La plaie s’était asséchée. Avec son large mouchoir, horde d’ocre, Anton continua de tamponner les tempes puis le cou de Marie.

Il se baissa, murmura :

« Anya, ma femme, ramènera Steph, je la connais. Elle est têtue, une vraie petite mule. »

Elle sourit. Sa blessure la faisait moins souffrir. La présence du vieil homme, le départ précipité de la femme, ravivaient l’espoir. Elle s’efforça de penser à l’avenir. Elle se vit le corps ployé en avant, munie d’ailes musclées qui repoussent les ténèbres du présent. Elle est dans les bras de Steph, elle chasse les cauchemars, elle exclut les guerres. Elle ne vit que d’amour. Levant les yeux vers le vieil homme toujours penché au-dessus d’elle, elle se souvient de sa femme, et de son visage à lui, d’abord terrifié, puis résolu et confiant.

Depuis leur arrivée tout a changé. Leur présence a tout transformé. Ils seront, elle le sait, auprès d’elle, jusqu’au bout…

Pourquoi a-t-elle pensé « jusqu’au bout » ? En cet instant elle ne se résigne pas ; elle ne veut pas mourir, elle ne mourra pas.

« Je te reverrai Steph. Je survivrai. Nous ne nous quitterons plus. »