Mais peut-être que ce sujet passe la portée de la raison. Examinons donc ses inventions sur les choses de sa force. S'il y a quelque chose où son intérêt propre ait dû la faire appliquer de son plus sérieux, c'est à la recherche de son souverain bien. Voyons donc où ces âmes fortes et clairvoyantes l'ont placé, et si elles en sont d'accord11.
L'un dit que le souverain bien est en la vertu, l'autre le met en la volupté ; l'un en la science de la nature, l'autre en la vérité : Felix qui potuit rerum cognoscere causas22, l'autre en l'ignorance totale, l'autre en l'indolence, d'autres à résister aux apparences, l'autre à n'admirer rien, nihil mirari prope res una quae possit facere et servare beatum33, et les vrais pyrrhoniens en leur ataraxie, doute et suspension perpétuelle ; et d'autres, plus sages, pensent trouver un peu mieux. Nous voilà bien payés !
Transposer après les lois au titre suivant.
Si faut-il voir si cette belle philosophie n'a rien acquis de certain par un travail si long et si tendu, peut-être qu'au moins l'âme se connaîtra soi-même. Écoutons les régents du monde sur ce sujet. Qu'ont-ils pensé de sa substance ? 394. Ont-ils été plus heureux à la loger ? 395. Qu'ont-ils trouvé de son origine, de sa durée, et de son départ ? 399.
Est-ce donc que l'âme est encore un sujet trop noble pour ses faibles lumières ? Abaissons-la donc à la matière, voyons si elle sait de quoi est fait le propre corps qu'elle anime et les autres qu'elle contemple et qu'elle remue à son gré. Qu'en ont-ils connu, ces grands dogmatistes qui n'ignorent rien ? Harum sententiarum44, 393.
Cela suffirait sans doute si la raison était raisonnable. Elle l'est bien assez pour avouer qu'elle n'a encore pu trouver rien de ferme ; mais elle ne désespère pas encore d'y arriver, [au contraire, elle est aussi ardente que jamais dans cette recherche, et s'assure d'avoir en soi les forces nécessaires pour cette conquête. Il faut donc l'achever, et après avoir examiné ses puissances dans leurs effets, reconnaissons-les en elles-mêmes ; voyons si elle a quelques forces et quelques prises capables de saisir la vérité].