5 Dès 1926, on trouve des citations de Diderot, de Schopenhauer, de Nietzsche, dans les cahiers d’études de Cioran. À l’âge de dix-sept ans évoqué, en 1928, Cioran est inscrit à la faculté de lettres et de philosophie de Bucarest (1928 / obtention de la licence en juin 1932). Gabriel Liiceanu, dans Itinéraires d’une vie : E. M. Cioran, précise les lectures philosophiques d’époque de Cioran : Schopenhauer, Nietzsche, Simmel, Wölfflin, Kant, Fichte, Hegel, Husserl, Bergson, Chestov. Dans un entretien avec Irène Bignardi, de 1982, Cioran précise que ses insomnies furent à l’origine d’une relativisation de l’apport philosophique : « Jusque-là, j’avais cru aveuglément en la philosophie, j’étais fasciné par les grands systèmes – Kant, Hegel, Fichte. Mais à partir du moment où quelque chose me contraignit à la veille des nuits entières […] a pris corps en moi une continuité absolue, exaspérante. Cela m’a fait découvrir que la philosophie n’avait pas de réponse aux interrogations suscitées par cette expérience de la veille ininterrompue qui était la mienne. »