J'AIMERAIS QU'ON M'EXPLIQUE

« Un anglais en Inde doit rester un anglais.

Un anglais qui a chaud ne doit pas transpirer c'est inconvenant. Un anglais ne peut épouser qu'une anglaise, méprise les moustiques, les boys et les servantes hindoues qui se pendent à ses basques en implorant du travail. »

Au golf club de Lahore, capitale de la province du Punjab au Pakistan, le colonel commandant le régiment parle ainsi à ses hommes en mil neuf cent trente-huit.

— Messieurs, je n'approuve pas la conduite de ce gentleman, vous le savez...

Le gentleman en question, se trouve être un certain James Fitzloy, présentement accoudé au bar du golf club, où il ingurgite forces whiskies-soda.

Pour le colonel commandant, Fitzloy a tous les défauts qu'un anglais des Indes ne doit pas avoir : il boit quand il a soif, et il a souvent soif, car il fait chaud. Il transpire et ne craint pas de plonger dans les merveilleux bassins du golf club, ou de s'asperger au premier jet d'eau. Il fréquente assidûment les jeunes femmes hindoues, délaissant la fine fleur de la gentry anglaise de Lahore. Depuis un an qu'il est venu en Inde prendre la direction de l'exploitation de tabac de son père, le « beau Jim », ainsi qu'on l'appelle, n'a pas daigné se fiancer, il a trente ans passés ! Enfin, et surtout peut-être, Fitzloy est un civil qui n'a pas embrassé, comme son père défunt, la carrière militaire, et qui affiche une désinvolture sur le plan des mœurs, tout à fait regrettable. Le colonel commandant insiste :

— Je vous conseille vivement messieurs, de tenir à l'écart de cet individu, vos sœurs et vos fiancées. Il me paraît dénué de tout scrupule !

L'un des officiers proteste :

— C'est un compagnon tout à fait agréable au bridge comme au golf ! Et sa fortune est solide ! Il n'a même pas besoin de travailler, ses affaires se font toutes seules.

— En effet, son père, lieutenant-commandant en retraite, avait su faire régner l'ordre et la discipline dans son domaine ! Heureusement pour le fils...

— Reconnaissez commandant, que les réceptions qu'il donne au club sont les plus animées !

— Évidemment ! Toutes ces jeunes dames se sont entichées de lui ! Mais savez-vous ce qu'il a osé déclarer à l'un de mes officiers ? « Qu'il en avait marre des Anglaises, et préférait les peaux brunes ! Marre ! Vous vous rendez compte ?

Affreux certes, d'un point de vue anglais snob et raciste.

Jim Fitzloy un mètre quatre-vingts, carré d'épaules, les yeux bleus, la moustache blonde, ne semble guère préoccupé par le jugement de ses compatriotes. D'ailleurs ce soir il a trop bu. Il lui faut de l'air, au diable cette réception guindée, au diable les uniformes et les smokings blancs, au diable les jeunes filles en fleur et aux mains moites qui s'accrochent à lui d'un air énamouré pour le moindre fox-trot.

— Qui m'aime me suive, camarades ! Je connais un délicieux endroit, dans le bazar, près de la Mosquée des Perles, où l'on sert un riz au curry remarquable !

Plus bas, il ajoute à l'intention de ses compagnons :

— Et où l'on trouve les plus merveilleuses servantes aux yeux noirs...

Dans un éclat de rire, Jim Fitzloy quitte le club avec deux ou trois camarades de fête et sur la place se met à chercher sa voiture avec difficulté, en criant :

— Tous au bazar ! En avant pour la Mosquée des Perles !

Ce sera la dernière incartade de James Fitzloy en public. Son destin l'attend devant la Mosquée des Perles, l'un des plus beaux monuments de Lahore.

Il a le visage ridé, les jambes maigres, il est assis en tailleur, son regard noir est perdu dans une profonde méditation que ne dérange ni les mouches, ni les cris des marchands. Il est le destin de James Fitzloy.

— Alors fakir ? On médite ? On rêve aux mouches ? On est au septième ciel ?

L'homme maigre et noir, vêtu d'un pagne enroulé à la taille, ne répond pas aux sarcasmes de l'Anglais. Les compagnons de Fitzloy tentent de l'entraîner.

— Allons viens, laisse-le !

— Non ! Il me plaît ce type ! Allez fakir, fais-nous des trucs épatants ! Hein ? Tiens, je parie que tu peux faire danser ma cravate ? Non ? Alors fais-nous ton numéro ! Les jambes sur la tête et en extase ! Allez ! Tu ne comprends pas l'anglais ?

Le vieil homme ne répondant toujours pas, Jim s'énerve et lui donne un coup de pied-en l'insultant. Les quelques mots d'hindoustani qu'il a appris en un an, ne sont d'ailleurs que des injures.

Le vieil homme ne répond toujours pas, il s'est contenté de reculer contre le mur, et à nouveau son regard noir se perd dans le vague. Mépris... Mépris total envers ce représentant de la déchéance de l'occupant anglais. Mépris pour son manque de respect, pour son ivresse, pour sa violence. Mépris total pour celui qui côtoie une civilisation, sans essayer de la comprendre. Pour qui a-t-il pris ce vieil homme ? Pour un fakir de cirque ? Un pantin de foire ?

— Allons Fitzloy viens ! Laisse ce pauvre diable tranquille, il ne t'a rien fait !

Rien fait non. Pas encore...

— Messieurs, j'aimerais qu'on m'explique ! Où est passé ce Jim Fitzloy ? On ne le voit plus... Serait-il tombé dans les griffes d'une de vos amies qui le séquestre ?

Le colonel commandant plaisante, mais il n'est pas mécontent de la subite disparition du gentleman Fitzloy, dont sa fille Sarah Jane, lui rebattait trop souvent les oreilles. N'a-t-elle pas eu l'impudence de se rendre à cheval jusque chez lui, il y a quelques jours ? Le colonel en était retourné d'émotion.

— J'aimerais qu'on m'explique, Sarah Jane ? Qu'alliez-vous faire seule, à cheval, et à trois kilomètres de Lahore, chez cet individu ?

— Je voulais lui rendre visite, on ne le voit plus, il est peut-être malade...

— J'espère au moins qu'il a eu la décence de ne pas vous recevoir ?

— En effet père, un domestique m'a répondu que monsieur Fitzloy était occupé, et qu'il ne pouvait pas me recevoir.

— Occupé, dites-vous ? En voilà des manières ! Vous auriez pu avoir besoin d'aide. Un gentleman qui voit se présenter chez lui une jeune fille seule, devrait au moins s'inquiéter de savoir si elle n'a pas besoin d'aide !

Quoi qu'il fasse, Jim Fitzloy n'aura jamais les faveurs du colonel. Sarah Jane le sait bien. Mais Sarah Jane est tombée amoureuse de ce gandin farfelu, dès la première valse. Parce qu'il lui a dit :

— Vous avez la taille fine, on aimerait y poser ses deux mains et serrer jusqu'à vous couper en deux. Et vos yeux ? Pourquoi avez-vous d'aussi jolis yeux noisettes ? Ah je sais, vous ressemblez à un écureuil. Vous devriez lâcher tous ces magnifiques cheveux roux sur vos épaules.

Sarah Jane ne s'en est pas remise. Et pourtant, après quelques jours de cour apparemment assidue, Jim Fitzloy s'était désintéresse de l'écureuil.

Ce que ne dit pas Sarah Jane à son terrible père, c'est qu'en se rendant à la plantation de Fitzloy, elle était prête à tout pour le séduire définitivement. Une seule épingle dans ses cheveux devait lui permettre, une fois passé la ville et les curieux, d'arriver chez lui cheveux au vent, la taille serrée dans un costume d'amazone couleur feuille morte, et les yeux brillants d'avoir chevauché.

Mais tous ces préparatifs se sont avérés inutiles. Ce n'est pas un domestique qui a ouvert la porte, mais une jeune fille, presque une enfant, à la peau bistre et aux yeux en amandes, aux cheveux noirs et lisses, belle comme une statue, et qui lui a dit avec cet accent anglais inimitable des jeunes Bengalis, que Jim ne désirait voir personne.

Cachée dans les fourrés d'hibiscus, Sarah Jane, a guetté, le cœur en morceaux, jusqu'au moment où elle les a aperçus tous les deux, Jim et cette petite servante.

Maintenant l'écureuil est malheureux, mais en bonne Anglaise, elle ne le montre pas. D'ailleurs elle est plus amoureuse que jamais. La jalousie est un drôle de stimulant.

Les jours et les semaines passent, sans que l'on revoie au club ou ailleurs le beau Jim, ses camarades à leur tour s'en inquiètent. Il ne répond plus à aucune invitation, on ne le voit plus à Lahore, ce n'est pas normal. D'autant plus anormal qu'il semble avoir disparu depuis cette fameuse soirée, où ivre et stupide, il a molesté un vieil homme devant la Mosquée des Perles.

Un capitaine qui se trouvait avec lui ce soir-là, décide à son tour de lui rendre visite. Il est accueilli par un domestique inconnu, à l'étrange sourire hypocrite.

— Monsieur désire être seul.

— Qui es-tu toi ? Je ne te connais pas ! Où est son valet de chambre ?

Il l'a renvoyé monsieur, et m'a engagé à sa place.

Laisse-moi entrer !

— Je serai battu monsieur ! Je n'ai pas le droit !

Le capitaine écarte avec décision ce domestique qui ne lui plaît pas et pénètre dans la maison, en appelant Fitzloy. Mais personne ne lui répond et le domestique, plus hypocrite que jamais, le supplie de laisser dormir son maître, lorsque surgit une jeune fille, belle, pieds nus, à peine vêtue d'un sari qui laisse deviner sa peau nue. Elle tend au capitaine un petit billet, écrit de la main de Fitzloy, et s'incline en silence.

Le capitaine lit : « Je ne veux voir personne, laissez-moi en paix. » Derrière la jeune fille inclinée, il y a la porte de la chambre de Filzloy, fermée à clé.

Alors le capitaine s'en va, furieux, mais que faire ? De toute évidence, ce fou de Fitzloy a décidé de vivre avec cette fille et ce domestique au regard faux. Comment l'en empêcher ? Il est majeur, libre de sa vie et de sa fortune, et ainsi que le répète le capitaine, le soir même au golf club :

— Après tout, s'il a décidé de se faire dépouiller ou hypnotiser par cette fille, ça le regarde.

De son côté, Sarah Jane n'a pas perdu son temps. Elle a retrouvé l'ancienne cuisinière de Fitzloy, une femme âgée, qui cherchait du travail a l'entrée du marché de Lahore. Elle faisait elle-même sa publicité devant les belles dames anglaises en récitant ses mérites :

— J'ai travaillé à la plantation Fitzloy, je suis bonne cuisinière, j'ai de bons certificats, je ne vole pas la marchandise.

Sarah Jane l'a fait monter dans sa voiture.

— Où est ton maître ?

— Ce n'est plus mon maître, il m'a chassée...

— Qu'est-ce qui s'est passé? Raconte-moi, je te donnerai des piastres.

— Il est rentré saoul, un soir, il y a deux mois environ, ses amis l'avaient ramené en voiture. Le lendemain, une fille s'est présentée à la grille, elle voulait voir le maître, elle a dit qu'il la recevrait. Alors je l'ai fait rentrer dans la maison et je lui ai dit : « Méfie-toi du maître, tu es trop jolie », mais elle a haussé les épaules. Le maître l'a reçue, et elle n'est plus ressortie de sa chambre. Quelques jours après, il nous a renvoyés, moi et mon mari, il a dit qu'il n'avait plus besoin de personne et que sa « Perle » ferait tout dans la maison. Mais je sais qu'il y a un homme avec eux. Un gardien. Il ne laisse plus entrer personne. C'est un mauvais homme, je l'ai vu quand je suis retournée voir le maître. Je savais qu'il aurait à nouveau besoin de nous, cette fille n'est pas venue pour faire la cuisine et laver par terre, ah non !

— Et pourquoi est-elle venue ?

— C'est l'affaire du maître, Miss Sarah, vous êtes trop jeune pour comprendre !

— Mais cette fille a quinze ans à peine ! Je l'ai vue moi aussi !

— À quinze ans, une fille de chez nous est une femme, elle est bonne à marier, même avant. Mais celle-là ne lui apportera que du malheur, pauvre maître, il est naïf, il ne connaît rien de nous.

— Quel malheur ? Dis-moi !

— Je ne sais pas, Miss Sarah... du malheur, c'est tout.

Alors Sarah Jane prend son courage à deux mains et va supplier son père d'intervenir.

— Mais ce n'est pas mon rôle, chère enfant, c'est le rôle de la police.

— Alors prévenez la police !

— C'est ridicule voyons !

— Non ce n'est pas ridicule ! Il n'est pas dans les habitudes de Jim de se cloîtrer ainsi. Ses camarades eux-mêmes n'ont pu le voir et puis, il y a ce billet étrange que le capitaine a ramené aujourd'hui. Ils vont le voler et le tuer, père, vous devez appeler la police, peut-être même est-il déjà mort. Il y a deux mois que nous ne l'avons pas revu, que personne ne l'a vu.

— Je vais envoyer un de mes hommes, épargnons-nous le ridicule de la police et ne vous mêlez plus de ça Sarah Jane ! Vous vous préoccupez de cet homme d'une manière indécente !

Le capitaine retourne donc à la plantation, sur ordre cette fois du colonel commandant.

— Et soyez discret, débrouillez-vous pour en savoir davantage sans vous faire remarquer. Ma fille est folle ! J'espère que vous pourrez la convaincre d'oublier cet individu pervers.

Le capitaine se rend donc une seconde fois à la plantation, abandonne son cheval dans un bosquet à cinq cents mètres et, le plus discrètement possible, approche de la maison.

Les grilles sont closes, il fait le tour des murs de pierre et des buissons qui protègent le parc, se glisse à l'intérieur, et réussit à grimper sur un arbre, d'où il guette la fenêtre de la chambre de Fitzloy. Après une attente inconfortable, il voit enfin apparaître derrière la vitre fermée, le visage de Jim. Pâle, défait, il lui apparaît hagard. C'est donc qu'il est malade.

Oubliant les consignes de discrétion du colonel, le capitaine dégringole de son arbre et va frapper à la porte de bois, bien décidé cette fois à faire ce qu'il faut.

Un judas s'ouvre, et les yeux du gardien apparaissent.

— Allez-vous-en ! Mon maître ne reçoit pas, il dort.

— Mais je l'ai vu à la fenêtre ! Allez ouvre, ou je te ferai passer l'envie de te moquer du monde ! Ouvre !

Mais le judas se referme avec un claquement sec, et le capitaine à beau tambouriner sur la lourde porte, il n'a aucun espoir de l'enfoncer tout seul. Alors il repart, et rend compte de sa mission au colonel qui, cette fois alerte la police.

Dès le lendemain, un détachement de Cipayes, les soldats hindous incorporés dans l'armée britannique accompagne deux policiers jusqu'à la plantation Fitzloy.

Les grilles sont ouvertes, la porte également, la maison paraît vide. L'un des policiers murmure :

— Mauvais ça, très mauvais. Les hommes traversent le salon désert, la salle à manger, la salle de bains, les cuisines, la chambre. Personne. Les domestiques ont disparu.

C'est au fond d'un couloir, à l'extrémité de la maison qu'une porte fermée à clé, la seule, les arrête. Il faut l'enfoncer. La pièce est un cagibi de rangement où s'entassent des malles et des valises ; par terre, à même le sol, le corps recroquevillé de Jim Fitzloy. Assis, les genoux serrés contre lui, vêtu de vêtements sales et en loques, maigre à faire peur, prostré, le beau Jim ne se ressemble plus. C'est un fou que les soldats emportent. Un fou muet, qui plus jamais ne parlera, plus jamais ne dansera au golf club de Lahore, un fou qu'il faut enfermer à l'hôpital, pour l'obliger à se nourrir, pour le laver, le raser, le soigner comme un pantin muet. James Fitzloy, trente ans, célibataire, beau, riche, héritier de son père, propriétaire de l'une des plantations les plus rentables des environs de Lahore, n'est plus rien. Rien.

Sarah Jane est venue le bercer dans son lit d'hôpital, elle a effleuré, de ses mains blanches et fines d'Anglaise bien élevée, le visage hagard de l'homme qu'elle aimait, détruit par qui ? Par une enfant de quinze ans et un mystérieux domestique au regard de fouine. Ils étaient venus le lendemain du jour où Jim Fitzloy avait insulté le vieil homme devant la Mosquée des Perles, en lui intimant l'ordre de « faire des trucs épatants ». Vengeance ? Oui... mais comment ?

— J'aimerais qu'on m'explique ! a bougonné le colonel commandant le régiment de Lahore...

Mais personne n'a pu.

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