19

Le soleil commençait à poindre au-dessus de la forêt, colorant le ciel en rose. Dans la cour de son château, Galahad massacrait le mannequin en bois à grands coups d'épée, évitant les bras opposés qui revenaient de plus en plus rapidement vers lui. Contrairement à Terra, qui ne pratiquait l’escrime qu'une fois par semaine, Galahad s'y entraînait tous les jours, par beau comme par mauvais temps. Même s'il avait la cinquantaine, il possédait encore une grande force physique. Mieux encore, il avait acquis beaucoup de sagesse depuis la dernière partie contre le sorcier. Avec les années, il avait appris à maîtriser ses émotions, pas encore au même point que Terra, mais suffisamment pour ne pas prendre de décisions irréfléchies. Cette fois-ci, il ne se laisserait pas terrasser par une simple illusion.

Terra dormait encore, car Galahad n'avait pas voulu le réveiller tout de suite. Sans faire de bruit, le chevalier avait quitté sa chambre et s'était vêtu dans la cuisine avant de sortir dehors. Il avait d'abord vérifié que les chevaux se portaient bien, puis avait réchauffé ses bras avant de s'attaquer à la quintaine de toutes ses forces. Les loups du sorcier ne survivraient pas à la puissance de sa lame.

Soudain, au milieu des chants d'oiseaux, Galahad entendit le ronronnement d'un moteur. Vivant loin de la cité, en général, cela signifiait qu'un visiteur approchait de sa propriété en voiture. Il mit donc fin à l'exercice et marcha jusqu'à la herse en s'essuyant le front du revers de la manche. Au loin, une traînée de poussière s'élevait vers le ciel. Le véhicule s'approchait donc à grande vitesse. Galahad tourna la manivelle afin de relever la sarrasine.

Quelques minutes plus tard, la jeep de Marco Constantino franchit la porte de la muraille et s'arrêta devant lui. Ce dernier ne portait pas son uniforme de physiothérapeute, mais les vêtements qu'il avait reçus de l'ordre de Galveston au moment de son adoubement.

— Katy m'a dit ce que vous aviez l'intention de faire, lança-t-il en descendant de voiture. Il n'est pas question que vous partiez sans moi.

— Tu as une femme et des enfants, Marco, protesta Galahad.

— Tu es marié, toi aussi !

— Chance savait, en m'épousant, que j'avais fait le serment de protéger mon roi jusqu'à mon dernier souffle.

— Et moi, c'est mon vœu le plus cher d'être un vrai chevalier. Je n'ai pas pu participer au dernier match, car j'étais jeune et inexpérimenté, mais cette fois, je suis prêt à faire ma part.

— Ce n'est pas l’ordre de Galveston qui affrontera les nervis du sorcier. Alissandre pourrait choisir un tout autre groupe d'hommes.

— Alors, pourquoi es-tu couvert de sueur ?

Galahad détestait le mensonge. Même si la vérité était parfois douloureuse, elle devait toujours être privilégiée.

— C'est juste au cas où il déciderait d'emmener Terra. J'ai juré devant Dieu de ne jamais rien laisser lui arriver.

— Tout comme moi.

— Tu es entêté comme un templier.

Un large sourire s'afficha sur le visage du jeune chevalier.

— Je suis Tristan, de la même manière que tu es Galahad, déclara-t-il avec fierté. Il n'est même pas question que je sois écarté de cette mission de sauvetage. J'ai accepté d'être adoubé, il y a fort longtemps, parce que je croyais en un idéal commun qui dépassait mes propres espérances.

Galahad entoura les épaules de Marco de son bras musclé et l'entraîna vers l'écurie.

— Heureusement que tu as appris à combattre depuis, le taquina-t-il.

Galahad alla lui chercher une épée et croisa le fer avec lui pendant un peu plus d'une heure. Lorsqu'il s'arrêta brusquement en tournant la tête vers l'étage supérieur de sa demeure, Marco comprit qu'il se passait quelque chose… Le vieux magicien n'avait fait cadeau de dons surnaturels qu'à certains chevaliers de Galveston et malheureusement, il ne faisait pas partie de ce groupe.

— Qu'entends-tu ? demanda Marco, inquiet.

— C'est plutôt ce que je ressens. Viens.

L'aîné fonça vers l'entrée et grimpa l'escalier à toute vitesse, Marco sur les talons. La porte de la chambre de Terra était ouverte, et ce dernier ne s'y trouvait pas. Alarmé, Galahad fonça vers la pièce dans laquelle Aymeric avait disparu. Le Hollandais se tenait debout devant le tableau géant, toujours appuyé contre les montants du lit.

— Que se passe-t-il ? s'empressa de le questionner Galahad.

— Un coup de vent glacé m'a réveillé, répondit Terra. Je l'ai suivi et il m'a mené jusqu'ici.

Les nouveaux arrivants se placèrent de chaque côté de lui, intrigués.

— Il provenait de cette toile ? s'étonna Marco.

— Je n'en suis pas certain.

Galahad connaissait suffisamment la scène illustrée par le peintre d'une autre époque pour en déceler le moindre changement.

— Le quatrième croisé a disparu ! s'exclama-t-il au bout d'un moment.

En effet, le cavalier qui avait emporté Aymeric n'apparaissait plus du tout sur le tableau.

— J'imagine que ce n'est pas bon signe, soupira Marco.

— Je crois que cela signifie que mon fils est désormais hors de notre portée, murmura Terra, affligé.

— Non, tu te trompes, rétorqua Galahad. L'absence de son ravisseur ne peut vouloir dire qu'une chose : Aymeric a été déposé quelque part. Il nous sera donc plus facile de nous porter à son secours que s'il est continuellement en mouvement.

— Je vais aller prendre une douche, annonça le père, qui n'avait pas écouté un seul mot de ce que son ami venait de dire.

— Terra…

Le Hollandais quitta la pièce, la tête basse.

— Je serais probablement tout aussi abattu que lui si un criminel enlevait une de mes filles, avoua Marco, déconcerté.

— S'il perd espoir, c'en est fait de nous. Allons l'attendre en bas.

Le jeune chevalier le suivit à la salle à manger, où l'odeur de la nourriture rappela à Galahad qu'il n'avait rien avalé depuis son réveil. Enveloppée dans un peignoir turquoise, Chance venait de déposer sur la table des œufs frits, du jambon et du pain grillé. Galahad l'embrassa sur les lèvres et remarqua tout de suite son air secret. Il ouvrit la bouche pour s'informer de son humeur, mais elle quitta la grande pièce avant qu'il puisse formuler sa question.

— J'espère que tu as faim, fit le chevalier en se tournant vers Marco, car il y en a pour une armée.

— Je n'ai bu qu'un café avant de partir.

— Je t'en prie, assieds-toi.

Lorsqu'il habitait au Texas, Galahad avait appris de ses mentors qu'un homme ne devait jamais lever le nez sur un repas, car rien ne prouvait qu'il mangerait le prochain. Il garnit donc son assiette de la nourriture qu'avait préparée son épouse et se versa une tasse de café. Devant lui, Marco était perdu dans ses pensées. Même s'il tentait de se montrer brave, il était tout à fait naturel qu'il éprouve une certaine frayeur. Lorsqu'ils entamaient une partie, les soldats ne savaient jamais s'ils y survivraient.

Chance les rejoignit quelques secondes avant Terra, ce qui empêcha une fois de plus Galahad de s'enquérir de ses soucis. Les chevaliers mangèrent d'abord en silence.

— Je me demande ce que fait Alissandre, pensa le Hollandais tout haut.

— Lorsque Medrawt m'a empoisonné, une partie de moi s'est réveillée dans son antre, commença Galahad.

Marco arrêta de manger pour l'écouter. Terra se contenta de fixer son ami en sirotant son café.

— Il habite un endroit semblable aux grottes que l'on voit dans les films.

Il leur décrivit ce qu'il avait vu et vit leurs yeux s'écarquiller lorsqu'il mentionna que les livres se déplaçaient dans les airs et qu'ils parlaient pour révéler leur savoir.

— Tous les élèves devraient en avoir ! s'exclama Marco, émerveillé.

— Et les parents qui doivent mettre leurs enfants au lit, ajouta Terra en se rappelant les innombrables histoires qu'il avait lues aux jumeaux.

— À mon avis, Alissandre doit être en train de s'entretenir avec ses grimoires afin d'être fin prêt, conclut Galahad.

Lorsque Chance se mit à desservir les couverts, il s'empressa de lui donner un coup de main afin de se retrouver seul avec elle dans la cuisine. Une fois qu'ils eurent posé la vaisselle sur le comptoir, Galahad la prit par la taille et la fit pivoter vers lui.

— Dis-moi ce qui ne va pas, chuchota-t-il, inquiet.

— Je ne veux pas t'en parler maintenant.

— Alors ce doit être une terrible nouvelle…

— Galahad, c'est pour ton bien.

— As-tu encore rêvé à ma mort ?

Elle secoua violemment la tête à la négative et se réfugia dans ses bras.

— Nous nous disons pourtant tout, insista-t-il.

— Je sais que tu vas partir avec Terra et que tu auras besoin de toute ta concentration pour l'aider à vaincre son ennemi, alors il est préférable que je me taise pour l'instant.

— As-tu l'intention de me quitter ?

— Jamais ! Tu le sais, pourtant.

— Et si je ne devais pas revenir ?

Elle plaqua ses deux mains sur sa bouche pour l'empêcher de continuer, même si elle savait fort bien que c'était possible. Galahad demeura parfaitement immobile jusqu'à ce qu'elle les retire, mais ses yeux bleu sombre s'étaient chargés de larmes.

— Je ne te harcèlerai pas, promit-il.

Il l'embrassa tendrement sur les lèvres et tourna les talons pour aller chercher le reste des assiettes. Chance ne le suivit pas. Elle alla plutôt s'asseoir à la minuscule table qu'ils avaient installée dans un coin de la cuisine, là où ils pouvaient prendre le petit-déjeuner en tête à tête. La jeune femme ne voulait pour rien au monde distraire son mari tandis qu'il se préparait à affronter les pires monstres que la Terre avait portés, mais avait-elle vraiment le droit de ne pas lui dire qu'il serait enfin père ? Le magicien allait revenir d'un instant à l'autre et transporter Galahad sur les lieux du prochain jeu…

Le chevalier remit les pieds dans la salle à manger juste à temps pour y voir apparaître Alissandre. Celui-ci avait troqué son jean et son t-shirt blanc pour une longue tunique de couleur grège. Le découragement visible sur son visage mit aussitôt les chevaliers sur leurs gardes.

— Alors, c'est fait, conclut Galahad en s'arrêtant au bout de la table.

— J'ai rencontré le sorcier, comme le veulent les règles, confirma le magicien, mais je me suis fait avoir comme un écolier. Le fourbe s'est arrangé pour choisir l'endroit où nous disputerons la partie annoncée.

— On dirait que cela ne vous enchante pas du tout, nota Marco.

— Il nous attend au XIIIe siècle, quelque part à l’est de l'Égypte.

— Quoi ? firent les trois chevaliers, en chœur.

— Vous m'avez bien entendu. J'ai à peine une semaine pour réunir mes treize pions.

Galahad se demanda si ce n'était pas là que Medrawt était allé…

— Comment allons-nous nous rendre là-bas ? voulut savoir Marco.

— Je me suis renseigné sur le procédé magique qui nous permettra de retourner dans le passé. Ce ne devrait pas être trop douloureux.

— Nous atterrirons au beau milieu des Croisades les plus catastrophiques, déclara Galahad en pâlissant.

— Le sorcier n'est sûrement pas sans le savoir, grommela Alissandre, mécontent.

— Où comptes-tu recruter tes soldats ? s'enquit Terra, impassible.

— Certainement pas à Galveston.

— Je veux faire partie de l'équipe, offrit aussitôt Marco.

— Ce ne sera pas une partie de Donjons et Dragons, Tristan. Les armes seront réelles, et les blessures pourraient devenir mortelles.

— Lors des Croisades, les hommes se battaient avec des épées, non ?

— C'est exact, affirma Galahad.

— Dans ce cas, je suis celui qu'il vous faut. Personne ne m'a battu lors des tournois des cinq dernières années.

— Je ne sais pas pendant combien de temps nous serons partis, l'avertit Alissandre.

— Il faut ce qu'il faut, trancha Terra en se levant.

— Prenez quelques minutes pour dire au revoir à ceux qui vous sont chers.

Marco sortit son téléphone cellulaire de la bourse de cuir qui pendait à sa ceinture et quitta la pièce pour appeler Katy. Galahad s'empara des derniers couverts et réintégra la cuisine. Seul Terra demeura sur place.

— Tu ne veux pas appeler ta femme ? s'étonna le magicien.

— Je ne désire pas la faire souffrir davantage.

— Nous récupérerons Aymeric, je t'en donne ma parole.

— Ce n'est pas la seule raison pour laquelle je ferai partie de cette expédition. Je veux détruire ce sorcier une fois pour toutes.

— Tu sais comme moi ce qui est arrivé à mon mentor lorsqu'il l’a affronté en duel.

— Mais toi, tu sais comment l'éliminer, non ?

Alissandre hocha la tête à l'affirmative.

— Amy est-elle en sûreté ? s'enquit le mage.

— Donald s'en occupe. Il tâchera de ne pas rester longtemps au même endroit pour éviter d'être repéré par les chiens de chasse du sorcier.

— Très bien. Il est important de ne donner aucune emprise psychologique à l'ennemi.

— Je le sais mieux que quiconque.

Lorsque Marco et Galahad revinrent dans la pièce, ils voulurent savoir s'ils devaient emmener leurs armes.

— Aucun objet matériel ne pourra nous suivre dans le passé, les informa Alissandre. Je vous répète qu'il ne s'agit pas d'un voyage d'agrément ou d'une exploration historique. Il est encore temps de changer d'avis, messieurs.

Les trois chevaliers gardèrent le silence.

— Que Dieu nous garde, pria Alissandre.

Un tourbillon de lumière éclatante apparut au-dessus de leurs têtes. Ils n'eurent même pas le temps de lever les yeux que la trombe magique les emportait déjà dans le passé. Leurs vêtements, montres, bijoux et téléphones cellulaires tombèrent sur le carrelage.

Capitaine Wilder
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