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Tom Reyes, avec Franklin Lincoln comme passager, conduisait à une allure démente. Lincoln regarda les fichiers des taxis avant de relever les yeux.
— Trois taxis ont été envoyés au port, dit-il. Les numéros 12,121 et 42.
— J’étais branché sur leur central d’appel, dit Reyes. Le 42 a déjà déposé son client à l’Hôtel Lisboa et le numéro 12 a pris la New Road. Il doit être dans le 121. Il a appelé le standard des taxis en disant qu’il devait se rendre au Hyatt Regency de Taipa, que le taxi devrait l’attendre là et le reprendre.
Reyes emprunta le pont qui menait à Taipa.
— Appelle Hanley et explique-lui la situation.
Lincoln alluma sa radio et fit son rapport à la salle de contrôle.
— Donnez-moi une ou deux minutes, demanda Hanley.
— Rentrez dans le système du Hyatt Regency, dit-il à Éric Stone, un opérateur, en lui tendant une feuille de papier, et trouvez-moi cette chambre.
Les mains de Stone voltigèrent sur le clavier ; quelques secondes plus tard, il se tournait vers Hanley.
— Beau timing, commenta Stone. Il est tout juste en train de s’enregistrer.
Il attendit que les données s’affichent sur l’écran.
— Chambre 2214, lut-il.
— Hyatt Regency, chambre 2214, retransmit Hanley à Lincoln, et dépêchez-vous de l’attraper ; s’il a demandé au taxi de l’attendre, c’est qu’il doit partir bientôt pour l’aéroport.
— Compris, fit Lincoln. Et ensuite ?
— Amenez-le ici.
Reyes arrivait devant le grand hôtel.
— Chambre 2214, dit Lincoln. On l’attrape et on l’amène sur L’Oregon.
Reyes arrêta sa voiture et serra le frein à main.
— Tu as de l’argent ?
— Oui, pourquoi ? demanda Lincoln.
— Voilà le taxi, dit Reyes en le montrant du doigt.
Paie-le et dis-lui de partir. Puis retrouve-moi au vingt-deuxième étage.
Michael Talbot paya le chasseur et referma la porte. Il était attendu à l’aéroport d'un instant à l'autre, mais il se sentait sale et opta pour une douche rapide. Il se déshabilla, passa dans la salle de bains et régla la température de la douche.
Tom Reyes ouvrit son portefeuille d’où il sortit un passe universel, qu’il introduisit dans la fente. Lorsque le voyant vert se mit à clignoter, il ouvrit lentement la porte. Il crut tout d’abord que la chambre était vide, puis il entendit la douche couler. Il s’apprêtait à refermer la porte lorsqu’il perçut des pas dans le couloir. Passant la tête dans l’entrebâillement, il vit Franklin. Il posa un doigt sur ses lèvres et lui fît signe d’entrer.
— Barrett, demanda Hanley, vous avez l’expérience de la Boutique magique ?
— J’y ai déjà bossé, répondit-il.
— Descendez-y et faites chauffer la machine à latex.
— C’est comme si c’était fait, patron, répondit Barrett en s’éclipsant.
Talbot s’essuyait avec une serviette en réfléchissant à ce qu’il allait porter. Il sortit de la salle de bains et passa dans la chambre. Un grand Noir baraqué était assis au bureau et cette découverte le surprit tellement que son cerveau ne fut pas tout de suite capable de l’analyser.
Puis une main surgit de derrière la porte et se plaqua sur sa bouche. On le jeta sur le lit, le visage contre la couette. Puis, très vite, on le bâillonna et on lui banda les yeux, tout en lui ligotant bras et jambes.
On lui mit des boules Quiès dans les oreilles, et il n’entendit pas Reyes parler à Lincoln.
— Je vais chercher un chariot de service. Toi, tu restes là.
Lincoln hocha la tête et alluma la télé. Leur prisonnier ne risquait pas de bouger. Ficelé comme une dinde de Thanksgiving, il ne remuait pas un muscle. Huit minutes plus tard, Lincoln et Reyes l’avaient fait sortir de l’hôtel par une porte de service, puis avaient amené la voiture pour l’installer à l’arrière.
— J’ai faim, dit Reyes en changeant de vitesse.
— C’est pas vrai, fit Lincoln, tu remets ça !