18
Château-Richer

C’est probablement parce que je naviguais tout près de la rive nord du Saint-Laurent que j’eus la vie sauve. Je m’étais effondrée en bordure des arbres, à l’abri du vent, mais pas des rayons de soleil qui me réchauffèrent lentement, m’évitant l’hypothermie.

J’ouvris les yeux en fin d’après-midi. Je m’assis péniblement, grelottant toujours et légèrement confuse. Les derniers événements me paraissaient totalement irréels. Du regard, j’embrassai mon environnement, tâchant de remettre en marche les rouages embrumés de mon cerveau. Quelques minutes plus tard, je regrettais ma démarche. Réfléchir m’avait permis de constater que j’étais dans une situation pire que tout ce que j’avais précédemment vécu. J’étais trempée, je n’avais plus ni vivres ni couvertures et la nuit allait bientôt tomber. Je n’avais sauvé que ma dague, mes mocassins – pour une fois, cette habitude amériendienne de toujours se déchausser pour embarquer dans un canot d’écorce m’apparaissait comme une idée géniale – et ma gourde de peau puisque ces objets étaient dans un sac léger que je portais sans faute en bandoulière. Je me levai finalement pour rassembler du petit bois et des herbes sèches, dans l’espoir d’allumer un feu à l’ancienne, c’est-à-dire avec un arc formé d’une branche souple et du ruban pour les cheveux – que m’avait galamment offert Joseph –, d’une branche droite et effilée, et de toute ma bonne volonté.

Une bonne heure plus tard, j’avais une immense ampoule dans la paume gauche, mais un sourire éblouissant. Si jamais je revenais au vingtième siècle, je promettais solennellement de remercier ma monitrice du camp d’été de mes quatorze ans. Cette jeune femme m’avait honteusement obligée à allumer un feu sans allumettes ni aucun autre moyen moderne, de même qu’à avouer à la face du monde que les techniques de survie en forêt avaient leur utilité. Aujourd’hui, je n’en doutais plus…

Des larmes de joie glissèrent sur mes joues alors que j’alimentais de minuscules braises avec de l’herbe très sèche et d’infinies précautions. De mon corps, je protégeais ma création du vent tout en priant pour qu’elle ne s’éteigne pas. Il me fallut une bonne heure supplémentaire pour obtenir un feu suffisant pour que je puisse le laisser brûler sans surveillance. Durant cette période, je me fabriquai un petit abri temporaire à l’aide de longs bouts de bois et de branches de conifères. Ensuite, je rassemblai davantage de combustible. Heureusement, le bois rejeté par le fleuve était abondant, de même que les branches sèches et les arbrisseaux morts. J’avais profité de mon approvisionnement pour regarder si la marée n’avait pas rejeté également, par un coup de chance extraordinaire, une de mes couvertures. J’en fus quitte pour une amère déception.

Je restai près du feu le plus longtemps possible, m’ingéniant à sécher mes vêtements au maximum, malgré que je tombais de fatigue. Je finis cependant par me résigner à étouffer les flammes, tard dans la nuit, pour ne pas provoquer d’incendie ; je ne parvenais plus à garder les yeux ouverts…

 

* *

*

 

En dépit de mon épuisement, je dormis mal, à la merci des cauchemars. Si je mourais noyée dans le premier, il en était tout autrement du suivant alors que j’assistais, impuissante, à la torture de ce que Meagan m’avait autrefois expliqué être des nymphes. Pendant que les pauvres créatures rendaient leur dernier souffle, de petits êtres palmés et répugnants recueillaient dans des fioles de verre leur sang aux teintes si particulières.

 

* *

*

 

Heureux que son fils soit enfin sur les traces de ses origines, et donc en voie de récupérer bientôt la Fille de Lune, Roderick n’avait partagé avec Naïla qu’un seul souvenir. Mais ce n’était qu’un répit temporaire…

 

* *

*

 

Debout dès l’aube malgré ma fatigue, je constatai avec bonheur que le vent était complètement tombé au cours de la nuit. Je n’avais rien mangé depuis près de vingt-quatre heures, mais je m’efforçais de ne pas y penser en dépit des borborygmes de mon estomac affamé. Décidée à rejoindre la civilisation, je glissai mon sac en bandoulière puis m’approchai de mon canot pour l’examiner, priant pour qu’il soit intact. Habituellement, je faisais cette inspection chaque soir, comme Joseph me l’avait montré, pour repérer la moindre déchirure dans l’écorce et la colmater avec un mélange de gomme de résineux et de graisse animale que je traînais avec mes vivres. Après ma journée mouvementée de la veille, j’avais omis cette étape importante. Dès que je me penchai sur mon embarcation, je compris que cet oubli m’avait permis de passer une nuit somme toute reposante. En effet, s’il avait fallu que je me rende compte hier soir que mon canot était fichu, je serais déjà morte d’angoisse à l’heure actuelle…

L’écorce était déchirée sur quelques dizaines de centimètres à l’avant. Ayant perdu le mélange de résine en même temps que mes couvertures, je n’avais rien pour réparer les dégâts. J’allais devoir abandonner la navigation au profit de la marche à pied. Et dire que j’avais failli me noyer pour récupérer une épave…

 

* *

*

 

Je marchai pendant deux longues journées sans rien avaler d’autre que de l’eau que je trouvai heureusement en abondance. Je savais toutefois que ce ne serait bientôt plus suffisant. J’avais déployé tout ce que j’avais d’énergie au cours des deux dernières semaines, suant sang et eau pour rejoindre la civilisation. Je me rendais compte trop tard que j’aurais probablement mieux fait de rester sagement au poste de traite. Une petite voix me susurra toutefois qu’après mon expérience au château des Canac, je n’aurais jamais pu supporter la proximité d’un homme trop entreprenant…

Ce soir-là, lorsque je m’allongeai sur ma couche de fortune, je fis tristement l’inventaire de mes nombreux maux et problèmes. Outre les courbatures et les élancements lancinants de mes membres raidis par l’effort, j’avais des ampoules aux pieds d’une taille à faire frémir les plus endurcis et de multiples écorchures à divers stades d’infection. Mes vêtements n’étaient plus que des loques me couvrant à peine et mes mocassins à la semelle trop mince me faisaient sentir chaque pierre comme chaque racine sur laquelle je marchais. Je n’étais pas convaincue de pouvoir tenir un jour de plus. Et pourtant…

 

* *

*

 

L’avant-midi tirait sûrement à sa fin quand je crus voir un mirage : une première habitation ! De dimensions modestes, elle était construite en pièces de bois blanchies à la chaux et le toit en bardeaux de cèdre. Tout autour, le terrain avait été défriché. Des poules se promenaient aux environs et un enclos contenait moutons et cochons. Deux enfants jouaient sur un côté, tout près d’un immense potager. Plus loin, j’apercevais deux autres maisons et d’autres espaces défrichés. Pour le reste, c’était la forêt à perte de vue. Le plus étrange, c’est que je percevais tout cela à travers une espèce de brouillard que j’associai à la fatigue extrême. Au moment où les enfants m’aperçurent, je m’écroulai…

 

* *

*

 

Lorsque je rouvris les yeux, j’étais allongée dans une pièce sombre. Seule. Je me redressai en position assise, puis m’adossai au mur derrière moi avec précaution ; chaque parcelle de mon corps regimbait à fournir le moindre effort. Je ne portais que ma chemise et mes pieds avaient été pansés à l’aide de bandes d’étoffe. Je jetai un œil aux alentours.

L’intérieur de la petite maison n’avait pas de divisions. Mon lit occupait un angle de la pièce et se trouvait dans une espèce d’alcôve ; ce devait être le lit des maîtres. À même le sol, tout près, il y avait deux autres paillasses, probablement celles des enfants, de même qu’un berceau. Dessus reposaient des peaux d’animaux, ours ou orignal. Il n’y avait guère de meubles, si ce n’est une table, des chaises, deux coffres de bois et quelque chose qui ressemblait à un buffet. Sur le mur de gauche, il y avait un foyer où pendait une crémaillère. Un chaudron y était d’ailleurs suspendu, duquel s’échappaient des effluves fort appétissantes pour quelqu’un n’ayant pas mangé depuis trop longtemps. Je m’apprêtais à me lever quand la porte s’ouvrit.

Une femme entra et me sourit timidement. Elle devait être au début de la trentaine, mais elle paraissait facilement une dizaine d’années de plus. Le travail incessant, les tâches ménagères et les grossesses avaient vraisemblablement eu raison de sa jeunesse. Triste constat.

— Bonjour !

— Bonjour, répondis-je dans un sourire. Où suis-je ?

— À Château-Richer. Philippe, mon mari, vous a portée dans la maison après que les enfants vous aient vu vous effondrer, hier. Vous avez faim ?

Mon regard, qui ne cessait de se tourner vers le chaudron fumant, m’avait certainement trahie. Je hochai la tête.

— Venez-vous assoir… Au fait, je m’appelle Marie.

— Et moi, Naïla.

Je m’installai à la table, légèrement mal à l’aise de venir troubler son quotidien, mais pleinement reconnaissante d’avoir quelque chose à me mettre sous la dent. Étonnamment, elle ne me posa pas de questions sur moi. Elle m’expliqua plutôt qu’elle et son mari avaient quitté la région de Charente, en France, cinq ans plus tôt. Ils avaient choisi de traverser l’Atlantique davantage par goût de l’aventure que pour fuir une situation devenue difficile. Ils avaient eu envie de découvrir de nouveaux horizons et de participer à la création d’une nouvelle nation. Avec un haussement d’épaules, et l’air un peu gêné, elle conclut :

— Bien peu de gens de notre entourage comprenaient notre décision, mais nous sommes tout de même partis.

Nous ne regrettons rien puisque nous n’avons jamais été aussi heureux…

 

* *

*

 

Au cours de la journée, je fis la connaissance de Philippe et des trois enfants du couple, une petite fille de quatre ans et demi, un petit garçon de deux ans et un nourrisson de quelques mois, aux bouclettes blondes comme les blés. J’eus un choc en voyant la plus vieille ; si ma fille Alicia avait survécu, Agnès et elle auraient certainement pu être jumelles. Ce n’était pas seulement des similitudes subtiles que je voyais, mais bien une copie, et j’en fus remuée au-delà de toute expression. Était-ce un signe du destin ?

Ne sachant pas comment expliquer mon arrivée impromptue sur leur terre, je racontai avoir fui Québec après que mon père, avec qui j’étais arrivée ici, fut décédé. Le couple ne me posa aucune question et me proposa spontanément de demeurer avec eux, le temps de me trouver un mari. En riant, ils m’expliquèrent que j’aurais l’embarras du choix ; les filles étaient une denrée rare et les hommes ayant besoin d’une femme, légion. J’acceptai leur offre de rester avec plaisir, mais ne pipai mot sur la question du mari. Avec un peu de chance, j’aurais disparu avant d’avoir besoin de convoler…

 

* *

*

 

Je dormis mal, mais l’inconfort de ma paillasse n’y était pour rien. J’avais insisté pour dormir à même le sol, comme les enfants, et je contemplais maintenant le toit, l’intérieur de la maison étant faiblement éclairé par les rayons de lune qui filtraient à travers les fougères servant de rideaux. Mes cauchemars défilèrent en rafale, fidèles à leur habitude retrouvée.

Une fois de plus, j’avais assisté à un affrontement, mais d’un genre nouveau. L’homme aux cheveux noirs avait combattu, avec l’aide de son armée hétéroclite, des êtres à la peau couverte d’écailles cuivrées qui s’enflammaient au contact d’une arme. Un moyen de défense peu banal qui avait rapidement fait des dommages importants. Mais cet homme n’avait pas dit son dernier mot ; il s’était défendu de belle façon alors que des êtres à l’apparence humaine, dans ses rangs, s’étaient métamorphosés en créatures constituées d’eau. Même si les forces représentant les deux éléments étaient inégales, les trois êtres aquatiques avaient triomphé des êtres de feu. C’est lors de la débandade de ces derniers que j’avais remarqué Mélijna. Était-ce le père adoptif d’Alix qui combattait ainsi pour que cette sorcière soit dans les parages ? On m’avait pourtant dit qu’il ne possédait que bien peu de pouvoirs magiques alors que l’homme que je voyais était plutôt doué. Après le départ des perdants, j’avais assisté au décompte des morts, à la vision d’un champ de bataille maculé de sang et parsemé de guerriers, humains ou non, agonisant sur une terre inhospitalière, loin des leurs.

Seule en cette nuit de 1666, je désespérais de voir poindre l’aube. Je cherchais avec ardeur ce que la vieille Uapikun avait voulu dire en affirmant que je pouvais cesser de faire ces rêves étranges si je le désirais. Je me rendormis finalement, toujours ignorante de la façon de faire et craignant un jour de croiser Madox ou Alix en songe. Mort.

 

* *

*

 

Cette fois-ci, Roderick s’était remémoré des bribes de l’époque où Mélijna cheminait avec lui, époque où il croyait atteindre ses objectifs avec beaucoup plus de facilité. Mais c’était sans compter l’apparition de Saul. Ce puissant fils de sorcier avait tout chamboulé, retardant indûment sa quête de gloire et de richesse. Depuis trop longtemps qu’il attendait, sa patience commençait à s’effriter sérieusement.

Penser à Mélijna le fit s’interroger une fois de plus sur ce que la vieille pouvait bien se rappeler par rapport à lui. Une seule chose était certaine : elle le croyait disparu depuis belle lurette puisqu’il avait simulé sa mort voilà plus d’un siècle. Il ne s’étonnait donc pas qu’elle n’ait jamais fait le lien entre lui et ses fils. De toute façon, à cette époque, Roderick ne ressemblait en rien à Alexis. Puisqu’il avait la capacité de se métamorphoser à volonté, il ne prenait que rarement sa véritable apparence. Et s’il le faisait, il se rajeunissait, question de ne pas effrayer son interlocuteur…

 

* *

*

 

Deux semaines s’écoulèrent alors que la famille Dusseault se préparait pour la saison froide. Je donnais un coup de main aux corvées et tentait de mon mieux de me faire oublier. Je n’avais pas encore mentionné mon état de femme enceinte : je ne voyais pas comment l’expliquer ni le faire accepter. Que cette famille ait la particularité de ne ressembler en rien à la famille type de colons ne voulait pas dire qu’elle fermerait les yeux sur une grossesse. Je ne vomissais plus à tout moment, à mon grand soulagement. Par contre, je craignais le jour où mon ventre commencerait à s’arrondir ; je devrais alors m’ingénier à le camoufler. Les voisins, bien que loin en distance, s’obstinaient à être tout près en présence, me voyant comme une curiosité et prétextant tout et rien pour venir fouiner. Ils cherchaient sans cesse à me prendre en défaut, alléguant que j’avais souvent des comportements bizarres. Je pensais à tout cela alors que je voyais Ernestine – ladite voisine – s’amener d’un pas vif sur le chemin de terre battue. Je m’empressai de disparaître parmi les hauts plants de maïs du potager, tenant Agnès par la main. Je fis signe à la fillette de se taire. Elle me renvoya un magnifique sourire. Elle non plus n’aimait pas la voisine.

— Marrrrrie, Marrrrrie, Marrrrrie…, s’égosillait-elle.

À travers les plants jaunis par le gel, je vis Marie sortir de la maison en s’essuyant les mains sur son tablier. Je savais qu’elle devait retenir un profond soupir d’exaspération, mais elle affichait néanmoins une expression neutre. Ernestine se mit à déverser un flot de paroles, gesticulant et jetant de fréquents coups d’œil vers le potager – signe qu’elle connaissait ma présence.

Toujours confinée sur le seuil de la porte, elle fit plusieurs fois mine d’entrer, mais Marie ne bougea pas d’un poil, bloquant poliment mais fermement le passage. Malheureusement, Philippe était au champ, sinon il aurait déjà renvoyé l’indésirable chez elle. Il ne la supportait pas. J’étais incapable de saisir la moindre bribe de son monologue, mais j’entendais la voix de la voisine monter dans les aigus. Marie hocha plusieurs fois la tête en signe de dénégation puis recula avant de fermer la porte. Ernestine cria une dernière fois et s’éloigna enfin, jetant encore plusieurs coups d’œil vers le potager où je me trouvais. Dès qu’elle fut hors de vue, j’allai aux nouvelles.

 

Le talisman de Maxandre
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