Anton est auprès d’elle, prévenant, attentif, détournant souvent le regard pour interroger cette rue encore vide.
Marie tâtonne, cherche la main du vieil homme, tente de la saisir pour, à son tour, le réconforter.
« Elle…
— Elle reviendra, dit-il. Ils reviendront tous les deux. »
Dans un mouvement de tête elle fait « oui ». Elle va de mieux en mieux.
Anton braque toujours son regard en direction de cette rue offerte aux dangers. Il transpire ; les rayons d’un soleil féroce ricochent sur sa peau. Il voudrait protéger Marie, la mettre sous un porche, mais il ne peut pas prendre le risque de la déplacer. Il passe de l’inquiétude à la confiance, de la crainte à l’espoir. Cette attente l’épuisé. Il rassemble tout son courage, toute sa vigueur ; il respire à pleins poumons. Pour la jeune femme, pour lui, pour Anya qui court : il fait appel à ses forces, à sa vitalité.
Marie soulève les paupières avec peine, elle ne s’exprime plus qu’à travers son regard. Anton serre sa main dans la sienne, la frotte pour la réchauffer, souffle dans la paume :
« Tout ira bien. Je le sais. »
Il parle pour elle. Il parle pour lui. Il parvient à se rassurer, à la rassurer.