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A JOURNÉE S’ANNONÇAIT TRISTE, Clark le savait. Il avait déjà emballé ses affaires – comme d’habitude, c’était Sandy qui s’en occupait avec son efficacité habituelle. Pareil chez Ding – Patsy tenait de sa mère son don pour faire les bagages. L’unité Rainbow Six entrait dans sa deuxième génération, la plupart des membres initiaux étaient repartis rejoindre leur affectation d’origine dans le cas des Américains, principalement à Fort Bragg et l’école Delta ou bien à Coronado en Californie, où la Marine entraînait ses « Marsouins » du SEAL, pour aller échanger quelques souvenirs autour d’une bière avec une petite élite d’instructeurs de confiance. De temps en temps, ils faisaient un tour par Hereford au pays de Galles, pour boire quelques pintes de John Courage au bar confortable du Green Dragon et échanger de manière un peu plus détendue leurs souvenirs de guerre avec leurs collègues des Hommes en noir. Les gens du coin savaient qui ils étaient, mais ils étaient tout aussi conscients des impératifs de sécurité que les agents du « Cinq » – baptisés ainsi en hommage au MI-5 britannique – qui traînaient également dans les parages.

Rien n’était permanent dans le service, quel que soit le pays. C’était plus sain pour les organisations, cela permettait un renouvellement permanent des effectifs, et donc un apport d’idées neuves, et cela permettait aussi des rencontres dans les endroits parfois les plus incongrus – bien souvent des terminaux d’aéroports un peu partout sur la planète –, avec échange de moult chopes de bière et de poignées de main avant de reprendre chacun son avion. Mais l’incertitude et le provisoire finissaient par user. Un jour ou l’autre vous vous demandiez quand un collègue ou un ami proche allait être appelé en mission ou disparaître dans quelque compartiment du monde « obscur », quelqu’un dont vous vous souviendriez mais que vous reverriez rarement. Ainsi quantité d’amis de Clark étaient morts d’une balle mal placée lors de prétendues « missions d’entraînement ». Mais tel était le coût de l’appartenance à cette fraternité exclusive et l’on n’y pouvait rien changer. Comme se plaisaient à le répéter les SEAL : « On ne vous demande pas d’aimer le boulot mais de le faire. »

Eddie Price, par exemple, qui avait pris sa retraite du 22e régiment du Special Air Service avec les galons d’adjudant-chef, se retrouvait à présent geôlier de la garde royale à la Tour de Londres. John et Ding s’étaient l’un et l’autre demandé si le Premier Ministre britannique avait pris conscience de l’accroissement concomitant du niveau de sécurité de la vénérable forteresse de Sa Majesté, et si la hache de cérémonie qu’arborait désormais Price (ce titre de geôlier de la garde royale faisait de lui, en effet, le bourreau en titre des lieux) était convenablement affûtée. Car pour sûr, il continuait de pratiquer son entraînement quotidien, et malheur au membre de l’armée régulière placé sous ses ordres qui n’arborerait pas des bottes impeccablement cirées, une fourragère parfaitement en place et une arme encore plus étincelante que le jour où elle avait quitté la manufacture.

C’était bien dommage qu’il faille vieillir, se disait John Clark, qui voyait approcher suffisamment la soixantaine pour constater les prémices de l’âge, le pire étant que, dans le même temps, on pouvait encore avoir des souvenirs de jeunesse, même si, dans son cas, ils étaient plutôt de ceux qu’on aurait mieux aimé avoir oublié. La mémoire était une arme à double tranchant.

« Eh, monsieur C., dit une voix familière à la porte. Sacrée journée, pas vrai ?

– Ding, on en a déjà parlé, dit John sans se retourner.

– Désolé… John. »

Il avait fallu des années à John Clark pour convaincre Chavez, à la fois son collègue et son gendre, de le tutoyer, et même encore maintenant, Ding avait du mal à s’y faire.

« Paré si quelqu’un tente de détourner l’avion ?

– M. Beretta est à son poste habituel », répondit Ding.

Ils faisaient partie de la poignée de personnes résidant sur le sol britannique habilitées à porter une arme à feu, un privilège qu’ils ne prenaient pas à la légère.

« Comment vont Johnny et Patsy ?

– Le petit bonhomme est tout excité à l’idée de rentrer à la maison. On a un planning après notre retour au pays ?

– Pas vraiment. Demain matin, on rend une visite de courtoisie à Langley. Je pourrais en profiter pour faire un saut en voiture voir Jack, d’ici un jour ou deux.

– Voir s’il laisse des empreintes au plafond ? demanda Ding en étouffant un rire.

– Plutôt des marques de griffe, connaissant mon Jack.

– La retraite, ça n’a rien de drôle, j’imagine. »

Chavez n’en dit pas plus. C’était toujours un sujet délicat pour son beau-père. Le temps s’enfuyait, qu’on le veuille ou non.

« Comment se débrouille Price ?

– Eddie ? Il file au gré du courant, c’est bien comme ça que vous dites, dans la marine.

– Pas trop mal pour un pied-sec.

– Eh, mec, j’ai dit la marine, pas les marsouins.

– Bien noté, Domingo. Oups, veuillez m’excuser, mon colonel. »

Ce fut au tour de Chavez de rigoler.

« Ouais, ça aussi, ça va me manquer.

– Comment va Patsy ?

– Mieux que lors de la grossesse précédente. Elle a l’air en pleine forme. Et, à l’en croire, tout se passe à merveille. Elle n’a jamais été du genre à se plaindre, de toute façon. C’est une fille super, John, mais encore une fois, je ne t’apprends rien de neuf.

– Non, mais ça fait toujours plaisir à entendre.

– Ma foi, je n’ai pas à me plaindre. » S’il avait eu une plainte à émettre, il aurait dû aborder le sujet avec un luxe de diplomatie, mais il se contenta d’ajouter : « L’hélico nous attend, patron.

– Bigre. »

S’ensuivit un soupir attristé.

Le caporal-chef Ivor Rodgers s’était chargé des bagages, qu’il avait placés dans une camionnette aux couleurs vertes de l’armée britannique, pour les conduire jusqu’à l’aire d’atterrissage pour hélicoptères. Il attendait dehors son supérieur – le général de brigade Clark, puisque tel était le rang virtuel de John. Les Rosbifs étaient particulièrement sensibles au grade et au cérémonial, et il en vit encore d’autres témoignages en sortant. Il avait espéré un départ discret mais les autochtones ne voyaient pas les choses ainsi. Alors qu’ils roulaient en direction de l’aire d’atterrissage, tous les composants de la force Rainbow, tireurs d’élite, soutiens de renseignement et jusqu’aux armuriers de l’équipe – ils avaient disposé des meilleurs des îles Britanniques – étaient alignés comme à la parade, chacun en grand uniforme. Il y avait même une escouade des SAS. Le visage impassible, ils présentèrent les armes dans un bel ensemble, avec cet élégant mouvement décomposé en trois phases adopté par l’armée britannique plusieurs siècles auparavant. La tradition pouvait être une bien belle chose.

« Diantre », marmonna Clark en descendant de la camionnette. Il en avait fait du chemin depuis son rang de maître d’équipage dans la marine, et avec de sacrés détours. Ne sachant trop que faire, il estima qu’il devait passer en revue les troupes et serrer la main de tous ces hommes tout au long du parcours jusqu’à l’hélicoptère MH-60K.

Cela prit plus de temps que prévu. Pour presque chacun d’eux, un petit mot accompagnait la poignée de main. C’est qu’ils le méritaient tous. Il se remémora le 3e groupe des Opérations spéciales, une éternité auparavant. Aussi étonnant que cela pût paraître, ces types étaient aussi bons que ses anciens compagnons d’armes. À l’époque, il était jeune, fier, immortel. Et, détail remarquable, il n’en était pas mort, comme tant d’autres de ses anciens camarades. Pourquoi ? La veine, peut-être. Pas d’autre explication plausible. Il avait appris la prudence, principalement au Viêt-nam. Appris en voyant des hommes moins chanceux que lui tomber pour avoir commis une erreur stupide, souvent aussi bête qu’un manque d’attention. Les risques, il fallait bien en prendre, mais on essayait de se les repasser mentalement et l’on tâchait de les limiter au maximum. Il y en avait bien assez.

Alice Foorgate et Helen Montgomery le prirent dans leurs bras. Elles avaient été des secrétaires superbes, qu’on ne trouvait pas tous les jours. Clark avait même été tenté d’essayer de leur trouver un emploi aux États-Unis, mais les Britanniques tenaient à elles sans doute autant que lui et il n’allait pas se battre pour les leur enlever.

Pour finir, Alistair Stanley, son successeur à la tête de l’unité, l’attendait au bout de la file.

« Je m’occuperai bien d’eux, John », promit-il. Ils échangèrent une poignée de main. Il n’y avait pas grand-chose à dire de plus. « Pas d’info sur la nouvelle affectation ?

– Je suppose qu’ils me le diront avant qu’on me vire ma solde. »

Le gouvernement se débrouillait en général pas trop mal, côté paperasse. Pas trop vraiment pour le reste, mais pour la paperasse, à coup sûr.

N’ayant plus rien à ajouter, Clark gagna l’hélicoptère. Ding, Patsy et JC étaient déjà harnachés, accompagnés de Sandy. JC aimait tout particulièrement prendre l’avion, et il allait en avoir son content dans les dix prochaines heures. Dès qu’ils eurent décollé, ils virèrent au sud-est pour se diriger vers le terminal numéro quatre d’Heathrow. Sitôt qu’ils furent posés, une camionnette vint les prendre pour les conduire directement à leur avion, ce qui leur épargna le passage sous les portiques de détection. L’appareil était un 777 de British Airways. Du même type que celui qu’ils avaient emprunté quatre ans plus tôt, avec les terroristes basques à leur bord. Ces derniers étaient désormais emprisonnés en Espagne, quoiqu’ils n’aient jamais cherché à savoir dans quel endroit ou dans quelles conditions. Sans doute pas dans un hôtel quatre étoiles.

 

« Alors, on est virés, John ? demanda Ding alors que l’appareil quittait la piste d’Heathrow.

– Sans doute pas. Et quand bien même, ils ne qualifieraient pas la chose ainsi. Peut-être qu’ils te nommeront officier instructeur à la Ferme. Moi… ? Ma foi, ils pourraient me garder encore un an ou deux dans leurs effectifs, peut-être que je pourrai rester derrière un bureau au centre opérationnel jusqu’à ce qu’on me retire mon autorisation de stationnement. On est trop vieux pour protester. Ça n’en vaut plus la peine. Ils ont trop peur qu’on se confie aux mauvais journalistes.

– Ouais, tu dois toujours un déjeuner à Bob Holtzman, pas vrai ? »

John faillit en renverser son verre de champagne. Il avait presque oublié. « Ma foi, j’ai dû lui donner ma parole, n’est-ce pas ? »

Ils restèrent silencieux quelques minutes encore, puis Ding reprit : « Alors comme ça, on va rendre une petite visite à Jack ?

– On ne peut guère y couper, Domingo.

– Bien d’accord. Merde, Jack Junior a fini ses études, pas vrai ?

– Ouais. Même si je ne suis pas trop sûr de ce qu’il fait maintenant.

– Un boulot de fils de riche, je parie. Actions et obligations, boursicotage.

– Ben, tu faisais quoi, toi, au même âge ?

– Je faisais mes classes sous tes ordres, à la Ferme, et le soir, je suivais les cours à l’université George Mason. Comme un somnambule.

– Mais t’as quand même décroché ta maîtrise. Bien mieux que ce que j’ai jamais pu obtenir comme diplôme.

– Ouais. J’ai reçu un bout de papier me confirmant que j’étais intelligent. Tandis que toi, t’as laissé derrière toi des cadavres dans le monde entier. »

Heureusement qu’il était virtuellement impossible de mettre sur écoute la cabine d’un avion de ligne.

« Appelle ça de l’expérimentation en politique étrangère », suggéra Clark, tout en inspectant le menu des premières classes. Au moins British Airways faisait-il mine de servir des repas corrects, même s’il n’arrivait toujours pas à comprendre pourquoi les compagnies aériennes ne s’en tenaient pas simplement aux Big Macs frites. Ou à la rigueur aux pizzas Domino. Tout cet argent économisé – mais les McDo britanniques lui avaient toujours semblé ne pas utiliser la viande de bœuf qu’il fallait. Et c’était encore pire en Italie. Mais leur plat national était l’escalope de veau milanaise, ce qui valait bien un Big Mac. « Ça te tracasse ?

– La recherche d’emploi ? Pas vraiment. Je peux toujours gagner ma vie avec un poste de consultant. Tu sais, on pourrait monter une boîte à nous deux, dans la sécurité privée, un truc dans le genre, et faire du nettoyage. Je me chargerais de l’organisation et toi de la protection proprement dite. Tu sais, du genre, je reste planté là et je reluque les gens avec cet air “faites pas le con avec moi” que tu sais si bien prendre.

– On est trop vieux pour ça, Domingo.

– Les gens ne sont pas idiots, personne ne s’en prendra à un vieux lion comme toi, John. Moi, je suis trop petit pour faire fuir les méchants.

– Foutaises. Je ne me risquerais pas à me frotter à toi. »

Chavez avait rarement reçu un tel compliment. Il avait toujours été complexé par sa petite taille – sa femme le dépassait de trois centimètres – mais ce handicap relatif avait sa valeur tactique. Au cours des années, bien des individus l’avaient sous-estimé et s’étaient retrouvés à sa portée. Pas des pros, toutefois. Ces derniers savaient déchiffrer le danger dans son regard. Enfin, quand il prenait la peine d’allumer la lumière. On en venait rarement jusque-là même si un soir, dans l’est de Londres, un loubard s’était montré impoli à la sortie d’un pub. On l’avait réveillé plus tard avec une pinte de bière et il avait retrouvé une carte à jouer fourrée dans sa poche. C’était la reine de trèfle, mais le dos de la carte était noir brillant. Ces exemples étaient rares. L’Angleterre était dans l’ensemble un pays civilisé et Chavez n’avait jamais cherché les ennuis. Une leçon apprise au fil du temps. La carte à dos noir était un souvenir officieux pour les Hommes en noir. La presse s’était emparée de l’affaire et Clark était tombé sur le dos des petits maîtres chanteurs au jeu de cartes. Mais sans trop insister. Il y avait la sécurité, mais il y avait aussi le panache. Les gars qu’il avait laissés derrière lui au pays de Galles connaissaient les deux, et c’était l’essentiel, tant que les hommes savaient où se trouvait la limite à ne pas franchir.

« Ç’a été quoi, notre meilleure mission, selon toi ?

– Ce doit être le parc d’attractions en Espagne. Malloy avait fait un sacré bon boulot pour déposer ton unité sur le château et ton intervention a frisé la perfection, surtout compte tenu du fait qu’on n’avait pas pu la répéter.

– Merde, c’est vrai qu’on avait des gars extra, reconnut Domingo avec un sourire. Même mes vieux Ninjas ne leur arrivaient pas à la cheville et pourtant je croyais que c’était la crème de la crème des soldats.

– Ils l’étaient, mais l’expérience compte aussi pour beaucoup. » Tous les membres de l’unité Rainbow avaient atteint le niveau E-6 ou son équivalent, ce qui exigeait pas mal d’années passées sous l’uniforme. « Une bonne partie de l’expérience vient avec le temps, ce ne sont pas des trucs qu’on apprend dans les manuels. Et puis, on les a bougrement entraînés.

– Tu parles. Si je dois de nouveau courir, il me faudra une nouvelle paire de jambes. »

Clark ricana. « Allons donc, t’es encore un gamin. Mais je vais te dire une chose. Je n’ai jamais vu une meilleure bande de tireurs et, pourtant, j’en ai connu mon lot. Bon Dieu, c’est comme s’ils étaient nés avec un flingue dans les mains. Qu’est-ce que tu dirais, Ding, d’un petit palmarès perso ?

– Il faudrait un compas et un pied à coulisse pour les départager. Je mettrais en tête Eddie Price pour la réflexion. Au fusil, Weber ou Johnston, les deux se valent. Pour les armes de poing, ce petit Français, Loiselle… il aurait pu tenir tête à Doc Holliday. Mais tu sais, l’essentiel c’est de savoir placer une balle dans la cible. Un mort est un mort. Et ça, on en est tous capables, de près ou de loin, de jour comme de nuit, réveillé ou endormi, sobre ou bourré.

– Raison pour laquelle on nous paie si bien.

– Ouais, dommage qu’ils aient décidé de mettre la pédale douce.

– Dommage, ouais.

– Mais pourquoi, bon sang ? J’arrive pas à piger.

– Parce que les terroristes européens ont été terrassés. On les a éliminés, Ding, en conséquence de quoi, on s’est mis nous-mêmes au chômage partiel. Au moins, ils n’ont pas totalement démantelé le service. Compte tenu de la nature du monde politique, on peut déjà voir ça comme un succès et partir la tête haute.

– Ouais, avec une petite tape et sous les bravos.

– Tu t’attends à de la gratitude de la part de gouvernements démocratiques ? demanda John avec une petite grimace. Mon pauvre garçon, comme t’es naïf. »

Les bureaucrates de l’Union européenne étaient les principaux responsables. Tous les pays d’Europe avaient aboli la peine de mort et un député n’avait cessé de clamer haut et fort que l’unité Rainbow se montrait par trop impitoyable. On ne lui avait pas demandé s’il réclamait également un traitement médical approprié pour les chiens enragés. Les citoyens n’avaient jamais désapprouvé les actions de l’unité, quel que soit le pays concerné, mais les gentils bureaucrates avaient baissé leur froc et c’était eux qui détenaient le vrai pouvoir politique. Comme du reste dans tout autre endroit du monde civilisé.

« Tu sais qu’en Suède, il est illégal d’élever les veaux comme on le fait chez nous. Ils doivent bénéficier de contacts sociaux avec leurs congénères. D’ici qu’on ne puisse pas les châtrer avant qu’ils aient pu baiser au moins une fois, bougonna Chavez.

– Ça me paraît raisonnable. Comme ça, ils sauront au moins ce qu’ils ratent, rigola Clark. Une tâche de moins pour les cow-boys.

– Jésus a dit bienheureux les simples d’esprit, car ils hériteront de la terre, je n’y vois pas d’inconvénient, mais c’est quand même sympa d’avoir quelques flics dans les parages.

– Ce n’est pas moi qui discuterai ton point de vue. Tu peux abaisser ton dossier, boire un verre de vin et dormir sur tes deux oreilles, Domingo. »

Et si un de ces connards essaie de détourner cet avion, on s’occupera de lui, s’abstint-il d’ajouter.

On pouvait toujours rêver. Un dernier baroud d’honneur avant d’aller cultiver son jardin.