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Sur la plate-forme de la Zapata Petroleum, Delbert Chicklag sortit la feuille de papier que venait de cracher le fax et renouvela son appel à l’hélicoptère qui effectuait son approche ; puis il revint vers la salle à manger et tendit le fax à Gunderson.
— Ça vient d’arriver pour vous.
— Merci, répondit Gunderson en jetant un coup d’œil à la photo du biplan avant de la plier et de la ranger dans son portefeuille.
À ce moment-là, une sirène retentit deux fois sur la plate-forme.
— Votre chauffeur est là, dit Chicklag.
Accompagnant le trio juste en dessous de l’aire d’atterrissage, Chicklag attendit que l’hélicoptère se soit posé, puis il cria :
— Vous pouvez monter, maintenant ; baissez la tête, les portes devraient être ouvertes.
— Merci de votre hospitalité ! cria Michaels.
— Attention à vos cheveux, mesdames ! recommanda Chicklag alors qu’elles gravissaient l’échelle.
Quatre minutes plus tard, l’hélicoptère était de nouveau en vol et revenait vers la terre ferme. Chicklag secoua la tête en le regardant s’éloigner, puis il regagna son bureau pour faire son rapport.
Gunderson tendit la photo du biplan au copilote.
— Il est dans la partie nord de l’aéroport, dit-il au copilote qui épingla la photo à une sangle autour de son genou. Si vous pouviez atterrir pas trop loin, nous vous en serions reconnaissants.
Le copilote remit son casque en place et transmit l’information au pilote, qui accepta la requête d’un geste de la main. Le copilote sourit à Gunderson avec un petit hochement de tête et lui fit signe de regagner son siège.
Vingt minutes plus tard, on apercevait la côte sud du Viêt Nam. Comme ils survolaient des eaux peu profondes, Gunderson aperçut une épave sous l’eau. Dans les buissons sur la rive, se trouvait la carcasse d’un char détruit pendant la guerre, une trentaine d’années auparavant.
Pilston lui tapa sur l’épaule au moment où l’hélicoptère approchait de l’aéroport et essayait de repérer l’Antonov de haut. Le pilote ralentit et s’approcha du grand biplan, puis il resta suspendu au-dessus du tarmac. Lorsqu’ils eurent touché le sol en douceur après avoir descendu les quinze derniers mètres, le copilote détacha sa ceinture, puis se leva pour déverrouiller la porte du Bell.
— À la prochaine ! cria-t-il.
Gunderson, Pilston et Michaels s’éloignèrent de l’hélicoptère en courant, la tête rentrée dans les épaules.
Lorsqu’ils se furent assez écartés, le pilote enclencha les gaz, tira la commande de pas et déplaça le manche cyclique, si bien que le Bell s’éleva dans les airs, en tournant, avant de disparaître dans la brume vers le sud.
Le trio était à trois mètres du biplan lorsque Michaels ouvrit la bouche.
— Mais qu’est-ce qu’on va faire de ce monstre ?
— Le plan, dit Gunderson en ouvrant la porte pour regarder à l’intérieur, c’est de voler jusqu’à L’Oregon.
— Et pour quoi faire ? demanda Pilston.
— Notre président a une réunion qu’il ne doit pas louper.