NOTES
Article premier
Fragment 1
1. Pour ce fragment, comme pour l'ensemble de cet « article premier » de l'édition Brunschvicg, voir l'opuscule de Pascal De l'esprit géométrique (dans De l'esprit géométrique. Écrits sur la grâce et autres textes, éd. A. Clair, GF-Flammarion, 1985), dont la seconde partie est connue sous le titre « De l'art de persuader » : Pascal y défend le seul esprit de géométrie, sans l'opposer à un « esprit de finesse ». Dans son édition des Œuvres complètes de Pascal, M. Le Guern suggère que cette note pourrait être « en relation polémique » avec une lettre du chevalier de Méré à Pascal (Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », t. II, 2000, p. 1486 ; sauf indication contraire, toutes les références aux Œuvres complètes renvoient à cette édition) : « Ces longs raisonnements tirés ligne à ligne vous empêchent d'entrer d'abord en des connaissances plus hautes qui ne trompent jamais. Je vous avertis aussi que vous perdez là un grand avantage dans le monde, car lorsqu'on a l'esprit vif et les yeux fins, on remarque à la mine et à l'air des personnes qu'on voit quantité de choses qui peuvent beaucoup servir, et si vous demandiez selon votre coutume à celui qui sait profiter de ces sortes d'observations sur quel principe elles sont fondées, peut-être vous dirait-il qu'il n'en sait rien, et que ce ne sont preuves que pour lui. Vous croyez d'ailleurs que pour avoir l'esprit juste et ne pas faire un faux raisonnement, il vous suffit de suivre vos figures sans vous en éloigner, et je vous jure que ce n'est presque rien non plus que cet art de raisonner par les règles, dont les petits esprits et les demi-savants font tant de cas. Le plus difficile et le plus nécessaire pour cela dépend de pénétrer en quoi consistent les choses qui se présentent, soit qu'on veuille les opposer ou les comparer, ou les assembler, ou les séparer, et dans le discours en tirer des conséquences bien justes. Vos nombres ni ce raisonnement artificiel ne font pas connaître ce que les choses sont, il faut les étudier par une autre voie, mais vous demeurerez toujours dans les erreurs où les fausses démonstrations de la géométrie vous ont jeté. »
2. Manque de : faute de. Les termes ou tournures classiques qui apparaissent à plusieurs reprises dans le texte de Pascal sont définis dans le Glossaire à la fin de ce volume, ainsi que les mots employés par Pascal dans un sens spécifique (« amour-propre », « cœur », etc.).
Fragment 2
1. Tel était le cas du duc de Roannez.
Fragment 3
1. Sur les notions de sentiment, de cœur, de raison, de principe chez Pascal, on peut se référer à l'étude déjà ancienne de J. Laporte, Le Cœur et la raison selon Pascal, Elzévir, 1950, et à celle plus récente de H. Michon, L'Ordre du cœur. Philosophie, théologie et mystique dans les Pensées de Pascal, Champion, 1996.
Fragment 4
1. La Logique de Port-Royal rend hommage à Pascal théoricien de la rhétorique en ces termes : « Feu M. Pascal, qui savait autant de véritable rhétorique que personne en ait jamais su… ». Cette « véritable rhétorique » s'oppose à la rhétorique traditionnelle, trop formaliste. Port-Royal reprochait surtout à la rhétorique de n'être qu'une codification des passions humaines dans le discours.
2. Montaigne, Essais, II, 12 : « Un ancien à qui l'on reprochait qu'il faisait profession de la philosophie, de laquelle pourtant en son jugement il ne tenait pas grand compte, répondit que cela, c'était vraiment philosopher. »
Fragment 6
1. Idée sur laquelle Pierre Nicole (théologien et controversiste français, 1625-1695) s'est étendu dans l'un de ses Essais de morale (Discours où l'on fait voir combien les entretiens des hommes sont dangereux). Voir aussi Montaigne, Essais, III, 8 : « Mais comme notre esprit se fortifie par la communication [i.e. par les échanges avec] des esprits vigoureux et réglés, il ne se peut dire combien il perd, et s'abâtardit par le continuel commerce et fréquentation que nous avons avec les esprits bas et maladifs. »
Fragment 9
1. La remarque finale ne contredit pas ce que Pascal écrit ailleurs sur les erreurs des sens : le témoignage des sens ne peut en lui-même être trompeur ; c'est sur lui que se fonde l'expérimentation scientifique. Mais on peut faire, dans le jugement, mauvais usage des données sensorielles.
Fragment 10
1. Ce fragment donne une possible indication sur l'attitude de Pascal à l'égard de son lecteur dans les Pensées. Voir Présentation, p. 19sq.
Fragment 11
1. Citation d'une réflexion parue en 1678 seulement dans les Maximes de Mme de Sablé et dont on doit ainsi supposer une circulation manuscrite. Le texte de 1678 présente quelques variantes : voir l'édition de J. Lafond des Maximes de La Rochefoucauld, qui donne le recueil de Mme de Sablé en appendice (Gallimard, « Folio », 1984, p. 247).
Fragment 12
1. Allusion à un acteur de la comédie italienne, Tiberio Fiorelli, qui fit les beaux jours du théâtre du Petit-Bourbon entre 1653 et 1659. Voir fragment 366, note.
2. Il s'agit sans doute de Graziano, il Dottore, personnage de la commedia dell'arte.
Fragment 13
1. Allusion à un personnage d'Artamène ou le Grand Cyrus (1649-1653, dix tomes), de Mlle de Scudéry : reine de Corinthe, Cléobuline aime l'un de ses sujets (« Elle l'aimait sans penser à l'aimer, et elle fut si longtemps dans cette erreur, que cette affection ne fut plus en état d'être surmontée lorsqu'elle s'en aperçut », t. VII, 2, éd. C. Bourqui et A. Gefen, GF-Flammarion, 2005 ; voir p. 594) ; les contemporains regardaient le personnage comme le portrait « à clé » de la reine Christine de Suède, destinataire de l'une des « machines d'arithmétique » de Pascal (1652).
Fragment 16
1. Faute de figurer dans l'une des deux copies ou dans le Recueil original, ce fragment est écarté par M. Le Guern et Ph. Sellier, qui le considèrent comme un « commentaire » tardif de l'abbé Bossut ; il fut supprimé également par Brunschvicg dans ses éditions postérieures à celle de 1897. De même pour les fragments 43 et 77, regardés comme de simples « propos » de Pascal (pascaliana).
Fragment 18
1. Voir Montaigne, Essais, II, 12.
Fragment 18 bis
1. Pascal a souvent eu recours à des pseudonymes : Louis de Montalte pour Les Provinciales, Amos Dettonville pour ses recherches sur la roulette. Salomon de Tultie est l'anagramme du premier, et désigne sans nul doute Pascal lui-même.
Fragment 20
1. Maxime de la morale stoïcienne, attribuée à Épictète : « Abstiens-toi et supporte. » Elle fut commentée en ces termes par Charron dans son Traité de la sagesse (II, 7) : « Soutiens les maux, c'est-à-dire l'adversité ; abstiens-toi des biens, c'est-à-dire des voluptés et de la prospérité. »
2. Précepte épicurien. Repris par Montaigne, Essais, III, 12 : « Que nous ne saurions faillir à suivre la nature ; que le souverain précepte, c'est de se conformer à elle. »
3. Selon Montaigne, Essais, III, 9 : « Platon […] estime la plus heureuse occupation à chacun, faire ses propres affaires sans injustice. »
Fragment 23
1. La plupart des fragments qui précèdent, et qui touchent à la « rhétorique du discours discontinu », ont été commentés par Louis Marin dans Pascal et Port-Royal, PUF, « Bibliothèque du Collège international de philosophie », 1997.
Fragment 24
1. Ou : se plaît en tout à faire le contraire.
Fragment 27
1. « Miscellanées » : recueil de diverses choses ; plusieurs papiers de Pascal portent ce titre en marge ou en tête (dont le dossier XXIII des éditions Sellier).
Fragment 29
1. « Tu t'es exprimé en poète plutôt qu'en [honnête] homme », Pétrone, Satyricon, 90.
Fragment 30
1. Renvoi aux Provinciales.
Fragment 33
1. Le goût littéraire de Pascal s'oppose à l'esthétique baroque, et sa réflexion esthétique à la passion mondaine pour le « je ne sais quoi » ; voir la lettre d'Étienne Pascal, père de Blaise, au père Noël (avril 1648), dans l'édition de J. Mesnard (Œuvres complètes, Desclée de Brouwer, 1970, t. II, p. 584 sq.) et la « Onzième Lettre » des Provinciales. – M. Le Guern, dans son édition des Œuvres complètes (éd. cit., t. II, p. 1497), suggère que ce fragment pourrait être une note de lecture sur une lettre de Descartes à Guez de Balzac (publiée en 1657), qu'il cite longuement. Voir aussi fragment 162.
Fragment 35
1. « Rien de trop », maxime (latine) de la sagesse grecque.
Fragment 40
1. Sellier imprime « la règle particulière », leçon conforme à l'autographe. Toutes les autres éditions, depuis celle de Port-Royal, corrigent ce qu'elles considèrent comme une inadvertance.
Fragment 41
1. Ce fragment renvoie à une anthologie d'épigrammes, Epigrammatum delectus, publiée par Port-Royal en 1659, et précédée d'une préface où Nicole blâme les « épigrammes malignes » en citant comme exemple celles du poète latin Martial.
2. Épigramme latine, due à Geronimo Amaltei (d'après Ph. Sellier) et adaptée par Du Bellay : « Jeanne et André sont fils beaux comme le jour ;/ Mais chacun d'eux d'un œil a perdu la lumière./ André, donne celui qui te reste à ta mère : Elle sera Vénus et tu seras l'Amour. »
3. « Il supprimera les ornements ambitieux », Horace, Épître aux Pisons (dit Art poétique), v. 447.
Fragment 43
1. Propos attribué à Pascal, absent des copies comme du Recueil original.
Fragment 46
1. Voir La Bruyère, Les Caractères, « De la cour », 80 (remarque de la 4e édition, 1689) : « “Diseurs de bons mots, mauvais caractère” : je le dirais, s'il n'avait été dit. Ceux qui nuisent à la réputation ou à la fortune des autres, plutôt que de perdre un bon mot, méritent une peine infamante ; cela n'a pas été dit, et je l'ose dire. »
Fragment 53
1. Antoine Le Maître, ou Le Maistre, avocat, auteur d'un recueil de Plaidoyers et harangues dont Pascal se raillait (le sixième plaidoyer s'intitule « Pour un fils mis en religion par force » – les cordeliers, ou franciscains, désignent un ordre religieux).
Fragment 55
1. Aperto : « ouvrir », en latin. La clé a la qualité (ou vertu) d'ouvrir la porte. Une formule proche figure dans Le Malade imaginaire, où il est question de la « vertu dormitive » de l'opium ; dans les deux cas, il s'agit d'un pastiche du style et d'une satire du faux savoir hérité de la scolastique.
Fragment 56
1. Ph. Sellier rappelle que le chevalier Méré voyait dans cette locution une platitude risible (Discours de la conversation, 1677).
Article II
Fragment 60
1. « Par » a ici un sens instrumental : il s'agit de démontrer la corruption de la nature en se fondant sur l'étude de la nature elle-même.
Fragment 61
1. Critique de la méthode scolastique par divisions, dont a usé saint Thomas d'Aquin.
Fragment 62
1. Charron : auteur d'un Traité de la sagesse et d'un Traité des trois vérités. C'est l'une des sources importantes de Pascal.
2. Sur Montaigne et l'interprétation que donne Pascal de sa pensée, voir l'Entretien avec M. de Sacy.
3. Montaigne, Essais, II, 17 : « Je ne suis pas obligé à ne dire point de sottises, pourvu que je ne me trompe pas à les connaître ; et de faillir à mon escient, cela m'est si ordinaire, que je ne faux guère d'autre façon, je ne faux guère fortuitement. »
Fragment 63
1. Née en 1565, elle publia en 1595 les Essais de Montaigne d'après les manuscrits, précédés d'une préface qui répondait au reproche de « licence » régulièrement adressé au style de Montaigne.
2. Ces deux locutions figurent respectivement dans Montaigne, Essais, II, 12 et II, 14 ; l'allusion suivante est moins nette (peut-être II, 12 encore : « ce grand corps que nous appelons le monde… »).
3. Montaigne, Essais, II, 3 : « La plus volontaire mort, c'est la plus belle. La vie dépend de la volonté d'autrui ; la mort de la nôtre. »
4. Ibid., I, 20 et III, 2.
5. Ibid., III, 9 et II, 12.
6. Ibid., III, I.
Fragment 64
1. Ibid., I, 25 : « La vérité et la raison sont communes à chacun, et ne sont non plus à qui les a dites premièrement, qu'à qui les dit après. Ce n'est non plus selon Platon que selon moi : puisque lui et moi l'entendons et voyons de même. »
Fragment 65
1. Aurait pu.
Fragment 67
1. Voir Charron, préface du Traité de la sagesse : la morale « est la vraie science de l'homme ; tout le reste, au prix d'elle, n'est que vanité ». Et Jean-Pierre Camus, Les Diversités, XXIV, 3 : « la vraie science de l'homme, c'est l'homme, toute autre lui est moins profitable, sinon inutile, que je ne die [i.e. pour ne pas dire] frivole ».
Fragment 70
1. « Les animaux court » : en grec, un sujet au neutre pluriel s'accorde avec un verbe au singulier ; les paysans français recourent à la première personne du pluriel pour le verbe quand le sujet est à la première personne du singulier (« je faisons »).
Fragment 71
1. Possible allusion à la pratique des « épices », soit à la subornation des juges, qui pouvaient consister en vin (voir Racine, Les Plaideurs).
Fragment 72
1. Pascal avait d'abord écrit « Incapacité ».
2. L'édition de Port-Royal remplace ce passage entre crochets par le texte suivant : « La première chose qui s'offre à l'homme quand il se regarde, c'est son corps, c'est-à-dire une certaine portion de matière qui lui est propre. Mais, pour comprendre ce qu'elle est, il faut qu'il la compare avec tout ce qui est au-dessus de lui, et tout ce qui est au-dessous, afin de reconnaître ses justes bornes. Qu'il ne s'arrête donc pas à regarder simplement les objets qui l'environnent. » Le fragment 72 a été revu en profondeur par Pascal ; pour l'analyse de ces ratures, voir Y. Maeda, « Le premier jet du fragment pascalien sur les deux infinis », dans Études de langue et littérature françaises, no 4, Société japonaise de langue et littérature françaises, Tokyo, 1964. Pour une bibliographie des commentaires, voir M. Le Guern, dans Pascal, Œuvres complètes, éd. cit., t. II, p. 1386 sq., note 1.
3. En comparaison du.
4. Voir Montaigne, Essais, I, 26 et II, 12.
5. La métaphore figure dans la préface de Mlle de Gournay aux Essais. Voir fragment 63, note 2.
6. Arachnide minuscule : exemple traditionnel, à l'époque, de l'infiniment petit (les premiers microscopes datent de 1618).
7. Descartes, Méditations métaphysiques, IV : « Je suis comme un milieu entre Dieu et le néant, c'est-à-dire placé de telle sorte entre le souverain être et le non-être, qu'il ne se rencontre, de vrai, rien en moi qui me puisse conduire dans l'erreur, en tant qu'un souverain être m'a produit ; mais que, si je me considère comme participant en quelque façon du néant ou du non-être, c'est-à-dire en tant que je ne suis pas moi-même le souverain être, je me trouve exposé à une infinité de manquements, de façon que je ne dois pas m'étonner si je me trompe. »
8. Voir Montaigne, Essais, II, 12 : « De même impudence est cette promesse de Démocritus : “Je m'en vais parler de toutes choses.” »
9. Ce dernier titre est de Descartes (1644).
10. « De tout ce qui est connaissable » ; titre d'une thèse de Pic de La Mirandole.
11. « Les bienfaits ne sont agréables que dans la mesure où l'on pense pouvoir les rendre ; lorsqu'ils sont excessifs, on rend de la haine au lieu de reconnaissance », Tacite, Annales, IV, 18 (cité par Montaigne, Essais, III, 8 ; l'idée se trouvant plutôt dans I, 54 ou I, 30).
12. Allusion à l'épisode biblique de la tour de Babel (Genèse, XI).
13. « La façon dont l'esprit se tient au corps ne peut être comprise par les hommes et pourtant c'est cela même qui est l'homme », saint Augustin, La Cité de Dieu, XXI, 10 (cité par Montaigne, Essais, II, 12).
Fragment 73
1. La suite est constituée de notes de lecture des Essais de Montaigne, les indications numériques renvoyant à l'édition de 1652 que Pascal a sous les yeux (II, 12, p. 500, 538-557, 562 de l'édition moderne Villey-Saulnier, PUF, « Quadrige », 2004).
2. « Heureux celui qui a pu connaître les causes de la nature », Virgile, Géorgiques, II, 489.
3. « Ne s'étonner de rien est la seule chose qui puisse donner le bonheur et le conserver », Horace, Épîtres, I, VI, 1.
4. « De ces opinions [quelle est la véritable ? Un dieu seul le verra] », Cicéron, Tusculanes, I, 2.
Fragment 74
1. « Heureux qui peut [pénétrer les causes des choses] », Virgile, Géorgiques, II, 489, cité par Montaigne, Essais, III, 10.
2. « Heureux qui ne s'étonne de rien » ; repris de Montaigne, Essais, II, 12, qui cite Horace : « Ne s'étonner de rien est presque le seul moyen qui donne et conserve le bonheur » (Épîtres, II, II, 16).
Fragment 75
1. Ce fragment renvoie aux recherches de Pascal sur le vide ; voir le Traité du vide (publication posthume partielle en 1663) et la correspondance avec le père Noël.
Fragment 77
1. Ce fragment n'est pas retenu par les éditions fondées sur les copies et le Recueil original (éd. Sellier et Le Guern) : il figure dans le seul Mémoire concernant M. Pascal et sa famille, par Marguerite Périer (voir Œuvres complètes, éd. cit., t. I, 1998, p. 106).
Fragment 79
1. L'œuvre visée est sans doute Les Passions de l'âme, qui traite de la « machine du corps ».
Fragment 80
1. Voir Montaigne, Essais, III, 8 : « Pourquoi sans nous émouvoir rencontrons-nous quelqu'un qui ait le corps tordu et mal bâti, et ne pouvons souffrir la rencontre d'un esprit mal rangé sans nous mettre en colère ? »
2. Entretiens, IV, 6 et II, 14, résumé ainsi par une note du traducteur que lisait Pascal (Goulu) : « On ne s'offense pas du médecin qui dit que nous sommes malades de corps. Mais de celui qui dit que nous sommes malades d'esprit. »
Fragment 82
1. Le fragment est tissé de réminiscences des Essais de Montaigne : I, 14 ; III, 8 ; II, 12 encore ; I, 21 ; III, 2.
2. Sellier et Le Guern donnent « dominante ».
3. À l'instar de.
4. N'égarent.
5. Montaigne donne cet exemple dans son Apologie de Raymond Sebond (Essais, II, 12).
6. Montaigne, Essais, II, 12 : « Vous récitez simplement une cause à un avocat, il vous répond chancelant et douteux […] l'avez-vous bien payé pour y mordre et pour s'en formaliser, commence-t-il d'en être intéressé, y a-t-il échauffé sa volonté ? Sa raison et sa science s'y échauffent quant et quant ; voilà une apparente et indubitable vérité qui se présente à son entendement ; il y découvre une toute nouvelle lumière, et le croit à bon escient, et se le persuade ainsi. »
7. Les magistrats portaient sur l'épaule un chaperon fourré, marque de dignité ; d'où ce surnom.
8. Certains éditeurs proposent de lire : « troupes armées ».
9. « Que l'opinion est la reine du monde. » On ignore de quel livre il s'agit. Il est encore mentionné aux fragments 303 et 311.
10. Voir Guez de Balzac, Aristippe (Discours 6) : « J'en ai vu qui, pour faire admirer leur intégrité […], prenaient l'intérêt d'un étranger contre celui d'un parent ou d'un ami, encore que la raison fût du côté du parent ou de l'ami… »
11. Émoussés.
12. Écrasent.
Fragment 83
1. Toujours issu de Montaigne, Essais, II, 12 : « Cette même piperie, que les sens apportent à notre entendement, ils la reçoivent à leur tour. Notre âme parfois s'en revanche de même, ils mentent et se trompent à l'envi. »
Fragment 84
1. Ce fragment est essentiel pour comprendre le fragment 82. L'imagination fait perdre à l'homme le sens des proportions, de la mesure des choses. Ce principe vaut pour la connaissance et pour la morale, mais aussi pour l'art : ce que Pascal condamne dans l'esthétique baroque, ce sont les « mots d'enflure », disproportionnés par rapport au sujet du discours. Voir le fragment 33.
Fragment 86
1. Ph. Sellier rappelle qu'Ambroise Paré désignait par le terme « coasseur » (et non « croasseur ») le malade qui a la gorge ou le nez obstrué. Voir Montaigne, Essais, II, 12 : « comme à ouïr mâcher près de nous, ou ouïr parler quelqu'un qui ait le passage du nez ou du gosier empêché, plusieurs s'en émeuvent, jusques à la colère et la haine ».
Fragment 87
1. « Comme s'il pouvait y avoir plus malheureux qu'un homme que dominent ses passions », saint Augustin, La Cité de Dieu, VIII, 23 (cité par Montaigne, Essais, II, 12) – et non Pline.
Fragment 89
1. L'analogie de cette expression avec le début du fragment 233, dit « argument du pari », est frappante. Ce fragment se trouve d'ailleurs sur la même feuille autographe. Les éditions fondées sur l'une ou l'autre des copies (Sellier, 680, « Infini rien » ; Le Guern, 397) insèrent ce fragment 89 dans le fragment 233.
Fragment 90
1. « Ce que l'on voit souvent n'étonne pas, même quand on en ignore la cause ; ce que l'on n'a jamais vu auparavant, si cela arrive, passe pour un prodige », Cicéron, De Divinatione, II, 49.
2. « Le voilà qui va se donner grand mal pour dire de grandes sottises », Térence, Heautontimoroumenos, IV, I, 18.
Fragment 91
1. « L'éponge de soleil », pierre phosphoreuse, avait été découverte en 1604 ; elle devenait lumineuse une fois exposée au jour. Les propriétés de cette pierre avaient bouleversé les conceptions de l'époque sur la chaleur et la lumière.
Fragment 93
1. Ibid., III, 10 : « L'accoutumance est une seconde nature et non moins puissante. »
Fragment 94
1. « Tout animal [aime son semblable…] », Ecclésiastique, début du verset XIII, 19, sans rapport avec le contexte ; Philippe Sellier fait l'hypothèse d'un jeu de Pascal avec la formule célèbre : Jesuita omnis homo (« le jésuite joue tous les personnages »).
Fragment 96
1. La circulation du sang venait d'être découverte par Harvey (ses adversaires continuaient à expliquer le renflement de la veine qui par la douleur, qui par la chaleur, qui par « l'horreur du vide »).
Fragment 98
1. Montaigne, Essais, I, 22 : « C'est par l'entremise de la coutume que chacun est content du lieu où nature l'a planté ; et les sauvages d'Écosse n'ont que faire de la Touraine, ni les Scythes de la Thessalie. »
Fragment 101
1. Je ne doute pas que.
Fragment 103
1. Montaigne, Essais, III, 13 : « Si avons-nous beau monter sur des échasses, car sur des échasses encore faut-il marcher de nos jambes. Et au plus élevé trône du monde, si ne sommes-nous pas assis que sus notre cul » (Pascal a conservé « si » au sens de « pourtant », courant dans la langue du XVIe siècle).
Fragment 106
1. Voir sur ce point l'opuscule « De l'art de persuader » (dans De l'esprit géométrique. Écrits sur la grâce et autres textes, op. cit.) et le fragment 111.
Fragment 107
1. Renvoi, à travers Montaigne (Essais, II, 12), à un passage de l'Odyssée (XVIII, v. 136) traduit par Cicéron : « Les pensées des hommes changent avec les rayons du soleil, dont Jupiter les inonde. »
Fragment 113
1. L'opinion était que le Grand Turc donnait l'exemple d'un potentat travaillant de ses mains.
Fragment 114
1. Le géomètre Desargues, maître de Pascal, possédait une vigne à Condrieu ; voir J. Douillet, « Desargues, Pascal et les raisins de Condrieu », Écrits sur Pascal, Éditions du Luxembourg, 1959.
Fragment 116
1. Métiers, professions.
Fragment 132
1. Aurait dû.
2. Note sur les Essais, II, 34, où Montaigne juge César plus réfléchi qu'Alexandre, parce qu'il entreprit ses conquêtes « étant déjà mûr et bien avancé ».
Fragment 135
1. Dans les pièces de théâtre, les scènes heureuses.
Fragment 139
1. Qu'on s'imagine un roi.
2. Montaigne, Essais, I, 42, inspiré de Plutarque (dialogue de Cynéas et Pyrrhus).
3. Montaigne, Essais, II, 12 : « Il ne faut pas trouver étrange, si gens désespérés de la prise, n'ont pas laissé d'avoir plaisir à la chasse. »
4. « Habitude, tempérament » (Furetière).
5. À condition.
6. Montaigne, Essais, II, 12 : « C'est pitié que nous nous pipons de nos propres singeries et inventions […], comme les enfants qui s'effraient de ce même visage qu'ils ont barbouillé et noirci à leur compagnon. »
Fragment 140
1. Vocabulaire du jeu de paume.
Fragment 143
1. « Corruption, péché » (Furetière).
Fragment 144
1. Le peu de personnes avec lesquelles on peut communiquer. Il s'agit peut-être là d'une réflexion de Pascal sur son propre itinéraire philosophique.
Fragment 146
1. Allusion au jeu de la course de bague, dans laquelle le cavalier doit attraper avec sa lance un anneau suspendu à un poteau.
Fragment 150
1. Portefaix.
Fragment 151
1. Allusion, sans doute, aux Petites Écoles de Port-Royal.
Fragment 156
1. « Peuple brutal, qui pense qu'il n'y a pas de vie sans guerre », Tite-Live, XXXIV, 17 (à propos des Espagnols), cité par Montaigne, Essais, I, 40.
Fragment 159
1. Le renvoi à la page 184 concerne ici encore l'édition des Essais (1652) dont se servait Pascal : I, 41.
Fragment 160
1. Le mot « besogne » désigne l'acte sexuel. L'éternuement que l'on se procure est peut-être une allusion au tabac à priser.
Fragment 162
1. Médée, II, 16 : « Souvent je ne sais quoi, qu'on ne peut exprimer,/ Nous surprend, nous emporte et nous force d'aimer. »
Fragment 165
1. « Parmi eux tous j'ai cherché le repos », Ecclésiastique, XXIV, 7.
Fragment 174
1. Pascal considère que Salomon est l'auteur de l'Ecclésiaste, où se trouve le célèbre verset « Vanité des vanités, tout n'est que vanité » (I, 2). Dans l'Ancien Testament, Job est l'archétype du juste dont la foi est mise à l'épreuve (Livre de Job).
Fragment 176
1. Cromwell, monté sur le trône à la suite d'une révolution et d'un « parricide » (exécution de Charles Ier), est mort en 1658. En 1660, Monk rendit le pouvoir au fils de Charles Ier.
Fragment 177
1. Charles Ier fut décapité en 1649. La reine Christine de Suède dut abdiquer en 1654. Jean Casimir de Pologne perdit son trône, puis le retrouva en 1656. P. Ernst fait valoir que la Gazette des 2, 12 et 16 septembre 1656 rapportait la prise de Varsovie par les Suédois, la fuite de Jean Casimir et l'arrivée de Christine à Paris : le « roi d'Angleterre » pourrait alors être Charles II en exil ; le fragment daterait dès lors des premiers mois de 1658.
Fragment 178
1. Historien latin du Ve siècle, auteur des Saturnales auxquelles se réfère le fragment 179.
Fragment 180
1. Montaigne, Essais, II, 12 : « Les âmes des empereurs et des savetiers sont jetées à même moule. Considérant l'importance des actions des princes et leur poids, nous nous persuadons qu'elles sont produites par quelque cause aussi pesante et importante. Nous nous trompons : ils sont menés et ramenés en leurs mouvements par les mêmes ressorts que nous sommes aux nôtres. »
Article III
Fragment 184
1. Voir le mot latin laborare, au sens d'« inquiéter ». – Les éditions qui suivent l'une des deux copies impriment : « travailleront ».
Fragment 185
1. « La terreur plutôt que la religion. » – Pascal contredit saint Augustin qui, dans la « Lettre à Vincent » (Lettres, 93 dans les éditions actuelles / 48 dans l'édition de Louvain des Œuvres complètes dont disposait Pascal), justifiait le recours à la terreur contre les donatistes schismatiques, jugés hérétiques (en 313) pour avoir refusé de reconnaître la validité des sacrements administrés par les évêques ; Ph. Sellier rappelle que cette lettre avait été rééditée en 1573 pour justifier la Saint-Barthélemy, comme elle le fut en 1686 après la révocation de l'édit de Nantes.
Fragment 186
1. « De peur, si l'on employait envers [les incroyants] la terreur, et non l'instruction, que cela semble être une domination tyrannique », saint Augustin, Lettres, 93/48.
2. Allusion à un autre texte de saint Augustin, Contre le mensonge (au tome IV des Œuvres complètes éditées à Louvain) : ici, Augustin rejette le recours à des méthodes amorales dans la lutte contre l'hérésie.
Fragment 192
1. Damien Miton (ou Mitton), libertin, « esprit fort » et homme du monde, fut ami de Pascal et l'un de ses interlocuteurs privilégiés (voir fragments 448 et 455). Il était l'un des « théoriciens » de l'honnêteté comme idéal mondain (voir Glossaire, entrée HONNÊTETÉ).
2. Certains éditeurs ont proposé de lire ici : « quand Dieu se rapprochera » (c'est-à-dire quand approchera l'heure de mourir).
Fragment 193
1. « Qu'adviendra-t-il des hommes qui méprisent les petites choses et ne croient pas les grandes ? » (saint Augustin, Lettres, 137/4 ; les « grandes actions » sont la naissance miraculeuse du Christ, la Résurrection et l'Ascension).
Fragment 194
1. Dans les éditions Sellier, fondées sur la copie C1, ce long fragment ouvre le dossier XLVI intitulé « Lettre pour porter à rechercher Dieu ».
2. « Dieu caché », Isaïe, XLV, 15.
3. Voir Montaigne, Essais, I, 20.
4. Allusion sarcastique à la scène I, 4 du Cid de Corneille (1637) : Don Diègue souffleté par Don Gomès, qui lui a ravi la « charge » de gouverneur de l'Infant, s'estime déshonoré (« Ô rage ! ô désespoir !… »).
5. Événement ou chose extraordinaire, miracle.
6. Ami de Miton, le chevalier de Méré avait proposé une définition du « bon air » dans le Discours des agréments (posthume).
7. Montaigne, Essais, II, 18 : « Que peut-on imaginer plus vilain, que d'être couard à l'égard des hommes, et brave à l'endroit de Dieu ? »
Fragment 200
1. Avant le découpage des feuilles, ce fragment était suivi du fragment 219 (d'après P. Ernst, dans Les Pensées de Pascal. Géologie et stratigraphie, Paris, Universitas, et Oxford, Voltaire Foundation, 1996).
Fragment 203
1. « Fascination de la frivolité », Sagesse, IV, 12.
Fragment 205
1. « [L'espoir de l'impie est comme] le souvenir de l'hôte d'un jour, qui passe », Sagesse, V, 14.
Fragment 219
1. L'idée figure chez saint Augustin (dans La Vraie Religion, 1-3). Avant découpage, ce fragment suivait le fragment 200 (d'après P. Ernst, dans Les Pensées de Pascal. Géologie et stratigraphie, op. cit.).
Fragment 233
1. Voir fragment 89, note. Sur l'établissement, très problématique, du fragment, voir les travaux de A. Cantillon dans la Bibliographie. L' « argument du pari », qui dans les éditions Sellier figure en tête du « Discours de la machine » (dossier XLV), a suscité une bibliographie abondante (voir Œuvres complètes, éd. cit., t. II, p. 1447, et, parmi les ouvrages récents, celui de L. Thirouin : Le Hasard et les Règles, Vrin, 1991). Pour l'approche du raisonnement mathématique, on retiendra l'analyse donnée par J. Levillain (« Exégèse du fragment sur le pari », Écrits sur Pascal, op. cit., p. 125 sq.). L'argument se décompose schématiquement ainsi : si l'on « prend croix que Dieu est », deux possibilités s'offrent à la fin de l'existence – si Dieu existe, le gain est infini ; si Dieu n'est pas, on ne perd qu'un bien fini, un « néant » devant l'infini. Le jeu est équitable (c'est-à-dire que l'on peut raisonnablement parier) lorsqu'on vérifie la formule : chances de gagner x gain réel = chances de perdre enjeu. Le gain réel est égal au gain en fin de partie moins l'enjeu. Si l'on a deux vies à gagner pour une, avec une chance de gagner et une chance de perdre, on a : 1 × (2 – 1) = 1 × 1. Le jeu est donc possible, et l'on peut raisonnablement parier. S'il y a trois vies à gagner, pour une à engager, avec une chance de gagner et une chance de perdre, on a : 1 × (3 – 1) = 1 × 1. Soit : 1 × 2 = 1 × 1. Le jeu est alors avantageux, et il serait déraisonnable de ne pas engager sa vie, du moment que l'on est forcé de parier. S'il y a une éternité de vie et de bonheur à gagner, on a : 1 × infini = y × 1. Cela étant, même s'il y avait une infinité de chances de perdre (y), le jeu serait encore équitable : 1 × infini = infini × 1. En fait, le pari est bien plus avantageux, car il y a une infinité de vie heureuse à gagner, avec un nombre fini de chances de perdre, et au moins une chance de gagner : 1 × infini = y × 1. Quel que soit le nombre de vies à miser, le pari reste avantageux. Le seul cas où il ne le serait pas serait celui où l'enjeu serait infini ; mais « ce que vous pariez est fini ».
2. Dans le vocabulaire stoïcien, désigne la sottise, ou plus exactement le manque de sagesse. – Pascal suit ici saint Paul, I Corinthiens, I, 18.
3. Pile ou face, selon la locution alors en usage et au bénéfice d'un possible jeu de mots.
4. Méré, De la vraie dévotion (1668) : « La dévotion et l'honnêteté vont presque les mêmes voies, […] de sorte que l'honnêteté n'est pas inutile au salut. »
5. L'édition de Port-Royal faisait précéder ce fragment, placé en tête du chapitre VII, « Qu'il est plus avantageux de croire que de ne pas croire ce qu'enseigne la religion chrétienne », d'un « Avis » : « Presque tout ce qui est contenu dans ce chapitre ne regarde que certaines sortes de personnes qui, n'étant pas convaincues des preuves de la religion, et encore moins des raisons des athées, demeurent en un état de suspension entre la foi et l'infidélité. L'auteur prétend seulement leur montrer par leurs propres principes, et par les simples lumières de la raison, qu'ils doivent juger qu'il leur est avantageux de croire, et que ce serait le parti qu'ils devraient prendre, si ce choix dépendait de leur volonté. D'où il s'ensuit qu'au moins en attendant qu'ils aient trouvé la lumière nécessaire pour se convaincre de la vérité, ils doivent faire tout ce qui les y peut disposer, et se dégager de tous les empêchements qui les détournent de cette foi, qui sont principalement les passions et les vains amusements. »
Fragment 234
1. Calcul des chances, des probabilités (de gain ou de perte). Voir ci-après les fragments 236 et 237.
2. Saint Augustin, Sermons, 70, et Montaigne, Essais, III, 8 (sur l'esprit boiteux) et I, 23 (sur la coutume).
Fragment 235
1. « Ils ont vu le fait, mais sans en voir la cause », saint Augustin, Contre Pélage, IV, 60.
Article IV
Fragment 242
1. « Nul ne connaît le Père sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler », Matthieu, XI, 27.
2. Vraiment tu es le Dieu caché », Isaïe, XLV, 15. Pascal recourait souvent à cette formule biblique.
Fragment 245
1. « Pour que ne reste pas vaine la croix du Christ », saint Paul, I Corinthiens, I, 17.
Fragment 248
1. « Le juste vit de la foi », saint Paul, Romains, I, 17.
2. « La foi vient de ce qu'on a entendu », saint Paul, Romains, X, 17.
3. En latin, scio : « je sais », et credo : « je crois ». Le Credo est aussi le nom de la profession de foi des chrétiens.
Fragment 252
1. L'automate désigne, dans la tradition cartésienne, la partie corporelle de l'homme, mue par « figure et mouvement ». Par extension, le mot désigne les habitudes, prises par automatisme, par opposition à la pensée.
2. « Incline mon cœur, ô Dieu[, vers ton témoignage, et non vers le gain] », Psaumes, CXVIII, 36 (CXIX, 36).
Fragment 258
1. « Chacun se forge son Dieu », Sagesse, XV, 8.
Fragment 260
1. Montaigne, Essais, III, 1 : « Il y a du malheur, d'en être là, que la meilleure touche de la vérité, ce soit la multitude des croyants, en une presse où les fols surpassent de tant les sages, en nombre. »
2. Si le consentement universel est le critère du vrai, que serait la vérité si « tous les hommes étaient péris » ?
3. Il faut pourtant.
Fragment 264
1. « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés […]/ Bienheureux sont ceux qui sont persécutés pour la justice : car le Royaume des Cieux est à eux », Matthieu, V, 6, et V, 10.
Fragment 266
1. Les « lunettes » sont les premiers télescopes ; le nombre d'étoiles est ici celui arrêté par Ptolémée.
Fragment 270
1. Saint Augustin, Lettres, 120. Également cité dans la Logique de Port-Royal, IV, 12 : « Si on compare ensemble les deux voies générales qui nous font croire qu'une chose est, la raison et la foi, il est certain que la foi suppose toujours quelque raison, car, comme dit saint Augustin […] : Nous ne pourrions pas nous porter à croire ce qui est au-dessus de notre raison, si la raison même ne nous avait persuadés qu'il y a des choses que nous faisons bien de croire, quoique nous ne soyons pas encore capables de les comprendre. »
Fragment 271
1. « [Si vous ne vous convertissez pas et] si vous ne vous rendez pas semblables aux petits enfants, [vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux] », Matthieu, XVIII, 3 (parole de Jésus).
Fragment 274
1. Montaigne, Essais, II, 12 : « [La raison] est un instrument de plomb et de cire, allongeable, ployable, et accommodable à tout biais et à toutes mesures. »
Fragment 276
1. M. de Roannez (1627-1696), ami intime et correspondant de Pascal, eut une grande influence sur sa vie spirituelle, comme sur celle de sa sœur, et fit partie du « comité » chargé de la première édition des Pensées.
Fragment 283
1. L'idée est dans saint Jérôme (Lettre à Chromatius), cité par Montaigne (Essais, III, 5) : « Amor ordinem nescit » (« L'amour ne connaît pas d'ordre »).
2. Lafuma lit : « rabaisser ». – M. Le Guern (dans Œuvres complètes, éd. cit., t. II, p. 1427) rapporte cet extrait de la préface de Robert Arnauld d'Andilly aux Œuvres chrétiennes de Saint-Cyran : « À l'imitation de saint Paul et de saint Augustin, il a beaucoup plus suivi l'ordre du cœur, qui est celui de la charité, que non pas l'ordre de l'esprit, parce que son dessein n'a pas été tant d'instruire que d'échauffer l'âme. »
Fragment 284
1. « Incline, mon Dieu, mon cœur vers [tes témoignages] », Psaumes, CXVIII, 36 (CXIX, 36).
Fragment 287
1. Joël, II, 28.
Article V
1. Cet article V, qui rassemble les fragments les plus politiques de Pascal, trouve plus d'un écho dans l'article XIV qui réunit les « fragments polémiques » à l'égard des jésuites, s'agissant notamment de l'autorité pontificale (fragment 870 et suivants).
Fragment 294
1. Pascal suit ici les thèses de Montaigne, essentiellement celles de l'Apologie de Raymond Sebond (Essais, II, 12).
2. « Il n'y a plus rien qui soit nôtre ; ce que nous appelons nôtre relève de la convention », Cicéron, De Finibus, V, 21.
3. « C'est en vertu des sénatus-consultes et des plébiscites que l'on commet des crimes », Sénèque, Lettres, 95 (cité par Montaigne, Essais, III, 1).
4. « Comme autrefois nous étions écrasés par les vices, maintenant nous le sommes par les lois », Tacite, Annales, III, 25 (cité par Montaigne, Essais, III, 13).
5. Repris de Montaigne, Essais, III, 13.
6. Le cardinal de Retz évoque en ces termes le rôle décisif que joua le Parlement de Paris dans le déclenchement de la Fronde en 1648 : « [Le Parlement] gronda sur l'édit du tarif ; et aussitôt qu'il eut seulement murmuré, tout le monde s'éveilla. L'on chercha en s'éveillant, comme à tâtons, les lois : l'on ne les trouva plus ; l'on s'effara, l'on cria, l'on se les demanda ; et dans cette agitation les questions que leurs explications firent naître, d'obscures qu'elles étaient et vénérables par leur obscurité, devinrent problématiques, et dès là, à l'égard de la moitié du monde, odieuses. Le peuple entra dans le sanctuaire : il leva le voile qui doit toujours couvrir tout ce que l'on peut dire, tout ce que l'on peut croire du droit des peuples et de celui des rois qui ne s'accordent jamais si bien ensemble que dans le silence. La salle du Palais profana ces mystères » (cardinal de Retz, Mémoires, éd. M. Pernot, Gallimard, « Folio classique », 2003, p. 129).
7. Voir Montaigne, Essais, II, 12 ; « le plus sage des législateurs » désigne ici Platon (La République, V, 459c).
8. « Comme il ignore la vérité qui peut le libérer, il est bon qu'on le trompe » (saint Augustin, La Cité de Dieu, IV, 31) ; citation inexacte d'une citation elle-même inexacte de Montaigne (Essais, II, 12), qui mentionne Varron et le grand-prêtre romain Scevola, tous deux admirateurs des impostures théologico-politiques dénoncées par saint Augustin.
Fragment 295
1. « Usurper » : « se rendre maître, s'emparer injustement de ce qui ne nous appartient pas. Il se dit principalement de la puissance, de l'autorité, de la royauté, d'un droit » (Dict. Acad.).
Fragment 296
1. La France et l'Espagne furent en guerre de 1635 à 1659.
Fragment 297
1. « Du véritable droit [et de la pure justice, nous ne tenons pas un modèle solide et positif ; nous n'en avons qu'une ombre et des images] », Cicéron, De Officiis, III, 17 ; d'après Montaigne, Essais, III, 1. La thèse portée par ce fragment figure aussi bien chez Montaigne que chez Charron : « Selon tous les sages, la règle des règles, et la générale loi des lois, est de suivre et observer les lois et coutumes du pays où l'on est », Traité de la sagesse, II, 8.
Fragment 298
1. À rapprocher du fragment 878.
Fragment 299
1. Qui disposent de la force par ailleurs.
2. Les éditions Sellier (116) et Le Guern (76) impriment à la suite le fragment 271 : « La sagesse nous envoie à l'enfance… »
Fragment 300
1. Dans les éditions Sellier (440) et Le Guern (698), le verset (Luc, XI, 14-21) est convoqué dans un développement sur les miracles, précédé de cette formule : « Si Dieu favorisait la doctrine qui détruit l'Église, il serait divisé. »
Fragment 302
1. Rappelons que Pascal est l'inventeur notamment de la « machine d'arithmétique » (voir fragment 340 et Chronologie).
Fragment 303
1. Allusion à un livre italien intitulé L'Opinion, reine du monde, inconnu par ailleurs, auquel Pascal fait plus explicitement référence dans les fragments 82 et 311.
Fragment 304
1. Les éditions Sellier et Le Guern impriment : « Jusque-là la pure force l'a fait ».
Fragment 305
1. À l'inverse des usages (et préjugés) français – preuve de l'arbitraire des différents régimes politiques.
Fragment 308
1. Exemple de ces associations machinales qui intéressaient aussi Descartes (voir Les Passions de l'âme, article 50 notamment).
2. Les signes.
Fragment 310
1. Voir le premier des Trois Discours sur la condition des Grands, où un homme débarqué sur une île inconnue est pris pour le roi : « Ainsi il avait une double pensée : l'une par laquelle il agissait en roi, l'autre par laquelle il reconnaissait son état véritable, et que ce n'était que le hasard qui l'avait mis en place où il était : il cachait cette dernière pensée et il découvrait l'autre. »
2. Voir le deuxième des Trois Discours sur la condition des Grands : « Il y a dans le monde deux sortes de grandeurs ; car il y a des grandeurs d'établissement et des grandeurs naturelles. […] Aux grandeurs d'établissement, nous leur devons des respects d'établissement, c'est-à-dire certaines cérémonies extérieures qui doivent être néanmoins accompagnées, selon la raison, d'une reconnaissance intérieure de la justice de cet ordre, mais qui ne nous font pas concevoir quelque qualité réelle en ceux que nous honorons de cette sorte. »
3. Possible souvenir de la Satire Ménippée, Harangue du sieur de Rieux : « Si M. le légat me commande seulement de leur [i.e. les “chaperons fourrés de la cour du Parlement”] mettre la main sur le collet, il n'y a ni bonnet carré ni bourrelet que je ne fasse voler […]. »
Fragment 313
1. Voir Montaigne, Essais, III, 9 (« Rien ne presse un État que l'innovation : le changement donne seul forme à l'injustice et à la tyrannie »). Possible allusion à la Fronde : Pascal se trouvait vraisemblablement à Paris en juillet 1652, lors des combats où s'opposaient les partisans de Condé et ceux de Turenne.
Fragment 314
1. Voir le troisième des Trois Discours sur la condition des Grands : « Dieu est environné de gens pleins de charité, qui lui demandent les biens de la charité qui sont en sa puissance : ainsi il est proprement le roi de la charité. Vous êtes de même environné d'un petit nombre de personnes, sur qui vous régnez en votre manière. Ces gens sont pleins de concupiscence. Ils vous demandent les biens de la concupiscence. Vous êtes donc proprement un roi de concupiscence. »
Fragment 315
1. Montaigne, Essais, I, 42 : « Nous louons un cheval de ce qu'il est vigoureux et adroit […], non de son harnais […]. Pourquoi de même n'estimons-nous un homme par ce qui est sien ? Il a grand train, un beau palais, tant de crédit, tant de rente ; tout cela est autour de lui, non en lui. »
Fragment 316
1. « Brave » a ici le sens non pas de « courageux », mais de « mis avec élégance, équipé avec magnificence ».
Fragment 319
1. Fragment issu de la seule édition de Port-Royal (XXIX, 52), non retenu dans les éditions Lafuma, Sellier et Le Guern, qui le considèrent comme un développement apocryphe du fragment précédent.
Fragment 322
1. En position de bien jouer (au billard).
Fragment 323
1. Souvenir de la deuxième des Méditations métaphysiques de Descartes.
Fragment 324
1. Montaigne (Essais, I, 30, « Des cannibales ») rapporte l'étonnement d'indigènes brésiliens de passage à Rouen, devant « de grands hommes portant barbes, forts et armés » obéissant à un enfant roi.
2. Une gifle.
Fragment 325
1. Voir Montaigne, Essais, III, 13.
2. Il faut substituer « qu'on sût ».
Fragment 327
1. Voir Montaigne, Essais, I, 54.
Fragment 329
1. Fragment d'interprétation difficile ; Sellier imprime, pour le dernier énoncé : « [Ne point jouer du luth] n'est un mal qu'à cause de notre faiblesse » ; et Le Guern comprend : « comme de savoir bien jouer du luth n'est un mal qu'à cause de notre faiblesse » (dans les deux cas, en référence au « divertissement » ?).
Fragment 331
1. Voir Montaigne, Essais, II, 12.
Fragment 332
1. Voir fragment 793 sur les trois ordres, qui éclaire plusieurs des fragments politiques de Pascal.
Fragment 334
1. Voir la fin de la « Quatrième Lettre » des Provinciales : seules sont involontaires les actions conditionnées par une contrainte extérieure ; toutes les autres relèvent de la « concupiscence », que les politiques doivent savoir « flatter ».
Fragment 338
1. « Toute créature est sujette à la vanité. Elle sera délivrée », saint Paul, Romains, VIII, 20-21. Le respect des Grands n'est légitime que s'il répond à la volonté d'obéir à Dieu et de se soumettre à sa volonté.
2. Le Commentaire du chapitre II de la Lettre de saint Jacques, longtemps considéré comme une œuvre de Thomas d'Aquin et aujourd'hui attribué à Nicolas de Gorran, met les chrétiens en garde contre la tentation de donner aux riches les meilleures places dans les assemblées liturgiques. Le passage est commenté dans la Logique de Port-Royal, I, 10 (addition de la 2nde édition).
Article VI
Fragment 340
1. Machine à calculer, dont le jeune Pascal avait été l'inventeur et qui lui valut une précoce célébrité (voir Chronologie).
Fragment 341
1. On ignore de quelle anecdote il s'agit exactement. Brunschvicg note qu'elle devait concerner l'automatisme animal : Pascal et Arnauld, disciples de Descartes sur ce point, regardaient les animaux comme de pures « machines » (des « horloges »), quand le duc de Liancourt était de l'avis contraire. A. McKenna suggère qu'il pourrait s'agir d'une anecdote racontée par Izaac Walton dans The Compleat Angler (1655), selon laquelle, dans leurs combats contre les brochets, les grenouilles ont coutume de crever les yeux de leur adversaire. Cette série sur l'intelligence des animaux est à confronter avec le « Discours à Mme de La Sablière » de La Fontaine, hostile aux thèses cartésiennes. – Ami de Port-Royal, le duc de Liancourt se vit refuser l'absolution par un confesseur hostile aux jansénistes : telle fut l'une des origines de la querelle des Provinciales.
Fragment 347
1. Il n'est pas nécessaire que.
Fragment 350
1. Épictète parle en effet des « Galiléens » en ces termes (Manuel, IV, 7). Pascal renvoie dos à dos Montaigne et Épictète dans l'Entretien avec M. de Sacy. Les « stoïques », ou philosophes stoïciens, pèchent par « superbe » ou orgueil (quand les épicuriens pèchent par « volupté », et les « physiciens » par « curiosité ») ; voir Glossaire, entrée CONCUPISCENCE.
Fragment 352
1. Son mode de vie habituel.
Fragment 353
1. La bravoure.
2. Note de lecture sur Montaigne, Essais, III, 1, où figure un éloge d'Épaminondas, homme d'État et général thébain (v. 418-362 av. J.-C.). Bénignité : douceur, indulgence, humanité.
Fragment 354
1. Note de lecture sur Montaigne, Essais, II, 12 : « Ce sont délices aux princes, c'est leur fête, de se pouvoir quelquefois travestir et démettre à la façon de vivre basse et populaire. » – La citation latine vient d'Horace (Odes, III, 29, v. 13), via Montaigne (Essais, I, 42) : « Les changements plaisent souvent aux princes » (Montaigne a substitué « aux princes », principibus, à « aux riches », divitibus).
Fragment 355
1. « Aller et retour. »
Fragment 358
1. Montaigne, Essais, III, 13 : « Ils veulent se mettre hors d'eux, et échapper à l'homme. C'est folie : au lieu de se transformer en anges, ils se transforment en bêtes : au lieu de se hausser, ils s'abattent [i.e. s'abaissent]. »
Fragment 359
1. Libre interprétation de l'un des principes de l'éthique d'Aristote, pour qui la vertu occupe le « juste milieu » entre deux vices opposés.
Fragment 361
1. Le fragment se retrouve en tête de la liasse XI dans la copie C1 : Ph. Sellier interprète « Le souverain bien » comme titre du dossier, « Dispute du souverain bien » comme titre du fragment, et la citation latine, issue de Sénèque, comme épigraphe (« Pour que tu sois satisfait avec toi-même et les biens dont tu es l'origine », Lettres à Lucilius, XX, 8) ; il signale que Pascal emprunte ici à l'Augustinus de Jansénius (chapitre I-IX, « De l'état de pure nature ») : « le sage stoïcien se prétend heureux dans les pires souffrances […] ; et pourtant, en cas de souffrance, il admet le suicide. Ô quelle vie heureuse dont on ne jouit qu'en appelant la mort à l'aide ! »
Fragment 363
1. Voir fragment 294 : « C'est en vertu des sénatus-consultes et des plébiscites que l'on commet des crimes… »
2. « On ne peut rien dire de si absurde qui n'ait été dit par quelque philosophe », Cicéron, De Divinatione, II, 58 (cité par Montaigne, Essais, II, 12).
3. « Liés à des opinions déterminées qu'ils n'approuvent pas, ils sont forcés de les défendre », Cicéron, Tusculanes, II, 2 (cité plus longuement par Montaigne, Essais, II, 12).
4. « Nous n'avons pas moins à souffrir d'immodération dans l'étude des lettres que dans tout le reste », Sénèque, Lettres, CVI (cité par Montaigne, Essais, III, 12).
5. « Ce qui convient le mieux à chacun, c'est ce qui lui est le plus naturel », Cicéron, De Officiis, I, 31 (cité par Montaigne, Essais, III, 1). Pascal attribue par erreur la phrase à Sénèque.
6. « Voilà les premières lois que leur assigne la nature », Virgile, Géorgiques, II, 20 (cité par Montaigne, Essais, I, 31).
7. « Il ne faut guère de lettres pour former une âme saine », Sénèque, Lettres, CVI (cité par Montaigne, Essais, III, 12).
8. « Quand bien même cela ne serait pas honteux, cela l'est pourtant, pour peu que la multitude l'approuve », Cicéron, De Finibus, II, 15 (cité par Montaigne, Essais, II, 16).
9. « Moi, j'en use ainsi, toi, fais ce que tu veux », Térence, Heautontimoroumenos, I, I, 28 (cité par Montaigne, Essais, II, 28).
Fragment 364
1. « Il est rare en effet que l'on se respecte assez soi-même », Quintilien, Institution oratoire, X, 7 (cité par Montaigne, Essais, I, 39).
2. « Tant de dieux s'agitant autour d'une seule tête », Sénèque, Suasoriae, I, 4 (cité par Montaigne, Essais, II, 13).
3. « Il n'y a rien de plus honteux que d'affirmer avant de savoir », Cicéron, Académiques, I, 45 (cité par Montaigne, Essais, III, 13).
4. « Et je n'ai pas honte comme ces gens-là d'avouer que j'ignore ce que j'ignore », Cicéron, Tusculanes, I, 25 (cité par Montaigne, Essais, III, 11).
5. « Ils auront moins de mal à ne pas commencer [qu'à s'arrêter] », Sénèque, Lettres, LXXII (cité par Montaigne, Essais, III, 10).
Fragment 366
1. « Oh, très ridicule héros ! », apostrophe issue de l'épître dédicatoire d'une thèse parodique dédiée au comédien italien Scaramouche, et placardée à la porte de l'Assemblée générale du clergé de France, aux Grands-Augustins, après l'expulsion d'Arnauld de la Sorbonne (printemps 1657). Voir l'extrait des Mémoires de Godefroy Hermant, cité par M. Le Guern (dans Œuvres complètes, éd. cit., t. II, p. 1328).
Fragment 368
1. Le conatus recedendi est l'effort que doivent faire, par « loi naturelle » selon Descartes, « tous les corps qui se meuvent en rond […] pour s'éloigner des corps autour desquels il se meuvent […]. C'est en cet effort seul que consiste la nature de la lumière » (Principes de la philosophie, III, 54).
2. Les « esprits animaux » sont les « parties du sang très subtiles », par la mobilité desquelles Descartes explique la naissance des sensations (Traité des passions, I, 10), dont la chaleur (ibid., I, 13 et Principes de la philosophie, IV, 29).
3. La réflexion sur les « nerfs » semble inspirée de l'article sur la vue et les « nerfs optiques » dans les Principes de la philosophie (IV, 195, d'après M. Le Guern). – Nous corrigeons l'édition Brunschvicg, qui note « touchent ».
Fragment 370
1. Ce fragment et certains des suivants (381-383) sont commentés par Louis Marin dans « Le lieu du point : Pascal », repris dans Pascal et Port-Royal, op. cit.
Fragment 373
1. École sceptique (voir Glossaire, entrée PYRRHONIEN). Le fragment porte en tête « prin », où M. Le Guern propose de lire l'abréviation de « prin[cipes de la philosophie] » : il s'intègre dans une série de notes de lecture sur la « lettre-préface » des Principes de la philosophie de Descartes, avec les fragments 331, 5 et 102.
Fragment 375
1. Souvenir de Montaigne (Essais, III, 13 : « Qui se souvient de s'être tant et tant de fois mécompté de son propre jugement, est-il pas un sot, de n'en rester pour jamais en défiance ? »), enté sur la distinction venue de saint Augustin (La Cité de Dieu, XIX, 21) entre la vraie justice (justitia), qui est celle de Dieu, et les conventions juridiques, qui sont le fait des hommes (jus).
2. Arcésilas de Pitane (IVe-IIIe siècle av. J.-C.), fondateur de la Nouvelle Académie, de tendance sceptique, allégué par Montaigne (Essais, II, 12) : « Et disait Arcésilas, les soutènements [i.e. résistances] et l'état droit et inflexible du jugement, être les biens, mais les consentements et applications être les vices et les maux. Il est vrai qu'en ce qu'il l'établissait par axiome certain, il se départait du pyrrhonisme. »
Fragment 376
1. Celle des sceptiques.
Fragment 378
1. Inspiré de Montaigne (Essais, II, 12 et III, 13 notamment).
Fragment 386
1. La pièce de Calderón intitulée La vie est un songe date de 1633.
Fragment 390
1. Ces discours supposent en effet que l'homme est en mesure de juger la justice divine. Le scepticisme rectifie cette vanité et sert à discréditer ces objections contre la religion chrétienne. Voir Montaigne, Essais, II, 12 : « Le moyen que je prends pour rabattre cette frénésie, et qui me semble le plus propre, c'est de froisser et fouler aux pieds l'orgueil et l'humaine fierté. »
Fragment 392
1. Voir De l'esprit géométrique : « la géométrie […] ne définit aucune de ces choses : espace, temps, mouvement, nombre, égalité […], parce que ces termes-là désignent si naturellement les choses qu'ils signifient à ceux qui entendent la langue, que l'éclaircissement qu'on en voudrait faire apporterait plus d'obscurité que d'instruction » ; voir aussi Descartes, Principes de la philosophie, I, 10.
2. Par opposition aux pyrrhoniens, absolument sceptiques, les académiciens, disciples de Platon, admettaient l'existence de propositions vraisemblables.
Fragment 399
1. « Moi, je suis un homme qui vois [ma misère] », Jérémie, Lamentations, III, 1 (le texte appartient à la liturgie de l'Office des Ténèbres).
Fragment 409
1. Saint Augustin, De la grâce et du péché originel, II, 40, note 46 : « Ce qui est corruption chez l'homme est nature en l'animal. »
2. Paul Émile fut vainqueur de Persée en 166 av. J.-C. (fin de la troisième guerre de Macédoine). Voir Montaigne, Essais, I, 20.
Fragment 413
1. Libertin notoire, épicurien, qui se disait tour à tour athée et croyant selon l'état de sa santé, et qui devait survivre à Pascal (1602-1673). Dans l'une de ses chansons, on trouvait ces mots : « Et par ma raison je bute/ À devenir bête brute ».
Fragment 415
1. « Et l'instinct d'écarter », propre au chien de garde.
Fragment 416
1. Certains spécialistes (dont M. Le Guern) supposent, sans pouvoir le démontrer de façon certaine, que ces lettres, qui forment aussi le titre d'une des liasses des copies, désignent les fragments (voir fragment 430) que Pascal aurait préparés pour faire « à Port-Royal » une conférence de présentation de son projet apologétique (1658), si l'on se fie aux allégations d'Étienne Périer dans la préface de l'édition de 1670 et au « Discours » de Filleau de La Chaise. Cette interprétation se heurte cependant à de nombreuses objections, parmi lesquelles celle-ci, que formule Ph. Sellier : ce titre serait le seul parmi tous ceux des liasses à n'avoir aucun rapport sémantique avec son contenu. P. Ernst a proposé de lire « Apologie Pour la Religion » ou encore « Apologie : Prosopopée de la Religion » (la prosopopée figure au fragment 430).
Article VII
Fragment 425
1. Ce fragment est tissé de réminiscences de Montaigne (Essais, III, 13 et II, 12) et de saint Augustin (voir notes suivantes).
2. Distinction des trois concupiscences selon saint Augustin (De la véritable religion, XXXVIII) : « Ils sont esclaves de trois passions, de la volupté, de l'orgueil et de la curiosité. Car je soutiens qu'il n'y en a pas un de ceux qui croient qu'on ne doit rien adorer, qui ne soit esclave des plaisirs de la chair, ou qui ne soit ravi d'avoir du pouvoir ou de l'autorité, ou qui ne soit dans une folle passion de se repaître les yeux ou l'esprit d'objets vains et inutiles. » Voir Glossaire, entrée CONCUPISCENCE.
Fragment 430
1. Voir à l'article précédent le fragment 416 et la note.
2. Le Coran avait fait l'objet d'une traduction par le dramaturge et érudit Du Ryer en 1647 ; les lecteurs chrétiens s'étaient étonnés de la description des plaisirs charnels paradisiaques.
3. Formule biblique ; personnification de la parole de Dieu.
4. La prosopopée est une figure qui consiste à faire parler un être inanimé (personne absente ou morte, animal, ou encore entité morale, par allégorie ou personnification : ici, la religion elle-même ou la « Sagesse de Dieu ») ; le procédé est attestée dans la Bible : Proverbes, I, 22 et VIII, 4.
5. Voir fragment 523 : « Toute la foi consiste en Jésus-Christ et en Adam » ; toute la foi chrétienne, selon saint Augustin, est « l'affaire des deux hommes », l'un par qui « nous avons été asservis au péché », « l'autre par qui nous sommes rachetés » (dans La Grâce du Christ et le péché originel, 24).
6. Saint Augustin, La Cité de Dieu, XXI, 5 : « Ce n'est pas parce qu'on ne peut rendre raison d'une chose que celle-ci n'a pas été ou ne sera pas. »
Fragment 431
1. Entretiens, I, 18 et II, 16.
Fragment 432
1. « Ce que vous cherchez sans le connaître, la religion vous l'annonce. » Libre reprise du discours de saint Paul à Athènes (Actes des Apôtres, XVII, 23) : « C'est donc ce Dieu, que vous adorez sans le connaître, que je vous annonce. »
Fragment 434
1. Le « malin génie » de Descartes (dans Méditations métaphysiques, I), qui forme l'intertexte de ce début de fragment, avec Montaigne (Essais, II, 12, une fois encore).
2. Greffés.
3. Au seul point fort. Voir fragment 282 et Glossaire, entrées DOGMATISME et PYRRHONISME.
4. On datait alors de six ou sept millénaires seulement l'ensemble de l'histoire humaine.
5. « Mes délices sont d'être avec les fils des hommes », Proverbes, VIII, 31.
6. « Je répandrai mon esprit sur toute chair », Joël, II, 28.
7. « Vous êtes des dieux [et vous êtes tous enfants du Très-Haut] », Psaumes, LXXXI, 6 (LXXXII, 6).
8. « Toute chair est une herbe [pourrie] », Isaïe, XL, 6.
9. « L'homme a été comparé aux bêtes sans raison et leur est devenu semblable », Psaumes, XLVIII, 12 (XLIX, 12-13).
10. « Et je me dis aussi des hommes [qu'ils sont ainsi, pour que Dieu les montre tels qu'ils sont, et fasse constater qu'ils sont de vraies bêtes] », Ecclésiaste, III, 18.
Fragment 440
1. Forme régulièrement concurrente de « vécût » au XVIIe siècle.
Fragment 445
1. « [Ce qui est folie en Dieu est] plus sage que les hommes », saint Paul, I Corinthiens, I, 25.
2. Voir un argument analogue dans le fragment 233.
Fragment 446
1. Pascal tire ses sources, sur le problème juif, du Pugio fidei, ou plus exactement Pugio christianorum ad impiorum perfidiam jugulandam, et maxime judaeorum [Le Poignard de la foi contre les musulmans et les juifs], écrit au XIIIe siècle par le dominicain catalan Ramon Marti (Raimond Martin). Ce livre, malgré son ancienneté, constituait une source de renseignements remarquable. Il n'avait été édité qu'en 1651. Voir fragments 635, 723, 726.
Fragment 447
1. « Personne [ne peut être dit] heureux avant la mort », Ovide, Métamorphoses, III, 135, cité par Montaigne (Essais, I, 18 : « Qu'il ne faut juger de notre heur qu'après la mort »).
Fragment 453
1. « Ordre, réglement qu'on observe dans un État ou une ville » (Dict. Acad.).
2. Traduction latine du texte hébreu de la Genèse, VIII, 21 : « La composition du cœur est mauvaise dès son enfance. » Voir fragment 446.
Fragment 455
1. Dans l'édition de Port-Royal, ce célèbre fragment était précédé de cette explication sur l'usage substantif du terme, alors inhabituel : « Le mot de MOI dont l'auteur se sert dans la pensée suivante ne signifie que l'amour-propre. C'est un terme dont il avait accoutumé de se servir avec quelques-uns de ses amis. » Dans la Logique de Port-Royal (III, 19), on pouvait lire : « Feu M. Pascal, qui savait autant de rhétorique que personne en ait jamais su, portait cette règle [de ne point parler de soi] jusqu'à prétendre qu'un honnête homme devait éviter de se nommer et même de se servir des mots de je et de moi, et il avait accoutumé de dire à ce sujet que la piété chrétienne anéantit le moi humain, et que la civilité humaine le cache et le supprime. »
2. Voir fragment 192 (et note), et Glossaire (citation de Miton à l'entrée HONNÊTETÉ).
3. C'est-à-dire deux caractéristiques.
Fragment 458
1. « Désir de jouir, désir de savoir, désir de dominer », Jean, Première Épître, II, 16. Les trois « concupiscences » selon saint Augustin (et Jansénius) commentant saint Jean ; voir Glossaire, entrée CONCUPISCENCE.
Fragment 459
1. Libre traduction du Commentaire du psaume CXXXVI par saint Augustin.
Fragment 460
1. « Celui qui se glorifie, qu'il se glorifie en Dieu », saint Paul, I Corinthiens, I, 31.
Fragment 463
1. S'ils se découvrent hostiles à l'amour de Dieu.
Fragment 466
1. Épictète, Entretiens, II, 12.
2. « [Je suis] la Voie, la Vérité, [la Vie. Nul ne vient au Père sinon par moi] », Jean, XIV, 6.
3. Zénon est un philosophe stoïcien de l'Ancien Portique. Montaigne évoque ses « mignons » (Essais, I, 26).
Fragment 476
1. La comparaison avec le corps vient de saint Paul (I Corinthiens, XII), où elle est appliquée à l'Église.
Fragment 479
1. « Venez donc et jouissons des biens qui existent et usons de la créature comme il convient dans la jeunesse, rapidement », Sagesse, II, 6.
Fragment 481
1. L'esprit de sacrifice des Spartiates.
Fragment 482
1. Ici : entente.
Fragment 483
1. « Qui s'attache à Dieu ne fait qu'un seul et même esprit avec lui », saint Paul, I Corinthiens, VI, 17.
Fragment 484
1. L'amour de Dieu, et l'amour de chaque homme dont on peut s'approcher (Matthieu, XXII, 37-39) ; il s'agit des deux premiers commandements de Dieu.
Fragment 489
1. Adam, responsable de la chute, donc de la corruption de la nature humaine ; l'autre « homme » est évidemment le Christ.
Fragment 496
1. Voir Montaigne, Essais, III, 12 : « Ruineuse instruction à toute police, et bien plus dommageable qu'ingénieuse et subtile, qui persuade aux peuples la religieuse créance suffire seule, et sans les mœurs, à contenter la divine justice. L'usage nous fait voir une distinction énorme entre la dévotion et la conscience. »
Fragment 497
1. « N'entre pas en jugement [avec ton serviteur, nul vivant n'est justifié devant toi] », Psaumes, CXLII, 2 (CXLIII, 2).
2. Cette citation et les suivantes proviennent de saint Paul, Romains, II, 4 et Jonas, III, 9.
Fragment 498
1. Matthieu, X, 34.
2. Luc, XII, 49.
Fragment 499
1. Note de lecture sur la parabole du pharisien et du publicain (Luc, XVIII, 14 : « Car quiconque s'élève sera abaissé, et quiconque s'abaisse sera élevé »).
Fragment 502
1. Genèse, XIV, 22.
2. Luc, VII, 8. Un centenier dit à Jésus : « Ayant des soldats sous moi, je dis à l'un : “Allez là”, et il y va ; et à l'autre : “Venez ici”, et il y vient. »
3. Genèse, IV, 7. Dieu dit à Caïn : « Ton appétit sera sous toi. »
Fragment 504
1. Romains, I, 17.
Fragment 512
1. Ce fragment est une discussion de la théorie cartésienne de l'Eucharistie. Voir la « Lettre au père Mesland » (9 février 1645, dont il faut bien que Pascal ait eu une copie puisqu'elle était alors inédite) ; « son patois » vise par figure le goût des distinctions et des analogies naturelles qui animait le philosophe : tous procédés inaptes à expliquer le mystère de la transsubstantiation. Brunschvicg explique que, pour Descartes, l'identité d'un corps se définit par l'identité de l'âme qui lui est associée. La transsubstantiation serait alors le changement de l'âme auquel le corps est joint. La matière du pain devient corps du Christ parce qu'elle est unie à l'âme du Christ. D'où l'on peut tirer que l'hostie est toute le corps du Christ, mais non qu'elle est tout le corps du Christ : il y a en effet plusieurs hosties consacrées. Les exemples qui suivent montrent qu'aucune analogie naturelle ne saurait constituer un modèle de compréhension de l'Eucharistie : on ne sort pas de la simple juxtaposition.
2. L'identité de numero (quantité, qualité, configuration) : « quand nous parlons d'un corps en général, nous entendons une partie déterminée de la matière, et ensemble de la quantité dont l'univers est composé, en sorte qu'on ne saurait ôter tant soit peu de cette quantité, que nous ne jugions incontinent que le corps est moindre et qu'il n'est plus entier ; ni changer aucune particule de cette matière, que nous ne pensions pas après que le corps n'est plus totalement le même, ou idem numero » (Descartes, « Lettre au père Mesland », 9 février 1645).
Fragment 513
1. Certains éditeurs proposent de lire « mérité », le participe du verbe, au centre des citations suivantes.
2. « [Heureuse faute d'Adam qui nous] a valu d'avoir un Rédempteur », Office du Samedi saint (Exultet).
3. « Il [le bois de la croix] a mérité de toucher des membres si sacrés », Office du Vendredi saint (Vexilla Regis), la citation suivante corrigeant seulement le premier terme.
4. « Je ne suis pas digne [de te recevoir] », Luc, VII, 6 (texte de la liturgie de l'Eucharistie, juste avant la communion).
5. « Car qui en mange [i.e. de ce pain] indignement [i.e. sans l'avoir mérité] [mange sa propre condamnation] », saint Paul, I Corinthiens, XI, 29.
6. « Il est digne de recevoir. » Voir : « Seigneur notre Dieu, tu es digne de recevoir gloire, honneur et puissance », Apocalypse, IV, 11.
7. « Juge-moi digne [de te louer] », Office de la Sainte Vierge.
8. Dans un sermon (d'attribution discutée), à propos de saint Pierre, un « juste qui nous instruit par sa chute de fuir la présomption ».
Fragment 514
1. Saint Paul, Philippiens, II, 12.
2. Lafuma, Sellier et Le Guern lisent : « Pauvres de la grâce. » Voir la fin du troisième des Écrits sur la grâce de Pascal : « Les pauvres de la grâce ne manquent jamais du pouvoir d'obtenir s'ils demandent » (dans De l'esprit géométrique. Écrits sur la grâce et autres textes, op. cit., p. 186).
3. « Demandez, et l'on vous donnera », Matthieu, VII, 7.
Fragment 515
1. Matthieu, XXV, 37.
Fragment 518
1. « [Véritablement tu es un] Dieu caché », Isaïe, XLV, 15.
Fragment 519
1. « Beaucoup crurent en lui. Jésus disait donc : “Si vous demeurez dans ma parole, vous serez vraiment mes disciples, et la vérité vous libérera”. Ils répondirent : “Nous sommes la race d'Abraham et jamais nous n'avons été les esclaves de qui que ce soit” », Jean, VIII, 31-33.
Fragment 531
1. « Celui qui est juste, qu'il soit encore justifié » (c'est-à-dire : qu'il devienne plus juste), Apocalypse, XXII, 11.
Fragment 533
1. « Incline le cœur vers l'humilité », saint Paul, Romains, XII, 16, selon Brunschvicg ; Lafuma, Sellier et Le Guern lisent « comminuentes cor », en référence à un verset des Actes des Apôtres (XXI, 13) : à ses amis qui tentent d'empêcher son départ pour Jérusalem, Paul répondit : « Que faites-vous de pleurer ainsi, et de m'attendrir le cœur ? Car quant à moi, je suis prêt […] de mourir en Jérusalem, pour le nom du Seigneur Jésus. »
2. Ce vers est tiré d'Horace (II, 3).
Fragment 536
1. « Les mauvais entretiens corrompent les bonnes mœurs », saint Paul, I Corinthiens, XV, 33.
Fragment 539
1. Religieux de l'ordre de saint Bruno, menant en monastère une vie uniquement contemplative et fondée sur une règle très sévère.
Fragment 543
1. « Ce qu'ils avaient appris par curiosité, ils l'ont oublié par leur orgueil », saint Augustin, Sermons, 141, visant les platoniciens.
Fragment 547
1. « Parce que [les hommes] n'ont pas su reconnaître Dieu par la sagesse, il a plu à Dieu de les sauver par la folie de la prédication », saint Paul, I Corinthiens, I, 21.
Fragment 549
1. « Meilleur on est, pire on devient, si l'on s'attribue à soi-même ce par quoi on est bon », saint Bernard, Sermons sur le Cantique, LXXXIV.
Fragment 551
1. « Méritant des coups plutôt que des baisers, je suis sans crainte parce que j'aime », saint Bernard, Sermons sur le Cantique, LXXXIV.
Fragment 553
1. Ce texte daterait de 1655 (selon Lafuma) : référence à la nuit de Gethsémani, derniers moments de la vie du Christ (au mont des Oliviers, avant la crucifixion), choisis peut-être pour des méditations. Le titre n'est pas de la main de Pascal.
2. « [En voyant frémir les amis de Lazare, Jésus frémit intérieurement et] se troubla lui-même », Jean, XI, 33.
3. Pour le supporter.
4. Matthieu, XXVI, 41.
5. « Allons. Il s'avança », Matthieu, XXVI, 46 et Jean, XVIII, 4 (Jésus allant au-devant des soldats chargés de son arrestation).
6. Le tourment.
7. Ulysse « [aurait vécu comme un chien] immonde, attaché à sa fange », Horace, Épîtres, I, 2, v. 26.
8. « Vous serez comme des dieux connaissant le bien et le mal », Genèse, III, 5 (promesse fallacieuse du serpent à Adam et Ève).
9. À rapprocher du fragment 790.
Fragment 554
1. « Ne me touchez pas », Jean, XX, 17 (Jésus ressuscité, à Marie-Madeleine).
2. Luc, XXIV, 13 ; l'épisode prend place trois jours après la Résurrection, dans le petit village d'Emmaüs, « à trois heures de marche » de Jérusalem.
Article VIII
Fragment 556
1. Énoncés plus loin : « qu'il y a un Dieu dont les hommes sont capables, et qu'il y a une corruption dans la nature, qui les en rend indignes ».
2. La « conduite du monde » peut ainsi figurer parmi les « preuves de la religion » (fragment 289).
4. Les deux « vérités » déjà énoncées.
5. Tout le passage vise Descartes (« Descartes inutile et incertain » : cf. fragments 78 et 79), comme auteur notamment des Méditations touchant la première philosophie, dans lesquelles l'existence de Dieu et la distinction réelle entre l'âme et le corps de l'homme sont démontrées.
6. Voir fragment 547, qui développe l'idée du Christ « médiateur ».
Fragment 560
1. Les éditions Lafuma, Sellier et Le Guern impriment ici : « de la corruption et de la rédemption ».
2. Montaigne, Essais, II, 29 : « Notre raison est flexible à toutes sortes d'images. »
Fragment 564
1. « Vrais disciples, vrai israélite, vraiment libres, vraie nourriture », i.e. « ma chair est véritablement nourriture » (Jean, VI, VIII et X) ; voir fragments 519 et 679 (« vrai pain du ciel »).
Fragment 566
1. Les éditions Lafuma et Sellier donnent « éclaircir ».
Fragment 567
1. C'est l'option – préalable – des philosophes sceptiques et pyrrhoniens, rappelée par Montaigne (Essais, II, 15) : « Il n'y a raison qui n'en ait une contraire, dit le plus sage parti des philosophes. » Mais alors que la « pesée » sceptique des raisons invite à suspendre le jugement (épochè), Pascal voit dans la foi la seule façon de concilier les contraires. Est dès lors « hérétique » toute opinion qui choisit entre deux vérités exclusives l'une de l'autre. Voir fragment 862.
Fragment 569
1. Ph. Sellier voit ici une allusion aux sectes hérétiques des manichéens et des priscillianistes, qui, en contestant la liste des textes retenus comme sacrés, c'est-à-dire inspirés par Dieu, ont conduit l'Église à réaffirmer l'existence de ce canon.
Fragment 570
1. Voir fragment 758.
Fragment 571
1. Le syntagme fait osciller ce terme entre son sens théologique étroit – le scandale est ce qui donne occasion de pécher ou faillir (« Malheur à celui par qui le scandale arrive », Matthieu, XVIII, 7, ou, plus loin dans ce même fragment, le Christ « pierre de scandale ») – et le sens plus courant attesté par le Dictionnaire de Furetière : « action ou doctrine qui choque les mœurs ou la commune opinion d'une nation ».
2. Caché sous le sens temporel ou charnel.
3. Réflexion inspirée de saint Augustin qui oppose uti (user d'une chose en référant à une fin qui lui est extérieure) et frui (jouir d'une chose en s'attachant à elle pour elle-même).
4. Voir fragment 692.
5. « Mets le sceau de ma loi en mes disciples » (Isaïe, VIII, 16 et 14).
6. Matthieu, XI, 6.
7. Ultima verba, soit le dernier chapitre, dernier verset (XIV, 10) du prophète Osée.
Fragment 572
1. Voir fragments 801, 758 et 642 (ce dernier énumérant les cinq « preuves » que « la Loi est figurative », au sens des « figures » de la rhétorique, c'est-à-dire que l'Écriture a deux sens). Voir ci-après l'article X qui réunit les arguments « figuratifs ».
Fragment 573
1. Jean, XII, 37-38 et 40 ; Isaïe, VI, 10.
Fragment 575
1. Saint Paul, Romains, VIII, 28.
Fragment 576
1. Voir fragments 564 et 711 énumérant une série de « prédictions des choses particulières » (l'article XI de la présente édition réunit tous les textes relatifs aux « Prophéties »).
2. Comprendre, avec G. Ferreyrolles (éd. des Pensées, Le Livre de Poche, 2000) : « en les confiant à un peuple qui, majoritairement, ne reconnaîtra pas celui qu'elles annoncent ».
Fragment 578
1. Dans l'Apologie de Raymond Sebond qui traite du scepticisme (Essais, II, 12), Montaigne allègue positivement une phrase de saint Augustin (La Cité de Dieu, XI, 22) : « Que la vérité nous soit voilée exerce notre humilité et rabaisse notre orgueil. »
2. Moïse était considéré au XVIIe siècle comme l'auteur du Pentateuque, soit des cinq premiers livres de l'Ancien Testament (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome).
3. Par quoi l'Ancien Testament « préfigure » l'Évangile.
4. Les sacrifices d'animaux prescrits par la Loi de Moïse, dont le caractère est « figuratif » (voir fragments 685 et 728).
5. Matthieu, I, 1-16 (ascendance dynastique de Jésus, qui mentionne Thamar et Ruth) et Luc, III, 23-38 (ascendance naturelle).
Fragment 585
1. « Vraiment tu es le Dieu caché » (Isaïe, XLV, 15). Ph. Sellier et G. Ferreyrolles rappellent que Pascal traduit et glose cette formule du prophète Isaïe dans une lettre à Mlle de Roannez (Œuvres complètes, éd. J. Mesnard, éd. cit., t. III, p. 1036 sq.), en distinguant les quatre manières par lesquelles « Dieu s'est voulu cacher » : sous le voile de la nature ; sous celui de l'humanité de Jésus-Christ (mystère de l'Incarnation) ; sous les espèces du pain et du vin (mystère de l'Eucharistie) ; sous le sens littéral de l'Écriture.
Fragment 586
1. Voir les fragments 527 et suivants dans l'article VII de la présente édition (« La morale et la doctrine »).
Fragment 587
1. Saint Paul, I Corinthiens : « La parole de la croix est une folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui se sauvent, c'est-à-dire pour nous, elle est la vertu et la puissance de Dieu » (I, 18) ; voir aussi I, 23 : « Dieu voyant que le monde, avec la sagesse humaine, ne l'avait point connu dans les ouvrages de la sagesse divine, il lui a plu de sauver par la folie de la prédication ceux qui croiraient en lui. »
Fragment 588
1. « Pour que ne reste pas vaine la croix du Christ » (saint Paul, I Corinthiens, I, 17) – l'évangéliste signifiant par là qu'il entend « prêcher sans recourir à la sagesse de la parole » (si la parole humaine avait le pouvoir de convaincre ou de donner la foi, le sacrifice du Christ eût été inutile).
Article IX
Fragment 590
1. Voir fragment 609.
Fragment 592
1. Les adeptes des autres religions, contrairement aux chrétiens (« ceux-ci »).
Fragment 593
1. Une Histoire de la Chine (Sinicæ Historiæ) avait paru en 1658, écrite par le père Martini. On en tirait que les dynasties chinoises remontaient à une époque antérieure à la dispersion des langues, posant ainsi de graves problèmes aux chronologistes chrétiens. Mais dès 1655, Isaac de La Peyrère avait révélé dans ses Præadamitæ que les chronologies chinoises remontaient plus haut que la date attribuée à la création du monde et à celle d'Adam, que l'interprétation courante du Pentateuque (« Moïse ») situait quatre mille ans environ avant le Christ.
Fragment 594
1. Contre la chronologie chinoise, Pascal convoque la chronologie aztèque, en se souvenant de Montaigne, Essais, III, 6 : « Ceux du royaume de Mexico étaient aucunement plus civilisés et plus artistes que n'étaient les autres nations de là [i.e. du Nouveau Monde]. Aussi jugeaient-ils, ainsi que nous, que l'univers fût proche de sa fin, et en prirent pour signe la désolation que nous y apportâmes. Ils croyaient que l'être du monde se départ [i.e. se partage] en cinq âges, et en la vie de cinq soleils consécutifs, desquels les quatre avaient déjà fourni leur temps », le dernier étant apparu à l'occasion de « cette grande conjonction des astres qui produisit, il y a huit cents tant d'ans, selon que les astrologiens estiment, plusieurs grandes altérations et nouvelletés au monde ».
2. À la différence des livres qui sont simplement agréés (« reçu ») et qui sont en crédit dans une communauté, la Bible donne au peuple juif la Loi, et par là l'institue comme tel. Voir fragment 628.
Fragment 595
1. Étant lui-même le prophète, il n'a ni prophéties (voir fragment 599, et ci-après article XI), ni témoins (voir fragment 596 et article XII), ni miracles (voir fragment 600 et article XIII). Pascal puise son information sur la religion musulmane dans les ouvrages de Grotius (De veritate religionis christianæ, VI, 1627 pour la 1re édition) et Charron (Traité des trois vérités, II).
Fragment 596
1. Jean, V, 31 rapporte ce mot de Jésus : « Si je rends témoignage de moi, mon témoignage n'est pas véritable » (au sens de : n'est pas digne de foi).
2. Les éditeurs hésitent entre le singulier et le pluriel pour « misérable ». Dans le premier cas (Brunschvicg et Le Guern), c'est Mahomet qui est misérable en même temps qu'il est « seul » ; dans le second cas (Lafuma et Sellier), en référence au fragment 640, c'est le peuple juif – « témoin » perpétuel du Christ, répandu sur toute la terre, mais « misérable » d'avoir méconnu le Christ.
Fragment 597
1. Adversaires du christianisme, ces deux philosophes des premiers siècles n'ont jamais mis en doute l'attribution à saint Matthieu de l'Évangile qui porte son nom. De même, le Coran a été lié « de siècle en siècle » au nom de Mahomet, alors que celui-ci, comme Matthieu, n'est pas exactement l'auteur du texte saint.
Fragment 599
1. Le double argument est emprunté à Grotius, De veritate religionis christianæ, VI, 2 : « Cette religion a en général deux caractères, l'un d'inspirer la cruauté, et de porter ses sectateurs à répandre du sang ; l'autre, d'exiger une soumission aveugle, de défendre l'examen de ses dogmes, et d'interdire au peuple, par une suite naturelle de ce principe, la lecture des livres qu'elle leur fait recevoir comme sacrés. » À ce dernier interdit, Pascal oppose l'encouragement de saint Paul, dans I Timothée IV, 13 : « En attendant que je vienne, appliquez-vous à la lecture, à l'exortation et à l'instruction. » Et le fragment 601 fait allusion à l'un des derniers mots de Moïse avant sa mort : « Vous lirez les paroles de cette loi devant tout Israël, qui l'écoutera attentivement » (Deutéronome, XXXI, 11).
Fragment 601
1. Des juifs « charnels », voir fragment 608.
2. Charron (Traité des trois vérités, II, 5) : « Grande certes et très excellente marque de la chrétienté : qu'il y a eu une religion capitale expresse au monde pour lui servir de préambule et préparative. »
Fragment 603
1. Note de Brunschvicg : « Cette pensée a été supprimée car on y a reconnu, non pas un texte de Pascal, mais un fragment détaché par Port-Royal du no 737. »
Fragment 607
1. Attaque contre le laxisme des casuistes jésuites, selon lesquels le sacrement peut opérer sans que nous ayons à regretter nos fautes et changer notre conduite (voir la « Dixième Lettre » des Provinciales).
2. Ou « iniquités », au sens de péchés. Voir fragment 692.
Fragment 608
1. Les juifs « charnels » sont ceux qui n'ont retenu des promesses de Moïse que les seuls biens temporels – ceux, selon Grotius, « dont la jouissance ne passe pas les bornes de cette vie » : « une terre fertile, une maison bien fournie, des victoires, une vie longue et pleine de vigueur, une postérité nombreuse, héritière de tous ces avantages » (De veritate religionis christianæ, II, 9). Les jésuites sont pour Pascal les « chrétiens charnels ».
Fragment 609
1. « Ceux qui commençaient à reconnaître que la grâce de Dieu leur était nécessaire, et à croire en Jésus-Christ, comme en l'auteur de la grâce, appartenaient dès lors au Nouveau Testament, quoiqu'ils vécussent au temps du Vieil » (A. Arnauld, Seconde Apologie pour Jansénius, II, 3).
2. Les jésuites. Voir la fin de la « Dixième Lettre » des Provinciales, où Pascal reproche aux casuistes d'avoir « déchargé les hommes de l'obligation pénible d'aimer Dieu actuellement [i.e. effectivement] ».
Fragment 610
1. Ne donnait pas la préférence à.
2. Allusion à Josué, V, 5-6 (selon G. Ferreyrolles).
3. « Déchirez votre cœur [et non vos vêtements, et revenez à Yahvé, votre Dieu]. »
4. Psaumes, L, 17-18 (LI, 18-19).
5. Dans la Bible de Louvain, les Premier et Second Livres des Rois correspondent à ce que les éditions modernes de la Bible nomment Premier et Second Livres de Samuel, et les Troisième et Quatrième Livres des Rois correspondent à ce que les éditions modernes appellent Premier et Second Livres des Rois.
6. « Vos holocaustes ne me plaisent pas », Jérémie, VI, 20.
7. « Le Seigneur a parlé », Psaumes, CIX (CX).
Fragment 611
1. La cité de Dieu, dont l'Église terrestre ne donne qu'une image. Philon d'Alexandrie, dans le Premier Livre de la monarchie (trad. 1612), nomme le judaïsme « une nouvelle République chérie et aimée de Dieu » ou « la vraie et naïve République ».
2. I Chroniques (ou Paralipomènes), XIX, 13.
Fragment 612
1. « J'établirai entre moi et toi, par une alliance éternelle, le pacte par lequel je serai ton Dieu. Et tu conserveras mon alliance » (versets 7 et 9, parole de Dieu à Abraham).
Fragment 613
1. « Abraham, votre père, exulta à l'idée de voir mon jour ; il l'a vu et s'en est réjoui » (Jean, VIII, 56) et « Tous ses saints sont morts dans la foi, n'ayant point reçu les biens que Dieu leur avait promis, mais les voyant et comme les saluant de loin » (Épître aux Hébreux, XI, 13).
2. « J'espère en ton salut, Seigneur », Genèse, XLIX, 18.
3. Suite de l'Épître aux Hébreux, XI, 25-27 : Moïse « demeura ferme et constant, comme s'il eût vu l'Invisible ».
4. La plus connue étant la Théogonie d'Hésiode (VIIIe-VIIe siècles av. J.-C.).
5. Sans doute une marque faite par Pascal dans son exemplaire des Essais, signalant le passage auquel fait également allusion le fragment suivant. Voir aussi fragment 626.
Fragment 614
1. Essais, I, 23 : « La fortune, réservant toujours son autorité au-dessus de nos discours, nous présente aucunes fois [i.e. quelquefois] la nécessité si urgente qu'il ait besoin que les lois lui fassent quelque place. »
Fragment 617
1. Bérulle, Vie de Jésus, 420, Préambule XII : « Le Sauveur est prédit et promis au monde dès la naissance du monde. »
Fragment 618
1. De l'avènement du Messie.
Fragment 619
1. Lafuma, Sellier et Le Guern lisent « faiseurs », et mettent ensuite au masculin : « mais ils n'ont ni la morale… ».
2. Sellier imprime « leur sens » au singulier, comprenant : leur jugement, égaré par l'amour-propre.
3. Extraordinaires.
Fragment 620
1. Abraham.
2. Flavius Josèphe, Contre Apion (II, 15 et 31) ; Philon d'Alexandrie, Vie de Moïse (II, 12-15).
Fragment 621
1. Voir fragment 576.
Fragment 622
1. Moïse.
Fragment 623
1. Lire « Jacob » au lieu de « Joseph ». Allusion au moment de la bénédiction des enfants de Joseph par Jacob (voir fragment 711), lequel, contre tout usage, préfère le fils cadet à l'aîné ; saint Augustin (La Cité de Dieu, XVI, 3 et 42) interprète cet épisode de Genèse, XLVIII, 14 comme un signe de la prééminence que Dieu accordera aux chrétiens sur les juifs.
Fragment 624
1. Comme rédacteur du Pentateuque.
Fragment 625
1. Ph. Sellier se réfère à un fragment autographe joint à la copie C1, qui ne figure pas comme tel dans les éditions Brunschvicg : « Car, quoiqu'il y eût environ deux mille ans qu'elles [i.e. les « choses les plus mémorables » dans le fragment 624 de l'édition Brunschvicg] avaient été faites, le peu de générations qui s'étaient passées faisait qu'elles étaient aussi nouvelles aux hommes qui étaient en ce temps-là que nous le sont à présent celles qui sont arrivées il y a environ trois cents ans. Cela vient de la longueur de la vie des premiers hommes. En sorte que Sem, qui a vu Lamech, etc. [début du fragment 625]. Cette preuve suffit pour convaincre les personnes raisonnables de la vérité du déluge et de la création. Et cela fait voir la Providence de Dieu, lequel, voyant que la création commençait à s'éloigner, a pourvu d'un historien qu'on peut appeler contemporain et a commis tout un peuple pour la garde de son Livre [voir fragment 622]. Et ce qui est encore admirable, c'est que ce Livre a été embrassé unanimement et sans aucune contradiction, non seulement par tout le peuple juif mais aussi par tous les rois et tous les peuples de la terre, qui l'ont reçu avec un respect et une vénération toute particulière » (Sellier, 741).
Fragment 626
1. Autre marque de Pascal dans son exemplaire des Essais (voir supra, fragment 613, note 1), pour le passage suivant (II, 18) : « Quel contentement me serait-ce d'ouïr ainsi quelqu'un qui me récitât les mœurs, le visage, la contenance, les paroles communes [i.e. habituelles] et les fortunes de mes ancêtres ! Combien j'y serais attentif ! » Sur la longévité des « patriarches », voir Genèse, V et XI.
Fragment 627
1. Le nom de Josué, qui introduit le peuple élu dans la Terre promise, signifie, comme celui de Jésus, « Dieu sauve » ou « sauveur ».
Fragment 628
1. Les Livres sibyllins, recueillant les oracles des prophétesses de l'Antiquité et brûlés par Théodose (389 apr. J.-C.), étaient réputés contenir les destinées de Rome. On attribuait au dieu Hermès Trismégiste (« trois fois grand ») quarante-deux livres égyptiens, dits hermétiques.
2. « Qui » à la place de « que », selon la C2 (Sellier). Voir aussi fragment 594 : le livre en question est celui de Moïse.
Fragment 629
1. L'historien juif Flavius Josèphe a passé sous silence l'épisode du veau d'or, contrairement à Moïse, ce qui prouve selon Pascal la véracité du Pentateuque.
2. « Qui pourra me donner que tous prophétisent ? », Nombres, XI, 29. Moïse répond à Josué qui veut empêcher deux Hébreux de prophétiser : « Plût à Dieu que tout le monde prophétisât. »
3. « Je ne puis porter seul tout ce peuple, parce que c'est une charge trop pesante pour moi » (Nombres, XI, 14).
Fragment 630
1. G. Ferreyrolles lève ainsi l'allusion : « Depuis qu'il est sans prophètes, le peuple juif a redoublé d'attachement à sa Loi : Judas Maccabée et ses frères ont héroïquement combattu pour elle (voir les deux livres des Maccabées dans la Bible) et les docteurs juifs appelés Massorètes ont travaillé à en établir le texte (la Massore est l'ensemble des annotations qu'ils ont portées, du VIe au XIIe siècle, sur l'Ancien Testament). » Voir fragments 702 et 703.
2. Isaïe, XXX, 8, allégué dans le fragment suivant.
3. Voir fragment 687, sur l'interprétation de certaines lettres de l'alphabet hébraïque dans des passages messianiques.
Fragment 631
1. Deutéronome, XXX-XXXII.
Fragment 632
1. Dans la Bible, les Livres d'Esdras relatent avec ceux de Néhémie les événements qui ont suivi la fin de la captivité des Juifs en Babylone (538 av. J.-C.) : retour à Jérusalem et reconstruction du Temple. Un « Quatrième Livre d'Esdras », qui ne figure pas dans le canon catholique, prétend en son chapitre XIV que le texte de l'Écriture aurait brûlé dans l'incendie du Temple en 587 et qu'Esdras l'aurait reconstitué de mémoire. Pascal veut montrer que ce récit qui met en cause l'authenticité et donc l'autorité du Livre sacré n'est qu'une « fable » (de fait, le texte, datant du Ier siècle apr. J.-C., est apocryphe).
2. Antiquités judaïques, XI, 5, et II Esdras (livre canonique, à la différence du livre IV), c'est-à-dire Néhémie, VIII, 2-4 dans les éditions modernes).
3. « Aucun des Anciens Hébreux n'a rapporté que les livres aient été détruits et reconstitués par Esdras, sauf le Quatrième Livre d'Esdras », Baronius, Annales ecclésiastiques, année 180 apr. J.-C., § 12.
4. « Le langage et l'alphabet dans lesquels la loi a été écrite demeurèrent les mêmes jusqu'aux Septantes » (Philon d'Alexandrie, Vie de Moïse, II), c'est-à-dire jusqu'à la traduction grecque dite de la Septante : elle aurait été commandée à soixante-douze sages israélites par Ptolémée Philadelphe à Alexandrie, vers 270 av. J-C. ; chaque traducteur aurait travaillé séparément mais, par l'influence du Saint Esprit, ils auraient délivré des versions rigoureusement identiques. La Bible grecque de la Septante est reconnue par les catholiques, mais pas par les juifs pour qui la Torah est entièrement en hébreu.
5. Antiquités judaïques, XII, 2, qui dément donc le Quatrième Livre d'Esdras, lequel affirme (XIV, 42) qu'Esdras dicta le texte de la loi à cinq hommes « à l'aide de signes qu'ils ne connaissaient pas ».
6. Pascal réunit à partir de là les témoignages qui ont pu donner du crédit à la « fable d'Esdras ». D'abord Tertullien, Sur la mise des femmes, I, 3 : « [Noé] a pu reconstituer en esprit [le Livre d'Énoch] que la violence d'un cataclysme avait détruit, tout comme on sait qu'Esdras a su restaurer l'ensemble des Livres judaïques, détruits lors de la prise de Babylone. »
7. Pascal cite plus largement, quelques lignes plus loin, le texte en latin de l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe de Césarée (V, 8) dont nous donnons infra la traduction.
8. Traité Contre les hérésies (vers 190 apr. J.-C.), III, 25.
9. Eusèbe, traduit en latin : « Dieu a été glorifié, et les vraies Écritures divines ont été crues, que tous récitaient dans les mêmes termes exactement depuis le début jusqu'à la fin, afin que les peuples présents connussent que les Écritures ont été interprétées par l'inspiration divine, et qu'il n'est pas étonnant que Dieu ait accompli en eux cette œuvre, puisque, dans la captivité du peuple sous Nabuchodonosor, les Écritures étant détruites, et soixante-dix ans plus tard les Juifs retournant dans leur pays, et ensuite du temps d'Artaxerxès, roi des Perses, il inspira à Esdras, prêtre de la tribu de Lévi, l'idée de rappeler les prophéties et de restituer au peuple la loi qu'il avait donnée par Moïse. » Les dernières lignes du texte latin traduisent le passage cité plus haut en grec. La version latine de ce texte est sans doute de Pascal.
Fragment 633
1. Dans II Macchabées, II, 1-2, il est dit que Jérémie donna aux juifs en partance pour Babylone des « préceptes », qui sont le texte même de la Torah (le Pentateuque), dont on doit donc penser qu'elle n'avait pas été détruite dans l'incendie du Temple.
2. La reconstitution des Écritures dont la « fable » du Quatrième Livre d'Esdras fait mention.
3. IV Rois (aujourd'hui II Rois), XVII, 27 montre que, lors de la première déportation (après la chute du royaume d'Israël en 721 av. J.-C.), la Loi fut conservée.
Fragment 634
1. G. Ferreyrolles éclaire ainsi le fragment : « Ceux qui défendent l'autorité de la “fable d'Esdras” tirent argument » de la tradition qui veut que la traduction des Septante se soit trouvée miraculeusement identique : « si le Saint-Esprit, disent-ils en substance, a permis la miraculeuse concorde des Septante, pourquoi n'aurait-il pas pu inspirer la reconstitution exacte de l'Écriture par Esdras ? Le raisonnement de Pascal prend la forme d'un dilemme : ou la “fable d'Esdras” est une invention, et l'on ne peut s'en prévaloir pour contester l'authenticité de l'Écriture ; ou elle est “croyable”, mais, son autorité n'étant fondée que sur celle qu'on attribue à l'inspiration collective des Septante, elle suppose – bien loin de la compromettre – l'authenticité de l'Écriture. »
Fragment 635
1. Le « rabbinisme » est l'enseignement des rabbins, consigné dans le recueil du Talmud, composé du Talmud de Jérusalem (désigné plus loin par : Talmud Hierosol.) et le Talmud de Babylone (dit Gemara, parce qu'il vient « en complément » du premier). Pascal note ici des éléments empruntés aux commentaires de Joseph de Voisin à son édition (1651) du Pugio fidei (Le Poignard de la foi contre les musulmans et les juifs), écrit au XIIIe siècle par Ramon Marti, dominicain catalan. Voir aussi fragments 446, 723 et 726.
Fragment 636
1. « Si vous voulez [m'écouter, vous serez rassasiés des biens de la terre] », Isaïe, I, 19 ; « En même temps que [i.e. “si”] vous mangerez [du fruit de l'arbre de la science, vous mourrez…] ». Dans ces citations de « commandements » de Dieu, l'adverbe si ne suppose pas en l'homme la liberté d'« indifférence », soit le pouvoir d'accomplir à sa guise l'ordre divin. Même idée dans les Écrits sur la grâce (Œuvres complètes, éd. J. Mesnard, éd. cit., t. III, p. 660 sq.) : la volonté humaine peut bien être la « cause immédiate de l'observation des commandements », c'est la grâce divine qui demeure la « cause première ».
Fragment 637
1. Jérémie, XXV, 11-12 : il est prophétisé que la captivité des Juifs durerait soixante-dix ans.
Fragment 638
1. Deutéronome, XXX, 1-5.
Fragment 641
1. Voir le long fragment 713.
Article X
Fragment 642
1. « Deux faces prou[vées] », lit-on dans Sellier. Moïse Maïmonide (1135-1204) est un théologien et philosophe juif d'Espagne, auteur d'un Commentaire sur la Mishna – laquelle forme le socle de la tradition hébraïque – et du Guide des égarés.
2. La Cabale ou Kabbale est un courant ésotérique du judaïsme qui pratique une exégèse mystique de la Torah pour mettre au jour son sens caché.
Fragment 643
1. « Pour que vous sachiez que le fils de l'homme a le pouvoir de remettre les péchés, je te dis : lève-toi » (parole de Jésus au paralytique, dans Marc, II, 10-11).
2. Souvent repris par Pascal, le principe vient de saint Paul (Romains, I, 20).
3. Voir fragment 670. En référence aux Écrits sur la grâce (Œuvres complètes, éd. J. Mesnard, éd. cit., t. III, p. 678 sq.), G. Ferreyrolles comprend : « La Loi (de Moïse) ne donne pas la grâce, qui vient de Jésus-Christ, mais la grâce permet au fidèle de mériter la gloire. »
Fragment 644
1. Fils aîné de Noé.
Fragment 646
1. Dans la réalité.
Fragment 649
1. C'est-à-dire contre les auteurs qui proposent des interprétations « tirées par les cheveux » (fragment suivant).
Fragment 650
1. Commentateurs qui fondent des prophéties sur une interprétation de l'Apocalypse (voir fragment suivant).
Fragment 651
1. Les préadamites soutenaient qu'Adam n'était pas le premier homme, qu'il était donc l'ancêtre non de toute l'humanité mais du seul peuple juif (Isaac de La Peyrère, Les Préadamites, 1655). Les millénaires étaient partisans d'une interprétation littérale de l'Apocalypse, XX, 4-6, et pensaient que le Messie devait régner mille ans sur la terre avant que Satan soit vaincu. Ils avaient donc prédit la fin du monde pour l'an 1000.
2. Matthieu, XXIV, 34.
3. II Paralipomènes (ou Chroniques), I, 13-14.
Fragment 653
1. Respectivement : Jérémie, XIII, 1-11 ; Ézéchiel, V, 1-17.
Fragment 654
1. Saint Bernard, dernier Sermon sur Luc, I, 26 : « L'ange Gabriel fut envoyé [missus] de Dieu en une ville de Galilée, appelée Nazareth. »
2. Voir fragment 578.
3. Sellier (802) imprime, à la suite de Lafuma : « Jésus ne sait pas comme homme ou comme légat : Matthieu, XXIV, 36 », qu'il cite : « Nul autre que mon Père ne sait ce jour ni cette heure [le moment de la fin du monde], non pas même les anges du Ciel », ni donc le Christ lui-même, pas même en tant que « légat » ou envoyé par son Père. Révéler ce moment ne fait pas partie de sa mission terrestre.
4. Où Augustin interprète Malachie, IV, 5-6 comme une prophétie de la conversion des juifs au Christ dans les derniers temps.
Fragment 655
1. Selon saint Augustin (De la Genèse contre les manichéens, I, 23), les six âges du monde devaient se comprendre sur le modèle des six jours de la Création selon la Genèse, chacun avec sa figure dominante (ici « le père ») et son commencement prometteur.
Fragment 656
1. « Modèle de ce qui est à venir », saint Paul, Romains, V, 14.
Fragment 657
1. Exode, II, 11-14, où saint Augustin voyait une préfiguration de la libération d'Israël détenu en esclavage par les Égyptiens ; Pascal y lit encore une « figure » de l'ingratitude d'Israël à l'égard de Dieu, depuis l'adoration du veau d'or jusqu'au rejet du Christ (selon G. Ferreyrolles). Voir fragment 631.
Fragment 658
1. Le sourd : Marc, VII, 32-35. Le muet : Luc, XI, 14. L'aveugle : Jean, IX. Le paralytique : Matthieu, IX, 2-7. Lazare : Jean, XI. Le possédé : Matthieu, VIII, 28.
Fragment 659
1. Dernier verset (« ultima ») de Jérémie.
2. « … il faut accorder tous les passages contraires » (fragment 684).
Fragment 660
1. Luc, XVII, 21.
Fragment 661
1. Saint Jean-Baptiste, qui prépare la venue du Christ (Matthieu, III, 1-2 ; Marc, I, 2-5).
Fragment 662
1. Sellier ajoute « [fût] », en référence à Jean, VIII, 56-58 (« devant que » a le sens d'« avant que »).
Fragment 665
1. Elle n'est pas à interpréter « figurativement », étant elle-même vérité de toutes les figures (fragment 670).
2. Matthieu, VI, 23.
Fragment 666
1. « Fascination de la frivolité », Sagesse, IV, 12. Voir fragment 203.
2. « Leur sommeil », Psaumes, LXXV, 5 (LXXVI, 6) : les insensés « se sont endormis du sommeil de la mort ».
3. « La figure de ce monde [passe] », saint Paul, I Corinthiens, VIII, 31.
4. Moïse dit au peuple d'Israël arrivé en Terre promise : « vous mangerez votre pain [sans en manquer jamais] » (Deutéronome, VIII, 9).
5. « [Donnez-nous aujourd'hui] notre pain [de chaque jour] », Luc, XI, 3.
6. « Les ennemis de Dieu lècheront la terre », Psaumes, LXXI, 9 (LXXII, 9).
7. « Avec des herbes amères », Exode, XII, 8.
8. « Moi, je suis seul, jusqu'à ce que je passe », Psaumes, CXL, 11 (CXLI, 10). Verset attribué au Christ qui par sa mort « passe [transeat] de ce monde à son père » (Jean, XIII, 1).
Fragment 667
1. Terme de l'Ancien Testament qui « figurativement » désigne le Messie. « Vous qui êtes le très puissant [potentissime], ceignez votre épée sur votre cuisse », Psaumes, XLIV, 4 (XLV, 4). Voir fragment 760.
Fragment 668
1. Sellier (769) ajoute, comme Lafuma (948) : « et injuste ».
Fragment 670
1. I Corinthiens, X, 11.
Fragment 672
1. Sellier (400) lit, comme Lafuma (367) : « Point formalistes ».
2. Actes des Apôtres, XV, 5-11. De même pour la dernière proposition du fragment.
Fragment 673
1. « Fais selon le modèle qui t'a été montré sur la montagne », Exode, XXV, 40. Voir fragment suivant.
2. I Timothée, IV, 1-3, où Paul dénonce les « doctrines diaboliques » à venir, qui « interdiront [défendront] le mariage ».
3. Le terme « ratière » doit être pris au sens de « piège », piège dans lequel on tombe si l'on n'interprète pas correctement le passage de I Corinthiens, VII qui place l'état de virginité au-dessus du mariage.
Fragment 674
1. Exode, XXV, 40. Dieu a montré à Moïse, sur le mont Sinaï, le modèle du temple qu'il demande aux Hébreux de bâtir.
Fragment 675
2. Du sens caché des prophéties.
Fragment 678
1. Voir L. Marin, Le Portrait du roi, Minuit, 1981 et Pascal et Port-Royal, PUF, 1997.
Fragment 679
1. Les pélerins d'Emmaüs (Luc, XXIV, 27 et 32).
2. Voir fragment 564.
3. Épître aux Hébreux, II, 14. Voir fragment 765.
Fragment 681
1. « Les vrais adorateurs », Jean, IV, 29.
2. « Voici l'agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde », Jean, I, 29.
Fragment 682
1. « Le cœur de tous est dépravé et incrustable ; qui le connaîtra ? », Jérémie, XVII, 9.
2. « C'est moi le Seigneur [qui scrute le cœur et qui éprouve les reins] », Jérémie, XVII, 10.
3. « Je ferai à cette maison [dans laquelle a été invoqué mon nom, et en laquelle vous avez confiance, et à ce lieu que je vous ai donné à vous et à vos pères, comme j'ai fait à Silo] », Jérémie, VII, 14.
4. « Parce que je n'ai point parlé [à vos pères, je ne leur ai rien commandé au jour où je les ai tirés de la terre d'Égypte, au sujet des holocaustes et des victimes] », Jérémie, VII, 22.
5. « Car selon le nombre [de tes cités étaient tes dieux, ô Juda…] », Jérémie, XI, 13. Comprendre : « Vous avez eu autant de dieux que de villes. »
Fragment 683
1. « La lettre tue et l'esprit vivifie », saint Paul, II Corinthiens, III, 6.
2. Luc, XXIV, 26. Actes des Apôtres, XVII, 3.
3. Nourriture.
4. Jean, VI, 32-33 et 51 (« Je suis le pain vivant, qui suis descendu du Ciel »).
Fragment 684
1. Voir P. Force, Le Problème herméneutique chez Pascal, Vrin, 1989.
2. Voir fragments suivants.
3. Voir fragment 659.
Fragment 685
1. « L'agneau a été tué dès l'origine du monde », Apocalypse, XIII, 8.
2. Sellier (290) lit, comme Lafuma (259) : « Juge sacrificium : le sacrifice perpétuel [sera aboli] », et réfère à Daniel, XII, 11.
Fragment 686
1. Prophétie de Jacob mourant dans Genèse, XLIX, 10 : « Le sceptre ne sera point ôté de Juda, ni le prince de sa postérité, jusqu'à ce que celui qui doit être envoyé soit venu ; et c'est lui qui sera l'attente des nations. » En sens contraire, cf. Osée, III, 4 : « C'est l'état où les enfants d'Israël seront pendant un long temps : sans roi, sans prince, sans sacrifice, sans autel » (d'après G. Ferreyrolles).
2. Le Lévithique dit que la Loi sera toujours observée par le peuple d'Israël ; en sens contraire, de nombreux textes bibliques prédisent que cette loi « doit changer au Messie » (fragment 642).
3. En Genèse, XVII, 7, Dieu promet à Abraham un « pacte éternel » avec le peuple juif ; en Jérémie, XXXI, 31, la promesse est celle d'une « nouvelle alliance ».
4. Autre « contrariété » : la loi de Moïse est dite faite de « préceptes imparfaits » par Dieu lui-même (Ézéchiel, XX, 25). Seule une lecture figurative qui distingue sens charnel et sens spirituel est susceptible de lever la contradiction.
Fragment 687
1. « Assieds-toi à ma droite », Psaumes, CIX, 1 (CX, 1).
2. Genèse, VIII, 21 et XXVII, 28.
3. « Il entra en colère [contre son peuple] », Isaïe, V, 25.
4. « Car il a renforcé les serrures de tes portes », Psaumes, CXLVII, 1-2 (CXLVII, 12-13).
5. Le mem est une lettre de l'alphabet hébraïque, qui peut s'écrire ouverte ou fermée selon qu'elle est au commencement ou à la fin d'un mot, ce qui en change la valeur numérique dans l'interprétation rabbinique. Pascal dénonce ici une interprétation qui, de la présence anormale d'un mem fermé à l'intérieur d'un mot, déduisait d'un passage d'Isaïe la date de la naissance du Christ, six ans après la prophétie (d'après G. Ferreyrolles).
Fragment 692
1. Sellier (300) donne : « des armées » ; Lafuma (269) imprime « des ennemis », comme Le Guern (252). D'autres lecteurs proposent : « des iniquités ».
2. Il s'agit d'une addition en interligne laissée incomplète dans l'autographe (R.O.33). Voir la transcription et les analyses proposées sur le site penseesdepascal.fr.
Article XI
1. Se trouvent réunis sous ce titre tous les fragments relatifs aux prophéties bibliques annonçant la venue du Christ, et qui en constituent selon Pascal la « preuve » décisive (fragment 706).
Fragment 693
1. Combien il est plus vraisemblable.
Fragment 694
1. Le parti à prendre, faute de certitude. Voir le fragment 233 sur le « pari ».
2. L'édition de Port-Royal (1670) achevait ainsi la phrase : « … aurait entièrement perdu l'esprit ». Pour la phrase suivante, voir fragments 203 et 204.
Fragment 695
1. Plutarque rapporte dans son Traité de la cessation des oracles (XVII) qu'un certain Thamus, sous le règne de Tibère, aurait entendu une voix lui demandant d'annoncer « Le grand Pan est mort », soit la fin du paganisme. Anecdote rappelée par Charron dans son Traité des trois vérités (1593).
Fragment 696
1. « Ils [les Juifs de Béroé] reçurent la parole avec beaucoup d'affection et d'ardeur, examinant tous les jours les Écritures, pour voir si ce qu'on leur disait était véritable », Actes des Apôtres, XVII, 11 (trad. Lemaître de Sacy, 1667).
Fragment 697
1. « Lis ce qui a été annoncé. Vois ce qui a été accompli. Recueille ce qui reste à accomplir » (d'après saint Augustin, Lettres, 137).
Fragment 700
1. Voir fragment suivant. « César » peut désigner tout empereur romain, dont Auguste sous le règne duquel naquit Jésus, Hérode régnant sur la Judée.
Fragment 701
1. Flavius Josèphe (Antiquités judaïques, XVIII, 11) et Philon d'Alexandrie (Ambassade à Caïus) rapportent le refus opposé par les Juifs à l'empereur Caïus Caligula qui prétendait voir sa propre statue érigée dans le temple de Jérusalem. Leur « zèle » a permis la conservation des Écritures.
2. Dux de femore ejus. Traduction littérale de la Genèse, XLIX, 10 : « Non auferetur sceptrum de Juda, et dux de femore ejus (« Le sceptre ne sera point ôté de Juda, ni le prince de sa postérité [jusqu'à ce que celui qui doit être envoyé soit venu] »). Voir fragments 726 et 711, où la locution se trouve chaque fois autrement traduite.
Fragment 707
1. Sellier (4) donne ici : « qu'on ne prît point l'avènement pour les effets du hasard » ; Le Guern (364) : « qu'on ne prenne point tout cela pour un effet du hasard » ; et Lafuma (385) : « qu'on ne prenne point l'événement pour un effet du hasard ». L'argument, venu de Grotius (De veritate religionis chistianæ, III, 16) mais aussi de Charron (Traité des trois vérités, II, 5), est que la dispersion des Juifs a rendu impossible la falsification des livres de l'Ancien Testament.
2. Les Juifs.
Fragment 708
1. Voir fragment suivant et 724.
Fragment 709
1. L'avènement du Christ se trouve prédit dans l'Ancien Testament de quatre « manières », soit selon quatre repères chronologiques différents : le Messie doit advenir pendant la quatrième monarchie (Daniel, II), à la fin du règne de Juda ou de la « domination des Juifs » (Genèse, XLIX), pendant la soixante-dixième semaine de Daniel (Daniel, IX), avant la destruction du second temple de Jérusalem (Aggée, II). Voir fragments 722, 724, 738, où Pascal traduit ces passages dont la convergence ne cesse de l'étonner.
Fragment 711
1. Genèse, XLIX, et XLVIII pour l'alinéa suivant.
2. Genèse, L.
3. Nombres, XXXIV-XXXV, et Deutéronome, XXVIII-XXXII.
Fragment 714
1. Voir fragment 711 (la référence est explicitée plus loin : « Moïse prédit ce qui doit arriver à chaque tribu »).
Fragment 715
1. Amos, II, 6 et Zacharie, XI, 12. Voir fragment 761.
2. Allusion à la prophétie de la nouvelle alliance. Voir fragment 729.
3. « L'Ange de l'alliance si désiré de vous viendra dans son temple » (III, 1). Selon G. Ferreyrolles, le rapprochement des deux passages vient de Grotius (De veritate religionis christianæ, V, 14), qui écrit que le second Temple sera plus glorieux que le premier (Aggée) parce que le Messie y viendra (Malachie).
Fragment 716
1. Le grand prêtre Jaddus montra à Alexandre le passage du Livre de Daniel prédisant qu'un roi grec détruirait l'Empire perse : le conquérant adora le Dieu des juifs (selon Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XI, 8).
Fragment 717
1. Jérémie, XXXIII, 25-26 : que Dieu puisse abandonner la descendance de David est présenté comme une supposition impossible. Voir fragment 718, note 1.
Fragment 718
1. II Chroniques, VII, 17-18. Dieu dit à Salomon : « Si vous agissez en tout selon les ordres que je vous ai donnés, et que vous gardiez mes préceptes et mes ordonnances, je conserverai le trône de votre règne à votre race, ainsi que je l'ai promis à David votre père, lorsque je lui dis : Vous aurez toujours des successeurs de votre race qui seront princes en Israël. »
2. « Voici ce que dit le Seigneur : Si l'on peut rompre l'alliance que j'ai faite avec le jour et l'alliance que j'ai faite avec la nuit, pour empêcher que le jour et la nuit ne paraissent chacun en leur temps, on pourra rompre aussi l'alliance que j'ai faite avec mon serviteur David et empêcher qu'il ne naisse de lui un fils qui règne sur son trône. »
Fragment 720
1. « Nous n'avons d'autre roi que César », Jean, XIX, 15. C'est la réponse des prêtres juifs à Pilate qui leur montrait Jésus en disant : « Voilà votre roi. Crucifierai-je votre roi ? » La réplique est invoquée par Pascal comme preuve que « la fin du règne de Juda » prophétisée dans Genèse, XLIX, 10 s'accomplit en Jésus-Christ lui-même (d'après G. Ferreyrolles).
Fragment 722
1. Pascal traduit les versets 27-46. Les passages entre parenthèses sont des annotations marginales.
2. La « pierre » est donc le Christ (voir fragments 727 et 734).
3. Au sens de : victime sacrificielle.
4. L'historien grec Appien (fin du Ier siècle), auteur d'une Histoire romaine qui narre les guerres de conquête pour la constitution de l'Empire. Pascal allègue plus loin un autre historien latin : Justin (IIe siècle), auteur d'une Histoire universelle.
5. Du Nord.
6. Probable confusion de Pascal : dans Daniel, XI, 15, ce nom est celui non d'une ville mais du chef de l'armée égyptienne réfugié dans la ville fortifiée de Sidon (au sud de l'actuel Liban), dont « le roi du Nord » doit s'emparer.
Fragment 723
1. Voir fragment 709 et note 1.
2. Note de Brunschvicg, qui s'appuie sur l'édition des Pensées par E. Havet (vers 1850) : « Les termes de la prophétie sont, suivant la Vulgate : “Ab exitu sermonis ut iterum aedificetur Jerusalem.” Soit, comme l'indique Havet, pour Pascal : “Depuis que la parole sortira pour rétablir et réédifier Jésuralem” [Daniel, IX, 25]. On peut comprendre qu'il s'agit de l'édit de Cyrus en faveur des Juifs, ou de celui d'Artaxerxès à Esdras ou à Néhémie. Mais, note encore Havet, on peut penser que la “parole qui annonce le rétablissement de Jérusalem” est la prophétie de Jérémie sur laquelle médite Daniel [IX, 2]. “Il y a entre cette date et celle du second édit d'Artaxerce […] une différence de plus de 150 ans.” Mais de plus, poursuit-il, les chronologies des rabbins sont diverses. » — G. Ferreyrolles signale que Pascal a lu le compte rendu des discussions entre rabbins dans le Pugio fidei du dominicain catalan du XIIIe siècle Ramon Marti, pamphlet antijudaïque allégué au fragment 726 (voir aussi fragments 446 et 635).
Fragment 724
1. Philon d'Alexandrie (déjà cité au fragment 701), qui décrit l'existence des Thérapeutes, anachorètes de Haute-Égypte traditionnellement assimilés aux chrétiens (De la vie contemplative).
Fragment 727
1. Parole mystérieuse ou obscure (Ézéchiel, XVII, 2, qui annonce allégoriquement l'avenir de la dynastie de David, et donc le règne du Messie). Les éditions Sellier et Le Guern impriment : Ænigmatiza.
2. « Car Yahvé a versé sur vous un esprit de torpeur, et il a fermé vos yeux… », Isaïe, XXIX, 10.
3. Ultima : dernier chapitre, XIV, 10. Voir fragment 713.
4. Les méchants ne comprendront pas ; les doctes comprendront », Daniel, XII, 10.
5. Psaumes, CIX, 8 dans les éditions modernes ; le Nouveau Testament (Actes des Apôtres, I, 20) « applique » ce verset de l'Ancien Testament à la trahison de Judas.
6. Jérémie, XXI, 36.
7. Amos, VIII, 11-12. Voir fragments 610 et 726.
8. Isaïe, LIX, 9-11.
Fragment 728
1. La dîme (les Hébreux devaient consacrer à Dieu le dixième du produit de leurs terres avant de le manger en son honneur).
2. Les éditions Sellier impriment au singulier « il serait sans roi », comprenant : « Israël » au lieu des « Juifs » (référence à Osée, III, 4).
Fragment 730
1. Une victime pure : le sacrifice eucharistique substitué au sacrifice animal.
Fragment 732
1. Jérémie, XXXI, 34.
2. Joël, II, 28.
3. Jérémie, XXXI, 33-34.
Fragment 733
1. Isaïe, II, 3.
Fragment 734
1. Daniel, II, 31-45. Il s'agit de la vision de la statue au pied d'argile, détruite par une pierre. Voir fragment 722.
Fragment 735
1. Jus acide issu du raisin cueilli avant maturité.
2. « [J'ai tout le jour étendu mes mains à ce] peuple rebelle et rétif », saint Paul, Romains, X, 21, qui cite Isaïe, LXV, 2.
3. Deutéronome, XXVIII, 28-29.
4. Malachie, III, 1.
Fragment 736
1. « [Ils regarderont celui qu'ils] ont transpercé », Zacharie, XII, 10 (prophétie du coup de lance donné par un soldat romain à Jésus crucifié).
2. « [Et lui-même rachètera Israël] de toutes les injustices », Psaumes, CXXIX, 8 (CXXX, 8).
3. Psaumes, CIX, 5 (CX, 4). Melchisédech, roi de Salem, fait comme prêtre l'offrande du pain et du vin, interprété comme une préfiguration de l'Eucharistie (Genèse, XIV, 18). Voir fragment 610.
Article XII
Fragment 737
1. « Heureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu » (Matthieu, V, 8).
2. Le peuple juif.
3. Le passage est très difficile à déchiffrer. Les éditions Sellier (646) impriment ici : « et cette synagogue qui l'a [i.e. le Messie] précédé, et cette synagogue (ce nombre de Juifs) misérables et sans prophètes qui le suivent et qui, étant tous ennemis [comprendre : refusant le statut messianique du Christ], sont d'admirables témoins pour nous de la vérité de ces prophéties où leur misère et leur aveuglement est prédit ». Le Guern (655) donne : « et cette synagogue pleine de prophètes qui l'a prédit, et cette synagogue misérable et sans prophètes qui le suivent et qui, étant tous ennemis, sont d'admirables témoins ».
4. « Tu tâtonneras en plein midi », Deutéronome, XXVIII, 29.
5. « On donnera un livre à quelqu'un qui sait lire, et il dira : Je ne puis pas lire [parce qu'il est scellé] », Isaïe, XXIX, 11. Voir fragment 713.
6. Hérode le Grand. Voir fragment 753.
Fragment 741
1. Le Pentateuque, dont Moïse est considéré comme l'auteur par les contemporains de Pascal.
2. « Qui me donnera [de tracer dans un livre mes paroles ?] Je sais qu'il existe un rédempteur pour moi », Job, XIX, 23-25.
Fragment 743
1. Genèse, XXXVIII. Voir fragment 578.
Fragment 744
1. Luc, XXII, 40 et 46.
2. « Et toi, quand tu seras converti [conversus], confirme tes frères », Matthieu, XXII, 32 (parole de Jésus à Pierre).
3. « Se retournant [conversus], Jésus regarda Pierre », Matthieu, XXII, 61.
4. Allusion à l'arrestation de Jésus (selon Luc, XXII, 49-51 et Jean, XVIII, 10). C'est Pierre qui frappe un certain Malchus sans attendre l'autorisation de Jésus, lequel interdit tout acte de violence avant de guérir l'homme blessé.
5. Les prêtres juifs et la foule accusent Jésus devant Pilate : « Il soulève le peuple par la doctrine qu'il répand dans toute la Judée, depuis la Galilée où il a commencé, jusqu'ici. […] Pilate, entendant parler de la Galilée, demanda s'il était galiléen ; ayant appris qu'il était de la juridiction d'Hérode, il le renvoya à Hérode », lequel le renverra à Pilate (Luc, XXIII, 5-7). De cet échange naîtra une amitié entre les deux hommes, l'un juif l'autre gentil : Pascal voit sous la « raison temporelle » de l'amitié nouvelle cette « raison mystique » (ce mystère) « que Jésus, devant réconcilier en sa personne les deux peuples juif et gentil en détruisant les inimitiés en sa personne par sa croix, voulut pour marque de cette paix réconcilier dans l'occasion de sa passion ces deux pour amis » (Abrégé de la vie de Jésus-Christ, § 246, rappelé par G. Ferreyrolles).
Fragment 745
1. Voir fragment 762.
Fragment 747
1. Titre d'un possible « dossier » selon la « table » figurant en tête des deux copies ; voir notre Note sur l'édition Brunschvicg, p. 32sq. Voir également le fragment 617.
Fragment 751
1. « Aveuglez [le cœur de ce peuple…] », Isaïe, VI, 10.
Fragment 752
1. Sa victoire sur Goliath dans I Rois (aujourd'hui I Samuel), XVII, 36-37 et 46-47, ou le Messie dans les Psaumes.
Fragment 753
1. Pris pour le Messie, parce que la prophétie voulait qu'à l'arrivée de celui-ci « le sceptre fût ôté de Juda » (fragment 639), et qu'Hérode était le premier étranger à être devenu roi des Juifs.
2. Bar-Kocheba (ou Bar Kokhba), chef de la dernière révolte juive contre Rome (132-135), considéré un temps comme le Messie. Toutes les allusions viennent de Grotius (De veritate religionis christianæ, III et V), où figurent des citations de Suétone (Vie de Claude) et Tacite (Annales, XV).
3. Et non des Grecs, comme l'écrit Pascal par inadvertance. Souvenir du Pugio fidei, où un rabbin interdit aux Juifs tout calcul sur la date de la venue du Messie.
4. Isaïe, VI, 9-10.
Fragment 754
1. « Étant homme, tu te fais Dieu », Jean, X, 33-35 (parole des Juifs à Jésus, au moment de le lapider). Lire « facis » et non « facit ».
2. Réponse de Jésus : « Il est écrit [dans votre Loi] : vous êtes des dieux, et l'Écriture ne peut être démentie », Jean, X, 33-35.
3. Jésus parlant de Lazare malade : « Cette infirmité ne va pas à la mort, [mais à la vie] », Jean, XI, 4. Pascal ajoute, en latin lui aussi : « et pourtant elle va à la mort » (la vie évoquée par le Christ est donc celle promise par la résurrection).
4. « Lazare dort ; et ensuite, Jésus dit : Lazare est mort », Jean, XI, 11-14.
Fragment 755
1. Voir fragment 578.
Fragment 757
1. La naissance obscure du Christ constitue le premier avènement ; son retour glorieux à la fin des temps fera le second. Voir fragments 765, 642 et 678.
Fragment 758
1. Voir fragment 687.
Fragment 760
1. « [Ceins] ton épée, ô Très Puissant », Psaumes, XLIV, 4 (XLV, 4). Voir fragment 667 et note.
Fragment 766
1. « [C'est pourquoi] en entrant dans le monde [il dit : Vous n'avez pas voulu de sacrifice ni d'oblation, mais vous m'avez formé un corps] », Épître aux Hébreux, X, 5.
2. Jésus devant le temple de Jérusalem : « Voyez-vous tous ces grands bâtiments ? Ils seront tellement détruits qu'il n'y demeurera pas pierre sur pierre », Marc, XIII, 2.
Fragment 767
1. Le chrétien.
Fragment 768
1. Le fils de Jacob dont la Genèse relate l'histoire (XXXVII et XXXIX-L).
2. Luc, XXIII, 42.
Fragment 769
1. Voir fragment 724.
Fragment 770
1. Celse, mentionné dans le fragment 597, est un philosophe antichrétien du IIe siècle, auteur d'un Discours vrai réfuté par Origène dans Contre Celse (vers 248). Les éditions Sellier ajoutent ici : « Mes apôtres le vont faire après que vous aurez tué l'héritier de la vigne [i.e. le Christ lui-même, selon la parabole des vignerons homicides dans Marc, XII, 1-9]. Et puis les apôtres ont dit aux Juifs… »
Fragment 771
1. Luc, I, 53.
Fragment 772
1. « Je répandrai mon esprit [sur toute chair. Vos fils et vos filles prophétiseront] », Joël, III, 1.
Fragment 773
1. « Tous les peuples viendront et l'adoreront », Psaumes, XXI, 29-30 (XXII, 28).
2. « C'est trop peu que [tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob] », Isaïe, XLIX, 6.
3. « Demandez [et je vous donnerai les peuples en héritage] », Psaumes, II, 8 (parole de Dieu au Messie).
4. « Tous les rois l'adoreront », Psaumes, LXXI, 11 (LXXII, 11).
5. « Des témoins de mensonge [se lèvent contre celui qui n'avait été que bonté] », Psaumes, XXXIV, 13 (XXXV, 11). Ce passage et les suivants sont traditionnellement lus comme prophéties de la Passion du Christ.
6. « Il tendra la joue à celui qui le frappera », Jérémie, Lamentations, III, 30.
7. « Ils ont donné du vinaigre dans ma nourriture », Psaumes, LXVIII, 26 (LXIX, 22).
Fragment 774
1. Genèse, XII, 3 puis XXII, 18.
2. Isaïe, XLIX, 6. Voir fragment 773, p. 347, note 5.
3. « [Je t'établis pour être] la lumière des nations », Luc, II, 32.
4. « [Dieu] n'a pas fait ainsi pour tous les peuples, [il ne leur a pas manifesté ses préceptes] », Psaumes, CXLVII, 9 (CXLVII, 20).
5. « Il [Jésus] a fait ainsi pour tous les peuples. » Pascal retourne la citation précédente pour signifier l'universalité de la mission du Christ.
6. Eucharistique.
Fragment 775
1. Jésus tendant la coupe à ses disciples : « Buvez-en tous, [car ceci est mon sang] », Matthieu, XVI, 27. Les huguenots sont dits hérétiques parce qu'ils donnent la communion sous les deux espèces pour tous les fidèles indistinctement (alors que le fidèle catholique reçoit l'hostie seule lors de l'eucharistie).
2. « [L'homme] en qui [les hommes] ont tous péché », saint Paul, Romains, V, 12. Il s'agit d'Adam et du péché originel.
3. Pour savoir quand il faut entendre « tous » dans omnes, ou seulement « quelques-uns ».
Fragment 776
1. « Ne craignez rien, petit troupeau », Luc, XII, 32.
2. « [Ayez soin d'opérer votre salut] avec crainte et tremblement », saint Paul, Philippiens, II, 12.
3. « Quoi donc, ne craignez pas, pourvu que vous craigniez. » Pascal donne la traduction à la suite (sauf le quid ergo).
4. « Celui qui me reçoit, ce n'est pas moi qu'il reçoit, mais celui qui m'a envoyé », Marc, IX, 36.
5. « Nul ne sait, […] ni le Fils » (« l'heure de la fin du monde, nul ne la sait, ni les anges du ciel, ni le Fils, mais le Père seul »), Marc, XIII, 32.
6. « Voici qu'une nuée resplendissante les couvrit » [i.e. les disciples lors de la Transfiguration de Jésus], Matthieu, XVII, 5.
7. Prophétie sur Jean-Baptiste, Luc, I, 71 : il doit « réunir les cœurs des pères avec leurs enfants » ; et parole de Jésus, Matthieu, X, 35 : « Car je suis venu séparer l'homme d'avec son père, la fille d'avec la mère, et la belle-fille d'avec sa belle-mère. »
Fragment 777
1. « En général, en particulier. » Distinction scolastique usuelle, présente notamment chez saint Thomas. « Si on [le] considère in particulari, c'est-à-dire en suivant ses étapes, on dira que notre salut est l'œuvre de notre volonté bonne qui suit les commandements de Dieu ; si on la considère in communi, c'est-à-dire dans la globalité de son processus, il faut dire que notre salut a pour cause la volonté de Dieu opérant en nous par la grâce, sans laquelle on ne peut observer les commandements. Les semi-pélagiens sont hérétiques en ce qu'ils attribuent à la volonté humaine l'initiative du processus global ; les calvinistes, en ce qu'ils ne reconnaissent pas l'intervention de la volonté humaine à l'intérieur de son déroulement » (G. Ferreyrolles, Pensées, éd. cit., p. 420).
Fragment 778
1. « Toute la Judée et tous les habitants de Jérusalem étaient baptisés [par Jean-Baptiste dans les eaux du Jourdain] », Marc, I, 5.
2. Et non pas parce que tous les habitants venaient à Jean-Baptiste. Universi ne signifie donc pas « tous » ici, pas plus qu'omnes selon le fragment 775.
3. Parole de Jean-Baptiste aux pharisiens, fiers de se dire fils d'Abraham : « je vous déclare que Dieu peut faire naître de ces pierres mêmes des enfants à Abraham ».
Fragment 779
1. Les éditions Lafuma, Sellier et Le Guern impriment : « convertissait », par rapprochement avec le premier verbe de la phrase suivante en latin.
2. « Afin qu'ils ne se convertissent pas, afin que je ne les guérisse pas, et ne leur remette pas leurs péchés », Marc, IV, 12 et Isaïe, VI, 10.
Fragment 780
1. Jésus sachant que Judas venait de le trahir : « Mon ami, pourquoi es-tu venu ? », Matthieu, XXVI, 50.
2. Allusion à la parabole du festin de noces, où un invité se voit reproché de ne pas avoir revêtu la robe nuptiale (Matthieu, XXII, 61).
Fragment 781
1. Les éditions Sellier donnent : « les figurantes ».
2. Premier verset des vêpres de Noël : « Jesu, Redemptor omnium. »
Fragment 782
1. « Ô mort, où est ta victoire ? », saint Paul, I Corinthiens, XV, 55.
2. Successivement : Luc, IX, 25 et IX, 24.
3. Matthieu, V, 17.
4. Successivement : Jean, I, 29, VI, 32 et VIII, 36.
Fragment 783
1. « Pourquoi les nations se sont-elles soulevées [avec un grand bruit et les peuples ont-ils formé de vains desseins ?] Les rois de la terre [se sont opposés et les princes se sont assemblés contre le Seigneur et] contre son Christ », Psaumes, II, 1-2.
Fragment 784
1. Jean, V, 33 et 37, à opposer à Marc, I, 23-25.
Fragment 788
1. III Rois (aujourd'hui I Rois), XIX, 18. À Élie qui croit que tout le peuple a abandonné l'alliance pour adorer des idoles, Dieu fait savoir qu'il s'est « réservé sept mille hommes » dans Israël « qui n'ont point fléchi le genou devant Baal ».
Fragment 793
1. Sur la distinction des « trois ordres », voir le Glossaire en fin de volume et les articles recueillis dans le numéro de la Revue de métaphysique et de morale de mars 1997.
Fragment 794
1. Réponse au fragment 430.
Fragment 795
1. « Pour la sanctification et comme pierre de scandale », Isaïe, VI, 10. Le scandale est « ce qui fait trébucher », donc : toute occasion de péché.
Fragment 796
1. Matthieu, XIII, 55-57.
Fragment 797
1. Simplicité naturelle.
Fragment 798
1. Les historiens évangéliques, comme le précise l'alinéa suivant, qui restent très modérés (c'est le sens de « modestie »).
2. Une tranquille simplicité.
Fragment 800
1. Voir fragment 553 sur « le Mystère de Jésus ».
Article XIII
1. Brunschvicg a rassemblé dans cet article la plupart des fragments retenus dans les « dossiers » XXX-XXXII que Ph. Sellier regarde comme « mis à part en juin 1658 ».
Fragment 803
1. Permettent de juger (de discerner la vraie doctrine de la fausse).
2. Deutéronome, XVIII, 22 : si ce que « tel prophète a prédit au nom du Seigneur n'arrive point, c'est une marque que ce n'était point le Seigneur qui l'avait dit, mais que ce prophète l'avait inventé par l'orgueil et l'enflure de son esprit » ; et XIII, 2-4 : « S'il s'élève au milieu de vous un prophète, ou quelqu'un qui dise qu'il a eu une vision en songe, et qui prédise quelque chose d'extraordinaire et de prodigieux, et que ce qu'il prédit soit arrivé ; et qu'il vous dise en même temps : Allons, suivons les dieux étrangers qui vous étaient inconnus, et servons-les ; vous n'écouterez point les paroles de ce prophète. »
3. Marc, IX, 38-39 ; Jésus dit à Jean et à ses disciples : « Il n'y a personne qui, ayant fait un miracle en mon nom, puisse aussitôt après parler mal de moi. Qui n'est pas contre vous est pour vous. »
Fragment 808
1. Lors de la guérison du paralytique (Marc, II, 10-11).
2. Jésus s'adresse à ses disciples (Luc, X, 20).
3. Parabole du mauvais riche (Luc, XVI, 31).
4. Nicodème dit à Jésus : « Nous savons que tu es venu de Dieu, maître ; car personne ne peut faire les miracles que tu fais, si Dieu n'est avec lui », Jean, III, 2.
5. « Si je n'avais pas fait [parmi eux des œuvres que personne d'autre n'a faites], ils n'auraient pas péché », Jean, XV, 24.
6. Jean, II, 11 pour Cana ; IV, 17-19 pour la Samaritaine ; IV, 54 pour la guérison du fils. L'évangéliste distingue les miracles des « signes » qui ne méritent pas ce nom.
Fragment 810
1. Commentaire de la fin du fragment 808.
Fragment 813
1. Dans les Essais, III, 11, Montaigne demande, pour l'établissement des faits réputés miraculeux, « un bien prudent, attentif et subtil inquisiteur [i.e. enquêteur] en telles recherches, indifférent [i.e. impartial] et non préoccupé [i.e. sans opinion préconçue] » ; « en choses […] surpassant notre connaissance, je suis d'avis que nous soutenions [i.e. suspendions] notre jugement aussi bien à rejeter qu'à recevoir ». Et dans les Essais, I, 27 : « il n'y a point de plus notable folie au monde que de les ramener [i.e. les bornes et limites de la volonté de Dieu et la puissance de notre mère nature] à la mesure de notre capacité et suffisance ».
Fragment 816
1. Autre souvenir de Montaigne (Essais, III, 8), qui cite Tacite (Histoires, IV, 81) : « Vespasien, par la faveur du dieu Sérapis, guérit en Alexandrie une femme aveugle en lui oignant les yeux de sa salive, et je ne sais par quel autre miracle. »
Fragment 817
1. Montaigne (Essais, II, 12) s'étonne que tel peuple d'Amérique qui n'a jamais « ouï nouvelles de nous » puisse tenir « nos croix en crédit » : « ici on en honorait les sculptures ; on les appliquait là, et nommément celle de saint André, à se défendre des visions nocturnes et à les mettre sur les couches des enfants contre les enchantements ».
Fragment 818
1. Ce fragment est l'un des rares à pouvoir être daté : il figure au dos d'une lettre du 17 février 1660 adressée à « Monsieur Pascal à Paris ».
Fragment 819
1. Vatable est l'annotateur de l'édition de la Vulgate (traduction de la Bible par saint Jérôme) publiée par R. Estienne au XVIe siècle : là où saint Jérôme traduisait miraculum, Vatable substitue levitates (« fanfaronnades ») en Jérémie, XXIII, 32 ; pavor (« terreur ») en I Rois (aujourd'hui I Samuel), XIV, 15 ; metus (« crainte ») en Job, XXXIII, 7 ; horror (« frayeur ») en Isaïe, XXI, 4 ; stupor (« épouvante ») en Jérémie, XLIV, 22 (d'après G. Ferreyrolles).
2. Le miracle peut être nommé par un autre terme que miraculum : portentum, qui signifie « idole » (simulacrum) en Jérémie, L, 38, prend le sens de « miracle » en Isaïe, VIII, 18 (que Pascal lit comme une annonce prophétique du rôle de Jésus-Christ et de ses disciples) : « Me voici, moi et les enfants que le Seigneur m'a donnés, pour être, par l'ordre du Seigneur des armées qui habite sur la montagne de Sion, un prodige et un signe miraculeux (portentum) dans Israël » (d'après G. Ferreyrolles).
Fragment 820
1. Luc, XI, 17 (réponse de Jésus à ceux qui l'accusent de chasser les démons au nom de Belzébuth, prince des démons) : « Tout royaume divisé [contre lui-même sera détruit […] si donc Satan est aussi divisé contre lui-même, comment son règne subsistera-t-il ?] » Ajoutant : « [Mais si c'est] par le doigt de Dieu [que je chasse les démons, il est donc visible que] le royaume de Dieu est venu jusqu'à vous » (Luc, XI, 20).
Fragment 821
1. Voir fragment 843.
Fragment 822
1. À Abraham et Gédéon qui lui avaient demandé un « signe », Dieu a répondu par des prodiges (Genèse, XV, 8-21, et Juges, VI, 36-40).
2. Communautés schismatiques d'Afrique romaine, combattues par saint Augustin dans une Lettre aux catholiques contre les donatistes, où il reproche à ces derniers de « particulariser » l'Église au territoire qu'ils occupent, en trahissant le message universaliste de l'Évangile.
Fragment 825
1. Voir fragment 564 (« il y a assez d'évidence pour condamner et non assez pour convaincre »). D'après G. Ferreyrolles, Pascal entendait fonder sa thèse par un renvoi à la question 113 de la prima secundæ (première partie de la seconde partie) de la Somme théologique, où saint Thomas pose que la conversion est certes une œuvre admirable (mira) mais non pas miraculeuse (miraculosa) puisque l'effet ne dépasse pas la puissance de la cause – Dieu lui-même, dont la conversion est l'œuvre propre.
Fragment 826
1. « Et quoi qu'il [Jésus] eût fait de si grands signes, ils ne crurent pas en lui, pour que fût accomplie la parole d'Isaïe. […] Il les a aveuglés… », Jean, XII, 37.
2. « C'est ce que dit Isaïe, lorsqu'il vit sa gloire et qu'il parla de lui », Jean, XII, 41.
3. « Les Juifs demandent des signes, les Grecs recherchent la sagesse, mais nous proclamons le Christ crucifié », saint Paul, I Corinthiens, I, 22.
4. « Mais plein de signes, plein de sagesse ; mais vous annoncez un Christ non crucifié et une religion sans miracle ni sagesse » (ajout probable de Pascal).
5. « Mais vous ne croyez pas, parce que vous n'êtes pas de mes brebis », Jean, X, 26 (parole de Jésus aux Juifs).
6. Saint Paul, II Thessaloniciens, II, 9-10 : l'Antéchrist « doit venir accompagné de la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges trompeurs, et avec toutes les illusions qui peuvent porter à l'iniquité ceux qui périssent, parce qu'ils n'ont pas reçu et aimé la vérité pour être sauvés » (« manque de charité » pour Pascal).
7. Matthieu, XXIV, 24 : « Il s'élèvera de faux christs et de faux prophètes qui feront de grands prodiges et des choses étonnantes, jusqu'à séduire même, s'il était possible, les élus. » Voir aussi Marc, XIII, 21-22.
Fragment 827
1. Isaïe prédit à Ézéchias, roi de Juda, que Dieu sauverait Jérusalem de l'orgueilleuse puissance de Sennachérib, roi des Assyriens (IV Rois – aujourd'hui II Rois –, XIX, 35).
2. Parole de Jérémie à Hananias, qui avait faussement prophétisé le retour rapide des déportés de Babylone : « Vous mourrez cette année même, parce que vous avez parlé contre le Seigneur. Et le prophète Hananias mourut cette année-là au septième mois » (Jérémie, XXVIII, 16-17).
3. Sur le point d'emporter le trésor du temple, Héliodore est arrêté par trois apparitions qui le frappent et le laissent inanimé.
4. Victoire de Judas Maccabée avec l'aide de Dieu contre le blasphémateur Nicanor.
5. Aujourd'hui I Rois, XVII, 24.
6. Lors de la confrontation entre Élie, seul prophète du Dieu d'Israël, et les quatre cent cinquante prophètes de Baal, le feu du ciel tombe sur le bûcher préparé par le premier pour le sacrifice, tandis que rien ne vient allumer celui des idolâtres.
7. Contestation.
Fragment 828
1. Dans Apocalypse, XI, 3-12, Élie et Énoch sont les deux témoins de Dieu qui devront s'opposer à l'Antéchrist par prophéties et miracles.
2. G. Ferreyrolles rappelle que « sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin, ayant fait effectuer des fouilles sur le Calvaire, découvrit deux croix. Ce sont des miracles qui permirent de discerner laquelle des deux était celle de Jésus-Christ. »
Fragment 829
1. Jean, V, 39 (« Lisez avec soin les Écritures […], car elles témoignent de moi »).
2. Jean, VII, 48.
Fragment 831
1. Il s'agit des cinq propositions prétendûment tirées de l'Augustinus de Jansénius, susceptibles d'un sens hétérodoxe comme d'un sens orthodoxe (en quoi elles pouvaient sembler « équivoques ») et condamnées par Rome. Voir Les Provinciales. L'idée est ici que le « miracle » intervenu chez les défenseurs de Jansénius vient confirmer l'orthodoxie des propositions : les proches de Pascal regardaient comme un miracle la guérison de Marguerite Périer, nièce de Pascal, survenue le 24 mars 1656 dans la chapelle de Port-Royal de Paris. Voir fragment 839, note 2.
Fragment 832
1. Objection placée dans la bouche d'un adversaire.
2. Trompé. Allusion à la bulle Ad sacram du pape Alexandre VII (octobre 1656) qui condamnait les cinq propositions imputées à l'Augustinus.
3. « Le pape Libère s'étant laissé surprendre, c'est Athanase (295-373) qui incarna la résistance à l'hérésie et les miracles tranchèrent entre les deux camps » (G. Ferreyrolles).
Fragment 833
1. Que Dieu est dans l'Église catholique, pour laquelle il fait des miracles.
2. La règle tient dans le principe énoncé par le contradicteur, en tête du fragment précédent.
Fragment 834
1. Jésus s'adressant à la foule qu'il a nourrie en multipliant les pains : « [Vous me cherchez,] non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez été rassasiés », Jean, VI, 26.
2. « Cet homme n'est point de Dieu, car il ne respecte pas le sabbat. D'autres disaient : Comment un simple pécheur peut-il accomplir de pareils miracles ? », Jean, IX, 16.
3. « Et toi, que dis-tu ?… [Il répondit :] Je dis : parce que c'est un prophète… S'il ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire du tout », Jean, IX, 17 et 33.
Fragment 839
1. Jean, X, 38 (parole de Jésus aux Juifs).
2. « Personne ne peut en mon nom faire un miracle, et aussitôt mal parler de moi », Marc, IX, 38.
3. Marguerite Périer avait été guérie d'une fistule lacrymale par l'imposition d'un reliquaire réputé contenir une épine de la couronne du Christ. Le « miracle de la Sainte Épine », considéré comme une faveur accordée par Dieu même aux jansénistes, avait attiré les foules dans la « maison » de Port-Royal de Paris.
4. Une force.
Fragment 840
1. Les jésuites qui contestent le miracle de la Sainte Épine comme les calvinistes niaient les miracles de saint Charles Borromée ou de saint François Xavier (voir fragment 849).
Fragment 841
1. Voir fragment 828.
2. Préempté.
3. Les religieuses de Port-Royal. Dans la « Seizième Lettre » des Provinciales, Pascal détaille les calomnies répandues par les jésuites en 1656. Sur ces persécutions et les récits des religieuses, voir l'anthologie procurée par L. Plazenet, Port-Royal, Flammarion, 2012.
4. « Vois si la voie d'iniquité est en moi », Psaumes, CXXXVIII, 23 (CXXXIX, 24).
5. Port-Royal accueillait des pensionnaires : Marguerite Périer en était lors de sa guérison.
6. « La meilleure des marques de la piété » : la persécution ; voir fragment 868, sur saint Athanase.
Fragment 842
1. « Si tu es le Christ, dis-le-nous », Jean, X, 24.
2. « Les œuvres que j'accomplis au nom du Père rendent témoignage de moi. Mais vous ne me croyez pas, parce que vous n'êtes pas de mes brebis. Mes brebis écoutent ma voix », Jean, X, 25.
3. « Quel miracle fais-tu donc pour que nous voyions et que nous croyions en toi ? », Jean, VI, 30.
4. « Ils ne disent pas : quelle doctrine prêches-tu ? » (commentaire de Pascal en latin).
5. « Personne ne pourrait faire les prodiges que tu fais, si Dieu n'est pas à ses côtés », Jean, III, 2.
6. « Dieu qui, par des miracles éclatants, protège son héritage », II Macchabées, XIV, 15.
7. « Ils dirent pour le tenter : nous voulons un prodige dans l'air », Luc, XI, 16.
8. « Cette race [generatio] mauvaise […] demande un miracle, et elle n'en recevra pas [d'autre que celui du prophète Jonas (i.e. la résurrection au troisième jour, selon Jonas, II, 1)] », Matthieu, XII, 39.
9. « Et gémissant en lui-même, Jésus dit : Pourquoi ces gens-là [generatio] demandent-ils un miracle ? », Marc, VIII, 12. Le terme latin est féminin, commandant le pronom en tête de la phrase suivante.
10. « Et il ne put faire [là aucun miracle] », Marc, VI, 5 (les Nazaréens refusant de croire en sa mission).
11. « Si vous ne voyez pas de miracles, vous ne croyez pas », Jean, IV, 48.
12. « Avec des miracles menteurs », saint Paul, II Thessaloniciens, II, 9.
13. « Par l'opération de Satan, avec une séduction pour ceux qui périssent, parce que l'amour de la vérité ne leur est pas donné pour qu'ils soient sauvés. C'est pourquoi Dieu leur enverra ces illusions [littéralement, options d'erreur] si efficaces qu'ils croiront au mensonge », saint Paul, ibid.
14. « Car Dieu vous met à l'épreuve pour voir si vous l'aimez », Deutéronome, XIII, 3.
15. « Voilà que je vous l'ai prédit… lorsque vous verrez toutes ces choses », Matthieu, XXIV, 25 et 33 (Jésus annonçant à ses disciples les signes qui précéderont son dernier avènement).
Fragment 843
1. Dialogue entre les pharisiens et l'aveugle-né guéri par Jésus (Jean, IX, 29-30).
2. « Venez. Qu'ai-je [i.e. qu'aurais-je] donc dû faire […] que je n'ai pas fait ? », Isaïe, V, 4.
3. Isaïe, I, 18 : « “Venez et soutenez votre cause contre moi”, dit le Seigneur. »
4. Partisans de l'hérésiarque Arius (IVe siècle). Voir fragment 832.
5. Magicien et faux prophète, puni de cécité par saint Paul ; ce miracle entraîna la conversion du proconsul Sergius Paulus.
6. « Même si un ange [vous prêchait un autre Évangile que le nôtre, qu'il soit anathème] », saint Paul, Galates, I, 8 (la doctrine permet donc de « discerner » les miracles).
Fragment 844
1. « Ils » désigne les jésuites. Sur ces fragments, voir Les Provinciales.
Fragment 846
1. « Ange du ciel » : voir fragment 843, p. 379, note 2.
2. Prédicateur jésuite.
3. Exode, VII.
4. N'induisaient point (leçon retenue par tous les autres éditeurs).
5. « Où est ton Dieu ? », Psaumes, XLI, 3 (XLII, 4).
Fragment 847
1. « La lumière s'est élevée dans les ténèbres pour ceux qui sont droits de cœur », Psaumes, CXI, 4 (CXII, 4).
Fragment 849
1. « Cela est et n'est pas. » Allusion aux disputes des casuistes, qui tenaient pour également probables des opinions contraires. Tout le fragment vise les jésuites, et reprend des éléments des Provinciales.
2. Saint François Xavier était jésuite. Voir fragment 840, note 1.
3. « Malheur à vous qui établissez des lois injustes », Isaïe, X, 1.
Fragment 850
1. La Sorbonne avait condamné en février 1656 chez le théologien de Port-Royal Arnauld une proposition que Pascal jugeait conforme à la doctrine augustinienne (« Troisième Lettre » des Provinciales). La bulle Ad sacram condamnait la même année les « cinq propositions ». Voir fragment 832.
2. Voir fragment 803.
3. Matthieu, XXIV, 24 : parole de Jésus sur les derniers temps. Voir fragment 826, p. 367, note 4, pour la traduction.
Fragment 851
1. Voir fragment 843.
2. « Si je n'avais pas fait [des œuvres qu'aucun autre n'a faites] », Jean, XV, 24 (voir ci-dessous, et fragment 808), puis X, 37-38 : « [Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas. Mais si je les fais, quand vous ne voudriez pas croire,] croyez à mes œuvres. »
4. Voir fragment 822.
5. Le Livre de Judith raconte comment Dieu sauve les habitants de Béthulie du siège conduit par Holopherne, général de Nabuchodonosor.
Fragment 852
1. Les jésuites « persécuteurs » de ceux qu'un « miracle » venait de désigner comme les « protégés » de Dieu.
2. Si les défenseurs de Port-Royal dénoncent le laxisme des jésuites, ceux-ci les assimilent aux protestants, qui formulaient les mêmes reproches.
3. « Ils » a toujours pour antécédent les partisans de Port-Royal ; « nous » : les élus que la grâce de Dieu distingue.
4. Argument des jésuites : le « miracle » était l'instrument choisi par Dieu pour faire sortir les jansénistes de « l'hérésie ».
5. Matthieu, XVIII, 17-18.
6. De l'Église catholique.
7. Formule de saint Paul.
8. Élie et Énoch, voir fragment 828.
Fragment 853
1. Montaigne, Essais, I, 32 (« Qu'il faut sobrement se mêler de juger des ordonnances divines ») : saint Paul, naufragé sur l'île de Malte, est mordu par une vipère ; les habitants le croient poursuivi par la vengeance divine, avant de s'aviser qu'il survit à la piqûre (Actes des Apôtres, XXVIII, 1-5).
Fragment 855
1. Les jésuites, qui ne croient pas au miracle survenu à Port-Royal (voir fragment 840, note 1).
Fragment 856
1. La reconnaissance due à Dieu par la famille de Pascal pour la guérison miraculeuse de Marguerite Périer.
Article XIV
1. Brunschvicg a rassemblé dans ce dernier « article » les notes de Pascal relatives aux polémiques contre les jésuites dans lesquelles Pascal s'était engagé en 1655-1657, avec Les Provinciales et différents opuscules (dont les Écrits des curés de Paris, neuf libelles écrits contre les jésuites « au nom des curés de Paris » par des auteurs proches de Port-Royal, dont Pascal) qu'on trouvera mentionnés dans nos annotations.
Fragment 860
1. « Ils » désigne les jansénistes.
Fragment 862
1. Erreurs contraires que celles des molinistes (jésuites) et des calvinistes. Voir les Écrits sur la grâce qui datent de 1655-1656 (Œuvres complètes, éd. J. Mesnard, éd. cit., t. III, p. 790 sq.).
2. « Il y a temps de pleurer et temps de rire », Ecclésiaste, III, 4 ; « Ne répondez point [au fou selon sa folie, de peur que vous ne lui deveniez semblable.] Répondez [au fou selon sa folie, de peur qu'il ne s'imagine qu'il est sage] », Proverbes, XXVI, 4-5. Pour la fin du fragment, voir le fragment 684.
3. Incompatibles.
4. La béatitude.
Fragment 865
1. La théologie de la grâce doit établir ces deux vérités expliquées par Pascal dans ses Écrits sur la grâce : que l'homme est libre et que Dieu est tout-puissant (ou que sa grâce est efficace et détermine notre vouloir). Pascal note ici seulement que les exposés des molinistes ont été plus habiles que ceux des jansénistes sur ce point, lesquels ont donné à penser qu'ils niaient la liberté humaine. Cela ne signifie pas que Pascal approuve la théologie jésuite ; c'est même expressément contre elle qu'il a composé les Écrits sur la grâce.
Fragment 868
2. Thérèse d'Ávila, qui a laissé le récit de sa Vie.
3. Passage difficile à déchiffrer : les éditions Sellier impriment : « jugés avant nous comme ».
4. Les éditions Sellier donnent : « une folle ».
5. Épître, V, 17. Brunschvicg corrige ici Pascal, qui avait écrit « saint Pierre ».
Fragment 869
1. Les théologiens de Port-Royal.
Fragment 870
1. Confirme la faute. Dans la copie C2, le fragment est « titré » Lier et délier, en référence à Matthieu, XVI, 19 (Jésus dit à Pierre : « Je vous donnerai les clefs du royaume des cieux ; et tout ce que vous lierez sur la terre sera aussi lié dans les cieux, et tout ce que vous délierez sur la terre sera aussi délié dans les cieux »).
Fragment 871
1. « Prêtre de Dieu », à l'image du Christ lui-même (Cyprien, Lettres, 63).
Fragment 872
1. « Mais il n'en [sera] pas de même pour vous ; [que celui qui est le plus grand devienne comme le moindre, et celui qui gouverne, comme celui qui sert] », Luc, XXII, 26.
Fragment 874
1. « [Que] deux ou trois [prophètes parlent] », saint Paul, I Corinthiens, XIV, 29. Ou Matthieu, XVIII, 20 : « [En quelque lieu que se trouvent] deux ou trois [personnes assemblées en mon nom, je m'y trouve au milieu d'elles] » (parole de Jésus).
2. « [Que si, toute une Église] étant assemblée… », saint Paul, I Corinthiens, XIV, 23.
Fragment 877
1. Voir fragment 879.
Fragment 878
1. « L'extrême droit est une extrême injustice », Cicéron, De Officiis, I, 10, 33, cité par Charon dans De la sagesse, I, 37. La formule condamne non le droit mais une application trop littérale de la loi. Dans la phrase suivante, « pluralité » désigne « le plus grand nombre » (voir fragment 301 et Glossaire, entrée PLURALITÉ).
2. Voir les fragments sur la justice et la force réunis dans l'article V, et le dossier qui accompagne l'édition des Pensées sur la justice, suivi de Trois Discours sur la condition des Grands, GF-Flammarion, 2011.
3. Soulèvement du Parlement puis de la haute noblesse contre l'autorité royale, qui conduit à une période de guerre civile (1648-1653, pendant la minorité de Louis XIV).
Fragment 879
1. « Paissez mes brebis », non « les vôtres ». Pascal se souvient ici de Montaigne, qui est moins elliptique (Essais, III, 6) : « Un roi n'a rien proprement sien, il se doit lui-même à autrui. La juridiction ne se donne point en faveur du juridiciant, c'est en faveur du juridicié. On fait un supérieur, non jamais pour son profit, ains [i.e. mais] pour le profit de l'inférieur : et un médecin pour le malade, non pour soi. » La citation latine vient de l'Évangile selon saint Jean (XXI, 17), commentée par saint Augustin (Épîtres, 16) dans le sens ici retenu par Pascal : le mot est celui de Jésus à Pierre, invité à être le berger d'un troupeau qui sera celui du Christ, non le sien – même si les brebis le regardent comme le légitime propriétaire, il devra se souvenir qu'il n'est que le dépositaire de l'autorité. Le fragment s'adresse donc aux défenseurs de l'autorité papale.
Fragment 882
1. Tromperont.
2. Qui n'est pour eux qu'un « péché véniel » si elle vise leurs adversaires (« Seizième Lettre » des Provinciales).
Fragment 883
1. Les éditions Sellier et Le Guern impriment : « qui nous ont obligé ».
Fragment 884
1. Les éditions Sellier donnent : « un rédempteur sans certitude ». Le fragment condense les différents points du réquisitoire contre la théologie jésuite dressé par Pascal dans Les Provinciales et dans les Écrits sur la grâce.
Fragment 885
1. III Rois (aujourd'hui I Rois), XII, 31 : pour détourner ses sujets de fréquenter le temple de Jérusalem, le roi Jéroboam fit construire de nouveaux temples et « établit pour prêtres les derniers du peuple, qui n'étaient point enfants de Lévi ».
2. Voir l'opuscule intitulé Comparaison des chrétiens des premiers temps avec ceux d'aujourd'hui, qui date probablement de 1656-1657.
Fragment 887
1. Les ennemis des jansénistes, qui ressemblent aux hérétiques autrement que par l'austérité de leurs « mœurs ».
Fragment 888
1. Saint Pierre, II Épître, II, 1 : « Comme il y a eu de faux prophètes parmi le peuple, il y aura aussi parmi vous de faux docteurs qui introduiront de pernicieuses hérésies. » Ce fragment et le suivant constituent des notes préparatoires à l'opuscule Projet de mandement contre l'Apologie pour les casuistes (1658). Voir l'article XIV, note 1 et le fragment 894, note 1.
Fragment 889
1. Sûr et certain.
Fragment 890
1. « Jamais l'Église ne sera réformée. »
Fragment 891
1. Les autres éditeurs suppléent ici encore : « [que ce n'est pas] ». Voir le cinquième des Écrits des curés de Paris (1658).
Fragment 892
1. Voir fragment 918 et « Treizième Lettre » des Provinciales.
Fragment 894
1. L'abréviation « Prov. » en marge indexe aux Provinciales ce fragment dénonçant les jésuites qui corrompent non les mœurs mais la « règle des mœurs ». L'idée se retrouve dans l'opuscule Factum pour les curés de Paris (rédigé en 1658 par le clergé parisien en réaction à l'Apologie pour les casuistes qui prenait la défense des jésuites attaqués dans Les Provinciales), dans une formulation qu'on dirait empruntée à Rousseau : « il n'y a point de différence entre rendre les vices permis et rendre tous les hommes vicieux ».
Fragment 895
1. Avec une parfaite bonne conscience, qui est l'effet le plus pernicieux de la casuistique jésuite.
Fragment 897
1. Jean, XV, 15. Jésus dit à ses disciples : « Je ne vous appellerai plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait ce que fait son maître ; mais je vous ai appelés mes amis, parce que je vous ai fait savoir tout ce que j'ai appris de mon Père. »
Fragment 899
1. Allusion à l'Oratio ad regem christianissimum perscripta (1603), pamphlet de l'avocat Antoine Arnauld (père du théologien), qui montre que l'Écriture, loin d'abaisser le pouvoir des rois, le fonde sur l'autorité divine (d'après G. Ferreyrolles).
2. Citations de Matthieu, XII, 30 et Marc, IX, 39.
Fragment 900
1. Le De doctrina christiana est le traité d'herméneutique de saint Augustin, régulièrement cité par Pascal.
Fragment 901
1. « Dieu [résiste aux orgueilleux et] accorde sa grâce aux humbles », saint Pierre, I Épître, V, 5.
2. Pascal ajoute en latin : « Est-ce alors qu'il n'a pas donné l'humilité ? »
3. « [Le Verbe vint chez lui et] les siens ne le reçurent pas. Mais tous ceux qui ne l'ont pas reçu… », Jean, I, II.
4. Pascal ajoute : « [Tous ceux qui ne l'ont pas reçu] n'étaient-ils pas des siens ? »
Fragment 903
1. I Rois (aujourd'hui I Samuel), VIII, 19-20.
Fragment 908
1. Voir fragment 844. Les Provinciales prêtent aux jésuites la thèse selon laquelle il suffirait qu'une opinion ait été approuvée par un seul théologien « grave » (c'est-à-dire « de poids », reconnu) pour qu'elle devienne sûre en conscience (doctrine résumée au fragment 913).
Fragment 910
1. La « Septième Lettre » des Provinciales s'en prend aux maximes des casuistes relatives au duel.
Fragment 911
1. « Vaincs le mal par le bien », saint Paul, Romains, XII, 21.
Fragment 913
1. Chaque théologien reconnu peut rendre son opinion probable, les autres étant tenus de l'adopter : il n'y a donc nulle soustraction possible, et le champ du probable (et de l'indulgence) ne cesse de s'accroître.
Fragment 914
1. Toujours les casuistes laxistes.
Fragment 915
1. Pseudonyme de Pascal lors de la publication des Provinciales (1657).
2. Celles des jésuites.
Fragment 919
1. Avides.
2. Saint Paul, II Timothée, IV, 3 : « [Il viendra un temps où les hommes ne pourront plus souffrir la saine doctrine ; au contraire, ayant une extrême démangeaison d'entendre ce qui les flatte,] ils se donneront des maîtres [propres à satisfaire leurs désirs]. »
3. Saint Paul, Romains, I, 29-32 : « [Ils ont été remplis d'injustice, de méchanceté, de fornication, d'avarice, de malignité. […] Ceux qui font ces choses] sont dignes [de mort ; et non seulement ceux qui les font, mais aussi quiconque approuve ceux qui les font.] »
Fragment 920
1. Pascal s'adresse ici directement aux jésuites (désignés par « ils » un peu plus haut).
2. Mot de Jésus aux pharisiens qui lui demandaient de faire taire ses disciples : « Si ceux-ci se taisent, les pierres mêmes parleront » (Luc, XIX, 40).
3. Le Pape, par la bulle Ad sacram, condamnait la doctrine imputée à Jansénius.
4. « Vous êtes des dieux », Psaumes, LXXXI, 6 (LXXXII, 6).
5. « J'en appelle, Seigneur Jésus, à ton tribunal » (saint Bernard, dans une lettre contestant une décision du pape). Les « lettres » sont celles des Provinciales, recueil mis à l'index le 6 septembre 1657.
Fragment 921
1. Ce fragment et le précédent rassemblent des notes éparses relatives aux lettres XI à XVI des Provinciales, où Pascal s'adresse aux jésuites pour répondre aux accusations d'imposture. — Les éditions Sellier donnent sous le numéro 813 (et dernier) un fragment absent de l'édition Brunschvicg : « Ainsi les jésuites ou font embrasser les erreurs ou font jurer qu'on les a embrassées et font tomber ou dans l'erreur ou dans le parjure, et pourrissent ou l'esprit ou le cœur » (annotation découverte en 1952 dans un exemplaire de la Réponse d'un ecclésiastique de Louvain dont Pascal s'est servi pour la « Dix-huitième Lettre » des Provinciales).
Le mémorial
1. Papier retrouvé dans la doublure du pourpoint de Pascal après sa mort : le texte autographe était apparemment destiné à garder la mémoire d'une expérience religieuse, d'où le nom de « Mémorial » très tôt donné à ce texte par les proches de l'auteur.
2. Exode, III, 6 (mots de Dieu à Moïse lors de la théophanie du buisson ardent).
3. Mots de Jésus-Christ à Marie-Madeleine après la résurrection : « [Je monte à mon Père et votre Père,] à mon Dieu et à votre Dieu. » La formule qui suit est issue de Ruth, I, 16.
4. Jean, XVII, 25.
5. « Ils m'ont délaissé, moi qui suis la fontaine d'eau vive » (Jérémie, II, 13).
6. Souvenir de la messe : « Ne permets pas que je sois jamais séparé de toi » (a te nunquam separari permittas).
7. Jean, XVII, 3.
8. Psaumes, CXVIII, 16 (CXIX, 16) : « Je n'oublierai point tes paroles. »