Les phénomènes PSI et la conscience globale
Nous avons vu jusqu’à présent que le mécanisme de l’intrication quantique se manifeste dans le monde des particules élémentaires, puis nous nous sommes concentrés sur les probables preuves expérimentales et sur les modèles théoriques qui démontreraient que l’intrication se vérifie aussi à des échelles relativement macroscopiques comme l’ADN et le cerveau au point d’expliquer la façon dont naît la conscience. À présent, focalisons notre attention sur des phénomènes étranges que la culture standard définit comme « paranormaux » et dont la manifestation semble reproduire, sous de nombreux aspects, les caractères purement quantiques de non-localisation de l’intrication. Scientifiquement parlant, ces phénomènes sont aujourd’hui généralement indiqués sous le terme « Psi », c’est-à-dire : phénomènes psychiques. Nous n’exposerons pas de récits ou de témoignages fascinants et inquiétants, voire même ennuyeux ; au contraire, nous nous concentrerons sur les résultats de certaines expériences de laboratoire et évaluations statistiques, exclusivement basées sur la méthode scientifique galiléenne universellement reconnue. Des chercheurs universitaires (aussi bien physiciens que psychologues) très qualifiés comme les Américains Dean Radin, Roger Nelson, Robert Jahn, Brenda Dunne, Russel Targ, Harold Puthoff, Charles Honorton et Stanley Krippner, l’italien Federico Nitamo Montecucco et le Britannique Ruppert Sheldrake nous ont clairement prouvé que le « paranormal » est une réalité. Mais nous n’en connaissons pas encore les mécanismes physiques, même si de nombreuses manifestations semblent indiquer que le processus observé ressemble beaucoup à l’intrication quantique. Pratiquement tous ces scientifiques – grâce aussi à l’important appui théorique et moral de David Bohm, Carl Gustav Jung, Wolfgang Pauli et Basil Hiley – en étudiant de différentes façons certaines manifestations du paranormal, ont pressenti qu’elles ne sont probablement pas exactement régies par la mécanique quantique, mais que cette dernière ne serait que la pointe d’un gigantesque iceberg complètement submergé, qui n’émergerait que de temps à autre lorsque certaines anomalies se produisent comme, par exemple, les phénomènes paranormaux. Ces phénomènes semblent nous indiquer que l’esprit même serait une espèce de transmetteur non local, en mesure de déterminer des phénomènes comme la télépathie, la prémonition, la vision à distance, la télékinésie et la synchronicité jungienne. Il existerait alors un modèle de fonctionnement synchrone de l’univers qui va bien au-delà de la simple intrication quantique de particules de matière comme les électrons. L’intrication quantique particulaire ne serait qu’un corollaire d’une loi plus grande et la mécanique quantique ne serait, dans le même temps, qu’une partie d’une théorie physique plus vaste que nous ne connaissons pas encore et dont nous parvenons difficilement à entrevoir les effets. Certaines personnes, comme le philosophe des systèmes hongrois Ervin Laszlo, ont donné au règne où trouveraient leur origine les phénomènes psychiques, le nom de « domaine subquantique », en supposant même qu’il coïncide avec le vide quantique, cette même « région » où Roger Penrose aurait localisé la véritable origine et matrice de la conscience.
Et bien, ce que les expérimentateurs découvrent à travers leurs recherches Psi, c’est qu’il existe une connexion non locale entre les différents esprits : exactement ce qui arrive d’un point de vue quantique aux particules ! Voilà pourquoi il faut se souvenir que l’échelle de l’intrication doit être bien plus grande que l’échelle particulaire. Les phénomènes Psi seraient donc la preuve qu’à grande échelle il n’y a pas de décohérence, du moins au niveau de la conscience. Dans ce cas, l’expérience Psi ne serait que l’expérience humaine de l’interconnexion quantique. Il est ensuite important de se rappeler que si tout ce que nous savons de l’intrication concerne le comportement des particules élémentaires, alors rien n’empêche de penser que la même chose peut se produire lorsque les particules élémentaires s’assemblent pour former des organismes vivants.
Dans le chapitre précédent, nous avons parlé du mécanisme de l’intrication au sein d’un organisme donné pourvu de cohérence élevée comme, par exemple, le cerveau. Dans ce chapitre, nous traiterons d’aspects où l’intrication mentale ne se limite pas à organiser les microtubules au sein d’un seul et même cerveau pour générer le flux de conscience d’un individu donné, mais serait également en mesure de déterminer le lien à distance entre deux ou plusieurs esprits. Contrairement à ce que le sens commun retient, nous verrons qu’en réalité cette phénoménologie peut être au moins vérifiée expérimentalement et suffisamment de fois au point de lui conférer une pleine dignité scientifique. Non seulement : ces « anomalies » de l’esprit pourraient nous ouvrir les portes d’un modèle physique plus vaste en mesure d’expliquer intégralement de quoi est capable la conscience et comment elle peut interagir de façon synchrone avec la matière.
3.1. LA SYNCHRONICITÉ NEUROPSYCHIQUE, LES PHÉNOMÈNES PSI ET L’INTRICATION MENTALE
Des expériences absolument fascinantes, innovantes et rigoureuses ont été réalisées sur le cerveau il y a quelques années par le médecin et chercheur italien Federico Nitamo Montecucco et ses collaborateurs. Avec un outil qu’il avait lui-même conçu – dénommé « Brain Olotester » – en mesure de surveiller simultanément les ondes bêta, alpha, thêta, delta et gamma du cerveau35, il est possible de vérifier de manière synchrone la façon dont les activités des hémisphères droit et gauche du cerveau humain interagissent. Un logiciel particulier est capable d’analyser le degré de cohérence des deux hémisphères. Montecucco s’est aperçu qu’à l’état de veille, les personnes normales présentaient un faible niveau de cohérence. Dans des conditions normales, l’énorme masse constituée par des milliards de neurones est, comme nous le savons, en mesure de produire des ondes électromagnétiques qui ne sont pas cohérentes entre elles. Comme le dit Montecucco, ces ondes se comportent un peu comme les musiciens d’un orchestre symphonique qui répètent chacun une partie de leur partition. Cela se traduit normalement par une véritable cacophonie, jusqu’à ce que n’arrive le chef d’orchestre qui après avoir capté l’attention générale commence à synchroniser le rythme et les temps de tout l’orchestre. Une musique bien coordonnée prend ainsi vie de manière synergique entre tous les musiciens, car les ordres impartis par le maestro transforment la cacophonie en harmonie. Le niveau de cohérence qui peut être atteint par le cerveau à certains moments comme, par exemple, lorsque l’on médite, est en tout point identique à l’œuvre du chef d’orchestre avec ses musiciens. Du point de vue de la biophysique, cet état renforcé du cerveau se réalise à des valeurs basses de la fréquence et à des valeurs élevées du voltage produites par les neurones dans leur ensemble. Dans ces conditions, comme l’a vérifié Montecucco, les deux hémisphères cérébraux sont synchronisés. C’est déjà une phénoménologie fascinante et extrêmement instructive, mais nous restons encore dans la dimension de l’individu. Montecucco a voulu aller plus loin, en essayant de vérifier si les cerveaux de plusieurs personnes pouvaient atteindre un état de synchronisation. Pour réaliser ce projet, il a modifié son Brain Olotester afin qu’il puisse contrôler simultanément plusieurs personnes. Il découvrit au cours de plusieurs sessions expérimentales que le cerveau de deux personnes liées par un lien d’amour ou d’amitié, et après avoir toutes les deux pratiqué des exercices de méditation, montrait un taux de cohérence très élevé. Cela s’est manifesté comme une véritable synchronisation entre les cerveaux, impossible à expliquer par l’émission d’ondes électromagnétiques d’un cerveau à l’autre. Il s’agirait plutôt d’un phénomène d’« intrication mentale » qui a probablement ses racines dans les mécanismes de la conscience. Une étude scientifique comme celle-ci a ouvert la voie à l’étude des phénomènes télépathiques, cette fois non simplement (comme autrefois) prouvés par l’émetteur et le destinataire, mais mesurés comme forme de synchronisation cérébrale à travers des instruments scientifiques comme l’électroencéphalogramme.
Il semblerait donc que ce ne soit pas l’intellect qui permette cette communication, mais plutôt la sphère des sentiments, comme l’empathie, la sympathie, l’amitié, l’amour ou ces facteurs qui déterminent un sens d’unité chez deux sujets qui se connaissent intimement. Bien que cette synchronisation se manifeste dans les ondes longues cérébrales, il se pourrait que la matrice holographique d’une personne entre en résonance avec celle d’une autre. Comme nous le verrons par la suite, il semble que ce type de transmission d’information ne dépende presque jamais de façon marquée de la distance, au point de laisser penser qu’il s’agit d’une forme d’intrication non locale : entre esprits, dans ce cas spécifique.
Pendant très longtemps, on a considéré (à commencer par le physicien britannique Joseph Thomson) que les messages télépathiques se basaient sur le transfert de signaux, à l’instar du fonctionnement des ondes électromagnétiques. Il était d’ailleurs légitime de le penser puisque nous savons que le cerveau émet des ondes électromagnétiques. Le signal doit ainsi obligatoirement diminuer exponentiellement avec l’augmentation de la distance et la diminution de son amplitude. En revanche, les expériences Psi, menées dans des conditions de blindage électromagnétique total et sur de très longues distances (parfois même de l’espace vers la Terre) ne témoignent pas de ce déclin des ondes Psi. On a vu que la distance peut jouer un rôle dans certaines circonstances, mais elle ne semble pas être un paramètre réellement discriminant pour la propagation des phénomènes Psi.
Si nous concentrons notre attention, pas tant sur la synchronicité constatée expérimentalement dans les hémisphères cérébraux de personnes liées par une forme quelconque de résonance émotionnelle, que sur le fait que des personnes ont parfois la nette sensation de recevoir des messages dans leur esprit ; si nous rapportons ensuite cette phénoménologie aux concepts qui sont à la base de l’inconscient collectif (pour en parler en termes jungiens) ou de l’ordre impliqué (pour en parler en termes bohmiens), il est impossible de ne pas identifier – du moins de façon intuitive – l’origine de ces phénomènes de résonance. Que des pensées nous traversent l’esprit ne signifie pas qu’elles proviennent vraiment de nous. Il s’agit plus simplement de « perceptions », que nous recevons par le canal extrasensoriel, de quelque chose qui ne dépend pas du fait que nous soyons une personne. Nous percevons probablement quelque chose provenant d’un univers qui se comporte intimement de façon holographique. À un niveau très profond, les séparations que nous voyons entre des objets isolés sont une illusion créée par nos perceptions limitées. L’effet d’intrication quantique semble beaucoup plus présent dans le monde que ce que l’on pensait auparavant, et il est beaucoup moins fragile que l’on ne pensait. En réalité, de nombreux physiciens considèrent aujourd’hui qu’il peut exister n’importe où et n’importe quand et pas seulement entre deux particules opportunément traitées, à tel point que cela pourrait influencer de manière significative le monde macroscopique dans lequel nous vivons. Et en effet, comme dans le cas des expériences de Montecucco, il semble que l’on puisse aussi relever un type d’intrication au niveau macroscopique. Il est scientifiquement possible de démontrer que certaines expériences psychiques sont vraiment naturelles, que la science traditionnelle a ignorées pendant très longtemps. Pendant des siècles, les scientifiques ont considéré que chaque chose pouvait être expliquée sur la base de mécanismes identiques à ceux d’une montre. Puis, au XXe siècle et aujourd’hui encore, à la surprise générale, nous nous sommes aperçus que cette supposition était erronée ou du moins n’était vraie qu’en partie. En analysant attentivement la réalité, nous nous apercevons au contraire qu’à certains niveaux, la réalité ne fonctionne pas exactement comme une montre. Elle semble même s’articuler en d’étranges liens « holistiques » impossibles à localiser précisément dans l’espace et le temps. Il s’agit de liens instantanés où le « facteur Psi » pourrait être la conséquence d’un univers non local, qui se manifeste dans les structures biologiques sous la forme de « bio-intrication ». Cette théorie n’est pas nouvelle. Elle était déjà connue dans l’Antiquité et elle a surtout été développée en Orient. Ce n’est que depuis peu que l’occident se rend progressivement compte que certaines anciennes hypothèses étaient probablement vraies. Après au moins deux siècles d’études globalement plutôt farfelues sur le paranormal (les critiques des sceptiques étaient plus que fondées), les recherches dans ce domaine ont pris une tournure beaucoup plus rigoureuse et convaincante depuis les trente dernières années du siècle dernier. Il a été démontré que le paranormal aussi – bien qu’aucune théorie physique de fond n’ait été encore mise au point – peut être traité selon les standards de la science, et l’on a pris acte de notre ignorance manifeste sur les processus cérébraux. Dans le film Que sait-on vraiment de la réalité ? le médecin et chercheur Andrew Newberg affirme par exemple :
Notre cerveau reçoit 400 milliards de bits par seconde d'informations, mais nous ne sommes conscients que de 2 000 bits par seconde. La réalité se vérifie à chaque instant dans notre cerveau et nous la recevons, mais elle n’est pas assimilée.
L’ingénieur électronique et parapsychologue américain Dean Radin, et d’autres avant et après lui, ont effectué toute une série d’expériences qui démontrent non seulement l’existence du « phénomène paranormal », mais aussi les détails qui le caractérisent. L’une des expériences les plus retentissantes a été réalisée avec deux personnes unies par un lien de nature psychologique ou génétique, comme deux jumeaux par exemple. Imaginez de prendre deux jumeaux monozygotes et de les isoler dans le noir, dans deux pièces bien séparées l’une de l’autre et protégées aussi bien du bruit que des ondes électromagnétiques. À un certain moment, l’expérimentateur demandera aux deux jumeaux de rester concentrés l’un sur l’autre tandis que simultanément un flash illuminera de façon fortuite l’un d’eux seulement. Ces flashes génèreront une réponse du cerveau de cette personne, comme il est possible de le déduire d’un simple tracé EEG ou de la résonance magnétique nucléaire. À ce stade, l’expérimentateur vérifiera ce qui s’est passé au même instant dans le cerveau de l’autre jumeau (non stimulé par la lumière du flash). Le tracé EEG prouvera l’existence d’une corrélation positive entre les deux cerveaux qui ont réagi de façon synchrone à une stimulation provoquée sur l’un d’eux seulement. Ces analyses ont donc démontré que le fait de penser à une autre personne qui se trouve loin influence non seulement son système nerveux autonome, mais aussi son cerveau. Le test du flash sur l’une des personnes formant un couple, éloignées l’une de l’autre, est éclairant, tant et si bien que l’on relève ce qu’on appelle une « corrélation EEG » dans des couples séparés. Donc, dans des conditions particulières, le tracé EEG d’un sujet humain privé de toute stimulation sensorielle externe peut être corrélé avec le tracé EEG d’une personne qui est loin. Cela suggère l’existence d’une forme d’interaction énergétique ou informative encore méconnue. Autrefois, on considérait que l’interaction entre esprits était de nature électromagnétique – un lien semble en effet exister entre la production de certains événements mentaux et l’émission de fréquences ultrabasses comme les ELF36 –, mais tout de suite après la naissance et le développement de la théorie quantique et en perfectionnant les expériences de laboratoire, on s’est aperçu que ces signaux électromagnétiques ne semblent être qu’une « réaction classique » à l’apparition de phénomènes purement non locaux de type mental ou psychique. Par conséquent, le champ qui gouverne ces phénomènes mentaux ne serait pas à l’origine électromagnétique, mais il s’agirait d’un « champ de forme » absolument identique à celui supposé par David Bohm lorsqu’il développait sa théorie du potentiel quantique et de l’ordre impliqué.
Comme le rappelle Dean Radin dans son livre Entangled Minds (« Esprits intriqués »), nombreuses sont les expériences de ce type qui ont été effectuées dans le monde. Le psychologue américain Charles Tart (dans les années 60), qui parvint même à publier ses travaux dans des revues aussi prestigieuses que Science, est un pionnier en la matière. Douze variantes de cette expérience ont été effectuées par d’autres groupes dans le monde entier ces quarante dernières années. L’une de ces études a même été publiée dans Nature et une autre dans Behavioral Neuroscience. Dans tous les cas, on a relevé des réponses cérébrales simultanées sur les tracés EEG de couples de personnes séparées. En 2003, l’une de ces études a également été publiée dans Physics Essays et enfin dans Neuroscience Letters. Nous ne connaissons pour l’instant aucun mécanisme biophysique en mesure d’expliquer le lien EEG. Dernièrement, pour surveiller le cerveau, on a utilisé la résonance magnétique nucléaire (RMN). Une augmentation très significative de l’activité cérébrale dans le cortex visuel de la personne qui recevait, au moment même où le partenaire (émetteur) fixait une lampe qui clignotait, a toujours été observée. Cette expérience a été répétée plusieurs fois avec succès. Cela prouve non seulement qu’un lien significatif était observé entre les deux cerveaux, mais qu’il était aussi possible de trouver l’emplacement précis du cerveau où ce phénomène survenait. Des expériences analogues ont été réalisées par le physicien hongrois Zoltan Vassy qui a utilisé les réponses données par la conductivité de la peau. Dans cette expérience, deux personnes étaient placées dans des pièces séparées et l’une de ces personnes devait envoyer télépathiquement un message à l’autre. Une décharge électrique était au hasard envoyée à l’émetteur du message, puis trois secondes et demie plus tard, la même décharge était aussi envoyée au destinataire. On découvrit que la conductivité de la peau de l’émetteur durant l’intervalle des trois secondes et demie précédant immédiatement la décharge, augmentait, comme s’il avait reçu télépathiquement un message de l’autre. Pour rester dans le même contexte, souvenons-nous aussi que le médecin tchèque Stepàn Figar avait découvert qu’en prenant un couple isolé de personnes (qui ne savaient rien l’une de l’autre) et que si on demandait à un élément du couple de faire des opérations mathématiques, la pression du sang (mesurée sur la pointe des doigts) de l’autre personne changeait considérablement. Il s’agissait d’une forme inconsciente de télépathie.
Ces découvertes retentissantes, même si elles sont parfois publiées dans des revues prestigieuses, continuent pourtant à être ignorées au niveau officiel. Comme dit Radin, elles contiennent un potentiel « explosif », comme l’atterrissage d’un bateau extraterrestre à la Maison blanche ! Et pourtant elles sont délibérément snobées en termes de divulgation officielle, pour ne pas dire enterrées.
Pourtant ces expériences – répétées maintes fois par différents groupes de scientifiques, avec les mêmes résultats – non seulement fonctionnent, mais ont aussi suscité l’intérêt de physiciens très célèbres, comme le prix Nobel de physique américain Richard Freynman, le physicien Albert Einstein, le mathématicien britannique Alan Turing ou les physiciens britanniques James Thomson et William Crookes. Les physiciens qui ne se rendent pas à l’évidence (scientifique) ou qui renient ces phénomènes le font soit parce qu’ils ont peur de perdre leur place, soit par stupidité tout simplement (qui est, avec la vantardise, l’un des pires ennemis du progrès scientifique). Ces personnes, qu’il est franchement difficile de définir comme des « scientifiques », craignent que le sol ne se dérobe soudainement sous leurs pieds. Mais la science doit avancer et heureusement les grands scientifiques le savent. L’un de ces grands scientifiques actuels est le prix Nobel de physique britannique Brian Josephson, lequel consacre d’ailleurs une grande partie de son temps à faire des recherches sur les bases quantiques ou subquantiques pouvant être à l’origine du paranormal. D’autres importants physiciens qui s’y intéressent, en vertu de la physique théorique et dans le cadre des variantes du phénomène de l’intrication, sont les Américains Lian Sidorov et Fred Alan Wolf, et le finlandais Matti Pitkänen. Des physiciens expérimentaux comme les Américains Robert Jahn et Edmond Chouinard ; des biologistes comme le Britannique Rupert Sheldrake et des chercheurs en neurophysiologie comme le Canadien Michael Persinger se penchent également sur la question. Radin suit constamment des protocoles substantiellement identiques à ceux d’un physicien expérimental, étayés par un puissant appareil statistique. En effet, à travers les outils de la statistique, outre les expériences directes de laboratoire, il est également possible d’effectuer ce que Radin définit une « méta-analyse », c’est-à-dire une analyse statistique comparée d’une énorme quantité de données expérimentales obtenues par de nombreux chercheurs au cours des décennies, afin de trouver les constantes de certains phénomènes.
En quoi consistent en général les expériences sur les Psi ? Il en existe deux types : celles servant à tester si l’information peut être perçue sans l’usage des sens ordinaires et celles qui contrôlent les effets sur la matière de l’influence mentale à distance. La clairvoyance, la télépathie, la prescience et la perception extrasensorielle font partie du premier groupe ; l’information (ou l’« influence ») qui passe de l’esprit à l’environnement et qui est indifféremment appelée « interaction esprit/matière », télékinésie ou psychokinésie (PK) du second. Comme nous l’avons vu, ce genre d’expérience est relativement simple. Il en résulte qu’à l’aide de rigoureux contrôles de laboratoire, il est possible de vérifier la validité des effets Psi. Einstein, au début, doutait de la télépathie, mais il s’est ensuite rendu compte (en se penchant surtout sur les travaux de Craig Sinclair) que même s’il est impossible d’expliquer ce phénomène, il existe bel et bien.
D’autres expériences, cette fois aussi répétées avec succès dans le monde entier, ne concernent pas seulement la télépathie, mais aussi la prescience. Le psychologue américain Charles Honorton est l’un des scientifiques les plus sérieux à l’avoir étudié en compagnie de ses collaborateurs en 1989. Au cours de ces expérimentations, on demande la plupart du temps à des personnes de deviner quel numéro, papier, image, couleur ou objet sera choisis dans une séquence aléatoire qu’on leur montre. Par la suite, Dean Radin est parvenu aussi bien à améliorer la qualité des expériences sur la « prescience inconsciente » qu’à leur insuffler davantage de rigueur. Au cours de ces tests, il a été démontré qu’en illuminant un sujet à différents intervalles à l’aide d’un flash ou qu’en lui présentant une séquence d’images au fort contenu émotionnel, le tracé EEG du cerveau était en mesure de réagir un instant avant que le sujet soit soumis au flash lumineux ou qu’on lui présente les images. En résumé, le cerveau anticipe, ce qui prouve, selon le protocole scientifique, la réalité de la prescience inconsciente. En général, les différents tests sur la prescience, effectués à travers le contrôle de la conductivité de la peau, démontrent que le système nerveux autonome est en mesure de répondre avant que les sens normaux – comme, par exemple, la vue – ne perçoivent un objet donné. Cela signifie que lorsqu’une personne est sur le point de voir une image au fort contenu émotionnel, cette personne tend à « répondre » avant que cette image n’apparaisse réellement dans son champ visuel. Des personnages importants comme, par exemple, le prix Nobel de chimie américain Kary Mullis, qui ne se retranchait pas derrière un scepticisme irrationnel, mais qui avait le courage d’admettre que le phénomène se vérifie vraiment, ont assisté à des expériences de ce genre. Stuart Hameroff et Roger Penrose en personne considèrent que la prescience est une preuve de la nature quantique de l’esprit : c’est comme si l’esprit était intriqué avec un événement dans le futur sans que la séparation temporelle ait le moindre effet, et cela survient aussi lorsque la séparation est spatiale (cas de la vision à distance).
Même des biologistes de renom comme Rupert Sheldrake ont retroussé leurs manches dans le sens où ils ont effectué des enquêtes systématiques sur des cas de télépathie, de synchronicité et de prescience comme, par exemple, ces personnes qui à un certain moment pensent à une autre personne et que justement à cet instant précis ou quelques secondes après, ils reçoivent un coup de téléphone ou un message électronique. Sheldrake, un biologiste très expérimenté, s’est beaucoup intéressé aux cas de télépathie ou de prescience qui semblent unir très étroitement un chien à son maître. Sheldrake observe que lorsqu’un chien réagit quelques secondes avant que son maître ne revienne, la réponse peut dépendre de son ouïe et de son odorat très fins, ou parce qu’il entend ou reconnaît l’arrivée du véhicule de son maître. Mais dans le cas de chiens qui sont capables de manifester des sensations en aboyant ou en glapissant plus de 10 minutes avant l’arrivée de leur maître, les explications prosaïques que nous venons d’énumérer sont tout à fait invraisemblables, dès lors que le conducteur pourrait se trouver à 10 km, parfois plus encore. Alors comment peut-on expliquer la réaction excitée du chien ? Clairement, si ce comportement anticipateur ne dépend pas de l’odorat ni de l’ouïe, alors on ne peut l’expliquer que comme une forme d’intrication mentale qui unit le chien à son maître, et où l’affection, l’amour et les émotions en général jouent un rôle primordial dans l’enclenchement du processus.
Charles Honorton a également été, avec succès, un précurseur des expériences, sur la « vision à distance », entre autres financées en partie par le très célèbre ingénieur américain John McDonnell, le principal fondateur de l’une des plus grandes industries aérospatiales du monde. Les expériences sur la vision à distance de Honorton sont définies Ganzfeld (ce qui, en allemand, signifie « champ total »). Elles consistent en une série de procédures qui génèrent chez le sujet testé un sentiment de détachement total du monde afin de le faire entrer dans la dimension interne de son esprit. On isole donc le sujet dans une pièce sombre, on le fait s’asseoir sur un fauteuil confortable et on lui fait écouter à l’aide d’écouteurs un simple « bruit blanc » tandis qu’entre-temps les yeux du sujet sont recouverts avec une balle de ping-pong coupée en deux. Le sujet est inondé de lumière rouge. Le tout contribue à créer chez lui un champ visuel homogène et sans détails pouvant éveiller l’intérêt. On demande alors au sujet de « percevoir » ou de voir une séquence d’images projetées sur un téléviseur dans une autre pièce isolée, des images qui sont constamment sous contrôle. À un certain moment, le sujet testé perçoit ces images dans son esprit sous la forme de flashes, comme s’il était devant son téléviseur. La procédure comporte un contrôle redondant de toutes les étapes de l’expérience, afin d’exclure des fraudes ou la possibilité que le sujet jette un coup d’œil dans l’autre pièce. Dans ce cas aussi, le même type d’expérience Ganzfeld a été répétée avec succès ces dernières décennies par de nombreux autres chercheurs. Dans le cas des expériences de Honorton et de ses collaborateurs, même un sceptique invétéré comme le psychologue Daryl Bem qui y avait d’abord participé comme observateur, puis comme collaborateur, finit par admettre que tout était bien réel. En effet, plus tard, Bem et Honorton ont publié ensemble les résultats des expériences dans une revue aussi importante que Psychological Bulletin, une référence dans son genre.
Le psychologue tchèque Stanislav Grof, dans les années 60, est un autre grand chercheur dans le domaine des phénomènes de vision à distance. Il pense que le modèle holographique de réalité est en mesure d’expliquer certaines expériences vécues par des personnes au cours d’états altérés de conscience. Il s’agit d’individus qui avaient soudainement la sensation d’être devenus un autre être vivant, comme un animal, et d’avoir à l’improviste acquis les sens de cet animal (parfois préhistorique) jusqu’au point de décrire dans le détail à travers ses yeux et ses autres sens tout son environnement, y compris les animaux de la même espèce. La chose la plus déconcertante, c’est que ces visions correspondent à la réalité zoologique. Ces expériences – désignées par Grof comme des expériences de « psychologie trans-personnelle » – laissent effectivement à penser que dans des conditions particulières (comme, par exemple, sous l’effet de certaines drogues comme le LSD), les chaînes de l’ego peuvent soudainement se rompre et la partie la plus pure du soi entrer en état d’intrication, aussi bien dans l’espace que dans le temps, avec d’autres êtres. Dans ce cas, le soi se place instantanément dans un point donné de l’espace-temps et envahit littéralement ce point, en particulier s’il s’agit d’une créature vivante.
Une expérience retentissante de vision à distance fut certainement celle que réalisa l’astronaute et scientifique américain Edgar Mitchell au cours de la mission lunaire « Apollo 14 » effectuée en 1971. Il suffit de l’entendre raconter par Mitchell en personne :
Durant l’expédition lunaire Apollo 14, j’ai effectué une expérience de perception extrasensorielle, le premier au monde dans l’espace. Au cours du test, cinq symboles représentant une étoile, une croix, un cercle, une courbe et un carré étaient distribués au hasard par colonnes de 25. Quatre personnes aux Etats-Unis tentèrent de deviner l’ordre des symboles. Ils y parvinrent haut la main.
À travers cette expérimentation, Mitchell fut en mesure de démontrer que la perception Psi ne pouvait pas être influencée par des blindages électromagnétiques et ne dépendait pas, du moins dans le cas de ses expériences, ni de la distance, ni du temps. C’est justement pour cette raison qu’une fois rentré sur Terre, il créa le très célèbre Institute of Noetic Science (IONS) où Dean Radin réalise aujourd’hui ses expériences.
On se demande alors pourquoi ce que nous continuons à appeler à tort « parapsychologie » est un sujet scientifique si important. Dean Radin nous éclaire à ce sujet en affirmant que :
La parapsychologie est intéressante surtout du point de vue de ses retombées. Pour donner quelques exemples, les phénomènes Psi suggèrent que : ce que la science connaît sur la nature de l’univers est incomplet ; les présumées capacités et limites du potentiel humain ont été sous-estimées ; les hypothèses fondamentales et le credo scientifique concernant la séparation entre corps et esprit peuvent être incorrects ; les suppositions religieuses relatives à la présumée nature divine des « miracles » peuvent être erronées.
Ce qui revient à dire : « Ayons toujours à l’esprit les raisons de notre action scientifique ».
3.2. LE POUVOIR DE L’INTENTION RÉDUIT L’ENTROPIE
Dans tous les cas d’expériences Psi de différents types comme ceux dont nous avons parlé précédemment (télépathie, prémonition, vision à distance), on remarque que si l’on répète des expériences trop près les unes des autres, alors le nombre des résultats diminue systématiquement. On considère que ce déclin, lors de la répétition, est dû à un affaiblissement de l’intention à produire des phénomènes, justement parce que la chose devient répétitive et moins motivante ; donc, en diminuant l’intention d’agir, les effets Psi diminuent. Ce résultat apparemment négatif nous apprend en revanche quelque chose de fondamental sur les causes psychologiques qui renforcent ces phénomènes de bio-intrication (entre deux esprits, entre un esprit et un événement futur, et entre un esprit et un lieu lointain dans l’espace) : il s’agit du processus qui génère une intention et la fait évoluer. Et pour être tout à fait complet, ce sont justement l’attention et l’intention qui fournissent les résultats hautement corrélés que l’on retrouve dans les expériences sur les facultés Psi. Cela suggère que le hasard n’est pas une propriété réelle des phénomènes qui ont lieu dans la nature. Ce hasard apparent, sans l’attention et l’intention d’un sujet déterminé, semble être du « bruit », mais si ces deux qualités fondamentales de la conscience sont activées à travers de profondes procédures de focalisation, alors les expérimentateurs Psi réalisent que le présumé « hasard » cache en son sein un processus dans lequel est transmise de l’information, qui à un certain moment se trouve en résonance (non locale) avec un système perceptif particulier. Dans ces situations de focalisation élevée, le hasard pourrait être comparé au mouvement ondulatoire chaotique à la surface de la mer et ne cesserait d’être ce qu’il est que lorsqu’un véliplanchiste parvient à utiliser l’apparent chaos de ces vagues pour se déplacer sur l’eau, justement en les chevauchant. Dans le sens au contraire le plus littéral du terme, il se pourrait qu’il existe vraiment des ondes de ce genre au niveau du vide subquantique, qu’un talent psychique parvient à endiguer pour obtenir différents types d’information. Quelle que soit la théorie ultime qui explique ces phénomènes, les expériences de laboratoire semblent conduire à la conclusion – comme l’a souvent argumenté le physicien Brian Josephson – que les organismes complexes, évolués et en mesure de formuler une intention, peuvent produire des effets non localement liés avec cette intention. Si au-delà de l’intention, il existe aussi l’attention, alors on en arrive à créer un processus de cohérence dans la nature qui d’une certaine façon réduit le hasard des choses en les dirigeant vers une évolution précise et ordonnée : tout cela coïncide avec une diminution de l’entropie d’un système donné et une augmentation de la néguentropie37.
Le scientifique et ex-astronaute Edgar Mitchell, bien qu’avec élégance et une grande préparation culturelle et scientifique, pousse même le raisonnement plus loin en affirmant que dans le processus de transmission d’information, il peut exister une correspondance biunivoque entre celui qui perçoit et l’objet cible, dans le sens où celui qui perçoit acquiert de l’information sur l’objet et l’objet acquiert de l’information sur celui qui perçoit ! Cela sous- tendrait l’existence d’une sorte de « symétrie » où l’information circule dans les deux sens, de telle manière que celui qui perçoit devient l’objet cible et l’objet cible devient celui qui perçoit. Cela ressemble beaucoup au mécanisme de la bio-intrication ou « intrication psychique », où celui qui perçoit et l’objet peuvent à certains niveaux devenir une seule et même entité, en éliminant aussi bien la séparation spatiale, comme dans le cas de la vision à distance ou de la télépathie, que la séparation temporelle comme dans le cas de la prescience.
Le fait que les liens non locaux mis en évidence dans les expériences Psi puissent être considérés comme ubiques dans la nature finit par mener à la conclusion qu’un mécanisme holographique est à l’œuvre dans ce processus, sur la base de ce qui a déjà été théorisé aussi bien par David Bohm que par Karl Pribram. Si c’était le cas, alors il s’agirait vraiment, comme l’affirme Mitchell, de l’« esprit de la nature » : ainsi, cette fonction intuitive que les êtres humains étiquètent comme « sixième sens » devrait plus justement être définie comme « premier sens ». Il s’agirait d’une loi qui rassemble et coordonne toutes les autres jusqu’à la physique commune de la réalité normale de tous les jours, de la même façon où l’effondrement gravito-quantique d’entités liées de façon non locale dans le cerveau, dès l’instant où elles génèrent un moment de conscience, enclenche automatiquement tous ces processus électrochimiques de nature classique qui actionnent nos neurones.
Dans ces phénomènes, entrer en contact avec quelque chose – appelons-le « cible » – à travers la télépathie, la vision à distance ou la prescience, ce n’est pas comme atteindre un lieu précis dans l’espace ou le temps, mais plutôt comme lorsque nous parvenons en un instant à aller à la bonne page d’un livre. Nous n’allons nulle part, nous nous limitons simplement à nous connecter à un champ d’information qui existe dans des dimensions supérieures.
On peut sûrement comparer les phénomènes psychiques, par nature non locaux, aux phénomènes d’intrication quantique, même si des différences les séparent. Dean Radin affirme en effet à ce propos :
Les opinions semblent converger vers l’idée que l’intrication quantique se vérifie vraiment, et ces phénomènes Psi se comportent largement comme l’intrication quantique, mais au niveau de l’expérience humaine.
Au cours d’une interview, Radin cite en outre des exemples éclatants où ces étranges événements relatifs à l’expérience humaine semblent reproduire quasiment à l’identique les phénomènes quantiques, notamment le phénomène de l’interférence d’ondes que l’on rencontre dans l’expérience de la double fente et qui est une manifestation du principe de superposition quantique bien représenté par la fonction d’onde. En effet, les expériences de Radin, comme celles sur la synchronicité neuropsychique de Montecucco, se servent de groupes de personnes en mesure d’interagir constructivement entre elles, grâce aussi à la pratique de la méditation ou simplement à l’affinité entre personnes. Il est expérimentalement prouvé que si des groupes ne sont pas compatibles au niveau psychologique, un phénomène tout à fait semblable à l’interférence destructrice, où les crêtes d’une onde qui coïncident avec les creux d’une autre détruisent la forme d’onde, aura lieu. Dans ces cas, les expérimentations ne donnent aucun résultat. La situation est bien différente lorsque, en plus des mécanismes d’attention et d’intention synergiques partagés par un groupe donné, il y a compatibilité : il se produit une espèce d’interférence constructive où deux ondes interagissent et se renforcent en superposant leurs crêtes. Il n’y a plus alors qu’une seule crête à amplitude amplifiée. C’est la raison pour laquelle ces chercheurs essaient de trouver des « sujets de test » qui ne sont pas seulement capables de méditer, mais qui sont aussi habitués à le faire ensemble pour qu’ils agissent comme une totalité cohérente. À ce stade, un système interactif de ce genre ne diffère vraiment pas beaucoup, du moins du point de vue qualitatif, d’un condensat de Bose-Einstein, d’un faisceau laser ou d’un supraconducteur.
Si la conscience est vraiment présente à tous les niveaux de l’univers, sans être confinée au cerveau, comme semblent nous le démontrer Roger Penrose et Stuart Hameroff, et qu’elle s’étend au-delà du corps et peut significativement interagir avec le reste de l’univers aussi bien pour envoyer que pour recevoir de l’information, alors cette preuve semble nous apprendre que même le cosmos est subtilement sensible, en mesure de répondre à nos stimulations, et vivant. D’ailleurs, pour ne citer qu’une fois de plus le nom de très grands physiciens, c’est ce que pense également le physicien et mathématicien Freeman Dyson, ne jugeant pas du tout infondé de croire qu’il existe un « élément mental de l’univers ». Il affirme :
Si nous croyons à cet élément mental de l'univers, alors nous pouvons dire que nous sommes de petits morceaux de l’appareil mental de Dieu.
Le fait que ce type d’interaction – c’est-à-dire le mécanisme de l’intrication – se trouve aussi au niveau de l’ADN et des microtubules, semble indiquer que le matériel génétique pourrait aussi fonctionner comme vecteur d’information dans les champs Psi. Mais il ne s’agit pas d’un mécanisme automatique et mécanique comme c’est par exemple le cas lorsqu’on perçoit un son ou que l’on voit une couleur, comme nous le faisons avec nos sens. Au niveau génétique, il pourrait sans aucun doute y avoir un « bouton » nous permettant d’accéder à l’univers non local. Mais les expériences de laboratoire dans les recherches Psi, ont démontré, sans doute possible, que seules l’attention et l’intention permettent la connexion mentale non locale, parce que c’est le seul moyen de transformer le « bruit » ou chaos en « ordre ». On pourrait l’expliquer par une analogie, afin de montrer de façon immédiate et intuitive ce qui se passe lorsque, par exemple, le phénomène de la télépathie ou celui de la vision à distance ont lieu. En résumé, c’est comme regarder le reflet de sa propre image dans un étang tout à fait calme. Si l’eau bougeait, nous ne verrions rien, si ce n’est une image très floue. L’activation de l’attention et de l’intention fonctionnerait alors un peu comme la capacité à calmer les eaux et à les rendre parfaitement planes, afin de pouvoir percevoir l’image reflétée. Il n’est alors pas difficile de trouver un parallèle avec les effets de la méditation qui favorisent puissamment les phénomènes Psi, dès lors que méditer signifie calmer de façon totale le chaos mental et émotionnel qui nous bombarde normalement.
Il existe donc un nombre extraordinairement important d’événements auxquels nous pouvons potentiellement réagir, mais la plupart d’entre eux se comporte en réalité comme un bruit de fond. L’esprit ne prête attention qu’à certains événements ; certains génies parviennent à le faire mieux que d’autres, mais nous ne pouvons toutefois pas conserver longtemps cet état d’intrication. Et il ne s’agit pas de transfert d’information, mais d’une simple loi ou d’une simple résonance directement perçue par notre inconscient.
À ce propos, comme le rappelle Dean Martin dans son livre Entangled Minds, le philosophe français et prix Nobel Henri Bergson, qui contribua à créer la Society for Psychical Research à Londres en 1913, avait suggéré que le cerveau donnait entre autres à l’individu la conscience d’être bien enraciné dans le monde où nous vivons. Bergson concevait ainsi le cerveau comme un filtre, en mesure de protéger la conscience d’une stimulation excessive du champ Psi : c’est la seule façon d’assurer à notre survie. En ce qui concerne les pouvoirs Psi, comme la télépathie, Bergson disait :
Si la télépathie est un fait réel, il est fort probable qu’elle opère à chaque instant et en tout lieu, mais avec une intensité trop petite pour qu’on la remarque ou en présence d’obstacles qui neutralisent ses effets à l’instant même où elle se manifeste. Nous produisons de l’électricité à chaque instant, l’atmosphère est sans cesse électrifiée, nous évoluons à travers des courants magnétiques, et pourtant des millions d’êtres humains ont vécu pendant des milliers d’années sans n’avoir jamais suspecté l’existence de l’électricité. Avec la télépathie, il pourrait se passer la même chose.
Il existe plusieurs théories tentant d’expliquer le champ Psi : de l’inconscient collectif de Jung aux champs morphogénétiques de Rupert Sheldrake en passant par la théorie de champ géomagnétique de Persinger ou au champ akashique d’Ervin Laszlo. Tous ces postulats suggèrent une espèce de « mémoire non locale » qui imprègne le temps et l’espace avec laquelle le psychisme peut résonner. Aucune de ces théories n’est capable de suggérer de quelle façon une information spéciale peut être extraite de ces champs si ce n’est à travers un processus de résonance. Les avis semblent toutefois converger sur le fait que les esprits individuels seraient liés à un esprit plus grand au sein duquel la télépathie et la synchronicité sont possibles. D’autres proposent la théorie de la « quatrième dimension » ou d’un univers multidimensionnel, à travers lequel l’esprit pourrait naviguer : dans ce cas, toutes les expérimentations spatiales et temporelles de notre réalité normale seraient effacées.
La théorie de Karl Pribram qui a développé les concepts de Bohm indépendamment, en créant le concept de réalité quantique holographique, est celle qui s’approche probablement le plus des modalités d’intrication qui se vérifient dans les phénomènes Psi, justement parce qu’ils s’appliquent à des processus qui ont lieu dans le cerveau humain. Pribram fut en effet frappé par les ressemblances, au moment de la mémorisation de l’information, du cerveau et des hologrammes optiques. L’écrivain Michael Talbot a suggéré que l’association des idées de Bohm et de Pribram était nécessaire pour expliquer une vaste gamme de phénomènes paranormaux et d’expériences psychiques.
Comme le fait sagement remarquer Dean Radin, qui connaît très bien le problème, afin de décrire précisément le phénomène Psi, c’est-à-dire des « esprits intriqués », il faut un modèle associant la physique, les neurosciences et la psychologie. En ce qui concerne la physique, il faut utiliser un outil supportant les liens qui transcendent les frontières ordinaires du temps et de l’espace (les liens non locaux typiques du monde quantique). En ce qui concerne les neurosciences, les esprits doivent être sensibles à cet outil et être capables de jouer un rôle. En ce qui concerne la psychologie, les processus de l’intention et de l’attention devraient jouer des rôles clefs dans la façon dont l’esprit navigue dans cet outil.
Certains chercheurs comme, par exemple, le physicien et informaticien américain Doug Matzke, considère que dans un avenir proche, l’humanité pourrait inventer une machine pour renforcer la perception Psi. Une machine en mesure de « secouer » de façon intelligente le vide quantique, en le stimulant à l’aide d’impulsions électromagnétiques, gravitationnelles ou sonores, de façon à provoquer des états d’intrication particuliers avec les microtubules de notre cerveau. Si ce sont les microtubules qui génèrent les moments de conscience à la suite de l’effondrement gravito-quantique qui a lieu dans le champ de Planck, et en sachant que la conscience et que les phénomènes Psi sont étroitement liés (comme dans le cas des événements synchrones étudiés par Jung), il n’est pas difficile d’envisager ce qu’il serait possible de réaliser d’un point de vue technologique à l’avenir. Des extraterrestres plus avancés que nous pourraient l’avoir fait depuis longtemps et être à l’écoute, depuis longtemps, sans même que nous le sachions.
3.3. AU-DELÀ DE LA THÉORIE QUANTIQUE
Certains scientifiques – comme, par exemple, Brian Josephson – pensent que tous les êtres vivants, indépendamment de la complexité de leur cerveau, sont capables de réagir intelligemment à l’information non locale. Josephson, qui a essuyé les accusations de la communauté universitaire, connaît très bien les phénomènes Psi et il est en train d’élaborer des modèles théoriques qui en sont à la base. Il pense que les accusations dont il a fait l’objet ne sont dues qu’à une ignorance répandue dans la communauté universitaire qui de façon préjudiciable se refuse (de façon anti-scientifique) d’examiner les indubitables résultats expérimentaux et statistiques qui ont été atteints dans le champ Psi. D’autre part, mais cela le physicien moyen l’ignore, il existe beaucoup plus de preuves expérimentales sur les phénomènes Psi, qui dans certaines limites peuvent être répétés par des expérimentateurs différents, que sur les phénomènes physiques invisibles universellement acceptés, mais jamais prouvés expérimentalement et/ou de manière directe, comme les trous noirs, la matière obscure ou les supercordes. Le problème des phénomènes Psi c’est que, tout en disposant de très nombreuses données expérimentales, nous ne possédons pas encore un modèle physique exact en mesure de les décrire. Le physicien moyen préfère donc un modèle exact de choses que l’on ne voit pas, plutôt qu’un modèle vague sur des phénomènes que l’on voit.
Avec la physicienne grecque Viras Fotini-Pallikari, Josephson, bien que n’ayant pas encore développé des modèles quantitatifs en mesure d’expliquer les phénomènes Psi, a cependant très bien fixé les limites du problème en objet. Et il s’est rendu compte que les phénomènes Psi sont une particularité du monde biologique, dont les règles sont différentes de celles du monde quantique, même si d’une façon ou d’une autre, il doit y avoir un lien entre les deux, un peu comme les ondes et les particules émergent de façon complémentaire d’un domaine commun et subtil. La mécanique quantique (du moins sa version classique) obtient ses résultats à travers des opérations mathématiques et probabilistes, mais ignore ainsi les cas individuels pouvant avoir une énorme importance dans le cadre d’un bio-système. Un bio-système est en effet fondamentalement basé sur les « processus » que la mécanique classique semble systématiquement ignorer. C’est pour cette raison que Brian Josephson, tout en reconnaissant les ressemblances extraordinaires notamment en raison de phénomènes non locaux qui les réunissent, considère que le monde biologique (celui où on relève les phénomènes Psi) et le monde quantique fonctionnent sur des plans différents, même s’ils sont liés d’une façon ou d’une autre. Selon Josephson, la mécanique quantique n’est en effet pas la dernière théorie sur la nature. Il estime que la science de l’avenir considèrera la mécanique quantique comme la phénoménologie de types particuliers de systèmes organisés et complexes, et que l’intrication quantique serait une manifestation de ces systèmes, tandis que les phénomènes Psi seraient une autre manifestation. Dans ce contexte, Josephson considère que la vie, ainsi que tout l’appareil psychique qu’elle contient, est un système beaucoup plus sophistiqué qu’un système quantique. Alors que la mécanique quantique se concentre sur la forme quantitative des choses, la vie est finalisée par le sens des choses, en soulignant ainsi la nature qualitative de la réalité. La vie pourrait donc en soi correspondre à un système quantique représentable par une fonction d’onde non standard, ou non linéaire, en mesure de permettre l’action non locale de la conscience. De cette façon, les organismes vivants auraient accès à une information et donc à une connaissance largement plus détaillée que celle spécifiée par la mécanique quantique. Les formes de vie intelligentes pourraient approcher ce type d’information de façon psychique, ce qui expliquerait les phénomènes Psi, dont encore nous ne connaissons pas bien la physique, car, comme dit Josephson, la vie est une forme plus sophistiquée qui nécessite par conséquent une physique plus sophistiquée, une physique également en mesure de créer de l’ordre dans les structures inanimées de la mécanique quantique. De plus, un bio-système a une valeur purement ontologique, exactement comme le pensait David Bohm, tandis que la connaissance que possède la science a une valeur épistémologique, c’est-à-dire qu’elle ne participe pas au processus vital. Si un bio-système est plus sophistiqué – parce qu’intelligent – qu’un système classiquement quantique, alors pour déterminer le dénouement de phénomènes de bio-intrication (ou d’intrication mentale), il doit avoir appris d’une certaine façon à neutraliser (comme de fait on l’observe) les effets des troubles externes, et notamment de la décohérence, à laquelle sont en revanche très sensibles les particules élémentaires. Josephson suppose que l’effet d’intrication mentale qui se vérifie dans les phénomènes Psi a cependant son origine dans une espèce de « domaine subquantique » ou, du moins, dans le champ de Planck. Comme nous le voyons, cette hypothèse pourrait d’une façon ou d’une autre unir le modèle de conscience créé par Roger Penrose et l’hypothèse de Josephson. Et c’est une opinion substantiellement également partagée par le philosophe des systèmes Ervin Laszlo.
Cependant, le processus de la vie est intimement lié au processus de l’observateur qui regarde la réalité. Une particule n’est probablement pas en mesure d’observer de manière consciente la réalité. Une particule qui interagit avec la réalité la modifie sûrement, mais ne le fait pas consciemment. Le psychisme d’un bio-système est en revanche en mesure d’interagir comme « observateur » avec l’observé de façon pleinement consciente. La raison pour laquelle les mystérieux phénomènes de synchronicité de Jung n’arrivent qu’à nous, êtres biologiques sophistiqués, n’est pas due au hasard. Nous sommes différents des pierres, et nous ne vivons pas par hasard, mais selon un mécanisme téléologique, et l’univers aussi est peutêtre structuré pour la vie et l’intelligence. Le reste est secondaire, et la science traditionnelle pendant des siècles ne s’est probablement concentrée que sur les aspects secondaires du problème, pas sur le fond. Sur la base de ce discours, comme le pense le physicien américain Henry Stapp, la vie pourrait contenir cet observateur externe à la mécanique quantique, afin que l’observateur puisse modifier et manipuler une certaine distribution statistique – comme, par exemple, celle de la fonction d’onde quantique – pour l’utiliser comme moyen de transmission de l’information de façon non locale. Les phénomènes Psi se manifesteraient alors.
Une théorie mathématique remarquable, en mesure d’expliquer de façon quantitative les phénomènes Psi comme forme d’intrication – notamment la télépathie et la vision à distance -, a été mise au point entre 1977 et 1979 dans les variantes proposées par les physiciens américains Elizabeth Rauscher, Harold Puthoff, Russel Targ et Edwin May. Cette théorie, qui est vraiment simple et élégante, suppose que notre espace quadridimensionnel (3 dimensions spatiales et le temps) ne serait qu’une partie d’un espacetemps plus grand à huit dimensions, connu sous le nom d’« espace de Minkowski ». Chacune des quatre dimensions dans le normal espace-temps peut être représentée par un nombre complexe avec une partie réelle et une partie imaginaire. Il existerait ainsi un espace-temps quadridimensionnel qui se réaliserait de telle façon que n’importe quelle distance spatiale physique aurait sa contrepartie imaginaire de type temporel, de sorte que dans un espace à plus de quatre dimensions, la séparation spatiale serait nulle. Ce modèle, sur la base des propriétés de l’espace de Mikowski, tente de marier la relativité à la théorie quantique et il a en effet la capacité de permettre une connexion sans distance entre les points d’un système complexe, tandis que les deux points auraient l’air séparés au cours de l’observation ordinaire. De cette façon, on fournit une interprétation géométrique du principe quantique d’interconnexion, en expliquant le niveau le plus profond du phénomène de l’intrication comme déterminé par le tissu même de l’espace-temps, dès lors que le nombre minime de dimensions que contient la propriété de la non-localisation correspondrait justement à 8 dimensions. De cette façon, la non-localisation comme la localisation coexisteraient dans le monde physique. Ces scientifiques considèrent que ceux qui, par exemple, pratiquent la vision à distance, la télépathie ou la prescience, auraient accès à ce superespace. En substance, la conscience y accèderait par l’intermédiaire du mécanisme de l’intention, pour lequel les phénomènes Psi ne seraient pas le résultat d’une transmission énergétique, mais résulteraient seulement d’une interaction de notre conscience avec l’espace-temps non local et à plusieurs dimensions dans lequel nous vivons.
D’autres physiciens comme les Américains Bob Toben et Fred Alan Wolf se sont eux aussi concentrés, même si de façon non totalement quantitative, sur la possibilité pour la conscience de pénétrer une forme quelconque d’hyperespace. D’après eux, le continuum spatio-temporel est lui-même construit par l’écume quantique qui serait liée à la conscience au moyen de la gravité.
Le physicien américain Jack Sarfatti aussi considère, même si à un niveau très spéculatif, que la gravité joue un rôle important dans les phénomènes Psi. Sarfatti est convaincu que la distorsion gravitationnelle de l’espace et du temps décrite par la théorie de la relativité générale d’Einstein est en mesure de fournir une explication à des phénomènes comme la prescience, la capacité de voir dans le passé, la clairvoyance et la projection astrale. La conscience individuelle serait ainsi en mesure d’altérer ce qu’il appelle le « champ bio-gravitationnel » d’un organisme vivant donné, tandis que le champ bio-gravitationnel déformerait l’espace-temps subjectif de l’observateur conscient. Un sujet qui participe pourrait ainsi, en théorie, créer artificiellement des trous noirs et des trous blancs dans son champ bio-gravitationnel local. Les phénomènes de psychokinésie seraient expliqués par le fait que si la conscience contrôle le champ bio-gravitationnel, alors le second interagirait avec le champ gravitationnel ordinaire d’Einstein. Dans le même temps, Sarfatti considère, dans son excentrique théorie, que le champ gravitationnel a un effet d’« action tachyonique » (liée aux présumés tachyons, qui seraient des particules plus rapides que la lumière), laquelle serait liée à son tour au potentiel quantique non local comme le comprend normalement la mécanique de Bohm.
Des chercheurs comme le physicien russe A. E. Akimov ont développé un modèle plus sophistiqué, basé sur l’existence de « vortex » dans le vide quantique. Ces vortex seraient créés par tous les objets, des particules aux galaxies. C’est une théorie qui sur le plan qualitatif ressemble beaucoup à la psychobiophysique de l’Italien Marco Todeschini38. Mais Akimov va plus loin que Todeschini, dès lors qu’il applique les propriétés quantiques du vide au modèle des vortex. Les vortex créés par les particules et par d’autres objets matériels seraient ainsi de véritables vecteurs d’information dénommés « ondes de torsion », en mesure d’unir les événements physiques de manière presque instantanée. Akimov calcule une valeur de l’ordre de 109 fois la vitesse de la lumière pour ces ondes. Mais comment met-on ce modèle et les phénomènes Psi en corrélation ? Dès l’instant où les neurones du cerveau sont eux aussi capables de recevoir et de créer des ondes de torsion, alors non seulement les particules sont informées instantanément de la présence de toutes les autres, mais notre cerveau aussi. Selon Akimov, notre cerveau aussi est un transmetteur de champs de torsion. Un modèle qui peut également avoir des points communs avec celui de Penrose-Hameroff.
Concluons cette partie par une phrase très profonde de Ervin Laszlo, qui décrit de façon éloquente la façon dont nos esprits se connectent à l’univers :
La danse de notre esprit avec le vide quantique nous lie à d’autres esprits qui se trouvent autour de nous, exactement comme elle nous lie à la biosphère de la planète et au cosmos qui se situe audelà. Cette danse « ouvre » notre esprit à la société, à la nature et à l’univers.
* * * * *
3.4. PK : UNE INTERACTION NON LOCALE ENTRE ESPRIT ET MATIÈRE
Nous avons parlé jusqu’à présent de phénomènes Psi sans interaction directe (non locale) avec la matière. Nous allons nous concentrer à présent sur les expériences effectuées dans le champ de la psychokinésie (ou PK, de l’anglais PsychoKinesis), entendue comme une autre forme d’intrication d’origine biologique. Nous pourrions partir de la plus simple des expériences : celui du lancer de dés. Les expérimentations répétées de laboratoire effectuées par des chercheurs très sérieux dans le domaine de la parapsychologie ont démontré plusieurs fois que l’esprit humain est capable d’influencer le lancer de dés, c’est-à-dire de prévoir sur quelle face tombera le dé. C’est un effet de l’esprit sur la matière. Un autre effet est la prière. Des expériences dans ce domaine aussi ont plusieurs fois démontré, résultats statistiques à l’appui, que la prière se manifeste en réalité comme une action à distance sur des personnes particulières, voire sur le monde dans sa totalité, dès lors que – si c’est une prière réelle, c’est-à-dire en mesure de concerner la partie la plus profonde de nous-mêmes – cette dernière est en mesure d’influencer de manière non locale les personnes, l’environnement et les événements. Les « récepteurs » du message, à travers un champ mental imprécis, sont ainsi en mesure de percevoir l’intention du transmetteur et répondent par conséquent en concentrant leur attention.
Les expériences effectuées sur les effets PK montrent que ces derniers ne se vérifient pas au moyen de faisceaux mystérieux de forces : des manifestations de ce genre n’ont jamais été observées en laboratoire. Pour expliquer l’interaction entre esprit et matière, il faut alors invoquer un type différent d’influence. Une possibilité – probablement la plus vraisemblable, même si elle n’a pas encore été démontrée – est que l’acte de l’observation peut influencer la probabilité des événements physiques qui surviennent à l’échelle subatomique : c’est l’interprétation quantique. Seule l’étude statistique prouve que cette interaction est réelle.
Les résultats scientifiquement les plus remarquables ont été obtenus aux États-Unis – par l’ingénieur et physicien Robert Jahn et par la psychologue Brenda Dune du Princeton Engineering Anomalies Research Laboratory (PEAR Lab) dès 1997 – en utilisant un générateur de nombres aléatoires (REG). Un REG (Random Event Generator) est en gros un « bruit » électronique généré par une diode à semi-conducteur. Il produit une série aléatoire d’impulsions positives et négatives codées sous la forme 0 et 1. Ces signaux sont ensuite lus et complètement gérés par un ordinateur. On demande aux personnes d’influencer la distribution statistique des millions ou des milliards de bits qui sortent à jet continu de l’instrument. L’expérience, répétée d’innombrables fois en 12 ans, consistait simplement à mesurer la capacité de volontaires d’influencer le REG en le faisant fonctionner, c’est-à-dire de façon non aléatoire. Dans ce cas, c’est un peu comme jouer à pile ou face, mais au lieu de ça, les REG génèrent des séquences de 0 et de 1 au hasard. Les volontaires qui parvenaient à influencer intentionnellement le mouvement aléatoire de la machine s’employaient à ce que les nombres ne soient plus placés au hasard, même si cette déviation du hasard était légère : tout juste en dessus de 50 %.
Les volontaires qui se prêtent à l’expérience dans les laboratoires du PEAR s’assoient au calme et concentrent leur attention sur le REG. Leur but est de freiner la machine afin de lui faire produire des nombres plus élevés ou plus bas que la moyenne statistique. Les volontaires déclarent évidemment leur intention avant l’expérience, en précisant si elle est intense ou faible, puis l’expérience commence. Les déviations de la moyenne que l’on note à chaque session expérimentale sont imperceptibles, mais pourtant suffisamment significatives pour suggérer que l’effet est attribuable à des mécanismes créés dans la conscience humaine. L’importance statistique des résultats est très élevée, dès lors qu’au moins un demi-million de tests ont été réalisés jusqu’à présent. De plus, une analyse mathématique précise montre aussi « comment » l’intention humaine est capable de produire des déviations du hasard.
Un résultat encore plus stupéfiant de ces expériences est que l’effet produit par les sujets de test fonctionne avec la même intensité même s’ils se trouvent à des milliers de kilomètres de distance du REG. Par conséquent, Jahn se sent à bon droit en mesure de spéculer sur ces résultats en affirmant :
Toutes les forces connues de la physique comme, par exemple, la gravité, diminuent avec la distance. Et en physique, il n’existe pas d’autres forces capables d’opérer librement en dehors de toute contrainte temporelle. C’est comme si la conscience était en mesure de diriger son influence directement à travers l’espace et le temps ; parvenir à comprendre comment cela fonctionne représente un véritable défi pour la science.
Sa collègue Brenda Dunne a envie d’ajouter que :
Ce que nous observons dans nos expériences est identique à ce que les mystiques ont affirmé à tous les âges, mais maintenant, nous en avons la preuve scientifique.
Des expériences de ce genre sont la version électronique et élaborée par ordinateur du lancer de dés, mais dans le cas du REG, les procédures sont beaucoup plus sophistiquées, car elles permettent un exposé quantitatif complet (statistiquement et mathématiquement parlant) du problème relatif à l’interaction esprit/matière. Ces expériences semblent montrer qu’esprit et matière ne sont que les deux faces de la même médaille : et les phénomènes indiquent qu’il existe une unicité (esprit+matière) qui se vérifie de façon simultanée, c’est-à-dire intriquée. Certains pensent que c’est la conscience même qui unifie la substance d’où naissent l’esprit et la matière. Comme nous le verrons par la suite , d’autres scientifiques – comme Dean Radin et son collègue psychologue et statisticien Roger Nelson – ont refait l’expérience de Jahn et Dunne, en révélant les mêmes effets sur les REG générés cette fois-ci non pas par des sujets de test qui interagissaient intentionnellement, mais par d’entières communautés de personnes éparpillées dans le monde entier. Dans le cas des expériences intentionnelles, on pense que le mécanisme de déviation des REG du hasard est fondamentalement dû à l’intention de celui qui essaie de provoquer cette réaction, tandis que dans le cas des expériences globales non intentionnelles, on pense que c’est l’attention que portent de grands groupes de personnes à des événements extérieurs qui se passent dans le monde qui influence la machine. Dans les deux cas, une déviation du REG d’un mouvement aléatoire détermine le passage d’un état de chaos et d’entropie à un état d’ordre et de néguentropie.
C’est pour cette raison que Jahn et Dunne, sur la base d’un nombre très important d’expérimentations, se sont nécessairement forgé une opinion où la conscience humaine serait capable de manipuler la réalité physique – celle du monde de la matière – ou de la déformer, un peu comme un phénomène d’interférence entre ondes, c’est-à-dire de superposition quantique entre le caractère d’onde de la conscience et les manifestations ondulatoires de la matière. Par conséquent, le passage des capacités subjectives de la conscience à un état de complémentarité avec la réalité objective pourrait enclencher des canaux résonants de communication entre l’esprit et l’environnement. Un état d’ordre peut être ainsi introduit dans le hasard afin d’extraire des réalités concrètes du chaos transcendant. Cela expliquerait les effets PK observés au cours de leurs expériences, alors que lorsque la conscience interfère avec d’autres « ondes de conscience », elle serait en mesure de générer des phénomènes comme la télépathie et la vision à distance. C’est justement pour cette raison, et différemment de la distinction subtile faite par Brian Josephson, que ces deux scientifiques sont convaincus que la conscience humaine se comporte de façon quantique, même si avec une grande marge de libre arbitre, contrairement aux objets quantiques normaux comme les particules.
3.5. LA « NOOSPHÈRE » COMME CONSCIENCE GLOBALE
Si tout ce dont nous avons parlé auparavant est vrai, et si l’intention et l’attention sont dispersées dans l’espace-temps, alors on en vient à se demander spontanément si les intentions individuelles ne coïncident pas avec les intentions de groupe, ou si au contraire – comme c’est probablement le cas – il ne s’agit pas de réelle intentionnalité, mais d’un phénomène d’« attention de groupe » portée à des événements externes. C’est en effet justement sur cet aspect que se sont concentrés Dean Radin et Roger Nelson. Lorsque quelque chose de remarquable et de dramatique se passe dans le monde, ce « quelque chose » est-il en mesure d’enclencher une réaction collective au niveau de la conscience globale ? D’après les études statistiques de Radin et de Nelson, il semblerait bien que oui. Radin s’est notamment concentré sur de possibles réactions collectives à des événements dramatiques comme l’attentat du 11 septembre 2001 à New York. En étudiant ce qui s’était passé au niveau terminologique sur différents sites internet, Radin a découvert que quelques jours avant l’attentat, la population mondiale avait eu le pressentiment que quelque chose allait bientôt se passer. C’est ce qui a émergé de l’analyse de mots comme « avion », « explosion », « chute », « feu », « terreur », « désastre », « pentagone », « fumée ». La fréquence avec laquelle apparaissaient ces termes était beaucoup plus forte quelques jours avant le 11 septembre, alors que bien avant ou après, cette fréquence était nulle (cette « absence de signal » a donc fonctionné comme un « échantillon de contrôle »).
Les capacités Psi sont-elles un don perceptif spécifique à l’individu – c’est-à-dire quelque chose relevant de la sphère privée – ou arrive-t-il qu’occasionnellement nos esprits pénètrent une réalité holistique, qui est quelque chose de beaucoup plus grand et qui transcende l’individu ? Il pourrait s’agir d’une espèce de réseau non local fait de cerveaux/esprits résultant en un véritable esprit collectif.
Une autre façon de tester une possibilité de ce genre, sûrement la plus puissante, consiste aussi dans ce cas à utiliser un REG et à vérifier s’il est en mesure de réagir à des émotions globales, afin de pouvoir démontrer de façon « symptomatique » une possible interaction entre la conscience collective et les événements qui se passent dans le monde fortuit de la matière. Il s’agirait à tous les effets d’une espèce de « synchronicité collective », où la conscience globale se trouve dans un état de bio-intrication avec des événements chargés d’un fort contenu émotionnel. Ces REG peuvent jouer le rôle d’« observateurs passifs » en mesure d’enregistrer des déviations du hasard des nombres, probablement généré par une espèce de « champ de conscience ». Dès la moitié des années 90, Roger Nelson a de fait commencé ces expériences et obtenu des résultats intéressants. La génération aléatoire de nombres est techniquement définie comme une « entropie ». Ce qui se passe, c’est que l’entropie tend à diminuer lorsque ces REG sont placés près de groupes en train de se concentrer sur des idées particulières sous les auspices de la méditation de groupe. Si nous obtenons effectivement, comme c’est le cas, une réduction de l’entropie, alors nous pouvons vraiment penser à la présence d’« esprits cohérents » entre eux, en mesure de créer dans l’environnement un « champ d’ordre » qui tend à réduire l’entropie. En d’autres termes, si nous supposons que l’esprit et la matière sont liés entre eux, alors lorsqu’un côté de la relation biunivoque esprit/matière change en devenant très ordonnée, l’autre côté de l’équivalence (soit l’esprit, soit la matière) devrait également montrer d’insolites formes d’ordre. Ce phénomène se manifeste lorsque les individus sont très concernés (émotionnellement, au niveau de la conscience), tandis que rien ne se passe de tel lorsque les individus sont occupés à des activités analytiques, répétitives ou ennuyeuses. Cela exige un engagement de toute la personnalité, qui va alors intéresser tous les autres sous la forme d’une surprenante intrication d’esprits. Rapportons l’ensemble à toute la collectivité mondiale et nous remarquerons, en étudiant l’allure des REG, qu’il semble vraiment exister un indice de conscience collective. Ce qui survient en général est la soudaine manifestation d’un champ de conscience ou la soudaine activation plus ou moins localisée de la « noosphère ». Cette cohérence a non seulement lieu avec la matière inanimée, mais aussi et surtout avec la matière vivante. Par exemple, Radin et ses collaborateurs ont montré que les cultures d’« astrocytes » (les cellules les plus abondantes du cerveau) tendent à croître plus rapidement lorsqu’elles sont exposées à des intentions de guérison. D’autre part, l’utilisation de cellules, et non pas les personnes, fournit une méthode rigoureuse permettant de s’affranchir des effets psychologiques de suggestion. De la même façon, le médecin japonais Masaru Emoto a montré que si l’on congèle un récipient rempli d’eau dans des moments positifs, c’est-à-dire quand les intentions du groupe sont constructives, l’eau présente de surprenantes structures cristallines. Comme le remarque Dean Radin dans son livre Entangled Minds, on peut même penser que des intentions de guérison qui sont pratiquées dans la continuité dans un même lieu pourraient transformer de façon plus ou moins permanente cet endroit en un lieu réel de guérison. Cela se manifesterait comme un mécanisme d’intrication entre l’intention positive et le lieu même ou certaines de ses composantes comme, par exemple, l’eau. Il existe en effet des lieux comme, par exemple, Lourdes qui semblent présenter exactement les mêmes caractéristiques.
Mais revenons au monitorage de la conscience globale effectué par Rodin et Nelson en utilisant les REG. Nous reportons ci-après la description de Radin, extraite du livre mentionné ci-dessus :
L'un des cas les plus remarquables de cohérence globale a été enregistré au cours de l’enterrement de Lady Di. Il s’agissait d’un excellent test, dès lors que des centaines de millions de personnes regardaient l’enterrement à la télévision. Cette cohérence fut démontrée à l’aide de REG installés aussi bien aux États-Unis qu’en Europe. On contrôla la réaction des différents REG avant, pendant et après l’enterrement. Il ne se passa pas la même chose aux funérailles de Mère Teresa, décédée quelques jours après. Probablement parce que la cérémonie n’avait pas été traduite, que la qualité des images n’était pas bonne et le flux interrompu. De plus, les circonstances de la mort de la princesse étaient beaucoup plus dramatiques et fortes d’un point de vue émotionnel. L’attention était donc moins concentrée en termes de conscience globale sur Mère Teresa. Mais dans le cas de la Princesse Diana, un niveau de cohérence à grande échelle se vérifiait. Ce monitorage REG mondial a actuellement pris une dimension énorme, dès lors que dans le cadre de l’actuel projet Global Consciousness Project (GCP dirigé par Roger Nelson), il existe de très nombreux REG dispersés dans le monde entier qui contrôlent sans cesse la conscience globale. Pour les données en temps réel, l’Internet est sans aucun doute l’outil le plus important de cette opération. L’attention est ainsi concentrée non plus sur de petits groupes d’individus, mais sur des événements à l’échelle mondiale : la meilleure façon de sonder la noosphère. Grâce au fait qu’aujourd’hui les gens prennent connaissance des événements mondiaux en l’espace de quelques minutes (ce qui génère de l’attention), on s’attend à ce que le projet GCP puisse contrôler l’avènement d’une cohérence globale comme déviation du hasard des REG. C’est comme si ces REG se mettaient à chanter tous ensemble, tous accordés. Dans ce cas, évidemment, il n’existe aucune dépendance à la distance du moment où l'attention portée à certains événements survient n’importe où, à n’importe quelle distance. C’est un peu comme une sorte de soudain tsunami (comme celui qui a eu lieu en Asie en 2004) qui secoue toute la surface tranquille de l’océan, en générant des vagues qui concernent tout l’océan. D’un point de vue scientifique, deux choses nous intéressent : la grandeur de l’amplitude des ondes, la grandeur du niveau de cohérence. Le projet GCP fonctionne donc très bien comme une façon de contrôler la surface d’un océan soudainement secoué par un (plus ou moins) gigantesque tsunami… Des résultats importants furent également enregistrés à la mort du pape Jean Paul II. Le passage à l’an 2 000 constitue un autre événement aux résultats intéressants. Ici aussi, lorsque des millions ou des milliards de personnes se concentrent toutes ensemble sur un événement donné, la cohérence augmente, en diminuant l’entropie, et l’on tend vers un état d’ordre. Il faut s’attendre à ce que cette augmentation soudaine de la cohérence n’influence pas seulement les REG, mais aussi toutes les créatures vivantes (plantes et animaux) sur Terre ! Mais l’événement le plus frappant, avec des résultats REG remarquables, fut le 11 septembre 2001. Il se passa quelque chose de très insolite. Le pic de la courbe REG n’a pas eu lieu au moment de l’impact des avions sur les deux tours, mais 2 heures avant l’événement : un phénomène de prescience s’est manifesté à l’échelle mondiale ! La courbe est complètement redescendue 8 heures après l’événement.Et tous les REG ont montré un niveau de « corrélation » exceptionnelle,dans le sens où ils ont tous réagi simultanément et dela même façon.
Figure 5. Coïncidence entre la distribution numérique des REG et la tragédie du 11 septembre 2001.
Extrait de : Roger Nelson, GCP : http://noosphere.princeton.edu/terror.html
La preuve fondamentale, en mesure de démontrer expérimentalement et statistiquement la nature effectivement non locale du phénomène de conscience globale, serait le fait que la déviation des REG du hasard est complètement indépendante de la distance. Pour l’instant, plusieurs générateurs REG ont en effet été distribués à différentes distances. D’après Radin, cette preuve n’est pas encore bien établie puisque l’on a enregistré des cas où les REG donnaient une réponse d’autant plus amplifiée qu’ils se trouvaient près de la source de l’événement mondial avec un fort contenu émotionnel. En ce qui concerne cette très importante question, Nelson rapporte des cas qui ne dépendent en aucune façon de la distance et des cas qui au contraire en dépendent. Le problème de la distance reste donc encore ouvert. Ce qui est en revanche certain, c’est que les synchronicités relevées au cours du monitorage sur la conscience globale ne semblent vraiment pas dépendre de l’émission de signaux électromagnétiques, qu’ils soient eux aussi de nature mentale. De toute façon, dans ce processus d’intrication globale, ce qui compte, c’est le sens (plus ou moins dramatique ou émotionnel) qui se cache derrière le processus d’information. De plus, la qualité des données acquises est très fiable, dès lors qu’un REG – comme instrument électronique en soi – est conçu pour produire une performance stable et pas influençable par des conditions externes. De plus, une analyse pointilleuse de séries temporelles – comme l’atteste Nelson – basée sur 365 jours de fonctionnement exclut catégoriquement une dépendance à la variation du courant de réseau ou à d’autres mouvements cycliques de l’électricité. Par conséquent, les corrélations mesurées pourraient vraiment être associées à des effets de conscience globale.
Le Global Consciousness Project (GCP) de Nelson, qui peut être compris comme une extension naturelle des expériences de laboratoire menées avec des individus ou de petits groupes, fait essentiellement usage, en tant qu’appareil pour l’acquisition des données, de petits appareils désignés sous le nom d’« egg » (œuf), placés dans différentes villes du monde. Un egg est un ordinateur qui fait tourner un logiciel qui récolte un échantillon de 200 bits par seconde d’un REG qui lui est associé. Les données sont envoyées en temps réel à un serveur internet où elles sont archivées et analysées.
Nelson est certain de la stupéfiante preuve qui émerge des données, mais il ne s’avance pas sur le modèle théorique en mesure de l’expliquer. Nous ne disposons en effet pas encore d’une théorie physique valable, mais seulement d’hypothèses plus ou moins fondées qui dépendent – comme principal point de référence – des mécanismes d’intrication de la mécanique quantique, sans toutefois l’ériger en loi absolue, du moment où, comme le suggère subtilement Brian Josephson, la théorie en mesure d’expliquer aussi bien les événements de conscience collective que tous les autres phénomènes Psi pourrait être différente de la théorie quantique même si elle lui est liée d’une façon ou d’une autre. Par conséquent, la définition d’« intrication » que l’on donne des phénomènes Psi en général et de ceux de conscience collective en particulier, est adoptée de « manière analogique », mais n’est pas strictement fondée comme dans le cas des mesures d’intrication effectuées sur les particules élémentaires. Nelson commente à ce propos :
C’est comme si nous étions parvenus à voir les oreilles et la queue d’un éléphant que nous ne voyons pas encore.
Quoi qu’il en soit, il n’est pas encore absolument certain qu’il s’agisse vraiment des oreilles et de la queue de l’éléphant, du moment où – même si des effets d’interférence électrique externe sont exclus quasiment avec certitude – d’autres facteurs prosaïques (comme, par exemple, les fraudes délibérées, les coïncidences, les projections de l’expérimentateur sur la conscience globale, etc.), qui n’ont peut-être pas encore été évalués totalement comme source ultérieure de bruit, pourraient avoir une influence. C’est pour cette raison que nous disons que nous ne voyons pour l’instant avec certitude que la queue de l’éléphant, mais il est certain que nous la voyons bien. Il se pourrait alors vraiment que nous soyons en train d’assister aux manifestations d’une conscience globale tandis qu’elle produit quelque chose de très semblable à un champ non local, où les esprits individuels s’associent émotionnellement pour générer des fluctuations dynamiques dans la structure la plus profonde de l’espace-temps, peut-être au niveau du champ de Planck sur lequel s’est penché Roger Penrose. Dans tous les cas, ce que nous observons avec ces anomalies statistiques n’est pas de l’énergie, dès lors que l’on n’enregistre aucun champ électromagnétique, mais juste de l’information puisée dans un état émotionnel global.
Au sujet des phénomènes de conscience globale relevés par les expériences dont nous avons parlé auparavant, concluons ce paragraphe par une célèbre phrase d’Erwin Schrödinger :
La conscience est un détail dont le pluriel est inconnu. Il n’existe qu’une seule chose ; et ce qui semble être une pluralité n’est qu’une série des différents aspects de cette chose, produite par l’illusion… comme dans une galerie de miroirs.
3.6. DE PETITES FLAMMES ANIMÉES PAR L’AMOUR
Des expériences très originales et détaillées sur les champs de conscience ont été réalisées par le physicien et technologue américain Edmond Chouinard. Ce chercheur voulait vérifier à l’aide d’un instrument redondant si un état de cohérence mentale entre des groupes de personnes était capable d’influencer l’environnement de façon beaucoup plus évidente que dans le cas des REG. La stratégie de Chouinard a consisté à pousser des groupes de personnes à créer des « ondes de pensée » particulières basées sur une pensée partagée, alternativement très positive ou très négative. L’étape suivante consistait à mesurer avec ses instruments n’importe quelle fluctuation qui se vérifiait dans le champ géomagnétique39 local, ou des variations mécaniques ou photométriques d’objets variés.
L’expérience sûrement la plus importante a été celle du champ géomagnétique, qui semble devoir changer lorsque sont produits certains types de pensées très cohérentes et partagées, provenant de groupes (souvent de méditation) qui sont très loin de l’endroit où sont placés les instruments de mesure. L’intention d’un groupe s’imprime dans le champ géomagnétique, à tel point que ce dernier fonctionnerait comme un liant de l’humanité à l’échelle de la planète. Le champ géomagnétique, d’après Chouinard, fonctionnerait comme un véhicule d’intrication pour le transfert instantané d’information, une espèce de « banque de données émotionnelle ». En substance, les champs de conscience alimenteraient le champ géomagnétique, qui à son tour transmettrait son énergie à d’autres champs de conscience sur Terre particulièrement perceptifs : une espèce de « dynamo mentale ».
Des expériences effectuées par le célèbre neurophysiologue canadien Michael Persinger témoignent d’un clair effet d’interaction. Lorsque le champ géomagnétique, qui se manifeste dans les extrêmement basses fréquences (ELF), est important (comme au cours des tempêtes géomagnétiques et en cas de forte activité solaire), les sujets de test ne parviennent pas à se concentrer sur la perception extrasensorielle, comme si le champ géomagnétique était soudainement occupé à absorber une information énergétique différente de l’information Psi (comme au cours des tempêtes magnétiques de nature solaire), de telle manière qu’au cours des tempêtes magnétiques, les fonctions Psi sont très affaiblies. Mais selon Persinger, les signaux électromagnétiques à fréquences extrêmement basses émis par le champ géomagnétique sous forme de « résonance de Schumann »40 seraient eux-mêmes porteurs d’information non locale, à laquelle notre cerveau serait particulièrement sensible. Le cerveau et les conditions géomagnétiques mondiales seraient même en état d’équilibre, tandis que le champ géomagnétique fonctionnerait comme un récepteur et un propagateur non local de l’information Psi ; mais quand les conditions sont amplifiées par un facteur interférent externe, cet équilibre est brisé, comme si une suralimentation bloquait les processus Psi.
Un modèle semi-mathématique plutôt complexe de la façon dont un champ de conscience humain est lié sous forme d’intrication avec les tubes de flux du champ géomagnétique terrestre a été mis au point par le physicien finlandais Matti Pitkanen, dans le cadre de sa vaste théorie sur la « géométrodynamique topologique », une espèce de « théorie du tout », une alternative à celle des supercordes en mesure, selon Pitkanen, d’unifier non seulement les quatre forces fondamentales, mais aussi la matière et la conscience. Les tubes de flux magnétiques, qui se comporteraient comme des structures cohérentes d’un point de vue quantique, exactement comme des supraconducteurs, représenteraient un peu le « système nerveux » de l’univers et un point de contact constant avec la conscience humaine, laquelle serait intimement liée au rythme planétaire à travers la résonance de Schumann. Dans le modèle de Pitkänen, pour pouvoir expliquer les données expérimentales sur le champ géomagnétique relevées par Chouinard, des fréquences particulières de résonance de différents ions circulant dans le champ magnétique terrestre ainsi que des champs électromagnétiques dans les extrêmement basses fréquences (ELF), lesquelles auraient un effet direct en termes d’intrication sur la matière vivante et le cerveau, seraient importants. Dans le cas particulier du cerveau, les fréquences EEG seraient directement liées aux champs ELF.
Les expériences sur les champs de conscience menées par Chouinard montrent clairement, en ayant recours, entre autres, à des mesures temporelles très précises, que l’influence des champs mentaux sur le champ géomagnétique a un effet quasiment instantané. Pour utiliser les termes de Chouinard en personne :
Pour le dire simplement, l’esprit de l’homme est dans un état d’intrication avec d’autres objets à travers le monde sur la base d’un protocole mental direct, et mes graphiques illustrent une partie de la preuve empirique.
Il s’agirait donc d’un effet macroscopique d’intrication en tout point identique à celui enregistré avec les REG par Radin et Nelson, mis à part que dans ce cas divers instruments mesurant l’influence sur des champs ou des objets précis du monde ont été utilisés. Chouinard a employé des capteurs de mesure comme des mesureurs du champ électrostatique, des magnétomètres, des accéléromètres, des thermomètres ultrasensibles, des plateformes électro-optiques et des lasers pour mesurer les fluctuations très faibles de lumière et de couleur, la polarisation et des mouvements physiques infinitésimaux, des détecteurs de rayons cosmiques, un spectromètre avec les ondes VLF et ELF, des senseurs physiologiques. Comme nous le voyons, il s’agit d’une instrumentation multiple et parfois redondante, dont une partie sert à contrôler des aspects différents du champ géomagnétique. La stratégie d’expérimentation prévoit des moments de calibrage des instruments, afin de fixer précisément le seuil de bruit externe et de bruit interne, espacés par des moments de mesure où l’on demande à un groupe éloigné de volontaires, entraînés aussi bien à la méditation collective qu’à la cohésion de groupe, d’envoyer d’abord des pensées négatives, puis des pensées positives. Cet effet est enregistré pratiquement par tous les instruments, sous forme de fluctuations presque imperceptibles mais bien au-dessus du seuil de bruit. D’ultérieures moyennes statistiques de mesures redondantes montrent que les fluctuations sont réelles et synchrones avec les champs de conscience envoyés par les groupes.
Les effets qu’un champ de conscience serait capable de créer aussi bien au niveau électromagnétique qu’au niveau purement mécanique sont très intéressants. Les instruments de Chouinard sont par exemple parvenus à enregistrer plusieurs fois des mouvements anomaux de petites flammes allumées (et soigneusement isolées de l’environnement externe à l’intérieur de boîtes prévues à cet effet), notamment lorsqu’on demandait au groupe de test d’avoir des « pensées cohérentes d’amour ». La même chose s’est aussi manifestée avec des fluctuations non random de la couleur, de la polarisation et de l’intensité des petites flammes. Il s’agit à tous les effets d’un phénomène PK de type collectif, qui peut être mesuré. Bien que Chouinard se laisse aller à des spéculations diverses lorsqu’il tente d’interpréter le résultat de ses expériences, cela ne fait aucun doute que les procédures de mesure instrumentale qu’il utilise suivent des protocoles très rigoureux et très redondants. En résumé, indépendamment des interprétations de Chouinard, ces expériences parlent d’elles-mêmes.
Chouinard s’est également aperçu que les instruments restaient muets lorsque des journalistes ou des témoins dès le départ très sceptiques quant aux résultats de l’expérience étaient invités. Il ne se passait rien, comme si le champ de conscience produit par ces personnes avait annihilé le champ de cohérence produit par le groupe de test qui se trouvait loin. Au fond, cela ne s’explique que d’une façon : interférence destructrice. Nous en avons déjà parlé. Toujours est-il que l’intention préméditée de vouloir nécessairement prouver (comme pur et arbitraire acte de foi) que ces expériences sont une fraude, génère à son tour un champ qui détruit la cohérence du champ que l’on entend mesurer. C’est aussi un résultat très intéressant dont il faut tenir compte, et sur lequel il faut répéter les mesures plusieurs fois. D’ailleurs, ces mêmes sceptiques, ne disposant habituellement pas d’une véritable préparation scientifique de niveau universitaire, ne seraient pas capables de comprendre que tandis qu’ils manifestent ensemble des actes fidéistes négatifs, une montagne d’instruments les contrôle comme des souris dans une cage. Les effets de black-out aussi sont très intéressants.
3.7. VIVRE ENSEMBLE, C’EST RÉSONNER D’UN SEUL ET MÊME CHAMP
Le biologiste Rupert Sheldrake a développé au fil du temps une théorie sur l’apprentissage et la mémoire basée sur les concepts de « champs morphiques » et de « résonance morphogénétique ». L’hypothèse de base est que l’apprentissage ne s’exerce pas qu’au niveau de l’individu, mais à celui de l’espèce aussi. Si quelques individus d’une espèce ont appris un comportement particulier, alors le même comportement est automatiquement appris par les autres individus de cette même espèce. Il ne s’agit pas seulement d’une théorie spéculative, car Sheldrake a analysé avec beaucoup d’attention des observations précises sur différentes espèces animales, en particulier les singes et les rats. Il semble donc qu’il existe un type très inhabituel de « mémoire » inhérente à la nature, de telle façon que n’importe quel élément de la nature – des éléments de la même espèce en particulier – contient les caractéristiques de l’ensemble. C’est pour l’essentiel une manifestation du principe holographique de Pribram et de Bohm, dans ce cas appliqué à la biologie et comprenant aussi l’homme et, en général, non seulement les aspects purement biologiques, mais aussi spirituels. Le mécanisme de propagation de l’apprentissage semble survenir de façon complètement non locale, raison pour laquelle la résonance morphogénétique de Sheldrake peut être comprise comme un type de bio-intrication à l’échelle mondiale. Cette théorie, sans l’ombre d’un doute, va drastiquement à l’encontre de l’évolutionnisme du naturaliste britannique Charles Darwin, selon lequel les changements dans le monde biologique nécessitent de longs délais et ne sont pas dus à des facteurs « métaphysiques », mais à des processus d’adaptation progressive de l’espèce. D’après les observations de Sheldrake, la nature semble évoluer à travers un réel processus collectif d’apprentissage – parfois soudain – plutôt que sur la base de mutations fortuites et très lentes. Il déclare en effet :
L’idée, c’est qu’il existe un certain type de mémoire dans la nature. Chaque type de chose possède une mémoire collective. Par exemple, prenons un écureuil qui vit actuellement à New York. Cet écureuil est influencé par tous les autres écureuils du passé. Et moi, j’appelle « résonance morphique » ce processus qui meut cette influence à travers le temps – la mémoire collective de l’écureuil aussi bien au niveau de la forme que de l’instinct. C’est une théorie de la mémoire collective à travers la nature. Les champs morphiques, des champs qui se trouvent à l’intérieur et autour de chaque organisme, sont ce par quoi s’exprime la mémoire. Les processus de la mémoire sont dus à la résonance morphique… L’information est transmise à travers un champ qui opère à l’intérieur et autour d’une unité morphique donnée, laquelle organise sa structure caractéristique et ses modalités d’action… Les champs morphiques sont conformés et stabilisés par la résonance morphique provenant d’unités morphiques semblables, lesquelles sont sous l’influence de champs du même type. Par conséquent, ils contiennent un type de mémoire cumulative et tendent à devenir de plus en plus habituels.
La portée des recherches à long terme de Sheldrake est très vaste et elle se base en particulier sur des tests expérimentaux sur diverses espèces animales. D’après ces recherches, il existerait donc un mécanisme à travers lequel lorsqu’un groupe humain ou animal acquiert certaines propriétés comportementales, psychologiques ou organiques, ces propriétés se transmettent synchroniquement aux autres membres de la même espèce. Dans le cas de l’homme, cela concernerait également la réalisation d’un niveau de conscience spirituelle : si un groupe humain donné l’atteignait, il se propagerait selon le mécanisme de la résonance morphique à d’autres membres de l’espèce, en le portant à un niveau de conscience planétaire.
Sheldrake a donc élargi notre vision de l’univers, en nous le présentant comme un champ vibratoire en résonance. Ses idées sur les champs de résonance morphique peuvent sûrement améliorer notre compréhension du phénomène de la « conscience collective », parce que les événements qui ont lieu concrètement dans le monde biologique semblent avoir à leur racine un esprit très vaste. Une intelligence universelle semble unir dans un tout holistique l’ensemble des créatures qui vivent dans l’univers, lesquelles (comme Darwin et ses partisans) n’ont la plupart du temps pas conscience du pourquoi des changements soudains au sein des espèces biologiques. Sheldrake, sur la base d’une observation attentive du monde vivant, suggère au contraire que des « champs d’information » subtils sont à l’origine de cette infrastructure en résonance, dans laquelle se manifeste la réalité matérielle. Par conséquent, sa théorie suggère que le champ de résonance morphique, pour les êtres humains en particulier et pour toutes les autres créatures évoluées dans l’univers, contient non seulement les plans génético-biologiques des corps physiques, mais aussi leur nature psychique. Nos pensées, nos sensations, nos sentiments en sont collectivement influencés. Il s’agit donc d’une théorie qui défie de manière frontale, mais rigoureuse, les suppositions fondamentales de la science moderne, notamment la biologie. La question de la morphogenèse – qui essaie d’expliquer pourquoi les choses prennent en général une forme donnée – reste l’un des plus grands mystères de la science, qui pour l’instant n’a été appréhendé que superficiellement et sur la base d’observations systématiques d’effets symptomatiques qui surviennent dans la nature, mais qui un jour pourra être résolu dans le cadre d’une théorie physique plus vaste. Une théorie physique qui comprend sûrement en soi de nombreux éléments de la mécanique quantique mais dont le cœur, comme le suggère Brian Josephson, doit se trouver dans le monde vivant et psychique. Une théorie de ce genre devrait sûrement expliquer non seulement le mystère de la morphogenèse, mais aussi toutes les autres phénoménologies propres au monde de la matière, au vivant et au monde psychique, afin de pouvoir expliquer toutes les anomalies que nous relevons dans les différents aspects de la nature dans le contexte d’un cadre unifié, cohérent et mathématiquement illustré. Une théorie mathématique d’ensemble, du même type que celle de la relativité, fait toujours défaut dans ce secteur. Pour l’instant, nous pouvons juste observer – comme le fait Sheldrake – d’étranges processus dans le monde biologique et tenter de fixer avec clarté les limites du problème, qui n’est pas encore résolu. Il reste alors des interrogations du genre : pour quelle raison un bradype a-t-il cette forme ? De quelle façon les salamandres régénèrent-elles leurs membres après une amputation accidentelle ? Pour quelles raisons les molécules ont-elles la forme qu’elles ont ? Pour quelle raison les sociétés s’organisent-elles selon certaines formes prévisibles ?
Figure 6. Certains des plus grands scientifiques qui ont étudié la non-lo- calisation dans le domaine psychique. De gauche à droite : Dean Radin, Robert Jahn, Roger Nelson, Rupert Sheldrake et Brian Josephson.
Sheldrake est convaincu qu’il existe quelque part une théorie en mesure d’expliquer ces mystères liés entre eux, mais il n’est pas du tout convaincu que la nature soit un mécanisme à ressort. Il considère plutôt que n’importe quel type d’objet – des cristaux aux oiseaux en passant par les sociétés – est conformé non pas par des lois universelles qui contrôlent ou dirigent tous les organismes, mais par un seul « champ morphogénétique » contenant une mémoire collective. Par conséquent, les organismes ne se limitent pas à partager le matériel génétique avec d’autres organismes de leur espèce, mais sont aussi conformés par un « champ » qui agit de manière particulière pour cette espèce. On en vient alors immédiatement à penser que ce champ ne pourrait être qu’un point de vue particulier (purement biologique) permettant d’entrevoir l’ordre impliqué de Bohm, l’inconscient collectif de Jung, le champ subquantique de Penrose et de Laszlo, le mécanisme holographique de Pribram, la conscience globale de Radin et de Nelson. Nous voyons donc qu’en prenant en considération ce que disent les différents chercheurs dans leur domaine respectif, les concepts se rejoignent comme les branches d’un seul arbre.
Cet arbre consisterait en une seule loi aux caractéristiques tout d’abord téléologiques, aux origines premières non matérielles et aux manifestations purement non locales. Si les processus ne se réalisaient pas au moyen d’un certain type de mécanisme d’intrication, il y a de bonnes raisons de croire qu’il n’existerait probablement pas de résonances morphiques parce que la vie n’existerait simplement pas. Et la vie n’est pas un événement isolé, mais elle comporte la perpétuation des espèces. Cela signifie que dès qu’une nouvelle forme de vie émerge, celle-ci met en acte son propre champ, lequel est sans cesse renforcé par sa propre répétition, de telle sorte que l’on expliquerait la forte caractéristique de « mémoire » affichée par la morphogenèse. Comme l’affirme le physicien indo-américain Amit Goswami, le mécanisme morphogénétique est extrêmement subtil parce qu’il fonde ses bases sur les choix d’une conscience globale qui gouverne le mécanisme de la vie. Ces choix peuvent parfois être retardés, puis émerger soudainement. Il s’agit en effet justement d’un saut quantique né de l’effondrement d’une fonction d’onde d’origine sublime, où toutes les possibilités gisent dans une sorte de limbes jusqu’à ce qu’un moment particulier de conscience effectue un choix décisif. Ce mécanisme est bien différent de la simple évolution de Darwin, lente et progressive : ce n’est pas un choix dicté par l’abus de pouvoir du plus fort, mais seulement par l’amour du plus grand. Goswani souligne à ce propos que même les mutations génétiques doivent nécessairement avoir une nature de type quantique, justement parce qu’elles sont de pures superpositions de possibilités avant qu’une quelconque conscience n’en provoque l’effondrement.
D’autres phénomènes biologiques ne peuvent en aucun cas être expliqués par les modèles biochimiques et physiques en cours. Par exemple, il n’existe pas encore d’explication convaincante à la synchronisation précise de vol ou de flux que l’on peut relever dans les géométries harmonieuses et changeantes des grands vols d’oiseaux ou des bancs de poissons. Chez certains types de poissons, tout le banc semble même se comporter comme un seul esprit. Cet esprit sent l’approche d’un prédateur et en un instant il est en mesure de coordonner la manœuvre d’évasion du groupe. Ou bien ils peuvent se comporter comme une « balle » qui explose dans toutes les directions pour ensuite reformer instantanément un groupe compact. Les vols d’oiseaux agissent de façon quasiment identique. Il n’est pas inhabituel pour un vol de comprendre jusqu’à 100 000 oiseaux, et malgré tout le vol peut changer de direction presque instantanément. Il ne semble pas que le changement de direction soit le résultat d’un ordre donné par un quelconque « chef de formation ». Ce phénomène – très bien illustré par le comportement des poissons et des oiseaux en groupe – ressemble beaucoup au comportement des plasmas41 dans leur mouvement cohérent, chose dont s’est très bien aperçu David Bohm au cours de ses recherches dans ce domaine particulier. Quoi qu’il en soit, il a été prouvé que dans le cas des oiseaux comme dans celui des poissons, des formes connues de communication comme la vue ou le son ne peuvent expliquer la simultanéité de ce comportement. Il semble vraiment que les poissons et les oiseaux (ainsi que d’autres espèces animales) possèdent une espèce de sixième sens qui guide leurs mouvements en synchronie ou qu’ils soient soumis à un certain type de champ en mesure de coordonner harmonieusement leur comportement en tant que groupe. Il existe aussi des exemples identiques dans le monde végétal. Une moisissure vit, par exemple, pendant une grande partie de sa comme une amibe monocellulaire. Mais lorsqu’elle a besoin de nourriture, elle se transforme soudainement en une entité beaucoup plus grande et dotée de nouvelles potentialités. Il semblerait que les amibes individuelles soient en mesure d’envoyer un type quelconque de signal aux cellules proches : à la fin, des milliers d’entre elles se rassemblent, atteignent une masse critique et – ici aussi – sans l’aide d’un leader apparent, s’organisent en un macro-organisme en mesure de bouger à travers la forêt. À l’étape suivante, elles commencent à relâcher des spores à partir desquelles se forment de nouvelles amibes individuelles. Il semble vraiment que dans ce cas également la survie et la capacité reproductive de ces êtres apparemment si primitifs soient guidées par une véritable forme de conscience collective. Ces manifestations aussi pourraient être l’une des nombreuses ramifications du champ morphogénétique. On se demande si un exposé quantique de la biologie pourrait expliquer tout cela.