4

Le lendemain du départ de ses parents, Aymeric se réveilla vers midi. Le soleil inondait sa chambre, ce qui était plutôt inhabituel à Nouvelle-Camelot, où il pleuvait la moitié de l’année. C'était la première fois de sa vie qu'il n'était pas sous la supervision de ses parents. Il passa donc un long moment sous la douche, sa sœur n'étant pas là pour réclamer qu'il n'épuise pas le réservoir d'eau chaude, et se vêtit d'un vieux jeans découpé sous les genoux que sa mère tentait de mettre à la poubelle depuis des mois. Puis il enfila un pull blanc sans manches et se dirigea vers la cuisine. Habituellement, lorsqu'il se levait, le déjeuner était déjà sur la table. Au cours des prochaines semaines, il devrait se débrouiller seul. Aymeric savait faire la cuisine, une activité qu'il aimait partager avec sa mère, mais il ignorait où elle rangeait ses livres de recettes. Il ouvrit donc l'armoire et s'empara de la boîte de biscuits au chocolat.

Il fila ensuite au salon et alluma le téléviseur. Il allait presser sur un autre bouton de la manette lorsqu'on sonna à la porte. Aymeric jeta un coup d'œil par la fenêtre et aperçut le scooter de sa meilleure amie. Il s'empressa d'aller lui ouvrir.

— Salut, Aym ! s'exclama joyeusement Mélissa.

Tout comme Béthanie, elle avait de longs cheveux raides, sauf qu'ils étaient blonds. Mais c'était tout ce que les deux adolescentes avaient en commun. Autant Béthanie était sérieuse et posée, autant Mélissa était insouciante et ensoleillée. Physiquement, elle ressemblait à Nicole, sa mère, mais elle avait hérité des yeux bleus rieurs de son père.

Ce matin-là, elle portait un chandail moulant aux motifs psychédéliques dans les tons de vert, blanc, bleu et rose qui faisait ressortir son teint de pêche, ainsi qu'un jeans usé. Mélissa embrassa son ami d'enfance sur la joue et trottina jusqu'au salon.

— Ne me dis pas que tu as joué toute la nuit ! s'exclama-t-elle.

— Non, je viens juste de me lever.

— Alors, ne commence rien parce que nous allons prendre l'air. Il fait vraiment trop beau pour rester dans la maison.

— Tu veux aller marcher dans la forêt ?

— Avec ces souliers ? Tu n'y penses pas, Aym ! D'ailleurs, avec toute la pluie que nous avons eue la semaine dernière, les sentiers sont sûrement inondés. Allons plutôt nous promener en ville.

— Seulement si nous ne nous arrêtons pas dans toutes les boutiques.

— Nous n'irons que chez le marchand de glaces, promis !

Ils grimpèrent sur leurs petites motocyclettes et filèrent vers la cité fortifiée. À l'entrée de la ville, sur la gauche, on avait aménagé un stationnement derrière des palissades coulissantes, afin d'éviter une trop grande circulation dans les rues étroites. Aymeric et Mélissa y laissèrent leurs scooters et poursuivirent leur route à pied. Ils connaissaient déjà la ville par cœur, mais ne se lassaient pas d'en explorer tous les recoins.

— As-tu des plans pour le souper ? demanda Aymeric.

— Ma grand-mère prépare son excellent ragoût. Je t'invite et dis oui !

— Tu sais bien que je ne peux rien te refuser. Et puis, cela fera plaisir à mes parents que je fasse un peu de socialisation.

Ils passèrent devant la boulangerie de Katy Prescott Constantino et la saluèrent de la main. Ce qui était vraiment merveilleux à Nouvelle-Camelot, c'était que tout le monde se connaissait.

— Tu as pris une décision au sujet de ton avenir ? le questionna Mélissa en examinant rapidement une robe dans une vitrine.

— Je serai astrophysicien comme mon père, et je serai le premier à exercer ce métier à temps plein sur un vaisseau spatial qui explorera la galaxie.

— Tu regardes trop de films de science-fiction, Aym. Avant que nos savants en arrivent là, nos os seront redevenus poussière.

— C'est toi qui me dis cela ? Toi qui es toujours si optimiste et réconfortante ?

— Il y a aussi dix pour cent de réalisme dans ma personnalité.

— Alors, mademoiselle réaliste, comment gagneras-tu ta vie ?

— Je serai conférencière sur les droits des femmes.

— Est-ce qu'il existe, ce métier ?

Mélissa s'aperçut qu'une nouvelle boutique venait d'ouvrir dans un local vacant depuis plusieurs mois, en biais avec la boulangerie, juste à côté de la librairie. Dans sa petite vitrine, on pouvait voir, disposés sur un fond en voile, des jeux de tarots, des figurines de dragons et de personnages mythiques ainsi que, sur un socle de verre, un très, très vieux livre. Se sentant attirée par sa couverture, la jeune fille s'arrêta devant la devanture vitrée. Un curieux symbole était gravé sur la couverture en cuir, et des mots étaient écrits juste en dessous, mais dans une langue qu'elle ne connaissait pas.

— Tu aimes la magie ? s'étonna Aymeric.

— Ces objets ne sont pas pour faire des trucs.

— Tu t'y connais ?

— Je lis beaucoup de livres sur l'ésotérisme.

— Tu ne m'avais jamais dit cela.

— Nous avons tous un jardin secret, Aym.

— Pas moi…

Mélissa vit alors l'écriteau qui pendait au-dessus de la porte de la boutique : Timothée Medrawt, Alchimiste de Sa Majesté.

— Tu as déjà lu quelque chose sur lui ? s'enquit Aymeric.

— Non.

— Allons satisfaire ta curiosité, alors.

— Tu m'as fait promettre de ne pas entrer dans les boutiques.

— Celle-là, c'est différent.

Il poussa la porte pour l'inciter à le suivre, ce qui fit tinter une petite clochette accrochée au plafond. Retenant son souffle, Mélissa pénétra dans l'antre de l'alchimiste. La vitrine était la seule fenêtre du petit local coincé entre deux autres commerces, mais puisqu'un rideau bourgogne était tiré devant cette ouverture, il faisait plutôt sombre dans la boutique. Sur le comptoir en bois brûlaient quelques bougies dans un chandelier ancien à cinq branches. L'endroit semblait désert.

Leurs yeux s'habituant de plus en plus à la faible clarté, les adolescents s'approchèrent des gondoles. Elles étaient divisées par thèmes. Certaines contenaient des cristaux de toutes les couleurs, tandis que d'autres étaient couvertes de figurines et de pendentifs aux motifs bizarres. Mélissa s'intéressa plutôt à l'étagère où s'alignaient des dizaines de livres anciens.

— Je n'arrive pas à en lire les titres, déplora-t-elle.

— Sans doute parce que vous n'avez jamais appris le latin, répondit une voix masculine.

Les adolescents sursautèrent. Derrière le comptoir se tenait un homme qui n'y était pas une seconde plus tôt !

— Timothée Medrawt, à votre service.

Leur cœur battant la chamade, Mélissa et Aymeric étaient incapables de prononcer un seul mot.

— J'étais dans l'arrière-boutique, expliqua Medrawt. Je vous assure que je ne suis pas un fantôme. Que puis-je faire pour vous, jeunes gens ?

— Votre boutique est… spéciale, articula enfin Mélissa.

— Il est vrai qu'aucun autre commerce de cette région n'offre mes produits.

— Pourquoi vendre des livres en latin à des gens qui ne le parlent pas ? s'étonna Aymeric.

— Êtes-vous bien certain que cette langue soit morte ? J'ai vendu deux traités d'alchimie ce matin.

— Qu'est-ce que l'alchimie ?

— C'est l'étude de la nature et de sa transformation.

— Mais vous êtes en pleine ville !

— La nature n'est pas seulement dans la forêt, jeune homme. Elle se trouve partout autour de nous.

La voix de Medrawt était rassurante. Il avait des yeux gris sombre rieurs et un visage sans rides. Seuls ses cheveux argentés, qu'il portait très courts, indiquaient qu'il avait certainement l'âge de Terra.

— J'ai déjà lu quelque part que les alchimistes transformaient du métal en or, se rappela Mélissa.

— Lorsqu'on maîtrise les lois naturelles, rien n'est impossible, mademoiselle.

— Pouvez-vous nous montrer comment vous faites ?

— Malheureusement, un alchimiste ne partage ses secrets qu'avec son apprenti.

— Si vous êtes capable de produire de l'or à volonté, vous devez être très riche, laissa échapper Aymeric.

— Un véritable alchimiste n'effectue pas de transmutations pour faire fortune. Il le fait pour l'art.

— Donc, pour vivre, il vend des livres en latin ?

— Ainsi que des grimoires, des pierres magiques et de puissants talismans. Mon but est d'aider les gens à appréhender le monde dans lequel ils vivent.

Aymeric ne comprenait pas pourquoi un homme, apparemment intelligent, s'enfermait ainsi dans un tout petit local sombre où il n'entrerait presque personne. Pour sa part, l'adolescent rêvait plutôt d'une belle carrière et de grands honneurs qu'il ne trouverait certainement pas à Nouvelle-Camelot.

Medrawt ouvrit alors un tiroir et en retira un petit sac en velours noir. Avec un sourire admiratif, il le tendit à Mélissa.

— Pour la jeune dame, expliqua-t-il.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda Mélissa.

— Un présent qui saura vous convaincre de la justesse de mes paroles.

Curieuse, la jeune fille l'ouvrit et fit glisser dans sa main un pendentif en cristal, qui avait la forme d'un bouclier.

— Je vous suggère de le porter en tout temps, fit l'alchimiste.

— Pourquoi ? se méfia Aymeric.

— Parce qu'on ne sait jamais ce qui peut arriver. Ce talisman protège son propriétaire des forces du Mal.

Mélissa s'empressa de détacher la chaînette qu'elle portait au cou et la glissa dans l'anneau du pendentif en remerciant Medrawt.

— Vous ne vendez pas de jeux vidéo, j'imagine, soupira Aymeric, qui aimait de moins en moins cet endroit.

— Non, je suis désolé. Ils n'auraient rien à m'apprendre, de toute façon.

— Viens, Méli, notre entente c'était de prendre l'air aujourd'hui.

— Une heureuse initiative, si vous voulez mon avis, acquiesça Medrawt. Il n'a pas fait aussi beau depuis des lustres.

L'adolescente eut du mal à se libérer du regard fascinant de l'étranger, si bien qu'Aymeric dut la prendre par la main pour la tirer dehors.

— Nous n'aurions jamais dû entrer là-dedans, grommela-t-il une fois dans la rue.

— Mais c'est un homme charmant !

— Un peu trop, si tu veux mon avis.

— Est-ce que tu serais jaloux de l'intérêt qu'il m'a porté, par hasard ?

— Tu as seize ans, Méli ! On ne sait rien de lui ! C'est peut-être un prédateur sexuel qui a été obligé de changer de ville !

— Pourrais-tu baisser le ton ?

En effet, les passants commençaient à les observer avec inquiétude. La criminalité était quasi inexistante dans la ville depuis qu'elle avait subi sa métamorphose, et ses habitants entendaient bien conserver cette bonne réputation.

— Il m'a seulement donné un bijou, continua Mélissa. Il n'y a aucun mal à cela.

— J'ai peur qu'il ne te demande quelque chose en échange.

— Il ne connaît même pas mon nom !

— Et s'il y avait de la mauvaise magie dans ce cristal ?

— Aym, il va vraiment falloir que tu commences à faire la différence entre l'environnement des jeux vidéo et la vraie vie. À Nouvelle-Camelot, les gens sont aimables. Il n'y a aucune arrière-pensée dans leurs gestes.

Le jeune homme ravala son dernier commentaire. S'il voulait avoir un peu de plaisir durant les prochaines semaines, il devait arrêter de se quereller tout de suite avec sa meilleure amie.

— Allons faire un tour au café Internet, grommela-t-il plutôt.

Mélissa le suivit en caressant du bout des doigts le petit bouclier transparent qui pendait à son cou. Ils entrèrent au Columbia Livia, où il n'y avait qu'un seul usager assis devant un grand écran d'ordinateur. Depuis l'avènement de maints nouveaux métiers dans la cité, la population s'occupait autrement qu'en faisant de l'informatique.

— Tu as le meilleur système au monde chez toi, Aym, alors pourquoi venir ici ?

— J'ai peur d'oublier la question qui me trotte dans la tête.

Il s'installa devant une machine isolée.

— Tu n'as qu'à me la dire, proposa Mélissa en prenant place à côté de lui. J'ai une bien meilleure mémoire que toi.

— Je n'en ai que pour une minute.

Il entra son code d'utilisateur et se brancha tout de suite au réseau télématique le plus complet du pays. Mélissa poussa un soupir de découragement en le voyant écrire dans la fenêtre de recherche le nom de Timothée Medrawt.

— Tu es plus tenace qu'un fox-terrier, fit-elle.

Aymeric ne trouva rien correspondant au nom de l'alchimiste ou à celui de sa boutique. Lorsque Mélissa vit apparaître le logo de la Gendarmerie Royale du Canada à l'écran, elle sursauta de frayeur.

— Mais qu'est-ce que tu fais ?

— Je veux juste voir s'il a un dossier criminel.

— Tu n'as pas le droit d'accéder aux sites du gouvernement sans permission !

— C'est pour une bonne cause, je te le jure.

Aymeric avait masqué ses traces en utilisant une adresse Internet qu'il avait créé des mois auparavant à l'aide d'une centaine de liens différents qui s'emboîtaient les uns dans les autres et qui faisaient pratiquement le tour de la planète. Avant que la police ne retrace le cybercafé d'où était partie la requête, il se passerait bien des mois. À peine quelques secondes après avoir forcé la protection du site gouvernemental, il le quitta.

— Bon, ce n'est pas un malfaiteur, admit-il. Mais cela ne veut pas dire non plus que nous allons fréquenter assidûment sa boutique.

— Si cet homme t'indispose à ce point, la prochaine fois, j'y retournerai seule.

— La prochaine fois ?

— Il vend une foule de produits que j'ai toujours rêvé de posséder, l'informa Mélissa en se dirigeant vers la porte de l'établissement.

— Comme quoi ? s'exclama Aymeric en lui emboîtant le pas.

— J'adore les figurines de dragons.

— Il n'est pas le seul à en vendre ! Je connais d'autres marchands qui en ont de plus belles !

— Tu es jaloux.

— Non, Méli. Je suis prudent.

— Je pense qu'une glace te fera du bien.

— Tu ne m'écoutes jamais quand je te parle sérieusement !

Mélissa éclata de rire, ce qui eut pour effet de dérider son ami. Ils convinrent d'arrêter de parler de Medrawt afin de ne plus se disputer inutilement, et se dirigèrent tout droit vers le marchand de glaces sans regarder dans les vitrines.

Capitaine Wilder
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