5

Pour se rassurer, Galahad parcourut toute la ville à cheval en compagnie de Chance. Des années auparavant, l'ancien magicien avait stimulé chez lui un don que tous les humains possédaient, mais que bien peu développaient. Il avait le don de ressentir les énergies subtiles présentes dans l’air et dans les objets. Même si le sorcier avait mis le pied ne serait-ce qu'une seule seconde à Nouvelle-Camelot, il l'aurait immédiatement ressenti. Satisfait de l'absence du Mal dans cette cité qu'il chérissait, le chevalier retourna à son château. Il voulut aider son épouse à descendre de cheval, mais elle arrêta son geste.

— Arrête de me traiter comme si je ne savais rien faire toute seule, maugréa-t-elle.

Même après toutes ces années de mariage, Galahad n'arrivait pas à se défaire des règles de courtoisie que l'ordre avait imprimées dans son crâne.

— Je vais aller faire un tour chez Terra, pour voir comment se débrouille Aymeric.

— Ne rentre pas trop tard.

— Promis.

Galahad talonna son cheval et quitta sa forteresse, malgré l'obscurité grandissante. Il le fit galoper le long des murailles de Nouvelle-Camelot, dont les lourdes portes allaient bientôt se refermer. Les Wilder résidaient à la campagne, Terra n'ayant pas voulu faire déménager sa maison en même temps que tout le monde. D'autres habitants de la région, dont les Penny, avaient pris la même décision que lui, mais ces derniers vivaient dans de petits villages séparés appelés « caers » comme dans les temps reculés en Angleterre. L'isolement des Wilder avait toujours inquiété Galahad, car elle rendait son ami et sa famille très vulnérables.

« J'aurais dû mieux m'informer des règles », soupira-t-il intérieurement. Cela lui aurait permis de convaincre Terra de s'installer à l'intérieur des murs de la cité. Mais le professeur de philosophie préférait vivre près des arbres, dont il était devenu un défenseur acharné. À une certaine époque, Galahad lui avait envié cette étroite relation qu'il entretenait avec les seigneurs de la forêt. Tout ceux qui surprenaient Terra à se laisser enlacer par leurs longues branches étaient touchés par la douceur que les arbres manifestaient à son égard.

En remontant l'allée qui menait jusque chez son ami, Galahad remarqua tout de suite qu'il n'y avait aucune lumière dans la maison. Avant d'aller frapper à la porte, il fit lentement le tour du châtelet, tous ses sens en alerte, mais n'y trouva aucune trace de danger. En fait, il n'y avait personne chez les Wilder. Le chevalier mit donc le cap sur le deuxième endroit où il était à peu près certain de trouver l'adolescent : chez la fille du docteur Penny. Il faisait de plus en plus sombre, alors Galahad se hâta. Au lieu de suivre la route, il coupa à travers les champs et atteignit quelques minutes plus tard Caer Mageia, où l'on retrouvait la plupart des médecins et autres spécialistes de la santé de Nouvelle-Camelot.

Les deux scooters étaient garés devant la maison de Donald Penny. Galahad descendit de cheval et sonna à la porte. Une dame âgée vint lui ouvrir, ravie de trouver sous le porche une véritable vision du passé, car son visiteur portait un bliaud noir sur un chainse de chanvre blanc, serré à la taille par une ceinture en cuir. Un fourreau en pendait, protégeant la lame d'une magnifique épée. Des braies et des bottes de cuir complétaient la tenue du chevalier.

— Je suis vraiment désolé de vous déranger à une heure aussi tardive, madame. Je m'appelle Galahad et je cherche le jeune Aymeric Wilder.

— Il est ici, avec ma petite-fille. Entrez, je vous prie.

Il la suivit au salon. Les adolescents assis devant le téléviseur rivalisaient de doigté face à un jeu vidéo qui semblait plutôt ardu.

— Le repas est presque prêt, monsieur Galahad, lui annonça la grand-mère. Accepteriez-vous de partager notre table ?

— Vous êtes gentille de le proposer, mais mon épouse a déjà préparé le souper et elle m'attend pour manger. Je ne resterai qu'un instant.

Mélissa poussa alors un cri de victoire et Aymeric un grondement de mécontentement, car elle ne gagnait pas souvent contre lui. Galahad en profita pour aller s'accroupir entre les jeunes et le téléviseur.

— Je suis sain et sauf, soupira d'agacement l'adolescent.

— J'ai promis à ton père de garder un œil sur toi et je tiens toujours mes promesses, répliqua le chevalier.

— Que pourrait-il m'arriver de fâcheux alors que je ne participe à aucune activité dangereuse ?

Galahad ne voulait pour rien au monde les alarmer, mais il ne pouvait pas non plus pécher par omission.

— Je me dois d'insister pour que vous évitiez les gens que vous ne connaissez pas jusqu'au retour de Terra.

— Mais il en arrive tous les jours dans la cité, protesta Mélissa. Il est seulement naturel qu'ils nous demandent parfois leur route.

— Je ne parle pas seulement des visiteurs, mais aussi de tout nouvel arrivant.

— Comme l'alchimiste ? fit Aymeric.

— Qui ? s'inquiéta Galahad.

— Il vient juste d'ouvrir une boutique de trucs bizarres.

— De livres et d'objets ésotériques, corrigea Mélissa.

— Connaissez-vous son nom ?

— Timothée Medrawt, articula la jeune fille, fière d'avoir retenu ce détail.

Il sembla à Aymeric que l'adulte avait soudain blêmi.

— Est-ce un criminel ? demanda l'adolescent.

— Je n'en sais rien encore.

— Mais tu es à la recherche d'un malfaiteur, c'est bien cela ?

— J'ignore quelle forme elle prendra, mais je perçois la lueur d'une menace.

— Une lueur ne veut rien dire, n'est-ce pas ? s'inquiéta Mélissa.

— Pas pour le moment. Aymeric, si tu ne veux pas que je te suive comme ton ombre durant les prochains jours, j'insiste pour que tu t'abstiennes de parler à cet homme et à tous les autres inconnus.

— Je n'avais pas l'intention de retourner chez lui, ne t'inquiète pas.

— J'aimerais aussi que tu communiques avec moi si tu remarques quelque chose de suspect, d'accord ?

— N'importe quoi ?

— La moindre petite chose inhabituelle ou bizarre.

Aymeric le lui promit d'un haussement d'épaules, juste pour le voir enfin partir. Puis la grand-mère le reconduisit jusqu'à la porte en le complimentant sur sa tenue. Galahad lui fit un baisemain et remonta à cheval. Il était maintenant trop tard pour pénétrer dans la cité. On en avait certainement barré les immenses portes de l'entrée principale. Le chevalier retourna donc chez lui en longeant l'extérieur de ses murailles.

Après avoir pansé son cheval, il prit une douche dans le pavillon qui séparait la maison de l'écurie, puis enfila des vêtements propres. Il rejoignit ensuite Chance dans la salle à manger, où les plats venaient à peine d'être posés sur la table.

— Comment as-tu su que j'entrerais dans cette pièce à ce moment précis ? s'étonna-t-il. Es-tu médium ?

— J'ai entendu les sabots de ton cheval et je sais combien de temps tu passes avec lui dans l'écurie quand tu rentres chez nous.

Il avait à peine eu le temps de prendre deux bouchées que Chance décela sur son visage l'angoisse qu'il tentait de lui cacher.

— Dis-moi ce qui ne va pas.

— Il y a un nouveau marchand en ville.

— Tu ne vas pas commencer à soupçonner tout le monde…

— Puis-je vraiment courir le risque de laisser le loup entrer dans la bergerie ? Rappelle-toi ce que nous avons vécu, il y a de cela plusieurs années.

Tous ceux qui avaient été impliqués dans le jeu, de près ou de loin, avaient beaucoup souffert. Certains avaient mis des années à s'en remettre. Chance se remémora les tourments que le sorcier avait infligés à son époux et frissonna.

— Je ferai une petite enquête tôt demain matin, car je ne reçois des apprentis qu'à dix heures.

— Tu as raison. On ne peut jamais être trop prudents.

Ce soir-là, incapable de dormir, Galahad quitta son lit sans réveiller Chance et grimpa au faîte de sa tour préférée. Il observa le ciel pendant un long moment en se demandant s'il devait ou non questionner le magicien. Théoriquement, il ne faisait plus partie de ses fantassins, mais lors de la dernière partie, Alissandre était aussi devenu son ami. Transi, il regagna finalement sa chambre sans s'être décidé à demander l'intervention du mage.

Il se leva avant Chance et quitta la maison en croquant dans une pomme. Le palefrenier était déjà au travail. Il lui sella tout de suite son cheval. Galahad se dirigea vers la cité, dont les grandes portes étaient de nouveau ouvertes. Il emprunta la rue principale en humant les odeurs du matin. Il n'y avait aucune trace de sorcellerie où que ce soit. Il s'arrêta devant la boutique de l'alchimiste et inspecta attentivement sa vitrine. Contrairement à Aymeric et à Mélissa, il pouvait lire le latin. Le titre du livre en démonstration lui sembla bien inoffensif. Il s'agissait somme toute d'un traité sur les quatre éléments. Il tenta d'ouvrir la porte, mais elle était verrouillée. Il frappa donc quelques coups et attendit qu'on vienne lui répondre. Medrawt semblait absent. « Il est sans doute trop tôt », se dit Galahad. Les heures d'ouverture de la boutique n'étaient pas affichées sur sa façade.

Impatient, le chevalier guida son cheval jusqu'à la boulangerie. Sa propriétaire, même si elle était très occupée toute la journée, semblait toujours au courant de tout ce qui se passait à Nouvelle-Camelot. Peut-être pourrait-elle le renseigner sur le nouvel arrivant. Il attacha les rênes de sa monture à l'un des poteaux plantés devant La Baguenaude et y entra. L'odeur des croissants et du pain frais fit gémir son estomac.

— Bonjour ! claironna Katy en arrivant de l'arrière-boutique.

— Bonjour, milady Constantino.

— Sire Galahad ! Quelle belle surprise ! Je viens justement de sortir mes beignets du four.

Il n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche pour les refuser, qu'elle lui en servait déjà deux sur une petite assiette en céramique.

— En fait, je suis surtout ici pour en apprendre davantage sur l'un de vos nouveaux voisins, l'informa-t-il tandis qu'elle l'entraînait vers l'une des petites tables de son établissement.

— L'énigmatique monsieur Medrawt ?

— Savez-vous quelque chose sur lui ?

— Il est arrivé il y a trois jours avec de grosses malles en bois comme dans l'ancien temps. J'ai emballé une tarte aux pommes bien chaude et je suis allée la lui porter environ deux heures plus tard. J'ai été bien surprise de voir qu'il avait déjà installé tous ses produits.

— D'où vient-il ?

— D'Angleterre, apparemment. Il a un accent charmant, pas tellement éloigné de celui de Terra. Il enseignait les arts occultes ou quelque chose du genre à Londres. Quand je lui ai demandé pourquoi il était venu s'installer dans cette partie du monde, il m'a dit qu'il avait seulement suivi son intuition.

— Reçoit-il beaucoup de clients ?

— Pas vraiment. À mon avis, il ne pourra pas survivre à Nouvelle-Camelot, où les gens ne sont pas très intéressés par l'ésotérisme.

— Parle-t-il aux autres marchands de la rue ?

— Il ne sort jamais de chez lui le jour, à tout le moins. Pourquoi toutes ces questions, Galahad ?

— Nous avions convenu de ne plus parler du jeu, mais…

— Pas encore ?

— Je ne suis certain de rien, milady. Je sais seulement que la couronne a disparu au Texas et que c'est habituellement le signal de la reprise de la joute.

— Chance nous a pourtant dit que tous les pions avaient été éliminés.

— Tous, sauf un.

— Terra…

Un client entra alors dans la boulangerie.

— Puis-je emporter les beignets pour les manger sur la route ? demanda Galahad en se levant.

Katy comprit qu'il ne voulait pas parler de ses inquiétudes devant des étrangers.

— Oui, bien sûr.

Elle lui apporta un petit sachet de papier ciré, dans lequel il fit glisser les mignardises.

— Je garderai l’œil ouvert, promit-elle.

Il la salua et quitta sa boutique. Il demeura debout près de son cheval pendant quelques minutes et prit le temps de déguster les beignets en observant la vitrine de l'alchimiste. Il n'y perçut aucun mouvement, mais à Nouvelle-Camelot, les commerces ouvraient leurs portes quand bon leur semblait.

Galahad remonta à cheval et se dirigea jusqu'à la mairie, car personne ne pouvait résider ou faire des affaires dans cette cité sans obtenir la permission de la mairesse. Le chevalier avait longtemps travaillé de concert avec elle pour obtenir les subventions et les permis requis pour tous les travaux de réaménagement de la ville. Il pourrait certainement obtenir les renseignements qu'il cherchait auprès d'elle.

Eisa Goldstein était une jeune femme dynamique qui, comme Galahad, avait caressé de grands rêves pour cette ville qui l'avait adoptée quelques années plus tôt. Elle avait commencé sa carrière comme travailleuse sociale, et son dévouement n'était pas passé inaperçu. Ses interventions auprès du gouvernement pour obtenir des fonds afin de combattre le chômage avaient été fort appréciées par les villageois, si bien que lorsque le vieux maire avait finalement pris sa retraite, ces derniers avaient supplié Eisa de combler son poste. Elle avait aussitôt accepté, sachant qu'elle aurait ainsi plus de poids auprès des autorités supérieures.

Tout comme les autres bâtiments de Nouvelle-Camelot, la mairie avait subi une métamorphose médiévale. Tous ses employés portaient à présent des vêtements d'époque, y compris la mairesse. Galahad fit entrer son cheval dans l'écurie de la bâtisse et s'annonça à la réceptionniste.

— Lady Goldstein vient tout juste d'arriver, lui apprit celle-ci. Je vais aller la prévenir de votre visite.

Elle releva sa longue jupe et grimpa l'escalier qui menait au bureau de la patronne. Quelques instants plus tard, Eisa redescendit avec elle, vêtue d'une robe rubis lacée sur le buste qui faisait ressortir ses longs cheveux de jais.

— Que puis-je faire pour vous, sire Galahad ? s'enquit la mairesse, apparemment de très bonne humeur.

— J'aimerais obtenir des informations sur un nouveau résidant, milady.

— Accompagnez-moi dans la salle de conférence, dans ce cas.

N'accordant pas facilement sa confiance à tout le monde, Eisa préférait toujours s'entretenir en privé avec les gens. Jamais elle ne leur donnait rendez-vous dans un restaurant ou dans un autre lieu public, où les murs pouvaient avoir des oreilles.

— La dernière fois que vous m'avez fait une telle demande, nous avons dû expulser ce résidant, se rappela-t-elle. Qu'avez-vous flairé, cette fois ?

— Je n'en suis pas certain, alors je ne porterai aucune accusation hâtive.

— De qui s'agit-il ?

— J'aimerais connaître l'identité de la personne qui a acheté le commerce vacant sur la rue des Hanses.

Eisa s'approcha de l'ordinateur qui reposait sur une commode en bois et pianota la question.

— Il s'agit de Timothée Medrawt, un libraire de Londres. Il n'a pas acheté la boutique, mais l'a plutôt louée à son ancien propriétaire.

— L'avez-vous rencontré ?

— Pas encore. Toutes les transactions ont été effectuées au moyen de courriels. Il devrait arriver cette semaine, selon sa dernière communication.

— Alors, je vous annonce qu'il est installé depuis quelques jours et qu'il fait déjà des affaires.

— Il n'y a rien d'illégal à cela, puisqu'il possède les permis nécessaires. Pourquoi cette soudaine méfiance, Galahad ?

— C'est une vieille histoire.

— Puisque la sécurité des habitants de cette ville repose en partie entre mes mains, il faut m'en faire part, l'avertit la mairesse en prenant place sur une chaise capitonnée.

Le chevalier imita son geste.

— Il y a fort longtemps, avant que je ne devienne moi-même citoyen de Nouvelle-Camelot, de sombres événements ont secoué cette région.

— Je me souviens d'avoir lu quelque chose à ce sujet, se rappela Eisa. Je crois que cela concernait le bizarre accident du chef de la police de l'époque, que l'on a retrouvé ensanglanté dans la forêt.

— Il n'était qu'une des victimes d'un jeu cruel que se livrent de puissants adversaires.

— Dans une grande ville comme Vancouver, je pourrais le concevoir, mais ici ?

— Ce jeu se joue partout à travers le monde, milady.

Eisa fronça les sourcils, inquiète à l'idée que la paix durement gagnée dans sa cité soit de nouveau perturbée.

— Quel en est l'enjeu ? s'enquit-elle.

— Seulement la suprématie d'un joueur sur un autre.

— Y a-t-il forcément des morts lorsqu'ils se disputent ces parties ?

— Presque toujours.

— Et vous croyez que monsieur Medrawt pourrait être mêlé à ce jeu ?

— Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, je n'en suis pas certain.

— Mes dossiers indiquent pourtant qu'il n'est qu'un ancien professeur d'université qui occupe ses vieux jours en vendant des livres…

— Je tenterai d'en apprendre davantage à son sujet, mais il ne faudra pas ébruiter mes soupçons.

— Vous pouvez compter sur moi, assura la mairesse. Tant qu'une personne n'est pas formellement déclarée coupable, elle demeure innocente. Il est donc hors de question de salir la réputation de monsieur Medrawt.

— Cela va de soi.

— Je vais aussi essayer de trouver autre chose sur lui. Tenez-moi informée de vos démarches, Galahad.

— Je vous en fais la promesse, milady.

Il la salua respectueusement et quitta l'immeuble, pas vraiment plus avancé qu'à son arrivée. Mais Galahad était tenace.

Capitaine Wilder
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