LA DÉPÊCHE

Antonio Gaudi est généralement débraillé, chauve de toute façon et son œil est glauque. Il est rédacteur de nuit d'une feuille de chou de Mexico.

Malheureusement, il boit. Il boit même beaucoup. Peut-être parce qu'il est au fond pourvu d'une âme sensible, plutôt tournée vers la poésie et supporte mal le dur et trop cynique métier de journaliste. Ce soir-là, lorsqu'il arrive à « El Correo de la Noche », titubant dans l'escalier qui mène à la salle de rédaction, il ne se doute évidemment pas qu'une extraordinaire aventure commence. Cramponné à la boule de verre qui marque l'extrémité de la rampe, il cherche du regard son bureau, le vise, prend son élan pour s'y précipiter en quelques enjambées incertaines et s'effondre dans son fauteuil.

C'est alors que se produit le phénomène qui va tout déclencher. « Phénomène » parce que ce qui va suivre ne sera jamais vraiment expliqué et pourtant cet événement va entraîner deux morts ce qui poussera bien des gens à émettre quantité d'hypothèses.

Donc Antonio Gaudi, quasiment ivre mort, vient de s'asseoir dans son fauteuil de rédacteur de nuit au journal « El Correo de la Noche » à Mexico en juin 1910 vers 11 heures du soir. Son premier geste est de croiser ses bras sur son bureau et d'y laisser tomber sa tête. Au moment où il va s'endormir son attention est attirée par le cliquetis du « baudot », sorte de « machin » alors utilisé au Mexique qui tient du télégraphe morse et du téléscripteur. Il est rare que le baudot fonctionne ainsi en pleine nuit. Aussi Antonio se traîne-t-il jusqu'à lui pour déchiffrer l'information débitée sur une longue bande de papier.

— Chouette ! s'exclame le journaliste dans sa soûlographie, j'ai un article pour cette nuit, et facile avec ça.

Facile en effet : il lui suffit de reprendre presque mot à mot le texte décrivant l'épouvantable accident de chemin de fer qui vient de se produire dans le centre du pays aux environs de Pachuca. L'article qu'écrit Antonio Gaudi va donc raconter comment un express retenant péniblement sur une voie descendante ses douze wagons est subitement sorti des rails, comment la locomotive heurtant un rocher s'est dressée un instant vers le ciel pour retomber en arrière, écrasant les wagons déjà disloqués où hurlaient les voyageurs. En explosant, elle a mêlé la vapeur brûlante et l'eau bouillante aux cendres rouges jaillies du foyer.

Les fils télégraphiques longeant la voie ayant été rompus pendant la catastrophe il a été très difficile de situer exactement l'emplacement de celle-ci, ce qui a retardé les secours d'une heure. Puis il narre l'arrivée des paysans arrachant dans l'affreux mélange de ferraille tordue et de bois éclaté les blessés et les morts.

Il énumère les cadavres allongés à côté du ballast, citant même la profession de certains d'entre eux, notamment : un grand chirurgien, un homme politique, le señor don Villalonga, propriétaire d'une grande hacienda, l'abbé Suarez, une religieuse, etc...

Cela fait, conscient d'avoir réalisé un petit chef-d'œuvre de journalisme, Antonio Gaudi, un peu dégrisé, porte son papier à l'imprimerie où le secrétaire de rédaction lui donne en première page la place qu'il mérite.

Le lendemain matin, c'est le branle-bas de combat dans l'imprimerie lorsque la direction découvre qu'« El Correo de la Noche » est le seul journal à annoncer la catastrophe : il faut multiplier les éditions.

À cet enthousiasme succède une sourde angoisse lorsque tous les journaux du pays demandent des informations et des autorisations de reproduire l'article.

L'angoisse devient de la peur dès que cette curiosité des concurrents fait place à l'étonnement.

— Est-ce qu'il n'y aurait pas une faute d'impression dans la dénomination du lieu de la catastrophe ? suggère au téléphone un confrère. Nous avons téléphoné à Pachuca, personne n'est au courant de l'accident.

— Mais, enfin, quelles sont vos sources ? demande le chef de cabinet du président de la République, dictateur sur les bords, Porfirio Diaz. Nous n'avons aucune information sur cette catastrophe !

La peur devient de la panique lorsque les familles des soi-disant victimes se manifestent :

— Vous êtes fou ! Mon père, l'abbé Suarez, est à côté de moi. Il ne pouvait pas être victime de cette catastrophe il est enrhumé et n'a pas quitté sa chambre depuis deux jours.

— Qu'est-ce que c'est que cette plaisanterie, hurle le député dont « El Correo de la Noche » a soigneusement décrit le trépas.

Quant au señor don Villalonga, le propriétaire de la grande hacienda qu'Antonio Gaudi a laissé pour mort, il fait irruption à la rédaction du journal, sur le coup de midi, accompagné de quelques hommes prêts à tout casser :

— Vous allez publier vite un démenti ! Et je vous attaque en justice. Imaginez l'état où vous avez mis ma famille. Et là-bas sur mes terres, tous ces gens qui croient que je suis mort !

Cette dernière remarque mérite d'être soulignée ; elle éclaire la suite du dossier. Cet homme doit penser qu'il n'est pas bon qu'un grand propriétaire soit porté disparu sans que des mesures aient été prises pour assurer sa succession. Après plusieurs dizaines d'années de dictature les deux tiers des terres cultivables du pays appartiennent à neuf mille grands propriétaires. Sur ces domaines, le petit peuple vit misérablement, ce qui crée une tension sociale intolérable et logique.

Mais que devient Antonio Gaudi ? Un employé d'El Correo de la Noche, après l'avoir tiré du lit, toujours mal rasé, chauve et l'œil glauque, l'introduit dans le bureau du directeur du journal :

— Évidemment vous étiez complètement soûl ?

— Mais non monsieur le directeur.

— Alors pouvez-vous m'expliquer ?

Dire que le directeur est ivre de rage reste insuffisant. Son visage passe du rouge au violet devant l'air étonné de son rédacteur de nuit.

— Pouvez-vous m'expliquer ce qui vous est passé par la tête ?

— Je ne comprends pas monsieur.

— Qu'est-ce que vous ne comprenez pas ?

En chemin le messager d'El Correo de la Noche a bien sûr expliqué à Antonio la raison de ce réveil intempestif mais sans l'éclairer pour autant :

— Eh bien, monsieur, je ne comprends pas. Je n'ai fait que reproduire une dépêche.

— Quelle dépêche ?

— Eh bien monsieur, la dépêche qui est tombée cette nuit.

— Où est-elle tombée cette dépêche ?

— Mais monsieur, là-haut, comme d'habitude, dans la salle de rédaction.

— Vous pouvez me la montrer ?

— Non monsieur, je l'ai laissée dans la corbeille.

— Taisez-vous ! Nous n'avons rien trouvé dans la corbeille ! Il n'y a jamais eu de dépêche ! Personne n'a jamais envoyé cette dépêche Personne n'a vu cette dépêche ! Il n'y a pas eu d'accident de chemin de fer à Pachuca ! Vous l'avez inventé dans votre soûlographie. Fichez-moi le camp ! J'espère ne jamais vous revoir, sinon au tribunal car nous n'en resterons pas là.

Quelques jours plus tard, le même directeur saute d'un fiacre devant la façade d'El Correo de la Noche et grimpe jusqu'à son bureau où tout le journal se presse :

— Alors monsieur, lui demande le rédacteur en chef. On publie ?

Le patron lui arrache des mains la dépêche tombée du fameux Baudot pour la dévorer d'un œil écarquillé.

— Vite monsieur ! Je vous en prie ! Il faut prendre une décision, c'est maintenant ou jamais !

Le patron brandit le ruban de papier et hurle :

— Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ! Qu'est-ce que c'est que cette histoire ! On ne peut pas publier cela comme ça. Il faut vérifier.

— Vous pensez bien que c'est fait patron. Et cette fois notre correspondant confirme sa dépêche. Nous avons téléphoné sur les lieux où l'on confirme aussi. D'ailleurs, nous ne sommes pas les seuls. Vous pensez bien que nos confrères ont voulu vérifier.

Le patron hésite encore quelques secondes et conclut :

— Alors, on imprime.

— Sans rien changer ?

— Sans rien changer. Mais évitez de mettre des noms propres.

Et c'est ainsi que, fait probablement unique dans l'histoire du journalisme, El Correo de la Noche publie in extenso l'article qu'il a déjà publié cinq jours auparavant. Ses concurrents font de même, mais par prudence en petits caractères et en troisième page avec les réserves d'usage : « D'après notre correspondant, il paraîtrait que... »

Car l'accident de chemin de fer décrit par Antonio Gaudi dans sa soûlographie cinq jours plus tôt vient de se produire. Pas exactement à l'endroit où il l'avait situé et le nombre des victimes paraît moins élevé que celui qu'il avait annoncé. À part cela les circonstances semblent être les mêmes et l'on compte parmi les victimes l'abbé Suarez, un grand chirurgien et une religieuse.

Le directeur, une fois de plus, fait tirer du lit son ex-rédacteur de nuit Antonio Gaudi :

— Acceptez mes excuses, cher ami.

— Je les accepte monsieur le directeur.

— Vous me comprenez Antonio ?

— Oui, monsieur le directeur.

— Bien. Alors Antonio. Je vous en prie expliquez-moi.

— Je ne peux pas, monsieur le directeur. Je ne me l'explique pas non plus. Je n'en sais pas plus que vous. Je dirai même que je me l'explique de moins en moins. La première fois je pouvais m'imaginer qu'un mauvais plaisant m'avait envoyé cette dépêche. Ou qu'il s'agissait d'une vision. Mais maintenant...

Quelqu'un qui ne s'explique pas non plus cette étrange affaire mais qui voudrait bien comprendre c'est le président de la République, un tantinet dictateur, le général Porfirio Diaz.

Convoqué par la police du dictateur, Antonio réalise très vite qu'il file un mauvais coton.

— Il ne s'agit pas d'un simple accident, explique le commissaire qui l'interroge. Les rails de la voie ont été volontairement arrachés. Il y avait plusieurs hommes politiques dans ce train et surtout un chargement d'or. C'est donc un crime crapuleux autant qu'un acte de rébellion contre l'autorité. Nous le soupçonnons d'être l'œuvre de partisans de Madero. Et plus probablement, d'un certain Zapata, qui commence à faire parler de lui dans cette région. Or, la parution prématurée de votre article prouve tout simplement que vous aviez eu connaissance des préparatifs de cet attentat criminel.

— Mais pas du tout, s'exclame le malheureux Antonio, je n'ai aucun lien avec ces gens-là.

— Alors, comment expliquez-vous cet article ?

— Eh bien. Mon Dieu. Je ne me l'explique pas. J'étais ivre, j'ai dû avoir une vision.

Le commissaire trouve cette explication insuffisante et Antonio Gaudi se retrouve en prison. Et bien que son histoire ne soit pas très claire pour la police, elle ne l'est pas non plus pour l'observateur. En effet, certaines des personnes citées dans le premier papier du journaliste : l'abbé Suarez, une religieuse, un député, font partie de la liste des victimes de la catastrophe.

Après plus ou moins d'hésitations elles ont pris le train quand même quatre jours après la parution de l'article. Mais d'autres qui ne figurent pas sur la liste officielle des victimes, alors qu'elles figuraient dans l'article, s'expliquent :

— J'ai considéré le premier article comme un mauvais présage, avoue notamment le señor don Villalonga, j'ai préféré différer mon voyage.

— Ma femme m'a supplié de ne pas prendre le train pendant quelque temps, explique le grand chirurgien.

Jusque-là, à bien considérer les faits, l'aventure d'Antonio Gaudi pourrait donc trouver une explication. Qu'un mauvais plaisant lui ait envoyé une dépêche ou qu'il ait eu une vision, peu importe. Après tout le lieu de l'accident n'est pas le même. Il y a dans presque tous les trains à cette époque des hommes politiques, des prêtres, des propriétaires d'hacienda et des religieuses. Certes, il y a le nom de cet abbé : Suarez. Mais ce nom est si répandu que l'on peut supposer qu'il existe au Mexique beaucoup d'abbés Suarez. De plus l'idée d'une prémonition est contredite par le fait qu'il a aussi annoncé la mort de gens qui ne sont pas morts. Si l'on ajoute à cela qu'Antonio Gaudi à aucun moment n'a prévu qu'il s'agissait d'un attentat et n'a jamais parlé de ce chargement d'or, on peut conclure qu'il a finalement décrit un accident de chemin de fer banal, l'accident de chemin de fer type dont la description pourrait s'appliquer à n'importe quel autre accident de chemin de fer. Pour le moment le phénomène se réduirait donc à ceci : Antonio Gaudi donne une vision classique de l'accident de chemin de fer et quelques jours plus tard un accident de chemin de fer, répondant d'assez près à cette vision, se produit : bref une vulgaire coïncidence.

Là où ce dossier devient plus surprenant c'est lorsque des rebelles de la région du Morelos, soupçonnés d'être les auteurs de l'attentat, avouent les faits et en attribuent l'initiative à un dénommé Antonio Gaudi, qui jusqu'alors aurait échappé aux recherches de la police locale.

— Et pour cause ! s'exclame à Mexico le commissaire chargé de l'enquête. Antonio Gaudi est en prison. Je viens de l'interroger.

Dans ces conditions tout devrait s'expliquer logiquement : Antonio Gaudi, responsable d'une catastrophe ferroviaire aurait décrit celle-ci dans son journal. Malheureusement pour lui, l'attentat ayant été repoussé de quelques jours, cet article deviendrait la preuve de sa participation. Écrasé par les circonstances, en manque d'alcool dans le fond de sa cellule, plus débraillé, plus chauve et l'œil plus glauque que jamais, le malheureux journaliste s'exclame :

— Mais je ne connais pas ces gens et vous pouvez vérifier que je n'ai jamais mis les pieds dans le Morelos.

— On peut organiser un attentat sans avoir jamais mis les pieds sur les lieux, remarque le commissaire.

C'est exact, mais voici que les rebelles du Morelos affirment qu'Antonio Gaudi les accompagnait la nuit où ils ont organisé la catastrophe.

Cette fois le commissaire, obligé d'admettre que dans cette affaire quelque chose sort de la logique habituelle commence à « pédaler dans la semoule » : le journaliste ne pouvait être sur les lieux de la catastrophe car plusieurs témoins confirment qu'il n'a pas quitté Mexico. Alors le commissaire fait convoyer les rebelles du Morelos menottes aux mains et pieds enchaînés jusqu'à la capitale pour les confronter à Antonio Gaudi.

— C'est lui ! C'est notre chef, affirment les rebelles.

— Quoi ? riposte Antonio, je ne vous ai jamais vus.

Il est certain que dans une ambiance politique sereine la presse mexicaine et même celle des États-Unis se ferait une joie de couvrir une affaire aussi passionnante. Mais Porfirio Diaz l'enferme sous une chape de plomb : inutile de faire savoir au monde entier qu'un certain Zapata fait sauter les trains dans le Morelos et qu'un dénommé Pancho Villa lève une armée de brigands dans les pampas du Nord.

Étouffée, l'affaire Antonio Gaudi donne lieu aux rumeurs les plus extravagantes. Pour certains, l'origine de toute l'affaire est un phénomène de télépathie ayant relié l'instigateur de l'attentat et le malheureux journaliste en état de demi conscience dans la salle de rédaction. D'autres décriront Antonio Gaudi comme une sorte de « docteur Jekyll et Mr Hyde » jouissant du don d'ubiquité.

Finalement, le journaliste est abattu alors qu'il tentait, paraît-il, de s'évader durant son transfert devant le juge d'instruction. Cet incident permet à la police d'échafauder une thèse officielle providentielle et totalement invérifiable. Antonio Gaudi était un ami de la rébellion n'hésitant pas à participer aux attentats qu'organisait celle ci, mais se dissimulant sous les traits d'un innocent journaliste.

Il faudra des années pour entrevoir une vérité à mi-chemin de toutes ces hypothèses. Le premier article peut n'avoir été qu'une simple coïncidence. Mais le thème peut aussi avoir été soufflé au journaliste par un membre quelconque de l'opposition connaissant ce qui se tramait dans le Morelos. L'attentat ayant été reporté de quelques jours le malheureux Antonio Gaudi aurait fait les frais de ce concours de circonstances. Ce qui plaide en faveur de cette idée c'est que le transport du fameux chargement d'or, prévu pour la nuit où parut le premier article, fut comme l'attentat décalé de cinq jours... Et l'or est une excellente explication... Comme toujours.

Quant à l'extraordinaire confusion entraînée par la prétendue présence d'Antonio Gaudi sur les lieux de cet attentat, elle pourrait s'expliquer le plus simplement du monde. Les rebelles emprisonnés avaient conscience d'agir pour un idéal révolutionnaire qu'ils considéraient comme sacré et auquel il fallait tout sacrifier, même la vie d'un innocent s'il s'agissait de sauver un chef irremplaçable. Obligés d'admettre qu'ils avaient un chef, pour couvrir celui-ci, lorsqu'ils furent contraints de fournir un nom, ils auraient prononcé le premier qui leur venait à l'esprit, celui que tout accusait : Antonio Gaudi.

 

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