[4185] Deux grands maîtres de la science ecclésiastique, le père Thomassin (Discipl. de l’Église, t. III, p. 1090-1139) et le père Mabillon (Études monastiques, t. I, p. 116-155) ont examiné sérieusement les travaux et les ouvrages mécaniques des moines, que le premier considère comme méritoires, et le second comme un devoir qu’ils remplissaient.
[4186] Mabillon (Études monastiques, t. I, p. 47, 55.) a rassemblé plusieurs faits curieux pour démontrer l’utilité des travaux littéraires de ses prédécesseurs dans l’Orient et dans l’Occident : On faisait de fort belles copies des livres dans les anciens monastères de l’Égypte. (Cassiers, Instit., l. IV, c. 4.) Les disciples de saint Martin se livrèrent aussi à ce genre de travail. Sulpice Sévère, in Vit. S. Martini, c. 7, p. 413. Cassiodore a donné aux études des moines une grande latitude, et nous ne devons pas être scandalisés de voir leur plume quitter quelquefois saint Augustin et saint Chrysostome pour Homère et Virgile.
[4187] Thomassin (Discipline de l’Église, t. III, p. 118-145, 146, 117-179) a examiné les révolutions de la loi civile et canonique. La France moderne a confirmé la mort civile que les moines se sont infligée eux-mêmes, et les prive avec raison du droit de recevoir des successions.
[4188] Voyez saint Jérôme, t. I, p. 176-183. Le moine Pambo fit une réponse, sublime à sainte Mélanie qui désirait faire l’évaluation de ce qu’elle donnait à l’Église : Est-ce à moi ou à Dieu que vous l’offrez ? Si c’est à Dieu, celui qui pèse l’univers dans sa balance n’a pas besoin que vous lui appreniez la valeur de votre argent. Pallad., Hist. Laus., c. 10, in Vit. Patrum, l. VIII, p. 715.
[4189] Zozime, l. V, p. 325. La puissance souveraine des bénédictins s’élevait cependant de beaucoup au dessus de l’opulence des moines d’Orient.
[4190] Le sixième concile général, le Quinisext. in Trullo, canon 47 (dans Beveridge t. I, p. 213), défend aux femmes de passer la nuit dans un couvent d’hommes, et réciproquement aux couvent de femmes de donner l’hospitalité nocturne à des hommes. Le septième concile général, le second de Nicée, canon 20 (dans Beveridge, t. I, p. 325) défend l’institution de monastères composés des deux sexes ; mais il paraît, d’après Balsamon, que cette défense fut inefficace. Voyez Thomassin (t. III, p. 1334-1368), relativement aux dépenses et aux irrégularités du clergé et des moines.
[4191] J’ai lu ou entendu raconter quelque part l’aveu sincère d’un abbé de l’ordre des bénédictins : Mon vœu de pauvreté m’a valu, cent mille écus de rente ; mon vœu d’obéissance m’a élève au rang de prince souverain. Je ne me rappelle pas ce que lui a valu son vœu de chasteté.
[4192] Pior, moine égyptien, reçut la visite de sa sœur ; mais if tint les yeux fermés tout le temps qu’elle resta avec lui. (Voyez Vit. Patrum, l. III, p. 504.) On pourrait citer beaucoup d’autres exemples de ce genre.
[4193] Les 7, 8, 29, 30, 31, 34, 57, 60, 86 et 95 la Règle de saint Pachôme sont d’une sévérité intolérable relativement au silence et à la mortification.
[4194] Cassien détaille longuement, dans les troisième et quatrième livres de ses Institutions, les prières que les moines faisaient jour et nuit, et il donne la préférence à la liturgie qu’un ange avait dictée au monastère de Tabenne.
[4195] Cassin décrit, d’après sa propre expérience, l’acedia ou engourdissement de corps et d’esprit auquel un moine était exposé dans la tristesse de sa solitude. Sœpiusque egreditur et ingreditur cellam, et solem velut ad occasum tardiùs properantem crebrius intuetur. Instit., X, 1.
[4196] Les souffrances et les tentations de Stagyrius ont été confiées par ce malheureux jeune homme à saint Chrysostome, son ami. (Voyez les Œuvres de Middleton, vol. I, p. 107, 210.) On trouve quelque chose de semblable au commencement de la vie de presque tous les saints ; et le fameux Inigo ou Ignace, fondateur des jésuites, peut servir d’exemple. Vie d’Inigo de Guipuscoa, t. I, p. 29-38.
[4197] Fleury, Hist. ecclés., t. VII, p. 6. J’ai lu dans la vie des Pères, mais je ne me rappelle pas en quel endroit, que plusieurs moines et même je crois un grand nombre d’entre eux, qui n’osèrent pas révéler leurs tentations à leur abbé, se rendirent coupables de suicide.
[4198] Voyez les septième et huitième Conférences de Cassien, qui examine gravement pourquoi les démons sont moins nombreux et moins malfaisants que du temps de saint Antoine. L’Index de Rosweyde, Vita Patrum, indique un grand nombre de scènes infernales. Les diables étaient toujours plus à craindre quand ils paraissaient sous la forme d’une femme.
[4199] Pour la distinction des cénobites et des ermites principalement en Égypte, voyez saint Jérôme (tom. X, p. 45, ad Rusticrum) ; le premier Dialogue de Sulpice Sévère ; Rufin (c. 22, in Vit. Patrum, l. II, p. 478) ; Pallad. (c. 7, 69, in Vit. Patr., l. VIII, p. 712-758.) ; et, par-dessus tout, les dix-huitième et dix-neuvième Conférences de Cassien. Ces écrivains, en comparant la vie des moines réunis en communauté et celle du solitaire, découvrent l’abus et le danger de la dernière.
[4200] Suicer., Thesaur. ecclés., l. II, p. 205, 218. Thomassin (Discipl. de l’Église, t. I, 1501, 1502) donne une description de ces cellules. Quand Gérasime fonda son monastère dans le désert au Jourdain, il fut environné d’une laura de soixante-dix cellules.
[4201] Théodoret, dans un énorme volume (le Philothée, in Vit. Patrum, l. IX, p. 793-863) a rassemblé la vie et les miracles de trente anachorètes. Evagrius (l. I, c. 12) fait un éloge plus concis des ermites de la Palestine.
[4202] Sozomène, l. VI, c. 33. Le grand saint Éphrem a fait le panégyrique de ces moines, Βοσκοι ou moines broutants. Tillemont, Mém. ecclés., t. VIII, p. 292.
[4203] Le père Sicard (Missions du Levant, t. II, p. 217-233) a examiné les cavernes de la Basse-Thébaïde avec autant de surprise que de dévotion. Les inscriptions sont en caractères syriaques, dont faisaient usage les chrétiens de l’Abyssinie.
[4204] Voyez Théodoret, in Vit. Patrum, liv. IX, p. 848-854 ; saint Antoine, in Vit. Patr., liv. I, p. 170-177 ; Cosmas, in Assem. Bibl. orient., tom. I, p. 239-253 ; Evagrius, l. I, chap. 13, 14 ; et Tillemont, Mém. ecclés., t. XV, p. 347-392.
[4205] La circonférence étroite de deux coudées ou trois pieds qu’Evagrius donne au sommet de la colonne, ne s’accorde ni avec le bon sens ni avec les faits et les règles de l’architecture ; ceux qui la voyaient d’en bas pouvaient aisément se tromper.
[4206] Je ne dois point taire une ancienne médisance relative à l’ulcère de saint Siméon Stylite : on raconte que le diable, ayant pris la forme d’un ange, invita le saint à monter comme Elie, dans un chariot enflammé. Le saint leva trop précipitamment le pied, et Satan saisit cette occasion de le punir de sa vanité.
[4207] Je ne sais comment choisir ou indiquer les miracles contenus in Vit. Patrum de Rosweyde, car leur nombre surpasse de beaucoup celui des ouvrages. On en trouvera un échantillon agréable dans les Dialogues de Sulpice Sévère et dans la Vie de saint Martin. Il révère les moines de l’Egypte ; il fait cependant une remarque humiliante pour eux, c’est qu’ils ne ressuscitèrent jamais de morts tandis que l’évêque de Tours en a rappelé trois à la vie.
[4208] Relativement à Ulphilas et à la conversion des Goths, voyez Sozomène, l. VI, c. 37 ; Socrate, l. IV, c. 33 ; Théodoret, l. IV, c.37 ; Philostorgius, l. II, c. 5. L’hérésie de Philostorgius semble lui avoir procuré des sources d’instruction plus certaines.
[4209] On publia (A. D. 1665) une copie mutilée de la traduction des quatre évangiles dans la langue gothique, et on la regarde comme le plus ancien monument de la langue, teutonique, quoique Wetstein entreprenne, sur des conjectures frivoles, d’enlever à Ulphilas le mérite d’avoir composé cet ouvrage. Deux des quatre, lettres expriment l’une le w et l’autre le th des Anglais. Voyez Simon., Hist. crit. du Nouv. Testam., tom. II, p. 219-223 ; Mill. Prolegom., p. 151, édit. Kuster ; Wetstein, Prolegom., tome I, page 114.
[4210] Philostorgius place mal à propos ce passage sous le règne de Constantin ; mais j’ai du penchant à croire qu’il précéda la grande émigration.
[4211] Nous avons l’obligation à Jornandès (de Rebus getic.) d’un tableau concis et intéressant de cette tribu des Goths inférieurs. Gothi minores, populus immensus cum suo pontifice ipsoque primate Wulfila. Les derniers mots, s’ils ne sont point une répétition inutile, indiquent quelque espèce de juridiction temporelle.
[4212] At nos ita Gothi, non ita Vandali, malis licet doctoribus instituti, meliores tamen etiam hac parte quam nostri. De Gubernat. Dei, l. VII, p. 243.
[4213] Mosheim a donné une esquisse des progrès du christianisme dans le Nord, depuis le quatrième siècle jusqu’au quatorzième. Ce sujet, offrirait des matériaux suffisants pour une histoire ecclésiastique, et même pour une histoire philosophique.
[4214] C’est à cette cause que Socrate (l. VII, c. 30) attribue la conversion des Bourguignons, dont Orose célèbre la piété chrétienne, l. VII, c. 19.
[4215] Voyez une épître originale et curieuse de Daniel, le premier évêque de Winchester (Bede, Hist. ecclés. Anglic., l. V, c. 18, p. 203, édit. Smith), à saint Boniface, qui prêcha l’Évangile aux sauvages de la Hesse et de la Thuringe. Episitol Bonifacii, LXVII. In maxima bibliotitheca Patrum, t. XIII, p. 93.
[4216] L’épée de Charlemagne ajouta du poids à cet argument ; mais lorsque Daniel écrivit cette épître (A. D. 723), les mahométans, dont les possessions s’étendaient depuis l’Inde jusqu’en Espagne, auraient pu le rétorquer contre les chrétiens.
[4217] Les opinions d’Ulphilas et des Goths inclinaient vers le semi-arianisme, puisqu’ils ne convenaient pas que le fils fut une créature, quoiqu’ils reçussent dans leur communion ceux qui maintenaient cette doctrine. Leur apôtre représenta toute cette controverse comme une question de peu d’importance, et qui n’en avait acquis que par les emportements du clergé (l. IV, c. 37).
[4218] On a imputé l’hérésie des Goths à l’empereur Valens. Itaque justo Dei judicio ipsi eum vivum incenderunt, qui propter eum, etiam mortui, vitio erroris arsuri sunt. (Orose, l. VII, c. 33, p. 554.) Cette sentence cruelle est confirmée par Tillemont (Mém. ecclés., t. VI, p. 604-610), qui dit froidement : Un seul homme entraîna dans l’enfer un nombre infini de septentrionaux, etc. Salvien (de Gubernat. Dei, l. V, p. 150, 151) plaint et excuse cette erreur involontaire.
[4219] Orose affirme, dans l’année 416 (liv. VII, chap. 41, p. 580), que les églises chrétiennes (des catholiques) étaient remplies de Huns, de Suèves, de Vandales et de Bourguignons.
[4220] Radbod, roi des Frison, fut si irrité de cette déclaration que lui fit imprudemment un missionnaire, qu’il retira son pied déjà entré dans les fonts baptismaux. Voyez Fleury, Hist. ecclés., t. IX, p. 167.
[4221] Les épîtres de Sidonius, évêque de Clermont sous les Visigoths, et d’Avitus, évêque de Vienne sous les Bourguignons, font connaître en quelques endroits d’une manière détournée, la disposition générale des catholiques. L’histoire de Clovis et de Théodoric fournira quelques faits particuliers.
[4222] Genseric semble confesser la justesse de la comparaison, par la rigueur avec laquelle il punit ces allusions indiscrètes. Victor Vitensis, I, 7, p. 10.
[4223] Telles sont les plaintes de Sidonius, évêque de Clermont et contemporain. (l. VII, c. 6, p. 182, etc., éd. Sirm.) Saint Grégoire de Tours, qui cite cette épître (l. II, c. 25, t. II, p. t 74), prétend, mais sans aucune garantie, avoir été assuré que de neuf évêchés vacants dans l’Aquitaine, la plupart l’étaient par le martyre de leurs évêques.
[4224] Les monuments originaux de la persécution des Vandales sont conservés dans les cinq livres de l’histoire de Victor Vitensis, de Persec. Vand. (cet évêque avait été exilé par Hunneric) ; dans la vie de saint Fulgence, qui se distingua dans la persécution de Thrasimond (in Bibl. Max. Patr., t. IX, p. 4-16), et dans le premier livre de la guerre des Vandales par Procope (c. 7, 8, p. 196, 198, 199). Dom Ruinart, le dernier éditeur de Victor a éclairci tout ce sujet par une savante profusion de notes et par un supplément. Paris, 1664.
[4225] Victor, IV, 2, p. 65. Hunneric refuse le nom de catholique aux homoousiens. Il présente comme les véritables divinæ Majestatis cultores, son propre parti, qui professait une foi approuvée par plus de mille évêques dans les synodes de Rimini et de Séleucie.
[4226] Victor, II, p. 121, 122 : Laudabilior... videbatur. Dans les manuscrits qui mettent ce mot, ce passage devient inintelligible. Voyez Ruinart, Not., p. 164.
[4227] Victor, II, 2, p. 22, 23. Le clergé de Carthage appelait ces conditions periculosæ et elles semblent à la vérité avoir été proposées pour faire donner les évêques catholiques dans le piége.
[4228] Voyez le récit de cette conférence et la manière dont les évêques furent traités dans Victor (II, 13, 18, 35-42) et tout le quatrième livre (p. 63-171). Le troisième livre (p. 42-62) ne contient que leur apologie et leur profession de foi.
[4229] Voyez la liste des évêques africains dans Victor (p. 117-140) et les notes de Ruinart (p. 217-297) ; le nom schismatique de Donatus se trouve souvent répété, et ils paraissent avoir adopté, comme nos fanatiques du dernier siècle, les pieux surnoms de Deodatus, Deogratias, Quidvultdeus, Habetdeum, etc.
[4230] Fulgence, Vit., c. 16-29. Thrasimond aimait entendre louer sa modération et son érudition, et Fulgence dédia au tyran rien trois livres de controverse, en lui donnant la titre de pussime rex. (Bibl. Max. Patrum, t. IX, p. 41.) Dans la vie de Fulgence, le nombre des évêques exilés n’est porté qu’à soixante : Victor de Tunnune et Isidore en comptent cent vingt ; mais l’Historia Miscella et une Chronique authentique de ces temps fixent le nombre à deux cent vingt. Voyez Ruinart, p. 570, 571.
[4231] Voyez les basses et insipides épigrammes de Sénèque ; le disciple du stoïcisme ne supporta pas l’exil plus courageusement qu’Ovide. La Corse ne produisait peut-être ni grains, ni vins, ni huile ; mais il n’était pas possible qu’elle fût destituée d’herbes, d’eau et de feu.
[4232] Si ob gravitatem cœli interissent, vile damnum. (Tacite, Annal., II, 85.) Dans cette application, Thrasimond aurait adopté volontiers la variante de quelques critiques qui lisent utile damnum.
[4233] Lisez ces préludes d’une persécution générale dans Victor, II, 3, 4, 7 ; et les deux édits d’Hunneric, l. II, p. 35 ; l. IV, p. 64.
[4234] Voyez Procope, de Bell. vand., l. I, c. 7, p. 197, 198. Un prince maure s’efforça de s’attirer la faveur du dieu des chrétiens, par son zèle à effacer les traces des sacrilèges commis par les Vandales.
[4235] Voyez cette histoire dans Victor, II, 8-12, p. 30-34. Victor raconte les souffrances de ces confesseurs comme en ayant été le témoin oculaire.
[4236] Voyez le cinquième livre de Victor ; la justice de ses plaintes véhémentes est confirmée par le témoignage modéré de Procope, et par la déclaration publique de Justinien. Cod., l. I, t. 27.
[4237] Victor, II, 18, p. 41.
[4238] Victor, V, 4, p. 74, 75. Il se nommait Victorianus, né à Adrumète, d’une famille opulente ; il jouissait de la faveur du monarque, ce qui lui valut l’office ou au moins le titre de proconsul d’Afrique.
[4239] Victor, I, 6, p. 8, 9. Après avoir raconté la résistance courageuse et la réponse du comte Sébastien, il ajoute : Quare alio generis argumento postea bellicosum virum occidit.
[4240] Victor, V, 12, 13 ; Tillemont, Mém. ecclés., t. VI, p. 609.
[4241] Primat était plus proprement le titre de l’évêque de Carthage ; mais les sectes et les nations donnèrent à leur premier ecclésiastique le nom de patriarche. Voyez Thomas, Discipl. de l’Église, t. I, p. 155-158.
[4242] Le patriarche Cyrille déclara publiquement qu’il n’entendait pas le latin. (Victor, II, 18, p. 42), Nescio latine ; et il était possible qu’il se servît de cette langue en conversation, sans titre en état de prêcher et d’argumenter en latin. Son clergé vandale était encore plus ignorant, et l’on ne pouvait accorder beaucoup de confiance à ceux des ecclésiastiques africains qui avaient déserté le parti des catholiques.
[4243] Victor, II, 2, p. 22.
[4244] Victor, V, 7, 77. Il en appelle à l’ambassadeur lui-même : son nom était Uranius.
[4245] Astutiores, Victor, IV, 4, p. 70. Il donne clairement à entendre que leur citation de l’Évangile, non jurabitis in toto, ne fût qu’un prétexte pour éluder le serment qu’on leur demandait. Les quarante-six évêques qui refusèrent furent bannis en Corse ; les trois cent deux qui firent le serment furent dispersés dans les provinces de l’Afrique.
[4246] Fulgence, évêque de Ruspæ, dans la province de la Bysacène, descendait d’une famille de sénateurs, et avait reçu une éducation soignée : il savait Homère et Ménandre par cœur avant qu’on lui permit d’apprendre le latin, la langue de son pays. (Vit. Fulgent., c. 1.) Il est probable qu’un grand nombre des évêques, africains entendaient le grec, et qu’un grand nombre des ouvrages théologiques des Grecs étaient traduits en latin.
[4247] Comparez les deux Préfaces au Dialogue de Vigile de Thapse, p. 118, 119, édit. Chiflet : il aurait pu vouloir amuser un lecteur instruit par une innocente fiction ; mais le sujet était trop sérieux, et les Africains trop ignorants.
[4248] Le père Quesnel annonça le premier cette opinion, qui fût favorablement reçue ; mais les trois vérités, suivantes, toutes surprenantes qu’elles puissent paraître, sont universellement reconnues aujourd’hui. (Gérard Vossius, t. VI, p. 516-552.). Tillemont, Mém. ecclés., t. VIII, p. 667-671 : 1° Saint Athanase n’est point l’auteur du symbole qui se lit si souvent dans nos églises ; 2° il ne parait avoir existé que plus d’un siècle après la mort du saint prélat ; 3° il a été composé originairement en latin, et par conséquent dans les provinces de l’Occident. Gennadius, patriarche de Constantinople, fut si scandalisé de cette extraordinaire composition, qu’il prononça hardiment que c’était l’ouvrage d’un homme ivre. Petau, Dogmat. theologica, t. II, l. VII, c. 8, p. 687.
[4249] Saint Jean, V, 7. Voyez Simon, Hist. crit. du Nouveau Testament, part. I, p. 203-218, et part. II, c. 9, p. 99-121, et la savante préface avec les notes du docteur Mill et de Wetstein, à leurs éditions du Testament grec. En 1689, Simon le Catholique s’efforçait d’être libre ; en 1707, Mill, protestant, chercha à se rendre esclave ; en 1751, Wetstein l’arminien profita de la liberté de sa secte et de son siècle.
[4250] De tous les manuscrits qui existent, il y en a plus de quatre-vingt dont plusieurs ont au moins douze cents ans. (Wetstein, ad loc.) Les copies orthodoxes du Vatican, des éditeurs complutensiens, de Robert Étienne, sont devenues invisibles, et les deux manuscrits de Dublin et de Berlin ne sont pas dignes de faire une exception. Voyez les Œuvres d’Emlyn, vol. II, p. 227-255, 269-299, et les quatre lettres ingénieuses de M. de Missy, t. VIII et IX du Journal Britann.
[4251] Ou plus proprement par les quatre évêques qui composèrent et publièrent la profession de foi au nom de leurs confrères. Ils appellent ce texte luce clarius. Victor Vitensis, de Persecut. Vandal., l. III, c. II, p. 54. Il est cité immédiatement après par Vigile et Fulgence.
[4252] Dans les onzième et douzième siècles, les Bibles ont été corrigées par Lanfranc, archevêque de Cantorbéry, et par Nicolas, cardinal et bibliothécaire de l’église de Rome, secundum orthodoxam fidem. (Wetstein, Prolegomen., p. 84, 85.) Malgré ces corrections, ce passage manque encore dans vingt-cinq manuscrits latins (Wetstein, ad loc.) les plus anciens et les plus beaux, deux qualités qui s’unissent rarement, excepté dans les manuscrits.
[4253] L’art que les Allemands avaient inventé fut employé en Italie pour les écrits des écrivains profanes de Rome et de la Grèce. L’original grec du Testament fut publié à peu près dans le même temps (A. D. 1514, 1516, 1520) par l’industrie d’Érasme à la libéralité du cardinal de Ximenès. La Polyglotte complutensienne, coûta au cardinal cinquante mille ducats. Voyez Mattaire, Annal. typograph., t., II, p. 2, 8, 125-133 ; et Wetstein, Prolegomena, p. 116-127.
[4254] Les trois témoignages ont été établis dans nos Testaments grecs par la prudence d’Érasme, la sincère bigoterie des éditeurs complutensiens, la fraude typographique ou l’erreur de Robert Étienne, qui a placé une virgule, et la fausseté délibérée ou l’étrange méprise de Théodore de Bèze.
[4255] Pline, Hist. nat., V, 1 ; Itiner., Wesseling, p. 15 ; Cellarius, Geogr. antiq., t. II, part. 2, p. 127. Il ne faut pas confondre cette ville de Tipasa avec une autre du même nom, située en Numidie, celle dont il est question, devait être une ville un peu considérable puisque Vespasien lui accorda les privilèges du Latium.
[4256] Optat. de Milène, de Schis. donatist., l. II, p. 38.
[4257] Victor Vitensis, V, 6, p. 76, Ruinart, p. 483-487.
[4258] Ænéas de Gaza, in Theophrasto, in Biblioth. Patrum, tom. VIII, p. 664 -665. Il était chrétien, et composa ce dialogue, le Théophraste, sur l’immortalité de l’âme et la résurrection du corps, outre vingt-six épîtres encore existantes. Voyez Cave, Hist. litteraria, p. 297 ; et Fabricius, Bibl. græc., t. I, p. 422.
[4259] Justin. Codex, l. I, tit. 27 ; Marcellin, in Chronic., p. 45, in Thesaur. Tempor., Scaliger ; Procope, de Bell. vand., l. I, c. 7, p. 196 ; Greg. Magnus, Dialog. III, 32. Aucun de ces témoins n’a donné le nombre de ces confesseurs. Un ancien Martyrologe (ap. Ruinart, p. 486) le fixe à soixante. Deux d’entre eux perdirent le don de la parole en commettant le péché de fornication : la circonstance la plus singulière de ces prodiges est un enfant qui n’avait jamais parlé avant qu’on lui coupât la langue.
[4260] Voyez les deux histoires générales de l’Espagne, Mariana, Hist. de Reb. Hispan., t. I, l. V, c. 12-15, p. 182-194, et Ferreras, traduction française, t. II, p. 206-247. Mariana semble oublier sa qualité de jésuite pour prendre le style et l’esprit d’un littérateur romain. Ferreras, industrieux compilateur, examine ses faits et rectifie sa chronologie.
[4261] Goisvintha épousa successivement deux rois des Goths ; Athanigild, dont elle eut Brunehaut, mère d’Ingonde ; et Leuvigild, dont les deux fils, Hermenegild, et Recarède, étaient nés d’un premier mariage.
[4262] Iracundiœ furore succensa adprehensam per comam capitis puellam in terrant conlidit, et diù calcibus verberatam, ac sanguine cruentatam, jussit expoliari, et piscinæ immergi. Saint Grégoire de Tours, l. V, c. 39, t. II, p. 255. L’autorité de saint Grégoire est une des meilleures pour cette portion de l’histoire.
[4263] Les catholiques, qui reconnaissaient la validité du baptême ides hérétiques, répétaient la cérémonie, ou comme on l’appela par la suite, le sacrement de la confirmation, à laquelle ils attribuaient des prérogatives mystiques et merveilleuses, soit visibles, soit invisibles. Voyez Chardon, Hist. des Sacrements, t. I, p. 405-552.
[4264] Osset, ou Julia Constantia, était située vis-à-vis de Séville, sur la rive septentrionale du fleuve Bœtis aujourd’hui le Guadalquivir. Pline (Hist. nat., III, 3) et le témoignage de saint Grégoire de Tours (Hist. Francorum, l. VI, c. 43, p. 288) méritent plus de confiné que le nom de Lusitania (de Gloria Martyr., c. 24) adopté par le vanité superstitieuse des Portugais. Ferreras, Hist. d’Espagne, t. II, p. 166.
[4265] Ce miracle s’exécutait adroitement. Un roi qui suivait la doctrine d’Arius, fit mettre son sceau sur les portes et creuser un fossé profond autour de l’église, et les fonts baptismaux ne furent pas moins remplis à l’ordinaire la veille de Pâques.
[4266] Ferreras (t. II, p. 168 -175, A. D. 550) a éclairci les difficultés relatives au temps et aux circonstances de la conversion des Suèves. Leuvigild les avait récemment réunis à la monarchie des Goths en Espagne.
[4267] Cette addition au symbole de Nicée, ou plutôt de Constantinople, fut faite pour la première fois dans le huitième concile de Tolède (A. D. 653) ; mais elle était conforme à la doctrine populaire. Gérard Vossius, tome VI, page 527, de tribus Symbolis.
[4268] Voyez Greg. Magn., l. VII, epist. 126 ; apud Baron, Annal. ecclés., A. D. 599, n° 25, 26.
[4269] Paul Warnefrid (de Gest. Longob., l. IV, c. 44, p. 853, édit. Grot.) avoue que l’arianisme prévalait encore sous le règne de Rotharis, A. D. 536-552. Le pieux diacre ne donne point la date précise de la conversion nationale, qui fut toutefois accomplie avant la fin du septième siècle.
[4270] Quorum fidei et conversioni ita congratulatus esse rex perhibetur, ut nullum tamen cogeret ad christianismum..... Didicerat enimi a doctoribus, auctoribusque suœ salutis, servitium Christi voluntarium, non coactitium, esse debere. Bedæ, Hist. ecclés., l. I, c. 26, p. 62, édit. Smith.
[4271] Voyez les Historiens de France, t. IV, p. 114 ; et Wilkins, Leges Anglo-Saxonicæ, p. 11-31. Si quis sacrificium immolaverit prœter Deo soli, morte moriatur.
[4272] Les Juifs prétendent qu’ils furent introduits en Espagne par les flottes de Salomon et les armes de Nabuchodonosor ; qu’Adrien transporta quarante mille familles de la tribu de Juda, et dix mille de celle de Benjamin, etc. Basnage, Hist. des Juifs, t. VII, c. 9, p. 240-256.
[4273] Isidore, alors archevêque que de Séville, félicite Sisebut de son zèle, et cependant le désapprouve (Chron. goth., p. 728). Baronius (A. D. 614, n° 41) fixe le nombre sur l’autorité d’Aimoin, l. IV, c. 22. Mais cette autorité est faible, et il ne m’a été possible de vérifier la citation. Hist. de France, t. III, p. 127.
[4274] Basnage (t. VIII, c. 13, p. 388-400) représente fidèlement la situation des Juifs ; mais il aurait pu tirer des canons des conciles espagnols et des lois des Visigoths, des circonstances curieuses et essentielles à son sujet, quoiqu’elles soient étrangères au mien.
[4275] Dans ce chapitre je tirerai mes citations du recueil des Historiens des Gaules et de la France. Paris, 1738-1767, en onze volumes in-folio. Dom Bouquet et d’autres bénédictins ont placé tous les témoignages authentiques et originaux en ordre chronologique jusqu’à l’année 1060, et y ont ajouté des notes savantes. Cet ouvrage national doit se continuer jusqu’à l’année 1500, et devrait bien exciter notre émulation.
[4276] Tacite, Hist., IV, 73, 74, tome I, p. 445. Ce serait une grande présomption que de vouloir abréger Tacite ; mais on peut choisir les idées générales qu’il applique aux révolutions présentes et futures de la Gaule.
[4277] Eadem semper causa Germanis transcendendi in Gallias, libido arque avaritia, et mutandæ sedis amor ; ut relictis paludibus et solitudinibus suis, fecundissimum hoc solum vosque ipsos possiderent..... Nam pulsis Romainis, quid aliud quam bella omnium inter se gentium existent ?
[4278] Sidonius Apollinaris plaisante arec affectation sur les désagréments de sa situation. Carm. XII, t. I, p. 811.
[4279] Voyez Procope, de Bell. goth., l. 1, c. 12, t. II, p. 31. La réputation de Grotius me fait penser qu’il n’a pas substitué le Rhin au Rhône (Hist. Goth., p. 175), sans l’autorité de quelque manuscrit.
[4280] Sidon., l. VIII, epist. 3, 9, t. I, p. 800. Jornandès (de Reb. get., c. 47, p. 680) confirme en quelque façon ce portrait du héros de la nation des Goths.
[4281] Je fais usage du nom de Clovis adopté généralement, et tiré du latin Chlodovecus ou Chlodovæus ; mais le ch n’exprime que l’aspiration des Germains, et le véritable nom diffère peu de celui de Luduin ou Louis. Mém. de l’Acad. des Inscript., t. XX, p. 68.
[4282] Saint Grégoire de Tours, l. II, c. 12, t. I, p. 168. Basine parle le langage de la nature : les Francs qui l’avaient vue dans leur jeunesse, purent connaître saint Grégoire dans leur vieillesse, et le lui raconter. L’évêque de Tours n’avait aucun intérêt à entacher la mémoire de la mère du premier roi catholique.
[4283] L’abbé Dubos (Hist. cric. de l’établiss. de la Monarchie française dans les Gaules, tome I, p. 630-650) a le mérite de donner la description exacte du royaume de Clovis, tel qu’il le reçut de son père, et le nombre de ses sujets nationaux.
[4284] Ecclesiam, incultam, ac negligentia civium paganorum prætermissam, veprium densitale oppletam, etc. (Vit. sancti Vedasti, t. III, p. 372.) Cette description suppose que les païens possédaient Arras fort longtemps avant le baptême de Clovis.
[4285] Saint Grégoire de Tours (l. V, c. I, t. II, p. 232-) fait contraster la pauvreté de Clovis avec l’opulence de ses successeurs. Cependant saint Remi (t. IV, p. 52) parle de ses paternas opes comme suffisantes pour le rachat des captifs.
[4286] Voyez saint Grégoire, l. II, c. 27, 37, t. II, p. 175, 181, 182. La fameuse histoire du vase de Soissons explique le caractère et la puissance de Clovis. Comme point de controverse, elle a été étrangement défigurée par Dubos, Boulainvilliers et d’autres antiquaires.
[4287] Le duc de Nivernais, homme d’Etat d’un rang élevé, et qui a conduit des négociations importantes et délicates, explique ingénieusement le système politique de Clovis, Mém. de l’Acad. des Inscript., t. XX, p. 147-184.
[4288] M. Biet, dans une dissertation qui mérita le prix de l’Académie de Soissons (p. 175-226), a soigneusement détaillé l’état et l’étendue du royaume de Syagrius et de son père Ægidius ; mais il s’en rapporte trop légèrement à l’autorité de Dubos (t. II, p. 54-57), lorsqu’il prive le patrice d’Amiens et, de Beauvais.
[4289] J’observerai que Frédégaire, dans son Épitomé de saint Grégoire de Tours (t. II, p. 398), a prudemment substitué le nom de patricius au titre peu croyable de rex Romanorum.
[4290] Sidonius (l. V, épist. 5, tome I, page 794), qui le nomme le Solon, l’Amphion des Barbares, emploie en s’adressant à ce roi imaginaire, le style de l’amitié et de l’égalité. Ce fut ainsi que l’artificieux Déjocès s’éleva au trône des Mèdes par la sagesse de ses jugements. Hérodote, l. I, p. 96-100.
[4291] Campum sibi præparari jussit. M. Biet (p. 226-251) a marqué avec exactitude le lieu de la bataille ; elle se donna, à Nogent, abbaye de bénédictins, éloignée de Soissons d’environ dix milles vers le nord. Le champ de bataille était environné par un cercle de sépultures païennes, et Clovis fit présent à l’église de Reims des terres de Leuilli et de Couci, situées dans le voisinage.
[4292] Voyez les Commentaires de César, de Bell. gall., II, 4, t. I, p. 220 ; et les Notitiae, t. I, p. 126. Les trois fabriques de Soissons étaient Scutaria, Balistaria et Clinabaria. La dernière fournissait l’armure complète des cuirassiers.
[4293] Cette épithète ne peut convenir qu’à la circonstance, et l’histoire ne peut justifier le préjugé français de saint Grégoire de Tours (l. II, c. 27, t. II, p. 175), ut Gothorum pavere mos est.
[4294] Dubos me démontre (t. I, p. 277-286) que saint Grégoire de Tours, ses copistes ou ses lecteurs, ont tous confondu le royaume germain de Thuringia au-delà du Rhin et la ville de Tongria sur la Meuse, anciennement la patrie des Éburons, et plus récemment le diocèse de Liége.
[4295] Populi habitantes juxta Lemannum lacum, Alemanni dicuntur. Servius, ad Virgilium, Georgic., IV, 278. Dom Bouquet (t. I, p. 817) n’a cité que le texte plus récent et moins fidèle d’Isidore de Séville.
[4296] Saint Grégoire de Tours envoie saint Lupicinus inter illa Jurensis deserti secreta, quæ, inter Burgundiam Alamanniamque sita, Aventicœ adjacent civitati (t. I, p. 648). M. de Vatteville (Hist. de la Confédération helvétique, t. I, p. 9, 10) a décrit les limites du duché d’Allemagne et de la Bourgogne transjurane ; elles comprenaient, les diocèses de Constance et d’Avenche ou de Lausanne, et se distinguent encore dans la Suisse moderne par l’usage de la langue française ou allemande.
[4297] Voyez Guillemain, de Reb. helvet., l. I, c. 3, p. 11, 12. Dans l’enceinte des murs de l’ancienne Vindonisse on a vu s’élever successivement le château de Habsbourg, l’abbaye de Kœniesfreld et la ville de Bruck. Le voyageur philosophe peut comparer les monuments de la conquête des Romains, de la tyrannie féodale ou de celle des Autrichiens, de la superstition monastique, et ceux de l’industrieuse liberté. S’il est réellement philosophe, il sentira le mérite et le bonheur de son siècle.
[4298] Saint Grégoire de Tours (l. II, 30, 37, t. II, p. 176, 177, 182) ; les Gesta Franc. (t. II, p. 551) ; et l’Épître de Théodoric (Cassiodore, Variar., l. II, c. 41, t. IV, p. 4), rendent compte de la défaite des Allemands. Quelques-unes de leurs tribus s’établirent dans la Rhétie, sous la protection de Théodoric, dont les successeurs cédèrent la colonie et leur pays au petit-fils de Clovis. On peut s’instruire de la situation des Allemands sous les rois mérovingiens, dans Mascou (Hist. des anciens Germains, XI, 8, etc., note 36), et Guillemain (de Reb. helvet., l. II, c. 10, 12, p. 72-80).
[4299] Clotilde, ou plutôt saint Grégoire, suppose que Clovis adorait les dieux de la Grèce et de Rome ; le fait est incroyable et cette méprise nous prouve seulement qu’en moins d’un siècle la religion nationale des Francs avait été non seulement abolie, mais complètement oubliée.
[4300] Saint Grégoire de Tourd raconte le mariage et la conversion de Clovis, l. II, c. 28, 31, t. II, p. 175-178. Frédégaire ou l’Abréviateur anonyme (t. II, p. 398-400), l’auteur des Gesta Francorum (t. II, p. 548-552), et Aimoin lui-même (l. I, c. 13, t. III, p. 37-40), ne sont pas à dédaigner dans cette occasion. La tradition peut avoir conservé longtemps quelques circonstances curieuses de ces événements importants.
[4301] Un voyageur qui retournait de Reims en Auvergne, a dérobé au secrétaire ou au bibliothécaire du modeste archevêque une copie de ces discours. (Sidonius Apollinar., l. IX, epist. 7.) On a conservé quatre épîtres de saint Rémi, qui existent encore (t. IV, p. 51, 52, 53). Elles ne répondent point aux louanges ni à l’admiration de Sidonius.
[4302] Hincmar, l’un des successeurs de saint Rémi (A. D. 845-882), a composé une histoire de sa vie, t. III, p. 373-380. L’autorité des anciens manuscrits de l’église de Reims pourrait inspirer quelque confiance, mais elle est détruite par les audacieux mensonges et les actions intéressées d’Hincmar. Ce qu’on peut remarquer, c’est que saint Remi, consacré à l’âge de vingt-deux ans (A. D. 457), occupa la chaire épiscopale durant soixante-quatorze ans. Pagi, Critiq., in Baron., t. II, p. 384-572.
[4303] Une fiole d’huile sainte, ou plutôt céleste, connue sous le nom de sainte ampoule, fut apportée par une colombe blanche pour le baptême de Clovis. Elle sert encore, et se renouvelle au couronnement de tous les rois de France. Hincmar, qui aspirait à devenir primat des Gaules, est le premier auteur de cette fable (tome III, p. 377). L’abbé de Vertot (Mém. de l’Acad. des Inscript., t. II, p. 619-633 ; en attaque les fragiles fondements avec un profond respect et une adresse admirable.
[4304] Mitis, depone colla, Sicamber : adora quod incendisti, incende quod adorasti. Saint Grégoire de Tours, l. II, c. 31, t. I, p. 177.
[4305] Si ego ibidem cum Francis meis fuissem, injurias ejus vindicassem. Saint Grégoire de Tours a gardé prudemment le silence sur cette imprudente exclamation ; mais elle est citée comme une admirable effusion de zèle et de piété par Frédégaire (Epitomé, c. 21, t. II, p. 400), par Aimoin (l. I, c. 16, t. III, p. 40), et par les Chroniques de Saint-Denis (l. I, c. 20, t. III, p. 171).
[4306] Saint Grégoire (l. II, c. 40-43, t. II, p. 183-185), agrès avoir raconté froidement les crimes de Clovis et ses remords affectés, termine, peut être sans intention, par une leçon que d’ambition n’écoutera jamais : His ita, transactis..... obiit.
[4307] Après la victoire remportée sur les Goths, Clovis fit de riches offrandes à saint Martin de Tours. Il voulut racheter son cheval de bataille par le don de cent pièces d’or ; mais un enchantement retint le coursier dans l’écurie, et il ne put en sortir que lorsque le roi eût doublé le prix de sa rançon. C’est à l’occasion de ce miracle que le roi s’écria : Vere B. Martinus est bonus in auxilio, sed carus in negotio. Gesta Francorum, t. II, p. 554-555.
[4308] Voyez l’Épître du pape Anastase au monarque converti (t. IV, p. 50, 51). Avitus, évêque de Vienne, félicite Clovis, à la même occasion (p. 49) ; et la plupart des évêques latins s’empressèrent de lui témoigner leur joie et leur attachement.
[4309] Au lieu de Αρβορυχοι, peuple inconnu, dont le nom se trouve dans le texte de Procope, Adrien de Valois a replacé le nom véritable Αρμορυχοι, et cette correction si simple a été approuvée presque universellement. Cependant un lecteur sans prévention serait naturellement porté à supposer que Procope parle d’une tribu de Germains alliés de Rome, et non pas d’une confédération des villes de la Gaule qui avaient secoué le joug de l’empire.
[4310] Cette digression de Procope (de Bell. gothic., l. I, c. 12, t. II, p. 29-36) éclaircit l’origine de la monarchie française ; cependant je dois observer, 1° que l’historien grec montre une ignorance inexcusable de la géographie de l’Occident ; 2° que ces traités et ces privilèges, dont il devrait rester quelques traces, ne se trouvent ni dans saint Grégoire de Tours, ni dans les lois saliques, etc.
[4311] Regnum circa Rhodanum aut Ararim eum provincia Massiliensi retinebant. (Saint Grégoire de Tours, l. II, c. 32, t. II, p. 178.) La province de Marseille, jusqu’à la Durance, fut cédée par la suite aux Ostrogoths ; et la signature de vingt-cinq évêques est supposée représenter le royaume de Bourgogne, A. D. 519. (Concil. Epaon., tome LV, page 104, 105.) Cependant j’en voudrais excepter Vindonisse. L’évêque qui vivait sous le gouvernement d’Allemands païens, devait naturellement se rendre aux synodes des royaumes chrétiens et voisins. Mascou dans ses quatre premières notes, a expliqué plusieurs circonstances relatives au royaume de Bourgogne.
[4312] Mascou (Hist. des Germains, XI, 10), qui se méfie avec raison de Grégoire de Tours, produit un passage d’Avitus (epist. 5) pour prouver que Gondebaut affectait de déplorer l’événement tragique que ses sujets feignaient d’approuver.
[4313] Voyez l’original de la Conférence, t. IV, p. 99-102. Avitus le principal acteur, et probablement le secrétaire de l’assemblée, était évêque de Vienne. On peut trouver quelques détails sur sa personne et sur ses ouvrages dans Dupin, Biblioth. ecclés., t. V, p. 5-10.
[4314] Saint Grégoire de Tours (l. III, c. 19, t. II, p. 197) se livre à son génie, ou copie quelque écrivain plus éloquent dans la description qu’il fait de Dijon, château qui méritait déjà le nom de cité. Il dépendit des évêques de Langres jusqu’au douzième siècle, et devint ensuite la capitale des ducs de Bourgogne. Longuerue, Description de la France, part. I, p. 280.
[4315] L’abréviateur de saint Grégoire de Tours (tome II, page 401) a suppléé à son auteur en fixant le nombre des Francs ; mais il suppose légèrement que, Gondebaut les tailla en pièces. Le prudent, Bourguignon épargna les soldats de Clovis, et les envoya captifs au roi des Visigoths. On leur donna un établissement dans le territoire de Toulouse.
[4316] J’ai suivi dans cette guerre de Bourgogne l’autorité de saint Grégoire de Tours, l. II, c. 32, 33, t. II, p. 178-179. Son récit parait si incompatible avec celui, de Procope (de Bell. goth., l. I, c. 12, p. 31-32) que quelques critiques ont supposé deux guerres différentes. L’abbé Dubos (Hist. crit., etc., t. II, p. 126-162) a présenté les causes et les événements avec clarté.
[4317] Voyez sa Vie ou sa Légende, t. III, p. 462. Un martyr ! On a changé bien étrangement le sens de ce mot, qui signifiait dans son origine un simple témoin. Saint Sigismond était connu pour son habileté à guérir de la fièvre.
[4318] Avant la fin du cinquième siècle, l’église de Saint-Maurice et sa légion thébaine avaient fait d’Agaunum un lieu de pèlerinage. L’établissement du monastère régulier de Sigismond (A. D. 515) fit cesser quelques œuvres de ténèbres auxquelles donnait lieu une ancienne communauté des deux sexes. Cinquante ans après, les moines que Sigismond appelait ses anges de lumière, firent une sortie nocturne, dans le dessein de massacrer l’évêque et son clergé. Voyez dans la Bibliothèque raisonnée (t. XXXVI, p. 435-438) les curieuses remarques d’un savant bibliothécaire de Genève.
[4319] Marius, évêque d’Avenche (Chroniq., t. II, p. 15) a marqué les dates authentiques, et saint Grégoire de Tours (l. III, c. 5-6, t. II, p. 188, 189) a expliqué les faits principaux de la vie de Sigismond et de la conquête dd la Bourgogne. Procope (t. II, p. 34) et Agathias (t. II, p. 49) montrent l’imperfection des lumières indirectes qu’ils avaient sur cet événement.
[4320] Saint Grégoire de Tours (l. II, p. 37, t. II, p. 181) insère le discours concis, mais persuasif, de Clovis. Valde moleste fero, quod hi ariani partem teneant Galliarum. L’auteur des Gesta Francorum (t. II, p. 553) ajoute l’importante épithète d’optimam. Eamus cum Dei adjutorio ; et, superatis eis ; redigamus terram in ditionem nostram.
[4321] Tunc rex projecit a se in directum bipennem suam quod est francisca, etc. (Gesta Francorom, t. II, p. 554.) La forme et l’usage de cette arme ont été décrits par Procope. (t. II, p. 37) On peut trouver dans le Glossaire de Ducange, et dans le volumineux dictionnaire de Trévoux, des exemples de sa dénomination nationale en latin et en français.
[4322] Il est assez singulier que plusieurs faits importants et authentiques se trouvent dans une vie de Quintianus, composée en vieux patois du Rouergue et en rimes. Dubos, Hist. crit., t. II, p. 179.
[4323] Quamvis fortiduni vestræ confidentiam tribuat parentum vestrorum innumerabilis multitudo quamvis Attilam potentem, reminiseamini Visigotharum viribus inclinatum ; tamen, quia populorum ferocia corda longa pace mollescunt, cavete subito in aleam mittere, quos constat tantis temporibus exercitia non habere. Tel fut le salutaire avis que lui donnèrent inutilement Théodoric et la raison, pour l’engager à la paix. Cassiodore, l. III, epist. 2.
[4324] Montesquieu (Esprit des Lois, l. XV, c. 14) cite et approuve la loi des Visigoths (l. IX, tit. 2, t. IV, p. 425) qui obligeait tous les maîtres à armer et à envoyer ou conduire à l’armée la dixième partie de leurs esclaves.
[4325] Cette manière d’augurer en acceptant pour présage les premiers mots qui se pressentaient à l’œil ou qui frappaient l’ouïe, était tirée de la coutume des païens. On substitua le Psautier ou la Bible aux poèmes d’Homère et de Virgile. Depuis le quatrième jusqu’au quatorzième siècle, ces sortes sanctorum, comme on les appelait alors, furent condamnés à plusieurs reprises par les conciles, et pratiqués malgré les défenses par les rois, les évêques et les saints. Voyez une dissertation curieuse de l’abbé du Resnel dans les Mém. de l’Acad., t. XIX, p. 287-310.
[4326] Après avoir corrigé le texte ou excusé la méprise de Procope, qui place la défaite d’Alaric près de Carcassonne, nous pouvons conclure, sur l’autorité de saint Grégoire de Tours, de Fortunatus et de l’auteur des Gesta Francorum, que la bataille se donna in campo Vocladensi, sur les bords du Clain, environ à dix milles au sud de Poitiers. Clovis atteignit, et attaqua les Visigoths près de Vivonne, et la victoire se décida dans les environs d’un village appelé encore aujourd’hui Champagné Saint-Hilaire. Voyez les Dissertations de l’abbé Le Bœuf, t. I, p. 304-331.
[4327] Angoulême est sur la route de Poitiers à Bordeaux ; et quoique saint Grégoire de Tours diffère le siége, je suis plus porté à croire qu’il a dérangé l’ordre de l’histoire, qu’à imaginer que Clovis ait négligé les règles de la guerre.
[4328] Pyrenœos montes usque Perpinianum subjecit, dit Rorico, qui trahit sa date récente, puisque Perpignan n’existait point avant le dixième siècle. (Marca, Hispan., p. 455.) Ce pompeux et fabuleux écrivain, peut-être moine d’Amiens (voyez l’abbé Le Bœuf, Mém. de l’Acad., t. XVII, p. 225-245), raconte, sous le personnage allégorique d’un berger, l’histoire générale de ses compatriotes les Francs ; mais son récit finit à la mort de Clovis.
[4329] L’auteur des Gesta Francorum affirme positivement que Clovis établit une colonie de Francs dans la Saintonge et dans le Bordelais ; et Rorico est, avec raison, de son sentiment : Electos milites atque fortissimos, cum parvulis atque mulieribus. Cependant il paraît qu’ils se mêlèrent bientôt avec les Romains de l’Aquitaine, qui en demeurèrent les principaux habitants jusqu’au temps où Charlemagne y conduisit une seconde colonie plus nombreuse. Dubos, Hist. crit., t. II, p. 215.
[4330] En écrivant la guerre des Goths, je me suis servi des matériaux suivants, avec plus ou moins de confiance, eu égard à leurs différents degrés d’autorité. Quatre épîtres de Théodoric, roi d’Italie (Cassiodore, l. III, epist. 1-4, p. 3-5) ; Procope, de Bell. goth., l. I, c. 12, t. II, p. 32, 33 ; saint Grégoire de Tours, l. II, c. 35, 36, 37, t. II, p. 181, 183 ; Jornandès, de Reb. get., t. II, p. 28 ; Fortunatus, in Vit. S. Hilarii, t. III, p. 380 ; Isidore, in Chron. goth., t. II, p. 702 ; l’Abrégé de saint Grégoire de Tours, t. III, p. 401 ; l’auteur des Gesta Francorum, t. II, p. 553-555 ; les Fragm. de Frédégaire, t. II, p. 463 ; Aimoin, l. I, c. 20, t. III, p, 41, 42 ; et Rorico, l. IV, t. III, p. 14-19.
[4331] Les fastes de l’Italie pouvaient rejeter le nom d’un consul ennemi de leur souverain ; mais toutes les raisons ingénieuses qui pourraient expliquer le silence de Constantinople et de l’Égypte (dans les Chroniques de Marcellin et de Paschal) sont détruites par le même silence de Marius, évêque d’Avenche, qui composa ses Fastes dans le royaume de Bourgogne. Si l’autorité de saint Grégoire de Tours était moins respectable ou moins positive (l. II, c. 38, t. II, page 183), je croirais que Clovis reçut, comme Odoacre, le titre et les honneurs permanents de patrice. Pagi, Critica, t. III, p. 474-492.
[4332] Sous les rois mérovingiens, Marseille tirait encore de l’Orient du papier, du vin, de l’huile, de la toile, des soieries, des pierres précieuses, des épices, etc. Les Gaulois ou les Francs commerçaient en Syrie, et les Syriens s’établissaient dans la Gaule. Voyez M. de Guignes, Mém. de l’Acad., t. XXXVII, p. 471-475.
[4333] La déclaration positive de Procope (de Bell. goth., l. III, c. 33, t. II, p. 41) suffirait presque pour justifier l’abbé Dubos.
[4334] Les Francs, qui exploitèrent probablement les mines de Trèves, de Lyon et d’Arles, imitèrent la monnaie de l’empire, en faisant d’une livre d’or soixante-douze solidi ou pièces. Mais comme les Francs n’établissaient qu’une proportion décuple entre l’or et l’argent, on peut évaluer leurs solidus d’or à dix schellings : c’était le prix des amendes ordinaires chez les Barbares. Il contenait quarante deniers ou pièces d’argent de dix sous ; douze de ces deniers faisaient un solidus ou schelling, la vingtième partie du poids de la livre numérique ou livre d’argent, qui a été, si étrangement réduite dans la France moderne. Voyez Leblanc, Traité historique des Monnaies de France, c. 37-43, etc.
[4335] Agathias, t. II, p. 47. Saint Grégoire de Tours présente un tableau fort différent, peut-être ne serait-il pas facile de trouver ailleurs, dans l’histoire d’un même espace de temps, plus de vices et moins de vertus ; on est continuellement choqué de l’alliage étrange des mœurs sauvages et des mœurs corrompues.
[4336] M. de Foncemagne a tracé, dans une dissertation correcte et élégante (Mém. de l’Acad., tome VIII, p. 5ô5-528), l’étendue et les limites de la monarchie française.
[4337] L’abbé Dubos (Hist. crit., t. I, p. 29-36 ) a représenté agréablement et avec vérité le progrès lent de ces études ; et il observe que saint Grégoire de Tours ne fut imprimé que vers l’an 1560. Heineccius, Opéra, tome III, Sylloge 3, p. 248, etc., se plaint que l’Allemagne recevait avec mépris les codes de lois barbares qui furent publiés par Heroldus et Lindenbrog, etc. Ces mêmes lois, c’est-à-dire, celles qui sont relatives à la Gaule, à l’histoire de saint Grégoire de Tours et aux monuments de la race mérovingienne, se trouvent aujourd’hui dans les quatre premiers volumes des Historiens de France.
[4338] Dans l’espace de trente ans (1728-1765) ce sujet intéressant a exercé l’esprit indépendant du comte de Boulainvilliers (Mém. histor. sur l’état de la France, particulièrement, t. I, p. 15-49) ; l’ingénieuse érudition de l’abbé Dubos (Hist. crit. à l’établ. de la Monarchie franc. dans les Gaules, 2 vol., in-4°) ; le vaste génie du président de Montesquieu (Esprit des Lois, particulièrement les 28, 30, 31e chapitres), et le bon sens et l’activité soigneuse de l’abbé de Mably. (Observ. sur l’Hist. de France, 2 vol., in-12).
[4339] J’ai tiré de grandes instructions de deux savants ouvrages d’Heineccius, l’Histoire et les Éléments de la loi germanique. Dans sa judicieuse préface aux Éléments, il examine et tâche d’excuser les défauts de cette jurisprudence barbare.
[4340] Il parait que la loi salique fut originairement rédigée en latin, et composée probablement au commencement du cinquième siècle (A. D. 421) avant l’époque du règne réel ou fabuleux de Pharamond. La préface cite les quatre cantons qui fournirent les quatre législateurs ; et plusieurs provinces, la Franconie, la Saxe, le Hanovre et le Brabant, les ont réclamés comme leur appartenant. Voyez une excellente Dissertation d’Heineccius de Lege Salica, t. III, sylloge 3, p. 247-267.
[4341] Eginhard, in. Vit. Caroli magni, c. 29, t. V, p. 100. Par ces deux lois, la plupart des critiques entendent la salique et la ripuaire ; la première s’étendait à tout le pays depuis la forêt Carbonaire jusqu’à la Loire (t. IV, p. 151), et l’autre était en vigueur depuis cette même forêt jusqu’au Rhin (t. IV, p. 222).
[4342] Consultez les préfaces anciennes et modernes des différents codes, dans le quatrième volume des Historiens de France. Le prologue à la loi salique, quoique dans un idiome étranger, peint plus fortement le caractère des Francs que les dix livres de saint Grégoire de Tours.
[4343] La loi ripuaire déclare et explique cette indulgence en faveur du plaignant, tit. 31, t. IV, p. 240 ; et la même tolérance est exprimée ou sous-entendue dans tous les codes, excepté dans celui des Visigoths d’Espagne. Tanta diversitas legum, dit Agobard dans le neuvième siècle, quanta non solum in regionibus aut civitatibus, sed etiam in multis domibus habetur. Nam plerumque contingit ut simul eant aut sedeant quinque homines, et nullus eorum communem legem cum altero habeat. (T. VI, p. 356.) Il fait la proposition insensée d’introduire l’uniformité de loi comme de religion.
[4344] Inter Romanos négocia causarum romanis legibus præcipimus terminari. Telles sont les expressions de la constitution générale promulguée par Clotaire, fils de Clovis, et seul monarque des Francs (t. IV, p. 116), vers l’an 560.
[4345] M. de Montesquieu (Esprit des Lois, l. XXVIII, 2) s’est habilement fondé sur une constitution de Lothaire Ier, pour prouver cette liberté du choix. (Leg. Longobard., l. II, tit. 57, du code de Lindenbrog, p. 664.) Mais cet exemple est trop récent ou trop partie. D’après une variante de la loi salique (tit. 44, n° 45), l’abbé de Mably a conjecturé que les Barbares eurent d’abord seuls le droit de suivre la loi salique, et qu’insensiblement il devint commun à tous, et par conséquent aux Romains. Je suis fâché de contrarier cette ingénieuse conjecture, en observant que le sens est exprimé strictement dans la copie corrigée du temps de Charlemagne par le mot Barbarum, et qu’il est confirmé par le manuscrit royal, et celui de Wolfenbuttel. L’interprétation plus vague d’hominem n’est autorisée que par le manuscrit de Fulde, d’après lequel Heroldus publia son édition. Voyez les quatre textes originaux de la loi salique, t. IV, p. 147, 173, 196, 200.
[4346] Dans les temps héroïques de la Grèce, le meurtre s’expiait par une satisfaction pécuniaire offerte aux parents du mort. (Feithius, Antiquit. Homeric., l. II, c. 8.) Heineccius, dans sa Préface aux Éléments de la loi germanique, observe, en faveur de cette loi, qu’à Rome et à Athènes l’homicide n’était puni que de l’exil. Le fait est vrai ; mais l’exil était une peine capitale pour un citoyen de Rome et d’Athènes.
[4347] Cette proportion est fixée dans la loi salique, tit. 44, t. IV, p. 147 ; et dans la ripuaire, tit. 7, 1, 36 ; t. IV, p. 237 ; mais la dernière n’observe aucune différence entre les Romains de toutes les classes. Cependant l’ordre du clergé est placé au-dessus des Francs eux-mêmes, et les Bourguignons, conjointement avec les Allemands, entre les Francs et les Romains.
[4348] Les Antrustiones, qui in truste dominica sunt, leudi, fideles, représentent évidemment la première classe des Francs ; mais on ne sait si leur dignité était personnelle ou héréditaire. L’abbé de Mably (tome I, p. 334-347) parait prendre plaisir à mortifier l’orgueil des nobles (Esprit, l. XX, c. 25), en datant l’origine de la noblesse française du règne de Clotaire II, A. D. 615.
[4349] Voyez les Lois bourguignonnes, tit. 2, t. IV, p. 257 ; le Code des Visigoths, l. VI, tit. 5, t. IV, p. 384 ; et la Constitution de Childebert, non pas de Paris, mais très évidemment d’Austrasie, t. IV, p. 112. Leur sévérité prématurée fut quelquefois imprudente et excessive. Childebert condamnait non seulement les assassins, mais les voleurs : Quomodo sine lege involavit, sine lege moriatur ; et le juge négligent se trouvait enveloppé dans la même sentence. Les Visigoths abandonnaient un chirurgien qui n’avait pu guérir son malade, aux parents du défunt, ut quod de eo facere voluerunt habeant potestatem (l. XI, tit I, t. IV, p. 435).
[4350] Voyez dans le sixième volume des Œuvres d’Heineccius, Elementa juris german, l. II, p. 2, n° 261, 262, 280, 283. Cependant on trouve dams la Germanie, jusqu’au seizième siècle, des traces de la composition pécuniaire pour le meurtre.
[4351] Heineccius (Elementa jur. germanic.) a traité fort en détail des juges de la Germanie et de leur juridiction (l. III, n° 1-72). Je n’ai trouvé aucune preuve qui m’autorise à croire que, sous les rois mérovingiens, les scabini ou assesseurs fussent choisis par le peuple.
[4352] Saint Grégoire de Tours, l. VIII, c. 9, t. II, p. 316. Montesquieu observe (Esprit des Lois, l. XXVIII, c. 13) que la loi salique n’admettait point les preuves négatives si universellement établies dans les codes des Barbares : cependant cette concubine obscure, Frédégonde, qui devint la femme du petit-fils de Clovis, suivait sans doute la loi salique.
[4353] Muratori, dans les Antiquités d’Italie, à donné deux dissertations (38, 39) sur les jugements de Dieu. On supposait que le feu ne brûlerait point l’innocent, et que la pureté de l’eau ne lui permettrait point d’admettre un coupable dans son sein.
[4354] Montesquieu (Esprit des Lois, l. XXVIII, c. 17) a entrepris d’expliquer et d’excuser la manière de penser de nos pères au sujet des combats judiciaires. Il suit cette étrange institution depuis le siècle de Gondebaut jusqu’à celui de saint Louis, et l’antiquaire jurisconsulte oublie quelquefois la philosophie.
[4355] Dans un duel immémorial à Aix-la-Chapelle, A. D. 820, en présence de l’empereur Louis le Débonnaire, son biographe observe : secundum legem : propriam, utpote quia uterque Gothus erat, equestri pugna congressus est. (Vit. Lud. Pii, c. 33, t. VI, p. 103). Elmoldus Nigellus (l. III, 543-628, t. VI, p. 48-50) qui décrit le duel, admire ars nova de combattre à cheval, inconnue jusqu’alors aux Francs.
[4356] Dans son édit publié à Lyon, A. D. 501, et qui subsiste en original, Gondebaut établit et justifie l’usage du combat judiciaire. (Leg. Burgund., tit. 45, t. II, p. 267, 268.) Trois, cents ans après, Agobard, évêque de Lyon, sollicita Louis le Débonnaire pour la loi du tyran arien (t. VI, p. 356-358). Il raconte, la conversation de Gondebaut et d’Avitus.
[4357] Accidit, dit Agobard, ut non solum valences viribus, sed etiam infirmi et senes lacessantur ad pugnam, etiam pro vilissimis rebus. Quitus foralibus certaminibus contingunt homicidia injusta, et crudeles ac perversi eventus judiciorum. Il supprime adroitement le privilège de louer ou de payer un champion.
[4358] Montesquieu (Esprit des Lois, XXVIII, c. 14), qui comprend pourquoi le duel judiciaire fut admis par les Bourguignons, les Ripuaires, les Allemands, les Bavarois, les Lombards, les Thuringiens, les Frisons et les Saxons, assure, et Agobard semble confirmer cette assertion ; que le combat n’était point autorisé par la loi salique. Cependant cet usage, au moins dans, le cas de trahison, est cité par Ermoldus Nigellus (l. III, 543, t. VI, p. 48) ; et, par le biographe anonyme de Louis le Débonnaire (c. 46, t. VI, p. 112), comme mos antiquus Francorum, more Francis solito. Ces expressions sont très générales pour exclure la plus noble de leurs tribus.
[4359] César, de Bell. gall., l. I, c. 31, t. I, p. 213.
[4360] Le président de Montesquieu a expliqué savamment (Esprit des Lois, l. XXX, c. 7, 8, 9) les allusions obscures qui se trouvent dans les lois des Bourguignons (tit. 54, n° 1, 2, t. IV, p. 271, 272) et des Visigoths (l. X, tit. I, n° 8, 9, 16, t. IV, p. 428, 429, 430), relativement au partage des terres. J’ajouterai seulement que parmi les Goths le partage, semble avoir été constaté par le jugement des voisins ; que les Barbares s’emparaient souvent du tiers restant, et que les Romains alors, pouvaient réclamer leur droit eu justice, à moins qu’il y eût une prescription de cinquante ans.
[4361] C’est assez singulier que le président de Montesquieu (Esprit des Lois, l. XXX, c. 7) et l’abbé de Mably (Observat., t. I, p. 21, 22) adoptent l’un et l’autre l’étrange supposition d’une rapine arbitraire. A travers son ignorance et ses préjuge, le comte de Boulainvilliers (État de la France, t. I, p. 22, 23) laisse entrevoir une grande force de jugement.
[4362] Voyez l’édit ou plutôt le code rustique de Charlemagne, qui contient soixante-dix règlements (t. V, p. 652-657). Il exige le compte des cornes et des peaux de ses chèvres ; il permet que l’on vende son poisson, et ordonne soigneusement qu’on nourrisse dans chacun de ses plus grands manoirs, capitancœ, cent poules et trente oies, et dans les plus petits, mansionales, cinquante poules à douze oies. Mabillon (de Re diplomatica) a fait connaître les noms, le nombre et la situation des manoirs mérovingiens.
[4363] D’après un passage de la loi des Bourguignons (t. I, n° 4, tome IV, p. 257), il est évident qu’un fils qui s’en montrait digne pouvait espérer de conserver les terres que son père tenait de la libéralité de Gondebaut. Il y a lieu de croire que les Bourguignons s’attachèrent à maintenir ce privilège, et que leur exemple encouragea les bénéficiers de France.
[4364] L’abbé de Mably a soigneusement établi les différentes révolutions des fiefs et des bénéfices, et sa distinction des temps lui donne à cet égard une supériorité à laquelle Montesquieu lui-même n’a point atteint.
[4365] Voyez la loi salique, tit. 62, t. IV, p. 156. L’origine et la nature de ces terres saliques, parfaitement connues dans les temps d’ignorance, embarrassent aujourd’hui nos critiques, les plus instruits et les plus intelligents.
[4366] Une grande partie des deux cent six miracles de saint Martin de Tours furent destinés à punir les sacrilèges (saint Grégoire de Tours, in maxima Bibliotheca Patrum, t. XI, p. 896-932). Audite hæc omnes, s’écrie l’évêque de Tours, potestatem habentes, après avoir raconté comment quelques chevaux qu’on avait fait entrer dans une prairie appartenant à l’église, étaient devenus enragés.
[4367] Heineccius, Elem. jur. Germ., l. IX, p. I, n° 8.
[4368] Jonas, évêque d’Orléans, A. D. 821-826. Cave (Hist. litteraria, p. 443) blâme la tyrannie légale des nobles. Pro feris, quas cura hominum non aluit, sed Deus in commune mortalibus ad utendum concessif, pauperes a potentioribus spoliantur, flagellantur, ergastulis detruduntur et multa alla patiuntur. Hoc enim qui faciunt, lege mundi se facere juste posse contendant. De Instit. Laïcorum, l. II, c. 23, ap. Thomasssin, Discipline de l’Église, t. III, p. 1348.
[4369] Sur un simple soupçon, Chundo, chambellan de. Gontran, roi de Bourgogne, fut lapidé. (Saint Grégoire de Tours, l. X, c. 10, t. II, p. 369.) Jean de Salisbury (Polycrat., l. I, c. 4.) réclame les droits de la nature, et se récrie contre la pratique cruelle du douzième siècle. Voyez Heineccius, Element. jur. Germ., t. II, p. 1, n° 51-57.
[4370] L’usage de faire esclaves les prisonniers de guerre, fut tout à fait aboli dans le treizième siècle par l’influence bienfaisante du christianisme. Mais on peut prouver, par un grand nombre de passages de saint Grégoire de Tours, qu’on le pratiquait sous les rois mérovingiens sans encourir de censure. Grotius lui-même (de Jure Belli et Pacis, l. III, c. 7) et Barbeyrac, son commentateur, ont tâché de prouver qu’il ne blessait ni les lois de la raison ni celles de la nature.
[4371] On Trouve un détail de l’état et des professions des esclaves germains, italiens et gaulois, dans Heineccius, Elem. jur. Germ., l. I., n° 28-47 ; Muratori, Dissertations 14, 15 ; Ducange, Gloss sub voce Servi ; et l’abbé de Mably, Observat., t. II, part. III, etc., p. 237, etc.
[4372] Saint Grégoire de Tours (l. VI, c. 45, t. II, p. 289). Un exemple mémorable dans lequel Chilpéric ne fit, selon lui, qu’abuser des droits de maître. Il fit transporter de force en Espagne plusieurs familles qui appartenaient à ses domus fiscales, situées dans les environs de Paris.
[4373] Litentiam habeatis mihi qualemcunque volueritis disciplinam, ponere, vel venumdare, aut quod vobis placuerit de me facere (Marculf, Formul., l. II, 28, t. IV, p. 497). La formule de Lindertbrog (p. 559) et celle d’Anjou (p. 565) servaient au même objet. Saint Grégoire de Tours (l. VII, c. 45, t. II, p. 311) parle de plusieurs personnages qui se vendirent pour obtenir du pain dans un temps de famine.
[4374] Lorsque César la vit, il se mit à rire. (Plutarque, in Cæsar, t. I, p. 409.) Cependant il raconté l’événement du siège de Gergovie avec moins de franchise qu’on n’aurait droit d’en attendre d’un héros accoutumé à la victoire ; mais il avoue qu’il perdit à une seule attaque sept cents soldats et quarante-six centurions. De Bell. Gallic., l. VI, c. 44-53, t. I, p. 270-272.
[4375] Audebant se quondam, fratres Latio dicere, et sanguine ab Iliaco populos computare. (Sidon. Apollinaris, l. VII, épit. 7, t. I, p. 799.) Je ne suis point instruit des degrés ou des circonstances de cette fabuleuse parenté.
[4376] Dans le premier ou dans le second partage des fils de Clovis, Childebert avait eu le Berry. (Saint Grégoire de Tours, l. III, c. 12, t. II, p. 192.) Velim, dit-il, Arvernam Lemanem, quæ tanta jucunditutis gracia refulgere dicitur, oculis cernere (l. III, c. 9, p. 191). Un brouillard épais cachait la vue du pays, lorsque le roi de Paris fit son entrée dans Clermont.
[4377] Voyez Sidonius pour la description de l’Auvergne (l. IV, épit. 21, t. I, p. 793), avec les notes de Savaron et de Sirmond (p. 279 et 51 de leurs éditions) ; Boulainvilliers (État de la France, tome II, p. 242-268), et l’abbé de Longuerue (Description de la France, part. I, p. 132-139).
[4378] Furorem gentium, quœ de ulteriore Rheni amnis parte venerant, superare non poterat. (Saint Grégoire de Tours, l. IV, c. 50, t. II, p. 229.) Ce fut l’excuse dont se servit un autre roi d’Austrasie, lorsque les troupes qu’il commandait ravagèrent les environs de Paris.
[4379] D’après le nom et la position, les éditeurs bénédictins de saint Grégoire de Tours (t. II, p. 192) placent cette forteresse dans un endroit nommé Castel Merliac, à deux milles de Mauriac dans la Haute-Auvergne. Dans cette description je traduis infra comme s’il y avait intra. Saint Grégoire ou ses copistes confondent à tout instant ces deux prépositions, et le sens doit toujours décider.
[4380] Voyez les révolutions et les guerres de l’Auvergne dans saint Grégoire de Tours, l. II, c. 37, t. II, p. 183 ; et l. III, c. 9, 12, 13, tome II, pages 191, 192 ; de Miraculis S. Juliani, c. 13, t. II, p. 466. Il décèle souvent sa partialité pour son pays.
[4381] L’histoire d’Attale se trouve dans saint Grégaire de Tours, l. III, c. 16, t. II, p. 193-195. Son éditeur, le père dom Ruinart, confond cet Attale encore enfant, puer, dans l’année 532, avec un ami de Sidonius du même nom, et qui était comte d’Autun cinquante ou soixante ans plus tôt. Cette erreur, qui ne peut être imputée à l’ignorance, est si grossière, qu’elle en devient en quelque sorte moins répréhensible.
[4382] Ce Grégoire, bisaïeul de saint Grégoire de Tours (tome II, pages 195, 490), vécut quatre-vingt-douze ans ; il fut quarante ans comte d’Autun, et trente-deux ans évêque de Langres. Si l’on peut en croire le poète Tartunatus, Grégoire fit admirer également son mérite dans ces deux postes distingués.
[4383] Comme M. de Valois et le père Ruinart veulent obstinément substituer Mosa à Mosella qui se trouve dans le texte, je dois me conformer à ce changement ; cependant, après un examen de la topographie, il m’a semblé que je pourrais justifier le Mosella du texte.
[4384] Les parents de saint Grégoire, Gregorius Florentius Georgius, étaient nobles d’extraction, natalibus.... illustres, et possédaient d’amples patrimoines, latifundia, en Auvergne et en Bourgogne. Il naquit en 539, fut consacré évêque de Tours en 573, et mourut en 593 ou 595, peu de temps après qu’il eut fini son histoire. Voyez sa Vie, par Odon, abbé de Clugny, t. II, p. 129-135, et une nouvelle Vie dans les Mém. de l’Acad., etc., t. XXVI, p. 598-637.
[4385] Decedente atque immo potius percunte ab urbibus gallicanis liberalium cultura literarum, etc. (In præf., t. II, p. 137.) Telles sont les plaintes de saint Grégoire lui-même, qu’il justifie par ses propres ouvrages. Son style manque également d’élégance et de simplicité. Dans un rang distingué, il fut toujours étranger à son siècle et à son pays ; et dans un ouvrage prolixe, dont les cinq derniers livres ne contiennent que l’espace de dix années, il a omis presque tout ce qui peut exciter la curiosité des générations suivantes. J’ai acquis, par un jugement long et fastidieux, le droit de prononcer ce jugement défavorable.
[4386] L’abbé de Mably (t. I, p. 217-267) a confirmé avec soin cette opinion du président de Montesquieu, Esprit des Lois, l. XXX, c. 13.
[4387] Voyez Dubos, Hist. crit. de la Monarchie française, t. II, l. VI, c. 9, 10. Les antiquaires français posent pour principe que les Romains et les Barbares sont faciles à distinguer par leurs noms. Leurs noms sont sans doute une présomption ; cependant, en lisant saint Grégoire de Tours, j’ai observé un Gondulfus, à extraction romaine ou sénatoriale (l. VII, c. 11, tome II, p. 273), et un Claudius, Barbare (l. VII, c. 29, p. 303).
[4388] Ennius Mummolus est cité à différentes fois par saint Grégoire de Tours, depuis le quatrième livre (c. 42, p. 224) jusqu’au septième (c. 40, p. 310). Le calcul par talents est assez extraordinaire ; mais si saint Grégoire attachait un sens à ce mot inusité, les trésors de Mummolus devaient excéder cent mille livres sterling.
[4389] Voyez Fleury, Discours 3 sur l’histoire ecclésiastique.
[4390] L’évêque de Tours a consigné lui-même dans ses écrits les plaintes de Chilpéric, petit-fils de Clovis. Ecce pauper remansit fiscus noster ; ecce divitiæ nostræ ad ecclesias sunt translatœ : nulli penitus nisi soli episcopi regnant (l. VI, c. 46, t. II, p. 291).
[4391] Voyez le Code Ripuaire, tit. 36, t. IV, p. 241. La loi salique ne pourvoit point à la sûreté du clergé ; et nous pouvons supposer, à l’honneur de la tribu la plus civilisée, qu’elle ne prévoyait pas qu’on pu pousser l’impiété jusqu’au meurtre d’un prêtre. Cependant Prétextat, archevêque de Rouen, fut assassiné au pied des autels par l’ordre de Frédégonde. Saint Grégoire de Tours, l. VIII, c. 31, t. II, p. 326.
[4392] M. Bonamy (Mém. de l’Acad. des Inscript., t. XXIV, p. 582-670) a prouvé l’existence de la lingua romana rustica, lui fut l’origine de la langue romance, et a été insensiblement portée à l’état de perfection où est aujourd’hui la langue française. Sous la race carlovingienne, les princes et les nobles de France comprenaient encore l’ancien dialecte de leurs ancêtres.
[4393] Ce beau système a été trouvé dans les bois. Montesquieu, Esprit des Lois, l. XI, c. 6.
[4394] Voyez l’abbé de Mably, Observat., etc., t. I, p. 34-56. Il semblerait que cette institution d’assemblées nationales, dont l’origine en France est aussi ancienne que la nation, n’ait jamais convenu au génie des Français.
[4395] Saint Grégoire de Tours (l. VIII, c. 30, t. II, p. 325, 326) raconte avec beaucoup d’indifférence les crimes, le reproche et l’apologie.
[4396] L’Espagne a été particulièrement malheureuse dans ces siècles d’obscurité. Les Francs avaient un saint Grégoire de Tours, les Saxons ou Angles un Bède, les Lombards un Paul Wirnefrid, etc. ; mais on ne trouve l’histoire des Visigoths que dans les Chroniques concises et imparfaites d’Isidore de Séville et de Jean de Biclar.
[4397] Telles sont les plaintes de saint Boniface, l’apôtre de la Germanie et le réformateur de la Gaule (t. IV, p. 94). Les quatre-vingts ans de licence et de corruption qu’il déplore semblent annoncer que les Barbares furent admis dans le clergé vers l’année 660.
[4398] Les Actes des conciles de Tolède sont encore aujourd’hui les monuments les plus authentiques de l’Église et de la constitution de l’Espagne. Les passages suivants sont particulièrement importants : l. III, 17, 18 ; IV, 75 ; V, 2, 3, 4, 5, 6 ; VI, 11, 12, 13, 14, 17, 18 ; VII, 1 ; XIII, 2, 3, 6. J’ai trouvé des renseignements très utiles dans Mascou, Histoire des anciens Germains, XV, 29, et les notes 26 et 33 ; et dans Ferreras, Hist. générale de l’Espagne, t. II.
[4399] Dom Bouquet a publié (t. IV, p. 273-460) le Code correct des Visigoths, divisé en douze livres. Le Président de Montesquieu (Esprit des Lois, l. XXVIII, c. 1) l’a traité avec une sévérité excessive. Le style m’en déplaît, et je hais l’esprit de superstition qui s’y montre ; mais je ne crains point de dire que cette jurisprudence civile annonce l’état d’une société plus policée et plus éclairée que celle des Bourguignons ou même des Lombards.
[4400] Voyez saint Gildas, de Excidio Britanniæ, c. 11-25, p. 4-9, édit. Gale ; Hist. Britonum de Nennius, c. 28, 35-65, p. 105-115, édit Gale ; Bède, Hist. ecclés. Gentis Anglorum, l.I, c. 12-16, p. 49-53, c. 22, p. 58, édit. Smith ; Chron. Soxonicum, p. 11-23, etc., édit. Gibson. Les lois des Anglo-Saxons ont été publiées par Wilkins, Londres, 1731, in folio, et les Lege Wallicæ, par Wotton et Clarke, Londres, 1730, in folio.
[4401] Le laborieux M. Carte et l’ingénieux M. Witaker sont les deux historiens. modernes qui m’ont été le plus utiles dans mes recherches. L’historien particulier de Manchester embrasse sous ce titre obscur un sujet presque aussi étendu que l’histoire générale d’Angleterre.
[4402] Le fait de cette invitation, à laquelle les expressions vagues de saint Gildas et de Bède pourraient faire ajouter quelque foi, a été arrangé par Witikind, moine saxon du dixième siècle, qui en a fait un récit régulier et accompagné de toutes ses circonstances. (Voyez Cousin, Histoire de l’empire d’Occident, t. II, p. 356.) Rapin et Hume lui-même se sont servis trop légèrement de cette autorité suspecte, sans égard pour le témoignage précis et probable de Nennius. Interea venerunt tres Chiulæ a Germania in exilio pulsæ, in quibus erant Hors et Hengist.
[4403] Nennius accuse les Saxons d’avoir massacré trois cents chefs des Bretons. Ce crime ne paraît pas fort éloigné de leurs mœurs sauvages ; mais nous ne sommes pas obligés de croire qu’ils aient eu pour tombeau Stonehenge, que les géants avaient anciennement transportés d’Afrique en Irlande, et qui fut rapporté en Bretagne par l’ordre de saint Ambroise et l’art de Merlin. Voyez Geoffroy de Monmouth, l. VIII, c. 9, 12.
[4404] Bède parle clairement de toutes ces tribus (l. I, c. 15, p. 52 ; l. V, c. 9, p. 190) ; et malgré les remarques de M. Witaker (Hist. de Manchester, vol. II, p 538-543), je ne vois point qu’il y ait d’absurdité à supposer que les Frisons, etc., se mêlèrent aux Anglo-Saxons.
[4405] Bède a compté sept rois, deux Saxons, un Jute et quatre Angles, qui acquirent successivement dans l’heptarchie une supériorité de puissance et de renommée ; mais leur règne était fondé sur la conquête et non sur la loi. Il observe, toujours dans les mêmes termes qu’il a employés pour désigner le genre de leur puissance, que l’un d’eux soumit les îles de Man et d’Anglesey, et qu’un autre imposa un tribut aux Pictes et aux Écossais. Hist. ecclésiastique, l. II, c. 5, p. 83.
[4406] Voyez saint Gildas, de Excidio Britanniæ, c. I, p. 1, édit. de Gale.
[4407] M. Whitaker (Hist. de Manchester, vol. II, p. 503, 516.) a démontré d’une manière vive et frappante cette absurdité palpable que la plupart des historiens généraux ont négligée pour s’occuper de faits plus intéressants.
[4408] A Beran-Birig ou Barbury-Castle près de Marlborough ; la Chronique saxonne cite le nom et la date. Camden (Britannia, vol. I, p. 128) fixe le lieu ; et Henri d’Huntingdon (Scriptores post Bedam, p. 314) raconte les circonstances de cette bataille. Elles paraissent probables, et les historiens du douzième siècle ont pu consulter des autorités qui n’existent plus.
[4409] Le pays de Cornouailles fut totalement soumis (A. D. 927) par Athelstan, qui établit une colonie anglaise à Exeter, et repoussa les Bretons au-delà de la rivière de Tamar. (Voyez William de Malmsbury, l. II, dans les Scriptores post Bedam, p. 50.) La servitude dégrada l’esprit des chevaliers de Cornouailles ; et il paraîtrait, par le roman de Tristan, que leur lâcheté était passée en proverbe.
[4410] L’établissement des Bretons dans la Gaule au sixième siècle est attesté par Procope, saint Grégoire de Tours, le second concile de Tours (A. D. 567), et par la moins suspecte de leurs Chroniques et de leurs Vies des Saints. La signature d’un évêque breton au premier concile de Tours (A. D. 461 ou plutôt 481), l’armée de Riotamus, et les déclamations vagues de saint Gildas (alii transmarinas petebant regiones, c. 25, p. 8), semblent constater une émigration dès le milieu du cinquième siècle. Avant cette époque, on ne trouve les Bretons de l’Armorique que dans des romans ; et je suis surpris que M. Whitaker (Hist. des Bretons, P. 214-221) copie si fidèlement la méprise impardonnable de Carte, dont il a si rigoureusement relevé des erreurs peu importantes.
[4411] Les antiquités de la Bretagne, qui ont fourni le sujet d’une contestation politique, ont été éclaircies par Adrien de Valois (Notitia Galliarum, sub voce Britannia Cismarina, p. 98-100), M. d’Anville (Notice de l’ancienne Gaule, Corisopiti, Curiosolites, Osismii, Vorganium, p. 248, 258 508, 726, et États de l’Europe, p. 76-80), Longuerue (Description de la France, t. I, p. 84-94), et l’abbé de Vertot (Hist. critiq. de l’établ. des Bretons dans les Gaules, 2 vol. in-12, Paris, 1720). Je puis me vanter d’avoir examiné l’original de l’autorité qu’ils ont produite.
[4412] Bède, qui dans sa Chronique (p. 28) place Ambroise sous le règne de Zénon (A. D. 474-491), observe que ses parents avaient été purpura induti, ce qu’il explique dans son Histoire ecclésiastique par regium nomen et insigne ferentibus (l. I, c. 16, p. 53). L’expression de Nennius (c. 44, p. 110, édit. de Gale) est encore plus singulière : Unus de consulibus gentis romanicæ, est pater meus.
[4413] La conjecture unanime, mais suspecte, de nos antiquaires, confond Ambroise avec Natanlcod, qui périt avec cinq mille de ses sujets (A. D. 508), dans une bataille contre Cerdic, le Saxon d’Occident. Chron. saxon., p. 17, 18.
[4414] Comme les bardes gallois, Myrdhin, Llomarch et Taliessin, me sont parfaitement inconnus, je fonde ma confiance, relativement à l’existence et aux exploits d’Arthur, sur le témoignage simple et circonstancié de Nennius (Hist. Brit., c. 62, 63, p. 114). M. Whitaker (Hist. de Manch., vol II, p. 31-71) a composé une histoire intéressante et mémorable des guerres d’Arthur ; mais il est impossible d’admettre la réalité de la Table ronde.
[4415] M. Thomas Warton a éclairci avec le goût d’un poète et l’exactitude active d’un antiquaire, les progrès des romans et l’état des sciences dans le moyen âge. J’ai tiré des instructions qui m’ont été fort utiles, des deux savantes Dissertations qui se trouvent à la tête de son premier volume de l’histoire de la poésie anglaise.
[4416] Andredes Ceaster ou Anderida était située, selon Camden (Britannia, vol. I, p. 258), à Newenden, dans les terres marécageuses de Kent, peut-être couvertes jadis des eaux de la mer, et sur le bord de la grande forêt (Anderida) qui couvrait une si grande partie de Sussex et du Hampshire.
[4417] Hoc anno (496), Ælla et Cissa obsederunt Andredes-Ceaster ; et interfecerunt omnes qui id incoluerunt ; adeo ut ne unus Brito ibi superstes fuerit. (Chron. saxon., p. 15.) Cette expression est plus effrayante dans sa simplicité que toutes les vagues et ennuyeuses lamentations du Jérémie de la Bretagne.
[4418] Le docteur Johnson affirme qu’un très petit nombre de mots anglais seulement tirent leur origine de la langue bretonne. M. Whitaker, qui entend le breton, en a découvert plus de trois mille, et en a fait un catalogue (vol. Il, p. 235-329). Il est possible à la vérité qu’une partie de ces mots aient été transportés de la langue latine ou saxonne dans l’idi0me natif de la Bretagne.
[4419] Au commencement du septième siècle, les Francs et les Anglo-Saxons, entendaient mutuellement leurs langages dérivés de la même racine teutonique. Bède, l. I, c. 25, p. 60.
[4420] Après la première génération de missionnaires écossais ou italiens, les dignités de l’Église furent remplies par des prosélytes saxons.
[4421] Histoire d’Angleterre par Carte, vol. I, p. 195. Il cite les historiens bretons ; mais je soupçonne que Geoffroy de Monmouth est sa seule autorité (l. VI, c. 15).
[4422] Bède, Hist. ecclés., l. I, c. 15, p. 52. Le fait est probable et bien attesté ; cependant tel était le mélange confus des tribus germaines, que nous trouvons dans une période suivante la loi des Angles et des Warins de la Germanie. Lindenbrog, Codex, p. 479-486.
[4423] Voyez la savante et utile Histoire de la Grande-Bretagne par le docteur Henry, vol. II, p. 388.
[4424] Quicquid, dit Jean de Tinemouth, inter Tinam et Tesam fluvios extitit sola eremi vastitudo tunc temporis fuit, et idcirco nullius ditioni servivit, eo quod sola indomitorum et sylvestrium animalium spelunca et habitatio fuit, apud Carte, vol. I, p. 195. L’évêque Nicholson m’apprend (Bibl. histor. angl., p. 65, 98) que l’on conserve dans les Bibliothèques d’Oxford, Lambeth, etc., de très belles copies des volumineuses collections de Jean de Tinemouth.
[4425] Voyez la mission de Wilfrid, etc., dans Bède, Hist. ecclés., l. IV, c. 13, 16, p. 155, 156, 159.
[4426] D’après les témoignages conformes de Bède (l. II, c. 1, p. 78) et de Guillaume de Malmsbury (l. III, p. 102), il paraît que les Anglo-Saxons, persévérèrent depuis le premier siècle jusqu’au dernier dans cette pratique qui offense la nature. Ils vendaient publiquement leurs enfants dans les marchés de Rome.
[4427] Selon les lois d’Ina, ils ne pouvaient pas être vendus légitimement pour passer au-delà des mers.
[4428] La vie d’un vallus ou cambricus homo, qui possédait une hyde de terre, était appréciée par la même loi d’Ina à cent vingt schelling (tit. XXXII, in leg. Anglo-Saxon., p. 20). Elle accordé deux cents schellings pour un Saxon libre, et douze cents pour un seigneur saxon. (Voyez aussi leg. Anglo-saxon, p. 71.) Nous pouvons observer que ces législateurs, les Saxons occidentaux et les Merciens, continuèrent leurs conquêtes dans la Bretagne après qu’ils eurent embrassé le christianisme. Les lois de quatre rois de Kent ne daignent pas même indiquer l’existence de leurs sujets bretons.
[4429] Voyez Carte, Hist. d’Angleterre, vol. I, p 278.
[4430] A la fin de son histoire (A., D. 731) Bède décrit l’état ecclésiastique de l’île, et blâme la haine implacable, quoique impuissante, des Bretons contre les Anglais et l’Église catholique (l. V, c. 23, p. 219).
[4431] Le voyage de M. Pennant dans le pays de Galles (p. 426- 449) m’a fourni une anecdote très intéressante sur les bardes gallois. Dans l’année 1568, on tint à Caerwys une session par l’ordre spécial de la reine Elisabeth, et cinquante-cinq ménestrels y reçurent régulièrement leurs grades en musique vocale et instrumentale ; la famille de Mostyn, qui présidait, adjugea pour prix une harpe d’argent.
[4432] Regio longe lateque diffusa, milite, magis quam credibile sit, referta. Partibus equidem in illis miles unues quinquaginta generat, sortitus more barbaro denas aut amplius uxores. Ce reproche de Guillaume de Poitiers, dans les Historiens de France, t. II, p. 88, est repoussé par les éditeurs bénédictins.
[4433] Giraldus Cambrensis n’accorde ce don d’une éloquence prompte et hardie qu’aux Romains, aux Français et aux Bretons. Le malveillant Gallois insinue que la taciturnité des Anglais pourrait bien être l’effet de leur esclavage sous le gouvernement des Normands.
[4434] La peinture des mœurs du pays de Galles et de l’Armorique est tirée de Giraldus, Descript. Cambriæ., c. 6-15, inter script. Camden, p. 886-891) et des auteurs cités par l’abbé de Vertot (Hist. crit., t. II, p. 259-266).
[4435] Voyez Procope, de Bell. goth., l. IV, c. 20, p. 620-625. L’historien grec parait si confondu des prodiges qu’il raconte, qu’il tente faiblement de distinguer les îles de Brittia et de Bretagne, qu’il a identifiées d’avance par tant de circonstances inséparables.
[4436] Théodebert, roi d’Austrasie, et petit-fils, de Clovis, était le prince le plus puissant et le guerrier le plus renommé de son siècle ; et l’on peut placer cette aventure remarquable entre les années 534 et 547, époques du commencement et de la fin de son règne. Sa sœur Theudechilde se retira dans la ville de Sens, où elle fonda des monastères et distribua des aumônes. (Voyez les Notes des éditeurs bénédictins, t. II, p. 216.) Si nous en croyons les éloges de Fortunatus (l. VI, carm. 5, t. II, p. 507), Radiger perdit la plus estimable des femmes.
[4437] Elle était peut-être sœur d’un des princes ou chefs des Angles, qui descendirent en 527 et dans les années suivantes, entre l’Humber et la Tamise ; et qui fondèrent peu a peu les royaumes de Mercie et d’Estanglie. Les écrivains anglais paraissent ignorer leurs noms et leur existence ; mais Procope peut avoir suggéré à M. Rowe le caractère et la situation de Rodogune dans la tragédie du Royal Converti.
[4438] On ne trouve aucune trace dans la volumineuse histoire de saint Grégoire de Tours d’aucunes relations, soit hostiles soit amicales, entre la France et l’Angleterre, si l’on en excepte le mariage de la fille de Caribert, roi de Paris, quam regis cujusdam in Cantiâ, filius matrimonio copulavit. (L. IX, c. 26, t. II, p. 348.) L’évêque de Tours finit son histoire et sa vie presque immédiatement avant la conversion de la province de Kent.
[4439] Telles sont les expressions figurées de Plutarque (Opera, t. II, p. 318, édit. Wechel.), à qui, sur l’autorité de son fils Lamprias (Fabricius, Bibl. græc., t. III, p. 341), j’attribuerai hardiment la déclamation malveillante περι της Ρωμάιων. Les mêmes opinions régiraient chez les Grecs deux cent cinquante ans avant Plutarque ; et Polybe (Hist., l. I, p. 90, édit. Gronov., Amster., 1670) annonce positivement l’intention de les réfuter.
[4440] Voyez les restes inestimables du sixième livre de Polybe ; et différents autres passages de son Histoire générale, particulièrement une digression de son dix-septième livre, dans laquelle il compare la phalange et la légion.
[4441] Salluste (de Bell. Jugurth.) prétend avoir entendu ces généreux sentiments exprimés par P. Scipion et Q. Maximus, morts plusieurs années avant sa naissance. Il avait lu et probablement copié Polybe, leur contemporain et leur ami.
[4442] Tandis que les flammes réduisaient Carthage en cendres, Scipion répéta deux vers de l’Iliade qui peignent la destruction de Troie, et avoua à Polybe, son ami et son précepteur (Polybe, in excerpt. de Virtut. et Vit., tome II, p. 1455-1465), que, frappé des vicissitudes humaines, il les appliquait intérieurement aux calamités futures de Rome.
[4443] Voyez Daniel, II, 31-40. Et le quatrième royaume aura la force et la dureté du fer, et le fer vient à bout de tout briser et de tout dompter. Le reste de la prophétie, le mélange de fer et d’argile, fut accompli, selon saint Jérôme, dans le temps où il vivait. Sicut enim in principio nihil Romano imperio fortius et durius, ita in fine rerum nihil imbecillius : quum et in bellis civilibus et advenus diversas nationes, aliarum gentium barbararum auxilio indigemus. Opera, t. V, p. 572.
[4444] Les éditeurs français et anglais de l’Histoire généalogique des Tartares y ont joint une description curieuse, mais imparfaite, de l’état de ces peuples. Nous pourrions révoquer en doute l’indépendance des Kalmouks ou Eluths, puisqu’ils ont été vaincus récemment par les Chinois, qui soumirent (en 1759) la petite Bucharie, et avancèrent dans le pays de Badakhshan, près des sources de l’Oxus. (Mém. sur les Chinois, t. I, p. 325-400) Mais ces conquêtes sont précaires, et je ne m’aventurerai point à cautionner la sûreté de l’empire de la Chine.
[4445] Le lecteur raisonnable jugera à quel degré cette proposition générale peut être affaiblie par la révolte des Isauriens, l’indépendance de la Bretagne et de l’Armorique, les tribus mauresques ou les Bagaudes de la Gaule et de l’Espagne.
[4446] L’Amérique contient aujourd’hui environ six millions d’Européens de naissance ou d’origine, et leur nombre, au moins dans le nord, augmente continuellement. Quelles que soient les révolutions de leur système politique, ils conserveront les mœurs de l’Europe ; et nous pouvons penser avec quelque plaisir que la langue anglaise sera probablement répandue sur un continent immense et richement peuplé.
[4447] On avait fait venir (pour le siége de Turin), cent quarante pièces de canon, et il est à remarquer que chaque gros canon monté revient environ à deux mille écus ; il y avait cent dix mille boulets, cent six mille cartouches d’une espèce, et trois cent mille d’une autre ; vingt et un mille bombes, vingt-sept mille sept cents grenades, quinze mille sacs à terre, trente mille instruments pour le pionnage, et douze cent mille livres de poudre : ajoutez à ces munitions le plomb, le fer, le fer-blanc, les cordages, et tout ce qui sert aux mineurs, le soufre, le salpêtre, les outils de toute espèce. Il est certain que les frais de tous ces préparatifs de destruction suffiraient pour fonder et faire fleurir la plus nombreuse colonie. Voltaire, Siècle de Louis XIV, c. 20.
[4448] Il serait aussi aisé que fastidieux de produire les autorités des poètes, des philosophes et des historiens ; et je me contenterai d’en appeler au témoignage authentique et décisif de Diodore de Sicile (t. I, l. I, p. 11, 12 ; l. III, p. 184, etc., éd. Wesseling). Les Ichthyophages qui erraient de son temps sur les côtes de la Mer Rouge, ne peuvent se comparer qu’aux sauvages de la Nouvelle-Hollande. (Voyage de Dampierre, vol. I, p. 464-469.) L’imagination ou peut-être la raison peut supposer un état de pure nature fort inférieur à celui de ces sauvages, qui avaient acquis quelques arts et quelques outils.
[4449] Voyez le savant et judicieux ouvrage du président Goguet, de l’Origine des Lois, des Arts et des Sciences. Il cite quelques faits, et propose des conjectures (t. I, p. 147-337, édit. in-12) sur les premiers pas de l’invention humaine, qui furent sans doute les plus difficiles.
[4450] Il est certain, quoique ce fait soit extraordinaire, que plusieurs peuples ont ignoré l’usage du feu. Les ingénieux habitants d’Otahiti, qui manquent de métaux, n’ont inventé aucun ustensile de terre capable de supporter l’action du fer, et de communiquer la chaleur au liquide qu’il contient.
[4451] Plutarque, Quaest. rom., t. III, p. 275 ; Macrobe, Saturnales, l. I, c. 8, p. 152, édit. de Londres. L’arrivée de Saturne dans un vaisseau peut indiquer que la côte sauvage du Latium fut originairement découverte et civilisée par les Phéniciens.
[4452] Dans les neuvième et dixième livres de l’Odyssée, Homère a embelli les contes de quelques matelots timides et crédules qui transformèrent en géants monstrueux les cannibales de la Sicile et de l’Italie.
[4453] L’avarice, le fanatisme et la cruauté ont trop souvent effacé le mérite des découvertes, et le commerce des nations a répandu des maladies et des préjugés. Nous devons faire une juste exception en faveur de notre siècle et de notre patrie. Les cinq grands voyages entrepris successivement par les ordres du roi actuel d’Angleterre, n’avaient d’autre but que l’amour pur et généreux des sciences et de l’humanité. Ce même prince, adaptant ses bienfaits aux différentes classes de la société, a fondé une école de peinture dans sa capitale, et a introduit dans les îles de la mer du Sud les végétaux et les animaux les plus utiles au genre humain.