15

Avant le coup d’envoi de la saison des mariages, Renata m’engagea à plein temps. Elle était prête à prendre en charge mon assurance-maladie ou à m’offrir une prime. Comme j’étais en parfaite santé, et que j’en avais assez de dépendre de Grant pour me conduire à la ferme, j’optai pour la prime.

Le batteur de Natalia me vendit son vieux véhicule à cinq portes, sa nouvelle batterie – qui faisait encore plus de vacarme, me semblait-il, que l’ancienne – étant trop volumineuse pour la taille du coffre, il empocha ma prime et me passa sa carte grise. La transaction me parut correcte, mais aussi je n’y connaissais rien. Je n’avais pas mon permis et ne savais pas conduire. Grant remorqua ma nouvelle acquisition jusqu’à la ferme et ne me laissa franchir le portail que des semaines plus tard. Et alors j’eus seulement le droit d’aller au drugstore et d’en revenir. J’étais toujours terrifiée. Il me fallut encore un mois pour me sentir prête à prendre le volant seule en ville.

Ce printemps-là, je passai mes matinées à travailler pour Renata et mes après-midi à compléter mon dictionnaire. Après avoir pris en photo tout ce qu’il y avait chez Grant, j’explorai le Golden Gate Park et le front de mer. La Californie du Nord est en soi un véritable jardin botanique. Des fleurs sauvages poussent entre les autoroutes, de la camomille dans les fissures des trottoirs. Grant m’accompagnait parfois ; il excellait dans l’art d’identifier les plantes, mais se lassait vite des petits jardins publics aux pelouses parsemées d’amateurs de bains de soleil ultra-minces.

Le week-end, quand Renata et moi terminions à temps, Grant et moi partions nous promener dans la forêt de séquoias géants au nord de San Francisco. Nous restions un bon moment dans le parking à observer quels étaient les sentiers les plus fréquentés, afin de mieux les éviter. Nous aimions nous retrouver seuls au milieu des arbres. Grant se contentait de me regarder photographier, intarissable à propos de l’écosystème et de chaque espèce en relation avec les autres. Une fois qu’il avait terminé son exposé, il s’adossait au tronc moussu d’un séquoia, renversait la tête en arrière et se perdait dans la contemplation du ciel pâle à travers les branchages. Le silence s’étirait entre nous, et je m’attendais toujours à ce qu’il évoque Elizabeth, ou Catherine, ou bien le soir où il m’avait accusée de mentir. Je n’avais pas encore trouvé quelle réponse lui donner, comment lui expliquer la vérité sans le perdre pour toujours. Mais Grant ne fit aucune allusion au passé, ni dans la forêt ni ailleurs. Il paraissait satisfait de cette vie que nous menions, centrée sur les fleurs et le moment présent.

Souvent, je dormais au château d’eau. Grant s’était mis sérieusement à apprendre à cuisiner, et sur le plan de travail les livres de recettes illustrées s’entassaient. Pendant que je lisais ou que je regardais par la fenêtre, ou lui racontais une histoire drôle à propos d’une mariée, Grant éminçait, assaisonnait et touillait. Après le dîner, il m’embrassait, une fois, et attendait de voir ma réaction. Parfois je lui rendais son baiser. Alors il me prenait dans ses bras et nous restions enlacés dans l’encadrement de la porte pendant une demi-heure. D’autres fois, mes lèvres restaient scellées et froides. Moi-même, j’étais incapable de prévoir ma réaction. Face à l’intensification de notre relation, j’étais envahie à parts égales de peur et de désir, sans savoir jamais quel sentiment l’emporterait. A la fin de la soirée, il sortait rejoindre l’endroit où il dormait, tandis que je fermais à clé derrière lui.

A la fin mai, alors que nous reproduisions depuis des mois ce rituel, Grant se pencha comme pour m’embrasser, mais s’arrêta avant que ses lèvres ne se posent sur les miennes. Plaquant sa main au bas de mon dos, il m’attira contre lui de sorte que nos corps soient en contact, pas nos visages.

— Je crois qu’il est temps, dit-il.

— De quoi ?

— Que je récupère mon lit.

Je fis claquer ma langue contre mon palais et me tournai vers la fenêtre.

— De quoi tu as peur ? murmura-t-il comme je restais silencieuse.

Je réfléchis à sa question. Il avait raison. Je le savais. C’était la peur qui se dressait entre nous. De quoi précisément avais-je peur ?

— Je n’aime pas qu’on me touche, dis-je, répétant les mots de Meredith.

Alors même que j’articulais ces paroles, je savais qu’elles n’avaient pas de sens. Nous étions collés l’un à l’autre, et je ne me dérobais pas.

— Je ne te toucherai pas. A moins que tu ne me le demandes.

— Même quand je dors ?

— Surtout pas quand tu dors.

Même si j’avais confiance en lui, je me méfiais.

— Tu peux dormir dans ton lit si tu veux, moi, je prends le canapé. Et si jamais je me réveille et que je te trouve à côté de moi, je te préviens, je rentre tout droit à San Francisco.

— Sois tranquille. Je te promets.

Cette nuit-là, allongée sur le canapé, je luttai contre le sommeil, décidée à n’y céder que lorsque Grant serait endormi, mais voilà, il ne dormait pas non plus. Il se tournait et se retournait à l’étage au-dessus, réarrangeait ses couvertures, renversait une pile de bouquins. Et, finalement, à l’issue d’un silence prolongé, alors que j’étais sûre qu’il s’était enfin endormi, j’entendis frapper au plafond. L’instant d’après, un chuchotement dégringolait la cage d’escalier :

— Victoria ?

— Oui ?

— Bonne nuit.

— Bonne nuit, soufflai-je en cachant un sourire dans le velours orange.

 

Après une saison entière de jonquilles, Annemarie était méconnaissable. Elle venait chaque vendredi matin chercher un bouquet frais. Ses joues s’étaient teintées de rose, et comme elle ne se sanglait plus dans son lourd manteau, on découvrait les lignes douces de son corps soulignées par de fins tricots de coton. Bethany, m’annonça-t-elle, était partie en Europe pour un mois, avec Ray. Elle reviendrait fiancée. Son ton était catégorique, comme si c’était déjà fait.

Annemarie me ramenait ses amies, souvent accompagnées de fillettes froufroutantes. Ces dames étaient toutes malheureuses en mariage. Appuyées au comptoir pendant que les enfants sortaient des seaux des fleurs plus grandes qu’eux et gambadaient autour de la boutique, elles me confiaient leurs difficultés de couple, essayant d’en cerner l’origine. Je leur conseillais de chercher un mot qui résumait leur problème, et elles buvaient mes paroles. C’étaient des conversations tout à la fois tristes et cocasses, bizarrement optimistes. L’obstination de ces femmes à vouloir réparer leur couple me laissait rêveuse. Je ne comprenais pas pourquoi elles n’abandonnaient pas tout simplement.

A leur place, j’aurais tout quitté : le mari, la marmaille et les copines qui m’offraient une oreille attentive. Cela dit, pour la première fois de ma vie, cette pensée ne m’apportait aucun soulagement. Je commençais à remarquer comment je m’arrangeais pour rester isolée. Il y avait des choses évidentes, comme loger dans un placard pourvu de six serrures, mais aussi des moyens plus subtils, tels que me poster de l’autre côté de la table par rapport à Renata lorsqu’on travaillait ensemble, ou me camper derrière la caisse enregistreuse lorsque je parlais aux clientes. Dès que je le pouvais, je me séparais physiquement des autres en me coulant derrière des cloisons en plâtre, des tables en bois massif, de lourds objets métalliques.

Toujours est-il qu’en six mois, avec d’infinies précautions, Grant avait réussi à saper mes défenses. Non seulement je lui permettais de me toucher, mais encore je ne demandais que ça ! Peut-être que, au bout du compte, j’étais capable de changer. Je me prenais à espérer que ma faculté de détachement s’émoussait, un peu comme quand les enfants prennent goût aux oignons et aux plats épicés.

Fin mai, j’avais presque achevé mon dictionnaire. Je pris en photo les quelques plantes rares qui me manquaient encore au conservatoire des fleurs du Golden Gate Park. Après avoir imprimé, monté et légendé chaque cliché, j’inscrivais une croix dans ma liste. A la fin, je feuilletai celle-ci pour voir si j’avais des lacunes à combler. Une seule : la fleur de cerisier. Comment avais-je pu l’oublier ? J’étais furieuse contre moi-même. Les cerisiers étaient nombreux autour de la baie, et on en trouvait une douzaine de variétés rien que dans le jardin de thé japonais. Hélas, leur période de floraison était brève – quelques semaines, parfois quelques jours selon les années – et je l’avais laissée passer par pure distraction.

Grant saurait où en dénicher, même hors saison, me dis-je. J’inscrivis le nom de la seule fleur qui me manquait sur un morceau de papier que je scotchai sur la boîte orange. Le moment était venu de la lui apporter.

Je plaçai la boîte sur le siège arrière de ma voiture et la calai avec la ceinture de sécurité. On était dimanche. J’arrivai au château d’eau avant le retour de Grant du marché. J’ouvris avec le double de clé, et sortis du placard une miche de pain aux raisins. La boîte, dont l’orange vif tranchait sur la surface patinée de la table, me parut occuper trop de place. Un objet criard dans cette petite cuisine discrète aux ustensiles désuets. J’étais sur le point de la monter à l’étage, quand j’entendis le pick-up de Grant freiner sur le gravier.

Il n’avait pas plus tôt ouvert la porte, qu’il piquait droit sur la boîte, sourire aux lèvres.

— Alors, c’est le dictionnaire ? s’enquit-il.

Je confirmai d’un signe de tête en lui tendant le bout de papier où était écrit le nom de la fleur manquante.

— Pas tout à fait complet.

Grant laissa le papier s’envoler et souleva le couvercle. Il inspecta les fiches une à une, admirant les photos. J’en retournai une pour lui montrer la signification, puis la rangeai et rabattis le couvercle sur ses doigts.

— Tu regarderas plus tard, dis-je en ramassant le papier que j’agitai sous son nez. Pour le moment, j’ai besoin de ton aide pour trouver ça !

Il secoua la tête.

— Une fleur de cerisier ? Il va te falloir patienter jusqu’à avril prochain.

Mon appareil photo heurta le bord de la table.

— Presque un an ? Je ne peux pas attendre aussi longtemps.

— Qu’est-ce que tu veux que j’y fasse ? répliqua Grant en riant. Même si je plantais un cerisier dans la serre, il ne fleurirait pas.

— Alors, je fais comment ?

Sachant que je n’allais pas lâcher aussi facilement, il s’accorda quelques instants de réflexion avant de répondre :

— Regarde dans mes livres de botanique.

Je fronçai le nez et me rapprochai de lui comme si j’allais l’embrasser, au lieu de quoi je frottai mon nez contre sa joue râpeuse et lui mordillai l’oreille.

— S’il te plaît.

— S’il te plaît, quoi ?

— S’il te plaît, pense à quelque chose de plus beau que les illustrations d’un manuel scientifique.

Grant se tourna vers la fenêtre. Il semblait débattre intérieurement. Presque comme s’il avait dans sa poche un rameau de fleurs de cerisier et qu’il se demandait si je le méritais. Finalement, il opina.

— Bien. Suis-moi.

Mettant l’appareil autour de mon cou, je lui emboîtai le pas. Il se dirigea vers la maison principale. Pêchant une clé dans sa poche, il ouvrit la porte de derrière, laquelle donnait sur une buanderie. Suspendu sur l’étendoir, un chemisier rose pâle se balança dans le courant d’air. Dans la cuisine, les rideaux étaient tirés, les plans de travail noirs de poussière. Les appareils tous débranchés. Le silence du réfrigérateur me troubla.

Par une porte battante, on accédait à une salle à manger. La table avait été poussée sur le côté afin de laisser la place à un sac de couchage. Sur le plancher près du duvet, je reconnus le sweat de Grant et des chaussettes en boule.

— Après que tu m’as expulsé de chez moi, dit-il en souriant.

— Tu n’as pas de chambre ?

— Je n’y ai pas dormi depuis dix ans. Si tu veux savoir, je ne suis monté à l’étage qu’une seule fois depuis la mort de ma mère.

De la cage d’escalier, à ma gauche, je ne discernais dans la pénombre qu’une belle rampe en bois torsadé. Grant s’en approcha.

— Viens, me dit-il. J’ai quelque chose à te montrer.

En haut de l’escalier, le palier se prolongeait par un couloir bordé de portes closes des deux côtés. A l’extrémité du corridor, se tenaient cinq marches et une porte basse. Je dus me baisser pour ne pas me cogner la tête.

Il faisait plus chaud dans la petite pièce que dans le reste de la maison, et il flottait dans l’air une odeur de poussière et de peinture éventée. Je sus avant même de repérer la fenêtre cintrée condamnée par des planches que je me trouvais dans l’atelier de Catherine. Lorsque mes yeux s’accommodèrent à l’obscurité, je vis les boiseries aux murs, la grande table à dessin, les étagères encombrées. Des pots à moitié pleins de peinture violette étaient alignés sur la plus haute, des pinceaux avaient séché dans des fonds de lavande et de pervenche. Sur une ficelle tendue autour de la pièce, des dessins – de généreux entrelacs de fleurs au crayon et fusain – étaient maintenus par des pinces à linge.

— Ma mère était une artiste, prononça Grant avec un geste vers les dessins. Elle passait des heures chaque jour ici. Toute sa vie, elle n’a peint presque que des fleurs : rares, tropicales, éphémères, fragiles… Elle vivait dans la crainte de ne pas avoir la fleur qu’il fallait pour exprimer ses pensées au fil des jours.

Il m’entraîna devant un meuble de rangement et ouvrit le tiroir du milieu. Une étiquette indiquait L-Q. Chaque dossier portait le nom d’une plante, et contenait un seul dessin : lys, marguerite, menthe, œillet, passiflore, pervenche. Il fit défiler les P jusqu’à Peuplier, blanc. Il ouvrit la chemise : vide. Le dessin se trouvait dans la chambre bleue, encore enroulé et retenu par le ruban de soie où il avait inscrit le jour, l’heure et le lieu pour notre premier rendez-vous.

Grant ferma le tiroir pour en ouvrir un autre. Il finit par en extraire un dessin de fleur de cerisier. Après l’avoir posé sur la table, il s’en alla, me laissant seule.

Je m’assis pour mieux admirer le travail. Des traits rapides, fermes et déterminés. Des ombres profondes et complexes. La fleur qui occupait la feuille entière était d’une beauté inouïe. Je me mordis la lèvre.

A son retour, Grant me regarda avec insistance.

— Signification ? lança-t-il.

— Bonne éducation.

Il secoua la tête.

— Caractère de ce qui est éphémère. La beauté et la fragilité de l’existence.

Cette fois, c’était lui qui avait raison. Je marquai mon approbation d’un signe de tête.

Grant me montra le marteau qu’il était allé chercher et détacha une planche de la fenêtre. Un pinceau de lumière tomba sur la table à la manière d’un projecteur. Grant plaça le dessin dans le rectangle de soleil et s’assit au bord de la table.

— Tu peux appuyer sur le bouton, me dit-il en caressant l’appareil avant de laisser glisser ses doigts pour me caresser moi.

Il ne me lâcha pas des yeux tandis que je sortais l’appareil de sa housse et faisais la mise au point. Je pris le dessin sous plusieurs angles : campée sur le plancher, debout sur une chaise, devant la fenêtre afin que l’écran de mon corps adoucisse la lumière. Je réglai avec soin la vitesse et la profondeur de champ. Le regard de Grant se posait partout, sur mes doigts, mon visage, mes pieds, sur le plateau de la table. Je consommai toute une pellicule. Il ne cilla pas quand je mis une deuxième bobine dans l’appareil, puis une troisième. Sous son regard, j’avais l’impression que ma peau se soulevait, comme si toute l’enveloppe de chair de mon corps était attirée par lui sans en avoir reçu l’autorisation de mon esprit.

Je rangeai le dessin dans son dossier. Demain, les photos seraient développées et mon dictionnaire serait complet ! Je fis pivoter mon appareil vers Grant, toujours assis au bord de la table, et étudiai ses traits dans le viseur.

Le soleil nimbait d’or son profil. Je tournai autour de lui en prenant son visage entre ombre et lumière. Je mitraillai son corps tout entier, commençant par le haut de sa tête. Je remontai ses manches afin de photographier ses bras, l’os dur et rond à son poignet, ses doigts épais, ses ongles en deuil. Je lui ôtai ses chaussures pour prendre la plante de ses pieds. Lorsque je n’eus plus de pellicule, je décrochai l’appareil de mon cou.

Je déboutonnai mon chemisier, l’enlevai.

La chair de poule disparut de mes bras pour apparaître sur ceux de Grant. Je montai sur la table.

Il s’assit sur les talons et se déplaça de manière à me faire face, puis posa ses deux mains à plat sur mon ventre. Ses doigts se soulevaient et s’abaissaient en rythme avec ma respiration de plus en plus profonde. Je me tenais cramponnée au bord de la table.

Ses mains migrèrent dans mon dos. Il ouvrit mon soutien-gorge, tout doucement, un crochet après l’autre. Détachant mes doigts de la table, il fit glisser la bretelle sur un bras, puis l’autre. Je repris ma position, comme si je tentais de garder l’équilibre sur une barque en perdition.

— Tu es sûre ? souffla-t-il.

Je confirmai d’un signe de tête.

Il m’allongea en soutenant ma tête pour ne pas qu’elle cogne sur le bois. Il me déshabilla entièrement, puis se déshabilla à son tour.

S’étendant à côté de moi, Grant commença par déposer une pluie de baisers sur mon visage. Je me tournai vers la fenêtre, de peur d’éprouver du dégoût devant son corps nu. Je n’avais jusqu’ici vu qu’un seul adulte nu, maman Ruby, et le souvenir de ses chairs flasques et mouillées m’avait poursuivie pendant des mois.

Grant explora mon corps avec une dextérité savante. Il n’aurait pas été plus délicat avec une jeune pousse. Je tentais de me concentrer sur ses caresses, la douce chaleur qui m’envahissait alors que nous nous enlacions. Il me désirait, depuis longtemps. Mais en contrebas de la fenêtre s’étendait la roseraie, et alors que tous mes sens répondaient à sa tendresse, mon esprit voletait parmi les fleurs. Grant se coucha sur moi. Le jardin de roses était au sommet de sa floraison, toutes ses variétés écloses. Je comptais les rosiers, les classais en démarrant par les rouges et en arpentant les allées : seize, depuis les rouges légers jusqu’aux vermillons. La bouche de Grant se posa sur mon oreille qui se mouilla, tiède et ouverte. Je trouvai vingt-deux buissons de roses roses en y incluant les corails. Grant se mit à bouger plus vite, l’ardeur de son plaisir éclipsant les prévenances dont il m’entourait. Je fermai les yeux de douleur. Sur l’écran de mes paupières dansèrent les roses blanches, non recensées. Je retins mon souffle jusqu’à ce que Grant se détache de moi.

Tandis que je me tournais vers la fenêtre, il se lova contre mon dos. Son cœur battait contre mon épine dorsale. Je comptai les roses blanches, rayonnantes dans la clarté du couchant, trente-sept en tout, plus que toutes les autres couleurs.

Je pris une profonde inspiration et mes poumons s’emplirent de déception.

Le Langage secret des Fleurs
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