-mère ? Penses-tu qu’elle t’aidera toujours ? Nos dieux nous ont bien abandonnés.

– Ils vous ont abandonnés parce que vous ne leur accordiez plus votre confiance. Ou peut-être parce que vos ancêtres avaient commis des crimes abominables. Mais les dieux ne meurent pas ! Ils ne meurent jamais !

La dernière réflexion étonna le roi, qui ne sut que répondre.

– Suis-moi ! dit-il.

Puis il saisit le bras de la devineresse et s’avança avec précaution le long d’un chemin abrupt qui descendait vers le flanc de la falaise. Un peu inquiet, Jehn les suivit. Les courtisans les imitèrent en jacassant.

Plus loin, le chemin se transformait en un escalier taillé dans la roche, qui menait vers une caverne s’enfonçant dans le cœur de la paroi. Ils débouchèrent bientôt dans un réseau de galeries éclairées par des lampes à huile, et creusées dans la pierre par la main de l’homme. À l’intérieur, sous le contrôle de maîtres d’œuvre équipés de fouets, une armée de pauvres hères s’affairait, charriant d’énormes hottes emplies d’une terre lourde, de couleur gris sombre. D’autres portaient d’énormes vasques de pierre, de formes différentes.

– Le minerai de fer, expliqua Gordlonn. Et là, ce sont les formes. Tu vas voir à présent ce qu’est un four à vent.

Ils poursuivirent leur progression, s’enfonçant de plus en plus loin dans les entrailles de la falaise. Enfin ils parvinrent dans une vaste grotte illuminée d’une lueur rougeâtre, et où régnait une chaleur infernale. Un grondement formidable l’emplissait. Au fond, la caverne s’ouvrait vers l’extérieur par des orifices disposés de manière étonnante, protégés par des vantaux amovibles. Tous s’orientaient vers un foyer creusé dans la roche, et surmonté d’une vasque immense où des esclaves déversaient leurs hottes de terre grise par un système de gouttières. D’épaisses cuirasses de cuir les protégeaient de la chaleur et des escarbilles qui jaillissaient de l’enfer. Jehn devina, au-dessus, une cheminée qui aspirait les vapeurs du brasier. Un réseau de plans inclinés permettait de rouler d’énormes billes de bois dans le feu.

– Ceci est un four à vent[13], déclara le roi. Le fer fond à une température très élevée, que seuls les vents océaniques soufflant en permanence sur ces falaises nous permettent d’atteindre. Regarde.

Lorsque les esclaves eurent terminé de charger la vasque, on ôta les vantaux des orifices, tout en rajoutant d’énormes bûches dans le foyer. Bientôt, le minerai fondit, en émettant d’épaisses volutes que les vents aspiraient par la cheminée. L’air s’imprégna d’une odeur alliacée. La chaleur augmenta encore. Jehn se demanda comment les esclaves pouvaient lui résister, alors qu’ils se situaient beaucoup plus près du foyer. Peu à peu, la terre grise se mit à rougeoyer. Puis elle se transforma en une pâte molle à la surface de laquelle éclataient de grosses bulles incandescentes. Les parois de la caverne reflétèrent des lueurs mouvantes couleur de sang.

– Certaines impuretés sont éliminées par les vapeurs, commenta Gordlonn. D’autres, plus lourdes, sont absorbées par la vasque elle-même.

Jehn n’aurait su dire combien de temps dura l’opération. Il fallut plusieurs fois rajouter d’énormes troncs dans le foyer dont la luminosité, virant au blanc, devint à peine soutenable. Les spectateurs, fascinés, retinrent leur souffle. Parfois, un caprice des vents hurlants ramenait quelques volutes de vapeurs infernales vers l’endroit surélevé où se tenaient le roi et ses compagnons. Alors, tout le monde se mettait à tousser de belle façon.

Un grondement infernal s’enflait au fur et à mesure que le métal se liquéfiait. Déjà, quelques courtisans s’étaient écartés, puis enfuis dans les souterrains.

Soudain, de hautes flammes s’élevèrent au-dessus de la vasque. Un maître d’œuvre s’approcha avec prudence. Jugeant que le liquide avait atteint un niveau satisfaisant, il ordonna aux esclaves de manœuvrer un étrange système de leviers à contrepoids. Ils commencèrent à enrouler les énormes chaînes qui commandaient la vasque.

Elle bascula avec une lenteur majestueuse, dans un bruit sinistre. Peu à peu, le liquide de feu s’écoula dans un réseau de rigoles creusées dans la roche. À l’aide de longs instruments, d’autres esclaves déposèrent des formes taillées dans la pierre sur différentes parties des rigoles.

Soudain, un craquement inquiétant déchira l’air, suivi de hurlements de terreur. L’instant d’après, l’une des chaînes qui soutenaient la vasque céda. Le récipient vacilla sur ses bases, puis se renversa, tandis qu’une fumée incandescente envahissait la galerie. Quelques personnes affolées voulurent s’enfuir et se piétinèrent les unes les autres. Les cris de terreur redoublèrent.

Jehn comprit que le métal fondu allait déborder, envahir la galerie et embraser tout ce qui s’y trouvait, esclaves et spectateurs compris. Haletant, sans vraiment avoir conscience de ce qu’il faisait, il focalisa son énergie sur le récipient géant, une puissance mentale qu’il sentait de nouveau vibrer au plus profond de lui. Il tendit les mains devant lui, comme s’il avait voulu contenir la coulée létale.

Tout à coup, un bruit phénoménal emplit la galerie. Les parois rocheuses se mirent à vibrer sous l’effet d’une force inconnue. Tandis que des fissures craquelaient la voûte, libérant des coulées de pierres et de poussières, le fond de la caverne explosa vers l’extérieur, pulvérisa la falaise, et découpa une plaie béante ouverte sur l’Océan. La vasque chancela, puis, comme soufflée par une énergie extraordinaire, bascula lentement par la brèche, emportant avec elle son contenu mortel.

Abasourdi, le roi s’approcha de Jehn, suivi de Callisto et de courtisans plus courageux que les autres. Les esclaves, pétrifiés, n’osaient plus faire un geste. Rien ne pouvait expliquer ce qu’ils venaient de voir. Puis leurs regards se portèrent vers l’endroit où se tenait le souverain et sa suite. Ils découvrirent alors le géant vêtu de rouge, les mains tendues vers l’avant. Ils comprirent que c’était lui qui avait provoqué le phénomène. Un miracle auquel ils devaient tous la vie.

Les yeux hagards, Jehn baissa les bras et reprit son souffle. Les vents marins s’engouffraient dans la galerie effondrée, emportant les vapeurs épaisses vers les profondeurs du réseau. Une brume étouffante baignait les lieux, brouillant la vue. Quelques lampes à huile s’éteignirent, plongeant la caverne dans une semi-pénombre.

Tout à coup, des grondements inquiétants retentirent. Le sol se mit à trembler. Jehn se tourna vers les autres et hurla :

– Fuyez ! Tout va s’écrouler.

Alors, dans un mouvement de panique, les courtisans entraînèrent le souverain et s’engouffrèrent dans le réseau de galeries, vers la sortie, suivis des esclaves et des gardes. Jehn s’écarta pour les laisser passer. Si la voûte s’effondrait, lui seul pourrait peut-être tenter quelque chose, si les dieux lui accordaient encore leur secours. Mais la galerie se vida rapidement. Il regarda autour de lui. Tout le monde s’était échappé.

Surgie de nulle part, une frêle silhouette se dressa à ses côtés. Callisto.

– Pourquoi n’as-tu pas fui ?

– Je ne voulais pas te laisser seul !

– Tu risques d’être tuée ! Viens !

Il lui prit la main et se mit à courir. Déjà, la paroi se fissurait en plusieurs endroits. Des pierres roulaient sous leurs pieds. Ils parcoururent ainsi une longue galerie où soufflait un vent violent provoqué par l’éboulement. Le sol vibrait.

Peu à peu, tout se calma. Ils s’arrêtèrent de courir. La caverne se trouvait plongée à présent dans une obscurité quasi totale. La plupart des lampes à huile avaient été soufflées par les vents. Jehn saisit une torche qui brûlait encore et l’emporta.

Soudain, la jeune femme hurla de douleur et s’écroula sur le sol. Elle s’était tordu la cheville. Jehn la prit dans ses bras et poursuivit son chemin.

– Tu n’as pas peur ? demanda-t-il.

– Avec toi, je ne redoute rien.

Elle leva vers lui des yeux rougis par les vapeurs méphitiques.

– Je ne m’étais pas trompée. Tu es bien celui que je croyais. Tu possèdes la force des dieux anciens.

Elle blottit sa tête contre l’épaule du jeune homme.

– Et je… je voudrais être la femme que tu aimes.

Il ne répondit pas. La douceur des formes tièdes dans ses bras éveillait en lui une sensation nouvelle. Jusqu’à présent, il n’avait vu en elle qu’une devineresse, un être inaccessible, protégé par ses pouvoirs mystérieux. Il découvrait qu’elle était aussi une femme, et qu’elle était très belle.

Enfin, ils parvinrent à sortir de la caverne. Après la fournaise de la galerie, le froid extérieur les surprit. Une foule inquiète était rassemblée sur la falaise, en plein vent, scrutant avidement l’ouverture. Parmi elle, une silhouette gesticulait et vitupérait. Gordlonn.

– Je vous ferai tous pendre par les tripes s’ils n’en réchappent pas. Vous les avez abandonnés.

Lorsqu’il aperçut Jehn portant Callisto, il se précipita vers eux.

– Tu l’as sauvée ! Tu as sauvé la vie de Callisto !

Jehn déposa la jeune femme à terre. Le roi la prit dans ses bras et la serra avec force. De grosses larmes roulaient sur ses joues. Puis il se tourna vers Jehn.

– J’ai cru que vous aviez péri sous les décombres.

– J’ai attendu que tout le monde soit hors de danger. Je n’avais pas vu que Callisto était restée avec moi.

– Elle est la seule personne qui me témoigne de l’affection. Si elle était morte…

Le roi saisit les mains du jeune homme.

– Nous te devons tous la vie, Jehn. Je sais à présent que tu es bien protégé des dieux. Nul homme n’est capable d’un tel exploit. Je vais accéder à ta demande.

– Libérer les esclaves ?

– Oui, libérer les esclaves. Suis-moi !

Il enlaça la jeune femme pour l’aider à gravir l’escalier qui menait au sommet de la falaise. Elle gémit. Le roi s’inquiéta aussitôt.

– Que se passe-t-il ?

– Ce n’est rien ! Je me suis tordu le pied.

L’instant d’après, il s’agenouillait pour examiner la cheville de Callisto.

– Mes médecins vont te soigner. Ce ne sera rien.

Gordlonn se redressa et observa Jehn avec un sourire amusé.

– Mon ami, je vois dans tes yeux que tu te demandes si Callisto est ma maîtresse. Eh bien ! non. Callisto est vierge, comme doivent l’être tous les êtres dotés du don de prédire l’avenir. Le jour où elle connaîtra l’homme, elle perdra ses pouvoirs. C’est pourquoi je la garde toujours à mes côtés. Je sais que mon fils Brendaan s’est juré de la violer pour la rendre inoffensive, comme il dit. Mais, moi vivant, il n’y touchera pas !

En fait, ce n’étaient pas seulement les pouvoirs de divination de la jeune femme qui attiraient le roi. Il éprouvait pour elle une tendresse qui n’était pas loin de ressembler à de l’amour paternel.

Jehn reprit Callisto dans ses bras pour l’aider à gravir le chemin abrupt. Bientôt, tout le monde se retrouva hors de danger, au sommet de la falaise. À cet instant seulement, il se rendit compte que les autres le regardaient avec stupeur, les Khress comme les esclaves. Une femme d’âge mûr s’approcha de lui avec crainte, s’agenouilla, et lui prit la main.

– Je sais à présent qui tu es, Jehn ! Seul un dieu possède la puissance d’accomplir de tels prodiges.

Un autre phénomène le surprit. Pour la première fois, les prisonniers, les courtisans et les gardes demeuraient mêlés les uns aux autres, indistinctement. Les fouets ne claquaient pas.

Ils se dirigèrent vers l’enceinte de pierre. Un large portail à deux battants en commandait l’entrée. Sur un ordre du souverain, les gardes l’ouvrirent. Ils pénétrèrent dans l’enclos, où s’étiraient de longues maisons basses aux toits de chaume. Une foule apeurée se rassemblait déjà. On avait entendu le grondement et ressenti le frémissement qui avait parcouru le sol.

Jehn s’avança, le cœur battant. Si la petite Saadrah ne s’était pas trompée, son épouse était enfermée dans ce lieu.

Soudain, il crut que sa respiration s’arrêtait. Une petite silhouette se détacha des esclaves en haillons et s’avança vers le jeune homme d’un pas incertain.

– Jehn !

– Myria !

Le Prince Déchu
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