LE CAVEAU DE FAMILLE DES BRIGGS

Ce donjon sinistre sorti d'un dessin romantique comme les aimait Victor Hugo, ce sombre monument qui s'élève sur une colline battue par la pluie, c'est l'église de Rowington. Seul le clocher, court, carré, prévu pour résister aux vents de la mer émerge du haut mur de granit qui l'entoure tout entier. Grâce à cette muraille le sommet de la colline forme une terrasse où s'alignent quelques centaines de tombes plus délabrées les unes que les autres. Quant au village proprement dit, il s'étire le long de la route qui cinquante mètres plus bas serpente dans un vallon où le soleil ne pénètre qu'à son zénith. Rowington a donc ceci de particulier que les morts sont en haut et les vivants en bas... Tous les vivants sauf un, car le révérend Richard Selleck habite le presbytère adossé à l'église, seul au milieu des tombes.

Le soir du 17 décembre mil neuf cent cinquante trois, Richard Selleck revenant de Penzance descend de l'autocar et commence à gravir lentement le chemin empierré qui s'enroule autour de la colline jusqu'au portail rouillé du cimetière. Floc... Floc... fait à chaque enjambée l'imperméable ruisselant du révérend tandis que la pluie fouette son pépin. Car un imperméable n'empêche pas le révérend, rompu au climat de cette vieille province, de se munir d'un parapluie. Il est de ces hommes qui n'hésitent pas à porter à la fois des bretelles et une ceinture, ce n'est pas un rêveur : détail très important pour la suite de l'histoire.

Le parapluie qui le recouvrait comme une cloche se replie pour lui permettre d'ouvrir et de refermer dans un grincement la petite porte aménagée dans la grille d'entrée. Il a le visage long et mince, les cheveux gris taillés en brosse. Sous la peau fine et transparente le réseau des veines minuscules rosit ses pommettes, et derrière le ruissellement de l'eau ses yeux clairs paraissent presque blancs.

Mais que se passe-t-il ? La petite porte refermée, au moment où il ouvrait à nouveau son parapluie, les yeux du révérend se sont brusquement écarquillés : là-bas, une silhouette humaine, informe, presque fantomatique, se déplace rapidement comme si elle fuyait, grise le long du mur noir. Qui, à cette heure et par un temps pareil, pourrait avoir l'idée de monter jusqu'au cimetière ? Alors le révérend appelle de cette belle voix grave qui fait son succès chaque dimanche à l'heure du sermon :

— Vous cherchez quelqu'un, monsieur ?

Au lieu de répondre, comme affolée la silhouette s'est plaquée contre le mur.

Ruisselant et cramponné à son parapluie que le vent secoue avec furie, le révérend, d'abord indécis, se résout à traverser le cimetière pour gagner le presbytère. Or, tandis qu'il s'éloigne du portail le fantôme glissant le long du mur semble se fondre dans la nuit.

Le révérend le quitte du regard pour introduire la clé dans la serrure. Quand il se retourne, la silhouette a disparu.

18 février 1953 : le révérend Richard Selleck est assis préparant son sermon pour l'office du lendemain. Dans le silence du presbytère le balancier de cuivre rouge de la vieille pendule luit à chaque battement. Avec les rafales, une pluie très fine vient s'écraser sur les vitres comme autant de coups de fouet. Dans cette brouillasse, le révérend ne distingue même plus les tombes du cimetière. Soudain la plume du révérend qui courait gaillardement sur le papier s'arrête...

Comme s'il s'était formé dans l'ombre, un tourbillon grisâtre semble s'élever du sol et lentement s'avance vers la fenêtre. Bientôt c'est une forme, vaguement humaine, comme pétrie par le vent. Non seulement elle approche mais bientôt le révérend y distingue un regard.

D'abord stupéfait, puis presque effrayé, Richard Selleck ne peut réprimer un geste de recul lorsqu'un visage, qu'il croit connaître, écrase contre la vitre des lèvres noires.

Enjambant la chaise qu'il vient de renverser, le révérend se précipite à la porte de son bureau, traverse en courant le salon, cherche fébrilement l'interrupteur qui éclaire le perron, ouvre sa porte et courant le long du mur contourne le presbytère, mais plus personne... plus rien.

Pensif, le révérend verse l'eau bouillante dans sa théière. Ce visage entrevu, il aurait juré que c'était Alfred Briggs.

Religieusement, le révérend s'est servi une tasse de thé qu'il boit à petites gorgées, assis dans son fauteuil devant la cheminée dont il vient de ranimer le feu. Alfred Briggs ?... L'idée est évidemment idiote ! Il l'a enterré voici trois années. Alfred Briggs est là-bas, le long du grand mur noir, dernier de la famille des Briggs, quatrième occupant d'un caveau à quatre places.

À chaque nouvelle gorgée de thé des images plus précises reviennent au révérend. Briggs, l'ancien menuisier qui noyait dans l'alcool l'ennui de sa retraite... Briggs mort à l'hôpital de Plymouth d'une cirrhose du foie... Sa dernière volonté ayant été de se faire enterrer ici, le révérend était venu accueillir le cercueil au bas du cimetière. Comme le veut la tradition de Rowington, quatre villageois l'avaient monté le long du chemin qui ceinture la colline transpirant sous un beau soleil d'été.

Non vraiment, pense le révérend, ce ne peut pas être Briggs ! Quelqu'un qui lui ressemble peut-être un sosie, un sosie parfait, mais pas Alfred Briggs. Il revoit encore le cercueil dans sa tombe et la lourde pierre que les fossoyeurs poussaient jusqu'à ce qu'elle s'emboîte dans un sourd grincement. Non ce ne peut être Alfred Briggs.

Le lendemain, le jour à peine levé, le révérend, profitant d'une éclaircie, parcourt le vieux cimetière. Il y a longtemps que le gravier, dont son prédécesseur avait fait garnir les allées, s'est enfoncé dans cette terre, humide trois cents jours par an. Une terre grasse, noire, nourrie depuis les temps ancestraux par la chair des hommes.

Cheminant entre les tombes, le révérend s'arrête enfin devant un rectangle de pierre : monument sans élégance que personne ne vient jamais fleurir.

Sa main maigre balaie la terre amassée sous la croix de métal, frotte la pierre pour en arracher la mousse, et ramassant un petit bout de bois dégage quatre inscriptions. Quatre noms qui ont été gravés : William Briggs 1844-1906, Jennifer Counsel Briggs 1852-1909, Elisabeth Briggs 1877-1946. Ces trois noms ont été gravés soigneusement et sans doute furent-ils dorés. Le quatrième : Alfred Briggs 1880-1950 n'a eu droit qu'à une inscription grossière et le fossoyeur s'est contenté de la souligner d'un trait de peinture noire.

Les mains sur ses reins qui commencent à se faire vieux, le révérend se redresse. Il faut se pencher pour voir pardessus le mur de granit qui entoure le cimetière les toits noirs de Rowington tassés au creux du vallon. Par contre, en laissant le regard aller droit devant soi, on découvre par-delà les côtes brumeuses le fouillis des îles Scilly éclairées par le soleil levant, roses comme des morceaux de corail sur une nappe de soie bleue.

Pauvre vieux poivrot d'Alfred Briggs : il a eu raison de vouloir être enterré ici avec les siens, son père, sa mère et sa sœur morte vieille fille : au moins il y a la vue.

Pourtant le visage un instant détendu du révérend se renfrogne. Puisqu'Alfred Briggs est là et bien là, quel est l'homme venu cette nuit écraser des lèvres noires contre la vitre du presbytère. Car il n'a pas rêvé quand même ! Un homme est bien venu le regarder par la fenêtre.

29 avril mil neuf cent cinquante trois.

— Couvre-toi le fond de l'air est frais, a dit sa sœur.

— Et n'oublie pas les cigares, a rajouté le beau-frère.

Comme chaque mercredi soir le révérend Richard Selleck revient de Penzance par le dernier autobus, emmitouflé, traînant un cabas plein de provisions. Lorsqu'il a poussé la petite porte qui s'ouvre en grinçant dans la grille d'entrée du cimetière pas un nuage. La lune à son plein paraît énorme et se reflète là-bas dans la fenêtre de son bureau. Le mur de l'église est inondé de cette lumière blanche qui souligne chaque détail. Le révérend distingue même dans le campanile le battant de la cloche.

Aussi, l'étonnement passé, examine-t-il avec minutie la forme assise sur le caveau de famille des Briggs.

C'est un homme. Il lui tourne le dos, les épaules voûtées dans une sorte de capote militaire. Il ne porte pas de chapeau, les cheveux sont clairsemés et le crâne luisant.

— Vous attendez quelqu'un monsieur ?

D'un bond l'homme se dresse. À trente mètres à peine il fait face au révérend.

— C'est moi que vous attendez monsieur ?

L'homme manifestement inquiet ne répond pas.

— Mais enfin... qu'est-ce que vous voulez ?... Qu'est-ce que vous faites là ?

Courageusement, le révérend, après avoir posé son cabas sur une tombe, s'approche lentement comme s'il craignait qu'une fois de plus l'inconnu disparaisse, se fonde, s'évanouisse.

— Vous connaissez les gens qui sont enterrés là ? Excusez-moi de vous poser cette question, mais cela fait plusieurs fois que je vous vois... et vous ressemblez tellement... mais tellement à Alfred Briggs !

Comme si ce nom produisait l'effet d'une décharge électrique, l'inconnu tressaille et se met à courir.

— Mais ne partez pas monsieur ! Ne partez pas !

Le révérend se décide trop tard à le poursuivre. Il a beau arpenter le cimetière méthodiquement : il reste introuvable. Une seule explication : il a sauté pardessus le grand mur au risque de se rompre les os.

6 septembre 1953. Le révérend est dans son bureau, le dos tourné au balancier de cuivre de sa vieille pendule, il réfléchit dans l'obscurité comme il le fait souvent lorsqu'il prépare ses sermons, le regard droit devant lui. Là-bas le ciel va sans doute se dégager car une flaque d'argent s'étale sur la mer. Mais audessus de Rowington les nuages sont encore épais. Dans la nuit noire presque tiède le révérend a laissé sa fenêtre ouverte.

— Bon... ce n'est pas tout cela... Il faut s'y mettre, pense-t-il subitement.

Il se tourne vers sa lampe de bureau et allonge la main pour sortir un bloc d'un tiroir. Mais voilà que cette main qui devait saisir du papier tâtonne dans le fond du tiroir et en ressort avec un de ces appareils photographiques, minuscules pour l'époque et que les romans d'espionnage ont rendus célèbres : un Minox. Car devant lui se découpe derrière la fenêtre la forme sombre d'une tête humaine.

De sa main droite le révérend porte le viseur du petit appareil à hauteur de ses yeux et d'un seul mouvement de sa main gauche braque l'abat-jour oriental de sa lampe vers la fenêtre et l'allume.

Le temps d'entrevoir une expression de surprise et d'effroi dans le visage qui recule et le révérend pense le cœur battant : « Je l'ai... je suis sûr que je l'ai ! ».

Huit jours plus tard, le révérend circule dans Rowington brandissant sa photo dûment développée et agrandie.

— Alors vous voyez, ce n'était pas une hallucination !

Tous les villageois stupéfaits reconnaissent, malgré la grimace qu'il fait dans le jaillissement soudain de la lumière, le visage bourru un peu boursouflé d'Alfred Briggs.

Quelques jours encore : à Plymouth un fonctionnaire moqueur sous sa moustache jaunâtre, explique à Richard Selleck :

— Mais mon révérend, je vous assure que ce n'est pas possible.

Il faudrait en appeler au procureur, il faudrait faire une enquête, demander une décision judiciaire, votre témoignage ne suffit pas !

— Mais cette photo ?

— Même une photo, mon révérend, est largement insuffisante. Elle prouve quoi ? qu'un homme ressemblant beaucoup à l'une de vos ouailles enterrées dans votre cimetière, vous a regardé par la fenêtre. En aucun cas cela ne pourrait justifier une exhumation. De plus, une photo n'a pas de date...

— Mais tout de même monsieur ! Avouez que c'est étrange, cela fait dix fois maintenant que cet homme apparaît la nuit dans ce cimetière rôdant autour de la tombe d'Alfred Briggs à qui il ressemble comme une goutte d'eau.

— C'est un parent peut-être. N'aurait-il pas un frère ? Un frère jumeau expliquerait tout.

— Vous pensez bien que nous nous sommes renseignés. Alfred Briggs n'a plus de parents vivants et n'a jamais eu de frère jumeau.

— Je comprends votre curiosité, mon révérend, je comprends, mais je vous assure que c'est insuffisant pour demander l'exhumation de son cadavre.

Fin septembre 1953, d'abord reproduite par la presse locale l'étrange photo est reprise par les hebdomadaires britanniques et soigneusement examinée par des experts qui ne décèlent aucun trucage. Pourtant la plupart des lecteurs restent incrédules.

1" octobre 1953, là-haut, sur la colline de Rowington dans le presbytère adossé à la vieille église au milieu des tombes, le révérend Richard Selleck dispute avec sa sœur et son beau-frère une partie de trictrac. « Disputer » n'est pas le mot approprié d'ailleurs car si la partie est acharnée l'atmosphère est calme et silencieuse. Seuls bruits : la vieille pendule qui balance son disque de cuivre rouge et le vent de la mer qui jette la pluie contre la fenêtre. Soudain le geste du révérend qui s'apprêtait à poser un jeton reste en suspens.

— Regardez, dit-il à voix basse, essayez de vous retourner le moins possible, mais vite regardez. Là-bas, sur le caveau des Briggs...

Bien sûr la sœur et le beau-frère du révérend ne peuvent s'empêcher de pivoter brusquement sur leur siège pour découvrir le fantôme aux épaules voûtées, à la capote militaire et au crâne luisant, assis sur la tombe. Heureusement, celui-ci leur tournant le dos, ne les voit pas se lever et courir à la fenêtre.

De son côté, le révérend qui a réussi à faire installer le téléphone compose un numéro :

— Allô docteur ? C'est moi Richard... Il est là.

— Bon, j'y vais.

— Vite... il ne reste jamais longtemps.

Sans quitter la fenêtre des yeux le révérend raccroche.

— Ne bouge pas, dit-il à sa sœur, avec ton mari nous allons essayer de l'attraper.

Mais la sœur du révérend vient d'avoir un haut-le-corps car l'homme se retournant leur fait face un instant :

— Tu as raison ! C'est Briggs ! Je suis sûre que c'est Briggs !

Elle connaissait bien Briggs ayant habité près de son frère à Rowington avant son mariage.

Hélas Briggs, ou le sosie ou le fantôme de Briggs, voyant qu'on l'observe par la fenêtre détale à travers le cimetière.

Lorsque le révérend et son beau-frère ayant contourné l'église et le presbytère par des voies opposées se rejoignent sur le caveau des Briggs, ils n'ont rencontré personne. Le révérend ne peut s'empêcher de remarquer :

— Et vous pouvez chercher une empreinte... pas une seule empreinte !

Ce à quoi son beau-frère lui répond qu'il pleut tellement et depuis si longtemps que les allées du cimetière ne sont plus qu'une flaque noirâtre où les rafales soulèvent des vaguelettes.

Quelques instants plus tard sur le chemin empierré qui escalade la colline en la ceinturant, le révérend vient au-devant d'un groupe d'hommes ruisselants dans leurs imperméables :

— Alors ? demande-t-il.

— Quoi, il est parti ? s'exclame le docteur. Ça alors c'est extraordinaire ! Nous n'avons rien vu. Pourtant je vous assure que nous avons fait ce qui était convenu : nous avons entouré la colline et il n'y a pas un pouce de mur qui ait échappé à nos regards.

Lorsqu'après s'être réchauffés devant la cheminée du révérend les hommes se séparent, ils ne savent pas qu'ils viennent de participer à la dernière manifestation du fantôme d'Alfred Briggs. Mais l'histoire ne s'arrête pas là.

1961, donc après huit années, les pluies diluviennes de l'été ont raviné le cimetière de Rowington au point qu'une partie du haut mur de granit a glissé sur le flanc de la colline mettant à nu quelques tombes : malheureusement pas celle de la famille Briggs.

Mais lorsque les terrassiers commencent à creuser et hissent une petite bétonneuse, ils font un tel remue-ménage dans le cimetière que le révérend n'y tient plus : le caveau de famille des Briggs adossé au mur n'est pas loin. Il demande à ce qu'on élargisse par sécurité la coulée de béton, cela devant entraîner l'ouverture de la tombe.

Bien qu'il s'agisse d'une opération à conduire discrètement, il y a ce jour-là dans le cimetière outre le révérend, sa sœur et son beau-frère, plusieurs habitants de Rowington parmi lesquels le maire venu incognito avec plusieurs de ses conseillers. Tous se souviendront de la scène.

D'abord les fossoyeurs s'aidant de barres de fer soulèvent la pierre tombale qu'ils font glisser sur le rebord faisant apparaître deux cercueils. Ils se penchent sur le premier et sur un signe du révérend le soulèvent pour le poser dans l'allée.

Il est assez endommagé mais pas très lourd :

— Ce doit être celui d'Elizabeth Briggs, conclut le révérend.

Par contre lorsqu'ils soulèvent le second cercueil, les fossoyeurs sont tellement surpris qu'ils le relâchent aussitôt :

— Qu'est-ce qu'il y a ? Il est si lourd ?

— Très, on peut à peine le soulever.

Fébrilement ouvert, le cercueil d'Alfred Briggs se révèle bientôt vide de tout ossement et rempli de pierres.

Il existe à ce sujet un long article paru dans la presse britannique. Un enquêteur fasciné par cette affaire lui a consacré une enquête minutieuse échafaudant cent hypothèses : mais son enquête ne révèle rien d'autre que les faits relatés. Il est comme tous ceux qui ont voulu savoir... il ne sait rien de plus, sur ledit fantôme d'Alfred Briggs.

 

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