7 Cioran avait quitté Rasinari, son village natal, et la vue sur la colline Coasta Boacii, la rivière Caselor – assimilés au paradis – en 1921, pour rentrer au lycée Gheorge-Lazar à Sibiu. « J’habitais une ville presque aussi belle que Tübingen : Sibiu, en Transylvanie. » Il lit assidûment à la bibliothèque Astra et sur les remparts de la ville. Sa famille le rejoignit en 1924 et ils habitèrent 11, rue Tribuna. Il part pour la faculté de Bucarest en 1928, pour suivre des études de lettres et de philosophie (1928- 28 juin 1932). On le retrouve en Allemagne, boursier de la Fondation Humboldt, à Berlin en 1933, puis à München en 1934. Il retourne en Roumanie en 1935. En 1936, il effectue son service militaire dans l’artillerie. Il exercera brièvement au lycée Andrei-Saguna de Brasov. Fin 1937, Cioran est boursier de l’Institut culturel français de Bucarest (il le sera jusqu’en 1944), dirigé par Alphonse Dupront, et réside à Paris, dans des hôtels (hôtel Marignan, 13, rue du Sommerard, Paris Ve, hôtel Majory, 20, rue Monsieur-le-Prince, Paris Ve, 6, rue Rollin, le dernier rue Racine, avant de vivre avec Simone Boué dans sa célèbre mansarde, 21, rue de l’Odéon, « sous les combles »…). Il parcourt la France à bicyclette et fréquente de nombreuses auberges de jeunesse (Bagnières-de-Bigorre, Toulouse, Brest, Quiberon, Biarritz…) au lieu de se consacrer à une thèse sur « les conditions et les limites de l’intuition », proposée en juin 1937. Il envoie le manuscrit du Précis de décomposition en mars 1947. La publication en sera ajournée, et le Précis est lancé à l’automne 1949- Il obtient le prix Rivarol, à l’unanimité du jury (9 membres) : « À Paris, on tient ce geste pour un succès sans précédent », écrit-il à ses parents le 29 juin 1950.