L’auxiliaire indigène Ahmed Traoré rêvait d’avancement. Il s’était signalé sur de nombreux champs de bataille, par exemple au côté de Gallieni, lors de sa mission dans le haut Niger, puis avec Borgnis-Desbordes, quand il était entré à Bamako. Archinard, qu’il servait à présent, avait promis qu’une fois la pacification du Soudan terminée, ceux qui avaient été les soutiens dévoués de la France seraient récompensés. Comment ? S’agissait-il d’une promotion dans l’armée ? S’agissait-il de dons de terre et de femmes ? De la permission de razzier librement les villages conquis ? Ahmed ne s’intéressait qu’à la première possibilité, car il avait pris goût au pouvoir militaire. Il savait que, dans certains cas, très rares en vérité, les Français envoyaient leurs protégés dans des écoles en France, d’où ils revenaient tout couverts de galons. Alors, il se voyait déjà en casquette et en uniforme à boutons dorés, donnant des ordres aux Blancs comme aux Noirs. Ahmed Traoré n’avait qu’un rival auprès d’Archinard. Il s’agissait de Mademba Sy, agent du télégraphe de la région du Haut-Fleuve, qui lui fournissait des informations sur tout ce qui se passait dans la région et qui le suivait depuis Kayes. Pourtant, il ne désespérait pas de supplanter ce rival, en redoublant de zèle. Pour l’heure, il était chargé d’une mission de pure routine. Surveiller les abords de Niamina et interdire tout mouvement suspect. Il ne se passait rien. Pas un paysan avec son âne ou sa mule. Pas une femme, ses ballots de marchandises en équilibre sur la tête. Bien que le déclenchement des opérations contre Ségou soit tenu secret, tout le monde semblait s’y attendre et se terrait dans son village.
L’auxiliaire indigène Ahmed Traoré était redoutable. Il ne manquait pas au combat de prendre des initiatives, ce qui étonnait fort ses chefs qui croyaient les Bambaras dociles, mais pas très imaginatifs. Avec Borgnis-Desbordes, il avait mené la prise de Daba, ce gros village fortifié, dont le chef refusait d’entendre raison. Aussi l’inaction dans laquelle il se trouvait depuis quelques mois en attendant la colonne qui venait de Bamako l’exaspérait. Quand arriverait-elle ? Pour tromper son énergie, il vérifiait régulièrement l’état des ponts préparés la saison précédente par Marchand et contrôlait les pistes. Néanmoins, tout cela ne suffisait pas, et sa patience était à bout.
À quoi tiennent les vocations ? Rien ne prédisposait Ahmed à devenir un soldat. À l’école des frères de Ploërmel, il n’était pas un gamin plus batailleur que les autres. Néanmoins, quand il avait su lire et écrire et qu’il avait fallu trouver un métier, les Français qui l’avaient élevé après la mort de sa mère l’avaient enrôlé dans le corps des tirailleurs sénégalais créé par M. Faidherbe. À l’époque, il n’y avait guère de choix pour un jeune Noir à Saint-Louis. Du moins, pour un jeune Noir qui entendait s’élever au-dessus de la triste condition de ses semblables. Dans le silence, un galop de cheval retentit sur la route, et Ahmed fit signe à ses compagnons, assis dans le plus grand désordre sous un fromager. Le laisser-aller, la paresse de ceux-ci l’irritaient. On dirait qu’ils n’y croyaient pas, à la mission civilisatrice de la France, traînant les pieds, grommelant, se dispersant prestement au moindre danger et ne prenant aucun risque. Oh non ! En fait, ils ne parlaient, une fois la guerre terminée, que de rentrer chez eux, de se procurer des terres et des femmes ! Mais, voilà, la guerre ne se terminait pas ! Est-ce que les Français ne parlaient pas, une fois en possession de Ségou, de marcher sur le Kaarta et le Macina, afin de rayer de la carte l’empire des Toucouleurs, puis de continuer sur Tombouctou dont, pour des raisons connues d’eux seuls, ils rêvaient comme d’une femme qui vous a incendié le sang ? Chaque homme rêve d’une ville. Allez savoir pourquoi ! Qu’est-ce qui faisait courir les Français ? Pourquoi cette rage de dominer, d’asservir, de détruire ? L’odeur du sang répandu dans les champs labourés, la fumée des villes et des villages incendiés, la grande plainte des peuples humiliés maudissant leurs dieux de les avoir abandonnés, tout cela semblait les ravir, et ils se précipitaient d’affrontements en affrontements, heureux quand les résistances ajoutaient un sel aux conquêtes. Parfois, Ahmed s’arrêtait en proie à un doute : est-ce que ceux qu’il aidait ainsi à vaincre n’étaient pas plus proches de lui que ceux qu’il servait ? À bien réfléchir, c’était les Français qui lui avaient mis cette idée-là en tête, confondant systématiquement Malinkés, Bambaras, Ouoloffs, Toucouleurs, Séreres, et ne reconnaissant pas le lendemain un homme qu’ils avaient vu la veille sous prétexte « qu’ils se ressemblaient tous ». Et il en venait à se poser cette question incongrue : la couleur de la peau constitue-t-elle un lien ?
Brusquement, surgirent d’entre les hautes herbes, un peu rousses, deux hommes curieusement assis, dos à dos sur un cheval, une belle bête impatiente et qui fumait aux naseaux. Ils s’arrêtèrent net en voyant le petit groupe de soldats, et Ahmed s’approcha, aboyant, bien que cela soit parfaitement inutile :
— Halte-là !
L’un des hommes sauta à terre, tandis que l’autre demeurait perché sur sa monture. Et cela irrita Ahmed, obligé de lever la tête pour lui parler. Il hurla :
— Descends de là.
Il s’exécuta. Jeune, il y avait dans sa hauteur tranquille quelque chose qui mit Ahmed hors de lui :
— Comment t’appelles-tu ?
— Ali Traoré…
Malgré sa colère, cela amusa fort Ahmed, qui interrogea en ricanant :
— Eh bien, homonyme ! Où vas-tu comme ça ?
Ali eut une imperceptible hésitation qui n’échappa pas à l’œil exercé d’Ahmed avant de répondre :
— Je suis de Ségou, je vais voir un parent qui habite Niamina.
— Comment s’appelle ce parent ?
Alors, Ali commit une erreur, imputable à sa méconnaissance de la mentalité qui pouvait être celle d’un auxiliaire indigène. Cet homme parlait bambara comme lui et donc ne pouvait lui être foncièrement hostile. Il fit, d’un ton conciliant :
— Frère, je ne fais rien de mal !
Frère ? Alors qu’il portait pantalon ample et bouffant au-dessus de guêtres et de fortes chaussures de cuir ! Qu’il portait ceinture bouclée par un large médaillon, chéchia et fusil à deux coups ! Aveuglé par la colère que lui causait cette épithète, il abattit par deux fois la crosse de son fusil en travers de ce visage insolent. Le second homme eut un geste instinctif pour défendre son compagnon. Il le plia en deux d’un coup de pied avant de se tourner vers les autres tirailleurs :
— On va les amener au fort. Ils vont entendre parler de moi.
Comme ils reprenaient la route de Niamina, Ahmed tenant par la bride le cheval d’Ali, ensanglanté et vacillant, un soldat déboula de la piste et hurla, frénétique :
— Commandant, commandant ! Il est arrivé…
Là-dessus, retentit un grondement de tonnerre. C’était les deux pièces de 80 mm de montagne, les deux pièces de 95 mm de campagne, les quatre pièces de 4 mm de montagne et le mortier de 150 mm qui cahotaient de l’autre côté de la ville.
Le conseil de guerre de la « lumière d’Allah » attendit quatre jours et quatre nuits le retour d’Ali et d’Aliou, tant il ne se résignait pas à croire qu’il leur était arrivé malheur. Au matin du cinquième jour, il fallut bien prendre une décision. Laquelle ? Devait-on marcher à l’aveuglette sur Niamina ? Devait-on encore attendre ? Et attendre quoi ?
Peu avant la prière de zohour, des Sarakolés à moitié morts de peur arrivèrent dans le camp. Des bateaux chargés d’énormes masses de fer remontaient le Joliba, tandis que, sur la rive gauche, s’étirait une file interminable de Blancs, de spahis, de tirailleurs, de porteurs.
— À combien de jours de marche ?
— Deux ou trois.
Omar eut une ultime hésitation. N’avait-il pas promis à Mounirou de ne rien tenter sans lui, et ne fallait-il pas attendre les renforts de ce Samori ? Puis, il balaya cette pensée. Une fois encore, Idrissa fit merveille. Avec calme, il divisa « la lumière d’Allah » en deux groupes. Les archers devaient se placer le long du fleuve et, profitant de la lenteur des embarcations, ralenties par le poids des canons, cribler les assaillants de flèches. Quant aux porteurs d’armes blanches, précédant les porteurs de fusils pour les masquer et faire croire qu’il s’agissait d’une bande primitive et peu armée, ils iraient barrer la route aux tirailleurs arrivant de Niamina. Sans tarder, les archers prirent la direction du fleuve. Les porteurs de fusils et d’armes blanches, eux, décidèrent d’attendre la complicité de la nuit, c’est-à-dire de ne pas se mettre en marche avant plusieurs heures. Les femmes et les enfants furent renvoyés vers Sansanding, que l’on croyait à l’abri des combats.
L’auxiliaire indigène Ahmed Traoré frémissait de bonheur. Étant donné la manière dont il s’était illustré en d’autres lieux, Archinard lui avait confié la direction d’un petit détachement d’éclaireurs qui devait déceler toute velléité de résistance jusqu’à Ségou.
Peu d’auxiliaires indigènes avaient été considérés dignes de pareil honneur, et Ahmed savourait sa distinction. Pourtant, ce n’était pas son seul sujet d’allégresse. On allait conquérir Ségou. On allait la détruire, cette ville inconnue qui avait dominé sa vie. Elle l’avait rejeté, et, depuis, il vivait sans attache et sans honneur, dans une cité étrangère. À quoi ressemblait-elle ? Les Bambaras qui s’étaient réfugiés à Saint-Louis parlaient d’elle de cette façon imprécise et désordonnée qu’inspire la passion :
— Tu n’as jamais vu de ville comme elle. Saint-Louis, c’est une création de Blancs. Elle est née de leur appétit pour le bois d’ébène, la gomme d’Arabie, l’ivoire et le cuir. La mer l’inonde parfois. Tandis que Ségou, Ségou derrière ses murailles !
Quant à Awa, elle n’en parlait jamais de Ségou. Ni de ce père dont Ahmed ne gardait aucun souvenir. Et cette double absence avait infléchi sa vie. À présent, il allait l’exorciser. Punir le père. Punir la ville. Le père et la ville. Il était toujours passé pour un garçon sans histoire, faisant ce qu’on attendait de lui en y mettant une pointe personnelle qui étonnait. Les Grandidier hochaient la tête :
— Il ira loin.
Les frères de Ploërmel lui tapaient sur l’épaule :
— C’est un de nos meilleurs sujets.
Le capitaine Gallieni avait écrit dans un rapport, destiné à assurer son avancement :
« Ses bonnes et solides qualités, son dévouement à la cause française l’ont fait aimer de tous. »
Un temps, il avait été question de l’envoyer au Gabon où l’on allait ouvrir des régions nouvelles et riches au commerce français et y créer des débouchés importants pour l’industrie nationale. Puis, sa connaissance du bambara l’avait fait juger précieux pour la pacification du Soudan.
La lune se cacha derrière les nuages, et, dans l’obscurité, les pas des tirailleurs résonnèrent comme un tam-tam d’allégresse. On allait conquérir Ségou. On allait la détruire. Ahmed s’imagina entrant dans cette ville soudain violée, les cuisses en sang, accomplissant sa vengeance. Le plan prévoyait que les canons seraient postés sur une île à la hauteur de Somono-Bougou et pilonnerait les fameuses murailles de terre. Alors, grossis des Bambaras de Mari Diarra, venus de Farako et de Sama-Foula, les fantassins s’engouffreraient dans les brèches et tireraient à vue. Puisque Amadou avait quitté la ville avec le gros de ses troupes, on estimait qu’il ne devait guère y rester qu’un ou deux régiments de sofas dont on viendrait vite à bout. La victoire serait facile.
Quand Ahmed était petit, les Bambaras de Saint-Louis lui racontaient le soir les histoires glorieuses d’autrefois. Ce n’était point celle de Biton, Biton le fondateur, ni celle de Bakari Dian, le fils de berger, ni celle de Koumba Silamaghan, le conquérant de Djongoloni, qui le fascinaient. C’était celle de Nogo, Nogolo Diarra qui, vendu par les siens dans son jeune âge, revenait des années plus tard exécuter sa vengeance. Ah non ! son cœur n’avait pas frémi quand il avait fallu punir ceux qui l’avaient traité cruellement ! Et son cœur à lui, non plus, ne frémirait pas. Sa main ne tremblerait pas. Mère humiliée, trahie et abandonnée, c’est moi, ton fils, qui te venge… Des trois enfants d’Awa, Ahmed semblait le plus indifférent, jamais à mendier l’attention, à interroger le passé, à rêvasser.
Et, pourtant, assis, face à la mer entre les bicoques bancales de N’Dar Toute, feignant de lire pour épater les gamins de la langue de Barbarie, un vieux livre aux pages écornées, il sentait sa souffrance se solidifier et faire de lui un bloc de rage. Rage. Rage. Il s’en purgeait méthodiquement avant de retourner dans l’île.
Au-dessus des quais de pierre d’un rose un peu soufré, les immeubles alignaient leurs hautes façades trouées de fenêtres carrées. Dans la cour des Grandidier, Dieudonné, chétif et silencieux, cirait interminablement des godasses. Anady fendait du bois, tandis que M. Grandidier et quelques copains, le visage suant, buvaient de l’absinthe tout en apportant d’infinies variations à leur unique sujet de conversation : la stupidité et l’incurie des nègres. Ils se régalaient d’histoires colportées de maison en maison, servies au petit déjeuner, réchauffées au déjeuner et servies à nouveau le soir avec les carafes de vin épais venu de Bordeaux. Et les trois enfants recueillis passant les plats ou changeant les assiettes devaient grimacer un sourire quand l’une d’entre elles était par trop croustillante. Dieudonné refusait de sourire. Alors M. Grandidier, brave bougre, levait les bras au ciel :
— Fais pas cette tête-là, voyons ! Il ne s’agit pas de toi…
À quoi bon ruminer ces souvenirs ? Est-ce qu’il n’allait pas se libérer de cette enfance ? De ce passé ? Il allait entrer dans Ségou pour la vaincre et l’humilier. S’il n’avait aucun souvenir de la famille de son père, il se rappelait l’interminable exode depuis Didi. Les bruits les plus effroyables circulaient. Les Toucouleurs avaient massacré des Bambaras, des Diawaras, des Malinkés, et les champs n’étaient plus que de vastes charniers. Pourtant, dans son esprit d’enfant, ce n’était pas vraiment contre eux que s’amassait la haine. La faute était ailleurs. Elle incombait à d’autres.
On lui avait signalé qu’à la hauteur de Ouéta, un peu en retrait de la route de Ségou, un camp s’était installé. Les informations des espions étaient contradictoires. Les uns disaient qu’il s’agissait de l’escorte d’un madhi, apparenté aux Bambaras de Ségou et qui, par conséquent, ne s’opposerait pas à la marche des soldats. D’autres disaient qu’il n’en était rien, et que ce flot humain venu de Gao en suivant le Joliba ne parlait que de repousser à la mer l’envahisseur incirconcis, fils d’incirconcis. En pacifiant le Damga, le Toro, le Gayor, Ahmed avait souvent rencontré de ces hordes fanatisées qui venaient offrir leurs poitrines aux coups et mouraient en criant le nom d’Allah. Il savait comment en venir à bout. Il suffisait de tuer le madhi, proprement, sans bavures. Alors, c’était la déroute. Privés de leur guide, les combattants s’éparpillaient.
La lune réapparut.
À ce moment, l’oreille exercée d’Ahmed perçut un froissement d’herbe, un martèlement sourd et il fit signe à ses compagnons d’arrêter. Ceux-ci s’immobilisèrent. Brusquement dans la lumière, blanche et sereine, une cohorte désordonnée apparut, précédée d’une haute forme altière. La « lumière d’Allah », c’était elle. Les Tirailleurs retinrent leur souffle et Ahmed, téméraire comme à l’accoutumée, s’avança :
— Arrêtez ! Que voulez-vous ? Arrêtez !
Quand une ville se prépare à mourir, elle émet une longue plainte.
Ceux qui l’entendent, croient qu’elle naît de la détresse des habitants, se lamentant à l’intérieur des maisons. Il n’en est rien. Elle sourd de la brique des murs, de la terre des mosquées et des temples, de la poussière des rues, du crottin des animaux sur les marchés aux bestiaux, de tous les éléments impalpables qui composent sa réalité. Elle sourd aussi des esprits de ceux qui l’ont fondée, qui l’ont vue croître comme l’enfant qu’une femme met au monde, qui se sont battus pour elle et qui désespérés, impuissants, ne peuvent plus rien pour elle.
Cette plainte, certains initiés la reconnaissent qui savent alors que de terribles événements se préparent. Selon leur tempérament et leur foi, ils prient, ils font des sacrifices, ils se révoltent. Pourtant ils savent que tout est inutile et que le lit du destin ne peut être défait.
Ségou se plaignit cette nuit-là.
Longuement. Sourdement.
Les forgerons féticheurs, instruits par la multiplicité des signes de l’approche de ce moment, mais espérant on ne sait quel miracle, se recueillirent au pied des arbres sacrés. Une dernière fois, ils supplièrent les ancêtres de rompre leur silence et au moins de répondre à leurs questions. Pourquoi ? Quel crime avait été commis et par qui ? Dans quelles circonstances ? Si ce n’était qu’une famille ou qu’un clan ou qu’une ethnie qui s’était rendu coupable, pourquoi punir l’ensemble de la collectivité ? Hommes, femmes, enfants nouveau-nés, Bambaras, Toucouleurs, Peuls, Somonos, Bozos… ?
Ségou se plaignit toute la nuit. À 8 heures du matin, cette plainte fut étouffée par le fracas des pièces mises en batterie pour protéger le passage des soldats. Ceux-ci, postés sur l’autre rive du Joliba, s’embarquèrent dans de grandes pirogues et le passage commença. Sur l’île au milieu du fleuve qui servait de relais, les pièces de 80 mm bombardaient le grand village somono qui appuyait la ville à l’est.
Au milieu du jour, les Somonos firent leur soumission, tandis que le feu de l’artillerie avait pratiqué des brèches énormes dans les murailles de la ville. L’infanterie et les tirailleurs y pénétrèrent sans difficulté, par les portes mêmes qui n’étaient pas défendues. Au milieu de l’après-midi, la ville était au pouvoir des assaillants, sauf le dionfoutou d’El-Hadj Omar. Deux coups de 80 mm enfoncèrent une des deux portes de bois de fer de plusieurs pouces d’épaisseur. On s’attendait à y trouver une embuscade. Point du tout. Il n’abritait que quelques captifs, la femme et le fils de Madani, âgé de onze ans, Abdoulaye. Quand tout fut consommé, Ségou cessa de se plaindre.