Chapitre 18

Angus fixa son nouvel employé du regard tandis qu’une vague de soulagement déferlait en lui. Phineas n’avait pas mordu Emma. Elle n’était pas morte. Enfin, pas encore.

— Où est Emma ? Elle devrait être avec toi.

Une porte s’ouvrit tout près d’eux.

— Ohé ! Docteur Phang !

Une blonde vêtue d’une combinaison-culotte noire en dentelle s’appuya contre le chambranle de porte.

— Venez-vous vous occuper de moi, maintenant ?

Angus reconnut une de ces idiotes de mortelles qu’il avait rencontrées, il y a quelques nuits de cela. C’était Lindsey, ou bien Tina. Il ne pouvait s’en souvenir.

Ses yeux s’agrandirent.

— Oh, je me souviens de vous. Vous êtes l’homosexuel irlandais. Si vous cherchez encore Austin, ce n’est pas votre jour de chance. Une certaine princesse étrangère se cache dans son appartement.

— Retournez à l’intérieur et fermez la porte, ordonna Angus.

La blonde râla.

— Vous êtes vraiment grossier et vous perdez totalement votre temps avec docteur Phang. C’est un homme à femmes. En fait, il a été si habile avec Tina qu’elle est encore inconsciente.

— Rentrez ! cria Angus.

— Raclure !

Elle fit claquer la porte.

Tout devenait clair aux yeux d’Angus. Son nouvel employé était occupé à copuler avec Tina, quand Emma avait décidé de partir. Angus l’empoigna par la chemise et le poussa contré le mur.

— Tu as quitté ton poste.

— Je…

Phineas tressaillit.

— Je n’en avais que pour quelques minutes. Emma m’avait donné son approbation.

Il jeta un coup d’œil vers l’appartement d’Austin.

— Demandez-lui. Elle vous le confirmera. Tout est bien. Enfin, sauf pour Tina. Elle semble plutôt mal en point.

Angus s’approcha de lui et serra les dents. Son poing resserra la chemise autour du cou de Phineas.

Tu as quitté ton poste. J’ai vu des soldats recevoir la mort, pour cette raison.

Phineas déglutit.

— Je suis désolé, mec. Ça ne se reproduira plus.

— Que se passe-t-il ?

Gregori s’approcha d’eux d’un pas nonchalant dans le hall. Angus libéra Phineas et se tourna vers Gregori.

— Où étais-tu, par l’enfer ? As-tu vu Emma ?

— Non, elle est avec…

Gregori regarda Phineas d’un air inquiet.

— J’étais en train de garer la voiture. Que s’est-il passé ?

— Emma n’est plus ici.

Angus prononça ces mots à travers ses dents.

— Quoi ?

Phineas jeta un coup d’œil à l’appartement d’Austin.

— Elle était là il y a quelques minutes. Comment a-t-elle pu partir ?

Angus l’agrippa par le cou.

— Elle est partie parce que tu as quitté ton poste !

— Oh !

Gregori saisit le bras d’Angus.

— Tout doux, le mastodonte. Détends-toi ! Nous allons la retrouver.

Angus libéra Phineas, puis respira à fond.

— Je m’occuperai de lui plus tard. Je dois la retrouver. Elle se dirige vers le Hudson River Park.

— Génial ! Tu sais même où elle va.

Gregori le gratifia d’un sourire encourageant.

— Ça ira. Je vais t’y conduire.

— Non. Je vais l’appeler et me téléporter.

Angus fouilla dans son sporran à la recherche de son téléphone portable.

— Gregori, je veux que tu remettes de l’ordre dans le bordel de Phineas.

Il fixa son nouvel employé du regard.

Phineas tressaillit et se frotta la gorge.

— Je suis vraiment désolé, mec. Tina était vraiment très chaude. Je n’avais pas l’intention de lui faire de mal.

Gregori regarda Phineas en fronçant les sourcils.

— Tu l’as blessée ? Où est-elle ?

— Là-dedans.

Phineas ouvrit brusquement la porte de l’appartement de Tina. Lindsey poussa un cri aigu et bondit vers l’arrière. Phineas conduisit Gregori à l’intérieur tandis qu’Angus demeurait dans le hall, appelant Emma sur son téléphone portable.

— Allo ?

— Emma !

Il fut si soulagé d’entendre sa voix qu’il tituba d’un pas vers l’arrière.

— Continuez à parler. Je vais me téléporter auprès de vous.

— Pas maintenant, chuchota-t-elle. Je suis dans un taxi.

— Vous croyez que cela m’importe ?

— Ça m’importe. Je ne veux pas avoir un accident de voiture. Je vous appellerai aussitôt que je serai au parc. Donnez-moi votre numéro de téléphone.

Il lui donna.

— Emma, par le diable ! Je vous ai dit de rester cachée.

— Ça va aller. Je vous appellerai bientôt.

Elle raccrocha.

Espèce de femme têtue. Il jura à voix basse tout en composant le numéro de téléphone de Robby.

— Oui ?

— Robby, je veux que Jack et toi alliez au Hudson River Park, dans le secteur où se trouve l’héliport.

— Que se passe-t-il ? demanda Robby.

— Connor a appelé pour dire que quelque chose n’allait pas, mais il n’a pas dit de quoi il s’agissait.

— Les Mécontents ont peut-être assassiné quelques mortels. Emma se dirige sur les lieux.

Angus serra ses dents.

— Seule.

— Nous partons sur-le-champ.

Robby raccrocha.

Angus poussa quelques jurons de plus, puis marcha à grands pas dans l’appartement de Tina. Lindsey faisait du surplace près d’une embrasure de porte en tremblant.

— Excusez-moi.

Il se glissa devant elle.

Elle bondit vers l’arrière en poussant un cri aigu.

— Il y a du sang sur son cou !

Tina était étalée sur le lit. Phineas remonta un drap jusqu’à son menton.

— Bonne nouvelle, dit Gregori. Elle est vivante.

— Oui.

Angus fronça les sourcils en examinant les deux perforations sur son cou.

— J’entends encore son cœur battre.

— Vraiment ?

Phineas regarda Tina d’un air confus.

Angus lança un regard irrité à son employé débutant.

— Tu as beaucoup de choses à apprendre, jeune homme.

Il se tourna vers Gregori.

— Tu vas la téléporter, à Romatech, pour une transfusion, puis la ramener ici.

— Je m’en occupe, lui dit Gregori. As-tu pu parler avec Emma ?

— Oui…

Angus cessa de parler, lorsque Lindsey surgit dans la pièce en agitant une croix celtique en plâtre d’un pied de long devant elle.

— Hors d’ici, démons !

Elle pointa sa croix vers chaque homme.

— Retournez d’où vous venez ! En enfer !

Angus soupira.

— Et quand tu auras terminé, assure-toi d’effacer leurs souvenirs, continua Angus.

— Quoi ?

Lindsey secoua sa croix comme si cette dernière ne produisait pas l’effet escompté.

— Pourquoi ma croix ne fonctionne-t-elle pas ? N’êtes-vous pas des vampires ou quelque chose du genre ?

Gregori fit signe à Phineas de prendre Tina dans ses bras.

— Allons-y.

— Où l’emmenez-vous ?

Lindsey laissa tomber sa croix avant de s’agenouiller.

— Oh mon Dieu. Vous allez même la transformer en vampire. Elle sera jeune et désirable pour toujours.

Son visage s’illumina et elle bondit sur ses pieds.

— Transformez-moi aussi !

Angus secoua la tête tout en quittant la chambre.

— Le monde des vampires ne pourrait jamais survivre, si vous en faisiez partie.

La police avait interdit l’accès à l’entrée qui menait à l’héliport. Emma demanda donc au chauffeur de taxi de la déposer tout près de là. Elle se faufila à travers une foule bruyante et se dirigea vers le policier le plus près. Elle glissa la main dans son sac à la recherche de sa carte d’identité. Sa main frôla son téléphone portable et elle pensa à appeler Angus, mais il y avait simplement trop de gens sur place pour qu’il puisse se téléporter sans risque ou encore sans se faire remarquer. Elle trouva sa carte d’identité et la montra aux gens qui refusaient de libérer le passage devant elle.

— Excusez-moi. Ministère de la Sécurité intérieure.

Cela faisait habituellement bouger les gens.

Elle parvint enfin au ruban entourant la scène de crime où se trouvait également un policier. Elle lui montra son porte-nom et cria afin qu’il puisse l’entendre malgré le bruit.

— Je dois voir les corps !

— Vous devrez d’abord parler avec le capitaine.

Le policier désigna du doigt un homme vêtu d’un trench-coat, à une centaine de mètres au loin, près d’une ambulance. Deux ambulanciers chargeaient un corps dans une housse mortuaire sur une civière.

Emma se glissa sous le ruban et marcha à grands pas vers le capitaine. Elle eut à peine le temps de franchir une distance de 10 mètres qu’un autre policier lui criait de s’arrêter.

Elle souleva son porte-nom.

— Sécurité intérieure.

Elle progressa encore de 50 mètres et passa devant une voiture de police.

Elle plissa les yeux face à la lumière éblouissante des feux clignotants. Un officier en uniforme descendit de la voiture et lui bloqua la route.

— C’est une scène de crime.

Elle souleva son porte-nom.

— Sécurité…

Elle haleta, lorsqu’il lui agrippa les deux avant-bras.

— Ce sera une très vilaine scène de crime.

Un accent russe. Elle avait mis trop de temps à le percevoir. Elle regarda le visage d’Alek d’un air abasourdi. Les feux clignotants rouge et jaune donnaient à son sourire un air maléfique.

— Vous aimez mon costume ? L’officier qui le portait n’en aura plus besoin.

Il inclina sa tête vers la voiture.

Il était difficile de voir clairement avec les lumières stroboscopiques qui clignotaient devant ses yeux, mais Emma remarqua un homme sur le siège avant, la tête tordue dans un angle bizarre. Elle enfonça sans avertissement son genou avec force dans l’entrejambe d’Alek.

Il chancela vers l’arrière. Elle lui asséna une série de coups de poing à la poitrine, puis se retourna et lui donna un coup de pied en plein visage.

Alek tomba au sol, et du sang jaillissait de son nez.

Quelqu’un dans la foule cria.

— Oh mon Dieu ! Elle attaque un policier !

— Halte !

Plusieurs voix crièrent.

Emma se retourna et vit que deux policiers courraient vers elle. Son porte-nom… où était-il ? Elle l’avait laissé tomber tandis qu’elle donnait des coups de poing à Alek.

— C’est ça que tu cherches ?

Alek bondit sur ses pieds avec son porte-nom dans la main. Son sourire était teinté de sang. Il lécha le sang autour de sa bouche, puis s’éloigna à toute vitesse en emportant son porte-nom avec lui.

— Halte, ou je tire, hurla un policier.

Emma plongea dans la foule et se fraya un chemin dans la direction qu’Alek venait d’emprunter. Le quai 66. Elle s’empara de son téléphone portable et appela Angus.

— Il était temps ! tonna-t-il. Où êtes-vous ? Est-ce que ça va ?

— Oui, je vais bien. Laissez-moi trouver un bon endroit.

Elle remarqua derrière la foule un fourgon d’actualités locales.

Elle s’esquiva derrière lui.

— C’est bien, vous pouvez venir, maintenant. Les Mécontents sont certainement responsables de ces meurtres. J’ai vu Alek sur les lieux du crime.

En fait, il a tenté de me capturer, mais…

Elle cessa de parler lorsqu’il se matérialisa à ses côtés. Il lui saisit les épaules.

— Ça va ?

— Oui. J’ai fait saigner Alek du nez, et il s’est enfui en courant.

Angus éclata de rire et la tira vers lui pour la prendre dans ses bras.

— C’est bien.

Il recula la tête pour lui lancer un regard sévère.

— Ne me faites plus jamais peur comme ça.

— Je peux prendre soin de moi.

Elle sourit.

— Je suis toutefois heureuse que vous soyez ici.

— Est-ce qu’Alek est encore dans les environs ?

— Il a couru en direction du quai 66.

Emma laissa tomber son téléphone portable dans son sac et s’empara d’une poignée de pieux.

— Nous devons nous occuper de lui. Il a tué au moins quatre personnes ce soir, dont un policier.

Elle ficha ses pieux sous sa ceinture.

— Non. Je veux que vous restiez ici. Mieux encore, que vous retourniez à la maison.

— Je reste avec vous.

Elle glissa son sac par-dessus sa tête et l’arrima à son épaule.

— Nous devons en finir avec Alek, ce soir, sans quoi il continuera de tuer des gens.

Angus la regarda en fronçant les sourcils.

— Très bien. Nous devons cependant aviser les renforts.

Il composa un numéro de téléphone.

— Robby, nous nous lançons à la poursuite d’Alek. Quai 66.

— Hâtez-vous.

Il glissa son téléphone dans son sporran.

— Prête ?

Angus la guida vers le quai en se servant des voitures et des conteneurs à déchets en guise de couverture. Ils marchèrent d’un pas pressé le long du mur arrière d’un entrepôt.

Une femme cria. Emma jura en silence. Combien de gens Alek avait-il l’intention de tuer, ce soir ?

Angus regarda au loin depuis le coin de l’entrepôt.

— Il y a un petit bâtiment sur le bord de la rivière. Le cri venait de l’arrière de cet endroit.

Emma jeta un coup d’œil rapide à son tour. C’était un centre de location de moto marines. Elle retira un pieu de sa ceinture.

— Allons-y.

Ils coururent le long de l’entrepôt en se dissimulant à l’ombre de ce dernier, puis ils se séparèrent pour s’approcher de la cible. Emma se dirigea vers le sud et jeta un coup d’œil sur le coin du centre de location. Un quai rectangulaire s’avançait au-dessus du fleuve Hudson. Elle pouvait voir une femme dans le clair de lune en veilleuse, coincée au sol sous un homme vêtu d’un uniforme de policier. Alek. La femme était immobile sur les planches de bois tandis que l’homme reposait sur elle en lui flairant le cou.

Angus fonça vers eux à la vitesse vampirique et dirigea sa claymore vers le cou d’Alek.

— Libère-la.

Emma se glissa sur le quai en examinant soigneusement les environs.

Il n’y avait personne d’autre en vue.

— Libère-la ! cria Angus.

— Dois-je m’y résoudre ? demanda calmement Alek.

Il se souleva par lévitation, libérant le corps jusque-là sous le sien.

Angus jeta un coup d’œil à la femme, puis recula.

— Emma, fuyez en vitesse !

La femme se mit à rire.

Emma recula, peu enthousiaste à l’idée de laisser Angus seul. La femme se releva, tout à fait indemne. Ses jeans tailladés à la mode reposaient bien bas sur ses hanches. Le haut rouge à dos nu qu’elle portait sous sa veste de cuir noir couvrait à peine ses seins. Elle rejeta ses longs cheveux bruns sur ses épaules et lança à Angus un regard rempli de haine.

Emma comprit que c’était personnel. Elle se retourna et haleta en voyant six silhouettes léviter près du quai. Six vampires. Ils s’étaient cachés sous le quai, et voilà qu’ils se posaient en douceur sur le garde-fou en bois.

Elle replia ses doigts autour de son pieu, écarta ses jambes et plia ses genoux. Ils étaient huit vampires contre Angus et elle. S’ils pouvaient seulement tenir bon jusqu’à l’arrivée de Robby et de Giacomo.

Un vampire bondit dans les airs, son épée tirée. Angus chargea et désarma le vampire en frappant son épée avec sa claymore, avant de se retourner et de l’embrocher en plein cœur. Le vampire poussa un cri perçant avant de devenir un nuage de poussière qui vint ensuite se répandre sur le quai.

Deux vampires se précipitèrent vers Emma. Elle fit un pas de côté pour éviter le premier assaillant avant de se retourner et de lui donner un coup de pied dans le dos. Cela le propulsa par l’avant et le fit s’écraser contre le bâtiment.

Elle continua son mouvement de rotation et s’arrêta pour faire face au deuxième assaillant, lui enfonçant du même coup son pieu dans le cœur. Il se transforma en poussière.

Le premier vampire retrouva rapidement ses sens et revint à la charge. Il donna un coup de pied à son pieu, ce qui le fit tomber de sa main. Elle ignora la douleur et fonça sur lui distribuant une série de coups de poing. Il était trop rapide et esquivait ses coups sans qu’elle puisse l’atteindre solidement. Elle fut soudainement agrippée par-derrière. Elle donna un coup de pied en arrière pour le libérer de l’emprise du vampire, puis elle s’empara d’un autre pieu sous sa ceinture. Il se rapprocha encore d’elle, et elle en profita pour lui enfoncer son pieu dans les côtes. Il hurla et lâcha prise. Elle pivota sur elle-même et plongea le pieu dans son cœur. Encore de la poussière.

Le premier vampire l’agrippa par-derrière. Elle jeta un coup d’œil à Angus juste à temps pour voir ce dernier embrocher un autre vampire. Il y en avait quatre de moins. Ils s’en tiraient bien. Un autre vampire chargea vers elle, et elle s’appuya le dos contre son premier assaillant pour donner un coup de pied à l’autre vampire qui fonçait vers elle. Il chancela vers l’arrière.

Le premier vampire appuya un poignard contre sa gorge.

— Je devrais te tuer, espèce de chienne.

Elle s’empara de son bras pour retirer brusquement le couteau de sa gorge.

Elle entendit Angus pousser un cri, et le bras du vampire fut ensuite réduit en poussière tandis que son couteau tombait sur le sol dans un bruit. Elle se retourna pour apercevoir Angus derrière elle, sa claymore couverte de la poussière du premier vampire.

— Merci.

Elle se pencha pour récupérer le poignard tombé au sol. Il n’y avait plus que deux vampires mâles, Alek et un autre. La femme se tenait tout près, de la haine miroitant dans ses yeux sombres. Elle porta une sarbacane à sa bouche.

— Attention ! cria Emma.

Angus souleva sa claymore avant de se raidir. Son visage fut empreint de consternation.

— Emma, courrez, chuchota-t-il.

Elle recula, peu disposée à partir. Elle haleta, lorsque la claymore d’Angus glissa de sa main.

— Angus !

Il s’effondra sur le quai. Une courte flèche était fichée dans son dos.

Les deux vampires mâles foncèrent vers Emma à toute allure. Elle tenta d’atteindre le premier vampire avec son poignard, mais ce dernier se déroba.

Alek s’empara d’elle par-derrière. Le premier vampire fit tomber le couteau de sa main à l’aide d’un coup de pied avant de lui donner un coup de poing dans le ventre.

Elle s’affaissa contre Alek pendant un court moment avant de donner des coups de pied et de tenter de se libérer de son emprise. Le premier vampire ramassa le poignard et le donna à Alek.

La femme marcha à grands pas vers Angus en parlant avec un accent russe.

— J’aurais dû te tuer il y a des années.

Elle le retourna sur le dos de son pied botté.

Emma tressaillit à la pensée de la flèche qui s’enfonçait encore plus profondément dans son dos.

La femme se pencha au-dessus d’Angus.

— Tu peux m’entendre, n’est-ce pas ? La morelle te paralyse, mais tu peux encore voir et entendre.

Elle posa un pied sur sa joue et tourna sa tête vers Emma.

— Tu vois ? On a capturé ta putain mortelle.

Elle lui donna un coup de pied dans les côtes du bout de sa botte.

— Arrêtez !

Emma luttait pour se libérer, mais les deux vampires mâles tenaient bon.

Elle s’immobilisa en remarquant le visage d’Angus. Il l’observait, ses yeux remplis de douleur. Oh Dieu, qu’avait-elle fait ? Elle les avait menés tout droit dans un piège.

La femme regarda Emma d’un air dégoûté, avant de saisir le menton d’Angus de ses longs ongles rouges pour l’obliger à la regarder.

— Ne la regarde pas. Tu aurais pu dominer le monde avec moi. Tu as toutefois refusé de tuer un petit mortel chétif, quand je te l’ai demandé. Te voilà maintenant à tuer ceux de ta propre race, et tu le fais pourquoi ? Pour une chienne de mortelle sans valeur ?

Katya, ça suffit ! hurla Alek. Tu le tortureras plus tard. Nous devons les transporter loin d’ici, avant qu’il ne soit trop tard.

— Ça va, ça va.

Katya se pencha pour saisir le bras d’Angus, et ils disparurent tous les deux.

— Non ! cria Emma.

Elle donna des coups de pied à ses ravisseurs.

Alek la serra fermement contre lui et appuya le couteau contre son cou.

— Uri, nous n’avons jamais été à cet endroit, auparavant. Il faut que tu les appelles.

Uri composa un numéro sur son téléphone portable.

Allo ?

Arrêtez !

Emma leva les yeux et vit Robby et Giacomo sur le toit, s’approchant d’eux avec leurs épées dans les mains.

— Libérez-la ! hurla Robby.

— Faites un pas de plus, et je lui tranche la gorge.

Alek se tourna vers Uri en tirant Emma avec lui.

— Accroche-toi à nous. Allons-y !

Uri saisit le bras d’Emma et parla au téléphone.

Paris, nous arrivons.

Emma jeta un coup d’œil aux visages affligés de Robby et de Giacomo.

— Paris ! cria-t-elle avant que tout ne devienne noir.