Épilogue
Un jour plus tard...
Après s'être déchaînée pendant plus de vingt-quatre heures, la tempête repartit aussi vite qu'elle était arrivée. La brume venait de se lever et un soleil de fin d'après-midi dardait ses rayons derrière la ligne de gratte-ciel.
Partout, à New York, la vie reprenait son cours. Les chasse-neige déblayaient les rues, les gens s'armaient de pelles pour dégager leurs entrées et plusieurs gamins avaient sorti leurs snowboards.
Surgi de nulle part, un oiseau au plumage argenté planait au-dessus de Midtown. Il descendit en flèche à travers la lumière orangée qui enflammait les buildings, puis se posa sur le rebord d'une fenêtre de l'hôpital St. Matthews. Là, dans la chambre 606, Sam sommeillait, couché sur un lit, une jambe dans le plâtre et un lourd bandage autour de l'épaule. À ses côtés, lovés dans un fauteuil, Juliette était attentive à son moindre souffle. Lorsqu'il reprit conscience, un poste de radio posé sur la table de nuit égrenait en sourdine les dernières nouvelles.
... la violente tempête qui a dévasté Manhattan semble s'être apaisée et notre ville retrouve un semblant de calme. Les dégâts seront lourds : à Central Park, des centaines d'arbres ont été ébranchés, les rues sont pleines de verre brisé et les voitures cabossées ne se comptent plus... lorsqu’il ouvrit les yeux, Juliette était là et souriait.
Partagé entre espoir et anxiété, il se redressa sans bien comprendre encore ce qui lui arrivait. Juliette se pencha pour effleurer sa bouche.
En bruit de fond, le flash d'information continuait ... Us secours ont été sur la brèche toute la journée et les h/Li taux ont été pris d'assaut...
Dans la tête de Sam les questions se bousculaient
- Tu n'étais pas dans le téléphérique ? Juliette secoua la tête.
Sam était soulagé, mais quelque chose lui échappé encore. Il était certain d'avoir aperçu deux silhouettes dans la cabine. Si Grâce était repartie sans Juliette, qui donc l'avait suivie dans le téléphérique ? La réponse lui vint par la magie des ondes : ... après le tragique accident d'hier, le téléphérique de Roodhe Island restera fermé plusieurs semaines pour procéder aux réparations. D'après les témoins, deux personnes étaient présentes dans la cabine au moment du drame. Les plongeurs continuent de draguer le fleuve, aucun corps n'ayant été repêché pour l'instant. La cabine a pu être remontée, mais les enquêteurs n'y ont trouvé que deux insignes de policier. Le premier appartiendrait à :>, l'officier Mark Rutelli du 21e district, l'autre serait celui d'une détective morte il y a dix ans...
— Il s'agit de Grâce Costello, n'est-ce pas ? Sam la regarda d'un air étonné.
— Parce qu'elle est venue me voir chez Colleen et qu'elle m'a laissé ça pour toi.
Sam,
Lorsque nos chemins se sont croisés pour la première fois, il y a dix ans, l’enchainement des circonstances a débouché sur un terrible drame. Mais vous n'en êtes pas responsable, même à croire que dans un autre contexte, nous aurions pu être amis.
Merci d'avoir levé le voile sur le mystère de ma mort. Je connais désormais les réponses aux questions qui me tourmentaient.
Pour autant, je n’ai plus aucune certitude sur le sens profond de ma mission. Et si, depuis le début, je m'étais trompée sur ce qu'on attendait de moi ? Voulait-on vraiment que je ramène Juliette ou m'a-t-on envoyée pour sauver ma fille et me mettre en paix avec vous ? Je l'ignore.
Je ne sais qu'une chose : je ne vous enlèverai pas la femme que vous aimez.
S'il vous arrive de penser à moi quelquefois, faites-le sans peine et sans culpabilité. Dites-vous que je ne suis peut-être pas très loin et ne vous inquiétez pas trop pour moi.
En revanche, dans l'une des chambres de votre hôpital, il y a une adolescente de quinze ans qui n'a pas eu la vie facile. Elle a déjà un corps de femme, mais c'est encore une petite fille et c'est ce que j'ai de plus cher au monde. Vous l'avez déjà sauvée une fois ; elle a encore besoin de votre aide et de votre confiance. S'il vous plaît, continuez à veiller sur elle.
Voilà, l'heure tourne et je dois y aller.
J'ignore ce que je vais trouver de l'autre côté et quelles seront les conséquences de mes actes. Pour tout vous dire, j'ai un peu peur. Mais, au moment de partir, j'aime à croire qu'on m'a donné le choix. J'ai écouté mon cœur et il m'a dit de vous laisser Juliette.
Avais-je le droit de prendre cette décision ? Je n'en sais strictement rien, mais qu'importe...,
… après tout le ciel peut attendre.
Grace