DIX ZÉROS


24

Chaque jour, la mémoire de Daniel perdait de ses couleurs et de sa profondeur. Ainsi, lorsqu’il évoquait un souvenir, il avait souvent l’impression de regarder un négatif décoloré ou une empreinte sur du sable mouillé. Charles Granger – ses habitudes profondément enracinées, ses instincts, sa souffrance perpétuelle – gagnait des forces, progressait telle une vague qui recouvrait tous les jours davantage les pieds de l’intrus qu’il était.

Daniel ouvrit le carton de Granger et en sortit le marqueur, le crayon et plusieurs feuilles de papier, qu’il étala sur le parquet déformé en évitant les taches humides. Puis il les examina d’un œil critique. Elles étaient couvertes d’écriture – une écriture complètement folle, des symboles dessinés au hasard, des colonnes de mots composés en changeant une lettre chaque fois –, et des chiffres –, énormément de chiffres.

Charles Granger avait été un poète amateur, mais aussi un penseur, un logicien. Peut-être même un mathématicien. Ses gribouillis semblaient obéir à un système étrange, paraissaient respecter un ordre que Daniel ne parvint pas à reconstituer.

Les pierres avaient un sacré talent pour choisir leurs propriétaires. Et pour changer de cheval au bon moment. Enfin, peut-être.

Daniel retourna les feuilles. Certaines étaient vierges. Le temps était venu pour lui de reconstruire sa vie et de mettre de l’ordre dans ses pensées avant son prochain saut. Il utiliserait pour cela les espaces laissés libres entre les gribouillis de Granger. Quoi de plus approprié, en effet ?

Cependant, forcer ce cerveau, ce corps à saisir le crayon et à travailler pour lui était beaucoup plus difficile que de trouver de la place entre les lignes manuscrites par Granger. Ce dernier s’était laissé submerger par sa quête, sa tâche, son problème. Granger était cuit ; il était largement temps de le remplacer. Ou bien était-il déjà trop tard ?

Daniel eut un sourire féroce, mais ne montra pas les dents.

Dans l’obscurité humide, avec une bougie allumée sur le manteau de la cheminée et une autre par terre, dans un pot en verre, illuminant un éventail de pages…

Daniel commença à écrire. Son écriture serrée se délia progressivement et finit par ressembler à la sienne. Étant donné le peu de temps et de force qui lui restaient, il n’aurait pas pu en faire davantage.

Le temps de Granger… Le temps qui restait à ce monde.

Le front plissé, concentré, il écrivit : « Espace granulaire. Localisation accentuée. »

Puis une série d’équations. Pas si différentes des gribouillis de Granger, finalement. À force de lire Richard Feynman, Daniel avait eu l’idée de créer son propre système de notation mathématique. Personne ne saurait déchiffrer ses symboles.

 

« Tous les destins sont désormais localisés. L’espace-temps se disloque, se détériore. L’univers est digéré ; il caille, pourrit, est mêlé à du petit-lait écœurant. Les lignes géodésiques raccourcissent, s’emmêlent. Les cordes (ficelles ?) et les fondamentales. La lumière transperce les membranes, et la gravitation aussi, mais les choses matérielles ne passent pas.

Pour l’instant.

C’est ce que je vois. »

 

Il écrivit trois équations supplémentaires, longues et inélégantes, pleines de lacunes conceptuelles. Quantifier et formaliser ses idées – leur donner une consistance, en faire des outils pour les prédictions – n’était pas chose aisée. Même lorsqu’il était en bonne santé, il n’y était pas parvenu. Sa main fatiguait, sa tête le faisait souffrir. Son estomac aussi.

Il avait besoin de reconstruire ce qu’il avait noté juste avant que le cauchemar descende. Certaines théories étaient hors de portée de ses équations : non quantifiables, elles étaient encore plus vraies que les autres. Plus utiles. À leur manière.

La carte n’est pas le territoire.

À la hâte, luttant contre le style étriqué de Granger, Daniel parvint à se rappeler et à noter ceci :

 

« Fondamental : Les lignes-mondes sont regroupées en cordes fondamentales, dont les composantes peuvent être élevées au rang de fondamentales par l’observation ; ces composantes contiennent des harmoniques et des polyharmoniques, impossibles à observer dans des circonstances ordinaires, mais qui deviennent très importantes dans le multivers en décrépitude. On accède généralement aux harmoniques et aux polyharmoniques en méditant, en laissant errer notre imagination ou en rêvant. Toutefois, il est rare qu’elles émergent pour absorber notre ligne de progression fondamentale.

Ce qui ne signifie pas qu’elles n’aient pas leur utilité. Elles emplissent les messagers. Toutes les histoires, toutes les choses.

Les Observateurs des fondamentales sont apparus dans les premières heures du multivers, afin de réparer et de consolider les sommations plus efficaces de toutes les histoires, d’affiner la nature autopropagatrice du multivers et de créer une simplicité logique.

Ils sont “intelligents” d’une façon dépersonnalisée, mais comme ils ne créent pas et se contentent de justifier et d’affiner, on ne peut les considérer comme des dieux.

Les Observateurs comme Mnémos… »

 

Ses pensées se mirent à bouillonner et à fumer dans un cratère plein de souffrance et d’agitation. Il lâcha le crayon et donna des coups de poing dans le plancher jusqu’à ce que la douleur s’évanouisse. Il essayait de se rappeler un nom, un nom en rapport avec le concept de mémoire, semblait-il… Pas un dieu.

Une Muse.

Il ramassa le crayon à grand-peine et força ses doigts tremblants à griffonner les mots avant qu’ils s’effacent définitivement :

 

« Les sommations de toutes les histoires.

Lignes, ficelles, cordes, tresses, câbles, fondamentales…

Destins.

Tous les chemins qu’une particule – ou un être humain – peut emprunter. Un nombre infini de routes qui se déroulent partout dans l’espace-temps – fortes quand elles sont probables, faibles quand elles ne le sont pas –, qui se rejoignent à la fin en un unique chemin à l’énergie optimale, en une ligne-monde ingénieuse et simple.

Plus maintenant. L’efficacité s’est retournée contre elle-même.

Les règles sont brisées. »

 

La mâchoire molle, les lèvres entrouvertes sur des dents pourries, il leva les yeux. Il était incapable de déchiffrer ce qu’il venait d’écrire.

Il lui faudrait agir vite, trouver une ligne plus chanceuse où Granger vivrait une existence plus saine et plus sûre. Pendant des jours, Daniel n’avait même pas osé essayer de peur de rencontrer des souvenirs brumeux de pertes et d’horreurs infinies. Il ne se rappelait que vaguement ce qui l’avait projeté hors de lui-même, de chez lui, ce qui avait causé sa fuite comparable à celle d’une mouette devant une tempête.

 

Le crépuscule tombait sur la 45e Rue tandis qu’il marchait d’un pas décidé vers l’ouest, vers l’origine des longues ombres. Sa tête tournait toujours. Il s’arrêta devant le dernier bouquiniste du quartier – il avait fouillé les autres sans succès –, puis longea la devanture poussiéreuse et mal rangée.

Obéissant à la douleur qui lui tordait les entrailles, il franchit le seuil et fit tinter la cloche de la porte d’entrée.

La propriétaire, une petite femme grassouillette aux cheveux blancs et au visage rond – pareille à une poupée de grand-mère fabriquée avec une pomme séchée –, se leva de son tabouret et contourna la vitrine de un mètre de haut qui servait de comptoir pour lui signifier qu’elle était vigilante. Sur le comptoir, une caisse enregistreuse et un chat – orange et gros – couché dans son panier. L’animal leva la tête et s’étira. Dans la vitrine, des livres précieux – plus précieux que les romans d’amour et autres best-sellers au dos craquelé qui faisaient vivre la boutique – fièrement disposés : un volume des voyages de Richard Halliburton, les aventures de Nancy Drew avec leur jaquette, une vieille Bible des presses universitaires d’Oxford à la reliure en cuir éraflée.

Le regard de Daniel glissa lentement jusqu’au volume posé tout en bas à droite : un épais livre de poche. Le titre et le nom de l’auteur, imprimés en caractères rouges délavés, étaient presque invisibles, mais, les yeux plissés, il parvint à les déchiffrer : Les Cryptides et leurs découvreurs, par David Bandle.

Il prit une profonde inspiration et ferma les yeux. Il pouvait presque voir le livre rougeoyer comme un morceau de charbon à travers ses paupières. Il se pencha et tapota le verre d’un doigt crasseux.

— Combien pour celui-ci ? demanda-t-il.

— Je ne négocie pas, répondit aussitôt la grand-mère, méfiante, sans esquisser le moindre mouvement en direction de la porte de la vitrine. Vous avez de l’argent ?

Il en avait. Neuf dollars récoltés au bord de la route ; il était resté debout, immobile, jusqu’à en avoir le dos noué, les jambes engourdies et le cerveau transformé en glaise. Son haleine sentait les gaz d’échappement.

— Un peu. J’espère qu’il n’est pas trop cher.

— C’est une première édition, rétorqua la vieille femme aux yeux bleus étincelant comme des silex.

— Combien ? insista Daniel.

— Sans doute trop cher.

— Vous pourriez vérifier ? S’il vous plaît… ?

La bouquiniste plissa le nez, haussa les épaules, rajusta son châle en dentelle, puis fit glisser la porte du présentoir. Elle se baissa en laissant échapper un grognement expressif, attrapa le livre, le colla contre sa poitrine et se redressa.

Jamais le bouquin de Bandle n’avait été aussi gros ; la section grise des gravures seule était aussi épaisse que son doigt.

La vieille femme souleva la couverture d’une main boudinée et sèche.

— Quinze dollars.

— J’en ai neuf… Je vous en donne neuf dollars.

— Je ne négocie pas, répéta-t-elle en reniflant.

Daniel gratifia la bouquiniste d’un sourire d’excuse pincé.

— Il est plein de poussière. On dirait qu’il est dans cette vitrine depuis un bon bout de temps.

Elle regarda de près la date griffonnée sous le prix. Quelque chose en elle se relâcha, et elle se détendit.

— Vous voulez vraiment ce livre ? demanda-t-elle.

— Il m’a marqué quand je l’ai lu, enfant, acquiesça-t-il dans un hochement de tête. Il me rappellera des jours meilleurs.

— Ce livre est exposé dans ma vitrine spéciale depuis exactement trois ans. Il est poussiéreux, mais je n’en ai jamais vu une autre copie. Je vous le laisse pour quinze dollars.

— Neuf dollars, c’est tout ce que j’ai. Juré craché.

Elle se pencha en arrière et le considéra longuement, les yeux mi-clos : des yeux de cochon.

— Vous êtes le gars qui fait la manche à la sortie de l’autoroute, n’est-ce pas ?

Tout le monde connaissait Charles Granger, semblait-il. Daniel sourit de toutes ses dents irrégulières, brunes et cassées, puis toussa en soufflant son haleine fétide.

L’accès de compassion de la bouquiniste était terminé. Toutefois, pour se débarrasser de lui, elle lui vendit le livre pour neuf dollars. Soit tout l’argent qu’il possédait.

 

De retour dans la maison sombre, il s’installa en grognant dans le fauteuil en rotin cassé du salon ; tous ses os le faisaient souffrir.

Il étudia le dos de l’ouvrage imposant : il était beaucoup plus gros que toutes les éditions qu’il avait eues entre les mains. Comme rester assis était trop douloureux, il s’allongea par terre et lut à la lumière d’une bougie. Puis il se mit sur les genoux et les coudes, avant de s’accroupir dans un coin, contre un coussin.

Maintenant qu’il avait le livre – un livre plein, saturé de détails, même, pensa-t-il en le feuilletant –, il n’avait plus qu’à le lire s’il l’osait. À moins que son temps soit compté. En tout cas, il avait fait un bond en avant considérable, si tant est qu’apprendre de mauvaises, de très mauvaises nouvelles, pouvait être considéré comme un progrès.

Des nouvelles terribles, en effet. Des puces longues de deux centimètres et demi. Des mammifères préhistoriques découverts en Nouvelle-Guinée. Des excréments et des poils de Bigfoot trouvés au Canada et analysés – grâce à son ADN, on savait désormais que ce vieux monsieur existait et qu’il était un lointain parent de l’espèce humaine.

Il sauta directement à l’index et l’étudia au hasard.

 

« Cauchemar volant de la forêt de Pine Barrens, dans le New Jersey ; envergure de deux mètres, espèce inconnue, peut-être un dragon.

Jardin d’Éden, Nouvelle-Guinée ; trois cents nouvelles espèces découvertes – notamment quinze espèces de lémuriens, dont une de la taille d’un poing : le lémurien planeur.

Rats géants pesant cinquante kilogrammes trouvés à Bornéo.

Crâne de gigantopithèque exposé dans un musée de Vienne ; gorille haut de trois mètres. Spécimen vivant aperçu au Cambodge ?

Poisson à fourrure doté de follicules semblables à ceux des mammifères…

Homo floresiensis, cousin de l’homme haut de un mètre ; connaissait le feu et fabriquait des outils. Chassait les éléphants pygmées avec des lances miniatures.

Crabes à visage humain en Thaïlande et au Sri Lanka ; carapaces ornées de portraits de personnes mortes noyées ?

Hyménoptères : abeilles utilisant un langage codé dans leurs danses.

Chauve-souris indigo (de la taille d’un aigle) trouvée au Mexique.

Kua-nyu, espèce d’écureuil-rat éteinte depuis onze millions d’années, découverte au Laos.

Grenouilles Coran, marais d’Irak ; coassent “Dieu est grand” en arabe, arborent des sourates abrégées sur la peau du dos.

Scorpions de mer (euryptérides) trouvés au large de Madagascar ; trois mètres de long ; espèce éteinte depuis des centaines de millions d’années, plus grand invertébré ayant jamais existé. Chair sucrée et parfumée prisée des autochtones, qui affirment les chasser depuis le “début des temps”. »

Il revint au début de la liste.

« Aepyornis capturé en Tasmanie ; oiseau terrestre haut de six mètres ; mange des chèvres, des moutons, pond des œufs gros comme deux ballons de basket. »

Puis, plus loin :

« Termites cathédrale ; propagés dans tout le pays grâce aux débris de bois transportés par les tempêtes de la côte du Golfe ; érigent des nids ressemblant à la cathédrale de Chartres ou à Notre-Dame. »

 

Les mains tremblantes, il laissa le livre se refermer. Cryptides et lazarides : bêtes cachées, et espèces soudain resurgies d’un passé lointain. La liste continuait sur une bonne centaine de pages. D’expérience, il savait qu’environ la moitié de ces témoignages étaient inexacts ou falsifiés, ce qui signifiait que le livre de Bandle relatait un bon millier de faits authentiques. Soit deux fois plus que la dernière fois, lorsque les ténèbres et la poussière l’avaient forcé à fuir devant leur inexorable progression.

Les événements improbables avançaient telles des ombres sur un feu vacillant, se substituant au monde des lumières, scientifique, rationnel, qu’il avait toujours apprécié, mais dont il avait toujours douté. Il aurait besoin de trouver des alliés. Des alliés… et, si possible, un nouvel hôte. Un nouveau corps, plus fort, plus sain. Plus jeune. Il se cogna l’arrière de la tête contre le mur, ce qui sembla mettre en colère le serpent dans son ventre.

Il n’y arriverait pas tout seul ; il n’aurait jamais l’énergie et la volonté nécessaires pour effectuer un saut aussi long, et ce qui se préparait était pire que tout.

Il rouvrit le livre à la page de l’introduction. Bandle avait écrit :

 

« Cette dernière édition comporte cinq cents nouvelles entrées, rassemblées en seulement trois ans – progression sans précédent. Ce qui pose une question antiscientifique : quelqu’un a-t-il ouvert les portes du temps, nous obligeant à vivre tous ensemble – animaux disparus, bêtes improbables et, pourtant, tellement vraies ? »

Trempé, fiévreux, Daniel arriva au bâtiment des sciences physiques de l’université de Washington à 15 heures. Il feuilleta un annuaire au rez-de-chaussée, puis arpenta tous les couloirs en lisant les noms accrochés aux portes à la recherche du seul type qui pourrait le comprendre, du gars le plus vulnérable qu’il connaissait. Du plus curieux, aussi.

Un vieil ami.

La cité à la fin des temps
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