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J

ACK JUNIOR SE PLAQUA contre le mur avant de se couler le long des planches mal dégrossies dont il sentit les échardes s’accrocher à sa chemise. Il atteignit l’angle et s’arrêta, son pistolet tenu à deux mains, canon braqué vers le sol, selon la position dite « Weaver ». Pas du tout comme dans les films ou les séries télé où les personnages se baladent toujours, le flingue à hauteur du visage, canon braqué vers le haut. OK, ça faisait un plan cool – rien de mieux pour souligner la mâchoire volontaire et le regard bleu acier du héros que le canon imposant d’un Glock – mais l’idée n’était pas d’être cool mais de rester en vie et d’abattre les nuisibles. Avoir grandi à la Maison Blanche, entouré de pros du service de sécurité qui connaissaient les armes mieux que leurs enfants, ça avait à coup sûr quelques avantages.

Le problème avec la méthode Hollywood du maniement d’armes était double : cadrage de la cible et effet de surprise. En matière de combat réel à l’arme à feu, il s’agissait de viser juste en état de stress et, là encore, c’était une question de préparation mentale et de cadrage. Le premier point relevait du conditionnement, le second, de la mécanique. Il était bien plus facile et bien plus efficace de relever une arme, bien viser la cible et tirer que de l’abaisser. L’autre facteur – l’effet de surprise – tenait à ce qui se produit quand on tourne un coin pour se retrouver face à face avec le méchant. Vaut-il mieux avoir son flingue déjà levé, au niveau de son propre visage, ou plutôt abaissé avec la chance éventuelle de tirer une balle dans les jambes du mec, avant qu’il vous tacle et que la situation dégénère en duel ? Ça n’arrivait pas souvent, certes, mais pour ce qui concernait Jack – et tous les tireurs sérieux – mieux valait se battre contre un adversaire qui s’était déjà pris un ou deux pruneaux dans les guiboles.

De la théorie, Jack, se ravisa-t-il avant de retourner au moment présent. La théorie, c’était pour la salle de cours, pas pour le monde réel.

Où diable se trouvait Dominic ? Ils s’étaient séparés devant la porte, son cousin était passé par la droite pour couvrir les pièces à l’arrière – censées être les plus « sensibles » – tandis que Jack se chargeait de la cuisine et du séjour. T’inquiète pas pour Dominic, pense d’abord à toi. Son cousin était membre du FBI – officiellement du moins ; il n’avait sûrement pas besoin qu’on lui donne de leçons.

Jack fit passer son arme dans la main gauche, se sécha la paume droite sur sa jambe de pantalon, puis reprit l’arme. Il inspira, recula d’un pas, puis avança la tête pour jeter un regard furtif derrière l’angle. Une cuisine. Un frigo sur la droite ; une paillasse vert avocat, un évier en inox, un micro-ondes sur la gauche ; une table et des chaises sur le côté, au bout du plan de travail, près de la porte du fond.

Jack guetta un mouvement mais ne vit rien, aussi avança-t-il à découvert, l’arme cette fois relevée presque à hauteur d’épaule, l’œil aux aguets, le canon du revolver suivant le regard, et il se faufila dans la cuisine. Devant lui, sur la droite, il avisa une arcade ouvrant sans doute sur la salle de séjour – il se remémorait mentalement la disposition des lieux. Dominic devrait déboucher de l’autre pièce sur la droite pour le rejoindre…

« Jack, la fenêtre de la chambre du fond ! » s’écria Dominic de quelque part dans les tréfonds de l’habitation. « J’ai repéré un fuyard ! Il sort par la fenêtre latérale ! Un homme, blanc, blouson rouge, armé… je le file ! »

Jack résista à l’impulsion de foncer tête baissée et, tout au contraire, avança d’un pas lent et régulier, finit de traverser la cuisine, puis lorgna dans le séjour. Vide. Il franchit le seuil du patio, le corps plaqué contre le chambranle gauche, heureusement protégé par une poutre assez épaisse pour ralentir ou arrêter – en théorie – une balle le visant, puis il se pencha pour regarder par l’œil-de-bœuf qui donnait sur l’arrière. Sur sa droite, il vit une silhouette qui descendait l’allée : anorak bleu orné des lettres FBI en jaune. Dominic. Jack ouvrit la porte, regarda de nouveau, puis poussa la porte grillagée. Juste en face de lui, un passage sombre dans le mur de brique ; sur sa gauche, une poubelle verte. Il se dirigea de ce côté, l’arme levée, guettant une cible. Il entrevit une ombre dans le passage et pivota juste à temps pour voir une silhouette apparaître sur le seuil.

« Halte ! On ne bouge plus ! On ne bouge plus ! » s’écria-t-il, mais le personnage continua d’avancer, son bras gauche entra dans la lumière, la main tenait un revolver. « Lâchez cette arme ! » ordonna Jack ; il attendit une fraction de seconde, puis tira à deux reprises, visant le centre de masse. Le personnage s’affala au seuil de la porte. Jack se retourna de nouveau, revenant vers la poubelle, pour regarder derrière…

Et c’est alors que quelque chose le frappa dans le dos, entre les épaules. Il tituba. Il sentit le sang lui monter à la tête et songea : Ah, merde, putain… Il s’effondra contre la poubelle, l’épaule gauche prenant le plus gros de l’impact, chercha à pivoter vers l’origine du coup de feu… il sentit un autre projectile pénétrer son flanc, juste sous l’aisselle et sut qu’il était trop tard.

« Stop ! » claironna un porte-voix, suivi de trois coups de sifflets brefs qui résonnèrent dans l’allée. « Arrêt de l’exercice ! Arrêt de l’exercice ! »

« Ah, putain… », marmonna Jack avant de s’adosser à la poubelle pour expirer bruyamment.

L’homme qui venait de le descendre – l’inspecteur Walt Brandeis – sortit de l’ombre du seuil et hocha tristement la tête. « Mon Dieu. Mourir comme ça, fils, avec une grosse tache de peinture verte au beau milieu du dos… » Jack voyait bien le demi-sourire jouer sur les lèvres de l’agent, tandis qu’il détaillait Jack de pied en cap, avant de faire claquer sa langue. « C’est vraiment la honte, point-barre. »

Dominic déboula au petit trot de l’autre bout du passage et s’immobilisa net : « Encore ! »

 

« Voilà le problème, Jack : tu étais…

– Trop pressé, je sais.

– Non, pas ce coup-ci. C’est plus que ça. La hâte n’est pas ton vrai problème – ça y a contribué mais ce n’est pas vraiment cela qui t’a tué. T’essaies de deviner ? »

Jack Junior réfléchit quelques instants. « J’ai présumé…

– Et pas qu’un peu. T’as présumé que la cible aperçue au seuil de la porte était la seule présente sur place. Présumé que tu venais de l’abattre et aussitôt cessé de t’en préoccuper. C’est ce qu’on appelle le syndrome de sortie d’embuscade. Tu ne le trouveras pas dans les manuels mais ça se passe ainsi : tu viens de survivre à une embuscade, de justesse, et tu te sens invincible. Dans ta tête, ton subconscient a fait passer cette porte et la pièce derrière de « suspecte » à « RAS ». À présent, si ça s’était passé dans la réalité et qu’il y avait eu deux agresseurs, ton banal petit criminel aurait sans doute ouvert le feu en même temps que son complice, mais enfin, il peut toujours y avoir des exceptions – comme cette créature rare, un méchant vraiment futé – et ce sont les exceptions qui te coûtent la vie.

– Tu as raison, marmonna Jack, en buvant une gorgée de Coca. Bigre. »

En compagnie de Brian qui avait séché l’exercice précédent, Dominic et lui s’étaient retrouvés dans la salle de détente après avoir été débriefés par Brandeis, qui n’avait pas mâché ses mots – il n’y avait pas de fils d’ex-président qui tienne. Il avait dit en gros à Jack la même chose que Dominic, simplement d’une manière un peu plus amusante. Natif du Mississippi, Brandeis avait une allure passablement décontractée qui aidait à faire passer la pilule même quand il vous critiquait. Plus ou moins. Et qu’est-ce que t’imaginais, Jack, qu’il te suffirait d’entrer ici pour en sortir avec des galons d’expert ?

Comme la plupart des installations du centre de formation du FBI à Quantico, connu familièrement sous le nom de Hogan’s Alley, la salle de détente était très spartiate, murs en frisette, plancher de contreplaqué et tables en Formica en piteux état. Le parcours d’exercice proprement dit était également réalisé à la va-vite, avec banque, bureau de poste, coiffeur et salle de billard. Et porches obscurs, songea Jack. Pourtant, ça faisait réaliste, tout comme le projectile de paint-ball qu’il s’était pris entre les omoplates. Ça le démangeait encore et il s’attendait à découvrir une jolie marque dans le dos sous la douche. Mais paint-ball ou pas, il était mort et bien mort. Il les suspectait d’avoir recouru au paint-ball exprès pour lui. En fonction du scénario joué et des agents qui y participaient, Hogan’s Alley pouvait être un lieu autrement plus bruyant et risqué. Jack avait même entendu des rumeurs suggérant que le HRT – Hostage Rescue Team – c’est-à-dire l’unité de récupération des otages, recourait parfois à des tirs à balles réelles. Mais encore une fois, ces gars étaient la crème de la crème.

« Et toi ? Pas envie de mettre le paquet ? » s’enquit Jack en s’adressant à Brian qui se balançait, avachi sur sa chaise. « Toi aussi, tu aurais pu te faire sonner les cloches. »

Brian hocha la tête et sourit, avant d’adresser un signe de tête à son frère. « Ça, c’est ton turf, cousin, pas le mien. Fais un passage par Twenty-Nine Palms et on en reparlera. » Les marines avaient eux aussi leur centre de formation au combat urbain, une installation d’un réalisme effrayant nommée MOUT – Military Operations on Urbanized Terrain. « D’ici là, je préfère ne rien dire, merci beaucoup. »

Dominic pianota sur la table pour attirer l’attention de Jack. « Parce que, c’est pas pour dire, merde, c’est quand même toi qui nous as demandé de t’amener ici, non ? »

Le ton de Dominic était sans appel et Jack fut momentanément pris en défaut. Que se passe-t-il ? Puis il admit : « C’est vrai.

– Tu voulais savoir à quoi ça ressemblait pour de bon, pas vrai ?

– Ouais.

– Eh bien dans ce cas, cesse de jouer au petit garçon surpris à tricher à l’épreuve de dictée. On n’est pas dans un amphithéâtre. Tout le monde se fout de qui tu es, ou du fait que tu as enchaîné coup sur coup trois gaffes de débutant. Merde, les dix premières fois que j’ai suivi cette formation, je me suis pris une balle. Le porche qui t’a piégé ? Putain, ils ont bien failli le rebaptiser de mon nom, tant je m’y suis pris de pruneaux. »

Jack le croyait volontiers. Hogan formait les agents du FBI depuis plus de vingt ans, et les seuls qui s’en tiraient à la perfection étaient ceux qui avaient accompli si souvent le parcours qu’ils le voyaient même en rêve. C’était la clé de tout, Jack le savait. La perfection venait de la pratique, ce n’était pas un cliché, mais un axiome, surtout dans l’armée et la police. La pratique traçait en vous de nouvelles connexions neuronales tandis que le corps développait sa mémoire musculaire – répéter la même action encore et encore jusqu’à ce que muscles et synapses collaborent à l’unisson et que toute réflexion consciente soit éliminée de l’équation. Combien de temps faut-il pour y arriver ? Telle était la question qu’il se posait.

« Allons, t’exagères…, dit Jack.

– Pas du tout. Demande à Brandeis. Il sera trop content de te le raconter. Je me suis pris quantité de balles. Merde, les deux premières fois, j’ai foncé droit dedans et me suis illico retrouvé raide mort. Écoute, c’est pas pour te passer de la pommade mais, pour dire la vérité, tu t’en es plutôt rudement bien sorti la toute première fois. Bon sang, qui l’aurait cru… mon intello de cousin, un vrai porte-flingue.

– Allez, tu te fous de moi.

– Non, non, pas du tout. C’est vrai, mec. Tiens, Brian, dis-lui.

– Il a raison, Jack. Même si t’es encore mal dégrossi – t’as croisé Dom à deux reprises dans la buanderie.

– Croisé ?

– Quand on se positionne à l’extérieur d’une pièce, tu sais, juste avant d’y pénétrer, puis de se diviser une fois à l’intérieur, un groupe de chaque côté…

– Ouais, je me souviens.

– Eh bien, dans la buanderie, tu t’es un peu écarté de ta trajectoire et t’as visé en dehors de ta zone. Ton canon m’a croisé – juste derrière la nuque en fait. C’était vraiment limite.

– OK, donc, leçon numéro un : ne pas pointer son flingue vers ses amis. »

Brian éclata de rire. « C’est une façon de présenter les choses, oui. Comme je disais, t’es encore mal dégrossi, mais t’as un instinct sacrément affûté. Comment ça se fait que tu nous l’aies caché ? Tu t’es entraîné avec le Service de protection quand t’étais môme ? Peut-être deux ou trois séances avec Clark et Chavez ? »

Jack secoua la tête. « Non, rien de tout ça. Enfin, je veux dire, d’accord, j’ai un peu pratiqué le tir, mais rien de comparable à ça. Je ne sais pas… c’est comme si ça se déroulait d’avance dans ma tête avant que ça arrive… » Jack haussa les épaules puis sourit. « Peut-être que j’ai hérité de papa un petit bout de son ADN de marine. Ou qui sait, peut-être que j’ai regardé trop souvent en boucle Piège de cristal.

– Quelque part, j’ai pas l’impression, observa Brian. Enfin, quoi qu’il en soit, je n’aimerais pas me retrouver dans ton viseur.

– Pareil pour moi. »

Ils levèrent leur cannettes de Coca et trinquèrent.

« À propos, tiens…, hasarda Jack. Vous vous rappelez cette histoire, l’an dernier… en Italie ? »

Les deux frangins échangèrent un regard. « Sûr, dit Dom. Une sacrée opération.

– Eh bien, enfin… je me disais que ça ne me déplairait pas de remettre le couvert – enfin, pas exactement dans les mêmes conditions, bien sûr, mais enfin, quelque chose dans le genre. »

Brian intervint : « Bon Dieu, cousin, tu veux dire que t’envisagerais de te débrancher de ton clavier pour aller vivre dans le monde réel ? Je vois déjà le diable préparer sa fourche au moment même où nous parlons.

– Très drôle. Non, j’aime mon boulot, je sais qu’il a son utilité, mais c’est tellement abstrait. Alors que ce que vous faites, les mecs – ce qu’on a fait tous les trois en Italie – c’est pour de vrai. Mettre la main à la pâte, vous voyez ? Et constater les résultats de ses propres yeux.

– Maintenant que tu as soulevé le sujet, intervint Dominic, j’ai toujours voulu te demander : est-ce que toute cette affaire ne t’a pas fait gamberger par la suite – d’accord, pas forcément, mais soyons francs : t’avais quand même réussi à te fourrer dans un sacré merdier, si tu me permets l’expression. »

Jack réfléchit. « Que veux-tu que je te dise ? Que ça m’a embêté ? Ma foi, non. Pas vraiment. D’accord, j’étais nerveux, et pendant un quart de seconde, je me suis dit mais qu’est-ce que je suis en train de faire ? Mais ça n’a duré qu’un instant, et dès lors, c’était simplement lui ou moi, et je n’ai plus hésité. Alors, pour répondre à ta question, si je crois bien l’avoir devinée – non, je n’en ai pas perdu le sommeil par la suite. Tu crois que j’aurais dû ?

– Merde, non. » Brian jeta un regard circulaire pour s’assurer qu’ils étaient seuls, puis il se pencha, les avant-bras posés sur la table. « La question n’est pas de savoir si tu aurais dû ou pas, Jack. Tout dépend des gens. Ça ne t’a pas empêché de dormir, c’est OK. L’autre connard a eu ce qu’il méritait. La première fois que j’ai descendu un mec, Jack, il m’avait dans le collimateur. C’était lui ou moi. Je l’ai abattu, et je savais que j’avais fait ce qu’il fallait. N’empêche, j’ai eu quelques cauchemars ensuite. À tort ou à raison, que le gars l’ait mérité ou non, tuer un homme, ce n’est jamais plaisant. Quiconque pense le contraire a une case en moins. Toutes ces histoires de motivation va-t-en-guerre, ça n’a pas pour but de dézinguer les gens ; l’idée est de t’amener à accomplir correctement le boulot pour lequel tu t’es cassé le cul, à savoir protéger les mecs à ta gauche et à ta droite et ressortir de l’autre côté, entier.

– Sans compter, Jack, ajouta Dominic, que ce gars, en Italie, il ne s’en serait pas tiré comme une fleur en laissant tout tomber du jour au lendemain. Il aurait continué à dessouder tout un tas de zigues avant que quelqu’un l’envoie ad patres. Pour moi, c’est ça, l’essentiel. D’accord, un méchant n’a que ce qu’il mérite, mais ce qu’on accomplit – le cœur de notre boulot – n’a rien à voir avec la vengeance. Sinon, c’est comme fermer la porte de l’écurie après que les chevaux ont pris la fuite. Moi, je préfère d’abord arrêter le gars qui a décidé d’ouvrir la porte. »

Brian dévisagea longuement son jumeau avant de hocher la tête avec un grand sourire. « Ça alors. Ça me la coupe. Maman disait toujours que t’étais le philosophe de la famille. Jusqu’ici, je ne l’avais jamais crue.

– Ouais, ouais…, bougonna Dominic. C’est moins une question de philo que de maths. T’en tues un, et t’en sauves des centaines ou des milliers. Si on parlait là de gens honnêtes et respectueux des lois, l’équation serait dure à avaler, mais ce n’est pas leur cas.

– Là, je suis d’accord avec lui, Jack, reprit Brian. On a une chance de faire réellement du bon boulot ici. Mais si tu convoites ce job parce que tu penses que la vengeance est la réponse, ou que c’est une aventure à la James Bond…

– Ce n’est pas ce que je…

– Bien, parce que ça n’a vraiment, mais alors, vraiment aucun rapport. C’est un boulot merdique, point-barre. Et la vengeance est la plus nulle des motivations. Elle te rend négligent, et la négligence, c’est la mort.

– Je sais.

– Alors, qu’est-ce que tu comptes faire ?

– En parler à Gerry, j’imagine, et voir ce qu’il en dit.

– T’as intérêt à avoir des arguments solides, avertit Dominic. Merde, il se trouve que c’est Gerry qui a pris le risque de t’engager. Ton père ferait une attaque si…

– Laisse-moi me débrouiller avec mon père, Dom.

– Parfait, mais si tu crois que Gerry va simplement te confier un flingue et te dire “fonce et sauve le monde au nom de la démocratie”, tu risques très vite de déchanter. Si t’étais le sauveur attendu, c’est lui qui viendrait te chercher.

– Je sais.

– Bien.

– Donc, reprit Jack. Si je vais lui parler, vous me soutiendrez, les gars ?

– Pour ce qu’on a à y perdre, ouais, répondit Brian. Mais ici, on n’est pas en démocratie, Jack. À supposer qu’il ne repousse pas ton idée sur-le-champ, il la soumettra sans doute à Sam. » Sam Granger était le chef des opérations du Campus. « Et je doute qu’il nous demande notre avis. »

Jack hocha la tête. « T’as sans doute raison. Bon, eh bien, comme t’as dit, j’ai intérêt à peaufiner mon laïus. »