8
Vers Tadoussac

Je me réveillai peu après l’aube. Autour de moi, l’activité était déjà fébrile, les adultes se préparant à lever le camp, je m’assis, cherchant Fabrice, mais je ne rencontrai qu’une demi-douzaine de paires d’yeux débordant de curiosité. Je souris aux enfants, qui détalèrent en riant. Tous sauf une petite fille. La tête penchée sur le côté, elle m’observait avec attention, les sourcils froncés. J’attendis, ne pouvant toujours pas me risquer à communiquer avec l’un d’entre eux sans éveiller de soupçons. La fillette inclina soudain la tête de l’autre côté, la mine toujours songeuse. Puis, comme si elle avait pris sa décision, un flot de paroles m’inonda après un bref haussement d’épaules. Je tentai tant bien que mal de saisir la teneur de ce discours au débit rapide, mais je dus rendre les armes. J’attrapai quelques mots au vol, mais j’aurais été bien en peine de les relier de façon cohérente : « envoyée, ciel, bébé, pourquoi, Tadoussac » et une douzaine d’autres s’ajoutèrent sans que je parvienne à un quelconque résultat. Voyant que je ne comprenais manifestement pas ce qu’elle me disait, elle s’arrêta brusquement, arquant les sourcils, étonnée.

— Toi pas comprendre ? me demanda-t-elle dans un français à l’accent prononcé.

Je fis non de la tête, l’air désolé. Elle me somma de ne pas bouger, joignant le geste à la parole, puis disparut en courant. Elle revint, quelques minutes plus tard, remorquant Fabrice par le bras. Celui-ci se laissait tirer de bonne grâce, franchement amusé par le comportement de la gamine. Elle lui expliqua qu’elle désirait me parler, mais que la dame de la nuit ne comprenait pas. Pouvait-il traduire ?

Pourquoi m’appelait-elle la dame de la nuit ? Je n’eus pas le temps de réagir. Mon interprète acquiesça à la requête de la fillette et le flot de paroles reprit de plus belle, vertigineux. Quand elle finit par se taire, Fabrice s’enquit :

— Tu es certaine de ce que tu affirmes ? N’y aurait-il pas un peu d’imagination dans ce que tu me racontes ?

Plus calme maintenant qu’elle avait réussi à se faire entendre, elle parla lentement, ce qui contribua à ce que je puisse la comprendre.

— C’est grand-mère qui m’a dit que mon rêve n’en était pas vraiment un. Elle aussi sait que la dame de la nuit ne devrait pas retourner vers ses semblables.

Encore une fois, je me questionnai, à savoir si mes semblables étaient les colons de ce monde-ci ou les êtres supérieurs d’une autre terre. J’aurais été bien embêtée de répondre.

— Alors, tu lui dis ou pas ? s’impatienta la gamine.

Fabrice paraissait toujours aussi indécis, ne semblant pas aussi ouvert aux forces occultes et surnaturelles que l’étaient les gens avec qui il avait choisi de vivre. Poussé par le regard déterminé de la jeune Amérindienne, il s’adressa finalement à moi dans un soupir résigné.

— Écoutez, je doute que ce soit une bonne idée de vous répéter les propos de la vieille Uapikun. Son peuple a tendance à toujours croire ce qui meuble leurs rêves et les visions qui les hantent parfois.

— C’est si pire que ça ? m’enquis-je, mi-inquiète, mi-indifférente.

Après tout, ce ne pouvait pas être pire que tout ce qu’on m’avait dit dans un autre monde.

— Tout dépend de vous.

Je l’écoutai avec attention, m’efforçant de ne rien laisser paraître de ma surprise. La gamine, petite-fille de la vieille Uapikun, avait rêvé de moi au cours de la nuit précédente, après que sa grand-mère lui eut dit que je portais plus d’un enfant. Je crus comprendre que les jumeaux revêtaient une signification particulière dans leur culture, mais Fabrice ne s’y attarda pas. La petite avait vu mes filles grandir à une vitesse foudroyante, mais de façon totalement opposée.

— Elle dit que ces deux femmes deviendront des ennemies, qu’elles se battront pour des clans adverses, mais qu’elles seront le complément parfait l’une de l’autre, comme la nuit et le jour, le bien et le mal. Elles ne pourront trouver la paix tant que celle de leur monde ne sera pas acquise, mais aussi…

Il marqua une pause, soudain plus triste, comme si le fait de répéter tout cela lui faisait prendre conscience de la possible réalité de ce qu’il racontait.

— … la victoire de l’une ne pourra qu’entraîner la disparition de l’autre. Toute leur vie, elles seront tiraillées entre le fait qu’elles sont sœurs de sang et de cœur, mais pas de convictions. Contrairement à beaucoup de gens qui vivent très bien une séparation de fratrie, le fait qu’elles soient jumelles les déchirera toujours. Je suis désolé.

Il avait prononcé la dernière phrase sur un ton d’excuses, en haussant les épaules, comme si l’avenir était inéluctable. Curieusement, je me demandai si c’était effectivement le cas, sachant qu’elles seraient peut-être des Filles de Lune. Il me revint en mémoire que les seules jumelles connues dans cette situation, Séléna et Mélijna, avaient eu une existence parsemée d’embûches et de mésententes, dont les détails nous étaient inconnus. Pour éviter de me retrouver assaillie de questions auxquelles je ne pourrais pas répondre, je gardai le silence, plongée dans mes pensées. Rien de tout cela ne pouvait être une invention de l’enfant puisque la teneur de son récit, et ses implications, dépassait le niveau de compréhension d’une gamine de cet âge. Je la remerciai d’avoir partagé ce songe avec moi et lui promis de veiller à ce qu’aucun destin tragique ne vienne frapper mes enfants.

— Elle peut toujours essayer, lança-t-elle à Fabrice avec une certaine condescendance, mais grand-mère affirme que les esprits ne changent pas si facilement le destin déjà tracé des hommes.

Sur cette phrase pleine de sagesse, elle me souhaita une bonne journée et s’en fut, sûre d’elle. Comment ces indigènes primitifs pouvaient-ils en savoir plus long que moi sur ma propre destinée alors que je n’étais parmi eux que depuis hier ? Je tentais de me convaincre que tout cela n’était que – pure invention.

— Vous ne devriez pas trop vous en faire avec cette histoire…

J’interrompis mon interprète pour lui poser une simple question.

— Pouvez-vous me certifier que vous n’avez rien vu d’inexplicable ou d’étrange depuis que vous vivez avec eux ?

Son silence et son regard fuyant me répondirent beaucoup mieux qu’un long discours. Il me fit finalement signe de le suivre. Je récupérai mon sac puis me hâtai de le rejoindre, calquant mon pas sur le sien. Celui que l’on m’avait présenté comme leur chef donna bientôt le signal du départ et nous nous mîmes en route.

Nous marchâmes ainsi, avec armes et bagages, pendant quatre longues journées, ne nous arrêtant que pour manger et dormir. Les repas étaient constitués de viande fumée ou séchée, de même que de poissons frais et de rares fruits. Mes nausées se faisaient plus discrètes que dans les dernières semaines, mais restaient tout de même bien présentes, surtout au réveil. Mon manque d’énergie perdurait. Je dus maintes fois piler sur mon orgueil pour demander un temps d’arrêt – toujours trop court. L’indulgence des indigènes à mon égard était grande, mais je ne me méprenais guère sur les regards de pitié ou de légère exaspération. J’étais la seule à me plaindre de cette longue marche : les autres, femmes et enfants compris, ne regimbaient jamais ! Pour ma part, je ne cessais de ruminer tous les éléments du casse-tête qui m’avaient conduite jusqu’ici. La liste des gens que je désirais trucider n’avait de cesse de s’allonger au même rythme que mes forces s’amenuisaient.

Tandis que les heures et les jours s’égrenaient, mon jeune interprète redoublait d’attentions à mon égard. Toutefois, sa bonne volonté ne parvenait qu’à me plonger davantage dans mon mutisme. Je m’efforçais de lui sourire de temps à autre, pour éviter qu’il ne se croit responsable de mon air renfrogné. J’étais assez grande pour courir toute seule au-devant des problèmes…

Ce soir-là, je grignotai du bout des lèvres et m’empressai de me rouler dans ma couverture, essayant d’engranger le maximum de sommeil. Je ne cessais de faire des cauchemars depuis mon retour. Mes nuits étaient remplies de scènes de combats, peuplées de créatures étranges et rarement amicales de même que d’humains qui n’en étaient plus véritablement. La vieille Montagnaise venait me voir chaque matin, s’enquérant de ma nuit. Même si je refusais de lui confier ce qui hantait mes songes, je me doutais qu’elle en avait une vague idée. Alors que j’adressais ma prière silencieuse à Alana, la vieille femme fit soudain son apparition :

— Bois, ordonna-t-elle.

Je saisis la tasse fumante qu’elle me tendait. L’odeur qui parvint à mes narines me fit froncer le nez. J’eus un mouvement de recul involontaire qui lui arracha un sourire édenté.

— C’est pour chasser les présages qui hantent ton sommeil, m’encouragea-t-elle. Bois et tu verras tes cauchemars diminuer de beaucoup.

Je la remerciai dans sa langue. Elle me sourit d’un air entendu.

— Je savais que tu comprenais notre langue, ajouta-t-elle. J’ignore pourquoi tu ne veux pas que les autres le sachent, mais je respecte ton choix. Tu viens d’une terre que les hommes n’ont de cesse de vouloir oublier. Ta sagesse est grande de ne pas répandre ce que tu connais de ce monde étrange.

Je haussai légèrement les sourcils, mais ne posai aucune question, craignant les réponses. J’acceptai seulement qu’elle sache. Je portai la tasse à mes lèvres et bus d’une traite le liquide brûlant. Uapikun m’observait avec attention. Lorsque je lui rendis la tasse, elle ne cacha pas sa satisfaction. Elle prit soin d’ajouter :

— Les cauchemars qui t’habitent sont particuliers. Ils sont des images de la vie qui se déroule en parallèle avec la tienne, de même que des réminiscences du passé. Ce que tu vois est donc réel ou l’a été. Il m’est impossible de les chasser définitivement par cette simple mixture, mais j’espère te permettre de récupérer quelques heures de sommeil réparateur.

De savoir que ce monde existait et que j’en faisais partie me suffisait pourtant amplement ; je n’avais nul besoin d’y vivre même quand je n’y étais pas. Je soupirai à fendre l’âme. La compassion emplit le regard de l’Amérindienne.

— Tu es plus forte que tu ne le crois…, annonça-t-elle simplement, avant de s’éloigner de son pas traînant.

Je m’allongeai sur le dos et contemplai la voûte étoilée. Pendant un bon moment, je cherchai à reconstituer les constellations à l’aide des milliers de points scintillants. Je sombrai finalement dans un sommeil encore trop agité à mon goût. Et pour ajouter à mon calvaire, la seule personne qui aurait peut-être pu représenter une certaine forme de réconfort à mes yeux ne s’y trouvait jamais. Je ne savais pas trop si je devais me réjouir de cet état de choses ou m’en alarmer. Peut-être Alix ne faisait-il pas partie des combats ou, au contraire, y avait-il déjà perdu la vie, expliquant ainsi son absence…

 

* *

*

 

Roderick appréciait chaque jour davantage son partage de souvenirs avec Naïla. Il se plaisait à revivre en pensée les plus grands moments de sa vie comme les moins glorieux. Sa prodigieuse mémoire lui permettait de ne rien oublier de son passé, un don rare et précieux.

Vivant depuis quelque deux cents ans, mais prenant magiquement l’apparence de sa jeunesse quand il le désirait, l’Être d’Exception était également d’une patience infinie, convaincu qu’un jour, tous ses rêves se réaliseraient…

 

* *

*

 

Notre périple dura trois journées supplémentaires avant que j’aperçoive enfin, dans une éclaircie de la dense forêt charlevoisienne, les falaises du fjord du Saguenay. Je poussai un long soupir de soulagement devant la fin imminente de mon calvaire. Comme si mon corps percevait cet achèvement prochain, je sentis un regain d’énergie traverser mes membres endoloris et me surpris à presser le pas. Je m’arrêtai brusquement à la vue des remous et des courants qui agitaient les eaux. Juste à l’idée de franchir la courte distance qui me séparait du poste de traite dans un fragile canot d’écorce, je sentis les nausées reprendre du service.

— Vous regagnerez bientôt la civilisation.

Dans mon dos, la voix de Fabrice trahissait une pointe de regret. Probablement que le fait d’avoir quelqu’un dans son entourage qui connaissait sa culture et son passé autrement que par les récits qu’il en faisait devait avoir quelque chose de rassurant. Même si je ne faisais pas partie de son ancienne vie, je comprenais fort bien. Que n’aurais-je pas donné pour avoir près de moi quelqu’un qui vienne de mon époque si lointaine. Pour me sentir moins seule, mais aussi comprise. Je secouai la tête, me forçant à demeurer au présent.

— Comment allons-nous traverser ? osai-je timidement.

Fabrice m’offrit un sourire resplendissant.

— Qu’est-ce que vous croyez ? En canot d’écorce !

Je n’aurais su dire s’il y avait de l’ironie dans le ton de sa voix ou si je l’avais imaginée, mais je préférai ne pas relever.

Finalement, la traversée fut moins terrible que je ne l’avais craint bien que les haut-le-cœur persistèrent. Je ne rouvris les yeux qu’au contact de l’embarcation avec la rive. Je ne prêtai même pas attention à ce qui se dit autour de moi. Je n’avais qu’une hâte : fouler la terre ferme.

La vieille Uapikun vint s’enquérir de mon état dès que le canot dans lequel elle prenait place eut atteint la rive. Puis elle me tendit trois petites bourses de peau. Je les pris, haussant les sourcils en guise d’interrogation. Personne, à part elle, ne savait que je maîtrisais leur langue ; je jugeais le moment mal choisi pour en faire brusquement étalage. Elle demanda à Fabrice de traduire ce qu’elle avait à me dire tout en m’adressant un clin d’œil complice.

— Ce sont les ingrédients nécessaires à la décoction qui vous permettra de conserver un sommeil réparateur jusqu’à votre retour à Québec.

Je me gardai bien de préciser à mon interprète que le « retour à mon monde » dont venait de parler Uapikun n’avait rien de commun avec la ville de Québec. L’Indienne expliqua ensuite comment doser les trois ingrédients et les faire infuser. Elle me mit en garde contre la tentation d’augmenter les doses advenant la diminution des effets bienfaisants. Les herbes employées provenaient de savants mélanges issus du savoir de ses ancêtres et ne devaient être prises qu’en quantités minimes. Dans le cas contraire, les effets bénéfiques pourraient être inversés, suscitant une recrudescence de ces songes effroyables. Je me hâtai de la rassurer sur mon obéissance à ses recommandations et remerciai également Fabrice pour sa précieuse – et inutile – collaboration.

Mon interprète s’en fut ensuite derrière un Indien venu le chercher à la demande du chef de la bande. Sitôt Fabrice disparu, je m’adressai à la vieille Indienne tout en m’assurant que personne ne pouvait entendre cet échange. Je désirais savoir quelle sorte d’herbes elle avait mises dans ses pochettes, question de ne pas me retrouver à court un jour prochain, sans possibilité d’obtenir sa recette. Ma tentative se révéla malheureusement vaine. Ce savoir se transmettait de mère en fille, et seulement si la descendante avait le même don que l’aïeule. Je poussai un soupir d’exaspération. Pourquoi les gens tenaient-ils autant à ce que leurs connaissances ne profitent qu’à un nombre aussi restreint d’individus ? Pas étonnant que la société prenne tant de temps à progresser si tout un chacun gardait pour lui le savoir qui permettrait aux autres d’avancer. Je tentai une approche différente :

— Vous savez que je ne viens ni de votre monde ni de votre époque, il est donc peu probable que je puisse divulguer vos secrets à quiconque. Pourquoi m’avoir aidée si je dois me retrouver à mon point de départ dans quelques semaines ?

Elle me sourit.

— Parce qu’il y a une bien meilleure méthode que les herbes pour mettre un terme à tes cauchemars…

— Alors pourquoi ne me la donnez-vous ? l’interrompis-je.

— Parce que tu dois découvrir toi-même la source de tes angoisses, de même que la façon d’y remédier. La tisane n’est qu’une solution temporaire ; elle ne fera pas effet éternellement, mais elle te laissera le temps nécessaire pour comprendre.

Je voulus protester. Elle m’arrêta d’un geste.

— Cette démarche ne peut que t’être bénéfique pour l’avenir. Qui sait ? Peut-être découvriras-tu autre chose d’encore plus utile…

Sur cette phrase énigmatique, elle s’en fut. Je renonçai à la suivre, convaincue qu’il était inutile d’insister. Je rejoignis le groupe, rassemblé un peu plus loin. Fabrice me héla bientôt, s’accompagnant de grands signes de la main.

— La famille va poursuivre sa route vers l’intérieur des terres pendant que nous vous conduirons jusqu’au poste de traite. Je servirai d’interprète à Loup gris, qui a certaines demandes à présenter. Si-vous ne pouvez pas aller à Québec, peut-être pourrez-vous retourner en France pour revenir au printemps. Le voyage en mer ne peut pas être pire que de devoir passer l’hiver ici…

Je réprimai tant bien que mal la panique qui montait en moi. Me croyant venue de France, il n’y avait rien d’alarmant pour lui à ce que j’y retourne quelque temps. Je restai muette, priant pour qu’un navire très en retard se pointe. Je ne voulais surtout pas traverser l’Atlantique et me retrouver à des milliers de kilomètres du passage qui me ramènerait tôt ou tard sur la Terre des Anciens.

C’est donc en compagnie d’une poignée d’hommes que je me dirigeai vers le poste de traite. Le cœur battant, j’appréhendais cette nouvelle incursion dans le quotidien d’une époque pour moi si lointaine…

 

Le talisman de Maxandre
titlepage.xhtml
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_037.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_038.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_039.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_040.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_041.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_042.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_043.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_044.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_045.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_046.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-3]Le talisman de Maxandre(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_047.html