17

Ax rêvait d’un monde beaucoup plus vaste que la normale, où tout semblait étrange, en mutation et plein de périls. Nie était encline à la perplexité, quand bien même elle fournissait de réels efforts pour ne pas sombrer. Lorsqu’elle commettait une erreur, les gens lui criaient dessus, des géants avec des voix terrifiantes. Elle souffrait beaucoup qu’on crie sur elle. Elle se couvrait les oreilles avec les mains et tentait île s’enfuir. Mais les voix la poursuivaient où qu’elle aille, et elles hurlaient son nom.

Cinzia !

Cinzia !

Elle se réveilla en sursaut au beau milieu d’une fusillade, cl pendant un moment elle ne put se souvenir qui elle était, ni d’où elle venait. Chaque cellule de son corps était douloureuse. Quelqu’un criait. Pas elle. C’était ce cri i|iii l’avait réveillée. Et c’est seulement éveillée qu’elle se lendit compte que le cri ne provenait pas d’une gorge humaine.

Elle se souvenait.

Hutta.

La chambre forte.

Lema Xandret.

Ses muscles la brûlèrent quand elle les voulut les actionner. Relever la tête revenait à soulever une montagne de souffrances. Elle sentit un hurlement bouillonner en elle, un cri de rage, de désespoir et de terreur. Il lui était douloureux de le contenir, mais en même temps il lui donnait de la force. Et elle avait besoin de toute la force possible si elle voulait survivre aux prochaines secondes.

ODe toutes les personnes présentes dans le sas de sécurité, c’était elle que le droïde à six membres avait d’abord pris pour cible.

Nous ne reconnaissons pas votre autorité !

Elle, en revanche, reconnaissait leur défi. C’était le même proféré par l’équipage du Cinzia quand ses hommes avaient été confrontés au contrebandier. Mais quelle était l’autorité qu’ils reconnaissaient ? Il devait y avoir quelque chose – ou quelqu’un – derrière leur nature meurtrière.

Ax réussit à se mettre à genoux puis par un effort suprême de volonté, debout. Le monde tangua autour d’elle, mais le cri était intact, en pleine expansion. Le Côté Obscur grandissait en elle.

Les créatures de la chambre forte l’aperçurent et elles dirigèrent aussitôt leur feu sur elle.

Elle libéra le cri.

Une barrière de Force l’enveloppa à quelques millimètres à peine de sa peau. Elle scintilla et miroita alors que les vagues successives d’énergie venaient s’écraser contre elle. Mais elle tint bon. Elle tiendrait aussi longtemps qu’elle hurlerait, aussi longtemps qu’elle refuserait de mourir.

L’attaque cessa et elle recula d’un pas chancelant. Elle  avait le souffle court, les poumons emplis d’ozone et dei fumée brûlante. Son crâne résonnait de mille échos. Une des choses ennemies avait été rejetée en arrière par une armai quelconque, mais les détails lui échappaient. L’important était que cela avait fait diversion chez les droïdes. C’était pour elle l’occasion de découvrir à quel point ils étaient résistants.

— Quelle autorité reconnaissez-vous ? cria-t-elle en se i précipitant sur le plus proche dont les mains-armes braquées sur le blindage d’un canon laser ne se tournèrent pas à temps vers elle.

— Quelle autorité reconnaissez-vous ?

La créature ne répondit pas.

La rage d’Ax élira les secondes en des heures.

D’abord elle voulut transpercer le corps hexagonal avec son sabre laser.

I Jne sorte de bouclier apparut entre eux, qui plia la lame tic son arme vers son propre bras, et elle fut obligée de icculer.

Ensuite elle tenta de la faire exploser par un éclair Sith.

Le corps de la chose absorba l’énergie et la déversa aussitôt par l’extrémité de ses membres. Quatre bras terminés nux terminaisons étincelantes plongèrent vers elle et la lurcèrent à esquiver de nouveau.

Lille tendit une main et essaya de broyer l’intérieur du ilroïde grâce à son pouvoir de télékinésie.

Son squelette à structure en nid-d’abeilles était plus u-sistant que s’il avait été en duracier. En dépit de tous les cl lorts de la Sith, les membres redoutables continuaient de s’agiter pour l’empaler ou la viser.

Elles hurlèrent tous les deux. Elles étaient l’une comme l’autre dans une impasse. La jeune femme ne pouvait tuer la chose, et celle-ci ne pouvait pas la tuer. Le droïde bougeait grâce à des servomoteurs puissants et adaptatifs qui lui donnaient la même force et la même agilité qu’elle. Ses organes sensoriels noirs surveillaient chaque mouvement de la jeune femme. Mais chaque décharge bleue qu’il tirait sur elle ricochait sur le bouclier de Force, et chaque coup de ses membres aiguisés comme des rasoirs était dévié sans infliger de blessure.

Et soudain la chose battit en retraite, Ses mains se portèrent sur sa peau métallique comme si elle se grattait. Elle la suivit, déconcertée et méfiante à la fois. Était-ce un piège, quelque nouvelle tactique déroutante pour lui faire baisser la garde ? Elle se jeta sur la créature qui recula vivement et décocha une salve bleue pour la maintenir à distance.

Puis le droïde se figea, et disparut.

Pendant une seconde, Ax n’en crut pas ses yeux. Comment cette chose avait-elle pu disparaître ? C’était impossible !

Une décharge d’énergie venue de nulle part la frappa sur le côté, et elle comprit : la créature avait actionné le système de camouflage qui réduisait son apparence à une forme floue. Celle-ci se fondait dans l’arrière-plan et contournait pour tenter de lui tirer dans le dos.

Ax plissa les yeux. Elle ignorait ce que ces choses pouvaient ou ne pouvaient pas faire précisément, m elle avait une certitude. D’une façon ou d’une autre, ol allaient mourir. Elle allait toutes les détruire.

 

Shigar chassa la sueur de ses yeux et saisit l’occasion reprendre son souffle. Les renforts ne pouvaient intervenir trop tôt, même si c’était sous la forme d’une Sith et d’ Twi’lek à peau verte aux manettes d’un canon laser, n’avait pas la force de s’en plaindre. Avec une de ces cho au tapis, transpercée par une décharge du Twi’lek, et l autre occupée avec la fille, il n’en restait qu’une à finir p< Stryver et lui.

Le Mandalorien était suspendu dans l’air au-dessus dfi cible qu’il arrosait copieusement de rafales de blaster et mini-missiles à concussion. Shigar attendait une ouvert’ pour attaquer. i

Son comlink bourdonna.

— Vous devriez vous replier, lui dit Larin. Nous av< la situation en mains à présent.

— Je ne pense pas que ce soit aussi simple.

— Mais vous êtes blessé. Laissez au moins quelqu’ vous examiner.

Il baissa les yeux et remarqua alors pour la premi fois que son bras gauche était couvert de sang. Il ne s’é même pas rendu compte de la douleur.

Le canon laser rugit une nouvelle fois, mais les droift étaient maintenant prêts. Celui que Shigar obsen

N’accroupit et dressa le bouclier de son électromiroir. La décharge le fit tomber à la renverse, mais le tir lui-même lui dévié dans le mur où il explosa. Des débris arrachés à la paroi tombèrent sur deux hommes qui ne combattaient pas.

Stryver descendit en piqué avec son jetpack et se posa À côté du Jedi. Celui-ci brandit son sabre laser, mais le Mandalorien n’était pas là pour l’attaquer.

— Dites-leur de viser la chambre forte, déclara-t-il en désignant le comlink.

— Pourquoi ? Qu’y a-t-il à l’intérieur ?

— Dites-le-leur, c’est tout.

Puis il redécolla pour reprendre le harcèlement du droïde. Une fois encore, le canon laser parla, et de nouveau lu décharge alla finir sa course dans le mur.

Shigar transmit l’instruction.

— La porte est ouverte, expliqua-t-il. Et c’est un espace confiné. Tout ce qui se trouve l’intérieur sera grillé.

Larin passa le message au Twi’lek. De sa position, Shigar vit son lekku s’agiter alors que Yeama faisait un xigne de tête négatif. Un bref échange s’ensuivit, avant que I ai in ne recontacte le Jedi.

— Il y a des chances pour que le calculateur de navi-Hiil ion soit toujours à l’intérieur, dit-elle par le comlink. Si vous parvenez à le sortir, alors seulement ils accepteront de tirer dans la chambre forte.

Shigar ne pouvait pas rejeter ce plan. Loin de lui l’idée d’aider les Hutts dans leurs entreprises vénales, mais la République avait besoin de toute l’aide possible dans sa guerre contre l’Empire. Ce n’était certes pas sa mission primordiale, mais elle n’en demeurait pas moins importante.

— D’accord, eut-il le temps de répondre.

Deux choses se produisirent alors simultanément, qui lui Ilicnt oublier le calculateur de navigation. Le droïde aux prises avec la Sith disparut ; le canon laser tira encore, et la décharge fut de nouveau détournée vers le mur.

Vers la même section du mur, constata Shigar. Les tirs n’étaient pas déviés au hasard. Ils étaient réorientés.

— Cessez le feu ! s’écria-t-il dans le comlink. Dites-lui de cesser le feu !

Larin tapota son casque d’une main. Il était évident qu’elle n’avait pas compris son ordre.

La Sith se déplaçait à la suite d’une ondulation dans l’ai Celle-ci tira, puis des pulsations bleues naquirent dans | vide et rebondirent contre son bouclier de Force. Le droïd presque invisible se dirigeait vers les deux non-combattant que Shigar avait repérés un peu plus tôt.

— J’ai dit : cessez le feu ! répéta le Jedi avec de grand gestes. Maintenant !

Le Twi’lek l’ignora. Une autre décharge finit sa court dans le mur et y agrandit le cratère qui y béait déjà. Un tj de plus, songea Shigar, et tout serait perdu.

Les armes des droïdes n’étant pas assez puissantes poï leur ouvrir un passage de sortie, ils se servaient de celM des Hutts pour arriver à leurs fins. Au lieu de les tuer, | canon laser allait les libérer. j

Serrant les dents, Shigar se rua en avant. Si Larin $ pouvait empêcher le Twi’lek de tirer, il lui faudrait se jet^ sur le droïde au camouflage d’invisibilité et espérer réussj là où la Sith avait échoué. <

Il entendit vaguement le rugissement du jetpack (j Stryver qui passait au-dessus de lui, mais la significati(j du bruit lui échappa. Le tir qu’il redoutait se produisit i la décharge laser ricocha sur le bouclier de l’électromiroj pour aller approfondir le trou dans le mur. De longues cr( quelures en naquirent, et subitement tout un pan s’effondtj Les deux non-combattants se trouvaient juste en dessousj

Shigar avait le choix. Il pouvait intercepter le droïd ou sauver les deux hommes, mais il ne pouvait faire 1( deux. Et il ne disposait que d’une fraction de seconde po|( prendre sa décision.

Sans se soucier de la douleur et de l’épuisement, il laissa la Force l’envahir et fit la seule chose possible.

 

Les dents de Yeama étaient découvertes sur un rictus de détermination tandis qu’il tirait sur le droïde. Larin lui cria d’arrêter – elle avait deviné les intentions de l’ennemi, tout comme Shigar –, mais le Twi’lek était certain de faire ce qui convenait. Il croyait sincèrement être sur le point de vaincre sa cible. Il refusa de l’écouter.

Elle se prépara à arracher Yeama des contrôles du canon laser, mais le gémissement croissant du jetpack lui fit lever les yeux. Stryver fonçait dans l’air. Lui aussi avait dû voir ce que les décharges allaient faire. Mais il ne se précipitait pas pour défendre la brèche, comme Shigar le faisait. Il se dirigeait droit sur la jeune femme.

Au dernier moment, elle devina ses intentions. Elle eut juste le temps de bondir loin du canon et de plonger à l’abri. Derrière elle, la tourelle se transforma en une boule de feu. Des morceaux de métal zébrèrent l’air autour d’elle et rebondirent contre son armure. Une vague de chaleur l’enveloppa. Elle eut l’impression qu’un rancor venait de la cueillir entre ses mâchoires et qu’il la secouait dans tous les sens.

Quand la sensation s’estompa, elle regarda en direction du canon. Ce n’était plus qu’une ruine fumante que les missiles de Stryver avaient anéantie. De Yeama, il n’y avait plus la moindre trace.

Le Mandalorien atterrit lourdement à côté d’elle. Son armure était aussi noircie et éraflée que la sienne.

— Allez dans la chambre forte. Détruisez tout ce que vous y trouverez.

— Qu’allez-vous faire ?

— Finir ce qui doit l’être. J’en ai vu assez.

Alors qu’il parlait, un autre segment du mur s’effondra et révéla un espace vide au-delà. Les droïdes se dirigeaient déjà vers cette issue, suivis par la Sith. Stryver poussa un grognement et bondit dans les airs tout en activant les systèmes d’armement qu’il n’avait pas encore utilisés. L’es] en ébullition, Larin le suivit du regard.

Mais elle se dit aussitôt qu’elle aurait le temps de réfléchir plus tard. La priorité était de mettre un terme à l’actuelle situation de crise. Stryver n’hésitait pas à prendre des mesures radicales pour atteindre ce but – la mort d’Yeama pour faire taire le canon laser n’en était qu’un exemple – efe il paraissait savoir de quoi il parlait. Un regard alentour luif suffit à repérer deux des hommes de ce pauvre Potannin^ Elle leur fit signe de la suivre, puis le trio traversa le|| décombres en direction de l’antichambre ravagée et de 1M gueule béante de la chambre forte.

 

Ula leva un regard horrifié vers la masse de débris qu allait les réduire en bouillie. Il n’y avait rien que Jet oïl lui-même puisse faire pour échapper à ce sort, et le droïdl du contrebandier était trop loin pour intervenir. Il n etai plus temps de regretter ou de penser. Les lois de la gravit étaient impitoyables, même sur une planète sans foi ni lo comme Hutta.

Il leva les bras pour essayer de se protéger et ferma le yeux.

Il ne mourut pas. L’avalanche dévala autour d’eux ei les épargnant. Elle avait été détournée par une force mystérieuse. Par la Force, comme il s’en rendit compte quand il osa chercher du regard la source de son salut. C’était le Jedi, une expression farouche sur son visage, qui se tenait immobile, sa main gauche tendue et ouverte dans un mouvement de protection. Ula lui-même ne percevait aucun influence de ce geste, mais il était profondément reconnaissant aux gravats d’y réagir aussi bien.

Un autre grondement se fit entendre. Le mur n’était plus stable. Le Jedi dévia la chute d’une autre section qu s’écrasa au sol auprès d’eux dans un bruit de tonnerre.

— Venez, dit Jet en l’agrippant par la manche. Je crois qu’il est temps pour nous de trouver un autre endroit.

Ula était tout à fait d’accord. En conflit avec lui-même mais reconnaissant, il remercia le Jedi d’un signe de tête et iila avec Jet hors de la zone de danger. Le contrebandier les menait vers ce qui avait été l’issue externe du sas de sécurité et qui était maintenant un chemin tracé au milieu de montagnes de décombres. Le droïde de Nebula les attendait en agitant les bras. Le canon épais du laser saillait entre les deux côtés de la plaque de blindage. Par l’ouverture, IJla aperçut Larin et Yeama qui luttaient pour prendre le contrôle de l’arme.

Puis Stryver fondit des hauteurs et tira. Larin bondit sur le côté, ou fut propulsée, et le cœur d’Ula cogna violemment dans sa poitrine. Était-elle blessée ? Pouvait-il lui porter secours ? Jet le plaqua au sol quand le laser explosa. Des débris métalliques lacérèrent l’air tout autour d’eux et crépitèrent sur les divers obstacles qu’ils rencontrèrent. Avec un temps de retard, il se couvrit la tête des deux mains. Il avait la sensation d’avoir passé la dernière heure dans cette position.

Tout cela n’était pas digne d’un agent de l’Empire en opération, songea-t-il, soudain lassé de sa propre couardise. Il avait naguère caressé le rêve de devenir un véritable agent secret, quelqu’un dont la tâche consistait justement a savoir se comporter dans ce genre de situation. Or aujourd’hui il était là, au cœur de l’action, et que faisait-il ? Quand il n’était pas sauvé par un Jedi, il se recroquevillait dans un coin et geignait au moindre bruit. Il ne pouvait continuer ainsi.

Les droïdes étaient aux prises avec Stryver, Shigar et la Sith. La voie de l’antichambre était libre.

— Je vais voir ce qu’il y a là-bas, annonça-t-il. Vous venez ?

Nebula le regarda fixement, comme si l’émissaire de la République était devenu complètement fou.

— Vous n’êtes pas sérieux ?

— Et pourquoi donc ? C’est l’occasion pour moi d’entrer là-dedans avant tout le monde.

— Ce n’est pas tricher, ça ?

— Si c’est tricher, je ne suis pas le seul prêt à le faire. Voyez par vous-même, ajouta-t-il en saisissant Jet par l’épaule. Je dois empêcher la République d’entrer là en premier.

Le contrebandier eut un sourire dur.

— Je pense que vous vouliez dire « l’Empire », hein, l’ami ?

Ula rougit.

— Oui. Oui, bien sûr. C’est exactement ce que je voulais dire.

— Bah, de toute façon, l’émissaire Nirvin est par là-bas, et je ne crois pas qu’il trouvera à y redire maintenant.

Jet pointa un doigt vers un corps si horriblement écrasé qu’il était impossible à identifier. Ula tressaillit et détourna les yeux.

— Il n’empêche, dit-il, moi, j’y vais. Venez si vous le voulez. C’est votre affaire.

— D’accord, d’accord… mais gardez la tête baissée !

Le contrebandier essuya ses paumes sur son pantalon sali et prit la tête, comme si, en agissant ainsi, il accroissait leurs chances d’en ressortir vivants.