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Dans la salle de contrôle de L’Oregon, Max Hanley étudiait les images météo envoyées par satellite. Une cellule de nuages, dont le centre était d’un rouge sang, planait au-dessus de l’eau entre Hong Kong et Macao.
— Montrez-moi le mouvement, demanda-t-il à un opérateur.
L’homme appuya sur quelques touches et l’image se mit en mouvement en une lente vague qui ondoyait vers l’ouest. Si elle poursuivait à la même vitesse, la tempête passerait au-dessus de Macao vers quatre heures du matin. Et à l’heure du petit déjeuner, elle se déplacerait vers l’intérieur de la Chine et le ciel s’éclaircirait. Mais d’ici là, la pluie ne cesserait pas.
— Eddie, appela Hanley, il va falloir que vous interveniez avec une équipe dans le tunnel.
Eddie Seng était l’homme de terrain par excellence de la Corporation. Ancien membre d’une unité de reconnaissance dans les Marines, il avait été le fer de lance de plus d’un projet de la Corporation, grâce à un don pour se sortir des situations les plus difficiles. Jusque-là, Cabrillo et Hanley l’avaient gardé en réserve sur cette opération et il lui tardait d’entrer dans la danse.
— Je vais avoir besoin de deux Zodiac et d’un moyen pour repérer les hommes si l’eau continue à monter, dit Seng.
— Murphy, Kasim et Huxley, déclara vivement Hanley. Je m’occupe de faire préparer les bateaux et l’équipement. Seng, rassemblez votre équipe et retrouvez-moi ici.
Seng sortit rapidement de la salle de contrôle.
— Pas de commentaire, déclara Sung Rhee en raccrochant son téléphone, excédé.
Les journalistes de la presse locale avaient appris qu’il se passait quelque chose, même s’ils en ignoraient la nature. L’hôpital était rempli d’invités de la réception de Ho, qui rentraient un à un chez eux à mesure que les effets de la drogue s’estompaient. L’explication officielle des malaises était un empoisonnement alimentaire, mais ce mensonge était peu convaincant et la vérité ne tarderait pas à éclater. On enquêtait sur les séquestrations ; de cela, les journalistes munis de scanners de police étaient sûrs. Le cambriolage au temple A-Ma, l’explosion de la Peugeot, l’incendie au cœur du défilé, sur tout cela, les reporters s’étaient mis à enquêter. Seule la maison de Stanley Ho leur était fermée. Une fois seul, il s’était barricadé contre les intrus. En début de matinée, Rhee serait obligé de faire une déclaration.
Son téléphone sonna.
— L’épave du char est en train de refroidir, mais nous ne pouvons pas encore nous approcher suffisamment pour examiner les décombres, dit l’inspecteur Po. Mais d’après moi, ils ont été brûlés dans la déflagration.
— Est-ce que le char est resté tout le temps sous surveillance ? demanda Rhee.
— Oui, chef, dit Po.
— Alors retrouvez-moi des dents, dit Rhee. Et de l’or fondu.
— Oui, chef.
Po observa les pompiers qui aspergeaient encore la carcasse métallique tordue. D’ici une heure, il devrait pouvoir inspecter tout cela, et dans l’intervalle le cambriolage de chez Ho serait prioritaire. Quelque part à Macao se trouvait un autre Bouddha d’or, et Po avait bien l’intention de mettre la main dessus.
— Nous nous étions mis d’accord pour un règlement en liquide, répondit Spenser à la question de Cabrillo.
Monica Crabtree était en communication avec L’Oregon sur une ligne sécurisée. Elle griffonna quelques notes sur un bout de papier et raccrocha.
— Monsieur le président, dit-elle, je pense que vous devriez jeter un coup d’œil.
Nixon était en train de faire la maquette des papiers de Spenser. Une fois la mise en page terminée, les données furent envoyées à L’Oregon, où se trouvait un stock de passeports, de titres de séjour et de cartes de crédit vierges. Quelqu’un à bord imprimerait le tout et l’apporterait au hangar.
Cabrillo regarda les notes de Crabtree et les lui rendit.
— Déchirez ça.