Chapitre 8

Ezio ignorait complètement l’heure qu’il pouvait être, mais, d’après son expérience, il savait que les attaques se produisaient généralement à l’aube, quand les victimes étaient encore confuses, les yeux embrumés de sommeil. Il pouvait s’estimer heureux que son entraînement lui ait permis, même après avoir atteint les quarante ans, de conserver la vivacité et l’agilité d’un fauve.

Une fois sur les remparts, il observa le paysage alentour. De nombreux quartiers étaient la proie des flammes. Il vit brûler l’échoppe du tailleur, ainsi que la maison d’Angelina. La fête d’anniversaire de la pauvre Claudia serait annulée ce soir-là.

Il se baissa quand un autre boulet s’écrasa contre les remparts. Pour l’amour de Dieu, avec quel type de canon leurs assaillants les attaquaient-ils ? Comment pouvaient-ils tirer et recharger aussi vite ? Et qui était derrière tout cela ?

À travers un épais nuage de fumée et de poussière, il parvint à distinguer Mario, qui venait dans sa direction, essayant d’esquiver les pans de murs qui s’écroulaient. Ezio bondit des remparts et se réceptionna non loin de lui, puis il se précipita à sa rencontre.

— Mon oncle ! Che diavolo…

Mario cracha par terre.

— Ils nous ont pris par surprise. Ce sont les Borgia !

— Fottere !

— On a sous-estimé Cesare. Ils ont dû se regrouper à l’est pendant la nuit.

— Qu’est-ce qu’il faut faire ?

— Le plus urgent, c’est de mettre les habitants de la ville à l’abri… ceux qui sont encore en vie. Il faut qu’on arrive à les contenir pendant ce temps. S’ils prennent la ville alors que la population s’y trouve encore, ils vont faire un véritable massacre : tout le monde, à Monteriggioni, est soit un Assassin, soit un de leurs complices, à leurs yeux.

— Je sais comment faire pour sortir. Laisse-moi faire.

— Bon gars. Je vais rassembler nos défenseurs pour qu’ils puissent tout donner. (Mario marqua une pause.) Attends. Attaquons-les, d’abord. Va prendre le commandement des canons, sur les remparts.

— Et toi ?

— Je vais conduire un assaut frontal. Je vais leur mener la vie dure, à ces bâtards !

— Caterina va essayer de les prendre à revers avec ses propres forces.

— Parfait. Alors, il nous reste une chance. Maintenant, presse-toi !

— Attends !

— Quoi ?

Ezio baissa d’un ton.

— Où est la Pomme ?

Il s’abstint de révéler à son oncle que les armes du Codex avaient été détruites par l’une des premières canonnades. Au fond de lui, il espérait que, par miracle, son chemin croiserait de nouveau celui de Leonardo, car il ne doutait pas que le maître de tous les arts et de toutes les sciences accepterait de les refaire, en cas de besoin. En même temps, il disposait encore de la lame secrète, et c’était un ancien maître dans l’usage des armes conventionnelles.

— Elle est en lieu sûr, le rassura Mario. Maintenant, hâte-toi. Et si tu vois que les Borgia sont sur le point de faire une brèche dans la muraille, concentre ton attention sur l’évacuation de la ville. Tu m’as bien compris ?

— Si, zio mio.

Mario posa les mains sur les épaules d’Ezio et le regarda un long moment d’un air grave.

— Notre destin n’est que partiellement entre nos mains. On n’en maîtrise qu’une petite partie. Mais n’oublie jamais, n’oublie jamais mon cher neveu que, quoi qu’il advienne de nous aujourd’hui, le doigt de Dieu est sur toute chose.

— Compris, capitano.

Il y eut un bref instant de silence entre les deux hommes, puis Mario tendit la main.

— Insieme per la vittoria !

Ezio saisit la main de son oncle et la serra avec ferveur.

— Insieme !

Tandis que Mario se retournait avant de s’éloigner, Ezio lui lança :

— Sois prudent, capitano.

Mario hocha la tête d’un air grave.

— Je ferai de mon mieux. Et toi, prends mon meilleur cheval et gagne la muraille extérieure le plus vite possible.

Il dégaina son épée et se rua sur l’ennemi en poussant un puissant cri de guerre afin de rallier ses hommes.

Ezio le suivit brièvement du regard, puis il se précipita vers l’écurie, où l’attendait le vieux palefrenier dont il avait récupéré l’animal la veille. Le gigantesque alezan était sellé et prêt à quitter l’écurie.

— Maestro Mario m’a déjà transmis ses ordres, expliqua le vieil homme. Je ne suis peut-être plus dans la fleur de l’âge, mais on ne pourra jamais m’accuser de manquer d’efficacité. Ma attenzione, ce cheval a beaucoup de caractère !

— J’ai réussi à le mettre au pas, hier. Il va apprendre à mieux me connaître, aujourd’hui.

— C’est vrai. Buona fortuna. On compte tous sur vous.

Ezio enfourcha l’animal enthousiaste et le mena jusqu’à la muraille extérieure de la ville.

Il parcourut les rues déjà dévastées. Le tailleur était mort et mutilé devant son échoppe – il n’avait jamais fait de mal à qui que ce soit –, et Angelina était en larmes devant les ruines calcinées de sa maison. Comment ne pas avoir pitié d’elle ?

La guerre. C’était aussi simple que cela. Brutale et cruelle. Féroce et puérile. Ezio était écœuré.

La liberté, la miséricorde et l’amour, les seules valeurs pour lesquelles il valait la peine de se battre. Et il s’agissait des principes fondamentaux du Credo de l’Assassin. De la Confrérie.

Sur son trajet, Ezio fut le témoin de terribles scènes de désolation. Partout où sa monture le menait, à travers la ville incendiée, régnaient la dévastation et le chaos.

— Mes enfants ! Où sont mes enfants ? criait une jeune mère de famille alors qu’il passait devant elle, impuissant.

— Prends tout ce que tu peux et partons d’ici, s’écria un homme.

— Merde, ma jambe ! Je n’ai plus de jambe ! hurla un citadin.

— On va tous se faire massacrer ! pleurèrent plusieurs personnes qui couraient au hasard, cédant à la panique.

— Je ne retrouve plus ma mère ! Maman ! Maman ! résonna la voix d’un garçonnet.

Ezio dut résister. Impossible pour lui de voler au secours de tout le monde. Il n’avait pas le temps. Mais s’il parvenait à organiser une défense efficace, il y aurait plus de vies sauvées que de perdues.

— Aiuto ! Aiuto ! implorait une adolescente assaillie par les soldats de Borgia, alors qu’ils la jetaient violemment à terre.

Ezio poursuivit sa chevauchée en serrant les dents. Il les tuerait. Il les tuerait tous, s’il en avait la possibilité. Qui était cet impitoyable Cesare Borgia ? Était-il possible qu’il soit pire que le pape ? Pouvait-il exister un Templier plus maléfique que lui ?

— De l’eau ! De l’eau ! Apportez de l’eau ! braillait désespérément un homme. Les flammes emportent tout !

— Où es-tu ? Je t’en supplie, Dieu, dis-le-moi. Où es-tu, Marcello ? scandait une femme.

Ezio poursuivit son chemin, la mâchoire crispée, mais les appels au secours résonnaient encore dans son esprit :

— Comè usciamo di qui ?

— Courez, fuyez !

Il était de plus en plus difficile de se faire entendre par-dessus le vacarme des bombardements et celui des cris, des sanglots, des appels à l’aide désespérés. Tous cherchaient le moyen de fuir la petite ville assiégée, tandis que les implacables soldats de Borgia pilonnaient la cité sans relâche.

Pitié, Dieu, faites qu’ils ne parviennent pas à creuser une brèche dans la muraille avant l’entrée en jeu de nos canons, pensa Ezio. Et même s’il entendait les explosions produites par les petits canons et les fauconneaux, qui crachaient leur mitraille sur les assaillants, il ne percevait pas encore les déflagrations des gueules les plus grosses, celles qu’il avait vues la veille, les seules capables de réduire en poussière les gigantesques tours de siège que les troupes de Borgia poussaient lentement vers les murs de la cité.

Il poussa son alezan sur la rampe qui menait aux murailles, et il mit pied à terre d’un bond quand il eut atteint le canon de trois mètres aux abords duquel il avait vu la veille le maître armurier complètement ivre. Il était ce jour-là parfaitement sobre, et il donnait des ordres aux artilleurs pour qu’ils visent une tour que des assaillants extrêmement aguerris poussaient lentement mais sûrement en direction des remparts. Ezio remarqua que son sommet était à hauteur des créneaux, en haut de la muraille.

— Les salauds, marmonna-t-il.

Mais comment quelqu’un aurait-il pu prévoir la rapidité et – même Ezio dut le reconnaître – la perfection magistrale de l’attaque ?

— Feu ! s’égosilla le maître sergent à la chevelure grisonnante qui était en charge du premier gros canon.

La pièce d’artillerie gronda et bondit en arrière, mais le boulet manqua sa cible et ne parvint à emporter qu’une rangée de planches, sur un angle du toit de la tour de siège.

— Essayez de viser les putains de tours, bande d’imbéciles ! mugit le sergent.

— Il nous faut plus de munitions, sergent !

— Alors, descendez au magasin et grouillez-vous ! Regardez ! Ils s’en prennent à la porte !

Pendant ce temps, l’autre canon rugit et cracha le tonnerre. Ezio fut ravi de voir une colonne d’envahisseurs disparaître dans une mer de sang et d’ossements.

— Rechargez ! hurla le sergent. Feu à mon commandement !

— Attendez que la tour soit plus près, ordonna Ezio, puis visez-la en bas. Ça la fera basculer. Nos arbalétriers achèveront les survivants.

— À vos ordres.

L’armurier surgit devant Ezio.

— Tu apprends vite les bonnes tactiques, lui dit-il.

— C’est l’instinct.

— Un bon instinct vaut cent hommes sur le champ de bataille, répliqua l’armurier. Mais tu as manqué l’entraînement, ce matin. C’est impardonnable.

— Et toi ? demanda Ezio.

— Allez, sourit l’armurier, il y a encore un de ces canons qui couvre le flanc gauche, et celui qui en commandait les artilleurs est mort. Un carreau d’arbalète s’est fiché dans son front. Il était mort avant d’avoir touché le sol. Tu vas le remplacer. J’ai du boulot, il faut que je m’assure qu’aucun de ces canons ne surchauffe ou se fissure.

— D’accord.

— Mais fais attention où tu vises. Les troupes de ta maîtresse sont en train de se battre avec celles des Borgia. Il vaudrait mieux éviter de leur tirer dessus.

— Quelle maîtresse ?

L’armurier lui fit un clin d’œil.

— Pas avec moi, Ezio. C’est une toute petite ville, ici.

Ezio se dirigea vers le second gros canon. Un artilleur était en train de le refroidir avec une éponge après qu’il eut tiré, tandis qu’un autre était en train de le charger par la gueule de poudre tassée et d’un boulet de fer de vingt-cinq kilos. Un troisième homme préparait la mèche lente, l’allumant par les deux bouts au cas où l’une de ses extrémités s’éteindrait accidentellement au moment de la mise à feu.

— Allons-y, dit Ezio en approchant.

— Signore !

Il observa le champ, de l’autre côté du mur. L’herbe était maculée de sang, et les cadavres disséminés au milieu des gerbes de blé. Il distinguait les livrées jaune, noir et bleu des hommes de Caterina mêlées aux tabards pourpre et or de ceux des Borgia.

— Occupez-vous de ces groupes plus réduits avec les canons les plus petits. Dites-leur de viser les pourpre et or, ordonna-t-il sèchement. Et pointez-moi celui-ci vers la tour de siège, là-bas. Elle est un peu trop près à mon goût ; il faut l’abattre.

Les artilleurs firent pivoter le canon et en abaissèrent le fût pour le pointer sur la base de la tour, qui ne se trouvait plus désormais qu’à une cinquantaine de mètres de la muraille.

Ezio était occupé à diriger la manœuvre quand un petit canon qui se trouvait non loin fut touché. Il explosa, projetant du bronze en fusion dans toutes les directions. L’artilleur d’Ezio, qui se tenait à quelques centimètres de lui, eut la tête et les épaules criblées d’éclats. Le bras arraché, il s’écroula aussitôt, vomissant du sang comme une fontaine. Ezio bondit pour prendre sa place, écœuré par la soudaine odeur âcre de viande grillée.

— Gardez votre calme, cria-t-il au reste de l’équipe. (Il regarda dans le viseur du canon en plissant les yeux.) En joue… et… feu !

Le canon gronda, et Ezio bondit sur le côté tout en regardant le boulet heurter le pied de la tour. Est-ce qu’un seul tir suffirait ? La tour vacilla dangereusement, sembla se stabiliser, puis – miracle ! –, elle s’effondra, comme au ralenti, certains de ses occupants se faisant éjecter tandis que les autres étaient broyés. Les hurlements des mulets blessés qui la tiraient s’ajoutèrent à la cacophonie des cris de panique et de douleur… le lot de toute bataille. Ezio observa les troupes de Caterina se mettre rapidement en place pour achever les blessés, perplexe. Elle avait pris la tête de ses hommes, sa cuirasse étincelant dans la lumière froide du soleil. Ezio la vit plonger son épée dans l’œil d’un capitaine de Borgia et lui transpercer la boîte crânienne. Le soldat fut agité de spasmes durant un long moment.

Mais il n’était pas temps de savourer son triomphe, ou de se reposer sur ses lauriers. En jetant un coup d’œil par-dessus les remparts, Ezio vit que les troupes de Borgia étaient en train d’apporter d’imposants béliers devant la porte principale et, en même temps, il entendit le cri d’avertissement de Caterina. On enverra mille hommes à Forlì pour l’aider à combattre ce bâtard de Cesare, se dit-il.

— S’ils arrivent à passer, ils vont tous nous massacrer, dit une voix derrière lui.

Il se retourna et vit le vieux maître sergent. Il avait perdu son casque et du sang suintait d’une vilaine blessure à la tête.

— Il faut évacuer la population. Maintenant !

— Y en a qui ont déjà réussi à partir, et ce sont les plus faibles qui sont bloqués ici.

— Je m’en occupe, dit Ezio en se souvenant de l’avertissement de Mario. Remplace-moi, Ruggiero. Regarde ! Là-bas ! Ils ont amené une tour près des remparts ! Leurs hommes envahissent la muraille ! Envoie des soldats avant qu’ils nous débordent.

— À vos ordres !

Et le sergent s’éclipsa en braillant ses instructions, à la tête d’un peloton qui se rallia rapidement à son commandement et qui, en quelques secondes seulement, se retrouva aux prises avec les redoutables mercenaires de Borgia.

Ezio, l’épée au clair, se taillant un chemin à travers les troupes ennemies, parvint à regagner les rues de la cité. Aussitôt après avoir regroupé des hommes de Caterina qui avaient été contraints de se replier en ville quand le cours de la bataille avait commencé à tourner en faveur de l’armée de Borgia, il fit de son mieux pour rassembler les plus vulnérables et les conduire en lieu plus ou moins sûr, à la citadelle. Alors qu’il finissait d’accomplir sa tâche, Caterina le rejoignit.

— Comment ça se passe ? lui demanda-t-il.

— Les nouvelles sont loin d’être bonnes, répondit-elle. Ils ont réussi à abattre la porte principale. Ils s’introduisent dans la ville.

— Il n’y a pas une minute à perdre, alors. Il faut battre en retraite à la citadelle.

— Je vais rassembler le reste de mes hommes.

— Reviens vite. Tu as vu Mario ?

— Il se battait à l’extérieur des murs.

— Et les autres ?

— Ta mère et ta sœur sont déjà dans la citadelle. Elles ont guidé les fuyards dans les galeries qui mènent au nord, au-delà des murs, en lieu sûr.

— Bien. Il faut que j’aille les retrouver. Rejoins-nous dès que possible. Il va falloir se replier.

— Pas de quartiers ! brailla un sergent de Borgia en surgissant à l’angle d’une rue, à la tête d’une petite troupe de soldats.

Ils brandissaient tous des épées ensanglantées, et l’un d’eux tenait une pique au sommet de laquelle il avait enfoncé la tête d’une fille. Ezio eut du mal à déglutir quand il en reconnut le visage. C’était celui d’Angelina. Il fondit sur les soldats ennemis en poussant un rugissement. Seul contre six, cela ne lui posa aucun problème. À coups de taille et d’estoc, en quelques secondes, il se retrouva, à bout de souffle, au centre d’un cercle de mutilés et de moribonds.

Le sang lui brouillait la vue. Caterina n’était plus là. Il avait le visage recouvert de sueur, de sang et de crasse ; il s’essuya en rebroussant chemin vers la citadelle, avant de demander aux hommes qui en gardaient la porte de n’ouvrir qu’à Mario et à Caterina. Il se dirigea vers le sommet de la tour intérieur et contempla la cité à feu et à sang.

Mis à part le crépitement des flammes et les gémissements isolés des blessés et des mourants, un calme inquiétant régnait sur la ville.

Oliver Bowden
titlepage.xhtml
Oliver_Bowden_split_000.html
Oliver_Bowden_split_001.html
Oliver_Bowden_split_002.html
Oliver_Bowden_split_003.html
Oliver_Bowden_split_004.html
Oliver_Bowden_split_005.html
Oliver_Bowden_split_006.html
Oliver_Bowden_split_007.html
Oliver_Bowden_split_008.html
Oliver_Bowden_split_009.html
Oliver_Bowden_split_010.html
Oliver_Bowden_split_011.html
Oliver_Bowden_split_012.html
Oliver_Bowden_split_013.html
Oliver_Bowden_split_014.html
Oliver_Bowden_split_015.html
Oliver_Bowden_split_016.html
Oliver_Bowden_split_017.html
Oliver_Bowden_split_018.html
Oliver_Bowden_split_019.html
Oliver_Bowden_split_020.html
Oliver_Bowden_split_021.html
Oliver_Bowden_split_022.html
Oliver_Bowden_split_023.html
Oliver_Bowden_split_024.html
Oliver_Bowden_split_025.html
Oliver_Bowden_split_026.html
Oliver_Bowden_split_027.html
Oliver_Bowden_split_028.html
Oliver_Bowden_split_029.html
Oliver_Bowden_split_030.html
Oliver_Bowden_split_031.html
Oliver_Bowden_split_032.html
Oliver_Bowden_split_033.html
Oliver_Bowden_split_034.html
Oliver_Bowden_split_035.html
Oliver_Bowden_split_036.html
Oliver_Bowden_split_037.html
Oliver_Bowden_split_038.html
Oliver_Bowden_split_039.html
Oliver_Bowden_split_040.html
Oliver_Bowden_split_041.html
Oliver_Bowden_split_042.html
Oliver_Bowden_split_043.html
Oliver_Bowden_split_044.html
Oliver_Bowden_split_045.html
Oliver_Bowden_split_046.html
Oliver_Bowden_split_047.html
Oliver_Bowden_split_048.html
Oliver_Bowden_split_049.html
Oliver_Bowden_split_050.html
Oliver_Bowden_split_051.html
Oliver_Bowden_split_052.html
Oliver_Bowden_split_053.html
Oliver_Bowden_split_054.html
Oliver_Bowden_split_055.html
Oliver_Bowden_split_056.html
Oliver_Bowden_split_057.html
Oliver_Bowden_split_058.html
Oliver_Bowden_split_059.html
Oliver_Bowden_split_060.html
Oliver_Bowden_split_061.html
Oliver_Bowden_split_062.html
Oliver_Bowden_split_063.html
Oliver_Bowden_split_064.html
Oliver_Bowden_split_065.html
Oliver_Bowden_split_066.html
Oliver_Bowden_split_067.html
Oliver_Bowden_split_068.html
Oliver_Bowden_split_069.html
Oliver_Bowden_split_070.html
Oliver_Bowden_split_071.html
Oliver_Bowden_split_072.html
Oliver_Bowden_split_073.html
Oliver_Bowden_split_074.html
Oliver_Bowden_split_075.html
Oliver_Bowden_split_076.html
Oliver_Bowden_split_077.html