LA RÉINCARNATION

La falaise haute de cinquante mètres qui surplombe la voie de chemin de fer est couronnée par un parc privé, le brigadier de gendarmerie Sénéchal n'a donc aucune peine à identifier la victime que l'on vient de découvrir sur les rails. Il s'agit de madame Liliane Boileau propriétaire d'une merveilleuse villa, presque un palais florentin qui s'élève au milieu de ce parc. Mais après avoir longé le muret de pierres bordant celui-ci le long du vide, le gendarme Rigaton regarde son chef qui se laisse tomber sur un banc. Assis, les jambes écartées, les coudes appuyés sur ses cuisses, sa grosse tête moustachue dans les mains, le brigadier promène son regard sur le merveilleux panorama qui s'étend devant lui des collines de Bordighera en Italie au rocher de Monaco et même jusqu'au cap d'Antibes dont on aperçoit l'ombre dans une brume de chaleur.

— Vous avez un coup de pompe brigadier ?

— Moi ? Pas du tout, répond le brigadier avec son accent bourguignon, mais je trouve ce mur bien haut pour un accident... Il a fallu qu'elle monte dessus et ce n'était plus de son âge.

La riche madame Boileau âgée de cinquante-huit ans, comme tant de veuves retirées sur la côte, devait être amoureuse de sa maison, de son parc et de sa vue, mais pas au point de monter sur un mur !

— Peut-être qu'elle a voulu se suicider chef ?

— Peut-être.

Le chef n'ajoute pas, mais son gendarme Rigaton doit y penser aussi, que madame Boileau peut avoir été victime d'un assassin. Rien de plus facile que d'assommer une femme de cinquante-huit ans pour la jeter du haut d'une falaise.

Lorsque le brigadier Sénéchal demande à parler à monsieur Rabash, il est reçu par un homme de type oriental, grand au regard vif, beau garçon sympathique qui fait irrésistiblement penser à Omar Sharif il y a vingt ans. Le brigadier note que pour un homme de trente ans Aymé Rabash est bizarrement accoutré : robe de chambre démodée à brandebourgs et cordon de ceinture à pompons, pieds traînant de gros chaussons de feutre comme on n'en fait plus et fumant une pipe en écume : « la mode rétro », pense Sénéchal.

La conversation des deux hommes se résume en quelques phrases :

— Je me suis laissé dire que vous êtes par testament l'héritier de tous les biens de madame Boileau ?

— C'est exact.

Le visage du jeune Rabash revêt une expression ambiguë : triste mais surtout presque furieux, comme si on lui avait joué une sinistre farce.

— Et pourquoi ? demande le brigadier. Vous ne faites pas partie de sa parenté ?

— Non, mais elle m'avait pris en affection et me considérait comme son fils. Je l'aimais moi aussi beaucoup. Je n'ai d'ailleurs aucune idée de ce qui pourrait l'avoir poussée au suicide.

Le brigadier enregistre qu'il s'agit d'un suicide dans l'esprit de l'héritier en robe de chambre à brandebourgs, et s'en va.

— Je suis seule, mon mari est parti chez le pépiniériste, explique la gardienne qu'il interroge ensuite.

Toutes les trente secondes ses cheveux blancs plongent en avant pour rejoindre son tablier avec lequel elle éponge les larmes qui ruissellent sur ses joues.

— Vous étiez très attachés à madame Boileau ?

— Oui Monsieur. Depuis douze ans que nous sommes ici elle a toujours été très gentille avec nous.

— Quels étaient vos rapports avec monsieur Aymé Rabash ?

À ce nom la gardienne cesse de pleurer et répond mi-figue mi-raisin :

— Oh, avec lui c'est comme ci comme ça.

— Il n'est pas aimable ?

— C'est-à-dire qu'il se prend pour le patron ! Vous avez vu, il a même fini par s'habiller avec ses affaires.

— La robe de chambre ?

— Oui, c'était à monsieur Boileau.

— Est-ce que madame Boileau avait, ces derniers temps, une attitude qui pourrait expliquer un suicide ?

— Un suicide ? Non, jusqu'à cette nuit je ne vois rien qui pouvait faire prévoir un drame.

— Jusqu'à cette nuit ? Pourquoi ?

— Parce que cette nuit mon mari et moi on les a entendus crier. Ils se disputaient très fort. C'était la première fois.

— Au sujet de quoi cette dispute ?

— Oh il n'y a pas à chercher bien loin. Je suppose que c'est à propos de la jeune fille que monsieur Rabash fréquentait depuis quelque temps. Mais mon mari pourra peut-être vous en dire plus.

Le brigadier Sénéchal repart en sens inverse, poser de nouvelles questions à la robe de chambre à brandebourgs.

— Oui, reconnaît quelques instants plus tard Aymé Rabash assis derrière un splendide bureau Empire. Je me suis fiancé il y a quelques jours.

Mais il a revêtu un costume en alpaga bleu assez stick, orné d'un œillet à la boutonnière. Si le brigadier ne le savait pas simple assistant directeur dans un palace de Monaco il le prendrait pour un homme d'affaires de haute volée.

— Et cette nuit vous vous êtes disputés à ce sujet avec madame Boileau ?

— C'est vrai aussi. Elle était fâchée de ces fiançailles.

— Comment expliquez-vous cela ?

— Madame Boileau était très exclusive.

Quelques instants plus tard, littéralement tapi devant un téléphone au fond du gigantesque salon le brigadier appelle à voix basse la fiancée. Celle-ci lui répond d'une voix douce mais nette et sans ambages :

— Oui je suis au courant de la mort de madame Boileau. Aymé, enfin monsieur Rabash, m'a prévenue ce matin. Fiancée ? Disons que je l'étais. Depuis hier je suis hésitante. Pourquoi ? Parce qu'Aymé Rabash a voulu me présenter à madame Boileau et que cette visite m'a rendue circonspecte : j'ai trouvé l'atmosphère de cette maison bizarre et les relations entre Aymé et cette dame de cinquante-huit ans très étranges. Non seulement elle m'a reçue comme une rivale mais elle lui parlait comme s'il avait été son mari. Elle l'appelait même Rémy, le prénom de son défunt mari...

Après quelques questions du brigadier la jeune femme conclut :

— Je me demande s'ils ne sont pas fous ; l'un comme l'autre.

Tout en descendant de la Jeep qu'il a chargée chez le pépiniériste, le gardien jardinier réfléchit. Monsieur Wolf est un homme du Nord. ouvrier à Longwy il a pris cette place de gardien au moment de sa retraite. Bien sûr il y a du travail mais où pourrait-il finir ses jours mieux qu'ici : au soleil. Seulement madame Boileau est morte et rien ne prouve qu'Aymé Rabash les gardera. Alors il se décide à répondre au brigadier :

— Bon, ça va, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?

— Ce que vous savez des rapports de madame Boileau et de monsieur Rabash.

Le gardien appuie l'index sur son front qui doit être dur comme un caillou et son visage esquisse un sourire sarcastique :

— Un peu cinglés leurs rapports. Ma femme a dû vous le dire, non ? Elle ne vous a pas dit qu'elle le traitait comme son mari ? Attention je ne veux pas dire qu'ils... enfin qu'ils couchaient ensemble. C'est possible, après tout je n'en sais rien. Mais ce que je veux dire c'est qu'elle le traitait comme s'il avait été la réincarnation de son ancien mari : monsieur Rémy Boileau.

— Et lui ?

— Lui ? Vous l'avez vu ! Il s'habille comme monsieur Boileau, met la robe de chambre de monsieur Boileau, fume les pipes de monsieur Boileau. Il appelait la patronne Lili comme monsieur Boileau. Il fait tout comme lui. Comme s'il était monsieur Boileau. Il a pris les mêmes habitudes, les mêmes tics : il va à la pêche tous les samedis matins et lorsqu'il est préoccupé il tire sur la peau de son cou, là, au niveau de la pomme d'Adam, comme monsieur Boileau.

— C'est extraordinaire, comment l'expliquez-vous ?

— Oh moi je ne sais pas. Mais les voisins, les Sonnier pourront peut-être vous expliquer.

Monsieur Sonnier, barbu et prolixe vieillard en chemise jaune, reçoit le brigadier aimablement à l'ombre du store de toile qui recouvre sa terrasse entre les jarres d'où ruissellent des géraniums lierres, un mur de bougainvillées et l'eau limpide de la piscine.

— Oui brigadier. J'ai vu petit à petit s'installer entre madame Boileau et monsieur Rabash cette étrange connivence. Je l'ai vue traiter cet homme comme s'il était son défunt mari, et lui qui au lieu de se défendre est entré dans le jeu, dans la peau de son personnage, comme s'il en était la réincarnation. C'était absolument stupéfiant et même gênant, mais que faire ?

— Pourquoi gênant ? Y avait-il entre eux des relations très, très intimes ?

— Je ne pense pas. Quoique après tout c'eût été la suite logique. Car je dois vous dire brigadier que si cette étrange liaison m'a chagriné — car j'étais très lié avec madame Boileau — elle ne m'a pas surpris.

Caressant sa barbe poivre et sel, monsieur Sonnier essaie de rassembler ses souvenirs...

— Vous savez Rémy Boileau était un homme remarquable, brigadier. Comme il était riche beaucoup le prenaient pour un homme d'affaires. Il n'en était rien. Dentiste doué d'imagination, il avait déposé des brevets de stomatologie que l'on exploite dans le monde entier. Comme il était intelligent il a su les rentabiliser c'est tout. Non seulement l'argent ne lui était pas monté à la tête mais il était foncièrement bon et très sage. C'est même l'essentiel du souvenir que j'en ai : un homme généreux, un philosophe qui n'avait d'autres ambitions que d'entretenir sa propriété et aller de temps en temps à la pêche. Je crois, je suis même sûr, que j'étais présent le jour où bien involontairement il a semé un grain de folie dans le cerveau de sa femme. Tenez je revois la scène comme si j'y étais :

Devant le gendarme intrigué monsieur Sonnier se lève et place quatre chaises autour de la table.

— Lili Boileau était assise là, ma femme à côté d'elle. J'étais ici et lui où vous êtes. C'était après le dîner vers 22 heures. Nous prenions une tisane et parlions de l'inégalité des sexes devant la mort.

— C'est un fait, remarquait Rémy Boileau, qu'il y a de fortes chances pour que je meure avant toi ma Lily.

— Ne dis pas cela, répliquait sa femme. Je souhaite mourir la première. Je ne supporterais pas de rester sans toi.

« Je revois encore le sourire attendri de Rémy, qui a répondu :

— Pourtant Lili, si je meurs il faudra bien vivre.

— Je ne pourrai pas.

— Si, tu pourras. Parce que je t'aiderai. Je suis sûr que je reviendrai. Ne riez pas mes amis. Je parle très sérieusement. Je suis sûr que je pourrai revenir auprès de Lili mais cela dépendra d'elle. Ma Lili qu'est-ce que j'ai de différent des autres ? Rien. Tu m'aimes c'est tout. À part cela je ne me distingue pas du commun des mortels. Alors je te fais une proposition. Lorsque je serai mort regarde autour de toi : je te promets de réapparaître un jour ou l'autre sous la forme d'un homme ou d'une femme, peut-être vieux, peut-être jeune. Mais attention, quelle que soit la forme que j'aurai revêtue j'en serai totalement inconscient. Ce sera à toi de me reconnaître et de ne pas laisser passer cette occasion d'aimer à nouveau.

Monsieur Sonnier inquiet regarde le policier droit dans les yeux :

— Vous avez compris brigadier ? Rémy Boileau ne croyait pas à la réincarnation. Il s'agissait d'un conseil exprimé de façon poétique et philosophique. Malheureusement madame Boileau n'a voulu retenir que l'idée élémentaire d'une simple réincarnation. Après le grand chagrin que lui a causé son veuvage nous l'avons vue attentive, cherchant autour d'elle, dans sa famille, dans ses amis, qui pourrait justifier son affection. N'ayant pas rencontré l'être providentiel, sa recherche s'est faite moins active, puis elle a oublié. Jusqu'au jour où elle a rencontré le jeune Aymé Rabash.

— Monsieur Rabash, déclare le brigadier de gendarmerie en préambule, madame Boileau votre protectrice a été retrouvée sur la voie de chemin de fer après une chute de quarante mètres sans que l'on sache s'il s'agit d'un accident, d'un suicide ou d'un crime. Or la victime a testé en votre faveur et des témoignages concordants indiquent que vous aviez l'un et l'autre une attitude pour le moins curieuse. Vous devez fournir des explications.

Le jeune homme hoche la tête :

— Je veux bien mais vous ne comprendrez pas.

— Essayez tout de même.

— Eh bien voilà... Il y a deux ans madame Boileau qui se sentait seule dans cette immense maison a cherché à louer le petit appartement qui était autrefois le logement du maître d'hôtel. C'est ainsi que je l'ai connue. Je la trouvais fort sympathique et j'ai dû lui faire bonne impression.

— Vous avez emménagé tout de suite ?

— Emménager est un grand mot : je n'avais rien. Mais aimablement elle m'a fourni les meubles nécessaires, puis la lingerie et tout le reste.

— Vous preniez vos repas avec elle ?

— Pas au début. Elle s'est contentée de m'inviter quelquefois, ce que je ne refusais pas car la nourriture était excellente et sa fréquentation fort agréable. Puis les invitations sont devenues plus fréquentes jusqu'à ce qu'enfin je prenne tous mes repas avec elle.

— Est-ce que vous avez eu une liaison, disons plus intime ?

Le jeune homme hausse les épaules.

— Quelle idée ! Non ! mais je remarquais qu'elle était aux petits soins, extrêmement prévenante. Presque tendre. Comme si elle était amoureuse, c'est vrai. À tel point qu'elle en a pris conscience et m'a fait un aveu : son mari lui avait dit un jour qu'il reviendrait peut-être sous les traits d'un jeune homme et qu'il espérait qu'elle saurait le reconnaître. Or elle m'avait reconnu, pour elle j'étais la réincarnation de son mari.

— Et qu'est-ce que vous en avez pensé ?

— D'abord qu'elle était un peu folle, mais il n'y avait là rien d'immoral, de désobligeant. Alors sans que je m'en rende compte petit à petit elle m'a poussé à entrer dans la peau de son mari. À table elle me donnait la place de Rémy, la chaise de Rémy, le pot à bière de Rémy, car il buvait de la bière. C'est bon la bière : pour lui faire plaisir j'ai bu de la bière. Après quoi ce fut dans le salon le fauteuil de Rémy et lorsque j'avais à travailler elle m'invitait à utiliser le bureau de Rémy. J'y ai bientôt transporté tous mes dossiers. Je n'avais pas de robe de chambre, pourquoi pas celle de Rémy ? Et les chaussons de Rémy ? J'acceptais : j'étais comme envoûté, prisonnier non d'une toile d'araignée mais d'un cocon merveilleusement douillet. Est-ce pour lui faire plaisir ? Est-ce pour ressembler à Rémy ou parce que je devenais Rémy ou parce que la merveilleuse collection de pipes de Rémy me fascinait ? Je me suis mis à fumer la pipe, ses pipes. Bien sûr lorsqu'elle m'a dit : « Rémy m'appelait Lili » je l'ai appelée « Lili ». Alors elle m'a appelé Rémy et j'ai trouvé cela tout naturel.

— Où dormiez-vous ?

— J'avais quitté l'appartement du maître d'hôtel et je couchais dans la chambre de Rémy. Il faut vous dire que Rémy ronflait et qu'ils faisaient chambre à part. Il paraît d'ailleurs que je ronfle aussi : comme Rémy.

— Mais vous n'aviez pas d'autres fréquentations que madame Boileau ?

— Si bien sûr, mais dans mon travail : pas de femmes si c'est cela que vous voulez savoir. Cela n'aurait pas été dans le personnage de Rémy.

— Pas d'amis ?

— Ceux de Lili au début, mais sans doute gênés, ils se sont détachés.

— Alors votre fiancée ?

— C'est ce qui a tout déclenché. Cette jeune femme est gérante d'une maroquinerie dans le centre commercial qui jouxte l'hôtel où je travaille. J'en suis tombé amoureux et cela m'a ouvert les yeux. J'ai pensé que l'affection que me portait Lili, madame Boileau, était telle qu'elle prévaudrait sur le choc que j'allais lui causer, car bien sûr je savais que cela allait être un choc.

— Vous voulez parler de ce qui s'est passé hier ?

— Je vois que vous êtes au courant. La rencontre entre ma fiancée et madame Boileau a été plus que glaciale. À tel point que j'ai dû l'écourter. En raccompagnant ma fiancée j'ai compris que je venais de refroidir son enthousiasme et je suis revenu ici furieux. Madame Boileau m'attendait dans le bureau : l'image même de la femme trompée. Elle m'a fait une scène horrible. Tant et si bien que j'ai dû lui répéter sur tous les tons que je n'étais pas Rémy, que je n'étais pas son mari réincarné, et ne le serai jamais. Que la réincarnation était une foutaise à laquelle je ne croyais pas et qu'elle était complètement folle.

— Et alors ?

— Alors en apparence elle s'est subitement calmée puisque nous nous sommes retirés chacun dans notre chambre.

— Comment se fait-il que vous n'ayez pas constaté sa disparition ?

— Ce matin je suis parti très tôt. J'avais rendez-vous à l'hôtel à huit heures. Vous pouvez vérifier, tout le personnel témoignera.

— Le médecin fait remonter la mort de madame Boileau entre dix heures et dix heures trente.

— Vous voyez : je suis peut-être la cause de son suicide mais je ne l'ai pas tuée.

— Un dernier mot monsieur Rabash : avez-vous fait cela pour son argent ?

— Non monsieur le brigadier, je jouais Rémy, je devenais Rémy et si je n'étais pas tombé amoureux peut-être le serais-je devenu tout à fait. Vous me croyez ?

Le brigadier Sénéchal a fait la moue. Cette moue a fait le tour de la maison, du jardin, de la vue splendide... et il s'en est allé, pas du tout convaincu.

 

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