65

CESCA PERONI

La majeure partie de la journée, une masse de robots défila au pas cadencé, transformant sous leur poids les gaz gelés de Jonas 12 en un brouillard opaque. Loin de la corniche sur laquelle le brouteur endommagé s’était échoué, les machines noires alignées en rangs n’en finissaient pas de passer. Cesca n’aurait su dire où elles se rendaient.

— Peut-être ont-ils des vaisseaux ou du matériel stocké quelque part, suggéra Purcell. Après tout, les robots ont eux-mêmes été enfouis.

Sentant le froid à travers sa combinaison, il serra les bras sur sa poitrine.

Cesca regarda son visage blafard, son souffle qui se condensait dans la cabine. Les piles d’alimentation du système de survie s’épuisaient.

— C’est peut-être pire. Et s’ils se dirigeaient à partir des transmissions de la base ?

Purcell ne sut quoi répondre.

Réduite à l’impuissance, la jeune femme avait tout le temps de songer à Jhy Okiah, à la destruction de Rendez-Vous, aux clans de Vagabonds éparpillés. Aujourd’hui plus que jamais, ceux-ci avaient besoin de quelqu’un pour les rassembler, quelqu’un de la trempe d’un chef plutôt qu’un simple porte-parole. S’ils ne se reprenaient pas en main, la Grosse Dinde réduirait bel et bien la confédération vagabonde à néant.

Tel était le tableau général de la situation. Mais en cet instant, Cesca n’était même pas certaine de survivre jusqu’au lendemain. Elle avait assisté à la mort de deux hommes et au déferlement d’une horde de robots extraterrestres. Elle redoutait que ces derniers constituent une plus grande menace que les Terreux.

Coincée ici, elle ne servait à rien ni personne : ni aux clans de Vagabonds, ni à la petite colonie de mineurs, ni à elle-même. Elle devait revenir à la base !

Comme si on avait perçu ses pensées, un signal retentit à la radio.

« Purcell ? Oratrice Peroni ? Deux d’entre nous viennent vous secourir. Ils sont à bord d’un brouteur. Désolé pour le retard. Eh, on n’arrive pas à détecter votre balise. »

Purcell vérifia sur le tableau de bord.

— Les robots ont dû le fiche en l’air quand ils nous ont attaqués.

— Tant mieux, dit Cesca. Sinon, ils nous auraient probablement suivis.

De ses doigts gantés, Purcell manipula la radio.

« Je vous envoie nos coordonnées manuellement. On se trouve sur une hauteur. Je n’allume pas mes projecteurs pour ne pas attirer l’attention des robots.

— Oh, vous êtes là ! émit le véhicule de sauvetage. C’est plus près qu’on pensait. Au loin, on distingue… par le Guide Lumineux ! Il doit y avoir des milliers de robots. Qu’est-ce que vous avez fabriqué, les gars ? »

Cesca se pencha sur le combiné.

« Passez au large. Évitez tout contact.

— Ils nous ont attaqués, ajouta Purcell d’une voix cassée. Ils ont tué Danvier et Jack. »

Bientôt, Cesca repéra les puissants projecteurs d’un brouteur qui roulait lourdement à leur rencontre. Les robots klikiss s’étaient déployés en éventail. En apercevant le véhicule, ils réagirent avec vivacité. Des centaines d’entre eux virèrent dans sa direction, telle une nuée d’insectes fous furieux.

— Ça ne s’annonce pas bien, murmura Purcell.

« Sortez-vous de là ! cria Cesca dans le combiné. Faites demi-tour et retournez à la base à pleine vitesse. Oubliez-nous pour le moment. Ne les laissez pas… »

Un nouveau front de robots klikiss surgit à l’horizon. Ils avaient contourné le véhicule de secours et se refermaient sur lui, en un mouvement de tenailles. Le conducteur se mit à zigzaguer.

« Il y en a tellement ! transmit-il. Je doute qu’ils veuillent me serrer la main…

— Accélérez au maximum, dit Cesca. Vous pouvez les distancer. Nous l’avons fait. »

Elle aperçut au loin les robots insectoïdes qui convergeaient de toutes parts. Confiants, ils ne se pressaient pas, tandis que le nœud se resserrait. Le brouteur fit une embardée, à la recherche d’une ouverture.

« Ils nous ont piégés. Que croyez-vous qu’ils nous veulent ?

— Sortez de là ! » répéta Cesca.

Le brouteur accéléra en direction des robots les plus proches et en percuta deux qui ne s’étaient pas écartés de son chemin. Une secousse ébranla le véhicule, et les robots culbutèrent sur le côté. Mais sept autres robots saisirent le véhicule et firent jaillir leurs pinces acérées pour s’attaquer à la coque.

« Partez, partez ! » cria Cesca.

Mais il était déjà trop tard. Par la radio, Cesca entendit les cris et les raclements.

« Ils ont arraché les moteurs. Je ne peux plus bouger. Brèche imminente… »

C’est à peine si Cesca pouvait discerner le brouteur, entièrement recouvert par les robots klikiss. Soudain, un jet de vapeur fusa dans le ciel d’obsidienne : l’atmosphère intérieure du véhicule, qui s’exhalait tel le dernier souffle d’un mourant.

Sur le siège à côté d’elle, Purcell tremblait. Une larme glissa sur sa joue. Cesca aurait voulu crier, exploser… trouver un moyen de l’aider. Son poing ganté martela la paroi métallique du brouteur comme s’il s’agissait d’un des robots. Elle ne cessa que lorsque ses phalanges meurtries lui firent mal.

— Bon sang ! cracha-t-elle.

Tels des piranhas dépeçant une carcasse, les robots klikiss découpèrent le véhicule pièce par pièce, éparpillant les débris sur la neige immaculée. Quand il ne resta plus que des résidus et des morceaux de métal, ils reformèrent leurs rangs et reprirent leur marche.

— Que veulent-ils ? gémit Purcell, les yeux fixés sur Cesca comme si elle avait la réponse. Ils n’ont formulé aucune demande ! Ils n’ont proféré ni menaces ni mises en garde. Ils se sont contentés de tout saccager.

Des larmes brûlantes cuisaient les yeux de Cesca.

— Ils ont pour objectif premier de détruire, mais j’ignore pourquoi. Vous avez vu la taille de cette armée. Quels projets peuvent-ils avoir ici, sur Jonas 12 ? (Elle s’interrompit, sous le coup d’une pensée.) Ils comptent peut-être porter la destruction ailleurs ?

— Pour ce faire, il leur faudrait des vaisseaux, Oratrice.

— Ils sont bien venus par un moyen. Peut-être repartiront-ils de même. À moins qu’ils construisent de nouveaux vaisseaux avec ce qu’ils trouveront ici.

Purcell blêmit davantage, tandis que sa pomme d’Adam tressautait. Il semblait sur le point de s’évanouir sous le poids de cette révélation.

— Voilà pourquoi ils se dirigent droit sur la base ! Pensez à tout l’équipement et les matières premières que l’on détient.

Avec des gestes saccadés, Cesca modifia la fréquence radio, inquiète du faible niveau des batteries.

— Il faut avertir la base. J’ignore combien de temps l’antenne va tenir. Mais ils ne doivent pas envoyer un autre engin de secours. Ils doivent se protéger.

La gorge de Purcell se serra.

— Mais nous ? Même en restant enfermés et en économisant l’énergie, nous ne pourrons survivre plus d’un jour ou deux. Nous sommes déjà…

— Je ne connais pas la vitesse des robots klikiss en terrain découvert, rétorqua la jeune femme en lui décochant un regard acéré, mais ils auront atteint la base bien avant cette échéance. Ils sont en marche depuis déjà un jour plein.

Elle transmit par radio un résumé de l’événement auquel ils venaient d’assister, afin d’économiser leurs batteries. Sur l’écran envahi de parasites, l’opératrice radio de la base arborait un visage soucieux.

« Merdre, si ces robots arrivent sur nous… Vous avez un conseil à nous suggérer, Oratrice ? Ce n’est qu’une installation minière ici, nous ne disposons pas d’armement.

— Mieux vaut que vous évacuiez le maximum de gens avec les vaisseaux disponibles.

— Les vaisseaux ? Oratrice, nous les avons tous envoyés, avec des messages pour les clans qu’ils trouveront. C’était il y a quelques jours, aucun d’eux n’est encore revenu. »

Sa décision de répandre les nouvelles parmi les clans avait donc supprimé leur meilleure chance de survie ! Jusqu’alors, elle avait pensé que les FTD représentaient leur plus grand problème.

Mais il devait forcément exister une solution.

« Vous êtes des Vagabonds… agissez ! Verrouillez les écoutilles et barricadez-vous. »

Elle regarda l’administrateur assis à ses côtés, mais celui-ci secoua la tête.

— Ils ont déchiqueté le brouteur comme du papier. S’ils veulent pénétrer sous les dômes…

Cesca aurait donné n’importe quoi pour se trouver là-bas.

« Alors, trouvez à vous défendre avec l’équipement ! cria-t-elle dans le combiné. Placez des personnes en combinaison dans des conteneurs et lancez-les en orbite, si vous n’avez pas de vaisseau à disposition. »

— Sans système de survie ni moyen de revenir au sol ? fit remarquer Purcell. Oratrice, ils mourront en quelques heures !

— Cela prendra moins de temps, s’ils ne tentent rien. (Elle fronça les sourcils.) Peut-on emballer le réacteur jusqu’à son seuil critique ? Le faire exploser à la face des robots ?

Les yeux de l’ingénieur s’agrandirent, comme un enfant au sortir d’un cauchemar.

— Sûrement, mais l’explosion résultant de la fusion anéantirait la base tout entière. À quoi cela servirait-il ? Nous mourrions tous.

Cesca croisa son regard, et sa voix se fit aussi dure et froide que les congères au-dehors.

— Au moins, cela empêcherait les robots de quitter le planétoïde.

Il demeura silencieux un long moment, avant de déglutir :

— Oui, en effet.

« Ils sont déjà là ! cria l’opératrice de la base, se détournant de l’objectif. Cinq robots viennent d’apparaître derrière le réacteur. J’en vois dix… non, au moins vingt-cinq qui ont franchi le bord du cratère. C’est une invasion ! »

— Et nous restons coincés ici, murmura Cesca, dans un accès de désarroi.

— Au moins, nous sommes saufs…

— Et quand bien même ?

Le sort de ses compatriotes piégés sous les dômes, totalement vulnérables face aux robots klikiss, l’inquiétait davantage. Elle n’avait jamais imaginé finir sa vie sur une charge aussi dramatique que vaine, comme l’un de ces héros stupides. Mais en tant qu’Oratrice, il était de son devoir d’aider son peuple à trouver des solutions, même les plus improbables.

— Il n’y a donc aucun moyen de bouger d’ici ?

— Si c’était le cas, nous serions déjà loin.

« S.O.S. ! cria l’opératrice, à quiconque pouvait entendre. Nous avons besoin d’aide en urgence !

— Racontez-nous ce qui se passe ! » lança Cesca.

Sur l’écran, l’opératrice porta la main à ses écouteurs et reçut une salve de réponses.

« D’accord. Deux d’entre nous s’apprêtent à utiliser des engins d’extraction comme des chars d’assaut contre les robots. Quelqu’un se trouve aux lanceurs électromagnétiques, mais ceux-ci sont pointés vers l’orbite. Je ne pense pas que cette personne arrivera à infléchir suffisamment leur trajectoire pour les transformer en canons. Nous… »

Sa phrase s’interrompit brutalement, comme le « krrump » d’une décompression explosive retentissait sous les dômes.

Une vague de transmissions envahit la fréquence radio, semant la confusion. Sur les écrans agonisants, Purcell fit défiler les images des robots noirs qui se pressaient contre les structures renforcées des dômes, démantelaient les conduits d’alimentation et les générateurs. Six robots défoncèrent un entrepôt de matériel. Deux personnes en combinaison se ruèrent à l’extérieur ; le premier portait un petit lance-projectiles, le second une simple massue en acier. Le lance-projectiles éclata en direction d’un robot klikiss, le projetant en arrière ; une balafre apparut sur son exosquelette, mais le robot ne sembla pas blessé. Puis les deux hommes se jetèrent sur les machines. Ils furent massacrés en quelques instants.

Cesca ferma les yeux, non pour ne plus regarder, mais pour tâcher d’imaginer une solution, n’importe laquelle… Elle n’en trouvait aucune. D’une voix caverneuse, Purcell murmurait une litanie de noms. La jeune femme ignorait si l’ingénieur comptait des membres de son clan sur Jonas 12, mais chaque Vagabond considérait de toute façon faire partie d’une famille étendue. Il s’agissait des hommes et des femmes à côté desquels il avait travaillé, qui avaient compté les uns sur les autres, qui avaient tenu la vie de leurs compagnons entre leurs mains.

Et tous étaient en train de se faire massacrer.

Dans le dôme principal, l’opératrice avait quitté son poste, mais les caméras continuaient à transmettre. De multiples explosions jaillissaient avec force étincelles, fumées et vapeurs. Les lumières vacillèrent.

« Ils sont indestructibles ! » cria quelqu’un, sur une autre fréquence.

— Les systèmes de survie sont détruits. Aucune possibilité de les remettre en état.

— Ils sont dans le dôme central ! Décompression explosive – tout le monde est mort, là-dedans. Le dôme est à ciel ouvert. »

— Par le Guide Lumineux ! »

Cris et hurlements se muèrent en un brouhaha indescriptible. Cesca se tortillait sur son siège, mise au supplice par une impuissance mêlée de colère.

— En gravité réduite, on peut parcourir de grandes distances, même à pied, dit-elle à Purcell. En courant, combien de temps nous faudrait-il ?

— Ce sont de très bonnes combinaisons, Oratrice. Mais comme je vous l’ai dit, dans ce froid extrême, nous ne survivrions pas plus de deux heures. Impossible de parcourir la moitié de la surface de Jonas 12 dans ce laps de temps.

Les épaules de la jeune femme se voûtèrent. Elle avait beau tenter de repousser les limites du raisonnable, la conclusion s’imposait, inévitable.

— Même si l’on réussissait, dit-elle, les robots ont déjà défoncé les dômes. Je ne tiens pas à leur offrir deux victimes supplémentaires.

De nouveau, elle frappa du poing contre la paroi calorifugée du brouteur.

Sur l’écran vacillant, elle distingua quelques personnes qui couraient, une lutte, puis des silhouettes menaçantes. Des bruits d’explosion et de métal torturé retentirent dans les haut-parleurs. Puis une ombre s’approcha de la caméra de la salle de transmissions. Dans un déluge de parasites, les images s’éteignirent.

Blottis dans le brouteur, Cesca et Purcell n’étaient plus reliés que par l’audio. Bientôt, les cris se tarirent sur les différentes fréquences. Cesca n’eut aucune réponse lorsqu’elle utilisa le peu qui leur restait d’énergie pour les appeler.

— Il ne reste plus personne, dit Purcell, le visage décomposé. (De l’index, il tapota un cadran du tableau de bord. La température intérieure avait dramatiquement chuté au cours de la dernière demi-heure.) Et regardez ce qui reste dans les batteries. Nous ne pouvons pas les recharger.

— Il nous reste donc deux possibilités : une mort lente, ou une mort rapide. (Elle rassembla toute la confiance qui lui restait.) Mais il n’est pas question d’abandonner maintenant. Nous sommes des Vagabonds.

Soleils éclatés
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