52.

 

L'homme masqué de noir gémit de douleur lorsque les flics le menottèrent dans le dos.

– Ma main, bordel ! Espèces d'enfoirés, j'ai la main cassée !

Je me remis debout et vis plusieurs hommes en coupe-vent noir se mouvoir ici et là, telles fourmis sur une fourmilière. Sur certaines vestes en plastique on pouvait lire LAPD, mais la plupart s'ornaient du signe FBI dans le dos. Bientôt un hélicoptère arriva au-dessus de nous et illumina tout le parking avec son projecteur de poursuite.

Bosch s'approcha des agents du FBI penchés au-dessus de l'homme masqué.

– Il est touché ? demanda-t-il.

– Il n'a pas de blessures, répondit l'agent. La balle a dû toucher son arme, mais ça doit quand même lui faire un mal de chien.

– Où est son arme ?

– On la cherche encore, dit l'agent.

– Il est possible qu'elle soit tombée dans le ravin, fit remarquer un autre agent.

– Si on ne la retrouve pas ce soir, on la retrouvera demain, à la lumière du jour, dit un troisième.

Ils aidèrent l'homme masqué à se remettre debout. Deux agents du FBI se placèrent de part et d'autre du bonhomme et le tinrent par les coudes.

– Voyons voir à qui nous avons affaire, dit Bosch.

La cagoule de ski fut arrachée sans cérémonie et le faisceau d'une lampe torche braqué sur le visage de l'inconnu. Bosch se retourna et me regarda.

– Le juré numéro sept, dis-je.

– Qu'est-ce que vous racontez ?

– Le juré numéro sept au procès. Il ne s'est pas pointé aujourd'hui et les services du shérif le cherchaient partout.

Bosch se retourna vers l'homme qui, je le savais, s'appelait David McSweeney.

– On l'empêche de bouger d'ici, dit-il.

Puis il se détourna et me fît signe de le suivre. Il sortit du rond où l'on s'activait et gagna le dégagement à côté de ma voiture.

S'arrêta et se tourna de nouveau vers moi. Mais ce fut moi qui lui posai ma question le premier.

– Qu'est-ce qui vient de se passer ? lui demandai-je.

– Ce qui vient de se passer, c'est qu'on vient de vous sauver la vie. Il allait vous pousser dans le ravin.

– Ça, je le sais, mais c'est quoi qui vient de se passer ? D'où sortez-vous, vous et tous les autres ? Vous m'aviez dit que vous libériez vos gus dès que j'allais me coucher. D'où sortent tous ces flics ? Et qu'est-ce que fout le FBI dans tout ça ?

– Ce soir, c'était un peu différent. Ce soir, il s'est passé des trucs.

– Quels trucs ? Qu'est-ce qui a changé ?

– On pourra en reparler plus tard. Commençons par parler de ce que nous avons ici même.

– Ce que nous avons ici même, je n'en sais rien.

– Parlez-moi de ce juré numéro sept. Pourquoi ne s'est-il pas pointé au tribunal aujourd'hui ?

– Eh bien... ce serait plutôt à vous de le lui demander. Tout ce que je peux vous dire, c'est que ce matin le juge nous a appelés à son cabinet et nous a dit avoir reçu une lettre anonyme où on l'informait que le juré numéro sept était bidon et avait menti sur son passé judiciaire. Le juge prévoyait de l'interroger, mais le type ne s'est pas pointé au tribunal. Des shérifs envoyés chez lui et à son boulot nous ont ramené un type qui n'était pas le juré numéro sept.

Bosch leva la main en l'air comme un flic de la circulation.

– Minute, minute, dit-il. Ce que vous dites n'a aucun sens. Je sais bien que vous venez de vous taper une trouille méga, mais...

Il cessa de parler : un des types en veste du LAPD s'approchait de lui.

– Vous voulez qu'on appelle une ambulance ? demanda le flic.

Le type pense avoir la main cassée.

– Non, on le garde ici. On le boucle et on voit après.

– Vous êtes sûr ?

– Rien à foutre de ce type !

L'homme acquiesça d'un signe de tête et regagna l'endroit où d'autres flics gardaient McSweeney.

– Ouais, rien à foutre de ce mec ! dis-je à mon tour.

– Pourquoi voulait-il vous tuer ? reprit Bosch.

Je levai les mains en l'air.

– Je ne sais pas. Peut-être à cause des bruits qu'on a fait courir.

C'était pas ça, l'idée ? Le faire sortir de son trou ?

– Je pense que vous me cachez des trucs, Haller.

– Écoutez, je vous ai toujours dit tout ce que je pouvais. C'est vous qui me cachez des trucs et qui jouez à des petits jeux avec moi. Qu'est-ce que vient foutre le FBI là-dedans ?

– Le FBI est dans le coup depuis le début.

– Ben voyons, et vous, vous avez juste oublié de me le dire.

– Je vous ai dit ce que vous aviez besoin de savoir.

– Eh bien maintenant, j'ai besoin de tout savoir, moi, sinon je cesse de coopérer avec vous dans l'instant. Et cela inclut tout témoignage contre le type là-bas.

J'attendis un instant, mais Bosch garda le silence. Je me tournais pour regagner ma voiture lorsqu'il me posa la main sur le bras. Sourit de frustration et hocha la tête.

– Allons, mec, calmez-vous un peu, dit-il. Arrêtez de lancer des menaces en l'air dans tous les coins.

– Parce que vous croyez que je parle en l'air ? On va voir si je parle en l'air quand je vais commencer à distribuer les citations à comparaître, et fédérales, qui, je le sais, ne vont pas manquer de sortir de tout ça ! Parce que les rapports de confidentialité entre le client et son avocat, je peux les revendiquer jusqu'à la Cour suprême – ce qui, je suis prêt à le parier, ne prendra guère qu'aux environs de deux ans. Même que vos nouveaux petits copains du Bureau vont commencer à regretter que vous ne m'ayez pas tout dit quand vous en aviez la possibilité.

Il réfléchit un instant, puis me tira par le bras.

– D'accord, monsieur le dur à cuire, venez un peu par ici.

Nous gagnâmes un coin du belvédère encore plus éloigné de la fourmilière d'agents du maintien de l'ordre. Et Bosch se mit enfin à parler.

– Les types du FBI m'ont contacté quelques jours après l'assassinat de Vincent pour me dire qu'ils s'étaient intéressés à lui.

C'est tout. Ils s'étaient intéressés à lui. C'était un des avocats dont le nom avait attiré leur attention quand ils enquêtaient sur le fonctionnement des tribunaux d'État. Rien de précis, tout ça se fondait sur des rumeurs, des trucs qu'il aurait dit pouvoir faire pour certains clients, des relations qu'il prétendait avoir, ce genre de choses. Ils avaient dressé une liste d'avocats qui leur paraissaient corrompus et Vincent y figurait. Ils l'avaient invité à coopérer avec eux en qualité de témoin, mais il avait refusé. Ils lui mettaient de plus en plus la pression quand il s'est fait flinguer.

– Bon et donc, ils vous disent tout ça et vous unissez vos forces. C'est-y pas merveilleux ! Merci de m'avoir averti.

– C'est comme je vous l'ai déjà dit : vous n'aviez pas besoin de le savoir.

Un type en veste du FBI traversa le dégagement derrière Bosch, son visage étant un instant éclairé par en dessus. Il me parut familier, mais pas moyen de le remettre. Jusqu'au moment où je lui ajoutai une moustache.

– Hé mais, c'est le trou du cul que vous m'avez collé aux fesses l'autre soir ! dis-je assez fort pour que le type m'entende. Il a eu de la chance que je ne lui colle pas une balle dans le portrait.

Bosch posa ses mains sur ma poitrine et me poussa fort en arrière.

– On se calme, maître. Sans le Bureau, je n'aurais jamais eu assez de bonshommes pour veiller sur votre sécurité. Et à l'heure qu'il est, vous pourriez très bien être là-bas en bas, au fond du ravin.

Je repoussai ses mains, mais me calmai. Ma colère se dissipa au fur et à mesure que j'acceptais la réalité de ce qu'il venait de m'apprendre. Et que c'était dès le début que tout le monde m'avait traité comme un vulgaire pion. Mon client, et maintenant Bosch et le FBI. Bosch profita de cet instant pour faire signe à un autre agent qui nous observait non loin de là.

— Je vous présente l'agent Armstead, dit-il. C'est lui qui a géré le côté FBI de toute cette affaire et il a quelques questions à vous poser.

— Mais pourquoi pas ? m'exclamai-je. Vu que personne ne répond aux miennes ! Je ne vois pas pourquoi je ne répondrais pas aux vôtres !

Jeune et propre sur lui, Armstead avait une coupe de cheveux d'une précision toute militaire.

— Maître Haller, dit-il, nous viendrons à vos questions dès que possible. Pour l'instant, nous avons une situation qui évolue rapidement et votre coopération sera très appréciée. Le juré numéro sept est-il l'homme à qui Vincent avait versé le pot-de-vin ?

Je regardai Bosch avec l'air de dire : « Mais qui c'est, ce mec ? »

— Comment voulez-vous que je le sache ? Je n'étais pas dans le coup, moi. Vous voulez une réponse, allez donc lui poser la question.

— Ne vous inquiétez pas pour ça. Des questions, nous allons lui en poser des tas. Qu'est-ce que vous faisiez ici, maître Haller ?

– Je vous l'ai déjà dit. Et je l'ai dit à Bosch. J'ai reçu un appel d'un type qui disait être flic. Il m'a informé qu'il tenait une femme que je connais personnellement et que cette femme était ivre. Il a ajouté que je pouvais venir la chercher et la reconduire chez elle, ce qui lui éviterait l'inconvénient d'être incarcérée pour conduite en état d'ivresse.

— Nous avons vérifié le nom que vous m'avez donné par téléphone, dit Bosch. Il y a effectivement un Randall Morris dans la police de Los Angeles. Il travaille à l'antigang du South Bureau.

Je hochai la tête.

— Oui, bon, il me semble maintenant assez clair que c'était un appel bidon. Mais il connaissait le nom de mon amie et il avait mon numéro de portable. Sur le coup, ça m'a paru convaincant, d'accord ?

– Comment s'est-il procuré le nom de la femme ? demanda Armstead.

– Bonne question. J'ai eu des relations avec elle... platoniques, ces relations, mais je ne lui avais pas parlé depuis presque un mois.

– Et donc, comment a-t-il eu vent de son existence ?

– Merde, mec, vous me demandez des trucs que je ne sais pas.

Allez donc le demander à McSweeney.

Je compris aussitôt que je m'étais foutu dedans. Je ne pouvais pas connaître ce nom à moins d'avoir enquêté sur le juré numéro sept.

Bosch me regarda avec curiosité. J'ignorais s'il savait que les jurés devaient rester anonymes, même pour les avocats. Avant qu'il puisse me poser une question, je fus sauvé par quelqu'un qui criait dans les buissons, où on m'avait presque jeté par-dessus bord.

– J'ai le flingue !

Bosch me pointa un doigt sur la poitrine.

– Vous ne bougez pas d'ici.

Je regardai Bosch et Armstead trotter vers le petit groupe et se joindre aux agents qui examinaient le flingue avec une lampe torche. Bosch ne le toucha pas, mais se pencha dans la lumière pour le regarder de près.

C'est alors que l'ouverture de Guillaume Tell commença à se faire entendre derrière moi. Je me retournai et vis mon portable au milieu des gravillons – son minuscule écran carré luisant comme un phare. Je m'approchai et le ramassai. Cisco. Je décrochai.

– Cisco, lui dis-je, je te rappelle.

– Dépêche-toi. J'ai des trucs pour toi. Et tu vas aimer.

Je fermai mon portable et regardai Bosch terminer son examen de l'arme, puis rejoindre McSweeney. Se pencher vers lui et lui chuchoter quelque chose à l'oreille. Et ne pas attendre sa réponse avant de se retourner et de revenir vers moi. Même dans cette demi-obscurité, je vis qu'il était tout excité. Armstead le suivait.

– C'est un Beretta Bobcat, dit-il. Comme celui qu'on cherchait pour Vincent. Si la balistique est d'accord, on tient le type.

Et je ferai ce qu'il faut pour que vous ayez les félicitations de la mairie.

– Parfait, je les encadrerai, dis-je.

– Aidez-moi à mettre ça en perspective, Haller. Et vous pouvez commencer par vous dire que c'est ce type-là qui a tué Vincent.

Pourquoi voulait-il vous tuer, vous ?

– Je ne sais pas.

– Le pot-de-vin ? demanda Armstead. C'est lui qui a eu le fric ?

– Même réponse qu'il y a cinq minutes. Je ne sais pas. Mais ça serait logique, non ?

– Comment a-t-il trouvé le nom et le numéro de téléphone de votre amie ?

– Ça non plus, je ne le sais pas.

– Ben, à quoi vous servez, hein ? demanda Bosch.

La question était bonne et la réponse ne me plaisait guère.

– Écoutez, inspecteur, dis-je, je...

– Vous cassez pas la tête, mec. Retournez donc à votre voiture et foutez le camp d'ici. On s'occupe du reste.

Il se retourna et commença à s'éloigner, Armstead sur les talons. J'hésitai, puis je le rappelai. Et lui fis signe de revenir. Il dit quelque chose à l'agent du FBI et revint vers moi, seul.

– On arrête les conneries, dit-il, impatient. J'ai pas le temps.

– Bon, alors voilà, dis-je. Pour moi, il allait faire croire que j'avais sauté.

– Quoi ? Comme un suicide ? Comme si on allait croire un truc pareil ! Vous tenez l'affaire de la décennie, mec ! Une vraie star que vous êtes. Vous passez à la télé. Et vous avez une gamine dont vous soucier. Un suicide ? Ça ne tiendrait pas.

Je hochai la tête.

– Bien sûr que si.

Il me regarda de nouveau et garda le silence en attendant que je m'explique.

– Je sors d'une cure de désintoxication. Vous le saviez ?

– Non, mais vous allez me raconter.

– Disons que je ne pouvais pas supporter la pression de cette grosse affaire et toute l'attention que ça créait et que... ou bien j'ai repiqué au truc ou bien j'étais sur le point de le faire. Et donc, j'ai sauté plutôt que de retourner à cet enfer. Ça n'a rien d'extraordinaire, Bosch. Même qu'on appelle ça « la sortie rapide ». Ce qui me fait penser que...

– Quoi ?

Je lui montrai le juré numéro sept de l'autre côté du belvédère.

– Que lui et le type pour qui il faisait ça savaient beaucoup de choses sur moi. Mon passé, ils l'avaient étudié en profondeur. Ils ont découvert ma dépendance et ma cure de désintox, et le nom de Lanie. C'est là qu'ils ont préparé un plan bien solide pour se débarrasser de moi parce qu'ils ne pouvaient quand même pas abattre un autre avocat sans que ça ne suscite beaucoup d'intérêt pour ce qu'ils sont en train de fabriquer. Que je meure par suicide leur ôtait sacrément la pression.

– Bon, mais pourquoi avaient-ils besoin de se débarrasser de vous ?

– Ils doivent penser que j'en sais un peu trop.

– Et c'est vrai ?

Avant même que je puisse répondre, McSweeney se mit à crier à l'autre bout du dégagement.

– Hé ! Venez par ici avec l'avocat. Je veux faire affaire. Je peux vous donner de sacrés gros bonnets ! Je veux passer un marché !

Bosch attendit de voir s'il allait ajouter quoi que ce soit, mais il en resta là.

– Vous voulez un tuyau ? lui dis-je. Allez donc là-bas et battez le fer pendant qu'il est chaud. Avant qu'il se rappelle qu'il a le droit d'être représenté par un avocat.

Bosch hocha la tête.

– Merci, coach, dit-il. Mais je crois savoir ce que je fais.

Il commença à traverser le belvédère.

– Hé, Bosch, attendez ! m'écriai-je. Vous ne me devriez pas quelque chose ?

Il s'arrêta et fît signe à Armstead de rejoindre McSweeney. Puis il revint vers moi.

– Qu'est-ce que je vous devrais donc ?

– Une réponse. Ce soir, je vous ai appelé pour vous dire que je serais chez moi. Vous étiez censé réduire la surveillance à une voiture. Sauf que là, on a tout le ban et l'arrière-ban. Qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis ?

– Vous ne savez donc pas ?

– Non. Qu'est-ce que je ne sais pas ?

– Demain, vous pourrez faire la grasse matinée, maître. Il n'y a plus de procès.

– Pourquoi ?

– Parce que votre client est mort. Quelqu'un... probablement notre petit copain là-bas, celui qui veut faire affaire... a liquidé Elliot et sa copine alors qu'ils rentraient d'un dîner. Le portail électrique des studios a refusé de s'ouvrir et quand Elliot a réussi à l'ouvrir en poussant dessus, quelqu'un est arrivé et lui a collé une balle dans la nuque. Et après, il a tiré sur la femme dans la voiture.

Je reculai sous le choc. Ce portail dont il me parlait, je le connaissais. Le palace d'Elliot à Beverly Hills, j'y étais allé à peine quelques jours plus tôt. Quant à la petite amie, je pensai aussi savoir de qui il pouvait s'agir. Pour moi, Nina Albrecht occupait cette fonction depuis qu'Elliot m'avait avoué avoir eu de l'aide le jour des assassinats de Malibu.

L'air abasourdi que j'avais pris n'empêcha pas Bosch de poursuivre.

– C'est un copain que j'ai à la morgue qui m'a filé le tuyau. Je me suis aussitôt dit que quelqu'un allait peut-être vouloir effacer l'ardoise ce soir. J'ai donc rappelé l'équipe de surveillance, histoire de voir ce qui pourrait se passer chez vous. Vous avez eu de la chance que je l'aie fait.

Je le transperçai littéralement du regard en lui répondant.

– Ah ça oui, dis-je, j'ai eu de la chance !

Le Verdict du Plomb
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