Le virtuose de la pelle
1.
Cette remarque renvoie au récit « Tâche individuelle ». Chalamov brouille la chronologie, car « Tâche individuelle » est daté de 1955.
2.
A.V. Tchaïanov, économiste, socialiste-révolutionnaire, animateur de la Ligue pour la réforme agraire, et Kondratiev, l’un des meilleurs collaborateurs du Gosplan, furent accusés de sabotage et jugés, au début des années 1930, avec d’autres économistes et techniciens, lors d’un procès non public consacré au fantomatique « parti paysan ».
3.
Promimport (Promychlenny Import) : société d’importation industrielle.
4.
Maria Nikolaïevna Volkonskaïa (1805-1863), femme du prince Serge Volkonski, condamné comme décembriste, vécut en Sibérie jusqu’en 1855 ; elle est l’auteur de Souvenirs célèbres.
5.
Agence TASS (Agence télégraphique d’Union soviétique) : agence de presse officielle.
6.
En juin 1953, juste avant son arrestation, Béria fit proclamer une amnistie pour les peines courtes, ce qui toucha surtout les droit commun.
7.
Nikolaï Vassiliévitch Krylenko (1885-1938) fut l’organisateur, en 1918, des tribunaux révolutionnaires ; en 1922, il est nommé président du tribunal révolutionnaire suprême près le Comité central exécutif, puis procureur de la République jusqu’en 1931. Il est ensuite chargé pendant cinq ans de la justice pour la Russie et, à partir de 1936, pour toute l’URSS. En 1938, il est démis de ses fonctions et fusillé lors de « l’épuration des épurateurs ». C’est lui qui imagina et prescrivit les différentes formes de détention dans les camps : la gradation des peines et les différents régimes de vie, de travail, de punition, de nourriture et d’habillement des prisonniers. Il inventa aussi leur classification.
8.
Nikolaï Ivanovitch Iéjov (1894-1938, 1939 ou 1940) : l’un des grands inquisiteurs du régime, il fit toute sa carrière dans l’appareil du parti, participa activement aux diverses épurations de 1933 à 1936 et, le 25 septembre de cette même année, remplaça Iagoda comme commissaire du peuple aux Affaires intérieures, déclenchant une épuration sanglante, connue sous le nom de iéjovchtchina en 1937-1938, années de terreur où sera décapitée à tous les échelons l’administration de l’État, du parti et de l’armée. Sa tâche accomplie, il disparaîtra à son tour.
9.
Nikolaï Nikolaïevitch Evreïnov (1879-1953) : dramaturge, metteur en scène, théoricien et historien du théâtre. Il estime que la vie est un théâtre en soi et il aime l’aspect miraculeux et exotique des choses (il met notamment en scène des mystères et des spectacles du Moyen Âge et de la Renaissance français). Il émigre en France au début des années vingt où il publie deux grands ouvrages sur le théâtre : Le Théâtre en Russie avant 1946 et Histoire du théâtre russe.
10.
Allusion à la scène finale du Voyage sentimental de Sterne qui se termine par une phrase inachevée. Chalamov revendique ainsi une esthétique du fragment.
11.
OuSVITL : Direction des camps de rééducation par le travail de la région Nord-Est.
12.
ASSA : Anti-sovietskaïa aguitatsiïa, propagande antisoviétique.
13.
Rations réservées aux meilleurs travailleurs : de Stakhanov, l’ouvrier modèle qui s’était fait un devoir de dépasser la norme.
14.
L’autre monde, dans le langage des truands.
15.
Herakli Andronikov, spécialiste de littérature, s’intéressa plus particulièrement à Lermontov. Il se mit en devoir d’éclaircir le mystère de trois lettres qui apparaissaient dans l’œuvre du poète : « NFI ». Il découvrit qu’il s’agissait d’une femme et écrivit un livre intitulé L’énigme NFI. D’où le rapprochement fait par l’auteur entre les mystérieuses initiales RFI désignant l’épuisement physique complet et le livre d’Andronikov.
16.
Véra Mikhailovna Inber (née en 1890) : conteuse. Auteur de nombreux recueils de poésie : Le Vin triste (1914), La Joie amère (1917), Au fils qui n’est pas (1921), etc. Dans son célèbre « Méridien de Poulkovo » (1943), elle évoqua les souffrances du peuple de Leningrad pendant le blocus. Ce poème lui valut le prix Staline en 1946, décerné en même temps à son récit Journal de Leningrad. Après la guerre, elle écrivit un récit autobiographique : Quand j’étais petite.
17.
Vassili Ivanovitch Toumanski (1800-1860) : poète russe qui, après des études à Saint-Pétersbourg et à Paris, fit une carrière de diplomate de 1823 à 1846.
18.
Alexandre Ivanovitch Kouprine (1870-1938) : écrivain réaliste russe. Ses deux romans les plus importants sont Gambrinus, qui raconte la vie dans un grand port de la mer Noire, et La Fosse aux filles, qui traite de la condition des prostituées. Kouprine émigra en 1917 mais regagna l’URSS en 1937.
19.
Gavriil Romanovitch Derjavine (1743-1816) : poète considéré comme le précurseur de Pouchkine et comme le meilleur représentant du classicisme russe.
20.
KVJD (Kitaïsko-vostotchnaïa jéleznaïa doroga) : chemin de fer de l’Est chinois, dont la direction se trouvait dans la ville mandchoue de Kharbin.
La compagnie ferroviaire employait des milliers de Soviétiques installés sur place avec leur famille. Il y avait aussi des ouvriers chinois et japonais. Au milieu des années trente, l’URSS vendit ses actions au Japon. Et en 1937-1938 pratiquement tous les employés soviétiques qui avaient regagné l’URSS furent arrêtés ainsi que tous les membres de leur famille. Ils furent condamnés par les Osso (Conférences spéciales) à diverses peines pour présomption d’espionnage au profit du Japon. Les membres des familles furent condamnés comme tels : TchS (tchlen semi = membre de la famille). C’est ainsi que de vieux bolcheviks qui avaient fait de la prison au Japon se retrouvèrent dans les camps de la Kolyma.
21.
Allusion, probablement, au Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas.
22.
Les Russes appellent « ammonites » le groupe d’explosifs nitratés plus connus en France sous le nom d’explosifs Favier (du nom d’André Favier, 1837-1889, dont les recherches permirent la mise au point de ce type d’explosifs). C’est cet explosif qu’on utilisa lors de la construction du Biélomorkanal et du Moskanal. Nous avons conservé le terme russe d’ammonite dans le texte.
23.
RUR ou les Robots Universels de Rossum : titre d’une pièce du romancier et auteur dramatique tchèque Karel Capek (1890-1938). Cette œuvre le rendit célèbre dès 1921. Il y inventa le mot de « robot » à partir du radical du verbe robotat (travailler). Dans ce drame utopique, les robots esclaves se révoltent contre leurs créateurs. (En russe, la ROuR du camp, les RUR de Capek et la Ruhr allemande s’orthographient de la même façon ; d’où le jeu de mots fait par Chalamov.)
24.
Dans les camps où il n’y avait pas de sirènes, on utilisait en guise de « gong » un vieux rail sur lequel on tapait avec n’importe quel objet en métal.
25.
Citation d’une chanson du Goulag : « Le train roule à toute vapeur, et moi, je marche sur les traverses, comme un chien, avec ma gamelle. » Cette chanson de truand prend ici un sens universel.
26.
Zoïa Anatolievna Kosmodiémianskaïa (1923-1941) : héros de l’Union soviétique. Alors qu’elle était encore écolière, elle demanda au Komsomol à être envoyée au front. Membre d’un détachement de partisans chargé d’agir à l’arrière des lignes allemandes, elle fut capturée en novembre 1941. Torturée, elle fut exécutée sans avoir livré ses camarades ni même son nom. Elle n’avoua que son nom de code : Tania. Elle est devenue l’incarnation d’une conduite exemplaire.
27.
Donbass : bassin houiller du Don, un des plus grands districts miniers et métallurgiques d’URSS (60 000 km2).
28.
Savva Morozov fut un riche négociant, une des plus grosses fortunes de Russie, qui soutint et peut-être même finança les mouvements de gauche à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.
29.
Ivar Kreuger (1880-1932) : industriel suédois. Possesseur d’une grosse fortune, il devint le « roi des allumettes » avec le nouveau procédé dit des « allumettes suédoises ». Il fit une faillite retentissante dans les années trente, suite à la crise économique mondiale de 1929.
30.
Le Spitzberg est une île qui fait partie de l’archipel du Svalbard, situé entre la Norvège septentrionale et le pôle Nord. Les Russes avaient des intérêts au Svalbard depuis le début du XVIIIe siècle : des colonies de pêcheurs et de chasseurs y étaient installées. Avant la Première Guerre mondiale, il y avait des mines en exploitation. Il est probable qu’il s’agit là d’une indemnisation versée par les Norvégiens pour les installations russes de l’archipel.
31.
Les prêtres orthodoxes peuvent se marier.
32.
Les fidèles orthodoxes appellent ainsi la femme du prêtre.
33.
La cathédrale de Vologda, impossible à chauffer, où l’on ne célébrait que pendant l’été ou, du moins, quand il ne faisait pas trop froid.
34.
Désigne tous les détenus qui travaillaient dans les mines, quel que soit le minerai extrait et quel qu’ait été leur poste de travail dans la mine.
35.
Tous les détenus venus d’ailleurs que Magadane. On les nommait « provinciaux » par opposition à la capitale appelée le « centre », bien qu’elle fût au sud.
36.
C’est-à-dire sur le programme du secondaire.
37.
Le « candidat » a soutenu une thèse qui correspond à l’ancien doctorat de troisième cycle et prépare généralement son doctorat (qui correspond à l’ancien doctorat d’État).
38.
Joseph Noulens (1864-1939) : ambassadeur de France en Russie de 1917 à 1919, il fut hostile aux bolcheviks et accusé par eux d’être mêlé à d’innombrables soulèvements et « complots ». Il raconte ses aventures en Russie dans un ouvrage intitulé Mon ambassade en Russie soviétique, Plon, Paris, 1933, 2 vol. Vologda est la ville natale de Chalamov.
39.
Mikhaïl Vassiliévitch Lomonossov (1711-1765) : écrivain et savant russe qui fonda l’université de Moscou en 1755. Esprit universel, il écrivit de nombreux ouvrages de physique et de chimie, de rhétorique et de grammaire. En français, il rédigea une Dissertation sur les devoirs des journalistes. Il occupa la chaire de chimie à l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg. Fils d’un pauvre pêcheur de la région d’Arkhangelsk, il gagna Moscou à pied pour pouvoir y faire des études (décembre 1730).
40.
Dans le système de notation russe, le cinq est la meilleure note.
41.
Les Évenques sont un peuple de l’URSS vivant en Sibérie septentrionale, à l’est de l’Iénisseï (leur « district national » a Toura pour capitale).
42.
Fiodor Fiodorovitch Erisman (1842-1915) : hygiéniste russe d’origine suisse, s’installa en Russie en 1869 et travailla à Saint-Pétersbourg (de 1869 à 1872) puis à Moscou (de 1879 à 1896), s’occupant de problèmes sanitaires divers ; il fonda un laboratoire sanitaire et fut à l’origine de l’école des hygiénistes russes. Il se préoccupa également de problèmes d’hygiène scolaire.
43.
L’« affaire de Leningrad » : procès des membres du parti leningradois qui s’est tenu en août 1948, manipulé par Béria et Malenkov, à la suite duquel furent fusillés Voznessenski, Kouznetsov, Rodionov (le président du Conseil des ministres de la RSFSR) et bien d’autres, accusés d’activités antiparti et éliminés. À Leningrad, cette purge fit plusieurs centaines de victimes. « L’affaire du NKVD » : il s’agit probablement de l’épuration qui eut lieu en décembre 1938, où Béria remplaça Iéjov à la tête du NKVD et fit procéder à la liquidation de la « classe Iéjov », exécutée ou envoyée en camp ; c’est ce qu’on a appelé « l’épuration des épurateurs ». « L’affaire Rykov » se déroula en deux temps : d’abord en 1937, après le deuxième procès de Moscou, Alexeï Rykov (1881-1938) fut arrêté en même temps que Boukharine et condamné comme lui à huit ans de prison. Mais en mars 1938, au cours du « procès Rykov » proprement dit, ou troisième procès de Moscou, il fut condamné à mort avec Nikolaï Boukharine (1888-1938) comme agent de la Gestapo. L’« affaire Kirov » désigne la vague de procès déclenchés après l’assassinat de Kirov, qui marquent le début de la grande terreur.
44.
Après la victoire de Franco en Espagne, le gouvernement républicain de front populaire se réfugia en grande partie en Union soviétique. Mais la terreur stalinienne frappa les Espagnols présents à Moscou tout comme les autres communistes étrangers qui s’y trouvaient, et les membres de leurs familles subirent la même répression.
45.
KR (kontr-revolioutsionny) : contre-révolutionnaire.
46.
Alexandre Vassiliévitch Koltchak (1874-1920) : amiral russe. En octobre 1918, il prit parti contre les bolcheviks et organisa un gouvernement russe à Omsk, en Sibérie, avec l’appui des Alliés. Il disposait de 150 000 hommes, dont de nombreux Tchèques, anciens prisonniers de l’armée autrichienne qui cherchaient à regagner l’Europe via l’Extrême-Orient. L’armée de Koltchak occupa la Sibérie, l’Oural et la région de la Volga en 1919, puis elle dut battre en retraite devant l’armée rouge. Koltchak fut livré par les Tchèques aux bolcheviks qui avaient occupé Irkoutsk et l’amiral fut fusillé le 7 février 1920.
47.
Isaac Zélenski : un des accusés secondaires du troisième procès de Moscou (procès Rykov-Boukharine).
MK (moskovski komitet) : comité (du parti) de Moscou.
48.
En 1939, la Finlande a été envahie par l’Union soviétique et, au bout de trois mois, elle dut céder au traité de Moscou la Carélie et une partie de la Laponie.
49.
August Weismann (1834-1914) : biologiste allemand, professeur, puis recteur de l’université de Fribourg-en-Brisgau. Il se consacra surtout aux problèmes de l’hérédité et de l’évolution. Il affirma la continuité du « plasma germinatif » (« idioplasme » porteur des tendances héréditaires). Il fut l’auteur de Essais sur l’hérédité et la sélection naturelle (1892) ; Über germinal Selektion (1896) ; Vorträge über Deszendenztheorie (1902).
50.
Blagorazoumov, en russe, signifie « prudent », « raisonnable ».
51.
Staline parlait avec un fort accent géorgien.
52.
Tïmofeï Sapronov : bolchevik de vieille date, il fut le leader du « centralisme démocratique ». Il périt, comme bien d’autres, au moment de la grande terreur des années trente, probablement condamné lors d’un procès secret (ce qui donne à penser qu’il n’a jamais dû accepter de faire des « aveux »). La « plate-forme des quinze » est une contribution de Sapronov et d’autres à la discussion qui eut lieu en 1921 en vue de la convocation du Congrès des syndicats : il s’agissait de définir le rôle de ces derniers.
53.
Fridtjof Nansen (1861-1930) : naturaliste, explorateur et homme politique norvégien qui se consacra uniquement aux entreprises humanitaires après la Première Guerre mondiale. Commissaire de la SDN (Société des Nations) pour le rapatriement des prisonniers de guerre, il s’occupa, de 1921 à 1923, des réfugiés russes et, de 1923 à 1924, des réfugiés tout court. On donna son nom aux passeports délivrés aux réfugiés qui ne pouvaient recourir aux services de l’État d’où ils venaient. En 1931, la SDN créa un Office international des réfugiés. Par ailleurs, Nansen créa un comité d’aide aux victimes de la famine en URSS, l’Ara, au début des années vingt.
54.
Peuple « paléoasiatique » vivant dans la République autonome de Iakoutie au nord-est de la Sibérie. Divisé en deux groupes respectivement établis sur le cours moyen de la Kolyma (Iakoutie du Sud) et au nord-ouest de l’embouchure de ce fleuve (Iakoutie du Nord). Ils ne seraient plus aujourd’hui qu’environ 450.
55.
Ferenc Szálasi (1897-1946) : fondateur du parti hongrois des « Croix fléchées » qui regroupa les mouvements d’extrême droite de tendance nazie et antisémite. Il tenta de renverser le régent Horthy en 1940, mais il échoua, malgré l’appui d’Hitler. Il réussit à s’emparer du pouvoir de façon éphémère lorsque Horthy fut arrêté en mars 1944 (parce qu’il tentait de négocier avec les Soviétiques). Szálasi fut exécuté en 1946.
56.
Préparation pharmaceutique à base d’hémoglobine (70 %), de glycérine et de vin, utilisée comme médicament pour sa teneur en fer.
57.
Autorité administrative rurale élue de la Russie tsariste. Institués en 1864 par Alexandre II, les zemstvos existèrent à l’échelon du district et de la province et furent placés sous le contrôle du gouverneur de province et du ministre de l’Intérieur. Ils étaient chargés de s’occuper de questions d’économie locale : soins médicaux, écoles primaires, lutte contre les famines, entretien des routes et ponts… Beaucoup de médecins et d’instituteurs aux idées « avancées » travaillèrent au sein des zemstvos sur lesquels les libéraux avaient fondé beaucoup d’espoir car ils y voyaient une école de démocratie face à la bureaucratie des fonctionnaires d’État.
58.
Fiodor Pétrovitch Haas (1780-1853), médecin d’origine allemande, s’établit à Moscou et soigna les détenus des prisons. Son nom fut tiré de l’oubli par Anatoli Fiodorovitch Koni (1844-1927), juriste, homme politique et écrivain, connu notamment pour son rôle dans l’affaire Véra Zassoulitch (qui avait tenté d’assassiner F. F. Trépov, le gouverneur de Saint-Pétersbourg) : Koni présida le tribunal qui relaxa Véra Zassoulitch, ce qui lui valut d’être écarté de son activité juridique pour quelques années. En janvier 1890, Koni fit une conférence sur le Dr Haas. Il rédigea également l’article concernant le Dr Haas pour l’encyclopédie Brockhaus-Efron (1892).
59.
Tensiomètre (de type sphygmomanomètre à mercure), du nom du pédiatre italien qui l’a inventé en 1896.
60.
Chalamov cite de mémoire, il s’agit en fait de Quarante-neuf récits.
61.
Sergueï Ivanovitch Spassokoukotski (1870-1943) : médecin, membre de l’Académie en 1942. Ses principaux travaux portèrent sur la chirurgie pulmonaire et du tube digestif ainsi que sur la transfusion sanguine. Il mit au point diverses méthodes pour atténuer le choc opératoire et créa une école de chirurgiens. Prix Staline en 1942 pour son étude Actinomycose pulmonaire, 1941.
62.
Grigori Evseïevitch Apfelbaum, dit Zinoviev (1883-1936), fit partie de la troïka dirigeante (avec Kamenev et Staline) après la mort de Lénine. Il contribua à l’éviction de Trotski mais, plus tard, s’en rapprocha, par opposition à Staline. Celui-ci le priva alors de la présidence de l’Internationale, le fit exclure du parti et condamner à mort lors du procès d’août 1936, le premier grand procès de Moscou, pour complicité dans l’assassinat de Kirov et collusion avec l’Allemagne nazie.
63.
Vladimir Andreïevitch Oppel (1872-1932) : chirurgien militaire, spécialiste du traitement des blessures par armes à feu, il contribua au développement de la neurochirurgie, de l’endocrinologie en chirurgie et de la chirurgie militaire de campagne. Auteur de manuels de chirurgie.
64.
Sergueï Pétrovitch Fiodorov (1869-1936) : il fut le premier chirurgien à recevoir l’Ordre de Lénine en 1933. Jusqu’en 1936, il dirigea la chaire de chirurgie hospitalière de l’Académie de médecine militaire et fut parallèlement (1926-1933) directeur du premier institut de neurochirurgie d’URSS. Ses principaux travaux portèrent sur les voies urinaires et il est le fondateur de l’école d’urologie soviétique. Il fonda également une école de chirurgie.
65.
Il s’agit du « complot des blouses blanches » : le 14 janvier 1953, les organes de sécurité dénoncent un complot de neuf « médecins terroristes » qui se proposaient d’écourter la vie de personnalités éminentes par des « soins nuisibles ». Le 5 avril 1953, un mois après la mort de Staline, le ministère de l’Intérieur annonce que l’arrestation des neuf médecins était « illégale et sans fondement » et que les « aveux » ont été obtenus « par des moyens strictement interdits par la loi ». Sept médecins recouvrèrent la liberté. On ne sait pas ce que sont devenus les deux autres ; sans doute sont-ils morts pendant les interrogatoires.
66.
Appareil pour injections sous-cutanées (du nom de son inventeur Alexandre Alexeïevitch Bobrov, 1850-1904).
67.
Cours obligatoires organisés à tous les niveaux de la vie du citoyen soviétique. On y enseignait le marxisme-léninisme, l’histoire du parti et l’actualité politique.
68.
Nikolaï Ivanovitch Mouralov (1877-1936) : lors des journées d’octobre 1917, il fut membre du Comité militaire révolutionnaire et de l’état-major révolutionnaire. Arrêté en 1936, il fut jugé dans le cadre du deuxième procès de Moscou (avec Radek, Sérébriakov et Sokolnikov) et fusillé.
69.
Félix Edmoundovitch Dzerjinski (1877-1926) : fondateur de la Tchéka, la police politique créée le 20 décembre 1917.
70.
L’Association des anciens bagnards politiques regroupa les victimes du tsarisme. Durant son existence, elle fit paraître une revue, Katorga i Ssylka (Le Bagne et la relégation). Elle fut dissoute en 1935.
71.
Ces « discussions biologiques » furent le fait de Trofim Dénissovitch Lyssenko (1898-1976). Botaniste et généticien soviétique, adversaire farouche de la théorie du gène comme support invariant de l’hérédité, il prôna la vernalisation du blé et affirma, comme l’avait fait Mitchourine, l’influence du milieu et de l’hérédité des caractères acquis comme facteurs de l’évolution des espèces. Tous ceux qui, contrairement à ses théories, partageaient l’opinion de Weismann et de Mendel (cf. note suivante) furent poursuivis et emprisonnés.
72.
Johann Mendel (Grigori en religion) 1822-1884 : botaniste et homme religieux autrichien, fondateur de la génétique. Ses lois de l’hybridation (ou lois de Mendel), d’abord méconnues, furent ensuite vérifiées en 1900.
73.
Mère.
74.
Frère.
75.
Après le schisme de l’Église orthodoxe de 1666, les vieux-croyants, hostiles aux réformes du patriarche Nikone, furent toujours persécutés par l’Église officielle, proche du pouvoir. Ici, Oumanski veut probablement ironiser sur son verre vieux et non lavé depuis longtemps par « hygiène ».
76.
Staline est mort le 5 mars 1953.
77.
Selon un proverbe, quand on ne reconnaît pas une personne que l’on connaît, celle-ci va devenir riche.
78.
Nom d’un groupe d’explosifs à base d’ammoniaque et de salpêtre. On peut imaginer ce qu’était le tabac local qui avait reçu un tel surnom !
79.
Pain fabriqué avec de la farine fournie dans le cadre du prêt-bail : il s’agit de farine canadienne.
80.
ARA (American Relief Commission) : organisation philanthropique américaine dirigée par Herbert Hoover qui signa un accord d’aide aux victimes de la famine en URSS, le 21 août 1921, avec le représentant du gouvernement soviétique, Maxime Litvinov. Pendant deux ans, cette organisation nourrit jusqu’à dix millions de personnes. C’est ce comité qui adressa un appel à l’aide à l’opinion publique mondiale. Dès que l’accord avec l’ARA fut signé, tous les membres du comité qui n’étaient pas des communistes bon teint furent arrêtés.
81.
La ville de Koursk (située au sud de la RSFSR), occupée par les Allemands le 2 novembre 1941, fut reprise par l’armée rouge le 8 février 1943 dans l’offensive générale qui accompagna le dégagement de Stalingrad. Le front soviétique y forma le « saillant de Koursk » où il repoussa une dernière attaque allemande en juillet 1944. Le 13 juillet de la même année, l’armée rouge déclencha son offensive générale qui devait l’amener à Berlin un an plus tard.
82.
Karl Maximovitch Ber (1792-1876) : naturaliste russe, membre de l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg en 1826, il fit des expéditions sur l’île de « la Nouvelle Zambie » (mer de Barentz) et dans la mer Caspienne, et publia une série d’ouvrages sur la géographie de la Russie, dont une description de la mer Caspienne.
83.
Lorsque le détenu ne remplissait pas la norme qu’on lui avait fixée à titre individuel, il était exécuté (cf. « Tâche individuelle »).
84.
Le prince Piotr Alexeïevitch Kropotkine (1842-1921) : théoricien anarchiste, auteur notamment d’essais sur la pensée anarchiste et de Mémoires intitulés Autour d’une vie.
85.
La Fille du capitaine, roman d’Alexandre Pouchkine paru en 1836, qui met en scène la rébellion du chef cosaque Pougatchov (en 1773) ; ce récit comporte des descriptions de l’armée russe à la fin du XVIIIe siècle.
86.
Vladimir Mikhaïlovitch Zenzinov (1880-1953) : un des dirigeants du parti socialiste-révolutionnaire ; déporté en Sibérie en 1906, il s’enfuit de Iakoutsk l’année suivante.
87.
Aldane est une ville du sud de la Iakoutie. Elle était la plus proche, à vol d’oiseau, des lieux habités du Dalstroï.
88.
Lichen de la famille des Cladonia qui pousse dans les régions septentrionales et arctiques et dont se nourrissent les rennes.
89.
Le patriarche Serge (Ioann Nikolaïevitch
Stargorodski, 1867-1944) : métropolite de Moscou (depuis
1934), puis patriarche de Moscou (1943). Emprisonné de 1925 à 1927,
il mena ensuite une politique de conciliation avec le pouvoir
soviétique. En 1943, il organisa un « Fonds pour la défense ».
William Christian Bullitt (1891-1967) : diplomate américain
chargé de négocier en 1919, avec Lénine, un partage provisoire de
l’empire des tsars entre Blancs et Rouges. En 1933, devient premier
ambassadeur américain à Moscou.
90.
Krivocheï veut dire « cou de travers ».
91.
Allusion à une célèbre plaisanterie moquant la campagne menée par le gouvernement au sujet de la politesse des hommes à l’égard des femmes : « il faut parler aux femmes ». L’anecdote disait : « Alors, ça a marché ? – Ben, je lui dis : Tu connais Pouchkine ? – Non, qu’elle me dit. – Tu connais Shakespeare ? – Non, qu’elle me dit. – Tu viens au lit ? – Non, qu’elle me dit. » L’expression « sans Pouchkine ni Shakespeare » prit le sens de « sans préliminaires ».
92.
Allusion à Eugène Onéguine de Pouchkine : les jeunes filles nobles de la campagne se rendaient en hiver à Moscou pour assister à des bals et trouver à se marier.
93.
Vers du poème « Séparation » (1840) d’Alexeï Vassiliévitch Koltsov.
94.
L’ataman Piotr Nikolaïevitch Krasnov (1869-1947) prit part à la révolte du général Kornilov, qui tenta un coup d’État militaire contre Kérenski en 1917. Puis il attaqua, la même année, Petrograd. Après la révolution, il s’enfuit sur le Don et organisa l’armée des Blancs. En 1918, le « Cercle pour le salut du Don » le choisit comme « ataman de l’armée du Don » à Novotcherkassk. En 1919, il s’enfuit en Allemagne. On apprit en 1947 qu’il avait été « exécuté par pendaison avec d’autres criminels de guerre ».
95.
Code pénal de 1926 de la RSFSR (qui servit de modèle à la rédaction des Codes pénaux des autres républiques soviétiques), article 16 : « Si tel ou tel agissement dangereux pour la société n’est pas prévu par le présent Code, sa définition et les limites des peines encourues sont déterminées en fonction des articles du Code qui concernent les crimes les plus semblables par leur nature. »
96.
Code pénal de 1926, article 35 : « Le bannissement du territoire de l’URSS, des limites du territoire de la Fédération de Russie ou d’un autre lieu avec l’obligation de se fixer en un lieu donné ou l’interdiction de résider en d’autres lieux, ou sans ces limitations, peut être appliqué par le tribunal pour une durée n’excédant pas cinq ans à l’encontre des personnes ayant commis un crime et dont le maintien dans un lieu donné est considéré par le tribunal comme dangereux pour la société. »
97.
Vladimir Oskarovitch Kappel (1883-1920) : général de l’armée tsariste qui dirigea, pendant la guerre civile de 1918-1920, les armées du gouvernement de Samara, puis le corps d’armée de la Volga de Koltchak défait par l’armée rouge en juin 1919. Il fut tué pendant la retraite d’Irkoutsk.
98.
Le camp de la Vichéra est une filiale du SLON (camp spécial des Solovki). Il tire son nom d’une rivière qui se jette dans la Kama. Les Solovki sont un groupe d’îlots de la mer Blanche dont le plus important s’appelle Solovietz.
99.
Code pénal de 1926, article 82 : « L’évasion d’un détenu placé sous escorte ou de son lieu de détention, réalisée en creusant sous les fermetures ou les murs, en les brisant ou en les détériorant, tout comme le retour à des lieux de résidence interdits, la fuite du lieu de relégation ou pendant l’acheminement à celui-ci [est passible] d’une peine de privation de liberté allant jusqu’à un an. »
« Le fait de quitter volontairement, à titre provisoire, le lieu de résidence fixé par décision des organes judiciaires ou administratifs, tout comme le fait de ne pas se présenter dans le délai fixé par ces mêmes organes au lieu de résidence fixé [est passible] d’une peine de travaux forcés d’une durée maximum d’un mois ou d’une amende allant jusqu’à cent roubles, infligée par voie administrative. »
100.
Sir Robert Bruce Lockhart (1887-1970) : diplomate britannique, envoyé en 1917 comme représentant officieux auprès du gouvernement soviétique afin de convaincre les bolcheviks de poursuivre la guerre contre l’Allemagne. Organisateur de divers complots contre Lénine, il est arrêté en 1918, puis échangé contre Maxime Litvinov, détenu alors à Londres.
101.
Les Kamtchadales sont une population de Sibérie orientale qui a peuplé la péninsule du Kamtchatka depuis la préhistoire. Ils parlent une langue paléosibérienne.
102.
Nom d’un groupe de tribus de Sibérie orientale parlant des dialectes apparentés. Celles qui sont proches de la Chine se nomment « Manju » (Mandchous), alors que les tribus du Nord-Est sont les « Évenques ». Ici, Kotelnikov parle des Évenques.
103.
Il s’agit de l’expédition du général Umberto Nobile (1885-1978), pionnier italien de l’aéronautique, au cours de laquelle, en mai 1928, le dirigeable Italia s’écrase au nord-ouest du Spitzberg, sur la banquise. Huit hommes survécurent et dix-sept moururent. Cinq, dont Amundsen, disparurent à bord du Latham 47 de secours qui partit en juin à la recherche des rescapés de l’Italia. Plus tard, un brise-glace soviétique, Krassine, sous la direction du professeur Samoïlovitch (qui périt dans un camp stalinien), contribua à sauver le reste de l’expédition, qui était demeurée sept semaines sur la banquise. Malmgren était un des membres étrangers de l’expédition Nobile : avec deux camarades, il avait tenté de traverser les glaces.
104.
Article 58, alinéa 14 : « Le sabotage contre-révolutionnaire, c’est-à-dire la non-exécution volontaire par quelqu’un de certaines obligations ou leur exécution volontairement négligée dans l’objectif spécifique d’affaiblir le pouvoir du gouvernement et l’activité de l’appareil de l’État, entraîne : une privation de liberté dans un isolement sévère d’une durée qui ne saurait être inférieure à un an, assortie de la confiscation totale ou partielle des biens ; et, en cas de circonstances aggravantes, une aggravation de la peine pouvant aller jusqu’à la mesure suprême de protection sociale, la peine de mort, avec confiscation des biens » (6 juin 1927).
105.
Ilya Arnoldovitch Fainzilberg, dit Ilf (1897-1940), et Evguéni Pétrovitch Kataïev, dit Pétrov (1903-1942), décidèrent d’écrire ensemble en 1927. Dans Les Douze Chaises, ils créèrent le personnage devenu célèbre d’Ostap Bender, un combinard génial et escroc habile du temps de la NEP. Ces auteurs satiriques à l’humour féroce écrivirent encore Le Veau d’or (1930), L’Amérique à un étage, etc.
106.
Revolver fait selon le système du Belge Nagan et qui porte son nom (on utilisa son modèle de 1895 en Russie).
107.
Du nom de Piotr Arkadiévitch Stolypine (1863-1911), ministre de l’Intérieur et Premier ministre (en 1906), assassiné en 1911.
108.
Il s’agit d’une mèche large de sept lignes (la ligne, ancienne mesure de longueur, équivalait à 2,54 mm). Ces chiffres désignaient la grosseur des lampes. Une « mèche de sept » désigne une grosse lampe (avec une mèche de 18 mm de largeur environ).
109.
Fiodor Fiodorovitch Raskolnikov (1892-1939) : vice-commissaire à la Marine en 1918, il fut chargé de couler la flotte de la mer Noire pour éviter qu’elle ne tombe aux mains de l’ennemi.
110.
NK RKI (narodny komissariat rabotche-krestianskoï Inspektsii) : Commissariat du peuple à l’Inspection ouvrière et paysanne.
111.
Voir le récit « Les cours ».
112.
L’ataman Boris Vladimirovitch Annenkov (1880-1927) : officier de Cosaques du tsar. Refusant de reconnaître le pouvoir soviétique, il prit le commandement d’une division de 10 000 hommes en juin-juillet 1918 et combattit d’abord en Sibérie occidentale puis au Kazakhstan. En 1919, Koltchak le nomma commandant de l’armée du Kazakhstan du Sud-Est (région des « Sept-Rivières »). Après la défaite de Koltchak, Annenkov s’enfuit en Chine, mais il revint en URSS en 1926, fut arrêté et fusillé en août 1927.
113.
Nom donné à une division du général Kornilov (1870-1918) composée de Tatars, d’Ossètes et de Tchétchènes et commandée par le général Krymov. En août 1917, Kornilov tenta d’obliger Kérenski à agir contre les éléments bolcheviques de la capitale. Mais sa marche sur Petrograd se solda par un échec. Le général Krymov se suicida et Kornilov fut arrêté peu après.
114.
A. S. Antonov (1888-1922), socialiste-révolutionnaire, s’opposa à la politique des bolcheviks à l’égard des paysans dans les régions de Tambov et Voronej, à partir de 1918. Il réunit une armée qui, en janvier 1921, comptait de 40 000 à 50 000 hommes. Pour lutter contre l’antonovchtchina, on créa un comité spécial de lutte contre le banditisme, des otages furent fusillés dans les villages qui abritaient les paysans révoltés, des villages entiers furent déportés dans le Nord.
115.
Voir le récit « La médaille d’or ».
116.
Le parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR) créé en mars 1898. En 1903, le parti se scinda en bolcheviks et mencheviks. C’est la branche bolchevique qui deviendra le parti communiste de Russie au VIIe Congrès du POSDR (b) en 1918.
117.
Le Partage noir (Tchorny Peredel) est issu de l’éclatement de Terre et Liberté (Zemlia i Volia) de 1879 : cette tendance regroupa les « villagistes », opposés au terrorisme prôné par les partisans de l’autre branche (les membres de la Volonté du Peuple). Cependant, les membres de la tendance « Partage noir » se rapprocheront du marxisme sous l’influence de Plekhanov qui se joindra en 1903 à la fraction menchevique après le IIe Congrès du parti ouvrier social-démocrate russe.
118.
Grigori Konstantinovitch Ordjonikidzé, dit Sergo (1886-1937) : ce Géorgien, disciple de Lénine et bolchevik dès 1903, fut incarcéré en 1912 à la forteresse de Schlüsselbourg pendant trois ans, puis exilé à Iakoutsk jusqu’en 1917. Chargé par Staline, en 1921, d’envahir et de russifier la Géorgie qui était alors une république indépendante, il présida en 1926 la commission de contrôle du parti et procéda aux épurations de tous les opposants. En 1932, il fut nommé commissaire du peuple à l’Industrie lourde. Le 17 février 1937, après l’arrestation et la mort de son adjoint Piatakov, Ordjonikidzé se suicida dans des circonstances obscures.
119.
Siège du gouvernement provisoire à Petrograd.
120.
Armées composées de paysans qui s’opposèrent aux Rouges mais n’en furent pas pour autant des partisans des Blancs (les défenseurs de l’ancien régime).
121.
Mikhaïl Nikolaïevitch Toukhatchevski (1893-1937) : maréchal d’URSS, véritable organisateur de l’armée rouge. Ancien officier de la garde impériale, il rallia la révolution. En 1918, Trotski le plaça à la tête de la IVe armée rouge : il refoula les Tchèques dans l’Oural, lutta contre Koltchak et Dénikine, puis commanda le front occidental pendant la guerre polono-soviétique (1920) et y lança sa célèbre formule : « La route de l’incendie mondial passe par le cadavre de la Pologne. » Puis il réprima la révolte des marins de Kronstadt et celle des paysans de la Volga. Arrêté en 1937, accusé de trahison et exécuté, il fut la première victime de l’épuration de l’armée ordonnée par Staline.
122.
L’ataman Grigori Mikhaïlovitch Sémionov (1890-1946) combattit l’armée rouge en Transbaïkalie. Après la défaite des Blancs, il se réfugia sur la côte de l’Extrême-Orient ; il émigra en 1921, vécut en Corée, au Japon et en Chine septentrionale. Il fut capturé par l’armée soviétique en 1945 en Mandchourie et pendu sur condamnation du tribunal militaire.
123.
Alexandre Mikhaïlovitch Opékouchine (1838-1923) : sculpteur russe dont l’œuvre principale est le monument à Pouchkine (érigé sur la place Pouchkine à Moscou en 1880).
124.
Dans son récit Le Lieutenant Kijé (1928), Iouri Tynianov (1894-1943) met en scène la vie d’un personnage fictif, né de l’erreur d’un scribe dans un rapport officiel sous le règne de Paul Ier. Celui-ci a écrit, au lieu de « alors que les lieutenants » (podporoutchiki jé), « podporoutchik Kijé » (le lieutenant Kijé), et créé ainsi un lieutenant auquel vont arriver des aventures heureuses et malheureuses alors qu’il n’existe pas… car ses supérieurs hiérarchiques le font « vivre » par peur de déplaire à leurs propres supérieurs. Cela ira jusqu’à l’enterrement du lieutenant inexistant.
125.
On retrouve la même crainte des supérieurs et la confusion de personnes dans le récit de Nikolaï Leskov (1831-1895) intitulé L’Homme de garde (1839) : un soldat de garde au palais d’Hiver déserte son poste pour sauver un homme en train de se noyer. Mais un officier qui passe par là le renvoie à son poste et en profite pour endosser la gloire du sauvetage. Finalement, après bien des mésaventures, l’officier reçoit la médaille de sauvetage et le soldat deux cents coups de verges… ce dont il est content car il craignait d’être fusillé ; quant à ceux qui l’ont puni, ils lui apportent des douceurs à l’hôpital…
126.
Drogue à base de marijuana.
127.
Nicolas II (1868-1918), le dernier tsar, surnommé ainsi après le massacre du 9 janvier 1905.
128.
Sémione Mikhaïlovitch Boudionny (1883-1973) : maréchal de l’URSS, il se distingua pendant la guerre civile comme commandant de la première cavalerie. Membre du praesidium du Soviet suprême à partir de 1938 et membre du Comité central du PC. Camarade et ami intime de Staline tout comme Vorochilov, il survécut à toutes les purges.
129.
Voir le récit « Le businessman ».
130.
Panine est le nom d’une vieille famille aristocratique.
131.
Allusion au Silence blanc (The White Silence) de Jack London.
132.
Lidia Timachouk, jeune anesthésiste de la clinique du Kremlin, fut l’auteur de la lettre de dénonciation adressée à Staline qui permit d’initier l’affaire des médecins. Elle fut décorée de l’ordre de Lénine.
133.
À cette époque, Chalamov a fini de purger sa peine et travaille comme aide-médecin « libre », mais il ne peut quitter son poste sans une autorisation spéciale.
134.
Sergueï Soloviov (1820-1879) : historien, il est connu pour sa longue Histoire de Russie depuis les temps les plus reculés.