L'adresse et la ténacité que nous avions déployées pendant près de quatre mois, nous avaient acquis une position telle que les Anglais ne pouvaient nous débusquer de Toudjourrah, mais ils arrêtaient pour longtemps notre voyage dans l'intérieur. On s'attendait de jour en jour à voir arriver l'ambassadeur de la Compagnie des Indes, accompagné de son nombreux personnel et de vingt-cinq soldats anglais qui devaient lui servir d'escorte jusqu'en Chawa; et la grande caravane était prête à partir dès l'arrivée de tout ce monde. Comme ressource dernière, nous aurions pu tenter de nous attacher à suivre cette caravane; mais c'eût été aux dépens de notre dignité. Vis-à-vis des indigènes, il nous était permis de nous résoudre à composer avec les habitudes conformes à notre éducation, mais en face d'Européens comme nous, et d'Européens hostiles, nos susceptibilités nationales se réveillaient plus vives. L'ambassadeur anglais, entouré d'un nombreux personnel, muni de cadeaux princiers, disposant de l'autorité de Toudjourrah, appuyé de vaisseaux de guerre, marchant enfin sur une route aplanie de longue main par l'influence et l'argent du capitaine Heines, ne devait pas manquer d'avoir aux yeux des indigènes une supériorité écrasante sur deux voyageurs isolés dont l'un était souffrant, et qui, avec leurs modestes ressources personnelles, s'efforçaient de se frayer leur route. En conséquence, nous dûmes nous résigner à abandonner une position que nous avions cependant eu tant de peine à conquérir.

Quand on songe à la conduite du chef de la colonie d'Aden à notre égard, elle semble se concilier difficilement avec les habitudes et la grande figure que la nation anglaise fait en Europe. Mais trop souvent dans leurs établissements lointains les nations européennes, en vue de quelque avantage commercial ou politique, ont ouvertement foulé aux pieds les notions élémentaires d'humanité, de justice et de morale que, par respect pour la conscience de leurs concitoyens ou par crainte des jugements de nations rivales, elles n'eussent osé violer dans notre hémisphère; et l'histoire des colonies européennes en Afrique et en Amérique offre des exemples d'iniquité bien autrement déplorables que la persécution dont nous étions les victimes à Toudjourrah. Aujourd'hui, grâce aux communications plus fréquentes des peuples, grâce surtout à ce qu'une plus grande publicité éclaire leurs actions, le champ de l'arbitraire tend à se rétrécir. Mais il est difficile de se soustraire complétement aux effets de précédents mauvais. De même que le bien, le mal a son enchaînement; et à l'époque dont je parle, un gouverneur peu scrupuleux pouvait encore réveiller contre nous avec impunité des traditions politiques aujourd'hui désavouées.

Du reste, dans les établissements anglais de l'Inde, l'opinion publique se prononça énergiquement en notre faveur; des journalistes ne craignirent pas de prendre notre défense, et lorsque plusieurs années après, je me trouvai au Caire, des employés militaires et civils de la Compagnie des Indes, de passage en Égypte, sont venus me féliciter de mon retour et me dire combien leurs compatriotes avaient désapprouvé les mesures prises contre nous. Je n'attendais point ces témoignages pour revenir à la juste appréciation de la loyauté des citoyens anglais; et si je rappelle la conduite du capitaine Heines, c'est bien moins pour attacher le blâme à son nom, que pour donner à comprendre quels sentiments pénibles devaient nous oppresser, lorsqu'à Berberah et à Toudjourrah, nous songions qu'à quelques lieues de l'autre côté du golfe, des hommes élevés dans les mêmes principes que nous, au lieu de nous aider dans notre voyage, employaient tous les moyens que leur fournissait une position supérieure pour nous empêcher de l'accomplir. Nous au moins, nous avions été assez heureux pour user ces persécutions par quelques mois de privations et de déboires; mais d'autres Européens, comme nous voyageurs pour la science, en ont subi plus tard les conséquences malheureuses. Quatre officiers de l'armée indienne, désignés par leur mérite, sont partis, en 1855, par ordre de la Compagnie des Indes pour pénétrer dans le royaume de Harar; un navire de guerre les avait à peine débarqués à Berberah, que les Somaulis en tuèrent un et en blessèrent grièvement deux autres, qui, grâce à l'obscurité, parvinrent heureusement à regagner leur bâtiment. Les Somaulis ont des rapports journaliers avec les autorités anglaises d'Aden, mais dès qu'il a été question d'un voyage dans l'intérieur de leur pays, ils ont, pour satisfaire leur aversion contre les Européens, ressuscité les arguments dont le capitaine Heines s'était servi contre nous.

Avant de quitter Toudjourrah, nous pensâmes qu'il convenait d'informer Sahala Sillassé de nos tentatives pour arriver jusqu'à lui, des causes qui les avaient rendues infructueuses, ainsi que de l'arrivée prochaine dans ses États de l'ambassade anglaise et des mobiles qu'elle pouvait avoir.

Prévoyant que les agents anglais chercheraient à arrêter ma lettre, mon frère en fit cinq copies que nous donnâmes à cinq messagers différents. Effectivement, deux de nos messagers se laissèrent séduire par nos rivaux, et deux exemplaires tombèrent entre leurs mains; mais les trois autres sont parvenus sous les yeux de Sahala Sillassé, et l'insuccès complet de l'ambassade du capitaine Harris nous a donné satisfaction.

Quand j'appris au Sultan que nous allions quitter Toudjourrah, il me témoigna son contentement de me voir partir, et ne put s'empêcher de m'avouer qu'il était malheureusement à la solde des Anglais, et que ni lui ni ses compatriotes n'étaient plus les maîtres chez eux; et comme il ne se trouvait pas de barque libre, sur-le-champ, il nous en nolisa une d'autorité. Le vieux Saber était tout triste.

—Va, mon fils, me dit-il. À choisir, j'aimerais mieux votre position que celle de tous ces gens; et il y a ici plus d'un honnête musulman qui pense comme moi. J'espère vivre assez pour pouvoir passer la mer et me retirer dans le pays de mes pères, où l'hospitalité et le culte des aïeux sont encore pratiqués. Va; qu'Allah te guide! Respecte les vieillards comme tu l'as fait en moi; et la terre reverdira sous tes pas.

En parlant ainsi, il m'accompagna jusque loin de sa maison; il dut s'asseoir sur une pierre pour se reposer; et je m'éloignai de lui pour toujours.

Dès que les effets furent embarqués, les partisans du Sultan manifestèrent leur joie; les hommes du parti contraire restèrent dans leurs maisons, et je fis parmi eux ma tournée d'adieu. Deux hommes seulement eurent le courage de nous faire la conduite jusqu'à notre barque.

Les plateaux de la haute Éthiopie, dont l'accès se hérissait pour nous de difficultés, devinrent à mes yeux comme une terre promise. Le serment qui me liait au Dedjadj Birro m'incitait à de nouveaux efforts; et avec l'énergie et l'abnégation que donne l'âge où nous étions, nous décidâmes de tout effronter, plutôt que de renoncer à notre entreprise. Je proposai cependant à mon frère de rentrer en France pour y rétablir sa vue, mais il ne voulut rien entendre, et me répondit que dût-il se faire conduire et sonder le terrain avec un bâton, il marcherait devant lui.

Nous mîmes à la voile le 12 mai 1841. Un fort vent du sud nous fit franchir le détroit de Bab-el-Mandeb; et quatre jours après, nous abordions à Hodeydah, dans l'Yémen.

FIN DU PREMIER VOLUME.

NOTE I.

Les érudits se sont appliqués à chercher la raison des épithètes latines togatus et palliatus, appliquées, celle-ci pour désigner un Grec, celle-là un Romain. Ils se sont arrêtés à l'idée que la toge différait du pallium, en ce qu'elle était échancrée et ronde comme le manteau espagnol, tandis que le pallium était rectangulaire et moins ample d'étoffe. Je ne puis le croire, par la raison que les Éthiopiens reproduisent habituellement, au moyen de leur toge, toujours rectangulaire, presque tous les genres de draperie que représentent les bas-reliefs antiques tant Romains que Grecs; quant à la qualité d'ampleur, elle me paraît s'appliquer, toujours d'après les bas-reliefs, tantôt aux Grecs et tantôt aux Romains, comme aussi dépendre du rang ou de l'occupation du personnage représenté. Les Éthiopiens de quelques provinces emploient des épithètes analogues aux épithètes latines qui nous occupent, pour désigner les habitants de telle ou telle autre province, dont la toge est légèrement différente de la leur; et, dans leur esprit, ces épithètes impliquent une nuance d'hostilité ou de dédain.

Les noms de toga, togula, chlamis ou manteau des Grecs et des empereurs romains; de sagum et de sagulum, vêtement des soldats; de tribon, vêtement des Spartiates et des philosophes stoïciens; de diploïs ou pallium de grande dimension et de semi-diploïs, pallium porté en double; de pallium et de scutulatus, toges à dessins, d'encomboma, caracalla, ou lacerna, et pœnula peut-être; de paludamentum, vêtement des officiers romains; le peplum des Grecs et la palla des femmes romaines; le caliptra; l'endromis, de manufacture gauloise, porté surtout après les exercices du stade; l'exomis, le limus, le flammenna; les cyclas, suffibulum, tunico-pallium, tunicula, epomis, etc., ainsi que leurs représentations plastiques ou picturesques et leurs définitions, me paraissent correspondre à de nombreux termes éthiopiens équivalents, et servant à désigner tantôt des façons spéciales de se draper, tantôt, des pièces d'étoffe toujours rectangulaires, quelquefois de qualités ou de dimensions diverses, et comprises toutes sous le nom générique de toge.

L'exomis, par exemple, sorte de vêtement porté, nous dit-on, dans l'antiquité par ceux dont les occupations demandaient une activité continue, tels que paysans, artisans et chasseurs, et que les artistes donnent à Vulcain, à Caron et aux amazones, est décrit par les antiquaires comme une espèce de tunique romaine d'origine grecque; il se retrouve en Éthiopie chez les esclaves, les laboureurs, les chasseurs et les pauvres, qui le forment en un clin d'œil en fixant autour des reins une toge à deux lés ou même à trois par un de ses pans ou par une corde. Comme dans les bas-reliefs antiques, l'éthiopien, vêtu de la sorte, a l'épaule droite, le bras et la poitrine à découvert; son travail terminé, en un tour de main, il défait cet ajustement et se drape dans sa toge: il ressemble alors, si sa toge est de petite dimension, aux statues de la villa Borghese, drapées dans le tribon, qui était porté, selon les érudits, par les Spartiates et surtout par les philosophes des sectes stoïciennes et cyniques, comme marque de la simplicité et de l'austérité de leur vie. Dans quelques œuvres d'art grec, l'exomis est représenté comme étant fait en peau: c'est le vêtement ordinaire du laboureur éthiopien.

La chlamide, regardée comme le manteau national des Grecs et dont la forme a tant exercé la sagacité des érudits, se retrouve en Éthiopie sur les soldats et le paysan en marche, l'enfant occupé à jouer ou l'homme à cheval. Ce vêtement n'est autre qu'un mode de draper la toge de dimension moyenne. Les Grecs et les Romains fixaient ce vêtement au moyen d'une fibule ou broche; les Éthiopiens s'en passent et n'en figurent pas moins les représentations de la chlamide antique. Si, à cheval surtout, les pans de leur toge sont trop courts, ils la fixent au moyen d'une longue épine en guise de broche. De même que chez les anciens, les chasseurs, les voyageurs ou les cavaliers portent leur toge en chlamide, comme est représenté l'Apollon du Belvédère.

Le caracalla ou lacerna et le paludamentum des Romains, ainsi que l'amicula me paraissent aussi n'être que des pièces rectangulaires dont on se drape différemment selon la commodité de leurs dimensions ou l'occupation qui se présente.

L'espèce de tunique dite encomboma me paraît, d'après les figures antiques, n'avoir été qu'une petite toge que les jeunes filles et les esclaves grecques fixaient aux hanches, de façon à dévêtir le haut du corps et pour que, selon Varron, leur tunique restât propre. Les enfants, les esclaves et les adolescents éthiopiens des deux sexes ajustent souvent leur toge de cette façon lorsqu'ils sont en service devant leur maître.

Pareillement de la tunicula et de nombreuses appellations de vêtements antiques, dont, au moyen de pièces d'étoffe rectangulaires, il est aisé de reproduire l'aspect et les formes.

La toga restricta des Romains a une dénomination en éthiopien qui sert à désigner une toge très-petite; de même pour la toga fusa ou toge ample, celle qui prévalut dans le siècle d'Auguste et sous les Empereurs, et qui prévalait à la cour des Empereurs éthiopiens; c'est cette espèce de toge que Quintilien qualifie de rotunda et dont les amples draperies telles qu'elles sont représentées sur les deux statues de la villa Pamphili et de la villa Médicis, sont reproduites exactement par la toge des habitants du Chawa et de quelques provinces ilmormas.

À Gondar, les vieillards se rappellent encore une toge ornée de dessins de diverses couleurs tissés dans l'étoffe; cette toge me paraît être l'équivalent de la toga picta dite aussi capitolina ou palmata qu'on voit sur les diptyques consulaires des derniers temps de Rome, portée primitivement par le consul à son triomphe; en Éthiopie, elle était réservée à l'empereur et à quelques-uns de ses plus hauts dignitaires. Tombée aujourd'hui en désuétude dans les provinces chrétiennes, elle n'est plus en usage que chez les Ilmormas du Sud, voisins du royaume de Kaffa, dont les habitants, séparés actuellement de leurs anciens souverains, les Empereurs d'Éthiopie, ont conservé ce vêtement traditionnel.

Les Ilmormas ont une toge ornée seulement d'une large raie ou bande de couleur, courant perpendiculairement le long de la toge, et rappelant le clavus latus ou laticlave, privilége exclusif des sénateurs romains. Les Ilmormas ne revêtent cette espèce de toge que si elle leur a été conférée par un de leurs rois. Ils ont aussi une toge ornée de limbes horizontaux comme la trabée des consuls et des rois du Latium; ce vêtement n'est porté que par les chefs à peu près indépendants.

La toge d'honneur ou de cérémonie, en usage aujourd'hui dans les provinces chrétiennes de l'Éthiopie, et dont le liteau en soie est tessellé, paraît correspondre au scutulatus antique.

La pœnula ou manteau en laine, quelquefois en cuir ou en peau, servant, selon les antiquaires, aux Romains en voyage, en remplacement de la toge et portée également en ville par les deux sexes contre le froid et la pluie, jusqu'à ce que Alexandre Sévère l'eût interdit aux femmes des cités, a son analogue en Éthiopie, tant par sa forme et sa matière que par la manière dont elle est portée. Les représentations plastiques de la pœnula me donnent à croire que sous la République ce manteau n'était autre que celui qu'on retrouve en Éthiopie, c'est-à-dire une pièce d'étoffe rectangulaire facile à disposer comme nous la représentent les statues et les bas-reliefs romains; ou bien un stragulum ou pièce de cuir ou de peau rectangulaire, que les Éthiopiens emploient habituellement comme tapis pour dormir et dont ils font souvent un manteau pendant les pluies d'hiver. Lorsque l'étoffe est trop restreinte pour que l'on puisse en arrêter la disposition dans la forme de la pœnula, ils y obviennent au moyen d'une épine ou d'un lacet volant. Il est très-possible que vers la fin de la république romaine, ce vêtement soit devenu un vestimentum clausum ou vêtement de forme précise; diverses autres parties du costume romain subissaient déjà le régime du ciseau et de l'aiguille. La locution scindere pœnulam, employée par Cicéron et d'autres auteurs, scinder, diviser la pœnula, pour signifier insister auprès d'un voyageur pour qu'il reste chez vous, veut dire transformer la pœnula en toge, et s'explique par cette considération que jusqu'à cette époque, beaucoup d'amictus ou vêtements de dessus, consistaient en pièces d'étoffe rectangulaires qu'on pliait de différentes façons et qu'on fixait au corps au moyen de broches ou d'attaches rudimentaires, ne constituant point des formes irrévocables. Le piéton éthiopien en voyage ajustera sa toge non-seulement en pœnula, mais en chlamis, en diploïs ou en autre forme propre à lui laisser la commodité de ses mouvements. Si les dimensions de sa toge rendent telle ou telle disposition peu stable et qu'il ait quelque raison d'y tenir, tout en marchant, il la ramènera à la disposition voulue, il ne lui viendra pas à l'idée pour maintenir son vêtement de le faufiler, soit effet de son habitude de le maîtriser sans cela, soit parce que l'étoffe en est telle que les points laisseraient leur trace quand il voudrait s'en servir comme de toge. Si sa toge est en laine, par la raison que ce tissu est moins adhérent et que la trame ne conserve presque pas les traces d'une décousure, comme il n'a point de broche, il choisit une épine dans un buisson voisin; il fait deux trous dans l'étoffe et y passe un lacet que le soir, en arrivant à sa couchée, il retirera pour déployer sa toge et s'en envelopper pour dormir.

Les Éthiopiens fabriquent un vêtement grossier en laine bège, d'une seule pièce souvent, toujours rectangulaire et moins ample que la toge ordinaire. Les cavaliers aisés le mettent par dessus leur toge pendant les campagnes d'hiver, rappelant alors le lacerna des chevaliers romains; les soldats auxiliaires pauvres le portent au lieu de toge et se drapent de façon à représenter exactement le sagum ou sayon du licteur romain, ou l'abolla des militaires et des philosophes stoïciens; parfois ils le fixent à l'épaule au moyen d'une épine ou d'un lacet, tel qu'on le voit sur les épaules des Sarmates de la colonne Trajane. Comme dans l'antiquité grecque et romaine, ce vêtement remplace la toge pour le paysan, et sert également à tous dans les moments de grande affliction, de deuil, de grave désordre civil ou d'invasion à main armée. Ce vêtement, un peu plus ample, me paraît être le même que la toga pulla fait en laine noire bège, vêtement de deuil des Romains, porté par les artisans, les hommes des basses classes, et qui est appliqué aux mêmes usages par les Éthiopiens.

Les Éthiopiens rappellent à chaque instant par l'usage qu'ils font de la toge les costumes et les mœurs des Étrusques, des Grecs et des Romains; souvent même leurs locutions sont semblables aux locutions latines: celle de brachium veste continere, par exemple, adoptée par les traducteurs comme indiquant une certaine façon des orateurs antiques de se draper, rend exactement celle qui désigne en Éthiopie la façon dont les professeurs se drapent souvent lorsqu'ils enseignent la théologie, ou celle des orateurs en présence de leurs pairs. Ceux qui parlent devant les supérieurs ou devant les juges ajustent leurs toges d'une façon différente, semblable à celle que les antiquaires désignent sous le nom de cinctus gabinus et qui est représentée dans le Virgile du Vatican. De même des expressions sinus laxus, sinus brevis, expapillatus, pour celui dont la mamelle est découverte, et des épithètes cinctus, præcinctus et succinctus, pour indiquer un homme actif, éveillé, sur ses gardes ou diligent: les adjectifs éthiopiens étant dans les mêmes rapports avec leurs racines que les adjectifs latins.

J'ai entendu maintes fois en éthiopien une expression presque identique à celle de Macrobe relativement à César: Ut trahendo laciniam velut mollis incederet, etc.; ainsi qu'à celle-ci: Cave tibi illum puerum male præcinctum, dont Scylla se servait au sujet de Pompée. L'empereur Caïus, dit Suétone, transporté de jalousie par les applaudissements qu'on donnait à un gladiateur, sortit du théâtre en si grand'hâte, ut calcata lacinia togæ præceps per gradus iret; j'ai vu maintes fois des Éthiopiens, bouleversés par quelque émotion, se comporter de façon à se rendre applicable la description de l'auteur latin. Avant de se précipiter sur Tib. Gracchus, Scipion Nasica s'enveloppa le bras gauche d'un pan de sa toge, en guise de bouclier; Alcibiade mourut en combattant et en se servant, en guise de bouclier, de sa toge enroulée sur le bras gauche; l'Éthiopien agit de même lorsqu'il manque de bouclier; et comme le rapporte Xénophon pour les hommes de son temps, il arrive souvent aux chasseurs éthiopiens d'enrouler leur toge autour de l'avant-bras gauche au moment d'attaquer quelque animal sauvage, lorsqu'ils ne l'entourent pas autour de leur ceinture, comme la Diane chasseresse du Vatican. Selon Plaute, la lacinia, ou pan de la toge, servait de mouchoir; et soit dit à leur discrédit peut-être, les Éthiopiens l'appliquent au même usage. Ils ont aussi une expression correspondant exactement, jusque par sa racine, au mot latin: alticinctus, pour désigner celui qui a disposé sa toge de façon à ce qu'elle atteigne à peine le genou; comme à Rome, ce mode de vêtement est souvent adopté par les artisans, les paysans et ceux qui font un exercice violent. Les Romains appliquaient l'épithète nudus ou nu à l'homme sans toge, quoiqu'il fût vêtu de l'inductus ou vêtement de dessous; les Éthiopiens disent également d'un homme, dans ces circonstances, qu'il est nu. Les Romains indiquaient quelquefois l'homme des basses classes par l'épithète de tunicatus, par opposition à togatus, parce que, pour la commodité de ses travaux, le manouvrier se bornait à la tunique, tandis que l'homme aisé restait drapé dans sa toge; les Éthiopiens désignent quelquefois l'homme affranchi des travaux manuels par une épithète correspondant à togatus. Les expressions latines in sago esse ont leur analogue en éthiopien, et indiquent qu'une personne est dans les alarmes ou dans l'affliction.

NOTE II.

De même que les hommes ajustent leur toge ou une autre pièce d'étoffe rectangulaire de manière à reproduire les divers aspects des vêtements étrusques, grecs et romains, dont les dénominations diverses ont donné à croire à autant de vêtements différents, les femmes ajustent leur toge selon son ampleur, sa finesse ou selon l'occurrence, de façon à reproduire tour à tour exactement les formes et jusqu'aux plis du cyclas, du caliptra, du vica, du vicinium, de l'épomis, de l'exomis, du chiton, du diploïs, du semi-diploïs, de la palla, etc. Ainsi, l'épomis, vêtement attaché au-dessus de chaque épaule à l'articulation de la clavicule, arrêté à la taille par une ceinture et descendant jusqu'aux deux tiers de la cuisse, a été pris pour une tunique. Les jeunes filles éthiopiennes pauvres travaillant aux champs, et quelquefois les chasseurs ou les pâtres, reproduisent ce vêtement au moyen d'une togule, de façon à imiter exactement celui de la statue de Diane de la villa Pamphili. Quant à l'exomis, il ne me semble différer de l'épomis qu'en ce qu'il n'a d'attache ou d'agrafe que sur une épaule, et il me paraît être le même vêtement que le σχιστος χιτων ou chiton dorien qui, au dire de Clément d'Alexandrie, atteignait à peine le genou et était fendu sur un côté de façon à permettre la liberté des mouvements. Les jeunes paysannes éthiopiennes ajustent leur togule de cette façon lorsqu'elles vont au bois ou à d'autres travaux exigeant la liberté de leurs membres, imitant ainsi le chiton porté par les amazones, selon les antiquaires. Le diploïs et le semi-diploïs ont aussi causé de l'embarras aux archéologues; les uns ont supposé qu'ils consistaient en un mantelet mis par dessus le chiton, et en ont fait, par conséquent, un amictus; d'autres ont avancé que c'était seulement la partie supérieure du vêtement formant le chiton. Selon moi, ces derniers auraient raison; les femmes éthiopiennes des classes inférieures, les jeunes filles de service à l'intérieur, reproduisent cette forme de vêtement au moyen de leur toge, avec ou sans le secours d'une ceinture.

Selon la façon dont elles disposent leur stole, elles reproduisent les formes de la stole traînante de la matrone romaine, mais sans l'appendice qu'on attribue à ce vêtement; ou bien une tunique dépassant à peine le genou. Quelquefois elles passent un bras et une épaule hors de l'encolure et l'autre bras dans la manche et troussant court le corps de la tunique, elles la font ressembler à une petite toge adaptée en exomis. Leur tunique semble être la tunica talaris des colonies ioniennes, portée également en Grèce et à Rome. De même que les Romains, les Éthiopiens regardent ce vêtement comme indigne d'un homme.

TABLE DES MATIÈRES.

Chapitre I.—De Kéneh à Gondar

Départ de Kéneh.—Le père Sapeto s'adjoint à l'expédition. Kouçayr.—Issah, agent consulaire de France à Kouçayr.—Querelle avec des pèlerins maugrebins.—Djeddah.—Moussawa.—Aïdine Aga, gouverneur.—Son autorité.—Le Naïb de Dohono.—Départ pour l'intérieur.—Halaïe.—Arrivée à Adwa.—Expulsion des missionnaires protestants.—Visite au Dedjadj Oubié.—Permission pour le P. Sapeto de rester en Tegraïe et pour mon frère d'entrer dans le pays.—Retour à Halaïe.—Les saisons interverties.—Droits de passage.—Réclamation injuste de Blata Guébraïe.—Détention à Maïe-Ouraïe.—Évasion nocturne—Retour à Adwa.—Camp du Dedjadj Oubié.—Lit de justice.—Départ pour Gondar.—Le Lik Atskou.—Renseignements sur les sources du fleuve Blanc.—Hivernage à Gondar.—M. Dufey.

Chapitre II.—Types et costumes

Portrait physique de l'Éthiopien.—Son origine.—Identité des vêtements éthiopiens, grecs et romains.—Différentes façons de draper la toge.—Pèlerine.—Mesures éthiopiennes.—Chevelure, coiffure, barbe.—Cordon de chrétienté, amulettes, anneaux.—Habillement des femmes.—Habillement des enfants.—Costume des ecclésiastiques.

Chapitre III.—Aperçu géographique, ethnologique et historique.—L'ancien empire

Le Palais impérial.—Visite à l'Atsé ou Empereur Sahala Dinguil et à l'Impératrice.—Base géographique de l'ancien empire d'Éthiopie.—Étymologie du mot Abyssinie.—Configuration du pays.—Deugas, Kouallas, Woïna-Deugas.—Productions.—Différences physiques et morales entre les habitants d'altitudes diverses.—La famille en Éthiopie.—La Féodalité.—Coutumes et loi écrite.—Lutte entre les Empereurs et les communes.—Origine de l'Empire.—Ménilek.—Diverses capitales.—Conversion du pays au christianisme.—Juifs ou Fellachas.—L'Atsé et ses droits.—Les Likaoutes et les Azzages.—Constitution de la propriété foncière.—Organisation judiciaire.—Droits de la femme.

Chapitre IV.—Causes de la chute de l'empire.—Démembrement du pouvoir impérial.—Gondar

Introduction des Pandectes et des Institutes de Justinien.—Les clercs.—Empiètements des Empereurs.—Les Polémarques suivent leur exemple.—Affaiblissement de la famille.—Abolition de la loi salique.—Désunion de la famille impériale.—Corruption de l'idée de propriété.—Invasion de Ahmed Gragne.—Plusieurs provinces s'affranchissent.—Guerre civile.—Les soldats.—Le droit d'hébergement.—Les religieux.—Gouvernement du Ras Bitwodded.—Le Bégamdir et Ali-le-Grand.—Le Ras Gouksa.—Sa politique.—Son ban célèbre.—État de la noblesse, des cultivateurs, des polémarques, des agnats et des cognats de la famille impériale.—Superstition du peuple en faveur de l'Atsé Sahala Dinguil.—Gondar.—Division en quartiers.—Autorités diverses.—Population, température, caractère et mœurs.

Chapitre V.—Le roi du Chawa.—Dabra Tabor.—La Waïzoro Manann.—Le Ras Ali

Les envoyés de Sahala Sillassé, Polémarque du Chawa.—Politique de ce prince.—Bruits de guerre.—Message du Dedjadj Gabrou, frère du Dedjadj Conefo.—Sa maladie; sa mort.—Le Dedjadj Imam, frère du Ras Ali vient à Gondar.—Opinion du Lik Atskou sur les gouverneurs de son pays.—La Waïzoro Manann et le Dedjadj Oubié.—Politique de la Haute-Éthiopie.—Principaux feudataires du Ras.—Les Dedjazmatchs Farès Aligaz, Guoscho et Conefo.—Arrivée à Dabra Tabor.—Visite à la Waïzoro Manann.—Visite au Ras Ali.—Jeu de mail.—Bruits de guerre contre Oubié, Farès Aligaz ou Guoscho.—Retour à Gondar.

Chapitre VI.—Le Dedjadj Guoscho.—Adieux au Lik Atskou.—Sources du fleuve Bleu.—Arrivée à Dambatcha

Portée politique de la présence du Dedjadj Guoscho en Fouogara.—Camp du Dedjadj Guoscho.—Curiosité de ses soldats.—Portrait du Dedjadj Guoscho.—Ymer Sahalou et son beau-père le Blata Filfilo.—Physionomie de la cour du Gojam.—Rentrée à Gondar.—Le Lik rappelle le voyage de Jacques Bruce.—Légende de Pierre Paëz.—Fausses nouvelles politiques; alarmes des Gondariens.—Départ avec le Lidj Dori.—Camp du Dedjadj Conefo.—Le Dambya.—Petite ville d'Ysmala.—Combat contre Aceni Duras.—L'éviration et son origine en Éthiopie.—Le carême.—Nourriture en temps de jeûne.—Manière de prendre le miel pour prévenir la faim.—Bon augure tiré de la mort d'un oiseau de proie.—Village de Kouellèle Kuddus Mikaël.—Les sources de l'Abbaïe.—Entrée d'apparat à Dambatcha.—Réception faite par le Dedjadj Guoscho à ses troupes.—Analogie avec les mœurs de la Judée, de la Grèce et du moyen-âge.—Il est bruit d'une campagne contre les Gallas.

Chapitre VII.—Campagne contre les Ilmormas, dits Gallas, du Kouttaïe et du Liben

Plan de guerre.—Départ de Dambatcha.—Armement et équipement du cavalier.—Armement du rondelier et du fusilier.—Décorations honorifiques.—Aspect du camp la nuit.—Le Dedjazmatch en marche.—Manifestations des habitants des campagnes.—Les contingents grossissent l'armée d'étape en étape.—Ascendant du Dedjadj Guoscho sur les Gallas.—Leur fractionnement en petites républiques.—Histoire du Zaoudé, père du Dedjadj Guoscho.—Enfance de Guoscho; ses premières armes.—Des Gallas cherchent par des présent à se concilier le Dedjazmatch.—L'armée campe sur les bords de l'Abbaïe; aspect du pays.—Passage du fleuve.—Rives incultes et malsaines.—Comment les Gallas font la guerre.—Première action de guerre.—Le Galla mutilé et sa famille.—La loi du lévirat en vigueur chez les Gallas.—Escarmouches sur les Woïna-Deugas du Libèn; campement sur le Deuga du Libèn.—Attaque de nuit.—Un Galla ennemi fait une allocution au Dedjazmatch.—Aspect du pays parcouru depuis l'Abbaïe.—Quelques hommes restent en enfants perdus derrière l'armée.—Ils échappent aux Gallas.—Le monolithe de Mohamed Gragne.—Manière de combattre des Éthiopiens.—Leur manière d'envisager la guerre.—Nous campons à Kouttaïe.—Intérieur d'un notable galla.—Un Galla interpelle le Dedjadj Guoscho.—Retour vers l'Abbaïe.—Un parti de Gallas fait irruption dans la ligne de marche de l'armée.—Respect des Éthiopiens pour les morts.—Panique.—Passage de l'Abbaïe.—Les fièvres, les fumigations de soufre, les crocodiles.—Rentrée en Gojam.—L'église Saint-Michel.—Mort du Dedjadj Conefo.—L'armée se débande.—Le Dedjazmatch arrive à Goudara.—Clôture de la campagne.

Chapitre VIII.—Maison militaire et civile d'un Dedjazmatch

Description de Goudara.—Vie à Goudara.—Révision des investitures.—Les Polémarchies.—Comment on devient Polémarque.—Composition de la maison d'un Dedjazmatch.—Cadre de son armée.—Charges, fonctions, grades et titres.—Droits et devoirs qui y sont attachés.—Distribution des fiefs.—Bénéfices ecclésiastiques.—Maison de la Waïzoro Sahalou.—Les chefs de bandes et le droit d'hébergement.—Droit de justice des titulaires de fiefs.—Nature et quotité des impôts.—Caractère militaire de la société éthiopienne.—La domesticité se confond avec la famille.

Chapitre IX.—Hivernage à Goudara.—Famille du Dedjadj Guoscho.—Birro Guoscho.—Complications politiques.—Nouvelle entrée en campagne

Valeur des jugements de Lik Atskou sur ses compatriotes.—Les enfants du Dedjadj-Guoscho.—Birro Guoscho.—Son enfance.—Ses rapports avec le Ras Ali.—Tixa, Méred et Dempto.—Rupture avec le Ras.—La Waïzoro Oubdar.—Complications politiques.—Les fils de Conefo.—L'Azzage Fanta est envoyé avec un message auprès du Ras et de la Waïzoro Manann.—Birro investi de la succession de Conefo.—Le Dedjadj Guoscho se décide à marcher contre les fils de Conefo.—Il est arrêté par la maladie de la Waïzoro Sahalou.—Guérison de cette princesse.—Son caractère.—Départ du Dedjazmatch.

Chapitre X.—Bataille de Konzoula.—Birro Dedjazmatch.

Entrée en campagne.—Les habitants du Metcha.—Leur pays.—Le peuple Agaw.—La Maskal ou fête de l'invention de la croix.—Festin et parade.—Trouvères, bouffons, thèmes de guerre.—Messages entre le Dedjadj Guoscho et les fils de Conefo.—Sacrifice de trois taureaux.—Bataille de Konzoula.—Thème de guerre du Dedjadj Guoscho.—Ilma est fait prisonnier.—Rentrée au camp.—Désordre et gaîté.—Débats judiciaires après la bataille.—Droit de butin; les prisonniers de guerre.—Paroles du Dedjadj Guoscho aux fils de Conefo.—Ils sont enchaînés.—La détention en Éthiopie.—Birro réclame les timbales de Conefo.—Un trafiquant à la torture.—Soldats envoyés en ravitaillement.—Je quitte le prince.—Arrivée au camp du Dedjadj Birro.—Séjour chez Birro.—Visite à l'église de Findja.—Position politique de Birro en Dambya.—Syoum déserte le Ras et vient prendre du service chez Birro.—Siége du Mont-Fort de Tchilga.—Cruauté de Birro.—Le prétendant Woldé Teklé.—Rentrée à Gondar.—Reproches du Lik Atskou.—Description d'une église éthiopienne.—Droit d'asile.—Église de Notre-Dame à Gondar.—La Waïzoro Bir-Waha.—Le Balambaras Aschebber rendu à la liberté.—Arrivée de Birro à Gondar.—Visite à l'habitation de l'Itiégué Mentewab.—Birro tue de sa main deux de ses soldats pillards.—Promesses de retour.—Serment de Birro.

Chapitre XI.—Visite au Dedjadj Oubié.—Rapport du Gouvernement britannique avec la famille de Sabagadis.—Départ pour Aden

Départ de Gondar.—Rixe entre soldats et paysans.—Arrivée à Adwa.—Visite au Dedjadj Oubié.—Avanie chez ce prince.—Insolence de ses gens.—Départ pour Moussawa.—Halaïe et Digsa.—Le Bahar-Négach Za-Guiorguis.—Les augures d'Abdallah.—Arrivée à Moussawa.—Réception chez Aïdine Aga.—Plan de voyage.—Retour à Adwa.—Message à Oubié.—La domesticité en Éthiopie.—Maïe-Tahalo.—L'envoyé français.—Querelle avec Oubié.—Menaces d'Oubié.—Dévouement d'Ezzeraïe.—Retour à Adwa.—Départ de mon frère pour Moussawa.—Bruits de guerre entre le Ras Ali et les Dedjazmatchs Guoscho et Birro.—Le P. Sapeto et la mission catholique.—Retour chez le Bahar-Négach de Digsa.—Les Akala Gouzaïe et les Sahos.—Importance de Bahara-Négach.—Installation à Maharessate.—Rachat d'une jeune esclave.—Déjeuner prélevé sur une caravane.—Les torrents en Éthiopie.—Le moine lépreux.—Son intervention auprès d'Oubié et explication du malveillant accueil de ce prince.—Rapports du Gouvernement britannique avec la famille de Sabagadis, Polémarque de Tegraïe.—Rachat d'une autre esclave.—Message du Lik Atskou.—Départ pour Moussawa.—Intimité avec Aïdine Aga et le Saïd Mohammed-el-Bassarawi.—La légende du serpent.—Les conteurs arabes.—Adieux à Aïdine Aga.—Départ pour Aden.

Chapitre XII.—L'influence anglaise

Arrivée au petit port d'Ede.—Débarquement et séjour à Moka.—Le Schérif Hussein.—Arrivée à Aden.—Description d'Aden.—Visite au capitaine Heines, gouverneur d'Aden.—Motifs du départ antérieur de mon frère.—L'hospitalité du lieutenant d'artillerie Ayrton.—Départ pour Berberah.—Commerce de Berberah.—Les Somaulis.—Usage pour tout étranger de choisir un abbane ou protecteur.—Scher Marka, agent indigène du gouverneur d'Aden, réussit à nous fermer la route du royaume de Harar.—Départ pour Zeylah.—Arrivée à Toudjourrah.—Le sultan de Toudjourrah.—Difficultés de débarquement.—Encouragements donnés par Saber.—Le Sultan rassemble son conseil.—Permission de débarquer due à l'apparition d'un bâtiment de guerre que l'on croit français.—Le capitaine Christofer.—Vie à Toudjourrah.—Le sultan oscille entre deux partis.—L'envoyé français est chassé à coups de bâton.—Deux briks anglais se relayent pour nous observer—Guet-apens.—L'ambassade du capitaine Harris.—M. Hadjitor.—Message à Sahala Sillassé.—Départ pour Hodeydah.

FIN DE LA TABLE DU PREMIER VOLUME.


Paris, imp. Balitout, Questroy et Ce, 7, rue Baillif.





NOTE DU TRANSCRIPTEUR

Les variantes d'orthographe (beige/bège, Likaoutes/Likaontes, évènements/événements, idiome/idiôme, marche-pied/marchepied, etc.) ont été conservées conformément à l'original.







End of the Project Gutenberg EBook of Douze ans de séjour dans la
Haute-Éthiopie, by Arnauld d'Abbadie

*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK DOUZE ANS DE SÉJOUR DANS LA ***

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