SOUDAIN UN AUTRE TRAIN...

Lune blanche, ciel noir. Ombre des nuages, fantômes rapides et flous audessus de la terre. Un train qui passe, lumières découpées dans la nuit sombre, comme autant de lucarnes. Berlin est encore à cent kilomètres. Soudain un autre train, dans l'autre sens, lui aussi à cent kilomètres de Berlin d'où il vient : petites lumières découpées, même grondement de fer.

Les deux monstres ont ralenti leur allure, pour passer sans s'arrêter devant le fantôme d'une gare désaffectée. Au-delà du quai minuscule, un homme et un chien attendent derrière une barrière.

Dans le premier train un visage collé à la vitre aperçoit un autre visage. Les bruits des wagons et le long sifflement des locomotives ne laissent aucune chance à l'homme qui a crié derrière la vitre :

— Marie !

Le battement rythmé des essieux s'estompe, s'apaise et disparaît. La nuit reprend son calme un instant déchiré. L'homme et le chien, immobiles, semblent regarder les rails luisants et déserts, comme à regret. Puis l'homme relève la barrière, et le chien s'ébroue.

Pour eux, il ne se passe jamais rien ici, que le spectacle fugitif des trains filant vers leur destination. La petite gare n'a plus ni portes ni guichets, la guerre a tout détruit, jusqu'à son nom.

Dans le premier train qui fonce sur Berlin, un homme demande au contrôleur :

— S'il vous plaît, où est-ce que nous sommes ? Comment s'appelle cet endroit ?

— Quel endroit monsieur ?

Devant l'air surpris du contrôleur, l'homme réalise l'inutilité de sa question. À quoi bon savoir le nom de l'endroit où il vient de croiser ce visage. Il l'a croisé dans l'espace entre Cologne et Berlin, mais il ne peut s'empêcher de questionner encore :

— Où va le train qui vient de nous croiser ?

— À Cologne monsieur, en principe, mais il y a beaucoup de supplémentaires en cette période de l'année, je ne pourrais pas vous l'assurer.

— Et il s'arrête quelque part ?

— S'il s'arrête ? Mais monsieur il s'arrête dans toutes les gares principales, vous pouvez consulter l'itinéraire sur la carte qui se trouve dans chaque compartiment.

Inquiet soudain, le contrôleur demande :

— Vous allez bien à Berlin, monsieur ? Vous ne vous êtes pas trompé ?

— Non, non...

— Ah bon... parce que le train ne s'arrête pas avant, et nous y serons dans un peu plus d'une heure. Vous avez l'air ennuyé monsieur ?

— Ennuyé ? Non, enfin, j'ai cru reconnaître quelqu'un dans ce train, quelqu'un que je n'ai pas vu depuis longtemps, très longtemps, c'était avant la guerre.

— Je comprends, et vous n'avez pas son adresse ?

— Non.

— Vous la reverrez peut-être !

— Ce serait un miracle, je ne sais même pas qui c'est !

Le contrôleur doit penser que ce voyageur est bizarre. Mais il se passe tant de choses dans les trains. Il semble que les trains, les gares, les aéroports, les ports, soient les lieux de prédilection des choses bizarres. Ces lieux de rencontres provisoires ont toujours des portes ouvertes vers l'inconnu et l'aventure.

C'était dans la nuit du 20 juillet 1950, et Martin Skob descendait à Berlin, aux environs de minuit.

Quelque part, à l'autre bout de ces deux lignes parallèles et luisantes, une femme posait le pied sur un autre quai de gare. Était-ce Marie, au visage entrevu derrière une vitre ? Et Marie serait-elle toujours un visage entrevu, insaisissable ?

À Berlin, Martin Skob, professeur d'histoire à Genève et journaliste à ses heures, explique à un ami le mystère de ce visage :

— La première fois que je l'ai vue, c'était à la frontière italienne, à Vintimille. J'attendais le passage dans une file de voitures. Elle regardait par la fenêtre du bureau de la police des frontières. Elle devait avoir des ennuis avec ses papiers, ou quelque chose comme ça. Je l'ai trouvée jolie, peut-être parce qu'elle était rousse, lumineuse, avec des yeux si clairs, qu'ils avaient l'air transparents. Je suis descendu pour m'approcher de la vitre. Et à ce moment-là, son visage a disparu. On m'a empêché de pénétrer dans le poste de police, j'ai dû attendre dans ma voiture, je guettais en espérant la voir ressortir, et puis je suis passé à mon tour au contrôle, et j'ai dû m'en aller sans la revoir.

L'ami sourit à cette évocation que vient de lui faire Martin Skob, poète impénitent :

— En somme, tu es tombé amoureux d'une apparition ? Mais comment sais-tu qu'elle s'appelle Marie ? Tu l'as revue ?

— Oui, à Genève, sur un trottoir, devant un hôtel. J'étais sur le, trottoir d'en face, elle s'apprêtait à monter dans une voiture où quelqu'un a crié « Marie ! » pour qu'elle se dépêche. Alors elle a souri, à moi je crois, elle est montée dans la voiture et c'est tout.

— C'est tout ? Tu n'as pas demandé son nom à l'hôtel ? Tu n'y es pas retourné ? Pour un amoureux, tu n'es pas débrouillard !

— J'ai fait tout ce que tu dis, mais le concierge de l'hôtel ne la connaissait pas, c'était une visiteuse, elle était venue seulement prendre le thé avec quelqu'un.

— Et ensuite ?

— Ensuite, la guerre, et puis la revoilà dans ce train.

— À quoi l'as-tu reconnue ? Tu l'as à peine entrevue à deux reprises, et tu prétends que c'est elle en trois secondes ?

— Je pourrais te dessiner son visage, tellement je l'ai en mémoire depuis le premier jour.

— Eh bien vas-y ! dessine !

Martin Skob a un joli coup de crayon. Sur la nappe de papier du restaurant naît un visage, qui fait sourire à nouveau l'observateur ami.

— C'est Blanche-Neige ou la Belle au bois dormant ? Que tu me fais là ?

— C'est Marie.

— Avec ce visage d'ange ?

— Un visage d'ange, des cheveux d'ange.

— Et le reste ?

— Le reste ?

— Oui, son corps, sa taille, ses jambes ?

— Ah je ne sais pas. Je n'ai jamais vu que son visage. Je m'étais dit : jamais deux sans trois, et c'est arrivé, je l'ai vue trois fois, mais ça ne change rien, elle m'échappe. Comment faire pour la retrouver ?

— Mets une petite annonce dans un journal ! « Recherche, jolie rousse, prénom Marie, aperçue trois fois : Vintimille 1938, Genève 1939, et nulle part 1950, en vue mariage, ci-joint croquis, réponse au journal. »

— Tu plaisantes, mais l'idée n'est pas mauvaise. L'ennui, c'est que j'ignore dans quel journal de quel pays je pourrais faire ça avec une chance que ça marche. Est-elle suisse, italienne, française, allemande ?

— Eh bien fais les quatre pays, tu verras bien. De toute façon tu seras déçu ! Même si tu la retrouves.

— Pourquoi ?

— Mon vieux, en 1938, cette fille avait quel âge d'après toi ?

— Sais pas, vingt-deux ou vingt-cinq ans, pas plus en tout cas.

— Disons vingt-cinq ans, ça lui en fait quarante.

— Et alors ?

— Alors, elle n'est plus aussi. jolie qu'à vingt-cinq !

— Et moi ? Moi aussi j'ai quarante ans ! Bien tassés même ! Qu'est-ce que ça fait ?

— Oh je disais ça, simplement parce que tu m'as dessiné une princesse adolescente, que j'imagine au teint de pêche, et aux joues roses, sans la moindre ride, ni le moindre cheveu blanc. Tu es sûr que c'est bien ce visage-là, que tu as aperçu dans le train ?

— Sûr ! Et elle m'a vu aussi ! je la retrouverai ! il le faut ! Tu paries ?

— Je parie !

Il faut être un peu fou, ou poète, comme Martin Skob, pour espérer retrouver une inconnue avec une petite annonce aussi vague et aussi bizarre. Mais qui peut savoir ? La vie a de ces vagues, et de ces bizarreries...

Martin Skob a rédigé une petite annonce, pour retrouver son inconnue, sa Marie fugitive et rousse, et il a reçu tant de réponses stupides, débiles, naïves ou intéressées, que la tête lui en tourne de dégoût. À Genève, où il habite la plus grande partie de l'année, quand il ne voyage pas pour ses articles, ou pour son plaisir, il a accumulé plus de mille lettres, venues des quatre pays où il a diffusé sa recherche. « De quoi écrire un roman désabusé sur la prétention et la bêtise féminine », dit-il.

Martin Skob est considéré comme un misogyne par ses amis. Personne ne l'a jamais vu tenir plus d'une semaine en compagnie de la même dame, et il a coutume de dire : « Quand une femme parle, je me tais afin qu'elle n'imagine rien à mon sujet. La seule fois où j'ai commis l'imprudence de répondre à une femme, elle a cru que je disais oui pour l'épouser, alors que je tentais justement de m'excuser de ne pas le faire. »

Il a donc échoué dans sa tentative, mais au fond cet échec lui paraît logique, et en bon poète il explique à son ami confident et professeur de mathématiques :

— Tu ne connais que la logique des choses, mais la logique ce n'est que l'apparence des choses, derrière il y a tout le reste, la vérité, l'inconnu, le hasard, la folie, l'imprévisible, puisque je ne l'ai jamais rencontrée, logiquement, un jour, elle apparaîtra à nouveau !

— Et elle disparaîtra à nouveau, au fond tu préfères ça, non ?

— Si elle disparaît sans que je puisse l'attraper, c'est que le destin l'aura voulu. Mais tu tiendras ton pari quand même si je la retrouve, même une seconde, tu me dois ta moto !

— Et c'est moi le perdant ! Parce que moi je devrai attendre ton dernier jour pour que tu admettes qu'il est impossible de la retrouver. Autrement dit je n'hériterai de ta bibliothèque que le jour de ta mort ! Je trouve ça illégal !

— D'accord, fixons un délai !

Après maintes discussions et tractations, le délai est fixé à dix ans. Ce qui en dit long sur la solide amitié des deux hommes. Ils se sont onnus sur les bancs de l'école, et n'envisagent pas de se quitter de si tôt. L'un est marié, père de famille, jovial et amoureux des équations. L'autre est célibataire, poète et amoureux d'une absence. Une fois le pari enregistré devant témoins, son objet se perd un peu dans les préoccupations quotidiennes des uns et des autres. Marie devient une légende. Et puis un jour...

« Ce jour était étrange, dira Martin Skob. C'était un jour de brouillard et le lac paraissait vouloir se fondre dans la grisaille. Depuis le matin je me sentais vide, flottant, un peu malade. J'ai téléphoné pour annuler mes cours, ils me semblait que la fièvre allait me terrasser. Je suis sorti alors pour me rendre à la pharmacie, je n'avais plus d'aspirine, je marchais, tête baissée, dans le brouillard de novembre, il faisait froid et humide, et tout à coup j'ai heurté quelqu'un ! »

— Marie !

— Excusez-moi monsieur, mais vous ne regardiez pas non plus en face de vous, j'ai l'impression !

— Vous êtes Marie ?

— Je m'appelle Marie en effet, mais je ne vous connais pas, monsieur. Je crois ?

— Vintimille, 1938, Genève, 1939 ? Vous étiez dans le train de Berlin en 1950 ! En juillet !

Elle rit, comme si le soleil venait de percer les nuages.

— Moi ? Vous plaisantez ! En 1940, j'avais dix ans ! Et je ne vous connais pas !

— Vous êtes sûre ?

— Votre visage m'est familier, je ne saurais dire pourquoi... est-ce que vous êtes quelqu'un de connu ?

— Non, non !

— Alors je ne vous connais pas monsieur, excusez-moi.

— Mais vous vous appelez Marie, et vous êtes rousse, et vous êtes jolie, et je vous ai déjà rencontrée trois fois ! J'en suis sûr. Quel âge avez-vous ?

— Vingt-deux ans monsieur, mais si vous avez choisi cette technique pour aborder les femmes, elle n'est pas nouvelle je vous préviens.

— Oh non, ce n'est pas ça ! laissez-moi vous raconter une histoire voulez-vous ?

— Mais monsieur.

— Je vous en prie, c'est important. J'irai vite ! Voilà :

Essoufflé, Martin Skob termine son récit et regarde anxieusement la jeune fille. Cheveux roux légers, yeux si clairs, joues roses et teint de pêche. Il sort de son portefeuille un morceau de nappe en papier, le déplie et le montre à la jeune fille :

— Regardez : ce n'est pas vous ça ? J'ai dessiné ça il y a deux ans, en 1950, après ma dernière rencontre avec vous, dans le train qui croisait le mien.

À Vintimille, vous portiez un col noir et un foulard blanc.

À Genève, votre cou était nu, j'y ai vu briller une chaîne.

« Dans le train je n'ai vu qu'un éclair rouge, comme une écharpe et le visage audessus était toujours le même, il est imprimé dans ma tête depuis cette première fois où je vous ai longtemps regardée derrière la vitre du poste de frontière.

— Ce n'était pas moi monsieur, mais quelqu'un qui me ressemble, bien sûr, cette femme doit me ressembler beaucoup, si votre dessin est exact... peut-être que... vous avez rencontré ma mère ?

— Votre mère ? Où est-elle, qui est-elle ? Comment s'appelle-t-elle ?

— Elle s'appelle Marie, mais je ne sais jamais où elle est. Elle nous a quittés mon père et moi, il y a longtemps. Je ne l'ai pas revue depuis que j'ai eu cinq ans je crois. On dit que je lui ressemble beaucoup, mon père le dit, en tout cas, parfois.

— Qu'est-elle devenue ?

— Nous n'en parlons guère vous savez, elle voyage beaucoup, elle change aussi souvent de compagnon parait-il. Alors mon père n'a que de lointains rapports avec elle.

Martin Skob, désorienté, le cerveau embrumé par une grippe naissante, supplie :

— Si je vous donne une lettre, vous pourrez la lui faire parvenir ?

— Mon père le peut. Moi j'ignore son adresse et je ne tiens pas à la connaître !

— Alors je vais rencontrer votre père !

Martin Skob a rencontré un homme calme et désabusé qui a souri en écoutant sa folle histoire, et promis de transmettre la missive.

— Rien ne m'étonne en ce qui concerne Marie, mon ex-femme. Elle est capable de séduire un régiment de poteaux électriques et nous nous sommes quittés pour cette raison, vous vous en doutez. Il est possible qu'elle vous réponde, elle est assez folle pour cela, mais quoi que vous deveniez par la suite, je ne tiens pas à ce que ma fille en soit informée.

Martin Skob a remercié, perplexe : le portrait que cet homme avait fait de Marie, « Sa » Marie, était si décevant. Trop réel, au fond. Mais qu'importe, il restait le jeu, le pari à gagner. L'ami professeur de maths comptait les jours :

— Répondra... répondra pas... Répondra... répondra pas...

— Répondu !

Elle était là, la petite lettre... bleue, couleur d'espoir, barrée d'une étonnante écriture ronde et large, envoûteuse, prometteuse :

« J'adore les inventions de ce genre ! J'étais à Vintimille, à Genève, à Berlin un jour ou l'autre et tant de fois. Je ne vous ai jamais vu. Soyez devant le casino, à 21 heures, dimanche. Je vous fais confiance, vous me reconnaîtrez ! »

Martin Skob était heureux ! Heureux ! Il disait :

— J'ai le sentiment d'avoir vaincu le temps et l'espace ! Tant pis si je ne l'aime plus après cela, tant pis si elle est devenue laide. Je l'ai enfin attrapée au vol !

Le soir même du rendez-vous, ils firent l'échange, selon le pari convenu. Martin Skob prit la moto de son ami, et plaisanta sur le sujet :

— N'aie pas peur, je te l'emprunte un soir, et tu pourras fouiller dans ma bibliothèque le restant de tes jours.

Il s'est tué deux heures après, aux environs de 11 heures du soir, sur la route du casino. Il a dérapé sur le sol mouillé, sa nuque est allée heurter le bord d'un trottoir.

Avait-il vu Marie ? Ou l'avait-il attendue pour rien ? Il portait bien sur lui la lettre bleue du rendez-vous. Elle avait été postée de Berne, mais sans adresse au dos.

Où habitait la jeune fille rousse et son père ? Il ne l'avait pas dit. Sa mort regardait-elle ces gens ? Cette femme surtout ?

Durant quelque temps, l'ami, le professeur de mathématiques si raisonnable, chercha dans la rue, partout, un visage encadré de cheveux roux et aux yeux clairs de princesse de conte de fées. Il avait besoin d'une certitude. Il ne la trouva pas. Alors il se vengea sur les chiffres, et les calculs de probabilités.

Combien de chances a-t-on de retrouver une quatrième fois un visage entrevu trois fois par hasard ? Si l'on tient compte de la superficie de l'Europe, du nombre d'habitants au kilomètre carré et de la vitesse du vent dans la tête des poètes ?

Question et probabilité subsidiaire : quelle chance a-t-on d'en mourir ? Au moins une sur des milliards et des milliards. Il s'appelait Martin Skob, c'est lui le « un » sur des milliards et des milliards, et des milliards...

 

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